Carmen, cette brave Carmen. "La nympho", le piqueuse de mec, la bad girl ou la diva. Ce soir, elle venait de se faire une promesse très surprenante. Elle s'était promise au fond d'elle, de ne pas coucher avec Elyes, et surtout pas le premier soir, absolument pas dans le but de le faire poireauter, non loin de là. Elle tenait juste à lui prouver qu'elle n'était pas une "prostituée" comme l'avait si bien dit son cher meilleur ami, j'ai nommé, William. Ce commentaire l'avait secoué, et pas qu'un peu, il fallait qu'elle fasse attention à l'image qu'elle pouvait refléter à son bellâtre black. D'ailleurs il l'avait invité à dîner ce soir, elle ne savait pas exactement dans quel but, elle n'était pas le genre à s'emballer et penser qu'il s'agissait d'un rencard, elle ne connaît que trop bien les hommes, mais il fallait qu'elle y aille. Elle avait tout mis en place dans sa tête, quelle tenue elle allait porter, comment elle devait se comporter, ce qu'il ne fallait pas dire...
Elle allait lui montrer un côté d'elle qu'il ne connaissait pas, que personne ne connaissait vraiment. Elle allait être Katie, tout simplement. Courageux n'est ce pas? De lui dévoiler un côté qu'elle peinait à révéler depuis de nombreuses années. L'après-midi passée avec ses clients à empocher du fric et raconter n'importe quoi, enfin des choses qui soient en cohérence avec ce qui se passe dans leurs vies bien entendu, elle se rua vers son dressing pour chercher sa plus belle robe. Elle la déposa ensuite sur le lit avant de partir se doucher, et se préparer tranquillement. Plus l'heure du rendez vous approchait et plus elle stressait. Elle ne voulait vraiment pas que ça foire, surtout pas avec lui. Ayant fini de se préparer, bien habillée, bien maquillé et surtout bien coiffée, elle pouvait à ce moment là, enfin quitter l'appartement en toute confiance. Arrivant dans cet endroit chic, un beau restaurant au Hayes Valley, elle s'était garée assez loin vu qu'elle ne trouvait pas de place. Marcher avec des talons hauts, n'étant pas une chose aisée pour la plupart des filles, Carmen elle ne trouvait aucune difficulté à le faire. Directement après être entrée dans le restaurant, elle s'installa, attendant patiemment la venue de son bel apollon.
Elyes observa William et Jade avec un demi-sourire. Sa fille souriait de toutes ses quelques dents en levant les yeux vers celui qu’elle appelait tonton. « J’en connais une qui est très contente de te voir » dit le black, son sourire s’agrandissant du même coup, faisant écho à celui de son meilleur ami alors que celui-ci jouait avec la petite. Très peu de personnes étaient autorisées à voir le chirurgien dans une telle humeur et Elyes se sentait flatté de faire parti de ce petit groupe de privilégiés. « C’est réciproque, ça fait si longtemps »répondit-il la princesse, appellation préférée d’Elyes. Leurs occupations respectives obligent, ils n’avaient eu que très peu de temps de se voir, de passer une soirée entre hommes comme dans le temps, d’autant plus que William était également père maintenant, une nouvelle que l’homme d’affaires n’avait toujours pas digéré. Son meilleur ami avait le droit d’avoir une progéniture, mais ce qui le gênait le plus dans l’histoire c’était la mère. Il ne pouvait la voir en peinture et savait que la réciproque était vraie. « D’ailleurs comment va Elijah ? » demanda-t-il finalement. Ne vous détrompez, Elyes aimait ce petit, après tout c’était l’enfant de William mais il aurait été tellement heureux que ce ne fut pas avec Lera ou bien qu’elle ne soit plus dans le sillage. Plus le temps passait, plus il se disait qu’il aurait dû l’éliminer lorsqu’il en avait eu l’occasion. « Il va très bien, il ne cesse de grandir, c’est dingue ! » Il comprenait fort bien son étonnement étant passé par là il y avait quelques mois à peine. Il ne cessait de s’émerveiller sur Jade qui deviendrait bientôt une vraie petite femme, trop à son goût. « Tu l’as dit ! Avant qu’on ait dit ouf, on va se trouver avec des adultes sur les bras ! » Il but son verre de Whisky avant de rejoindre William dans son bref accès d’hilarité. Ouais, avant qu’il ne s’en rende compte, Jade lui aura ramené un petit-ami. Inutile de préciser que cette perspective ne le ravissait en aucun cas. Elle était son bébé et désirait qu’elle le reste pendant encore…un très long moment. « T’as pas ton rencard avec la prostituée ? » Le black atterrit enfin, un éclat de rire en prime à cause du nouveau surnom de Carmen. « Ah ouais, merde, j’ferai mieux d’y aller maintenant avant d’arriver en retard » Aussitôt dit, aussitôt fait, il prit la porte.
Il arriva au restaurant avec quelques minutes de retard, merci la mauvaise circulation et rejoignit rapidement la jeune femme qui attendait. Il fut d’abord quelque peu déboussolé par la tenue qu’elle arborait, dessinant parfaitement ses formes et cette chute de reine pour laquelle il se serait volontiers damné tant elle était affriolante. Une pléthore de sex-appeal pour l’homme qu’il était. Le seul bémol était qu’avec ses escarpins, elle était nettement plus grande que lui, heureusement qu’il n’avait jamais eu besoin de compter sur sa taille pour pouvoir s’imposer. « Navré pour ce retard, cela n’est pas dans mes habitudes » dit-il immédiatement après lui avoir fait la bise et s’être enivré de sa fragrance ensorcelante. « Tu n’attends pas depuis très longtemps j’espère ? » S’enquit-il, sincère, il mettait un poing d’honneur à ce que les gens sont ponctuels et lorsqu’il faisait défaut à sa propre règle, il n’avait aucune peine à le reconnaître et à de ce fait présenter ses excuses. « En tout cas, j’espère que tu ne m’en voudras pas trop pour ce manque de savoir vivre » ajouta-t-il avec un petit sourire charmeur à l’intention de la jeune femme, sachant pertinemment qu’il était difficile d’y résister. « Et si on s’installait ? » Il passa derrière Carmen pour lui tenir la chaise comme le plus grande des gentlemen. Il était anglais, ne l’oublions pas, c’était ancré dans ses gênes même s’il n’avait pas nécessairement grandi dans le coin huppé de la capitale. « A propos, je te trouve magnifique dans cette tenue, irrésistible même » la complimenta-t-il lorsqu’il rejoignit son siège, son sourire toujours présent.