Ce soir était plutôt comme l'un de ces soirs où la Narcy hypocrite, forte, déterminée et ambitieuse s'interrompt, disparaît un instant pour laisser place à une femme désespérée, seule et surtout triste. Je détestais par dessus tout me retrouver avec moi-même, ne rien prévoir et réfléchir à ce que j'étais, à ce que je voulais vraiment. C'est à ce genre de moments que son visage frappait mon esprit, je me surprenais alors encore une fois à penser à lui, à me sentir pathétique, un sentiment que je n'avais pas ressenti depuis déjà très longtemps. Depuis l'époque où j'aidais ma mère au foyer. Un verre d'alcool en main, je ne savais même plus si c'était le cinquième ou le sixième de la soirée. Je commençais à me sentir lourde, je parlais ou plutôt balbutiais à un inconnu, un jeune homme qui semblait espérer m'avoir pour la nuit. Encore une fois, j'avais décidé de boire, boire jusqu'à m'oublier, oublier mes regrets et oublier Keith. Je souriais ironiquement à cette pensée, parce que c'était impossible. Quoique je puisse faire, je ne pouvais l'ôter de mon esprit. J'avais donc cet espoir, de le faire revenir, que nous soyons heureux comme avant. Cet inconnu, décide de prendre mon bras pour m'emmener avec lui. Je refuse et le repousse violemment. J'étais saoule, mais je ne voulais pas, je ne le pouvais pas, pas une fois encore. Je décide de prendre une grande bouteille de vodka, je paie le tout et me dirige vers ma voiture. Sur le chemin, je n'arrivais pas vraiment à garder l'équilibre pour marcher, et mes talons ne m'aidaient pas vraiment. Je tombais donc plusieurs fois, jusqu'à me faire mal au genou gauche, que je n'arrivais plus vraiment à bouger. Je m'adossais donc à un mur, commençant à pleurer, je devais sûrement sembler si faible.. je n'étais plus du tout moi-même, je ne me reconnaissais plus. Je pouvais bien dire que c'était l'effet de l'alcool, mais c'était surtout à cause de lui. Je fixais un instant mon téléphone, je pouvais bien appeler mon chauffeur, mais j'avais décidé de me passer de ses services pour ce soir. Je regardais donc mon répertoire, je le fixais un instant puis décidais d'appeler Keith. Je ne pensais pas qu'il allait décrocher, mais il l'avait fais. J'avais exagéré en disant que je m'étais battue au bar, je voulais le voir, je le voulais vraiment. Je restais donc là, assise par terre, n'attendant plus que son apparition.
Après avoir écrasé ma clope au sol, je refermai mon coffre, y laissant mes affaires de mafioso. Il ne s'agissait pas d'un cadavre ou d'armes, mais simplement de certains clichés classés dans un dossier. Je consultai mon téléphone histoire de vérifier si je n'avais pas des nouvelles de mon affaire du soir. Je n'avais encore rien eu, j'étais donc libre pour une heure ou deux. J'allais veiller tard ce soir, hmm, il me faudrait alors encore des clopes et du café. Je retournais dans l'habitacle pour démarrer la voiture et me rendre dans ma chambre d'hôtel. Ouais, malheureusement, depuis que j'avais quitté Narcissa, je séjournais dans un hôtel, certes luxueux, mais pas aussi confortable qu'un véritable chez-soi. J'étais encore frustré par notre rupture, lui en voulant d'avoir détruit notre relation, notre couple. J'avais toujours pensé que Narcissa était la femme de ma vie. Elle était la seule qui me permit d'aimer et était la seule que j'aimais. Même si j'étais avec Plum, hélas, je ne ressentais pas de l'amour à son égard. Cela m'agaçait d'avance de devoir briser son coeur car je savais pertinemment que je ne l'aimerais jamais, pas autant que Narcy en tout cas. Je restais dans la voiture durant quelques minutes, immobile, réfléchissant à mon ancienne relation avec la jeune présentatrice télé. Elle me manquait, c'était certain, toutefois, il était mieux pour nous deux que nous ne voyions pas, j'étais encore beaucoup trop en colère contre elle. Et pourtant, comme si c'était un signe, mon téléphone se mit à vibrer affichant le prénom de la demoiselle avec sa photo sur laquelle elle souriait innocemment, plus belle que jamais. Etonné, j'hésitais à décrocher. Je n'avais aucune envie de lui adresser la parole, comme pour la punir d'une certaine manière, mais en même temps, j'avais envie d'entendre sa voix, lui parler, même un peu. Je décrochai alors et j'eus droit à une Narcy en détresse. Elle m'avoua s'être battue dans un bar. Très inquiet, je me décidai à aller la rejoindre. Je ne tenais pas à la laisser seule dans un piteux état, tout pouvait lui arriver et même si je n'étais plus avec elle, elle serait toujours la personne que je voudrai protéger, coûte que coûte. Arrivé sur les lieux, je retrouvais une Narcy en pleurs, assise par terre. Je m'approchais d'elle tout doucement, constatant ses blessures aux genoux. M'agenouillant à ses côtés, je soupirai. « Tu t'es faite mal aux genoux ? Tu ne t'es pas battue avec un enfant quand même... ? » Je voulais apporter une touche d'humour à ma question pour adoucir l'ambiance qui était tendue et pour ne pas lui montrer ma contrariété. Elle s'était peut-être blessée toute seule, je l'ignorais, mais elle ne s'était visiblement pas battue avec quelqu'un. Elle avait fait en sorte de me ramener une elle, tout simplement. Fronçant les sourcils, je fis lever sa tête en tenant son menton. Elle n'avait rien sur le visage heureusement, elle avait seulement les yeux bouffis. J'avais horreur de la voir triste et souffrante. Je commençais à m'en vouloir de l'avoir abandonné et d'être aussi distant et froid avec elle. Et pourtant, je ne pouvais m'en empêcher. « Que s'est-il passé ? » Je la fixais, remarquant à nouveau sa beauté, malgré son visage rongé par la tristesse et le désespoir.
Ces minutes passées à l'attendre m'avaient semblé si longues, je contemplais ma blessure au genou sans grand intérêt. Les larmes qui se versaient sur mes joues se refroidissaient rapidement à cause du vent, j'avais froid, je ne portais rien à part ma robe, et puis je me fichais bien du temps qu'il pouvait faire ou de si j'allais tomber malade ou non. J'avais besoin de le voir, de me dire, qu'il tenait encore à moi, que même s'il m'avait bien fait comprendre qu'on était plus ensemble, qu'il veillerait toujours en quelque sorte sur moi. Je me sentais pathétique, de dépendre autant de quelqu'un, je n'étais pas comme ça, et j'avais longtemps espéré ne jamais l'être mais Keith a décidément tout chamboulé en moi. Je parvenais bien entendu, dès que je pouvais m'occuper, à redevenir cette garce à deux visages que j'avais toujours l'habitude d'être, mais il suffisait juste que j'aie un soir libre, que je n'aie rien de particulier à faire, pour me mettre à laisser ces flashbacks de nous deux envahir mes pensées. J'aperçu quelques instants après, la silhouette de Keith se rapprocher. La vue m'était quelque peu brumeuse, mais j'arrivais facilement à le reconnaître. Il venait de s'agenouiller à mes côtés, je ne voulais pas lui parler tout de suite, j'avais l'impression que n'importe quel mot qui sortirait de ma bouche allait le faire fuir. Je n'osais même pas le regarder, j'avais honte de mon comportement de gamine, il devait sûrement s'être aperçu de mon mensonge. « Tu t'es faite mal aux genoux ? Tu ne t'es pas battue avec un enfant quand même... ? » Je me surprenais à sourire faiblement. Il posait ensuite sa main sur mon menton, pour examiner mon visage. J'eus enfin le courage de le regarder dans les yeux, j'étais si vulnérable face à lui, je ne devais inspirer que de la pitié à ce moment là, mais j'étais indéniablement amoureuse de lui et j'avais accepté ce fait depuis assez longtemps déjà. « Que s'est-il passé ? » Je tournais mon visage, ce contact avec lui, me faisait perdre le peu de contrôle que j'avais sur moi-même. Il fallait donc le rompre. Sa main ne tenant désormais plus mon menton, je décidais de fixer le sol pour m'adresser à lui. « Je n'arrive pas à être suffisamment saoule pour t'oublier.. voilà ce qui se passe. » Je soupire ensuite, sentant ma tête vraiment lourde, je la laisse alors tomber pour se poser sur l'épaule de Keith. « Je ne te demanderai pas de revenir, mais je veux juste rester comme ça un petit moment. » Tous les soucis que j'avais en tête, venaient subitement de disparaître. Je me sentais plus soulagée, ça n'allait pas durer, j'en avais bien conscience, mais je voulais en profiter au maximum. Je gardais donc ma tête posée ainsi, fermant les yeux un moment pour mieux apprécier cet instant.
Au lieu d'être chez moi, avec Plum ma petite-amie, je me retrouvais seul avec Narcissa, le comble. Cette dernière m'avait appelé pour l'aider, avouant s'être blessée lors d'une bagarre. Il en était tout autrement, une fois arrivé sur les lieux. Elle était certes toute chamboulée mais ce n'était aucunement pour la raison qu'elle avait avancé au téléphone. Je n'étais pas tellement remonté contre elle, étrangement. Pourtant, cela m'agaçait qu'elle veuille revenir comme une fleur pour oublier le mal qu'elle m'avait fait. Ce n'était pas parce que j'allais rester avec elle une partie de la soirée que nous pourrions tirer un trait sur les mauvais événements passés. J'examinais alors rapidement sa blessure aux genoux, elle ne semblait pas bien grave, heureusement. Cependant, je voulais l'emmener quelque part où on pourrait désinfecter le tout et mettre un petit bandage, histoire que cela ne fasse pas moche. Je connaissais très bien la blonde et je savais pertinemment qu'elle se lamenterait de ses jambes amochées si l'on ne faisait rien.
Puis, après un coup d'oeil furtif en ma direction, elle reposa son regard au sol et m'avoua ne pas réussir à m'oublier. Je ne savais pas comment réagir, tout était confus dans ma tête car si une part de moi voulait lui crier que je l'aimais encore, l'autre avait envie de la punir, l'ignorer, l'abandonner. Dure contradiction. Je préférai alors ne rien dire, me contentant de regarder à mon tour le sol. Et soudain, elle vint poser sa tête sur l'une de mes épaules, me demandant de rester ainsi quelques minutes. Une nouvelle fois, j'ignorais comment me comporter. Mais cette Narcissa vulnérable et désespérée par ce que je lui faisais subir, m'atteignit. C'était en quelque sorte de ma faute si elle se retrouvait dans cet état, il fallait alors que je me rattrape, un peu au moins. Je me sentais coupable en fait et je détestais ce genre de sentiment. Je lui accordai alors ces quelques minutes de tranquillité, de bonheur en ma compagnie, oubliant presque nos maux. Je passai une main sur sa tête pour caresser ses cheveux tout en prenant avec mon autre main disponible, celle de la jeune femme. Nous restâmes dans cette position deux bonnes minutes. Aucun de nous n'avait osé bouger, tellement nous étions à l'aise et heureux, sans doute. Puis je me ressaisi, enlevant mon bras et ma main pour me lever. « Viens, je vais m'occuper de tes jambes. » Voyant qu'elle avait un peu de mal à se lever, je l'aidai en lui tendant un bras puis en la soulevant et la tenant par la taille pour la faire avancer jusqu'à la voiture. Je l'installai sur le siège avant puis pris place au siège du conducteur pour aller à l'hôtel. « On va essayer de faire ça rapidement, je n'ai pas beaucoup de temps libre devant moi. » C'était un petit mensonge car j'avais assez de temps pour la soigner tranquillement, mais je ne voulais pas rester très longtemps avec Narcy puisque je savais qu'une fois la machine lancée, il serait difficile de l'arrêter. Durant le trajet, aucun de nous n'osait parler. De mon côté, j'étais gêné et perturbé par cette situation, du côté de la jeune femme, elle devait être encore saoule et fatiguée. Après m'être garé, j'aidai la blonde à sortir puis la conduis jusqu'à ma chambre où je l'invitai à s'installer sur un des canapés. J'avais eu droit à une grande chambre, qui avait des airs de suite présidentielle, enfin, des petits airs quoi. Je partis chercher de quoi soigner les plaies de Narcy dans la salle de bain puis revins vers elle, m'asseyant à ses côtés. « Rassure-moi, personne n'a voulu t'embêter ce soir, dans le bar ? »
Je ne m'en rendais pas vraiment compte à ce moment, mais ma blessure au genou me contrarierait certainement demain lorsque je la verrais. La bouteille de Vodka que j'avais acheté était toujours dans mon sac, je comptais bien la boire, histoire de m'oublier une bonne fois pour toute, mais, à ce moment là, j'avais envie d'être complètement sobre pour profiter de ces rares instants. Mes yeux bien fermés, je sentais mes paupières s'alourdir, j'étais prête à m'endormir sur l'épaule de Keith, sentant une de ses mains tenir la mienne et l'autre caresser délicatement mes cheveux, je ne parvenais pas à savoir si j'étais en plein milieu d'un rêve ou c'était tout simplement réel, j'eus assez rapidement ma réponse lorsqu'il rompu tout contact physique entre nous en se levant. J'ouvris alors avec difficulté mes yeux, je ressentais en permanence ce manque de.. de lui, même lorsqu'il se tenait debout devant moi, parce que je savais qu'il ne m'appartenait plus, qu'il était avec une autre. Une amie en plus, enfin ça ne me surprenait pas tant que ça, j'ai toujours su que cette Plum avait des sentiments pour lui, seulement je me demandais si Keith commençait à les partager. Si ce qu'il faisait en ce moment n'était en fait dû qu'à un sentiment de culpabilité de sa part. Il me proposait ensuite de m'emmener me soigner, je ne pouvais pas me lever avec aisance, alors j'eus droit à son aide. Je montais alors dans sa voiture, siège passager, mon regard était absent, j'étais dans un piteux état et je n'en avais pas vraiment conscience. J'avais juste envie de rester avec lui, peu importe ce que cela pouvait engendrer. Il arrivait à me faire perdre ma raison, j'oubliais presque ma carrière, je n'étais plus du tout la même. Les rues défilaient devant mes yeux, je ne leur prêtais pas grande attention, me tournant un instant pour contempler Keith. « On va essayer de faire ça rapidement, je n'ai pas beaucoup de temps libre devant moi. » Je séchais un nouvelle fois discrètement mes larmes. J’espérais passer plus de temps avec lui, mais s'il fallait qu'il parte, je ne pouvais pas faire grand chose pour l'en empêcher. Je me contenterais alors de boire la bouteille qui me reste et de me laisser aller jusqu'au matin. J'allais avoir des maux de têtes horribles, mais pour l'instant je n'y songeais pas vraiment. Arrivés au lieu où il habite, il m'aidait à descendre du véhicule, m'emmenant ainsi dans sa chambre d'hôtel. J'eus de la peine, le voir installé ici par ma faute, j'aurais aimé remonter le temps et ne pas commettre cette immense erreur. Je le regrettais tellement. Je me posais donc sur le canapé, je regardais Keith partir je-ne-sais-où puis revenir prendre place à mes côtés. « Rassure-moi, personne n'a voulu t'embêter ce soir, dans le bar ? » J'esquissais un sourire faible mais tout de même ironique suite à sa question. Je lui adressais un regard assez furtif avant de fixer ma petite plaie au genou. « Tu.. tu ne m'aides pas tu sais. » Il fallait bien que j'arrive à l'oublier, c'est ce qu'il souhaitait, je voulais vraiment pour une fois, ne pas être égoïste et penser à son bonheur avant le mien. Je voulais croire que je pouvais passer à autre chose et le laisser vivre son idylle avec Plum. Seulement à le voir me traiter ainsi, je n'allais jamais y arriver. « Juste un homme au bar, mais je l'ai repoussé. » Je posais ensuite une de mes mains sur mon front, la passant sur mes cheveux avant de fixer Keith. « comment va Plum? » Même saoule, je ne pouvais m'empêcher de rester hypocrite. Je me fichais pas mal de comment elle allait, pour tout vous dire, sa mort ne m'aurait pas du tout dérangé. Même si cela arrivait, Keith ne reviendrait probablement pas, il a été très claire durant notre dernière discussion, tous les sentiments qu'il avait à mon égard semblaient même avoir disparu.
Cette proximité, entre Narcissa et moi, me déstabilisait beaucoup. Je ne savais pas vraiment comme agir avec elle, je n'étais pas désireux de lui donner de l'espoir pour notre relation mais je ne voulais pas non plus être brute avec elle. Je n'y arriverais pas. Il y aurait toujours cette partie de moi-même qui ne pourra jamais lui faire de mal, cette partie qui est encore amoureux d'elle. M'enfin, qui aime bien châtie bien, non ? Il arrive que, parfois, la colère prenne le dessus, blessant ceux que l'on aime, pour le meilleur et pour le pire. Là, en l'occurrence, bien que je pensais que mes remarques péjoratives à l'égard de la blonde étaient pour son bien, notre bien, je réalisais qu'au contraire, elle sombrait. Elle se saoulait pour parvenir à m'oublier, elle allait voir ailleurs pour espérer tomber sur mieux que moi et était tentée de s'exiler à Los Angeles pour un choix professionnel, mais pas que. Je n'avais pas envie qu'elle s'en aille, alors que ce serait pour notre bien. Cependant, je ne lui disais rien. Inutile que je lui confie mon opinion sur la question, je n'étais plus rien à ses yeux, comme elle, elle n'était plus rien aux miens. Enfin, c'est la logique de la rupture qui le veut ainsi. Seulement une logique.
Au moment où je lui posai ma question, elle fit une nouvelle fois référence à notre rupture. Me sentant légèrement coupable, je ne dis rien, la regardant une dizaine de secondes pour ensuite détourner mon regard d'elle et le poser sur son genou, afin de la soigner. C'était dingue mais tout ce que je pensais et ressentais au fond de moi pour elle devaient rester secrets, bien cachés. Seuls les sentiments négatifs et les pensées noires à son égard pouvaient être partagés. Il n'était pas question d'apparaître miséricordieux, surtout pas maintenant, étant en couple avec Plum. D'ailleurs, Narcissa ne pu s'empêcher de me poser une question à son sujet. Mais avant cela, elle évoqua s'être faite abordée par un type au bar à qui elle avait dit "non". J'étais content qu'elle n'ait pas fini dans son lit mais remonté contre ce type qui aurait osé la toucher. C'était étrange de réaliser qu'une personne ne vous appartenait plus. Cependant, cette jalousie se transforma vite en colère que je sus contenir. Je ne devais rien laisser filtrer, je devais rester impassible. D'habitude, j'arrivais parfaitement à jouer au type froid et désintéressé, c'était facile vu que j'étais ainsi tous les jours, avec tout le monde. Or avec Narcy, tout était différent, plus compliqué. Alors, je fis des efforts pour rester le plus neutre possible. « Tu ne devrais pas traîner seule et tard dans des bars. Y aura toujours un con pour t'embêter. » J'avais pris un ton assez moralisateur, j'étais sérieux et j'avais le regard dur. C'était un vrai reproche que je lui faisais. Dans son état, il pouvait se produire pleins de choses, contre son gré. Puis, pour en revenir à Plum, je sentais bien que Narcy posait la question par principe, elle s'enfichait royalement de ma petite-amie actuelle. Commençant à désinfecter la zone, je l'avertis de la douleur. « Attention, ça va bien piquer. » La plaie était peu profonde mais importante, il y avait pas mal de sang. Je passais alors avec un coton contenant le produit désinfectant sur toute la zone. J'essayais de faire vite, histoire de ne pas trop faire souffrir la blonde. « Plum va bien, merci. » Je n'ajoutai rien car il n'y avait rien à ajouter. Je n'avais aucune envie de parler de ça avec mon ex, ce serait de la torture et même si elle pouvait le mériter, j'étais incapable de la blesser davantage, d'autant plus qu'elle souffrait déjà assez physiquement. Je sentais et entendais sa douleur au genou, alors je décidai de m'excuser, par simple réflexe. « Je suis désolé. » Puis je me tus, laissant le silence s'installait progressivement, ayant fini de désinfecter la plaie. Je ne savais plus quoi dire, peut-être que je n'avais plus rien à lui dire, tout simplement. J'évitais tout croisement de regard, ne voulant pas être pris au dépourvu, je ne voulais pas me faire avoir, je restais concentré et tentait d'oublier la présence de celle qui me brisa le coeur, quelques mois plus tôt.
Je n'arrivais pas à comprendre, je n'y parvenais pas. Tous ces sentiments confus que je ressentais, tout devenait flou, presque ou encore plus brumeux que ma vue lorsque je devenais très saoule. J'avais déjà accepté depuis très longtemps mes sentiments pour Keith, alors il fallait aussi que j'accepte le fait que j'aie tout ruiné à cause d'une faiblesse. Une faiblesse de ma part qui me coûta très chère plus tard. Avec tous ces événements récents, j'aurais eu tendance à penser que le karma en avait après moi, mais je préférais toujours voir les choses du bon côté. Seulement.. comment faire lorsque la personne qui compte le plus pour moi, ne m'appartient plus? J'étais à ce moment là, assez proche de lui, physiquement, nous étions après tout assis côte à côte. Paradoxalement, il n'était plus mien et je n'étais plus sienne. Un peu bizarre, car depuis qu'on s'est connu, on a pas beaucoup perdu notre temps pour nous mettre ensemble, c'était un peu comme une évidence. ça ne l'est plus maintenant. J'ai tout gâché, et je me devais de le laisser être heureux avec quelqu'un qui ne lui ferait certainement pas de mal. Plum, j'ai eu l'occasion de lui parler plusieurs fois, on était même amies, et elle avait ce que je n'aurai sûrement jamais.. elle était honnête. Dans ses sentiments, ses paroles, sa façon d'agir. Pourtant, ce n'était jamais dans mes habitudes de me comparer aux autres femmes, je me suis toujours trouvée meilleure qu'elles de toute façon. Je n'avais jamais envié quelqu'un d'autre, mais elle avait en ce moment quelqu'un que je désirais plus que tout.. elle avait Keith. Cette seule pensée me transperçait le cœur, pouvait même me faire sombrer dans une certaine dépression, que je n'avais pas connu auparavant. « Tu ne devrais pas traîner seule et tard dans des bars. Y aura toujours un con pour t'embêter. » Je souriais toujours aussi faiblement, mon sourire n'aurait pas été sincère de toute façon. J'étais tout de même heureuse, d'avoir encore l'opportunité d'écouter sa voix, sentir sa présence. Comment arrivait-il à me rendre aussi pathétique rien qu'en me faisant subir son absence? « Attention, ça va bien piquer. » Il semblait bien impliqué dans sa tâche, je ne faisais désormais plus attention à ma plaie, je me contentais de contempler Keith. Je voulais profiter de cette vue comme je le pouvais. Je savais que ça n'allait pas durer, j'en avais conscience. « Plum va bien, merci. » Il commençait ensuite à désinfecter, je ressentais une douleur assez aiguë au niveau de mon genou. Je tentais de la dissimuler mais je n'y arrivais pas vraiment. Je fis donc quelques aie assez discrets, tout en continuant de regarder Keith. « Je suis désolé. » Il terminait ensuite, semblant éviter mon regard. Je voulais croiser ses yeux, m'y plonger une nouvelle fois, mais peut-être que j'en demandais trop. « Merci.. Keith. » Je portais ensuite mon attention vers la plaie, il semblait avoir fait du bon travail, enfin je n'étais pas vraiment en état pour en juger. « est ce que tu.. l'aimes? » Je venais de poser cette question d'un ton extrêmement mélancolique, un peu malgré moi. « enfin tu me parlais du Karma un certain temps, et j'espère vraiment qu'il est de ton côté et que tu es heureux avec elle. » C'était probablement d'un de mes rares moments de vraie bonté, de bonnes intentions, sincères surtout. Je pensais tout ce que je venais de dire, j’espérais réellement qu'il soit heureux, qu'elle ne le déçoit pas comme je l'avais fais. « Plum saura prendre soin de toi, mieux que moi. Je n'ai pas été à la hauteur. » Je baissais ensuite mon regard, attristé par cette réalité. Une réalité dure et amère, à laquelle je venais à peine de faire face. Je posais ensuite ma tête sur le bord du canapé, j'étais exténuée.
Dire que je ne désirais pas retrouver Narcissa serait une grosse erreur. Je serai toujours attirée par elle, toujours préoccupé par elle et toujours amoureux d'une certaine façon. Ce genre de sentiment me désenchantait. Je n'étais pas accoutumé à ça, je n'étais pas ce genre de personne qui tombait raide dingue amoureux d'une fille au point de ne vouloir vivre qu'avec elle. Et pourtant, je m'étais fait à cette idée, qui commençait à me plaire. Tout comme elle qui avait accepté de tomber amoureuse de moi, je l'avais fait également. Nous avions trouvé ce compromis. Si elle tombait amoureuse, je tombais amoureux aussi. Nous étions deux. Nous vivions la chose à deux. Et nous en étions satisfaits. Lorsque je repensais à Plum, c'était tout l'inverse. Aucun compromis n'était fait, elle était amoureuse, mais je ne l'étais pas. Mon côté hypocrite avait repris le dessus, ma fierté m'avait poussé à me venger et ma raison a voulu me permettre d'oublier Narcissa avec une autre. C'était ça le nouveau compromis, en quelque sorte. Cependant, ni Plum ni moi n'en étions satisfaits. Et je me sentais terriblement mal en ayant envie de prendre Narcissa dans mes bras, ayant envie de l'embrasser... Je n'avais pas à vouloir ça, ce n'était pas bien, c'était stupide de ma part d'infliger ça à ma petite-amie actuelle. Mais je n'arrivais pas à m'en résoudre. Au moment où Narcy m'interrogea sur mes sentiments à l'égard de Frida, je ne savais pas quoi répondre. Je n'avais pas envie de lui mentir, je me devais d'être honnête alors qu'elle, ne l'avait pas été. Toutefois, un mensonge l'aiderait peut-être à aller de l'avant et me permettrait peut-être à moi aussi de tirer un trait sur notre ancienne relation. Peut-être. Dans l'incertitude, je me contentai de la regarder, droit dans les yeux, tentant de ne pas défaillir. « Ca t'apporterait quoi que je te le dise ? Tu souffrirais davantage et tu n'as pas besoin de ça. » C'était vrai ça aussi. Peu importe ma réponse, elle souffrirait quand même. Dans une situation délicate, je décidai de me lever pour aller me servir un verre de whisky. Je n'étais pas bien, j'avais besoin d'un remontant. Je perdais mes moyens et ce n'était pas ce qu'il me fallait là, présentement. La demoiselle me confia alors ne vouloir que mon bonheur, étant certaine que Plum était faite pour moi car elle était d'une certaine manière une meilleure compagne qu'elle. Après avoir bu une gorgée de mon breuvage, je me retournai, verre à la main, prenant une voix grave et sérieuse. « Ah oui ? Donc, Plum et moi ça devrait marcher ? Ca devrait donc dire que je devrais être fou amoureux d'elle. Ca voudrait dire que j'aurais réussi à t'oublier. Ca voudrait dire que je pourrais envisager un jour de me marier avec elle. Ca voudrait dire que... Je ne t'aimerais plus. » Et là, silence. Je ne bougeais plus, incapable d'émettre le moindre son ou mouvement. Je posai le verre, tournant le dos à Narcissa. Putain. Jamais je n'aurais du répondre à ce coup de fil. Je n'aurais pas eu à faire face à mes sentiments, ce que j'évitais depuis bien longtemps maintenant.
Ma tête toujours posée sur le bord du sofa, j'avais bien conscience du fait qu'il fallait que je rentre chez moi. Rester ne servirait rien, mais je me sentais lourde, je ne pouvais même plus faire bouger mon propre corps. J'aurais aimé m'endormir dans les bras de Keith, cette seule pensée pouvait me faire sourire comme une idiote. Oui, ça ne pouvait qu'être imbécile de ma part, d'espérer lui revenir, car même si au fond je ne souhaitais que son bonheur, mon côté égoïste prenait toujours le dessus, et j'avais tout de suite après envie de l'avoir avec moi, pour moi. "je ne veux que ton bonheur" ce genre de phrases, j'avais bien l'habitude de les dire à maintes reprises, de la façon le plus hypocrite qui soit. Ce langage faisait même parti de mon quotidien, mais jamais je ne l'avais réellement pensé auparavant. Grâce à Keith, ou plutôt à cause de lui, je devenais plus.. humaine. Moins centrée sur moi-même, il faisait de moi une meilleure personne, j'étais aussi très vulnérable. Il n'avait pas répondu à ma question, prétextant que ça allait me faire souffrir, j'agonisais déjà intérieurement, ça ne changerait donc rien du tout. Je le regardais s'éloigner pour boire un verre. « Ah oui ? Donc, Plum et moi ça devrait marcher ? Ca devrait donc dire que je devrais être fou amoureux d'elle. Ca voudrait dire que j'aurais réussi à t'oublier. Ca voudrait dire que je pourrais envisager un jour de me marier avec elle. Ca voudrait dire que... Je ne t'aimerais plus. » Il semblait en colère, il n'avait jamais rien exprimé depuis notre rupture, mais il venait de le faire. Je me demandais même si le fait que je ne sois pas avec lui l'atteigne. Il restait de marbre quoiqu'il arrive, mais c'était différent cette fois-ci. Je me redressais légèrement, fouillant dans mon sac pour prendre ma bouteille de vodka. Je voulais l'ouvrir mais je n'en avais même pas la force, je la reposais donc, laissant ensuite ma tête ainsi que le reste de mon corps se reposer sur le sofa. Je mis mon bras sur mon visage, pour le cacher. Je me sentais misérable parce que j'avais encore envie de pleurer. « et.. tu ne m'aimes plus? Je n'arrive même plus à croire qu'on soit réellement séparés, je pensais qu'on resterait à jamais ensemble, que.. quoiqu'il arrive, on ne se quitterait jamais. » Je laissais ces larmes couler, mon bras toujours cachant une partie de mon visage. « Tu n'as même pas mis longtemps avant de te remettre avec Plum.. alors peut-être, peut-être que tu l'aimes. » Je décidais ensuite de me lever, malgré toute la fatigue que je ressentais. Je prenais mon sac, décidée à quitter sa chambre d'hôtel. Une fois arrivée à la porte, le regard baissé, je n'osais pas le regarder, je soupirais, tout en séchant mes larmes. « Il vaut mieux que je parte Keith. »
Narcissa voulait à tout prix savoir si j'avais toujours des sentiments pour elle ou non. Elle était meurtrie par la réalité des choses, par notre rupture. En plus, je ne souhaitais même plus lui adresser la parole tellement j'étais encore remonté contre elle. J'avais tellement de choses à lui balancer en pleine figure, mais je m'en abstins. Je ne désirais pas provoquer une nouvelle dispute, elle ne le supporterait pas. Reprenant une attitude neutre, je m'étais tourné vers Narcissa pour l'apercevoir en train de vouloir boire sa bouteille de vodka, sans y parvenir. Elle voulait encore se saouler. N'était-elle pas assez saoule comme ça ? Je me sentais coupable. C'était de ma faute si elle agissait ainsi. Toutefois, je ne fis rien. Je restais sur place, la contemplant. Puis, vint la fameuse question avec sa remarque sur mon couple avec Plum. Je soupirai. Puis elle marqua sa volonté de partir. Passant une main sur mon visage, je retournai près d'elle, devant la porte. « Arrête de te torturer pour rien. Et fais moi le plaisir d'arrêter de te saouler aussi, s'il te plait. » Je marquais une pause. Puis repris, d'une voix faussement calme. « Si tu m'aimes, accepte de tourner la page et de cesser de te détruire. » C'était plus facile à dire qu'à faire. Moi-même j'avais du mal à tourner la page, comment, pouvait-elle, elle, y parvenir ? Un nouveau silence s'installa dans la pièce. Je n'avais pas tellement envie de la laisser partir dans cet état, je devrais mieux la raccompagner. Après quoi, j'irais accomplir ma mission de la soirée. Soudain, je dus m'avancer vers elle, manquant de s'écrouler par la fatigue, je la tenais par ses épaules, sa main au dessus de mes épaules. Cette nouvelle proximité me déstabilisa à nouveau. Je ne savais que faire. Je la regardais droit dans les yeux, à deux doigts de vouloir l'embrasser... Puis, rapidement, je me ressaisis, conscient avoir presque commis une grosse erreur. A moins que toute cette soirée en soit déjà une ? « Je vais te déposer chez toi. Je ne peux pas te laisser partir ainsi. » Les clefs de la voiture étaient dans ma poche, mes affaires pour ce soir dans le coffre et le sac de la demoiselle avec elle. Nous pouvions donc nous en aller. La ramenant dans la voiture, je l'installai confortablement sur le siège, constatant qu'elle était sur le point de s'endormir. Elle avait bien trop pleuré la malheureuse, ses yeux étaient rouges et bouffis et elle avait une mine bien fatiguée. Je pris par la suite le volant pour la conduire dans sa ville, maison que je ne connaissais que trop bien. Arrivé là-bas, je la fis sortir de la voiture pour la tenir dans mes bras, telle une mariée. L'image de la mariée me mit un grand coup dans la gueule. C'était ce que elle et moi pouvions avoir, avant, avant tout ça... Nostalgique, je la ramenais donc dans sa chambre, les domestiques m'ayant accueilli chaleureusement, pour la déposer délicatement sur son lit. Prêt à la quitter, près de la porte, je me retournai pour lui faire une dernière chose. M'approchant d'elle, je vins déposer un baiser sur son front. Mine de rien, elle restait ma princesse, ma dulcinée, mon amour. Je la chérissais malgré tout, et là, je cédai à une tentation me brûlant de l'intérieur depuis bien assez longtemps.