✱ JOB : Styliste & Photographe. Mannequin de temps à autres. ✱ SITUATION : célibataire ✱ ORIENTATION : Hétéro (et personne veut le croire bande de faux amis u_u ) ✱ ÂGE : 26 ans ✱ ORIGINE : Chantilly, France ✱ AVATAR : Sam Beeton ✱ GROUPE : familly
[size=10]► <span class="pris">Sam Beeton</span> ✱ L. Arthur Duvall[/size]
✱ UN PTIT MOT? non
JE PRENDS CONNAISSANCE DU FAIT QUE POH EXPLOITE SON JEU ÉGALEMENT SUR FACEBOOK ET QUE ME CRÉER UN COMPTE EST RECOMMANDÉ, QUE MON PERSONNAGE POURRAIT FIGURER DANS LES ARTICLES DE LA BLOGUEUSE TRUE LIE ET QUE J'AI PASSÉ LE TEST PSYCHOLOGIQUE POUR VENIR ICI AU PRÉALABLE
Nat'
this is my story
« I want love to murder my own mother »
Février 2010, Paris. Je reviens de l’enterrement, ma sœur et mon frère restent à l’appartement ce soir. Je les entend dans le salon, mais je suis incapable de distinguer un mot de ce qu’ils racontent. Il faut dire que je n’écoute pas la conversation. Je ne comprends plus rien depuis tout à l’heure. Ni le but des visages tristes ou compatissants que j’ai rencontrés, ni les condoléances qu’on a pu m’adresser. Tout cela s’est passé comme dans un film américain… « Surréaliste ». Je ne réalise pas la situation actuelle. D’accord, je suis seul dans mon bain et je le serai toujours à partir de maintenant, qu’est-ce qu’il y a d’autre à savoir ? Je dormirai seul, je me ferai à manger seul, je conduirai la voiture seul, je continuerai ma vie… seul.
Mon regard se leva au plafond et sans que je m’en rende vraiment compte, je laissais mon corps glisser au fond de la baignoire jusqu’à immerger totalement ma tête dans l’eau. J’étais épuisé par les événements de ces derniers jours et il me fallait du repos. Et puis je voulais rejoindre ma fiancée… on devait se marier cet été, mais ce ne serait pas possible dans cette vie. Sans tenter de me retenir, je fermais les paupières et me laissais aller complètement en espérant m’endormir au plus vite.
On ne savait plus trop quoi faire pour notre frère. Il a arrêté de parler du jour au lendemain et heureusement que Louis est allé voir ce qui se passait dans la salle de bain, le soir de l’enterrement, sinon je pense qu’Arthur se serait noyé inconsciemment. En tant que psy, ça m’embête vraiment, cette situation. J’aimerais l’envoyer consulter quelqu’un… mais c’est impossible d’avoir la moindre conversation avec lui. Il ne dit rien, pas un mot. Je ne l’ai pourtant pas vu pleurer non plus. On dirait qu’il a cessé d’exister. Cela va faire trois mois depuis l’incendie qui a coûté la vie à sa copine et on reste incapables de retirer la moindre chose de lui. Notre famille est riche, donc le fait qu’il ne travaille plus n’est pas un problème, puis-ce que de toute façon, on bosse et on cohabite ensemble au domaine (écurie de compétition), mais le fait de ne pas savoir ce qui se passe dans la tête de mon frangin me déplaît… qui sait ce qu’il serait capable de faire du jour au lendemain ? Depuis qu’il est petit, il a toujours été très lunatique et pouvait se montrer franchement inquiétant lorsqu’il commençait à parler tout seul. Rien de méchant, bien sûr, on le reconnaît d’ailleurs comme étant « le rêveur » de la tribu, mais à présent, compte tenu des circonstances… je ne voudrais pas qu’il développe une schizophrénie ou quelque chose comme ça.
Octobre 2010
Marie n’est plus là, c’est un fait et je commence à l’accepter. Par contre, je suis soulagé de savoir que son accident n’a pas côté la vie à la petite fille qu’on attendait tous les deux. Elle est là et me suit partout, je lui apprends comment s’occuper des chevaux lorsqu’il n’y a personne dans les écuries et je suis content. Pour faire simple, elle me donne une raison de sourire, mais je préfère ne pas en parler aux autres pour le moment… d’ailleurs, lorsque quelqu’un entre dans la même pièce que nous, elle me demande de me taire avant d’aller se cacher. À chaque fois. Elle dit qu’elle a peur.
« C’est pas possible, on doit faire quelque chose avant qu’il se détruise tout seul. Je ne sais pas si tu te rends compte, mais il est persuadé que sa gamine à au moins six ans, là… il a complètement perdu la notion du temps et il s’isole dans un monde imaginaire! » « Ah merci, j’avais pas remarqué, tiens. Ni ça, ni le fait que maman chiale régulièrement quand elle l’entend causer tout seul. Et tu veux faire quoi, hein ? Tu veux qu’on fasse comprendre comment à un mec de vingt-cinq ans qu’il délire complètement ? » « Je vais l’amener chez un de mes collègues, il trouvera bien une solution d’amener ça en douceur… »
La porte de la cuisine était ouverte et une tête apparut dans l’encadrement. Arthur balayait son regard entre son frère et sa sœur d’un air complètement abasourdi avant de froncer les sourcils, comme pour chercher à donner un sens à la situation. Lorsqu’ils le remarquèrent, Louis et Emma se retournèrent subitement, paniqués.
« C… c’est pas ce qu’on a voulu dire, prends pas ça au… »
Le frère ainé soupira d’exaspération.
« Bien sûr que si, arrête de vouloir le protéger. C’est un adulte, pas un petit garçon, merde ! T’as très bien entendu, Leo. On est en 2010, l’accident était cette année, fais le calcul… »
Voyant qu’il ne pouvait pas compter sur sa sœur, le jeune homme se leva de sa chaise pour s’approcher de son cadet et le prendre par les épaules. Ce dernier avait cessé de bouger entre temps et le fixait avec toute son attention, comme si son cerveau acceptait enfin de recevoir de nouvelles informations venant de l’extérieur, à présent qu’on avait souligné une incohérence dans son raisonnement interne.
« Hey, ça va…? »
Le plus jeune des deux resta immobile encore quelques secondes, puis s’écroula complètement dans les bras de son frère en éclatant finalement en sanglots.
Réveilles toi.
Ainsi, il était temps de faire face à la réalité. Tous ces mots que je n’avais pas prononcés durant des mois sortirent de moi sous la forme de cris, de pleurs et de questions concernant l’injustice dans ce monde, durant près de trois jours. On me donnait des calmants pour m’aider à gérer la situation, mais tout cela restait particulièrement difficile. J’avais plus d’une demi-année de retard dans mon deuil et l’impression de débarquer dans un nouveau monde qui ne m’était plus familier me collait à la peau, si bien que j’avais commencé à me l’arracher tout comme mes cheveux pour extérioriser mon mal-être. Cette perte de contrôle totale de mes émotions semblait pourtant moins inquiéter mes proches. « Enfin une réaction normale », qu’ils vous diront. C’est vrai que j’ai toujours eu tendance à garder en moi tout ce que la vie m’apportait et que là, j’en étais venu au point de m’inventer un nouveau monde dans lequel j’aurais finalement très bien pu m’en sortir s’il n’y avait pas eu ma famille pour me tirer de l’autre côté du fossé.
Comme le voulait ma sœur, je suis allé voir un psy et j’ai ensuite commencé à reprendre mon travail là où je l’avais laissé une fois que mon mental fut à peu près stable. Pour cela… laissons nos chevaux et partons direction Londres, si vous voulez bien me suivre. Excusez-moi pour ce contre temps dans l’histoire de ma vie… il y a effectivement une autre facette de moi que je dois vous présenter.
Effectivement, Arthur Duvall est une jeune recrue de la maison Burberry qui l’a engagé lorsqu’il venait de terminer ses études de stylisme à Londres. Travaillant en tant que styliste pour la marque Britannique en parallèle de sa vie privée, le français s’était cependant arrêté de dessiner lors de la perte de sa fiancée.
Depuis 2010, j’ai gentiment repris mes forces et j’essaye tant bien que mal de me réintégrer dans une relation amoureuse, mais j’en suis encore incapable aujourd’hui. Malgré cette corde sensible chez moi, ne sous-estimez pas mon mental. Je ne suis pas du genre à me laisser déstabiliser facilement et la plupart de mes connaissances me voient comme un appui pour eux plutôt que comme un être fragile. Je sais être fort. Je sais comment cela fonctionne… mais comme pour tout le monde, les événements poussent même les plus assurés d’entre nous à perdre leurs repères. Il m’arrive parfois d’avoir des hallucinations encore maintenant, d’ailleurs, mais laissez-moi vous rassurer tout de suite : j’ai appris à faire la part des choses.
Quoi qu’il en soit !
On m’a proposé un poste à San Francisco le mois dernier et j’ai accepté avec plaisir de me déplace jusqu’en Amérique. Ca me fait plaisir que mes patrons valorisent mon travail, et j’espère bien rencontrer de nouvelles personnes pour approfondir mes connaissances, surtout en ce qui concerne la photographie puis-ce que je commence à m’y plonger aussi. Boulot, boulot… oui, je n’ai que ce mot en tête et si vous me dites que c’est surement une technique pour ignorer un problème sous-jacent, je ne pourrais pas vous contredire. Nous connaissons tous très bien le sujet fragile chez moi… mais ça n’est pas impossible pour moi d’en parler pour autant.
Franchement ? Je suis serein. Mélancolique, certes, mais je m'en sors.