| Mar 26 Mar - 1:07 | |
| Lera jeta un énième coup d’œil à la cuisson de son moelleux au chocolat et comme convenu, celui n’avait pas subi de modification depuis les trente dernières secondes. Elle referma le four et entrepris de repasser un coup sur le plan de travail, déjà pourtant impeccable. Il était curieux de constater d’observer les effets du stress sur elle. Stressée, oh ça, oui elle était. Et comme à chaque fois qu’elle sentait monter l’angoisse depuis le début de sa grossesse, elle cuisinait, ne pouvant plus compter sur le tabac pour la détendre. Ainsi, depuis qu’elle était rentrée hier soir, elle avait déjà fait près de cinq gâteaux, dont elle se demandait quoi faire, d’autant plus que le sixième était sur le point de les rejoindre. Agacée par son propre comportement, elle s’empara d’une assiette, se servit un bout de pâtisserie et alla s’installer sur le canapé, ne lâchant pas du regard l’horloge du salon. C’était bientôt l’heure. Pour calmer sa montée d’angoisse, elle prit un bout et le chocolat eut bientôt l’effet l’escompté. Elle ne pouvait plus reculer désormais, elle savait, et Dieu qu’elle aurait souhaité ne pas être à sa place. Personne d’ailleurs. Elle ignorait d’ailleurs la manière dont elle allait procéder pour le lui annoncer, y avait-il vraiment une méthode pour ce genre de nouvelle ? Elle ne doutait pas que William n’ait pas prévu d’enfants dans l’immédiat, encore moins avec elle, au vu de leur relation…si relation il y avait. Il était difficile de définir ce qui les unissait à vrai dire. Lera n’en était pas non plus capable. Ils n’étaient pas amis, du moins au sens strict du terme, amants peut-être. Elle ne savait pas. De toute manière, cela n’avait plus grande importance puisqu’ils allaient un obtenir un nouveau titre, celui de parents. Parents…elle eut un sourire. William, elle, un gosse. Qui l’eût cru. Sans qu’elle ne s’en rendît compte, son plat se trouvait complètement vide. Si elle persistait dans cette voie, elle finirait par devoir se déplacer en rampant ou en roulant, telle une otarie échouée sur le bord de la plage avant la fin de sa grossesse. Elle n’avait jamais autant mangé durant ces trois semaines que dans sa vie entière, encore plus lorsque l’on rendait visite à ses grands-parents, qui n’avaient eu de cesse de vouloir la gaver comme une oie, selon ses propres dires. La sonnerie retentit soudain. Elle sursauta si fort que le chat à ses côtés bondit de son perchoir. Il n’était plus possible de reculer, au pire, comme lui avait dit sa cousine, elle n’aurait qu’à retourner en Lituanie épouser l’homme que son grand-père lui avait présenté. Elle sourit et se leva enfin pour aller ouvrir à son invité, après une escale dans la cuisine. Elle se glissa sur le côté pour le laisser entrer et puisant dans ses vestiges d’assurance, elle retourna vers lui. « Tu veux quelque chose à boire ? » |
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