| Jeu 6 Fév - 1:54 | |
| IT TOOKS A MONSTER TO KILL A MONSTER.
L'isolation est devenue ma muraille de Chine, la tour d'ivoire que les balles d'acier ne pourront jamais transpercer. Les sourires factices, les douceurs empoisonnées ont fini par m'enfoncer dans les vagues ébènes d'une fureur refoulée. Des ruines, voilà tout ce qu'il en reste et la déception coince ma trachée dans un étau. Les heures ne font qu'accroître mes névroses et la douleur s'est empalée dans mon œsophage sans que je n'ose me l'avouer. Les infections se propageaient en moi trop rapidement. J'ai des épines plantées dans les poumons à la simple idée que je puisse avoir été affectée par les niaiseries futiles qui germent tout autour de moi. Mes cavités nasales étaient pourtant habituées à inhaler du poison, d'avantage lorsque le poison avait la douceur d'une poudre blanche, aussi immaculée que puissante. Le manque empirait ma situation. Les crises hurlaient dans mon cortex comme des putains de bas étage, simulant des orgasmes qui n'ont jamais existé et qui n'existeront jamais. Tout a toujours été dans ma tête. Rien n'est là, tout n'est qu'illusion.
Créer des mensonges de toutes pièces, transformer mes vérités et les fondre dans la réalité ; personne ne le faisait mieux que moi. La surface lisse, comme du papier glacé qui miroite propulse parfois mes chimères à croire en une consistance sauf qu'il n'y a plus d'images depuis des années. J'ai laissé les cartes du destin brûler dans un incendie. Le passé, le présent, le futur ; tout ça ne sont que des idées. J'avais faim de destruction, de point de non-retour, de nihilisme pur. L'avidité asséchait mes veines et pressait mon cœur vers la vitesse toxique d'une autre dimension. Je manquais d'air comme noyée dans mes propres démences. Je décidais de m'évader pour la centième fois sans connaître ma destination, sans me rendre captive aux règles de programmation.
Une fois mon appartement quitté, je grimpais dans ma voiture et la faisait ronronner en la démarrant. La vitesse me consume et j'appuie sur la pédale en ignorant les klaxonnements frustrés et agacés, je brûle aussi quelques feux-rouges en laissant l'adrénaline grimper dans mon ventre lentement. Des images brisées, clairement confuses me rappellent des cheveux blonds et un regard tout aussi azuré que glacé. Je pense à Lera. Lera qui n'a pas besoin d'explications face à mes envies de chute, mes désirs de sang et d'ecchymoses. Lera qui me ressemble, qui détruit et s'autodétruit parfois. Lera qui sait et qui comprend. Je prend la direction de l'adresse où elle a élu résidence puis me gare brusquement, approximativement devant chez elle. Je me sentais fiévreuse, avec des désirs de scandale, des rêveries de massacre et je savais qu'il n'y avait qu'un seul moyen de me calmer. Le mal par le mal comme on dit. Arrivée à sa porte, je sonnais.
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