Valise en main devant l’aéroport, Plum se demandait encore pourquoi elle avait fait une telle proposition à Keith. Cela prenait racine dans une bonne intention, mais n’essayait-elle pas plutôt de s’en convaincre ? Ne tentait-elle pas par ses bonnes actions de profiter de la situation ? Peut-être. Sans doute. Elle ne se pensait pas aussi manipulatrice et s’en voulut immédiatement. Tout ce qu’elle désirait c’était aider cet ami dont elle était toujours amoureuse, du moins c’était la base de ce voyage en Thaïlande, mais après réflexion était-ce réellement une bonne idée ? Deux adultes qui se retrouvent dans un décor paradisiaque, seuls, la première ayant de forts sentiments pour le second, il y avait de quoi se poser d’innombrables questions. Elle poussa un soupir. De toute façon, il était trop tard désormais, elle se voyait mal lui envoyé un message afin de lui faire savoir qu’elle ne viendrait finalement pour x ou y raisons, tout d’abord, elle ne savait pas mentir donc sans doute que son excuse serait peu crédible et ensuite, ce n’était pas dans ses habitudes. Tant pis. Elle passa enfin les portes automatiques du bâtiment et son regard chercha immédiatement celui de son compagnon de voyage qu’elle n’aperçut pas tout de suite. Peut-être avait-il pris la décision pour eux deux en ne venant finalement pas. Sage entreprise, même si elle ne pouvait s’empêcher d’être quelque peu déçue mais c’était mieux ainsi. Alors qu’elle se retournait, prête à prendre un taxi pour rentrer chez elle, elle tomba nez à nez avec un Keith essoufflé. Soulagement. Un immense sourire apparut sur son visage. Il était là. « Coucou ! » lança-t-elle avec entrain.

Aller ou ne pas y aller. Telle était la question que je me posais durant des heures. La nuit, je n'avais pas beaucoup dormi. Impossible de m'enlever de la tête cette question. Plum m'avait demandé d'aller voyager ensemble, sur une île paradisiaque, à l'allure romantique. C'était un nid d'amoureux, alors pourquoi m'y rendre en compagnie d'une amie ? Une ex, à vrai dire. Celle envers qui je me sentais toujours coupable de l'avoir délaissée, tel un véritable connard, du jour au lendemain sans explications. Pour me justifier, je rejetai la faute sur mon insouciance de l'époque, sur mon attitude de con que j'assumais auparavant. Maintenant, depuis que j'avais été en couple avec Narcissa, je regrettais mes actes passés. Surtout que Plum ne méritait pas de souffrir. Elle était si douce et si aimable. A côté, je n'étais qu'épave, depuis ma rupture avec Sinclair. Je n'étais pas du tout aussi heureux de vivre qu'elle, pas plein de vie, enthousiaste... Cependant, c'était grâce à elle que je ne perdais pas pied. Elle était là pour me soutenir et me consoler. Sans elle, j'aurais été dehors, à m'en prendre à certaines personnes, noyant ma tristesse dans l'alcool. Bref, autant dire qu'elle me sauvait. C'était pourquoi, j'avais réussi à trancher sur la fameuse question. Oui, j'allais l'accompagner. Je lui devais bien ça.

J'avais pris le taxi, ne voulant pas prendre ma voiture pour qu'elle reste à l'aéroport durant des jours. J'arrivais donc en retard au point de rencontre. Sortant du taxi, je lui tendis rapidement des billets, sans prendre la peine d'attendre le remboursement pour rejoindre Miss Strahovsky. Je courus donc avec mes affaires jusqu'à l'entrée de l'aéroport quand je la croisai. Elle semblait être sur le point de quitter le lieu, l'aurais-je fait trop attendre ? La pauvre jeune femme avait du m'attendre, croyant que je n'allais point venir. A la revoir, toute souriante, je fus d'un coup convaincu par mon choix de venir. J'avais bien fait. Je souris à mon tour, véritablement ravi de la voir. Elle était très belle, comme à son habitude. Plum avait toujours été une très jolie fille, le genre de femme qu'on marierait sans hésiter. Elle avait tout de l'épouse idéale. « Salut, ma belle, désolé de t'avoir fait attendre, c'était les bouchons. » Je m'approchais d'elle, pour lui faire la bise, prenant le temps d'apprécier son doux parfum. « Allons-y, on a une superbe île qui nous attend ! » Je posa ma main sur son dos pour la faire avancer avec moi. Je ne savais pas où cette nouvelle proximité allait nous mener, mais j'étais de nature audacieuse. Et puis, j'étais en très bonne compagnie. Ces vacances s'annonçaient fantastiques.

Une fois dans l'avion, l'excitation commençait à monter. J'étais encore certes un peu étonné d'accompagner Plum en Thaïlande, et pourtant, je réalisai que j'allais me retrouver sur une île encore jamais visitée, à l'abri des problèmes du quotidien auxquels je faisais face avec lassitude depuis un bon moment. Et puis, rien de pire ne pouvait arriver, pensais-je. Et c'était bien vrai. Plum avait par ailleurs été ce qui m'était arrivé de mieux après ma rupture avec Narcissa, donc je prenais au fur et à mesure confiance. Je fermais les yeux pour imaginer notre destination. J'avais entrepris la veille quelques recherches, sur Internet, pour découvrir ce qui nous attendait : une belle plage de sable fin et blanc, de vastes et luxueux hôtels et une eau des plus turquoises. Quoi de plus merveilleux ?

Durant le vol, Plum et moi en profitâmes pour raconter nos meilleurs moments à San Francisco, cette nouvelle ville dans laquelle nous avions décidé de nous implanter. Notre Angleterre natal nous manquait, mais nous nous sentions bien sur le littoral californien. Ensuite, je piquai un somme, complètement épuisé par ma semaine. Et au bout de quelques heures, l'avion finit par atterrir. En quelque temps, nous prîmes nos affaires et nous partîmes vers l'hôtel. Plum était émerveillée par le fabuleux décor. Elle pouvait se féliciter d'avoir choisi cette destination car elle était vraiment paradisiaque. Je lui souriais, approuvant ses paroles. « Evidemment, ça ne peut qu'être fantastique en ma compagnie. » A nouveau, je souris, taquinant la jeune femme. En sortant du taxi, une fois arrivés à l'hôtel, je mis enfin mes lunettes de soleil. Le soleil tapait et je sentis le besoin pressant de plonger dans cette belle eau qui me faisait de l'oeil depuis un bon moment. Et puis, cette chaleur était épouvantable, il fallait vite changer de tenue. Plum proposa alors que chacun de nous s'installa dans sa chambre avant de se retrouver. « Oui bonne idée ! Je dois absolument aller me vêtir quelque chose de plus léger et plus vacancier peut-être. » Je jetai un oeil sur les quelques touristes qui étaient restés à l'intérieur de l'hôtel pour m'apercevoir qu'ils étaient habillés très simplement, short de plage et chemise légère avec des tongs. Cela n'avait rien à voir avec ma tenue traditionnelle qui se composait de costard et cravate. Mais tant mieux, cela me ferait le plus grand bien. « On se rejoint en bas, au salon ? »

Après avoir tout rangé et pris le temps de me reposer dans ma chambre, qui était plutôt spacieuse et très joliment décorée, et de m'être changé pour un short et un t-shirt avec des tongs comme prévu, je sortis de la pièce pour retrouver la blondinette dans le salon de l'hôtel. Encore absente, je pris place sur un fauteuil pour patienter. J'en profitai aussi pour commander un petit cocktail, pas très alcoolisé, histoire de me rafraîchir. Cela devait faire deux bonnes heures que nous étions arrivés sur l'île, il faisait encore jour et très chaud. Lunettes de soleil en main, je m'amusais bêtement avec celles-ci, tout en contemplant discrètement les jolies filles légèrement habillées. Elles étaient toutes bronzées et pour certaines vêtues d'habit traditionnel du pays. Plusieurs passaient devant moi, sourire aux lèvres, aguicheuses et réellement séduisantes. Je détournais mon regard de ces sublimes créatures pour le poser sur une plus jolie, venant de loin. Il s'agissait de Plum qui semblait elle aussi avoir choisi la tenue adéquate pour ces vacances. Cet endroit était un vrai paradis pour tout homme sur cette Terre.

Je fis face à une Plum des plus charmantes. Cette femme était vraiment séduisante, impossible de lui résister. Et pourtant, il le fallait. Nous n'étions qu'amis, et c'était déjà bien au vu de ce que je lui ai fat subir. Je ne savais pas comment elle avait pu trouver la bonté de me pardonner, mais elle y était parvenu. Plum était surprenante. Et j'aimais ce côté angélique, ça changeait très nettement de ma personnalité et de celle de Narcissa. C'était mignon, ça la rendait encore plus craquante. Envouté par la belle, je défis mon sourire au bout de quelques secondes pour lui répondre. « Non non c'est bon, ne t'en fais pas. » Puis, elle me questionna sur ce que je voulais faire. Honnêtement, je n'en avais aucune idée. Je ne connaissais pas du tout la ville, on pouvait en profiter pour la visiter. Ce à quoi Plum avait également songé. Elle me proposa de faire un tour des endroits les plus intéressants de la ville. Bonne idée. Elle avait vraiment bien préparé le voyage. Pour le moment, tout était parfait. J'espérais intérieurement que ça durerait ainsi toute la durée du séjour. La présence de Frida m'était agréable, nous n'étions que nous deux. De retour à San Francisco, tout allait redevenir comme avant, j'en avais bien peur. Je ne voulais pas me retrouver seul, à repenser à Narcissa. Malheureusement, je n'arrivais pas à oublier cette dernière. Mes sentiments étaient bien présents, toutefois, j'avais espoir qu'avec Plum, j'oublierais tout. Mouais. « J'aime l'idée. Allons-y ! Puis, il ne faut surtout pas oublier d'aller à plage en fin de journée, ça sera parfait pour terminer notre première journée. » Je lui fis un clin d'oeil et remis mes lunettes de soleil pour sortir de l'hôtel.

En fin de journée, après le tourisme, nous étions exténués et pourtant, ni l'un ni l'autre ne voulait se séparer. De plus, il nous restait encore une dernière chose à faire. J'emmenai Plum sur la plage, il y avait peu de monde et le paysage était réellement sublime. Le son des vagues avait quelque chose de paisible et rassurant. C'était un bel endroit pour se reposer après cette longue journée. « J'aime me promener la nuit sur la plage, c'est réconfortant et si beau. » Je m'assis alors sur le sable fin, pas trop loin de l'eau. « Je suis content d'être ici avec toi, Plum. » Je me retournai vers elle, la contemplant avec un léger sourire exprimant ma sincérité. En cet instant, Narcissa s'était évaporée de mes pensées, il n'y avait plus que Plum. Mais, pour combien de temps ?

Je parvenais à lire dans le regard de la blonde toute sa joie et son soulagement. Elle était ravie par la confession que je lui avais faite. Mais, sa satisfaction laissait paraitre un autre type de sentiment. Quelque chose de fort, lié à de l'affection. Elle avoua également apprécier ma compagnie et me remercia d'être venu. Je souris alors et lui répondis que c'était avec plaisir. Je continuais de contempler son joli minois, me demandant si la demoiselle n'était pas amoureuse de moi, ou un truc du genre. Je ne l'avais pas remarqué auparavant, et j'étais bien trop pris par Narcissa pour le voir. Et mes pensées furent confirmées dès lors que Plum posa ses lèvres sur les miennes. Je ne savais pas si je devais répondre ou non à son baiser. Sans avoir le temps d'agir, elle décolla ses lèvres des miennes pour s'excuser juste après. La pauvre était toute confuse et gênée. Une nouvelle fois, je ne savais pas quoi faire. Puis, elle décida de retrouver son lit, trop fatiguée par la journée. Je déduisais que c'était une excuse pour m'éviter. Au moment où elle s'en alla, je me levai pour aller la rattraper par le bras et l'attirer contre moi pour l'embrasser. J'ignorais si je le faisais pour ne pas qu'elle se sente mal ou si c'était parce que j'en avais envie, mais c'était un geste spontané. Et sans mentir, je désirais Plum depuis bien longtemps. Cette femme m'intéressait vraiment. Je n'étais certes pas amoureux d'elle, mais là, au moment même où je l'embrassais langoureusement, je me surpris à apprécier l'idée de me mettre avec elle. Une sorte de seconde chance pour notre couple. Etait-ce possible ? Si oui, je sentais bien que, dans le fond, je le faisais par intérêt. Cela me permettrait d'obtenir ma vengeance pour ce que m'avait fait Narcissa car je savais que ça l'énerverait au plus haut point et c'était ce que je voulais. Par ailleurs, Plum serait la personne idéale pour tenter d'oublier ma précédente petite-amie. Avec le temps, elle gagnerait peut-être mon amour... C'était une vision bien trop optimiste de la chose, qui ne me ressemblait guère. Je tirerai avant tout beaucoup de bénéfice avec Plum, c'était vrai, cependant, même si l'idée m'attristait, je devais admettre, à contrecoeur, qu'il y avait peu de chance que je parvienne à oublier définitivement Melle Sinclair. Je me détachais soudainement de la belle blonde, la fixant droit dans les yeux, en souriant. Je ramenai une de ses mèches présente sur le front derrière son oreille, tout en ayant une main qui tenait sa taille. « Tu comptes vraiment me laisser tout seul, alors qu'on est bien ensemble ? » Je gardais mon sourire, ne la quittant pas du regard. Peu importe là où nous allions, je tenais quand même à Plum, et elle méritait de sortir indemne de cette aventure. Inutile de la faire souffrir une fois de plus.

Etions-nous un couple ? J'en avais envie, mais pas pour des raisons "normales". Bien que j'aimais beaucoup Plum, mon coeur ne lui appartenait pas, il y avait encore une autre blonde dans mes pensées. Je m'en voulais de ne pas partager l'amour qu'elle devait me porter car elle était le genre de fille qu'on ne voulait pas voir souffrir, pleurer... Je n'avais pas le droit de lui faire ça, pas une fois encore. Pourtant, un connard reste un connard et je voyais là, l'occasion parfaite pour me débarrasser de Narcissa, me venger et de, pourquoi pas, construire quelque chose de sérieux avec Plum. Rien n'était sûr, bien au contraire. Mais peu importait. Sur le coup, je sentais bien la chose. J'allais me mettre avec la jeune femme, profiter de notre nouvelle relation et... On verra bien d'ici là ! J'espérais juste que l'on ne s'envolerait pas trop haut ensemble, pour que la chute ne soit pas trop douloureuse, voire fatale. Se mettre en couple par intérêt. C'était ce à quoi j'étais accoutumé lorsque j'étais un peu plus jeune. Plum avait ressorti mon ancien "moi". Je ne le lui reprochais pas, non, cela me faisait juste sourire. Décidément, le naturel revenait toujours au galop.

Lorsque la demoiselle voulait comprendre ce qu'il advenait de nous, elle était si confuse que j'oubliais mes pensées et me concentrais plutôt sur elle, tout en gardant le sourire. « Parce que je suis vraiment bien avec toi Plum. Tu as été là quand j'en avais besoin et que... » Je marquai une pause pour réfléchir à ce que je pouvais bien lui dire. Je n'étais pas amoureux d'elle, c'était évident, mais elle, elle l'était. Je n'avais aucune envie de lui mentir, pas maintenant. Mais c'était peut-être déjà trop tard ? Je plantais mon regard dans le sien pour lui faire une fausse confession. « Je ne veux être qu'avec toi pour le moment, je m'enfous des autres, du reste. Je ne veux que toi. » Même s'il y avait une part de vérité dans la phrase, là où j'admets ne vouloir qu'elle, à y réfléchir davantage, je me doutais bien que sur le long terme, cela s'avérait complètement illusoire. J'avais envie de me mettre une baffe dans la gueule mais je me retenais. J'embrassais à nouveau la belle blonde histoire de confirmer mes propos. Puis bon, elle était craquante sous son air innocent et intrigué. Cette nuit cependant, elle sera beaucoup moins innocente. Et moi de même.