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Kozmic blues | Kahina i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Dim 3 Fév - 12:16 | |
| Attrapant ma valise, j’enfilai mes lunettes de soleil et sortis de la bâtisse. Je patientai encore un bon quart d’heure avant qu’un taxi vide ne veuille bien apparaître. J’étais épuisée, et encore ceci n’était qu’un doux euphémisme. J’avais passé ces derniers jours à sillonner les Etats-Unis à cause de mon travail, je n’aurais jamais pensé qu’il me prendrait tant de temps. Sans doute devrais-je éviter de me plaindre puisqu’être aussi demandée voulait dire que j’étais douée donc je devais m’en sentir flattée. Je l’étais, réellement, néanmoins le rythme que l’on m’imposait était des plus soutenus, loin d’être humainement possible. Il y a quelques jours encore j’étais à la nouvelle-Orléans avant d’échouer quelques heures plus tard à Jacksonville pour une soirée où il me fallait représenter mon magasine, puis d’être envoyée quelques temps plus tard à New-York et puisque Boston n’était pas très loin, je décidai de rendre visiter à Kahina avant de repartir pour San-Francisco où une autre réception m’attendait avant de repartir de nouveau, pour Londres cette fois. Je ne me rendis compte que je m’étais assoupie que lorsque le chauffeur m’annonça que nous étions arrivés à destination. Je réglai la course, pris mes affaires et m’extirpai finalement de l’habitacle. Le hasard voulut que l’ascenseur soit ce jour-là en panne ce qui me forçait donc à emprunter la cage d’escaliers. Génial. Ce fut donc une Lera essoufflée et chancelante qui frappa plus tard à la porte de Kahina.
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| | | | Dim 3 Fév - 17:44 | |
| Depuis qu’elle était à Boston, la vie de Kahina avait pris une pente abrupte, de nouveau. La vérité était qu’elle n’appréciait pas cette ville. Oui, Boston était splendide, mais ses amis, sa famille, Domenico n’y étaient pas. Et elle se sentait tellement seule, à un point inimaginable même. Sa vie ne tournait plus qu’autour du travail. La jeune femme, un jour ayant été un rayon de soleil dans la vie de plusieurs personnes, était maintenant devenu un amas de gris. Elle se détruisait elle-même, et elle le savait… Et elle s’en foutait. Elle détestait tout d’elle. Et elle se détestait encore plus d’être partie de San Francisco. Elle l’avait fait en premier lieu pour Domenico, et celui-ci ne voulait plus rien savoir d’elle. Et il avait raison. Après tout, qui veut bien d’elle de toute façon? Elle ne fait que travailler, et lorsqu’elle est chez elle, elle broie du noir. La vérité est là. La blondinette est de retour dans une immense dépression, et ce, depuis octobre, tout du moins. Elle avait recommencé à prendre des médicaments, sans réellement songer à l’addiction qu’elle avait eu auparavant. Or, ça revint aussi. Tranquillement, mais c’était là. En octobre, elle ne prenait pas encore vraiment de médicaments. Présentement, elle était pratiquement près du dosage létal. Elle en consommait trop, mais elle aimait le sentiment. Celui de flotter, celui de s’évader de sa douleur intérieure. Elle se sentait si bien, loin d’elle-même. Si bien, loin de ses problèmes. Si bien, s’endormir, tout doucement, sans un seul tracas.
Quelques heures plus tard, elle était toujours sur son divan, sous les vapes de la médication encore. On pourrait croire qu’elle est droguée. Et elle entendit cogner à la porte. Elle voulait aller répondre, mais son corps refusait de bouger. Enfin, après quelques instants, elle réussit à poser un pied par terre. Elle releva tout doucement son corps, posa son second pied par terre, et se leva. Elle chancelait. On aurait cru qu’elle pourrait tomber à chaque pas. Elle regarda dans le judas de la porte et y distingua un visage familier. Lera. Son corps au complet s’alarma. Merde. Elle ne pouvait pas la voir dans cet état. Et pourtant, elle ne pouvait pas l’ignorer non plus. Elle débarra alors la porte et ouvrit celle-ci, prenant bien soin de se tenir au cadre de la porte pour se soutenir, incapable de rester debout par elle-même à l’instant. Elle tenta d’esquiver le sourire le plus sincère qu’il lui était possible à l’instant. « Lera! Quelle surprise! Entre! » Et elle se recula de la porte, tentant si bien que de mal de ne pas laisser montrer son déséquilibre.
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| | | | Mer 6 Fév - 15:02 | |
| Ma visite chez Kahina n’était en aucun cas de courtoisie, certes me manquait-elle mais j’étais parvenue plus ou moins à m’accoutumer à son absence à San-Francisco, bien que cette situation demeure des plus étranges. Il était certain avant qu’elle ne s’en aille, il lui arrivait d’être très souvent en déplacée mais c’était différent, et son appartement vide venait confirmer ce fait. En outre, ma dernière discussion avec elle et surtout ces dernières publications sur ce fameux réseau social qu’était Facebook m’avaient alarmée. Je n’ignorais pas qu’elle n’était pas bien, que cette situation ne lui plaisait pas autant qu’à moi, que ce froid hivernal qui avait gelée ses relations avec son meilleur-ami la tuait à petit-feu. Chose tout à fait compréhensible puisqu’il était l’une des personnes les plus importantes dans son existence, si ce n’était la plus importante, après tout ils se connaissaient depuis si longtemps, avaient vécu tant de choses, tant d’épreuves ensembles, cela renforçait à coup sûr les liens.
Alors que ne fut pas ma surprise lorsqu’elle vint m’ouvrir. Son était. Son teint. Son regard, éteint. Je restai un moment hébétée, la fixant de haut en bas. Bon, je devais reconnaître que cela ne me surprenait pas tellement néanmoins, je n’imaginais pas que cela fût aussi grave. Son visage blafard, de profonds sillons de cernes s’étaient confortablement installés sous ses yeux. Un frisson me parcourut. Je n’aimais pas la tournure que prenaient les évènements. Je pénétrai dans l’appartement et entendant la porte se refermer derrière-moi, je déposais mes effets dans un coin avant de faire de nouveau face, l’air soucieux. Malgré tous ses efforts pour se jouer des apparences, son état n’échapperait à personne. Son pas était chancelant, elle donnait l’impression de pouvoir s’effondrer d’une seconde à l’autre. Je compris alors. Elle avait recommencé ses conneries de médocs.
« Putain, Kah, pourquoi t’as fait ça ?! »
Question stupide. Nous connaissions tous deux la réponse. Et je doutai que cela fût judicieux de lancer une telle discussion vu l’état actuel des choses.
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| | | | Mer 6 Fév - 19:15 | |
| C’était drôle de remarquer à quel point les apparences pouvaient être trompeuses. Lorsqu’elle est au travail, personne ne pourrait soupçonner que Kahina prend des médicaments à n’en plus finir. Elle montre une apparence soignée, elle semble forte et au-delà de toutes ces superficialités. Et elle excelle dans ce qu’elle fait. Mais lorsqu’elle est chez elle, elle ne se voile pas le visage. Elle reste seule, dans son salon trop grand pour une seule personne. Oui, elle a un son métier rêvé, elle fait d’excellents salaires, elle voyage très souvent. Mais à quoi tout cela lui sert-elle si elle n’est pas heureuse. Elle a beau aimé son métier, il y a quelqu’un qu’elle aime plus que tout ce qu’elle possède. Et cette personne ne l’aime pas en retour. Alors elle est là, seule, dans son grand salon, dans son immense appartement, dans cette grande ville, à se sentir seule au monde. À se sentir perdue. À se sentir abandonnée. À se sentir dériver peu à peu vers de grandes chutes qui l’emporteront bientôt sous les tourments de vagues, qui l’entraîneront bientôt dans la profondeur des eaux tumultueuses. Qui l’entraîneront bientôt vers l’infini.
Kahina venait d’ouvrir la porte à Lera, une bonne amie de San Francisco qu’elle n’avait pas vu depuis des lustres. Et elle tenta alors de cacher du mieux possible son piètre état, sa difficulté à avancer droit devant. Mais Lera la connaissait beaucoup trop, et elle ne savait que trop bien ce petit tour. Kahina ne pouvait rien lui cacher. Elle se sentit alors paniquée. Elle ne voulait pas que Lera soit au courant de sa situation. Mais Lera ne savait que trop. Et Kahina vit ses doutes se confirmer lorsque son amie lui lâcha : « Putain, Kah, pourquoi t’as fait ça ?! » La blondinette ne savait que répondre. Elle savait pourquoi. Elle ne voulait juste pas l’avouer. Elle ne voulait pas en parler. Elle voulait se convaincre que tout allait bien, que tout allait s’arranger. Elle voulait éviter le sujet, elle voulait retourner en arrière… Elle voulait partir. « Moi aussi, je suis heureuse de te voir, Lera. » Elle tenta, non-habilement, de changer le sujet, souhaitant que Lera oublie cet épisode. Elle se dirigea de nouveau vers son salon, tant bien que de mal, et vint trouver son divan. Elle s’asseya. Enfin, elle n’avait plus à se tenir sur ses jambes, jambes qu’elle ne sentait d’ailleurs plus du tout.
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| | | | Sam 2 Mar - 20:14 | |
| [justify]J’avais finalement bien fait d’écourter mon séjour à New-York pour venir voir mon amie et les inquiétudes qui m’avaient dévorés les entrailles durant toute la durée du trajet, s’en trouvaient justifiées. C’était une mauvaise idée que de la laisser vivre ici, toute seule, dans une ville où elle ne connaissait personne. Et d’ailleurs, j’aurais mi ma main au feu qu’elle ne s’était pas fait d’amis, du moins de relation, la connaissant elle avait sans doute mis sa vie sociale entre parenthèse et s’était exclusivement dédiée au boulot, corps et âme. S’épuisant à la tâche afin d’éviter de penser ? Sûrement. C’était bien le style de Kahina de faire une telle chose, de toute façon, elle avait déjà commencé cela en vivant à San-Francisco, s’octroyant un tour du monde avec son boulot, pourtant en revenant elle pouvait toujours nous trouver. Passer à la maison afin de se changer les idées ou inversement alors qu’à Boston elle n’avait rien d’autre que son immense appartement.
« Putain, Kahina te fous pas de ma gueule, je trouve pas ça drôle ! »
Comme d’habitude, je m’emportai, il faudrait que je songe à faire quelque chose pour canaliser mes pulsions, cela risquerait fort bien de me jouer un tour un jour. Je balançai mon sac dans un coin, peu soucieuse de l’endroit où il atterrirait et me dirigeai vers mon amie. Je ne savais que dire, j’ignorais quel était le protocole, s’il y avait même quelque chose à dire dans une situation pareille. J’allais m’installer à ses côtés, silencieuse et songeuse. Elle ne pouvait plus continuer ainsi, il était temps de faire quelque chose, mais quoi ? Là était toute la question. Le point de départ serait sans doute qu’elle fût entourée, donc qu’elle revint avec moi à San-Francisco, idée que je ne tardai que je ne tardai pas à lui soumettre.
« Kah, il faut que tu rentres à SF, tu es isolée ici en plus de bosser comme une malade, c’est pas bon pour ton moral et le reste alors…rentre avec moi »
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