Bon, j’étais à nouveau en couple. Jamais j’aurais cru que j’allais changer de petit ami en un aussi court laps de temps… Mais l’affection que je portais pour Camil grandissait de jour en jour et l’absence de Domenico avait fait que j’avais du faire un choix. Domenico se concentrait tellement plus dans ses choses que sur moi que j’avais vraiment eu du mal à faire ça. Parce que je le comprenais, il voulait réussir dans la vie et j’avais fait la même chose avant de devenir avocate. Mais pour notre relation… je n’en pouvais plus. Ses absences me rongeaient littéralement et j’avais l’impression de ne plus exister pour lui. D’ailleurs il n’avait pas même essayé de se rattraper quand je lui avais exposé les faits, me rétorquant que je devais avoir raison. Chose qui m’avait fait mal. Alors même si Domenico restera pour moi quelqu’un que j’apprécie énormément et un de mes grands amours… Il fallait aussi que j’avance de mon côté. C’était d’une part difficile pour moi mais un peu plus facile depuis que j’étais avec Camil. Ce type m’avait vraiment ouvert les yeux sur un tas de choses. Et j’avais appris à l’apprécier, de plus en plus, jusqu’à carrément vouloir être avec lui. On était vraiment les deux opposés, mais par définition les opposés s’attirent non ? Alors oui, j’avais voulu essayer et lui aussi, donc on en était là, et j’étais enfin épanouie.

« Un peu plus et je te fonçais dedans. » A fond sur mon smartphone où j’étais en train de répondre à mon patron, je n’avais même pas vu que… Tiens tiens. Qui voilà. Comme quoi, j’étais forcée de la croisée. Et pile vers l’immeuble de Camil, quelle coïncidence. Mes yeux la balayèrent vite fait du regard, remarquant en un rien de temps une espèce de-t-shirt entre ses mains. Je ne voulais pas faire de rapprochement, mais quelque chose me disait que ça venait du beau week end qu’elle venait de passer avec mon nouvel petit ami. Je vis aussi son sourire assez hypocrite il fallait le dire. J’avais un don naturel pour calculer les personnes, d’où mon potentiel dans mon métier de tous les jours. Ca aidait beaucoup. « T’as l’air plutôt pressée. » répondis-je, un léger sourire sur mes lèvres qui n’était pas un vrai sourire en fait. « Fallait bien qu’on se rencontre un jour. » ajoutai-je en lui plissant les yeux avant de terminer de répondre à mon boss et de ranger le petit appareil dans ma poche de jean.

« Moi pressée ? Je ne sais pas pourquoi je le serais... » Son petit air de je te le dirai pas me laissa presque sur ma faim. Je n’avais pas tellement envie de bagarre, mais je n’arrivais pas à voir Sierra sous un autre jour que sur Camil. Je n’avais rien contre elle avant, mais depuis cette fameuse nuit où tout avait dérapé entre eux… C’était normal ma réaction non ? Comme si j’allais l’accueillir grand sourire, dans mes bras et qu’on allait se taper des barres. J’étais loin d’être hypocrite, et puis c’était une forme de respect de toute façon. Au moins, elle savait ce que je pensais d’elle… Même si je n’avais pas besoin de lui dire tout haut ce que je pensais tout bas. Rien que dans mon regard, elle devait y lire la rancune que j’éprouvais. J’avais eu raison de me méfier d’elle et à présent je serais toujours méfiante. Je pouvais faire confiance à Camil, mais pas à elle. Rien dans sa façon d’être et sa carrure me donnait envie de lui faire confiance. « Bonjour, sinon. » Je ne lui répondis rien, je ne fis que lui agrandir mon sourire, pas trop quand même, mais assez pour qu’elle comprenne ce que j’avais en tête. Assez de politesse quand on savait autant l’une que l’autre qu’on ne pouvait pas se voir. Enfin, hasard ô grand hasard, il fallait qu’on se croise aujourd’hui, pile devant l’immeuble de Camil. Limite c’était planifié. La vie nous joue des tours parfois. « C’est vrai. Enfin ! » Youhou. Au vu de son geste, elle se moquait complètement de moi. J’eus un léger rire qui ne voulait pas vraiment dire que ce qu’elle venait dire ou faire était drôle. Mais plutôt autre chose. « Bon c’est fini l’hypocrisie. On sait très bien l’une comme l’autre qu’on pourra jamais s’apprécier. Je me trompe ? » répliquai-je en haussant un sourcil, croisant mes bras sur ma poitrine. « En tout cas j’espère que tu as bien pris ton pied la dernière fois, puisque c’était bien la dernière. »