J'étais prêt. Prêt à retrouver Lektra. Je me tenais devant sa porte et j'attendais. Pourquoi donc ? Je ne savais pas trop... J'étais pourtant très content de la retrouver après mon long weekend passé à Paris en compagnie de Lera, sa cousine. Cependant, j'avais peur de mes sentiments, à son égard. Je savais qu'ils étaient devenus plus forts. Trop forts à mon goût. Pourtant, je n'avais pas envie de fuir ou de renoncer à la brunette. Au contraire, je m'y étais tellement attaché, c'était dingue. Je n'avais plus ressenti autant d'affection pour une de mes "copines", si je puis dire, depuis Lullaby. Mais je n'avais jamais voulu admettre mes sentiments pour celle-ci. Et je ne voulais le faire pour personne. Alors, pourquoi étais-je encore avec Lektra ? Sans doute parce qu'elle exerçait un pouvoir étrange sur moi. Elle avait une certaine emprise sur moi, à laquelle je ne pouvais me défaire. C'était particulier. C'était... L'amour. Bordel. T'es sérieux, Caleb ? Je soupirai. Le pire, c'était que je tenais dans dans ma main droite un bouquet de roses rouges. J'avais été pris par un élan de romantisme de retour de la ville des amoureux. Et puis, je voulais faire plaisir à ma copine, parce que ouais, elle était devenue une copine, mais une vraie. Celle à qui je parlais, avec qui je passais du bon temps sans que la relation ne soit basée que sur le sexe. Ca changeait pas mal. C'était plutôt agréable. Surprenant Keynes ! Je m'épatais moi-même. Peut-être que tout ça n'était qu'éphémère ? Mais depuis que Lektra avait malencontreusement lâché qu'elle m'aimait, je ne pouvais m'empêcher de penser à tout ça. A elle. A nous. A notre couple. Je m'étais épris d'elle, c'était indéniable. Et ça me plaisait d'être avec elle. Ok, il arrivait parfois qu'elle me saoulait, mais bon, il fallait bien ce genre de moment également. Preuve qu'on tient l'un à l'autre.
Je me mis à sonner à sa porte. Elle ne savait pas que passais. C'était une surprise. En fait, je venais de retrouver le sol américain que depuis deux heures seulement. J'étais rapidement rentré chez moi pour me doucher, me changer, manger puis j'avais filé chez une fleuriste pour acheter le bouquet. Je n'avais pas fait très original avec les roses rouges, mais bon ça restait un bon symbole de l'amour non ? Dis-donc, j'ignorais que je faisais dans le symbolique maintenant. Je ne me reconnaissais plus... Mais bon, là, j'y étais. Devant sa porte. A attendre bêtement avec mon bouquet de fleur et un sourire. Fatigué certes, mais motivé. Dans le fond.
Long weekend. Seule. Pas Lera, pas Gaïa, pas Caleb. C'était chiant quoi. Tout le monde partait en voyage ces temps-ci. Moi j'avais juste fait Milan et encore... Comme quoi, on avait tous du fric à claquer. Du coup je m'étais amusée comme j'avais pu, essayant d'octroyer l'idée que ma cousine était dans la ville des amoureux avec mon copain. Je ne me faisais pas de films, loin de là, sauf que j'aurai préféré que ça soit moi avec lui plutôt que lui avec elle. Question de principe. Bref, j'étais sortie quoi. J'avais bu, fumé, dansé, chanté... fais la fête, en somme. Et essayé de passer ce long weekend au plus vite. Et là, on était dimanche. Toujours personne à l'appartement, je traînais avec un short et un long t-shirt. Mes cheveux étaient regroupés dans un gros chignons mal coiffé, et je zappais les chaînes de la télévision en poussant des grognements à chaque émission débile qui passait. Bordel, c'était vraiment à chier. J'étais même prête à m'endormir. Mais ce fut juste à temps qu'on sonna à la porte. Relevant mon regard vers le hall d'entrée, je fronçais les sourcils. Bizarre. Terminant par laisser une chaîne au hasard, je me levais, me jetant un rapide coup d'oeil dans la glace du couloir -bon, j'étais au naturel, et puis c'était dimanche quoi-, avant de me diriger vers la porte, tournant la poignée... Et découvrant un Caleb, roses rouges à la main, et sourire plaqué sur son visage... sur la palier. Je crois que sur mon visage devait se lire un léger moment de bug. Il était déjà revenu ? Et qu'est-ce qu'il faisait avec un bouquet à la main ? Fronçant un peu les sourcils, je l'observai, sans pour autant me moquer, "Wow, Paris fait des miracles dis moi." je rétorque avec un léger sourire, avant de lui prendre le bouquet, et de m'appuyer sur la porte pour le laisser entrer dans l'appartement, "Je savais pas que tu revenais maintenant." j'ajoute, avant de fermer la porte derrière nous, l'accompagnement dans le salon.
Mon sourire s'agrandit dès lors que j'aperçus le petit minois de Lektra, plus qu'étonnée par ma visite surprise. Ok je ne l'avais pas prévenue et elle ne devait vraiment pas s'y attendre, mais surtout, ce qui avait capté son attention, c'était le bouquet de roses. Ca ne me ressemblait tellement pas qu'elle devait se poser une multitude de questions. Questions auxquelles je ne pouvais y répondre. Elle me fit d'ailleurs la remarque, concernant les roses et mon escapade à Paris. Je ris légèrement mais ne répondis rien. Elle prit le bouquet puis me laissa passer, pour pénétrer dans la maison. Evidemment, il n'y avait personne et tant mieux. J'entrai donc puis répondis à sa deuxième question. « En fait, ça fait que genre depuis deux heures que je suis rentré. J'ai pris l'avion très tôt ce matin, où plutôt le soir en France. Et je ne t'ai rien dit, pour te faire une surprise. D'ailleurs, voilà c'est fait. Je veux mon bisous et puis je m'en vais, je vais te laisser tranquille. » Bien entendu, je blaguais, mais je voulais lui faire croire que j'étais sérieux, pour essayer de lire sur son visage de la déception, de la tristesse ou au contraire, du soulagement et de la détente. Parce que oui, peut-être que tout cela l'a mettait mal à l'aise, qu'elle n'aimait pas ce genre de chose, le bouquet, la visite surprise et tout ça. Même si elle m'avait affirmé que des petits actes romantiques de temps à autre ne la gênerait pas. Parce que justement, elle m'aimait. C'est là qu'elle me l'avait dit. Et je ne pus m'empêcher de sourire en repensant à ça. Je ne sais pas pourquoi, mais venant d'elle, le fait d'être aimé, me touchait tout particulièrement. Ca signifiait vraiment quelque chose à mes yeux. Et j'aimais vraiment bien, malgré l'appréhension de plonger dans l'inconnu, le nouveau, le changement. Je m'avançai donc vers elle, la tint par la taille et lui déposai un baiser sur ses jolies lèvres. Elles m'avaient manqué. Tout de Lektra m'avait manqué. Et je n'osais l'admettre mais, ça ressemblait vraiment de plus en plus à de l'amour tout ça. Et merde !
Caleb, un bouquet de roses rouges à la main, c'était tout un concept. Ok, il avait été romantique le soir de la St Valentin et ça m'avait vachement surprise en plus, le coup du restaurant, du bain, des bougies de partout et après des pirouettes dans le lit toute la nuit... Bon, ça c'est moins surprenant. Mais bizarrement, tout ça m'avait plu. Fallait dire que jamais personne n'avait fait ça pour moi, ou personne ne l'avait osé faire sans qu'il ne se prenne un vent impressionnant de ma part. Mais je n'avais pas foutu de vent à Caleb, ce qui était encore plus étrange. Ouais, j'avais sûrement développé des trucs qui s'appelaient "sentiments". Truc que j'avais malencontreusement échappé dans une de nos conversations. Et truc aussi où je m'étais pris un méchant vent de la part de Caleb. En même temps, je devais m'attendre à quoi sérieux ? On était pareil, et je me maudissais d'avoir dit ce genre de chose. Et le pire... c'était que j'étais honnête. Quoi, c'est vrai ! Rien que de le regarder, là, maintenant, j'étais contente. Contente de son retour ici, à San Francisco... Content qu'il soit venu me retrouver, même avec ce bouquet de roses rouges que je tenais fermement entre mes doigts et que je m'empressais de trouver un vase pour les mettre à l'intérieur, « En fait, ça fait que genre depuis deux heures que je suis rentré. J'ai pris l'avion très tôt ce matin, où plutôt le soir en France. Et je ne t'ai rien dit, pour te faire une surprise. D'ailleurs, voilà c'est fait. Je veux mon bisous et puis je m'en vais, je vais te laisser tranquille. » Et puis je m'en vais.... ah. Mettant finalement le bouquet dans un vase avec un peu d'eau, je me retournais vers lui. Ouais j'étais déçue. J'avais du rapidement faire une petite moue. Me mordillant la joue intérieure, je ne disais rien, le laissant s'approcher et me prendre par la taille pour finalement m'embrasser. Répondant doucement à son baiser, je remontais mes mains vers son visage pour l'écarter très légèrement du mien, plongeant mon regard dans le sien, « Tu t'en vas vraiment... ? » je murmure. Non, pars paaas !
Ok, j'étais plutôt rassuré car elle ne semblait pas vouloir me laisser partir. Je n'avais pas envie qu'elle me "jette" à la porte car je n'avais aucune envie de partir. J'étais toujours bien avec elle. J'aimais bien le genre de choses que nous faisions. Et je ne fais pas seulement référence au sexe, bien au contraire. Avec elle, il n'y avait pas que ça, et je le savais bien. Je le sentais. Parce que justement, je ressentais quelque chose pour elle. Un truc assez puissant, incontrôlable, inévitable. J'étais donc quelque peu confus avec toutes ces émotions que j'avais encore du mal à gérer, mais je ne voulais rien laisser montrer. Je voulais rester un minimum neutre, ce qui est dur vu les circonstances, et ne rien laisser paraître, garder mon calme. Rien ne pouvait m'ébranler d'habitude. Mais là, la situation échappait à mon contrôle. Avec Lektra, je n'étais plus le même. Et lorsque je l'embrassais, elle répondit à mon baiser et je me sentais comme flottant dans les airs. Putain, ça devient niais comme pas possible là... Heureusement, elle rompit assez rapidement le baiser pour poser ses douces mains sur mon visage, me demandant si je comptais vraiment partir ou non. J'esquissais un sourire. Elle était si mignonne, si craquante. Impossible de lui résister. « Tu veux que je reste ? » Evidemment qu'elle le voulait sinon elle ne m'aurait pas posé la question de si moi je restais. Cependant, je voulais qu'elle le demande. Qu'elle me demande. J'aimais bien savoir qu'elle aussi avait besoin de ma présence, tout comme j'avais besoin de la sienne. Parce que, mine de rien, grâce à elle, je parvenais à m'évader, de passer d'un monde à un autre. Je quittais le monde sombre et malheureux de ma vie de brigand pour retrouver le monde réconfortant et tendre de Lektra. Cette fille me faisait vraiment un bien fou. Moi qui adorais ma solitude, je devais admettre que je n'étais jamais mécontent de passer des journées entières en sa compagnie. Changement radical. Je la regardais donc avec un air malicieux, comme pour la provoquer. Je voulais qu'elle ose m'avouer qu'elle voulait que je passe ma nuit avec elle, toute la journée du lendemain même. Je voulais qu'elle me dise qu'elle ne me voulait que pour elle. Je voulais qu'elle me dise que j'étais sienne. Je voulais qu'elle me dise qu'elle m'aime...
Sérieusement, il avait autre chose mieux à faire là tout de suite ? Au lieu de rester ici, de s'occuper de moi comme moi je pouvais m'occuper de lui. S'il croyait qu'il pouvait se débarrasser de moi avec juste un bouquet de fleurs, il ne me connaissait pas. Et ça me ferait vraiment chier. En même temps il n'avait pas trop la tête du mec qui veut vite filer et rentrer, ce qui avait tendance à me rassurer un minimum. Peut être qu'il avait dit ça juste pour me faire chier, ça ne changerait pas de d'habitude en fait. Mais bon. Restant un moment à l'observer, j'avais un léger petit sourire au coin de mes lèvres. J'étais pas sexy à souhait pou le faire rester, mais je pouvais le devenir. Rien que pour lui et son regard tueur. C'était ses yeux qui me faisaient de l'effet, à chaque putain de fois. Devait vraiment y avoir des tonnes de filles à ses pieds... Mais il était à moi. Rien qu'à moi. « Tu veux que je reste ? » Ahah, il était sérieux avec sa question là ? Il voulait vraiment que je lui dise que oui, je voulais qu'il reste, qu'il ne parte pas, qu'il m'avait manqué, beaucoup manqueé... Ouais je le connaissais à force le petit Caleb. Remontant une de mes mains dans ses cheveux je me mis à caresser doucement le bout d'une de ses mèches, « Tu serais un mauvais copain si tu partais... » je dis en haussant les épaules., « Oui... Oui, je veux que tu restes. » je termine par dire avant de lui déposer un petit bisou sur ses lèvres.
Ahah, mon petit plan se déroulait comme prévu. La jolie brune avait avoué son envie de me voir rester. Et tant mieux. Car je ne comptais pas m'en aller aussi vite. Elle m'avait bien manqué durant ces quelques jours et si je m'étais autant empressé à la rejoindre ce soir, c'était bien pour profiter de sa présence, de sa délicatesse, d'elle... Et elle se montrait persuasive dans ses gestes. Elle jouait avec mes cheveux et colla ses lèvres contre les miennes. Il ne m'a suffit que de deux secondes pour remonter mes mains et les poser sur son visage pour le tenir fermement. Je me mis à l'embrasser langoureusement, collé à elle. Ce que je ressentais à ce moment précis était bien différent de toutes les autres fois. Qu'est-ce qui avait bien pu changer ? Nos sentiments, très probablement. C'était comme si on les affirmait davantage. Peut-être qu'on ne les disait pas à voix haute, mais on les pensait tout bas. Je me défis d'elle pour la regarder avec un petit sourire. Je la serrais ensuite contre moi, bras derrière son dos, sa tête contre mon torse. Je n'avais rien besoin de dire, j'étais véritablement bien à ce moment-là. Juste avec elle. Mais je préférai rompre le silence, pour ne pas installer une certaine gêne, car je sentais que ça pouvait s'avérer être perturbant à la longue, ça nous ferait psychoter. « Donc, si je reste, je suis un bon copain ? Et autrement, je ne suis pas un bon copain ? » Je souris, m'éloignant un peu d'elle pour contempler son visage. J'ajoutai ensuite « Et sinon... Je t'ai manqué ? Ne me réponds pas non, car je sais que la réponse est oui ! » Je ris légèrement, cette fois-ci, j'avais posé mes bras sur ses épaules, mes mains enlacées loin derrière sa nuque. Je la regardais avec un peu de hauteur vu que j'étais un peu plus grand qu'elle. Elle était vraiment si jolie. Même sans s'être spécialement préparée pour ma visite, elle restait absolument canon. Elle m'excitait déjà... Dur dur de te retenir Keynes devant une telle beauté, n'est-ce pas ?
Ok ok... ne nous excitons pas tout de suite. Rien que de sentir ses lèvres s’accaparer des miennes, je sentais presque déjà l'envie monter en moi. Collée contre son corps... je pouvais pas faire autrement. Quoi, ça m'avait manqué quatre jours sans rien ! Sans lui, surtout. Eh ouais, j'étais fidèle moi. Qui l'aurait cru sérieusement ? Personne. Même pas moi. Et pourtant, j'en étais à refuser des demandes... Déjà celle de Dante qui était incessante. Et d'autres mecs, plus blaireaux les uns que les autres. Une vrai catastrophe en fait. Enfin bref. Me décollant de ses lèvres, je me sentis encore une fois, encore plus collée à lui. Posant ma tête sur son torse, j'avais également mes mains dessus. Fermant un instant les yeux, je me concentrais sur son coeur qui battait tranquillement. Ça m'apaisait. Ce mec apaisait mon hyperactivité. C'était dingue. Et en même temps ça me faisait réfléchir... est-ce que je devais lui dire que je m'étais enrôlée dans un nouveau gang récemment ? Non... j'avais pas besoin de lui dire ça. Ou peut être si... enfin... « Donc, si je reste, je suis un bon copain ? Et autrement, je ne suis pas un bon copain ? » Me tirant de mes pensées, j'haussais les épaules, m'écartant plus de lui pour croiser son regard. Un léger sourire apparut une nouvelle fois sur mes lèvres, alors que je sentais les bras de Caleb se poser sur mes épaules, « Et sinon... Je t'ai manqué ? Ne me réponds pas non, car je sais que la réponse est oui ! » J'eus un léger rire, secouant un peu ma tête de droite à gauche. Remontant une de mes mains le long de son torse, je ne lâchais pas son regard, me mordillant légèrement ma lèvre inférieure, « Alors pourquoi tu poses la question si tu connais déjà la réponse... » je murmure, penchant ma tête un peu sur la côté, jouant sur mon côté mystérieux, « Apparemment moi je t'ai manquée... vu la vitesse à laquelle tu es venu me voir après ton arrivée. Je me trompe ? » j'ajoute en haussant un sourcil.
Mini-Litwinski était maligne. Tout comme sa cousine, d'ailleurs. Ahah c'était drôle de voir à quel point elles étaient identiques. Bon, non, elles se démarquaient quand même l'une de l'autre, mais certaines ressemblances étaient frappantes. Comme leur répartie. Je souris à sa dernière remarque. Elle préférait notamment garder le mystère sur sa réponse, n'affirmant pas que je lui avais manqué. Mais je me doutais bien que c'était le cas. Et en plus, elle se jouait de moi. Et quand elle se mordit la lèvre, je sentais encore plus l'envie monter. Tous les deux avions envie l'un de l'autre, c'était perceptible. Ca m'avait manqué de le faire avec elle. Normal, je ne le faisais plus qu'avec elle. J'étais désormais en couple, et qui dit couple, dit exclusivité, fin de partage. A la base, cette idée me répugnait. Mais avec Lektra, vu que le feeling passait bien, ça ne me dérangeait pas. On était un peu pareils en fait. Donc on s'entendait plutôt bien. D'ailleurs, la demoiselle avait également une vie cachée. Tout comme moi. Sauf que moi je connaissais la sienne, contrairement à elle. « Donc toi, tu penses que tu m'as manqué ? » Je fronçais les sourcils, faisant l'ignorant. « Non du tout. Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. » Je lui fis un clin d'oeil et me détachai d'elle pour me poser sur le canapé. J'y pris place et j'attendais que ma copine me rejoigne. « T'as pu tenir sans moi durant ce weekend ? Ca n'a pas été trop dur ? »
C'était obligé de que je lui avais manqué. Un mec ne débarquerait pas aussi vite après son arrivée, bouquet de fleurs à la main. De toute façon, j'étais persuadée qu'il n'allait pas l'avouer. Comme la moitié des choses que j'avais espéré qu'il m'avoue un jour... Rien que de penser à la dernière fois où je lui ai malencontreusement sorti que je l'aimais, il n'avait même pas dit que c'était réciproque. Alors peut être que ça l'était pas... alors là, j'étais vraiment vexée. J'avais attendu. Et attendu. Et toujours rien de chez rien. Peut être que j'attendais un truc qui n'allait jamais tomber en fait. Je me faisais sûrement des histoires pour rien. Puis merde, ça me faisait chier tout ça. « Donc toi, tu penses que tu m'as manqué ? » Fronçant mes sourcils en même temps que les siens, j'attends la suite, me doutant bien ce qu'il va ajouter pour me faire chier, encore. « Non du tout. Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. » Le regardant me faire un clin d'oeil, je lui tire la langue, en lançant un vague pffff. C'était notre manière de communiquer de toute façon, on n'allait pas changer nos habitudes. Terminant par le rejoindre sur le canapé, je m'y installe à ses côtés, croisant mes jambes en tailleur, face à lui, « T'as pu tenir sans moi durant ce weekend ? Ca n'a pas été trop dur ? » Faisant mine de réfléchir, j'attrape en même temps sa main, la plus proche de moi, avant de l'ouvrir totalement pour y faire des dessins imaginaires dessus, avant d'entremêler ma main à la sienne, « Non... je suis sortie. J'ai bu, j'ai fumé... j'ai dansé. » je réponds en lui souriant, avant de regarder nos mains ensemble, « J'ai été engagée dans un gang. » j'ajoute sur le coup, sans vraiment le voir venir. J'étais comme ça moi, directe, imprévisible. Bon au moins, je lui avais dit.
La jeune femme vint me rejoindre sur le canapé, juste à côté de moi. Elle m'affirma qu'elle ne s'était pas tellement ennuyé et qu'elle avait passé le plus clair de son temps à fumer, boire et danser. Hmm. Je ne pus retenir une grimace. Ca me plaisait pas trop qu'elle se bousille la santé comme ça, mais en même temps, je n'avais pas à lui faire la moral. Moi-même j'étais le premier à consommer toutes ces merdes et à vivre comme un con. Donc bon. Et puis, elle s'en sortait plutôt bien. Elle n'était pas du tout une épave. Je lui faisais confiance pour ça. Je savais qu'elle gérait. Néanmoins, j'étais obligatoirement un peu inquiet pour elle, compte tenu de mon attachement pour elle. « Ah ouais ? Tu n'as pas abuser j'espère ? Histoire de m'oublier et combler le chagrin. » Je savais bien que dans le fond, elle avait fait ça pour se divertir, pour s'occuper afin que le temps passe le plus vite possible. J'avais du lui manquer, pour sûr. Ce n'était pas de la prétention ou quoi, non, c'était juste que je savais pertinemment qu'elle était tout aussi attachée à moi que je ne l'étais à elle. Et vu qu'elle m'avait bien manqué durant le weekend... Elle avait pris ma main pour jouer avec puis la serrer contre la sienne. Mignon. Puis, soudainement, elle me sortit, comme ça, l'air de rien, qu'elle avait rejoint un gang. Wtf ? Je fronçais immédiatement les sourcils, affichant une mine des plus surprises. « Comment ça tu as été engagée dans un gang ? Qu'est-ce que tu vas foutre là-bas ? Dans ce merdier ? » J'étais plutôt bien placé pour savoir à quel point c'était la merde dans ce genre de bande organisée. Et Lektra n'avait aucunement sa place là-bas. Autant, je fermais les yeux sur son activité de cambrioleuse, autant je ne pouvais pas me retenir de dire quelque chose pour son entrée dans un gang. Et si c'était celui qui était opposé au mien ? En plus, elle ignorait que moi-même, j'étais déjà enrôler dans un gang de la ville et que j'avais déjà été amené à faire des choses... disons, pas très gentilles. « Je croyais que tu était simplement une voleuse ? »
« Ah ouais ? Tu n'as pas abuser j'espère ? Histoire de m'oublier et combler le chagrin. » Genre. J'étais pas de ces filles qui buvaient pour oublier. Quoique... je n'avais eu ce genre d'expérience, je n'avais jamais vraiment dû oublier quelqu'un. Et bon, faut dire qu'il ne me faut pas cette excuse pour picoler. Bref, tout ça pour dire, que non, c'était juste pour m'amuser que j'avais fait tout ça, et non pour oublier mon copain. Faudrait être tarée pour ça. Puis j'étais complètement sortie du contexte, annonçant à Caleb que je m'étais enrôlée dans un gang. Gang sous la supervision d'Isiah. Je n'avais eu aucun mal à faire mes preuves, normal, vu que j'avais déjà fait ce genre de choses dans mon pays d'origine. Ces trucs m'avaient vachement manqué. Toute cette adrénaline, toutes ces actions tous les jours... Je n'allais plus m'ennuyer ! Et vu la tête de Caleb, j'avais prévu qu'il allait avoir ce genre de réaction. « Comment ça tu as été engagée dans un gang ? Qu'est-ce que tu vas foutre là-bas ? Dans ce merdier ? » J'ouvrais la bouche pour répliquer. Mais aucun son n'en sortit pour autant. Comment lui expliquer tout ça ? Bon ça va, il n'était pas né de la dernière pluie non plus, il savait très bien ce qu'était un gang et toutes ces conséquences... Je ne quittais pourtant pas des yeux nos mains reliées. Pas par peur d'affronter son regard, loin de là, mais pour essayer de trouver une manière de lui expliquer la chose. On se disait tout dans un couple, pas vrai ? « Je croyais que tu était simplement une voleuse ? » Je soupirai un peu, serrant doucement ma poigne, avant de finalement lever mes yeux vers lui. Bon ok, il avait pas l'air super heureux de la nouvelle. Puis merde, c'était ma vie, pas la sienne. « Écoute Caleb... je sais très bien ce que je fais. J'ai déjà fait ça... dans le passé, quand j'étais encore à Kiev. Et puis cambrioleuse, c'est pas mon truc. C'est vrai quoi, c'est toujours la même chose, je me faisais chier ! Je voulais retrouver cette adrénaline, ce truc qui me faisait sentir vivante quand j'étais dans mon pays ! Puis je l'ai trouvé ici à San Francisco. » je dis en haussant un peu les épaules, avant de poser mon autre main sur la sienne, formant ainsi un petit sandwich de mains (), « Vois ça comme un boulot... avec des primes de risque ! C'est tout. » j'ajoute avec un sourire.
Je ne savais pas trop comment réagir à la nouvelle de Lektra. Enfin si, j'avais envie de râler, de dire qu'elle était complètement à côté de la plaque, mais je préférais garder mon calme, je voulais d'abord l'écouter, voir comment elle allait m'expliquer tout. Et j'appris qu'elle était déjà dans un gang lorsqu'elle était à Kiev. Je haussai un sourcil, très étonné. Comment une fille comme elle pouvait se retrouver dans un truc pareil ? Je ne comprenais absolument pas. En fait, je n'y comprenais plus rien. Elle disait qu'elle n'aimait pas vraiment cambrioler, qu'elle avait besoin de bien plus. Je ne savais vraiment pas quoi dire. Ca semblait tellement absurde. Je ne m'y attendais vraiment pas. Elle avait l'air si sereine, elle. Calme et détendue, comme si sa nouvelle profession était normale. Le pire, c'était que j'étais plutôt mal placé pour ouvrir ma gueule, moi-même faisant parti d'un gang, mais je ne pouvais m'empêcher de contester son choix. Je trouvais ça tout bonnement stupide et bien trop dangereux. Je n'avais aucune envie de voir Lektra finir dans un fossé, morte après avoir été méchamment agressée. Rien qu'à cette idée, j'avais envie de gerber. « J'aime pas. J'aime pas l'idée que tu sois entraînée dans toute cette merde. C'est vraiment dangereux. J'aime pas. » Je me tus. Je la regardais, d'un air très sérieux, sourcils légèrement froncés. Et têtue comme elle était, je savais bien que la jeune femme n'allait pas prêter attention à mon opinion. Mais je le disais quand même. Et j'insisterais, s'il le fallait. Je commençais vraiment à beaucoup m'attacher à elle. C'était visiblement déjà trop tard en fait ... Je soupirai. Merde, il fallait faire quoi là ? J'allais pas l'obliger à arrêter tout ça, mais en même temps ça me faisait bien chier son histoire de gang. Je craignais vraiment pour sa vie. Une fois qu'on entre là-dedans, on est même pas sûr d'en ressortir vivant. Et je savais très bien de quoi il était question. Mais moi encore, on s'enfout. Mais Lektra... Je ne voulais pas qu'il lui arrive quelque chose, que quelqu'un ose lui faire du mal. Personne n'avait le droit de la toucher. Personne. Sinon, à ses risques et périls, vu que je riposterais, très probablement.
Affronter son regard du mec sérieux, je ne pouvais que faire ça. En même temps, qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ? J'étais déjà engagée dans le gang d'Isiah, c'était pas maintenant que j'allais faire machine arrière. Et surtout pas pour les beaux yeux de mon copain. Non, il me fallait vachement plus, voir un milliard de tonne de trucs en plus pour vouloir arrêter net mon nouveau boulot. Je savais ce que je faisais, c'était pas la première fois... Qu'est-ce qu'il voulait de plus ? Je tenais à ma vie tout de même, je n'allais pas foncer tête baissée dans mes prochaines missions non plus. J'étais pas kamikaze. Bref, je savais ce que j'avais à faire et puis point final. « J'aime pas. J'aime pas l'idée que tu sois entraînée dans toute cette merde. C'est vraiment dangereux. J'aime pas. » Soutenant son regard, je ne répondis rien pour le moment. Il était genre vraiment en train de s'inquiéter là. C'était... presque mignon. Caleb en mode protecteur. Je disais pas non à ça. « Et bah moi j'aime. C'est mon truc. Alors tu devras t'y faire. » je réponds avant de lâcher sa main et de me lever, pour me diriger dans la cuisine, direction le réfrigérateur. Deux canettes de bière à la main, je reviens dans le salon avant d'en tendre une à Caleb, et d'ouvrir la mienne, la portant à mes lèvres. Buvant longuement la boisson, je termine par m'asseoir une nouvelle fois à ses côtés.
Bon, que faire dans ce genre de situation où vous désapprouvez l'activité professionnelle de votre petite-amie ? Mais pour de bonnes raisons (à savoir que c'était dangereux et risqué pour sa vie). Je hochais la tête, de gauche à droite, ne comprenant pas son point de vue. Ok, moi-même j'étais enrôlé dans un gang, mais ce n'était pas pareil. Je m'en tirais plutôt bien, je gérais. Or, elle, ça ne serait pas pareil. Une femme dans un gang, c'est tellement fragile. Elle était une cible beaucoup trop facile. Et bien qu'elle était une femme de poigne, je n'en doutais pas, j'avais quand même peur pour sa personne. C'était normal. Non ? J'étais attaché à elle. Et puis... Ouais, et puis quoi Keynes ? Tu vas balancer que tu l'aimes, c'est ça ? Et que donc, ça change tout ? Je chassais cette idée de mon esprit pour me concentrer sur la situation actuelle. Lektra semblait n'en avoir rien à carrer de mon avis, comme prévu, et s'en alla chercher des bières. Je pris celle qu'elle me tendait pour en boire quelques gorgées. Je savourais ce doux breuvage que j'appréciais tant. Ca ne me donnait vraiment pas envie de me prendre la tête, et pourtant, je sentais que ça allait venir, qu'on allait s'embrouiller. Et que ça me saoulerait. Et je ne voulais pas de ça. Au contraire, je voulais profiter de ma copine, tranquillement. Mais bon, je comptais bien m'opposer à son choix bien fou. « Et si je ne suis pas d'accord ? Mon avis ne compte donc pas ? Pourtant on est un couple maintenant. Mon avis devrait t'être important. Bien que tu sois indépendante, mais là n'est pas la question. Le problème se situe... » Pause. Je ne savais plus tellement comment continuer ma phrase. Je voyais clairement quel message je tentais de lui faire passer, or, je n'arrivais pas à poser les bons mots. Je la fixais du regard, reprenant une voix sérieuse. « Au niveau du risque que pose le fait de travailler dans un gang. Il pourrait t'arriver quelque chose. Et je n'en ai pas envie. » Je la regardais, sourcils légèrement froncés, voulant me montrer le plus persuasif possible. Si elle voulait bosser dans un gang, soit. Mais ça serait sans moi. Sans mon soutien en tout cas.
Profitant de la boisson, je rejoins mes jambes sur moi, me positionnant ensuite en tailleur. Canette entre mes doigts, je tapote légèrement dessus, en soufflant légèrement. J'espérai avoir clos cette discussion sur mon gang. J'avais pas tellement envie de me mettre à gueuler et à me disputer pour ce genre de trucs. Putain, pourquoi je n'avais pas voulu la fermer ? Pourquoi je lui avais dit ça ? Maintenant au lieu de se câliner, on allait avoir le droit à une scène de ménage digne de ce nom. Je le sentais venir, je le voyais comme le pif au milieu de la figure. Fais chier. Jouant et mordillant un peu ma lèvre inférieure, je sentais le regard de Caleb appuyé sur moi, et j'aurai pu parier, dans la seconde même, qu'il allait encore l'ouvrir. Bingo. « Et si je ne suis pas d'accord ? Mon avis ne compte donc pas ? Pourtant on est un couple maintenant. Mon avis devrait t'être important. Bien que tu sois indépendante, mais là n'est pas la question. Le problème se situe... » Je tournais ma tête vers lui, haussant un sourcil face à sa pause dans la phrase. Se situe où, hein ? C'est quoi le problème ? J'avais envie de lui répliquer ça, mais il continua, « Au niveau du risque que pose le fait de travailler dans un gang. Il pourrait t'arriver quelque chose. Et je n'en ai pas envie. » Je levai les yeux au ciel en soupirant. Bordel. « Et alors Caleb ? Tous les jours il peut m'arriver quelque chose ! Pas besoin d'être dans un gang pour ça, regarde, je peux sortir dans la rue et me faire écraser par un bus, ou là maintenant je peux avoir une crise cardiaque et mourir sur le coup ! » je dis en haussant un peu le ton. Bon, c'était pas les meilleurs exemples, mais au moins, j'étais claire dans mes propos. « Est-ce que je te fais chier moi sur ton boulot ? Et dis moi pas que barman c'est pas dangereux, parce que je me doute que y'a pas que ça dans ta vie. Tu crois que je suis conne au point de me faire croire que tu partages tes biens avec Lera ? D'où tu sors l'autre partie du fric Caleb ? » je continue en commençant un peu à m'énerver, avant de laisser échapper un rire, qui est loin de vouloir exprimer la gaieté du moment, « Elle est où l'honnêteté dans le couple ? » je termine par dire en me levant du canapé, prête à quitter le salon.
Je m'attendais à ce que la brunette ne soit pas en accord avec moi. Ca nous arrivait souvent même. Cependant, je savais que dans le fond, c'était moi qui avais raison. Si Lera apprenait que sa cousine s'était enrôlée dans un gang, elle pèterait sa crise également. Mais bon, elle jouait la carte de l'inexistence du risque zéro, comme quoi il était possible qu'elle meurt même en dehors du gang. Certes, mais ce n'était pas pareil, il ne fallait pas tout mélanger. Devenir un gangster multipliait les chances d'être tué. C'était être une bombe à retardement. Tôt ou tard, on meurt, c'est sûr, mais avec un gang, c'est davantage tôt que tard. Et que fut ma surprise lorsque la demoiselle me sortit qu'elle soupçonnait bien que je devais avoir une autre profession ou une activité parallèle de celle de barman. Et je savais bien qu'elle se doutait de quelque chose depuis qu'elle avait cambriolé mon appart le soir où je l'y avais surprise. Or, j'avais fait comme si elle n'avait rien dit, ne prenant pas en compte ses doutes. C'était mieux pour elle ainsi. Bon, c'était par la suite compliqué d'expliquer mes absences, mais c'était mieux pour elle, pour sa sécurité. Je souris donc légèrement comme pour me moquer de ses propos. Ouais, fallait bien faire l'ignorant jusqu'au bout. « Ahah. J'ai des réserves. Et puis on est bien payés au Ruby tu sais.» Elle s'était levé, visiblement un peu remontée. Elle me fit encore une remarque sur l'honnêteté dans notre couple. Je soupirai. Bon, on attaquait un notre terrain là. « Ah ouais, c'est donc ça que tu veux ? Tu veux qu'on soit honnête l'un envers l'autre, t'es sûre ? Certaine ? Parce que je pense que tu n'auras pas envie de tout entendre. » Je me tus. J'avais l'air encore sérieux lorsque je pris la parole, un peu énervé. Elle me cherchait, ok, elle me trouverait.
« Ahah. J'ai des réserves. Et puis on est bien payés au Ruby tu sais. » Il était sérieux ? Il me prenait vraiment pour une conne. Ca va, j'étais dans le milieu où on gagne du fric en faisant des trucs illégaux, et une tonne de fric, c'est pas lui qui allait me dire qu'en bossant en tant que barman, il gagnait des liasses de billets. Ca me faisait doucement rire. C'était un menteur, et j'en avais l'intime conviction. Pourquoi il voulait pas avouer ça ? Bordel, moi je lui disais bien que j'étais dans un gang ! Qu'est-ce que je pouvais m'en foutre de ce qu'il faisait pour obtenir de l'argent ?! Tant qu'il était pas prostipute... Non sérieux, où était l'honnêteté dans le couple ? Je faisais tout toute seule en fait. Bah bien. « Ah ouais, c'est donc ça que tu veux ? Tu veux qu'on soit honnête l'un envers l'autre, t'es sûre ? Certaine ? Parce que je pense que tu n'auras pas envie de tout entendre. » Je me retournai, alors que j'étais prête à quitter la pièce pour essayer de souffler un coup. Là, c'était sûr, au revoir les câlins et tout le bordel. Fait chier, merde. « Et qu'est-ce que t'en sais ? C'est vraiment ce que je veux Caleb, alors vas-y accouche ! Je suis toute ouïe ! » je réplique sur le même ton en croisant mes bras sur ma poitrine, l'observant. Allez, j'étais prête. Ca me faisait pas peur ses espèces de menaces là. J'attendais que ça moi, qu'il me raconte tout. Et il avait intérêt à le faire, sinon j'allais mal le prendre.
Honnêteté honnêteté. Ok. Bon bah ça y était, j'étais lancé. Elle voulait qu'on soit transparent l'un envers l'autre ? D'accord. Il était donc peut-être temps que je lui dévoile certaines choses passées sous silence depuis assez longtemps. Je faisais évidemment référence à mes sentiments. J'étais tombé amoureux de la brunette, mais je me refusais de le dire, de lui dire. Je trouvais ça beaucoup trop étrange, ça me faisait bizarre. Mais bon, autant le dire non ? Qu'avais-je à perdre puisque je savais que c'était réciproque ? Effectivement, Lektra avait été la première à avoir été brave. Et comme un con, je ne lui avais pas dit que moi aussi, je l'aimais. Parce que je n'en avais pas envie. Fin, du moins, pas comme ça, pas à ce moment-là. Je ne l'avais encore jamais dit. Je n'étais jamais vraiment tombé amoureux, avant Lektra et Lullaby. Mais cette dernière n'avait jamais su les sentiments que j'avais pour elle. Et je trouvais que c'était mieux ainsi. Je ne voulais pas devenir ce genre de mec qui ne vivait que d'amour et pour l'amour. Non, ça, ce n'était pas pour moi. Pourtant, j'étais devenu romantique avec Lektra. Ce qui m'avait fortement surpris. Mais j'avais aimé parce que je savais que ça avait plus à ma copine. Et j'avais vraiment envie de lui faire plaisir, de la surprendre elle aussi. Avec elle, j'arrivais à me surpasser, il y avait à chaque fois un défi à relever, et ça, c'était hyper excitant. C'était ça que j'aimais le plus dans notre relation. On s'étonnait soi-même et mutuellement. On évoluait chacun, ensemble. A deux, on arrivait à avancer, à progresser. Je me levai alors, plantant mon regard dans le sien. Mon regard se voulait posant, convainquant. « Ok d'accord. Sache alors que je n'ai absolument pas envie de te voir dans un gang, tu risques de te faire buter en deux-deux, on risque de profiter de toi, on risque de te faire des choses que tu regretteras, tu finiras comme moi, comme un pauvre abruti qui fait des choses qu'il n'aime pas toujours mais qui doit fermer sa gueule au risque de se faire buter. Tu te retrouveras dans la merde et personne ne t'aidera. Tu devras te débrouiller seule, certes, tu en es capable, mais tel n'est pas le problème, non. C'est juste que je veux pas que tu te retrouves dans la merde. Je serai impuissant car nous sommes rivaux, très probablement et vaut mieux pour toi qu'on ne sache pas qu'on est ensemble, ça pourrait encore plus te nuire. Et je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Non, je ne veux pas. Parce que je tiens à toi, parce que je t'aime, bordel ! » Mon ton s'était levé vers la fin, je m'était un peu emporté. Mon rythme cardiaque s'était également accéléré. Voilà, c'était dit. Je n'y croyais pas. Mais c'était vraiment sorti tout seul. Même si je ne voulais pas le dire, ça serait sorti. Il allait que ça sorte. Maintenant au moins, elle ne pouvait plus me reprocher de ne pas être sincère avec elle. J'étais toujours debout, dans le salon, tenant le regard. Je pris une voix légèrement plus calme mais toujours des plus sérieuses : « Et ça, ça te convainc ? C'est bon, on est suffisamment honnête l'un envers l'autre ? »
Toujours bras croisés contre ma poitrine, j'observe Caleb, plissant un peu les yeux. Il voulait la guerre ? Il allait l'avoir. Il me connaissait, il osait lever le ton, j'allais lever le ton aussi, il faisait son mec fort, j'allais faire la meuf forte aussi. Je savais jouer dans ce genre de trucs, et j'étais même plutôt douée. Surtout quand je voulais défendre des choses qui me tenaient à coeur, et là, c'était mon entrée dans un gang. Merde, j'étais contente de ça, de voir que je n'avais pas perdu la main pour ce genre de chose, et Caleb cassait tout mon délire ! Mais bon, il avait dit qu'il allait être honnête, soit. Le voyant se lever et se planter devant moi, je toisais son regard, prête à tout entendre de ce qu'il allait me dire. Et ça commençait. Encore et encore des mots pour me dire à quel point mon job était dangereux, mais sans blague, je le savais ! Et c'est pour ça que je kiffais, merde. Puis il commença à se comparer à lui, et des choses qu'il n'aimait plus faire, puis de notre couple qui ne devait pas être mis à la lumière si je bossais dans un gang... Putain. Lui aussi était dans un gang ?! Ca m'étonnait qu'à moitié, mais quand même... merde. Je ne disais rien pour ne pas le couper, il avait l'air tellement lancé dans son truc, tellement qu'il en haussait le ton et... What ?! Sa dernière phrase... il m'avait dit je t'aime, j'avais pas rêvé. Ne cillant pas son regard, mes lèvres s'entrouvrirent sur le coup, pourtant aucun son n'en sortit de ma bouche. Wow... alors ça, je m'y attendais pas du tout. Et là... toute l'histoire du gang, je l'avais déjà mis de côté. Je continuais de le regarder, presque incrédule... « Et ça, ça te convainc ? C'est bon, on est suffisamment honnête l'un envers l'autre ? » Mon regard avait changé. Il n'était plus du genre, "tu me cherches, tu me trouves", mais plus doux, moins agressif qu'il y avait dix secondes. Merde... j'étais contente qu'il m'ait dit ça. Je l'avoue. Je détachais un peu mes bras, « Ça va aller pour l'instant... » je murmure d'une façon que j'ai l'impression que toute cette tension qui allait exploser, venait de retomber à l'instant même. Et puis, sans hésiter un instant de plus, je m'avance vers lui, brisant les quelques mètres entre nous, avant de plaquer mes lèvres contre les siennes, entourant mes bras autour de sa nuque.
Je crois bien que c'était la première fois que ces mots sortaient de ma bouche. Je venais d'avouer à une fille mes sentiments pour elle. Moi, Caleb Keynes. Elektra devait se sentir chanceuse, j'avais mis ma fierté de côté, pour elle. Parce qu'elle le méritait. Après tout, elle avait le mérite de m'avoir rendu amoureux d'elle. Ce qui n'était pas chose évidente. Elle était satisfaite de m'avoir entendu lui dire ce qu'elle attendait tant depuis un certain moment. C'était normal. Et j'étais content de lui faire plaisir. Elle était si jolie avec ce petit air doux, tendre et affectueux. Je comprenais bien que la "tempête" venait de passer pour laisser la place à la tendresse. Tant mieux, c'était quand même plus agréable. Elle vint vers moi, m'affirmant qu'elle était pour le moment assez satisfaite, et en m'embrassant, ses bras autour de ma nuque. Je posais mes mains sur ses joues, lui rendant son baiser. Pour le moment, je trouvais ça cool d'être amoureux, de le dire, de ne pas le refouler. J'espérais juste ne pas avoir à le regretter, qu'on ne me fasse pas le même coup qu'avec Lulla. Lulla... Et mes sentiments pour elle ? Actuellement, seule Lektra comptait pour moi. J'étais amoureux d'elle. Et c'était elle que je voulais. C'est tout.