À moment donné, je devais bien admettre qu'il me faisait tourner en bourrique. Je n'allais pas tenir longtemps comme ça. J'avais fini par admettre que je n'arriverai pas à éloigner Sierra, évidemment. Elle portait l'enfant de Camil, ç'allait être impossible de la faire sortir du tableau. En plus de ça, j'aimais bien Sierra. Par contre, il me restait encore quelques chances de virer Denver. J'avais déjà commencé à mettre dans la tête de Camil qu'elle n'était pas faite pour lui. Et franchement, n'importe qui en aurait dit autant. Mais il semblait amoureux d'elle. Et ça me tuait. Il allait finir par l'aimer plus que moi. Et qu'est-ce que j'allais faire ? Il ne me resterait plus personne le jour où Camil m'abandonnerait définitivement... J'avais envie de pleurer, de rage. Peut-être qui Sierra accepeterait de m'aider à faire disparaître Denver. Pas littéralement, bien sur. Après tout, Sierra avait autant à gagner que moi...
Assise dans mon canapé, je secouais la tête, voilà où j'en étais rendue : à élaborer des plans sans queue ni tête. Les larmes me montaient aux yeux, j'avais envie de hurler. Il fallait que je sorte, que j'aille quelque part où tout allait bien. Je pensais d'abord à Jax, mais j'avais déjà passé la soirée avec lui lundi et Camil avait réussi à faire en sorte que je m'en aille rapidement. Et puis soudain, je pensais à Dwayne. Camil ne savait pas pour lui et moi. Pas encore, pas tant que je n'avais pas décidé que ça allait le faire chier de me savoir avec lui. Je souriais et enfilais ma veste par dessus ma robe noire, coupée patineuse. Je chaussais mes vans et quittais l'appartement précipitamment. Je décidais de prendre le bus pour aller jusque chez Dwayne. Quelques minutes plus tard j'arrivais. Le trajet m'avait laissé le temps de cogiter, si bien que j'étais encore plus en colère. Arrivée devant chez Dwayne, je tambourinais sur la porte jusqu'à ce que celui-ci m'ouvre. J'entrais alors dans l'appartement. « jsuis trop énervée, jte jure. J'en ai marre d'être prise pour une conne. » je lâchais. Et puis soudain je me disais, oups et si y'avait quelqu'un d'autre ici...

Je savais que j'exagérais surement. Mais j'étais complètement perdue. Je ne savais pas de quoi j'avais envie c'était clair. Mais je savais ce que je ne voulais pas : que Denver prenne trop d'importance dans la vie de Camil, et par là un peu dans la mienne. Du coup, il était vrai que je ne contrôlais plus vraiment ce que je faisais. Débarquer comme ça chez quelqu'un qui vivait avec sa copine, c'était loin d'être la meilleure idée que j'avais pu avoir depuis bien longtemps. J'aurais pu prendre le temps d'envoyer un message à Dwayne ou même de l'appeler. Mais non, j'étais partie bille en tête, sans réfléchir jusqu'à chez lui. Pourquoi ? Je ne savais pas, forcément. Mais j'avais l'impression qu'il n'y avait qu'avec lui que j'allais pouvoir me calmer, oublier toute cette histoire qui m'envahissais depuis quelques jours et pourquoi pas passer du bon temps. C'était quelque chose qui caractérisait bien la relation que j'avais avec Dwayne...
Je devais bien bien avouer que je regrettais un peu le comportement que j'avais eu. Mais c'était trop tard, j'avais débarqué, comme une furie certes, mais j'étais là, et je n'avais plus qu'à prier pour que la copine de Dwayne ne soit pas là. Et dans le cas contraire commencer à trouver une excellente excuse pour me sauver de ce faux pas, Dwayne avec moi.
Dès que je passais la porte, j'entendais vaguement « Putain mais t'es complètement malade de te pointer chez moi comme ça ! Imagines si Ericka était là ! » Je fis une grimace. Oui je le reconnaissais, j'avais manqué de tact. Je faisais oui de la tête, vraiment désolée. Dwayne ferma la porte derrière moi et je me détendis un peu, il n'allait pas me jeter dehors, ouf ! « Ton meilleur ami je présume ? » Une nouvelle fois, je hochais la tête. Je me permettais alors d'enlever ma veste et de la poser dans un petit coin qui ne gênerait pas. « j'ai l'impression que tout le monde s'en fout de moi et de ce que je peux penser. » je lâchais sincèrement. Je regardais Dwayne avec une air petit air de chien battu.

Dwayne avait généralement le don de calmer mes angoisses. Pour une raison que j'ignorais. Et en vérité, je m'en foutais. Les gens cherchait toujours un pourquoi aux comments. Qu'est-ce que ça pouvait faire ? Y'avait des trucs comme ça... Dwayne était dans ma liste des trucs comme ça. Il avait toujours été cool avec moi. Et même si nous avions une relation assez particulière, je m'en fichais. Je prenais ce que je pouvais avoir de sa part. Parce que Dwayne n'était jamais une source de problème. Jamais il ne m'avait rendue folle comme pouvait le faire Camil. Ou même Dante mais pour d'autre raisons, parce que c'était un petit con. Dwayne m'avait toujours considéré. Et c'était agréable. Et c'était également surement pour ça que je m'étais ruée chez lui dès que j'avais commencé à péter un câble toute seule...
les yeux perdus dans le vague, j'attendais qu'il tempête – justement – sur moi. « Merde, excuses moi » il disait alors. Je secouais la tête. Non, il avait eu raison de s'en prendre à moi, qui étais-je pour croire qu'il était à ma disposition comme ça ? « Tu dis vraiment n'importe quoi » répondis Dwayne. Je levais les yeux vers lui. Je ne savais plus qui croire. J'étais perdue entre ce que je voulais être aux yeux de Camil et ce que j'étais vraiment. La place que je voulais auprès de lui, je n'arrivais pas à savoir ce qu'elle était... Qui voulais-je être ? « Qu'est-ce qui te fais dire ça encore ? » Je haussais les épaules. En vérité, j'étais incapable de dire pourquoi je pensais ça. C'était un sentiment qui était devenu permanent depuis que Sierra était enceinte et que Denver sortait avec Camil. J'étais dans le vague. « y'a... trop de filles autour de lui. Je compte plus pour lui maintenant. Je compte pour personne, alors... » je lançais. Mon dieu, ce que je pouvais être une drama queen quand je m'y mettais, mais c'était la seule explication que j'arrivais à poser à mon problème. Je regardais alors Dwayne dans les yeux. Il fallait être honnête, ce mec était particulièrement beau et il avait souvent eu le don de me faire chavirer. Mais je ne pouvais pas rester chez lui et prendre le risque de le foutre dans la merde si sa copine revenait. « tu sais, jsuis désolée de t'avoir dérangé. Vraiment. Je fille, on se voit bientôt ? » j'expliquais en reprenant ma veste. Se voir dans d'autres conditions...