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 thunderstorm thoughts (gayle)
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Anonymous
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Ven 4 Juil - 22:13

Les morsures nocturnes se sont apaisées aux premières lueurs matinales. Comme une vagabonde, j'ai erré dans les méandres de la nuit, titubant sur les dédales abîmées de mes vices. J'ai laissé la fébrilité de mon squelette virevolter à travers les substances illicites, l'alcool et le sexe sale. Éprise des torrents et esclave de mes lubricités, je n'ai pas su résister aux appels incohérents de mon anarchie. J'ai cédé, avec la faiblesse des jours incompris car ma damnation est revenue. Les débris de mon âme se noient encore dans la fraîcheur amère des souvenirs bien trop flous. À l'intérieur de ma boîte crânienne, le bourdonnement d'un orage martèle mon cerveau, engourdi par les hallucinations nauséeuses et des ombres angoissantes, prisonnières de mes pensées. Lorsque mes paupières se sont ouvertes, une odeur inconnue s'est faufilée dans mes narines et des draps étrangers recouvraient mon corps nu et courbaturé. À mes côtés, la silhouette d'un anonyme. Aux cheveux blonds et au teint mat, avec l'air innocent du sommeil peint sur le visage. J'ai soupiré à l'idée que je ne me souvenais plus de son nom, que je ne me souvenais plus de rien à vrai dire. Je me suis levée, habillée et je suis rentrée chez moi pour prendre une douche et ressortir aussi vite.

Le voile de la nuit se dissipait tout juste et l'air frais du matin calmait la tempête de mes propres démons. Je me sentais suffocante et fiévreuse, allumée par un feu cruel et libertin. La strangulation de mes ressentiments me faisait manquer d'air alors j'ai roulé jusqu'à la côte, pour rejoindre la plage. Encore déserte à cette heure-ci. Mes chaussures enlevées, la douceur du sable s'est accrochée à mes pieds. Le chuchotement des vagues charmait mes tympans alors que mon cœur ralentissait sa cadence effrénée et mes poumons s'alimentaient en oxygène après avoir brûlé sous le poids des autres. Mes rétines se perdaient toujours trop aisément dans le mouvement lancinant des vagues, poussées par les courants et le vent. Je me sentais sereine étrangement. La lucidité avait beau me rattraper et me rappeler que ce moment était éphémère, je décidais d'en profiter autant que possible avant sa mort.

Silencieuse, les caresses de la brise actionnaient l'éventail de mon imagination. Des mots, à l'encre invisible, s'échouaient dans les compartiments inoccupés de mon subconscient et les ulcérations perdaient de leur consistance. Je m'évadais, l'espace de quelques minutes, au travers des filets de la réalité. Bercée par cet état d'esprit, mon regard confus s'est posé sur une silhouette connue. Ses longs cheveux noirs, sa peau parsemée de tatouages comme s'il s'agissait d'une histoire. Lentement mais sûrement, je reconnaissais Gayle. Mes pas discrets s'approchaient de la jeune femme jusqu'à ce que finalement, je marche à ses côtés. Bonjour. Je lui offre un sourire évasif, dispersé dans les brumes me rappelant les agitations de la nuit. Tu te promènes ? Je ne l'avais pas vu depuis un bon moment à présent alors tomber sur elle, aussi tôt dans la journée qui plus est, me plaisait beaucoup.  
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Anonymous
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Sam 5 Juil - 0:58

Ces dernières nuits étaient bercées au rythme de mes insomnies et de toutes sortes de lubies créatives auxquelles je m'adonnais dans l'espoir de faire taire le vacarme de mes idées noires. Le fruit de mes pensées se tournaient toutes vers une chose, sans cesse, une remise en question perpétuelle sur mes agissements, ma façon d'être et toutes les craintes que j'avais effacées durant huit longues années. Durant tout ce temps, je faisais en sorte de me convaincre que l'attachement était une réelle absurdité, que c'était uniquement pour les personnes qui se pouvaient se satisfaire d'eux-même, comme s'ils étaient faibles dans la solitude étouffante qui les caractérisaient. Mais le fait d'aimer à nouveau provoquait en moi une nouvelle définition de l'attachement. Je demeurais cependant introvertie en matière de sentiments, ayant peur d'en dire trop. Mais qu'est-ce que ça signifie, d'en dire trop ou pas assez ? A l'heure actuelle, je pensais sincèrement que l'attachement était également synonyme de partage, d'écoute, de concessions diverses et variées et un tas d'autres choses que j'avais pris soin de bien oublier. Mes nuits se résumaient à penser continuellement, comme si m'occuper l'esprit de cette façon l'empêchait de divaguer aux flots incertains de mon moi profond.

La nuit se dissipait lentement, laissant place au réveil de l'astre roi qui allait naître dans l'heure qui suivait. Je me rendais alors compte du nombre de feuilles griffonnées par mes soins, au fil des diverses symphonies et autres sonates qui berçaient mes oreilles religieusement, aux battements réguliers de mon coeur qui me rappelaient que malgré mes pensées désordonnées, j'étais en vie et apte à donner de ma personne pour cette fille. Car malgré moi, cette discussion tourne inlassablement dans ma tête comme le bruit du canon d'un révolver au creux de la nuit noire. Il faudrait que je pense à encrer ce passage de ma vie sur un bout de ma peau, comme toutes les histoires marquantes qui m'ont fabriquées, alors que les murs qui m'entourent commencent à me faire suffoquer. Je dois sortir de cette enceinte qui fait renaître en moi tous les démons que j'avais jusqu'alors combattus. Et ce voyage à Los Angeles n'avait fait qu'empirer cet état de démence chronique qui ne demande qu'à sortir dans son excès de violence.

Je sortais de chez moi et laissais mes pas me guider vers une destination hasardeuse, qui pouvait être un berceau de liberté, dans l'immensité qui pourrait m'exorciser de tout ce bruit qui traverse ma conscience de part et d'autre. Je pouvais ainsi voir le jour se lever lentement à l'horizon. Sans savoir comment, je me retrouvais aux abords d'Ocean Beach, berceau de libération vu l'étendue de l'océan face à moi. Le regard dans le vague, je respirais cet air pur, qui chassait les toxines de la nicotine ingérée au cours de la nuit. Je me sentais déjà mieux, ici. Puis une voix me tirait de mes pensées désordonnées, une voix que je connaissais bien, celle de Sveta. Hey, salut. lançais-je, presque étonnée que l'on se croise si tôt mais avec un sourire chaleureux. Vagabonder serait un terme plus approprié à la situation. Et toi, promenade matinale ou tu fuis ta conscience qui bourdonne à t'en rendre folle ? ajoutais-je d'un ton plaisantin, bien que ce soit le véritable cas de ma présence en ce lieu quasiment désert à cette heure-ci.
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Anonymous
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Dim 6 Juil - 19:40

Ce n'est que lors de ces brefs instants que l'air arrivait à emplir à nouveau mes poumons. Reprendre mon souffle grâce à l'air marin et aux fraîcheurs pures de la matinée. L'overdose d'émotions me rendait fébrile et comme un château de cartes, mes murs immenses s'effondraient consécutivement. Je profitais donc de ces heures disparues, encore endormies par la nuit et son oppression obscure pour reprendre cette marche dont je ne connaissais pas encore la destination finale. Le sourire réconfortant de mon amie me faisait oublier, de façon éphémère, les derniers événements. Contempler l'éclatement des vagues contre le sable écumeux me rappelait que tout n'était qu'une question de temps et qu'un jour, les particules de mon corps se mêleront à la multitude immense des grains de sable sur lesquels je m'égarais à ses côtés. Sa question m'a fait légèrement rire. De façon sincère cette fois, sans aucune complication. Sans mensonges. Ah, on dirait que tu m'as cerné. Et cela ne m'étonnait pas de la jeune femme. Sa profondeur ne faisait qu'amplifier son allure provocante et décalée. Au-delà de ses outrances se cache la sensibilité fragile d'un esprit profondément empathique, tissé de compréhension et d'une fascinante réflexion.

D'elle, je ne connaissais que des bribes discrètes ; dissimulées derrière un voile d'inaccessibilité que je ne cherchais pas à retirer. Deviner les cicatrices étaient pour moi chose aisée. J'avais passé la moitié de mon existence à étudier le comportement humain, à me perdre dans ses labyrinthes complexes et parfois insensés. Gayle était un puzzle dont j'aimais particulièrement découvrir les pièces afin de les assembler au fur et à mesure que le temps allongeait notre amitié. Apprendre à connaître l'autre dans la plus grande simplicité est sans doute ce qu'il y a de plus sain pour l'esprit. Mais je suppose que nous sommes deux. Mon sourire semblait persister sans que je ne le sache. Observant les traits de la brune, je me demandais comment elle se portait et ce qui la poussait à errer sur la plage à cette heure-ci.

Tu aimerais en parler ? Peut-être que ça te soulagerait. L'aphorisme des pensées pouvait parfois devenir une torture et c'était la dernière chose que je souhaitais à Gayle. De plus, cela me permettrait de me mettre à l'ordre du jour par rapport à sa vie actuelle. L'océan avait beau grondé en silence, ma tranquillité m'apparaissait de plus en plus concrète et peut-être que notre début de conversation en était la raison. Grâce à sa présence, les ombres se rapetissaient naturellement car mes réflexions étaient tournées vers elle et vers ce qui troublait son sommeil, ses sentiments. Tout son être même. Intéressé, mon regard s'attachait à nouveau aux esquisses de son visage alors que j'attendais sa réponse.
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Anonymous
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Jeu 10 Juil - 15:51

Mon esprit qui se voulait rebelle face à mes envies de me reposer ne serait-ce qu'un léger instant, dans l'espoir de pouvoir sembler fraîche quant à la discussion que je devais avoir dans la journée avec Sidoine suite à cette fameuse affaire qui me rendait complètement dingue et incapable de raisonner de manière complètement stoïque à n'importe quelle situation. Je passais par divers états par tranche de cinq minutes. Haine, tristesse, une sorte d'euphorie malsaine qui me poussait à avoir des envies meurtrières, digne d'une grande psychopathe fraîchement sortie de l'asile pour un pseudo bon comportement. Je pouvais également passer en mode déchet humain, incapable de réagir, le regard vide, avant d'être le total opposé de cet état. Je me sentais tellement étrange que je préférais m'éloigner de cette tempête qui allait me consumer dans ma folie psychique. Me retrouver là, aux côtés de mon amie, me permettait de souffler un peu sur ma psychose sentimentale qui me poussait de plus en plus au fond du gouffre que je me creusais moi-même. Il faut croire que mon analyse des gens était toujours assez bonne, étant donné qu'elle m'annonçait que je l'avais cernée. En même temps, quelle serait la probabilité qu'en temps normal on puisse se croiser aussi tôt sur une plage, le regard vide et l'esprit aussi embrumé que nos poumons le sont par la nicotine que l'on s'injecte à tour de bras ? Quasiment nulle. En même temps, nos vies habituelles sont loin de ce début de matinée. Un sourire venait à nouveau compléter cette phrase, alors que le bruit des vagues qui s'écrasaient au bord de mer berçait mes tumultes intérieurs, comme une berceuse calme un enfant.


Sveta n'était pas le genre de personne qui essayait de tout savoir sur les gens malgré son métier qui la pousse souvent à en savoir plus sur les personnes qui se trouvent en face. Elle n'a jamais tenté d'en savoir plus sur moi, me forçant à en dévoiler plus à chaque fois. Elle sait ce que je veux qu'elle sache, quand je ressens le besoin d'en parler, et elle est toujours heureuse quand je lui offre une parcelle supplémentaire de ma personne. Je suis le genre de personne qui prend du temps avant de s'ouvrir et elle a toujours respecté cela. Je vois en Svetlana une bonne personne, qui est parfois aussi torturée que les personnes qu'elle veut aider. Je pense également que je peux lui faire confiance et que je peux lui dire ce qui me tourmente autant. En effet, on est deux. Ca me faisait plaisir de la voir sourire naturellement, alors qu'elle ne semblait pas s'en rendre compte vraiment.

Mettre des mots sur ce qui m'embrouillait l'esprit n'était pas chose aisée, étant donné que je ne savais même pas comment ordonner tout cela. Je connaissais le point de départ de mes tourmentes, mais aucunement le cheminement exact pour arriver à l'exprimer correctement. Je n'avais ni le pourquoi, ni le comment, j'avais juste envie de me défaire de mes pensées et de remettre les choses en place, pour garder ce qui me rendait heureuse jusqu'alors. Les concessions sont faites par les gens qui ne savent pas comment mettre une solution à leur problème, mais dans mon cas, je vais d'abord tenter de démêler les noeuds de mon couple avant de mettre en place le système de concessions. Puis, se sentir faible après à peine plus d'un mois de relation, c'est pire qu'après dix ans. Disons que j'avais oublié ce que ca faisait d'être en couple au bout de huit ans et sur tout ce qui revient de l'amour, comme la jalousie. Et j'ai l'impression que  j'suis pas le genre de personne assez bien pour ca depuis que j'ai su que ma copine avait un faible pour Sidoine. Et ca m'fait assez...mal d'me dire que j'pourrais perdre la femme qui m'fait redécouvrir ce qu'est l'amour. En me livrant ainsi, je la laissais me découvrir un peu plus, surement en même temps que je me découvrais moi-même. Et je perdais par la même occasion mon sourire, baissant légèrement mon regard vers les grains infimes et infinis de sable qui se trouvaient sous mes pieds. Je soupirais un instant, comme si le poids de ces pensées s'en allait en même temps que l'air que j'expirais.
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