Une dame n’arrête pas de poser des questions, ça fait maintenant des jours que Mamie est morte d’une crise cardiaque. Déjà qu’est-ce que c’est une crise cardiaque ? Personne ne me l’a expliquée ! On me dit qu’elle est allée au ciel, puis à chaque fois que je demande quand elle va redescendre sur terre les adultes me regardent d’un air malheureux ou désespéré.

J’ai même demandé à ma maitresse, elle au moins elle m’a dit qu’elle était morte et qu’elle ne reviendrait plus. Ma maitresse c’est une femme gentille, peut-être un petit peu sévère surtout lorsqu’on ne fait pas ses devoirs, mais elle est réellement gentille.

La dame qui me pose des questions s’appelle une assistante sociale, elle doit me trouver un nouveau foyer, mais je ne veux pas aller chez quelqu’un d’autre. Je veux Mamie. Elle m’a expliqué qu’elle a fait le tour de la famille que j’avais et que malheureusement personne ne voulait de moi. Ce n’était pas nouveau, Mamie m’avait déjà appris que j’étais le battard de son fils cadet. Mamie disait toujours la vérité, elle avait un vocabulaire crue et les gros-mots et elle c’était une grande histoire d’amour. J’avais déjà entendu les parents de mes camarades de classe dire qu’elle n’était pas normal. Mamie était une femme forte, elle faisait de la moto, elle fumait, elle buvait beaucoup et écoutait de la musique style hard rock, elle était mon idole, ma seule famille.

Pourquoi on me l’a prise, j’ai encore besoin d’elle ! On m’a mis dans une famille d’accueil, mais ces personnes étaient étranges, ils avaient fait une chambre pour un bébé et non pour moi, étrangement quelques jours plus tard je me retrouvais à la case départ.

On m’a trouvé une deuxième famille, celle-ci était déjà mieux. Ils avaient un vrai lit, mais les deux adultes se disputaient tout le temps, j’entendais leur dispute, les cries de la femme, ils me faisaient peur, très peur, c’est pour ça que j’ai finis par ne plus manger, ni boire, ni parler.

C’est à l’école qu’on remarqua ma nouvelle attitude, ma maitresse m’a posée des questions, j’ai voulu tout lui dire, dire que je n’étais pas bien là-bas, au lieu de ça je me suis tue, je ne devais pas céder.

Quelques jours plus tard j’ai fait un malaise en plein coure de mathématique, je me souviens de rien. La femme en blouse blanche m’a dit que c’est les pompiers qui m’ont amenés, que je ne devais pas m’inquiéter.