J'ai du quitter le boulot un peu plus tôt ce soir, question que je ne sois pas en retard à mon rendez-vous avec Lera. Je suis toujours en retard d'habitude, mais puisque nous nous sommes vue il y a longtemps, elle l'aurait peut-être pris mal que je sois en retard. Je ne voudrais pas qu'elle pense que notre amitié n'est pas importante à mes yeux. C'est dans cet état d'esprit que je pousse la porte du Elbo Room, j'ai toujours aimé cette endroit qu'il me rappelle les petits pubs de ma patrie. Est-ce que je m'ennuie de Londres? Parfois oui, mais le souvenir de la perte de Freya me fait aussitôt reculer, comme si mon retour en Europe met interdit.
Je m'approche du bar et y prends place, le temps que mon amie arrive. Elle peut me repérer plus aisément encore plus quand je vais avoir ma guiness à la mains. Je dois être le seul qu'il boit cette bière dans ce bar! La jolie Barman vient à ma rencontre pour prendre ma petite commande.
- Une Guiness s.v.p mademoiselle.
Elle glousse légèrement quand elle perçoit mon accent anglais. Malgré quelques années passées en sol Américain, je n'ai toujours pas perdu mon accent qui met cher. En plus ça plaît aux femmes alors pourquoi je prendrais l'accent américain qui n'a pas vraiment de charme? La jeune femme revient avec ma consommation et je peux savourer le goût si particulier de cette bière. Pendant que je savoure ma boisson favorite une main se dépose sur mon épaule doucement.
- Bonsoir Lera.
Ce ne peut qu'être qu'elle après tout, je me tourne dans ça direction et lui fait mon plus beau sourire charme en plus. Je lui tends la joue pour avoir mon bisou pour ensuite lui rendre.
- Comment vas-tu ma douce amie?
Je suis curieux de savoir ce qu'il lui est arrivé dans sa vie dernièrement. Je suis heureux de pouvoir passer du temps avec elle, car elle a toujours été d'un délicieux réconfort pour moi.
Très longue journée. Véritablement. Je suis crevée et n’ai qu’une envie prendre un bain puis me coucher. Mais je ne peux pas, j’ai promis à James de le rejoindre à l’Elbo Room, à l’heure bien évidemment. Cela me fera plaisir de le voir avec tout ce dont j’ai dû faire face au boulot. Je suis maintenant certaine que ma chef a une dent contre moi, il ne peut en être autrement. Une de mes collègues est absente et c’est naturellement vers moi qu’elle s’est tournée pour que je fasse le job de cette dernière en plus du mien et des tâches subalternes, de quoi bien m’occuper. Je n’ai même pas eu de pause déjeuner, non pas que cela me dérange en soi mais disons que dans ce planning chargé qu’elle m’a octroyé je n’ai même pas une minute à moi pour souffler ne serait-ce qu’un peu. En plus cette conne d’Indiana qui passe le plus clair de son temps à me battre les bâtons dans les roues comme si elle n’a franchement rien de mieux à faire ! Cela devait être à elle qu’on aurait dû confier ce boulot puisqu’elle semble tellement avoir de temps libre qu’elle ne sait qu’en faire. Je soupire et en profite pour m’allumer une cigarette. J’ai plutôt à me calmer un peu avant de rejoindre mon ami, je ne tiens pas à ce qu’il écope de mon humeur massacrante. La nicotine fait son effet et je me sens un peu apaisée, ce n’est pas encore ça mais ce n’est déjà pas si mal. Un coup d’œil à ma montre m’indique j’ai encore un peu petit moment devant alors je décide de m’y rendre à pied. Aussi étrange que cela puisse paraitre, marcher m’avait toujours tranquillisée. C’est une activité pour laquelle je suis très rapidement accro. Ma clope terminée, j’en prends une autre. Je remarque que depuis que je travaille à Esquire, ma consommation de cigarette a augmenté de façon conséquente, ma santé ne devrait pas à tarder à en pâtir, mais bon d’ici là, gérons le stress comme on le pouvait. Je me rends maintenant compte que travailler pour un magazine aussi prestigieux n’est pas de tout repos surtout que grâce à ton magnifique caractère de merde, tu t’attirais les foudres de ton supérieure et quelques collègues. J’ai tout intérêt à produire du bon boulot si je ne veux pas me retrouver à la porte et heureusement pour moi c’est le cas. Enfin j’imagine sinon j’en aurais déjà entendu parler. Je n’ai continué sur cette voie. Je suis devant le bar. J’écrase le filtre de ma cinquième ou sixième cigarette, je ne sais plus, quelle importance et pénètre dans le bâtiment. Je jette un regard circulaire à la pièce et repère immédiatement mon anglais préféré, de dos, certes mais je n’ai aucun mal à le reconnaître, merci sa tignasse rousse et puis quelque chose en lui clame « je suis anglais ». Je lui tapote l’épaule, lui fait la bise et m’installe à ses côtés. « Une Guinness, comme toujours, à ce que je vois » je remarque en souriant avant de me tourner vers la barmaid qui me détaille froidement. Génial, qu’est-ce que j’ai bien pu lui faire à celle-là ? Cela ne fait même pas cinq minutes que je suis là. Je commande une vodka et prie pour qu’elle ne rajoute pas un ingrédient secret comme sa salive par exemple. « Ecoute, je suis épuisée, ils ont décidé de me torture au boulot et je crois que ma chef ne m’apprécie pas vraiment. Elle prend un malin plaisir à m’écrouer de travail ! » Je soupire de manière théâtrale. « Et toi alors ? » Quelques instants plus tard, mon verre est déposé. J’observe un instant la barmaid et comprends très vite son animosité à mon égard. « Jamie, je crois que tu lui as tapé dans l’œil » j’informe mon ami en faisant un signe discret vers la jeune femme.