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Tapis dans le noir, j’attend. Je ne crois plus en rien. Je n’ai plus ni espoir, ni foi. J’ai des bleus pleins le corps, et mon visage n’est plus le miens. Dans la petite glace accrochée à l’autre bout de la pièce, je ne reconnais pas mon reflet. Je ne suis plus l’homme que j’étais. Je n’ai même plus l’impression d’être humain. Comment j’en suis arrivé là ? Moi même je ne sais pas. J’ai été accusé d’une chose dont je serais incapable : tuer un homme. Un vice de procédure, voilà ce dont j’ai été victime. Mais ce vice me tue petit à petit. Je n’ai pas ma place ici. Je n’ai pas la carrure pour me défendre face à des tueurs, des dealers, ou je ne sais quoi encore. Je sers de punching-ball à ces brutes. Je voudrais fuir, mais je suis coincé. Je ne peux donc que subir, encore et toujours. Je ne dors pas, ou peu. Je n’ai plus faim. Je n’ai pas mangé de vrai repas depuis des mois. Ce n’est pas faute de me donner ce qu’il faut, je n’ai juste pas faim. Comment voulez vous avoir de l’appétit dans un milieu pareil ? On m’a placé dans une cellule d’isolement. Ce n’est pas moi le problème, mais les autres. Etant le bouc émissaire de la prison, c’était le mieux à faire.
Au départ, je gardais espoir. Puis le temps à passé. Au fil des jours, des semaines, des mois, une forme de désillusion s’installe en vous. Je pensais qu’ils se rendraient compte de leur erreur, mais non. Des empruntes sur une arme, et des soi-disant témoins oculaires. Je rapproche un peu plus mes genoux contre mon torse. J’étais heureux avant, j’avais une vie tout à fait normale. Ma tête me fait mal. Je ne sais plus depuis combien de temps cette migraine me martèle le crâne. J’ai l’impression que l’on me broie le cerveau comme une vulgaire noix. J’ai sommeil, mais j’ai peur de dormir. A chaque fois que ferme les yeux, d’horribles images font leur apparition. Toutes les nuits je suis en proie au cauchemar. Je me réveille, et je fixe le plafond. Je ne sais pas réellement à quel moment ma vie à basculer. Lorsque la police est venue m’arrêter ? Peut-être bien avant. Lorsque c’est homme a été tué ? C’est fort probable. Je m’appelle Silas Arkin, 29 ans, accusé à tort et dans l’attente d’un miracle.
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Dis, tu te rappelles quand tu étais petit et que tu avais de grand projet pour ta vie d’adulte ? Moi oui. Je voulais devenir agent secret. C’est bizarre pour un enfant, je sais. Mon meilleur copain, Joacquim, il voulait être pompier. Ma première amoureuse voulait devenir princesse. Je vais vous confier un secret : Elle n’est jamais devenue princesse, il n’est jamais devenu pompier, et moi, je ne suis pas agent secret. Mais j’ai oublié de grandir. Je suis devenu barman, mais je continu de croire que je peux être qui je veux. J’ai la vie devant moi et je crois en mes rêves les plus fous. Pourquoi s’imposer des barrières ? J’ai le monde à ma portée. Je sais qu’avec de l’acharnement, du travail et en y mettant tout son cœur, on peut tout accomplir. Les gens disent que je suis trop idéaliste, trop rêveur, et que je devrais redescendre sur terre. Ils disent aussi qu’à 27 ans, je devrais être casé, avoir un emplois sûr et avoir un peu plus les pieds sur terre. Mais vous savez quoi ? J’en ai rien à faire de ce qu’ils disent. J’ai mes propres rêves, mes propres convictions, et je sais ce dont je suis capable ou non. Quand on a réellement foi en quelque chose, peu importe les obstacles, les dires, tout est possible. L’avis des autres m’importe peu. Si ils ne croient pas en moi, tant pis. Quand je serais célèbre, ils regretterons d’avoir dit
« ce gosse n’arrivera jamais à rien. ». Oui, je veux être musicien professionnel. Je sais que ce n’est pas facile, mais je n’aime pas la facilité. Je joue du piano. Ma vie est écrite sur les touches de cet instrument. Quand je m’assois sur le tabouret et que mes doigts commencent à glisser doucement sur chaque touche, j’ai l’impression de tout oublier. Ca c’est une vraie passion, comme peu de gens en connaissent. Les gens ont perdu cette habitude de mettre toute leur âme dans quelque chose qu’ils aiment vraiment, par peur. Peur de quoi ? D’être déçu tout simplement. Car ils n’auront jamais le courage de se battre pour ce qui vaux le coup. Mais je refuse d’être comme eux. Je continuerais de me vouer corps et âme dans cet art qui m’apporte tellement.
«
Arkin, au lieu de rêvasser, tu ne voudrais pas plutôt servir ce monsieur. » je relevai la tête vers mon patron. Les clients, bien sûr. Je me redressai hâtivement, puis attrapait un torchon. Je ne suis pas un mauvais employé, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Je suis un peu maladroit et souvent perdu dans mes pensées, mais ça ne fait pas de moi quelqu’un de mauvais. «
Arkin ! Le café ! » s’énerva monsieur Lockwood. Je fis un signe de main afin de montrer que je gérais la situation. Vivement que je puisse rentrer chez moi. Je n’aurais plus à subir les représailles de mon patron, ou les remarques désobligeantes des clients. J’aime bien être barman, mais je n’aime pas les clients qui se sentent obligé de me dire que je ne suis pas « très adulte ». Non, je ne suis pas un bisounours naïf. Excusez-moi de croire qu’il y a encore un peu d’espoir dans ce bas monde. Au moins, mes rêves me tiennent debout et je continue d’avancer et d’encaisser. Seulement, mes rêves ne payent pas encore le loyer, donc je dois continuer de bosser.
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Un bruit sourd me tira de mon sommeil. Je me relevai brusquement dans mon lit. Plus rien. Il était minuit et demi. Certainement le fruit de mon imagination. Je me remettais correctement dans mes draps lorsque j’entendis une nouvelle fois ce même bruit. Je me décidai à aller voir d’où provenait ces étranges coups. J’enfilai une paire de tongues, puis je sortis de ma chambre et longeai le couloir. Les coups se faisaient de plus en plus insistant, et j’entendais des voix à présent. Cela semblait venir de l’entrée. Effectivement, on frappait à la porte. «
Monsieur Arkin, c’est la dernière fois que je le dis : ouvrez ou nous enfonçons la porte. » criait une voix. Je me précipitais à la porte avant de l’ouvrir. Quatre policiers armés jusqu’aux dents se tenaient sur le perron. «
Bonsoir messieurs que puis-je f… » je n’eus même pas le temps de terminer ma phrase que celui qui semblait être le lieutenant me plaqua contre le mur. «
Silas Arkin, je vous arrête pour le meurtre de Juan Andrews. ». La joue plaquée contre les pierres, je ne comprenais rien de ce qui se passer. Qui était ce Juan ? Ai-je vraiment une tête de meurtrier ? Le lieutenant continua alors qu’il me passait les menottes «
Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. » il continua un long monologue comme ceux que l’on voit dans ces séries policières. Je les écoutais d’une oreille distraite, cherchant toujours pourquoi je me retrouvais dans cette situation. Je n’avais tué personne. L’acier des menottes me faisaient atrocement mal. Elles me coupaient la circulation du sang. En plus, je n’avais sûr moi qu’un tee-shirt et un bermuda troué. Comment avaient-ils pu en venir à la conclusion que j’avais tué cet homme ? Je n’ai ni arme, ni mobile et encore moins le sang froid pour descendre quelqu’un. On me conduisit alors à travers l’allée qui menait jusqu’à la voiture de police. Les gyrophares m’aveuglèrent. Il me fallu un quelques secondes avant de retrouver une vision normal. Ils me poussèrent à l’arrière de la voiture avant de claquer la porte derrière moi. Je jetais un regard à ma petite maison. Elle n’était en très bon état et elle ressemblait à toutes les autres maisons de la rue, mais elle me convenait tout à fait. J’étais loin d’imaginer que je partais pour si longtemps.
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«
Monsieur Arkin que pouvez-vous dire pour vôtre défense ? » «
S’il vous plaît, qu’espérez-vous de ce procès ? » «
Pensez-vous que les juges vont être clément avec vous ? ». Les questions fusaient dans tous les sens. J’essayais tant bien que mal d’en faire abstraction. Le chemin jusqu’à la porte du tribunal me sembla interminable. Il y avait des journalistes, des caméras, des micros partout. Ils se mettaient en travers de mon chemin. Mon avocat et des policiers les repoussaient comme ils le pouvaient. J’avançais tête baissé, ignorant les questions, ignorant les remarques acerbes des passants. Personne ne croit en mon innocence, à part mon avocat. C’est son boulot en même temps. Cela fait déjà deux longs mois que je vis cet enfer. Je suis retourné une fois chez moi, pour prendre des rechanges. Il y avait une escorte de dix policiers avec moi, comme si j’allais aggraver mon cas en me sauvant.
Ce qui m’inculpe ? Une arme avec mes empreintes dessus et un témoin oculaire, un peu louche d’ailleurs. J’ai déjà été sommé de participer à deux procès, qui n’ont pas été très concluant. Malheureusement, je suis tout de même en préventive depuis mon arrestation. Je m’attend au pire. Malgré un manque de preuve certain, tous semblent vouloir m’inculper. J’ai le ventre noué, les mains moites et tremblante. Chaque fois que je relève le regard, je ne vois que des regards désolés ou accusateur. Je n’ai jamais été aussi mal en point de ma vie. Si je suis inculpé, je ne sais pas comment tout cela se finira. Perpétuité ? Fort probable, ou au minimum une bonne trentaine d’années de prisons. Je vivais une vie normale, sans demander rien à personne, et voilà qu’on m’accuse à tort et à travers. Si ils étaient un minimum lucide, il verrait très bien que je ne suis pas le vrai meurtrier. Un alibi ? J’en ai un, je travaillais, mais ce n’est pas assez valable d’après eux. Evidemment, le seul qui peut témoigner de ma présence est mon patron, sauf qu’il n’est plus sûr que j’étais vraiment au bar. Evidemment, il était ivre mort sur une chaise. Le meurtre a eut lieu à l’heure où je faisais la fermeture. Par conséquent, aucuns clients ne peut attester de ma présence. C’est comme si tout avait été manigancer pour m’accabler. Seulement, j’étais le seul à le voir de cette façon.
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Vous avez déjà eu cette sensation que tout vôtre monde s’écroule ? Que tout ce que vous avez bâti au cours de vôtre vie disparaît en poussière ? Que vous retrouvez seul au milieu d’étrangers ? Durant des semaines j’ai fais un horrible cauchemar : Je suis tranquillement au bord d’un lac, quand un étranger me pousse dans l’eau. Je pense savoir nager, mais bizarrement, j’ai beau faire ce que je veux, je coule. Il y a du courant, qui me ballote d’un côté puis d’un autre. Je me débats tant que je peux, en vain. Au bout d’un moment je suis à bout de force, alors je me laisse couler. J’ai un dernière espoir quand j’aperçois finalement le rivage. Quand je crois que je vais enfin pouvoir enfin sortir la tête de l’eau et reprendre une grande inspiration, je vois une main plonger et me maintenir la tête dans l’eau. Cette main qui me maintient sous l’eau, c’est le juge lorsqu’il a annoncé ma condamnation. A ce moment-là, tous mes muscles se sont crispés et ma respiration s’est coupée. Je suis juste resté tétanisé sur le banc. Le juge a dit que j’avais de la chance, que je prenais seulement trente-cinq ans de prison. Seulement trente-cinq ans, il ne mesurait pas ses mots. J’allais devoir faire toutes ces années de prison alors que j’étais innocent. Je regardais mes mains toujours liés par ces satanées menottes. A force, j’en avais la marque. Ma peau était à vif à l’endroit où le fer frottait. J’osais à peine bouger de peur d’aggraver un peu plus les brûlures.
Le tribunal se vida rapidement à la fin de ce dernier procès. J’allais être transféré à la prison la plus proche et cet idée me terrorisé. Traitez moi de mauviette si vous le souhaitez, vous ne savez rien. La préventive, c’était déjà l’horreur, alors je n’osais imaginer ce que serez la prison. Mon visage était déjà marquer par la fatigue. De profonde cernes cerclées mes yeux, mes joues étaient creusées, mon teint était livide, mon regard était complètement vide : j’avais l’air d’être revenu d’entre les morts. On m’aurait condamné à la chaise électrique que j’aurais eu la même réaction. On me privait de toutes libertés, on allait m’enfermer comme un vulgaire animal. J’étais comme ces chiens considérés dangereux à cause d’un qui a mordu un enfant : je n’avais rien fait, mais je payais pour les autres. Mon avocat vînt se poster devant moi «
Je suis désolé monsieur Arkin, j’aurais voulu faire mieux pour vous. » dit-il en me fixant. Je relevais le regard vers lui. Cet avocat m’avait été imposé. Je n’avais pas les moyens de m’offrir mon propre avocat. Si au début je pensais qu’il était de mon côté, je n’avais plus la même opinion maintenant. Il avait fait le strict nécessaire. Etre désolé ne suffisait pas dans ce cas. «
Vous êtes content je présume. Vous n’aurez pas d’ennuis. » c’était bien la seule chose qu’il redoutait, les ennuis. Je ne sais pas qui est derrière tout ça, mais ce jugement est le sien. Si je m’en sortais, je le dérangeais. Si je sortais, c’était grâce à mon avocat, donc mon avocat dérangeait. Voilà pourquoi il n’avait pas chercher à me disculper plus que ça. Monsieur voulait s’en sortir sans se mouiller les plumes, mais c’était moi qui trinquais.
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«
Arkin, c’est l’heure. » déclara le gardien en ouvrant la porte de ma cellule. Je me levai difficile et m’approcher doucement. Je tendis les mains vers lui. Il me passa les menottes, qui une fois de plus me firent un mal de chien. Il me laissa passer et je me retrouvais dans le sombre couloir. Les lumières éclairaient très mal, et vacillaient de temps à autres. J’avançais, la tête baissée, aux côtés de ce gardiens qui avait une carrure bien plus importante que la mienne. On traversa différents couloirs, comme d’habitude, puis on arriva devant la fameuse porte. Le gardien frappa trois fois. «
Laissez le entrer. ». Il ouvrit la porte et me poussa à entrer. Il claqua la porte derrière moi. «
Bonjour Silas, avances donc. Comment tu vas aujourd’hui ? ». J’avançai vers la chaise installée en face du psychologue. Voilà un an que j’étais en prison, et un an que j’étais obligé d’avoir des consultations avec ce psychologue deux à trois fois par semaine. Je m’assis comme à mon habitude en face de lui tout en évitant son regard. «
Comme un prisonnier. » souflais-je. J’avais toujours la même réponse, je trouvais cette question stupide. Je suis en prison, comment voulez-vous que ça aille ? Il nota une nouvelle fois cette réponse dans son carnet. «
Qu’a-tu fais depuis la dernière fois que nous nous sommes vus ? » demanda-t-il d’un ton faussement intéressé. Tout ce qu’ils attendaient, c’était que j’avoue mon crime. Ils pouvaient toujours attendre, je n’ai rien fait. «
Rien. » déclarai-je sèchement. Je sentais le regard du psychologue me fixer avec insistance. «
Rien ? Tu n’es pas sorti de ta cellule ? ». Je fixais mes menottes. «
Non. » lâchais-je. Je n’étais sorti que pour manger, c’était la pure vérité. «
Pourquoi ne vas-tu pas faire du sport avec tes camarades ? » demanda-t-il. Je relevai mon regard vers lui. «
Ce ne sont pas mes camarades. ». Je vis l’interrogation dans les yeux du docteur Russel. «
Et pourquoi ça ? ». Je soupirai. Il ne comprenait rien à rien. «
Ils savent pourquoi ils sont là. ». Il s’appuya dans le fond de son siège. «
Toi aussi tu sais pourquoi tu es là. » déclara-t-il. Mon regard se plongea dans le sien. Je cherchais ne serait-ce qu’une once de compassion, mais il n’y en avait pas. Lui aussi me croyait coupable, comme tout les autres. «
Non. ». Le docteur Russel se redressa avant de croiser les doigts sur son bureau. «
Ecoutes Silas, nier ne changera rien, le jugement a été rendu. » dit-il comme si c’était une chose totalement banale. Il croyait que ces mots me ferait changé d’avis. «
Le juge m’a peut-être considéré coupable, mais ça ne veut pas dire que c’est la vérité. ». Le médecin me regardait d’un air dubitatif. «
En règle général, si. ». Il ne reviendrait jamais sur la décision du procès. Ce n’était qu’un abrutit de psychologue, rangé du côté des juges et des policiers, qui était incapable de penser par lui-même. «
En règle général, l’enquête est menée comme il se doit, et le verdict est rendu de manière impartiale. ». Le visage du psychologue semblait de plus en plus dur et fermé, ce qui ne faisait que renforcer l’idée que j’étais victime d’un coup monté. «
Vous avez souvent des visites ? » demanda-t-il en fronçant les sourcils. Je secouai la tête négativement. Ni famille, ni amis, personne. J’étais réellement seul, ce n’était pas juste une impression. Le psychologue semblait pensif. «
Je pense que ce sera tout pour aujourd’hui. ». Il téléphona au gardien, qui, quelques instants plus tard se trouvait dans l’encadrure de la porte. Je n’avais plus qu’à retourner dans ma cellule jusqu’à ma prochaine
« sortie ».
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«
Attendez-là. » je restai planté devant la porte, dans l'attente d'un signe. J'avais soi-disant de la visite. J'avais beau me creuser la cervelle, je ne voyais pas qui cela pouvait être. En presque deux ans, je n'avais eu qu'une seul visite : ma grand-mère. Cette visite l'avait détruite moralement, je lui avais donc dit de ne plus venir me voir, que c'était mieux pour elle. Depuis ce temps, je n'avais vu personne. Ni amis, ni famille, personne. Qui pouvait bien avoir eu l'idée de venir me voir ? Finalement, la porte s'ouvrit. Je fis quelques pas à l'intérieur, m'avançant vers les parloirs. Un seul homme y était assit. Il semblait à peine plus âgé que moi. Ce devait être ma visite, puisque personne d'autre n'était là. Je m'approchai et m'installai sur la chaise placée en face de la vitre. J'attrapai le téléphone d'une main tremblante. «
Bonjour. » je scrutais du regard cet homme assit en face de moi. Il me salua à son tour avant de continuer «
Je m'appelle Maël Livingston, je suis avocat. Je veux t'aider à te sortir de là. Il va falloir que tu m'aides également. Que tu me dises tout ce qui s'est passé. ». Je le regardais fixement, sans comprendre où il voulait en venir. J'hésitais un instant «
Qu'est-ce que vous voulez dire par « m'aidez » ? ». Il secoua devant la vitre un dossier jaune. «
Je connais ton histoire, et je sais que tu es innocent. ». Je n'arrivais pas à croire un seul mot de ce qu'il disait. Il me croyait ? Il savait que j'étais innocent ? Mes mains tremblaient, ainsi que mon genoux qui s'agitait nerveusement. C'était la seul et unique personne que j'avais entendu dire cela en deux ans. «
Vous pensez que c'est possible ? Que vous pouvez y arriver ? ». Il hocha la tête. Un mince sourire se dessina sur mes lèvres. C'était bien la première fois que cela arrivait depuis que j'étais en prison. Une certaine forme d'espoir semblait renaître en moi, quelque chose que je pensais avoir définitivement perdu. «
Il faut que je parte. Je reviens bientôt. ». Je le regardais se lever et disparaître derrière la porte blindé. Je reposai le téléphone et restai un instant assis. J'essayais de ne pas placer tout mes espoirs sur cet homme dont j'ignorais tout, mais j'avais peut-être une chance de m'en sortir et surtout, une nouvelle raison de rester en vie.
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Je me réveillai en sursaut. J'avais encore fait un de ces affreux cauchemars. J'essuyai mon front couvert de sueur avant de me tirer de mes draps. Il était déjà sept heures, je savais très bien que je n'allais pas arriver à retrouver le sommeil, alors à quoi bon rester coucher. Depuis ma sortie de prison, je n'ai pas réussi à dormir une nuit sans faire l'un de ces cauchemars. Cela fait maintenant deux mois. Je suis l'homme le plus heureux du monde, il n'y pas de doute là-dessus. Certes, ma réinsertion s'avère plus compliqué que je ne l'aurais pensé, mais je ne suis plus en prison, et c'est le principal. De plus j'étais revenu m'installer dans ma ville natale, comme je le désirais depuis si longtemps. Je n'avais trouvé qu'un petit appartement, mais ça ne reste que provisoire. Je ne remercierais jamais assez Maël de m'avoir tiré de cette histoire, sans lui je serais très certainement toujours à croupir au fond de ma cellule, ou peut-être même pire. J'enfilai un gilet avant de sortir de ma chambre. J'aperçus alors une lettre sur le pas de ma porte. Encore une. Je savais très bien ce que c'était, j'en avais eu environs une dizaine similaires à celle-ci durant les derniers jours. Des menaces, encore et toujours. Pour le moment, je n'en ai parlé à personne, j'ai trop peur pour cela. J'allais la récupérer et la posais avec les autres, afin que le moment venu, j'ai toute les preuves nécessaires sous la main. J'espérais juste que les choses ne tourne pas mal, pour moi, ou pour mon entourage.