Plongée dans ton sommeil, tu t'y vois déjà, arpenter les magasins en quête de nouveautés. Cela fait longtemps que tu n'as pas fait les boutiques. Tu ouvres les yeux, sa y'est, tu sais ce que tu vas faire aujourd'hui, les magasins. Il faut bien que tu profites de ce jour de repos, ce n'est pas tous les jours comme ça. Le plus souvent, tu as ton dimanche, et encore, cela dépend car quand il y a des stages, ou des concours, tu travailles. Tu savais ce que tu encourais en travaillant dans le domaine équestre, et en étant plus précisément monitrice, mais qu'importe, ce métier était fait pour toi. Depuis ta plus tendre enfance, tu étais fascinée par cet animal, aussi grand et imposant qui soit, mais aussi magnifique qu'est le cheval. Tu as commencé à l'âge de cinq ans, dans un petit centre équestre parisien, et depuis, tu n'as pas arrêté. D'autant plus que désormais tu possèdes ton propre cheval, Twinner, alors autant dire que tu t'en donnes à coeur joie, tu as attendu ce moment depuis si longtemps, que tu profites pleinement de ce bel étalon. Tu te lèves du lit, et t'empares de ton téléphone. Tout en marchant jusque dans la cuisine, tu composes le numéro de ton meilleur ami, Khris. Ah Khris et toi, c'est tout une histoire. Qu'est-ce que tu ferais sans lui ? Surement pas grand chose. Il décroche d'une voix endormie. « Oula, toi tu dormais » déclares-tu en riant légèrement. « Tu l'as vu dans ta boule de crystale ? » Ce qu'il peut être ronchon quand on le réveille. Tu soupires, tout te faisant couler du café. « Sinon être aimable sa t'arrive des fois ? » le questionnes-tu dans l'unique but de le faire chier. Ah ça, tu adorais l'emmerder. « Ouais, sauf quand ma casse couille de meilleure amie me réveille alors que je me suis couchée y'a à tout cassé deux heures » Tout s'explique. « Très drôle, bon, quoi qu'il en soit tu bouges ton cul je te veux chez moi dans trente minutes maxi » Casse-couille disait-il ? Jusqu'au bout et fière de l'être. « T'es pas censée bosser toi ? » Alors là c'est le comble, il est vraiment gauffré. « Non mais dis le tout de suite que tu veux pas passer l'aprèm avec moi pov' con ! » Pauvre con... Pas d'inquiétude, c'est affectif. Parfois lui la traite de connasse, de salope, c'est un truc entre eux. Rien de bien méchant. « T'as tout compris » En réalité, il te taquine, mais tu le prends aux mots. « Façon j'm'en tape, t'as pas le choix, si t'es pas là dans une demi heure, je te jure que j'me ramène chez toi, et tu vas t'en souvenir toute ta vie » A ces mots, tu ne lui laisses pas le temps de te répondre, et lui raccroche au nez, en réalité, il a pas trop le choix, soit il vient, soit tu lui fais payer. Tu ne sais guère comment, mais tu trouveras. Ton téléphone posait sur le comptoir, tu déjeunes tranquillement, avant d'aller prendre ta petite douche matinale, rien de tel pour bien te réveiller. Serviette autour de la taille, tu campes pendant bien dix minutes devant ton armoire afin de chercher ce que tu vas bien pouvoir mettre. Slim + top et chemise rouge à carreaux noirs ? Tu tires le rideau de ta chambre pour apercevoir quelques rayons de soleil. Tu replonges ta tête dans ton armoire pour en sortir une paire de collant couleur chaire, et une tunique couleur foncée avec quelques motifs discrets. Une fois habillée, tu pars terminée de te brosser les dents, te maquiller un peu et te coiffer. Quand tu es prête, tu t'empares une nouvelle fois de ton téléphone pour appeler ton collègue, histoire de savoir comment va l'antérieur de ton poney, car hier il s'était blessé au paddock. Heureusement, il va mieux, au même moment, tu entends frapper à la porte. Tu raccroches puis va ouvrir. « T'avais intérêt de venir sinon t'étais foutu ! » t'exclames-tu malicieusement, avant de te hisser sur la pointe des pieds pour embrasser la joue de ton meilleur ami, puis tu te décales vers l'intérieur pour le laisser entrer. « Alors qu'est-ce t'as foutu hier encore pour te coucher aussi tard ? » Tout en parlant avec lui, tu te diriges vers la cuisine. « Je te sers quelque chose à boire ? » Tu attends un peu avant de lui annoncer le programme de la journée, sachant pertinemment qu'il risque criser, cependant, il n'a plus le choix maintenant qu'il est là, il y reste.

Mauvaise soirée, mauvaise journée, mauvaise semaine. J’arrive qu’à passer des mauvais moments sans elles. J’ai jamais vraiment aimé la solitude, je l’avais acceptée pour fuir mes problèmes mais c’est tout. Maintenant je me retrouvais comme un con, abandonné par la seule personne qui comptait vraiment pour moi et qui s’était tirée avec notre gosse. Mes insomnies avaient repris de plus belle depuis son départ, je n’arrivais à dormir sereinement qu’à ses côtés. Je travaillais et je rentrais chez moi, une boucle sans fin qui me rappelait encore et encore qu’il me manquait la chose la plus importante dans ma vie. Dans mon lit, les yeux fixés au plafond et j’attends des heures que le sommeil vienne à moi. Je fume en attendant, toujours. Je finis par m’endormir, une heure ou deux comme d’habitude, avant d’être réveillé par la sonnerie de mon téléphone. Putain, pourquoi les gens m’appellent toujours quand je fini par m’endormir ? Une malédiction, je vois pas ce que ça pourrait être d’autre. Je tâte mon matelas pour trouver l’appareil bruyant avant de le coller contre mon visage et de faire un bruit ressemblant à un « allo ». Je m’attendais à un client qui aurait besoin d’un rendez-vous en urgence mais au lieu de ça c’est la voix d’Athéna que j’entendis au bout du téléphone. Malgré tout mon amour pour elle, j’avais envie de la tuer sur le coup. S’en suit un dialogue habituel entre elle et moi, elle adore me casser les burnes dès le réveil, une passion chez elle. Bon, je lui rends bien c’est vrai. Elle me dit de venir la voir, je regarde mon réveil, de toute façon j’arriverais pas à me rendormir avant bien trois heures. Pendant qu’elle continue de me parler je me lève et me dirige vers ma salle de bain. La sale gueule que je traine, le teint pâle et les cernes mauves. J’aurais dû passer un casting pour jouer dans cette bouse de Twilight, au moins j’aurais gagné du pognon. Ma meilleure amie me menace à l’autre bout du fil si je ne rapplique pas chez elle dans un temps impartit et elle me raccroche à la gueule. On aura tout vu. Je balance mes fringues dans la pièce, j’avais encore fini par m’endormir habillé, et je rentre dans la douche. Je découvre des nouveaux bleus sur mon corps, résultat de bagarres avec des connards dans la rue. Ça m’arrive au moins deux fois par semaine depuis qu’elle est partie, j’arrivais à me calmer rien qu’en pensant à elle ; maintenant ça ne fait qu’empirer les choses. Je sors, j’me sèche, machinalement. Un boxer, un jean et un t-shirt au hasard, plus aucune raison de me prendre la tête. Je vais me rouler un joint dans le salon puis j’enfile une veste et doc avant de sortir. Je regarde ma montre, ça va je serais à l’heure chez la nerveuse, je m’en prendrais pas plein la gueule pour une fois. Dans la voiture je fume et arrive bien vite devant chez la française. J’écrase mon mégot juste avant de rentrer dans le hall de l’immeuble. Les escaliers, puis je frappe à sa porte. « T’avais intérêt à venir sinon t’étais foutu ! », je lève les yeux au ciel et comme d’habitude j’ai ce petit pincement au cœur quand je la vois. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à Levanah, c’est d’ailleurs pour ça que j’étais allé lui parler la première fois. Sur le coup j’avais vraiment cru que c’était mon ex. Elle me fait un bisous sur la joue et je soupire, elle sait bien que les marques d’affection c’est pas mon truc. Mais je la laisse faire, parce que c’est elle et pas n’importe qui. Je rentre et vais me poser direct sur le canapé. « Parce que tu crois vraiment que j’ai peur de toi en plus ? Tu pèses vingt kilos ! », si j’étais venu ce n’était pas parce qu’elle m’avait « menacé » mais bien parce que j’avais envie de la voir. Moi qui n’avais envie de voir personne. « Alors, qu’est-ce que t’as foutu hier encore pour te coucher aussi tard ? », impossible d’échapper aux questions de la blonde. « J’ai travaillé tard et ensuite y’a un groupe de cons qui ont cherché la merde alors j’ai mis un peu de temps avant de rentrer. » Je souris un peu en me rappelant leur gueule quand ils se sont tous retrouvés le cul par terre. « Je te sers quelque chose ? », je réfléchis. « T’as une bière ou t’es encore trop jeune pour en acheter ? », ça commençait. A peine arrivé et j’essayais déjà de la faire rager, c’était trop facile avec elle de toute façon. Je la connaissais par cœur. « Bon, dis-moi que t’as une bonne raison pour m’avoir sorti aussi tôt de mon sommeil. », tu déconnais pas là par contre, elle avait intérêt d’avoir une bonne raison pour ça.