Ok Julie. Tout est prêt. La table est disposée correctement, ton plat est encore en train de cuire et tu es présentable. Tout ça pour Khris, mon dépuceleur. Je ne sais pas pourquoi je l'appelais comme ça. C'était très péjoratif et pourtant. Je lui en avais toujours voulu de m'avoir déflorée puis laissée comme ça, rejetée. Et je ne pensais jamais pouvoir lui pardonner mais c'était sans compter sur son retour il y a quelques mois. Mr Jones est revenu me parler, passant du temps avec moi. Et je devais admettre que c'était cool de renouer contact avec lui car finalement, on s'amusait plutôt bien ensemble. Nous étions bien différents l'un de l'autre, certes, et sûrement pas faits pour être ensemble, mais il était un ami, un ami plutôt cool. Et j'étais contente de la tournure des événements, comme quoi on se reparle, qu'on a enterré la hache de guerre. Bien sûr, un problème se posait : Frankie. J'aimais pas trop tourner autour de son... ex ? Mais en même temps, je me disais qu'ils n'étaient plus ensemble, que c'était fini (après tout, ils en étaient arriver à divorcer donc c'était qu'ils voulaient vraiment rompre non ?) donc je ne voyais pas pourquoi je n'avais pas le droit de renouer avec Khris. De toute façon, on ne finirait jamais ensemble lui et moi, donc bon, elle n'avait pas à s'en faire.

Bref, j'étais assise sur la chaise de la table à mange, à attendre mon invité. Il y a environ 2 ans et demi, c'était lui qui m'avait invitée pour dîner chez lui, il m'avait préparé un bon plat, avant qu'on passe à l'acte. L'histoire se répétait peut-être, mais, cette fois-ci, c'était moi l'hôte et je savais à quoi m'attendre. S'il se repassait quoi que ce soit avec le jeune homme, ce serait sans attache, sans lendemain. Juste une histoire "d'ami" quoi.

Ce soir je vois Julie et j'avoue que je me demande ce qui va se passer. La dernière fois qu'on a mangé chez moi je l'ai dépucelée, je pense avoir de quoi me poser des questions. J'étais con à l'époque, je le suis sûrement toujours. J'avoue que j'ai joué avec elle sans aucun remords et que je lui ai fait du mal consciemment. Mais je crois qu'on peut dire que je suis plus la même personne depuis, depuis Frankie, depuis qu'elle m'a changé. Je ne m'étais pas intéressé à une fille depuis ma future ex-femme et ça me faisait bizarre. Surtout que ce n'était pas n'importe quelle fille, c'était Julie et en plus de ça c'était une amie de Frankie. J'essaye de tirer un trait sur elle, de passer à autre chose. Je fais tout ce que je peux pour me la sortir de la tête et c'est dur. Je veux pas dire que j'utilise encore une fois Julie, c'est pas vrai. Si je me rapproche d'elle c'est parce que j'en ai envie et non pour combler un manque. Je me suis un peu préparé, je voulais pas arriver en mode dégueulasse devant elle. Je veux pas me prendre la tête ce soir, c'est un dîner ente potes et rien d'autre. Je m'entends bien avec Julie et ça me change les idées de la voir. Je sais pas, c'est comme ça, j'y peux rien. Je suis dans la voiture, je viens de livrer un client sur le chemin et j'arrive vite devant chez mon hôte. Devant la porte j'ai le stress, ça me ressemble pas et je suis plus habitué à ce genre de situation. Je frappe à la porte et attend que mon amie vienne m'ouvrir. Lorsqu'elle apparaît je lui sourie. « Salut. » Qu'est-ce que je pouvais dire d'autre ?

Quelqu'un sonna à la porte. Evidemment, il ne pouvait que s'agir de Khris. Ce soir la maison n'était qu'à moi, mes colocs étant de sorti ce soir. J'avais fait en sorte de m'y retrouver seule avec Khris sinon bonjour l'ambiance. Certes Sierra ne voyait pas d'inconvénient dans le fait que je revoie Khris cependant, je ne désirais pas partager cette soirée avec elle ou avec Gwen. Je n'aurais pas été à l'aise, pour je ne sais quelle raison. En fait, je ne savais pas trop ce que j'attendais de cette soirée. Je savais juste une chose, c'était que je ne voulais pas du tout me prendre la tête ou quoi. Alors, je me levai pour ouvrir la porte, sourire aux lèvres, prête à accueillir Khris. Il était charmant, comme toujours. Fin, il m'avais toujours plu avec son côté bad boy. Je savais bien qu'il n'était pas mon style de mec en particulier, mais il fallait admette qu'il était bien craquant. Il me salua simplement, toujours dans le couloir. Je lui répondis de la même manière en l'invitant à entrer à l'intérieur. J'étais ravi de le revoir. Ravi qu'on se soit réconcilié. C'était quand même bien mieux ainsi, non ? Ok c'était peut-être pas le moment de faire ça, étant donné que Khris et Frankie comptaient divorcer, mais ma relation amicale avec Khris n'avait rien à voir avec leur histoire d'amour. « Contente de te voir. Tu vas bien ? Je te sers quelque chose à boire ? Bière, soda ? » Je l'invitai à prendre place sur le canapé pour qu'il soit à son aise tandis que je me dirigeais vers la cuisine qui donnait directement sur le salon, aucun mur ne séparait les deux pièces.

Ça me plaît d'avoir reprit contact avec Julie. Déjà, parce que je l'apprécie en tant qu'amie. Quoi que l'on puisse dire par rapport à mon comportement envers elle, personne ne peux nier que je me suis toujours bien entendu avec elle jusqu'à ce que... ouais bon. Jusqu'à ce qu'elle me fasse la gueule pour une raison très justifiée et compréhensible. Mais c'était aussi une des rares personne de San Francisco qui n'était pas du coté de Frankie et qui ne me jugeait pas pour mes actes. Tout simplement parce qu'elle n'était d'aucun coté. Beaucoup de personnes se sont permises de juger ma relation passée sans en connaître tous les détails, pas elle. C'était surtout ça qui m'avait poussé à reprendre contact avec elle, j'en avais marre qu'on me parle de la blonde à longueur de journée. Avec Julie, le sujet revenait très rarement et elle arrivait donc à me changer les idées et pendants quelques instants j'arrivais à sourire. Ce qui se faisait de plus en plus rares ces derniers mois. La porte s'ouvre sur Julie, qui me salue et me laisse entrer dans son appartement. Un petit coup d’œil aux alentours me fait comprendre que nous sommes seuls. « Contente de te voir. Tu vas bien ? Je te sers quelque chose à boire ? Bière, soda ? » Je la regarde d'un air amusé, répondant à ce que je comptais boire, j'avais une tête à siroter du coca toute la nuit ? Non, elle me connaît mieux que ça. « Ça va, ça va. » Je m'installe sur le canapé comme elle me l'avait fait comprendre. « Et toi ? C'est bon t'es plus malade ? » Je demande gentiment, je voulais savoir si je devrais faire l'infirmière ce soir aussi.

Le revoir me fit beaucoup de bien. Et je ne savais pas vraiment pourquoi. Je sentais juste que cela me procurait un certain plaisir. Peut-être que c'est ça, quand on se réconcilie avec quelqu'un, qu'on le retrouve, qu'on le récupère. Parce que ouais, Khris et moi, c'était du passé et pour moi, je me disais que ça le resterait à jamais, étant donné que j'étais du genre rancunière et qu'en plus il ne faisait pas spécialement d'effort. D'accord, je commençais à me radoucir de plus en plus avec lui lorsque je remarquais qu'il menait une belle petite vie de famille avec Frankie, mais tout changea. Malheureusement. Et j'étais vraiment triste quant à leur rupture mais j'étais vraiment très mal placée pour émettre un jugement sur tout ça, puisque j'étais en quelque sorte un ex de Khris dans le passé et une des amies proches de Frankie... Avant, également. Je ne représentais donc sans doute plus rien, plus personne pour eux, je n'étais pas parmi leur entourage proche, à mon grand regret. Donc, je me taisais. Evidemment, si Frankie avait besoin de soutien, je me serai manifester, mais elle était plutôt bien entourée, avec sa meilleure amie entre autre. Et puis, depuis que j'avais repris contact avec Khris, il m'était impossible de reparler à Frankie comme si de rien n'était. Je pensais bien qu'elle devait m'en vouloir... Je me sentais un peu mal pour ça, néanmoins, ils étaient séparés. Concrètement. Et puis, c'est Khris qui était revenu. Ce n'était pas moi qui étais allée lui sauter dessus dès que l'occasion se présentait. Il entra donc dans l'appartement et s'installa sur le canapé. Quant à moi, je lui servis de la bière, consciente qu'il n'allait probablement pas s'abreuver d'eau pour la soirée. Il me demanda alors si j'étais encore malade. A vrai dire, je me sentais bien. J'avais l'impression d'avoir guéri, mais je ne savais toujours pas ce que j'avais eu. Sans doute un vieux microbe à la con qui s'amusait dans mon organisme. « Ca va beaucoup mieux maintenant. J'arrive à me lever de mon lit, donc c'est que ça doit être passé. C'est grâce à tes soins, j'en suis certaine. » Je souris, tout en prenant place à ses côtés. J'étais un petit peu intimidée dans le fond par la présence du garçon, mais je ne laissais rien paraître, au contraire, je montrais que j'étais vraiment à l'aise avec lui, et c'était quand même le cas. « Je ne savais pas que tu avais des dons de guérisseur. Je ferai désormais appel à toi dès que j'en aurais besoin. » J'avais l'impression de le draguer... Mon Dieu, il allait croire que je le chauffais. Je ris alors légèrement, en passant une main dans mes cheveux, visiblement gênée.

Des fois je me dis que c'est pas une bonne idée de me rapprocher de Julie, que ça peut m'apporter des emmerdes et tout ça. Surtout du coté de Frankie. Puis je me dis que tant pis, si elle est pas contente elle a qu'à aller voir tous les mecs qui lui courent après. Mais j'ai pas envie. Je me donne des mal de crane comme ça, à pas savoir quoi faire et trop réfléchir à mes actes. Ça a jamais été dans mes habitudes, avant je faisais ce dont j'avais envie sans penser aux conséquences. Avant, j'étais seul et tout allait bien. Maintenant, je suis un père sur le point de divorcer et qui repousse l'échéance encore et encore. J'aurais jamais cru ça de moi. Mais bon, on est séparés et je me considère déjà comme célibataire, pourquoi je me prendrais la tête ? « Ça va beaucoup mieux maintenant. J'arrive à me lever de mon lit, donc c'est que ça doit être passé. C'est grâce à tes soins, j'en suis certaine. » J'étais content qu'elle aille mieux, j'aurais pas voulu passer la soirée à son chevet alors qu'elle se mouche toutes les trente secondes. Je suis résistant aux microbes mais quand même, j'aurais fini par attraper ce qu'elle avait et ça aurait gâché notre petit rendez-vous de toute façon. Si on peut appeler ça un rendez-vous, j'en sais toujours rien. Julie vient s'asseoir à coté de moi et je prend une première gorgée de ma bière. « Je ne savais pas que tu avais des dons de guérisseur. Je ferai désormais appel à toi dès que j'en aurais besoin. » J'ai quand même l'impression qu'elle me drague là, j'arrive pas à savoir ce qu'elle pense de moi. Elle rit nerveusement et passe sa main dans ses cheveux, elle est toujours aussi belle et ça n'arrange pas les choses de mon coté. J'ai peur de faire une connerie. Du genre, croire qu'elle s'intéresse encore à moi alors qu'elle ne pense qu'à de l'amitié. Pour le coup, je me sentirais vraiment con de l'embrasser et de me prendre un vent juste derrière. On oublie pas sa première fois il paraît, moi j'avais oublié la mienne, sûrement pas elle. Vu ce que j'avais fait, je comprenais toujours pas comment elle avait réussi à me pardonner. « J'ai beaucoup de talents cachés. Si t'as besoin de moi tu sais que je viendrais tout de suite. » Et voilà que je me mets à dire des trucs louches, qu'elle peut interpréter différemment. Je suis plus habitué à parler aux femmes, c'est un fait. « Ça te dérange si je fume ici ? » Au pire j'irais dehors pour me rafraîchir les idées.