J'allais tourner la clé dans la serrure quand je me rendis compte que j'avais oublié mon portable. Je stoppai mon geste, rouvris la porte et me précipitai de nouveau dans l'appartement. Lera était devant la télé, assise sur le canapé. Je me précipitai vers ce dernier où j'étais assise seulement quelques minutes plus tôt, et m'empressai de soulever les différents coussins pour trouver enfin mon précieux Blackberry. Je sortis de nouveau de l'appartement, après avoir lancé un « A tout à l'heure ! » à Lera, mais ma colocataire ne sembla pas m'avoir entendue, tellement elle était absorbée par la télévision. Peut m'importait. Du coup je ne fermais pas à clé, puisque je me rappelai que je n'habitais pas toute seule ici. Je descendis les marches - il n'y en avait pas tant que ça, puisque nous habitions au premier - et me retrouvai dehors après avoir franchi la porte de la résidence.
Cette journée était une vrai journée d'été. Le soleil brillait, les petits oiseaux chantaient bref, le bonheur. Je remontai les manches de ma veste en jean et déroulai mes écouteurs. Je marchais d'un bon pas, remontant l'allée de la résidence. Arrivée sur le parking, je vis qu'il était bondé et que la plage se remplissait de familles, couples et autres personnes venues en quête de soleil. C'est vrai que j'aurais pu y aller moi aussi, mais aujourd'hui je préférais m'isoler un peu. C'est vrai, c'était un peu énervant quand la plage était prise d'assaut par les premiers touristes venus, et qu'on avait 20 centimètres pour étaler sa serviettes et s'allonger au soleil. Donc aujourd'hui, je voulais changer de coin un peu.
Quand j'étais petite, mes parents nous emmenaient en balade tous les week-end, Jay' et moi. Ils disaient que ça nous faisait du bien de prendre un peu l'air, et puis comme ça on connaissait un nouveau coin de San Francisco toutes les semaines. Maintenant il était vrai que je connaissais très bien la ville. Mais parfois je me retrouvais à des endroits qui me rappelaient des mauvais souvenirs.
Cet après-midi, j'avais décidé d'aller plus vers le nord de la ville. Je n'y allais pas souvent, mais pourtant c'était un coin que j'aimais bien. J'attendis mon bus, les écouteurs dans les oreilles. Je m'efforçais de ne pas secouer la tête en rythme mais cela devenait presque impossible. Une fois assise dans le bus, je me laissai guider jusqu'à mon arrêt. C'était un quartier que j'aimais bien, aussi je déambulait pendant, allez, une bonne heure, regardant les vitrines, les terrasses et les personnes que je croisais. Au bout d'un moment, j'avisai le Starbucks qui bordait la rue et me dit qu'un café ne me ferait pas de mal. J'enlevai mes écouteurs pour commander, et me posai sur une table un peu isolée pour pouvoir réfléchir un peu. Oui, j'avais besoin de réfléchir en ce moment. Andrew était de plus en plus lointain, et je ne savais même pas pourquoi. On se voyait beaucoup moins souvent qu'avant et ça m'énervait. Et en même temps, évidemment, Keith recommençait à attaquer de son côté. Et je dois avouer que mes sentiments envers ce derniers n'étaient toujours pas clair. Je gardais en souvenir ce que j'avais trouvé dans ses affaires et donc pourquoi je l'avais quitté, mais je n'oubliais pas non plus ce que nous avions vécu ensemble. D'ailleurs ces dernières images avaient tendance à être encore plus fortes que la première. Dommage pour moi, l'inverse m'aurait aidé à repousser Keith.
La vision d'une fille blonde, grande et fine m'arracha à mes pensées. Elle me tournait le dos, mais j'avais cru la reconnaître. Cependant je n'en étais pas sûre, et je me levai, jetai mon gobelet vide avant de me diriger vers l'inconnue blonde. Mal à l'aise, je préparai un - faux - sourire, avant de lui tapoter l'épaule pour qu'elle se retourne vers moi et que je vois son visage. Mon sourire se fana. Ce n'était pas elle. La jeune femme blonde me souriait poliment en se demandant ce que je lui voulais. « Oh ... Excusez-moi, je suis désolée, je vous ai prise pour quelqu'un d'autre. » m'excusais-je aussitôt. Elle m'adressa un sourire rapide et se retourna vers le comptoir. Je soupirai. Ce n'était pas elle, et j'en étais bien contente. C'est alors que je me retournai à mon tour pour gagner la porte, que je me retrouvai face à face avec elle. Oksana.
Le soleil brillait sur la ville agitée de San Francisco en cette journée d’été. On pouvait sentir la sueur couler des fronts des personnes qui avaient le malheur de travailler en extérieur et les rues étaient pleines à craquer de touristes qui marchaient avec des casquettes, des ventilateurs miniatures. Il faut dire que vivant ici depuis plus de quinze ans j’avais pu m’habituer aux changements de températures que pouvait montrer la ville, mais l’hiver restait ma saison préférée, me rappelant le froid de ma Russie natale. Cependant, l’été est aussi la saison des robes légères, des shorts et des espadrilles, et ça, c’était tout de même quelque chose de bien. Ma matinée avait été dépensée à trainer dans les rues les plus chics, dans le but de visiter les différentes boutiques qui m’étaient proposées. D’accord, l’argent ne fait pas le bonheur, mais parfois, ça a du bon quand même, pensai-je en jetant un œil vers mes sacs Chanel et Gucci. Considérant ma facture assez élevée et mes achats terminés, je m’autorisai à une ballade dans la ville de Californie, plongée dans mes pensées, me laissant divaguer dans les ruelles les plus ombragées ou dans celles qui me paraissaient plus agréables.
J’aurai pu passer cette séance shopping avec des amis, mais j’avais préféré la faire toute seule. Rien ne vaut un moment de retrouvailles avec soi même devant des étalages de maquillage MAC. Et de cette manière je pouvais aller ou je voulais, et passer ma matinée à ma guise, même si parfois je finissais par m’égarer. Quand la faim vint toquer à la porte de mon estomac, je m’achetai une petite salade dans une baraque sandwich devant laquelle je passais et l’avala en quelques minutes, avant de reprendre ma route. Sans même m’en rendre compte, j’avais fini par me retrouver dans une rue inconnue, bien loin de chez moi. Bah, je prendrai le bus pour rentrer. N’ayant plus rien à faire dehors, mais n’ayant pas encore envie de rentrer chez moi tout de suite, je m’autorisai un détour par le Starbucks Coffee du coin, pour prendre un muffin ou autre douceur en guise de dessert.
En entrant, mon regard se posa immédiatement sur une fille au comptoir. Skye. Une de mes amies, en quelque sorte, bien que notre relation n’était pas au meilleur de sa forme, dernièrement. Je m’approchai discrètement, après avoir commandé rapidement un muffin aux mures et un café au lait. Je remarquai qu’elle était en train de parler avec une femme, ou du moins qu’elle s’excusait pour l’avoir prise pour quelque d’autre. Un sourire en coin se dessina sur mon visage. La jeune fille se retourna alors, manquant presque de me faire sursauter. Nos regards se croisèrent.
OKSANA — Salut Skye.
J’affichai un sourire qui se voulait chaleureux, mais qui était plutôt gêné. Skye et moi étions en froid depuis qu’elle avait « découvert » que si je mettais rapprochée d’elle, c’était plus pour sa popularité que pour autre chose. Bon, elle n’avait pas totalement tort, mais je l’appréciais vraiment, et elle était devenue une très bonne amie malgré ça, et la raison c’est pas forcément ce qui compte, c’est le résultat, hein ? Mais je suppose qu’elle ne l’avait pas vu de cet angle là. Ne sachant quoi dire, j’avançais légèrement, en essayant de garder une assurance inébranlable ;
OKSANA — Ça faisait un bout de temps qu’on s’était pas vu, hein ?
Il me suffit de croiser son regard pour la reconnaître. Après bien sûr, je la détaillais rapidement du regard. Ses cheveux blonds, habillée avec classe, ses sacs de shopping à la main. Dior, Gucci. Oh, mademoiselle avait fait des emplettes. Je me retins pour ne pas lever les yeux au ciel. Maintenant que je savais les détails de notre amitié, cette fille m'exaspérait. Une petite voix me disait parfois dans ma tête que je la regrettais, et c'était vrai. C'était aussi vrai qu'on avait passé de très bons moments ensemble au lycée, riant comme des folles, séchant les cours de sport pour aller faire du shopping, faisant tourner le prof de maths en bourrique et draguant les terminales. Oui, j'avais beaucoup de bons souvenirs, c'était presque trois ans d'amitié après tout. Mais j'avais aussi Riley, Khloée, Morgan, Bliss, Peter, Andrew, et même Lera et Keith, bref d'autres amis qui m'aimaient, eux, pour ce que j'étais.
Je revins à la réalité en entendant la musique de fond changer. Oui, des fois il me suffisait d'un détail pour stopper mes pensées. Je réalisais aussi que cela plusieurs secondes que l'on se dévisageait l'une et l'autre sans rien oser dire. « Salut Skye. » finit-elle par lancer pour briser le silence. Je restais hermétique. Est-ce que j'allais me donner la peine de répondre ? Je n'en savais rien. Je pouvais tout aussi bien lui foutre un vent et m'en aller comme si il ne s'était rien passé. Mais ce n'était pas mon genre de me défiler. « Ça faisait un bout de temps qu’on s’était pas vu, hein ? » continua-t-elle. Elle m'adressa un sourire tout d'abord hésitant, qui devint chaleureux. Chaleureux. Elle se présentait tous sourires devant mois après des mois, et elle me souriait comme si il ne s'était rien passé. Peut être qu'elle voulait que vous redeviennez amies me souffla une petite voix. [Oui j'ai beaucoup de petites voix ET ALORS ->] Mais je n’y croyais pas trop. Enfin je n’en savais rien après tout. Et comme je l’avais dit je n’étais pas prête de me défiler. « Salut, Oksana. » lui répondis-je dédaigneusement. Oui, généralement j’étais un ange, mais je pouvais très bien devenir insupportable quand on me cherchait. Beaucoup de gens le savaient maintenant. « Oui en effet ça fait longtemps, très longtemps. » Je ne rajoutai pas le trop longtemps de rigueur à la formule, puisqu’elle ne m’avait pas vraiment manqué. D’ailleurs, je ne voulais pas traîner, alors je rentrais dans le sujet directement. Et puis quand je voulais demander quelque chose, je n’étais pas du genre à tourner autour du pot, plutôt à rentrer dans le vif du sujet directement. Ca ne servait à rien de faire de gros sous-entendus pendant une demi-heure pour finalement devoir demander la même chose à la fin. « Alors, dis moi Oksana. Tu cours toujours après la popularité des gens ou c’était juste avec moi ? » demandai-je d’un ton neutre. Je ne voulais pas lui montrer que j’étais encore en colère contre elle. Elle n’avait pas à le savoir, et ma colère ne me rendait pas souvent service, car je m’emportais rapidement, je disais n’importe quoi qu’il m’était arrivé de regretter ensuite ou qui pouvait être mal interprété. Je changeai de jambe d’appui, sortit mon BlackBerry négligemment pour vérifier l’heure, comme pour bien signifier que je n’avais pas ma journée et que j’avais autre chose à faire que de discuter avec elle, dans la foule d’un Starbucks.
SKYE — Oui en effet ça faisait longtemps, très longtemps.
La froideur et le dédain que respirait ces mots ne m'étonnèrent pas plus que ça. Bien que dérangée par ce traitement peu chaleureux, je restai de marbre à mon habitude, sans m'énerver ni m'apitoyer sur mon sort. Tout ça n'aurai servit à rien.
SKYE — Alors, dis moi Oksana. Tu cours toujours après la popularité des gens ou c’était juste avec moi ?
Ca avait le mérite d'être clair. Les coins de ma bouche souriante malgré tout s'affaissèrent quelques peu. Le sang froid qui coulait dans mes veines menaçait à chaque seconde de se réchauffer, surtout quand elle sortit son téléphone pour regarder l'heure impatiemment. Si me voir la dérangeait tellement elle n'avait qu'à partir, merci beaucoup ! Les poils de mes bras s'hérissèrent légèrement, et j'étais prête à tourner les talons et m'en aller. Mais ça n'était pas la réaction qu'une grande dame aurait eu, et je restai digne malgré tout. Respirant un grand coup je lâcha sans trop y penser :
OKSANA — Ca dépend, ils sont tous aussi rancunier que toi ?
Je mordis légèrement ma lèvre inférieure. J'avais parlé trop vite. Ca ne m'arrivai pas souvent, mais ça faisait des dégâts. Genée, je passais la main dans mes cheveux, avant de baisse légèrement la tête, puis de la relever et de continuer sans lui laisser le temps de répondre.
OKSANA — Écoute Skye, crois ce que tu veux, mais si on a passé autant de bons moments ensemble - tu dois quand même t'en souvenir - ça n'avait rien à voir avec une quelconque histoire de popularité, même si c'est comme ça que ça a commencé.
Et puis, entre nous, il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat. A sa place j'aurai même été flatté ! Ca voulait dire qu'elle donnait l'impression d'être appréciée - et elle l'était - assez pour que des gens veulent se rapprocher d'elle. Et en plus ça lui fait gagner d'autres amis. Je ne vois pas le problème. Mais bon, si ça la dérange tellement, c'est son problème quelque part. Mais ... je ne sais pas trop ... la perdre pour ça me ferait quand même mal je suppose.
« Ca dépend, ils sont tous aussi rancuniers que toi ? » Allez, prends ça dans ta face Skye. Je n'étais cependant pas surprise. Je l'avais bien cherché, et après tout c'est ce que je cherchais non ? Me disputer avec elle. Juste pour lui montrer combien je n'avais pas oublié. Alors, oui, j'étais rancunière, elle n'était pas la première personne à me le reprocher. Malgré tout, je n'aimais pas que l'on me le reproche. Il passa quelques secondes pendant lesquelles je ne sus quoi répondre. Oksana prit finalement les devants, d'une voix un peu gênée. « Écoute Skye, crois ce que tu veux, mais si on a passé autant de bons moments ensemble - tu dois quand même t'en souvenir - ça n'avait rien à voir avec une quelconque histoire de popularité, même si c'est comme ça que ça a commencé. » Je soupirais. Moi j'en avais un peu marre de cette guerre. D'accord ça m'énervait qu'elle m'ait approché seulement pour ma popularité. Mais n'était-il pas temps de passer à autre chose ? Et puis elle avait raison, on avait passé énormément de bon temps ensemble. Alors même si au début elle m'avait côtoyée pour ma cote, on pouvait penser qu'une belle amitié s'était tout de même créée entre nous. Elle avait l'air assez embêtée, et puis c'était une conversation qu'on avait déjà eu au moins une fois. Je me mordis la lèvre sans m'en rendre compte, un tic que j'avais quand j'étais pensive ou que je réfléchissais. J'hésitais. « Ecoute je ... je sais plus trop quoi penser de tout ça. J'en ai marre de tout ça, mais en même temps c'est vrai que ... notre amitié me manque. » J'avais eu du mal à l'admettre, mais c'était vrai. Elle avait compté parmi mes meilleurs amis pendant mes années lycée, et je n'aurais probablement pas survécu à cet enfer sans elle. « Je te demande juste un peu de temps pour y repenser, d'accord ? » ajoutai-je, malgré moi un peu agacée de me laisser faire aussi facilement, ce qui n'était pas dans mes habitudes.
Je l'avais regardée dans les yeux pour ma dernière question, histoire de lui montrer mon honnêteté.
Skye resta silencieuse pendant quelques secondes. J'attrapai le café au lait brulant que la personne au comptoir me tendait. Ça en avait mis du temps. Alors que je tendais dédaigneusement un billet au comptoir pour régler ma commande, Skye, pensive et hésitante, se manifesta.
SKYE — Ecoute je ... je sais plus trop quoi penser de tout ça. J'en ai marre de tout ça, mais en même temps c'est vrai que ... notre amitié me manque.
Malgré moi mon sourcil droit s'éleva en une courbe parfaite marquant les paroles de la brunette. Tiens donc. J'aurai peut-être du mal à l'avouer, mais une certaine satisfaction s'installa dans un tout petit creux de mon estomac. J'en était presque flattée. Et la flatterie a pour propriété de me calmer en quelques secondes. Et puis .. ce n'était pas que ça .. j'étais heureuse que Skye me dise ça. Sincèrement. Une lueur d'espoir quand au retour de notre amitié naquit dans ma tête, et j'avait bien envie de m'y accrocher. J'eut un sourire - beaucoup plus sincère cette fois. J'hochai la tête doucement pour montrer que j'étais du même avis qu'elle. Moi aussi j'en avais marre et à moi aussi ça me manquait. Histoire d'encourager mon .. amie ? Je répondit d'une voix douce, mais toutefois pleine d'assurance.
OKSANA — Elle me manque à moi aussi.
Skye, m'écoutant à peine, toujours légèrement perdue dans ses pensées planta alors ses yeux dans les miens avec une honnêteté qui me déstabilisa presque.
SKYE — Je te demande juste un peu de temps pour y repenser, d'accord ?
C'était légitime. Tout de même légèrement agacée, j'haussai mes épaules en attrapant mon encas et lui disant dans mon mouvement :
OKSANA — Bien sûr. Tu peux avoir tout le temps que tu veux. Juste ... Penses-y.
Je lui lançai un dernier regard amical (et sincère!) avant de me retourner pour aller m'asseoir à la première table libre que je trouverai. Mais un sentiment amère de conversation inachevée m'envahit. Hésitant quelques secondes, je finit par me retourner en espérant que Skye n'était toujours pas partie. Non, elle était toujours là heureusement. Je lui lançai :
OKSANA — En parlant de temps, je crois qu'on en a beaucoup à rattraper. Je fis une pause de quelques secondes, toujours hésitante. Je te parle pas de redevenir tout de suite les meilleures amies du monde hein, mais si t'as le temps on pourrait peut-être ... parler un peu ? finis-je en montrant de la tête la table vers laquelle je me dirigeait.
Elle parut d'abord surprise de mon aveu. Pendant plusieurs secondes je regrettai d'avoir dit ça, qui me sembla une niaiserie que les meilleures amies du monde se sortent toutes les trois seconde,s, mais ce qu'elle me répondit me rassura et ma gorge se desserra. « Bien sûr. Tu peux avoir tout le temps que tu veux. Juste ... Penses-y. » me lança-t-elle d'un air, oui, presque hautain. Un éclair de colère passa dans mes yeux, mais il s'évapora aussitôt qu'il était arrivé. Etait-ce vraiment de la colère ? Peut être, oui. Je n'aimais pas quand elle prenait cet air. On aurait dit qu'elle se sentait supérieure à tout le monde, et c'est un détail qui m'avait toujours énervé chez elle. Bon il fallait avouer que ma mère me reprochait pareil parfois. Donc dans le fond je n'avais rien à lui reprocher.
J'essayai de me calmer et détournai les yeux un moment. Quand je les retournai vers là où elle était, elle n'y était plus. J'eu un moment de surprise. Je la trouvai quelques secondes après, elle s'était juste dirigée vers une petite table libre. Au début, je restai quelques secondes sans rien faire. Je ne savais pas si sa dernière phrase était une manière de clore la conversation et donc que je pouvais partir, ou au contraire, si la future chaise vide en face d'elle était une sorte d'invitation à la rejoindre. Dans le doute, je me préparai à tourner les talons et à sortir du café, quand sa voix parvint jusqu'à moi dans le brouhaha de la foule. « En parlant de temps, je crois qu'on en a beaucoup à rattraper. » Elle hésita quelques instants, et je ne bougeai pas, ne dis rien en attendant patiemment la suite. « Je te parle pas de redevenir tout de suite les meilleures amies du monde hein, mais si t'as le temps on pourrait peut-être ... parler un peu ? » A mon tour d'hésiter. Certes, je lui avais dit que notre amitié me manquait, que j'allais penser à lui « pardonner ». Mais est-ce que ce n'était pas trop que de me proposer de m'asseoir à un café et de cause du bon vieux temps ? J'hésitais plus longuement. Je voyais bien qu'elle commençait à regretter de m'avoir proposé de venir avec elle. Mais son regard amical m'indiquait qu'elle était sincère.
Je soupirais en retenant un sourire alors que je me mis à marcher lentement vers la petite table. C'était presque un miracle qu'elle en ai trouvé un, vu la foule qui se pressait aujourd'hui dans le Starbucks. Comme Oksana, j'avais mis très longtemps à attendre ma boisson, et je décidai donc de ne pas l'accompagner sur son café. Cependant je tirai la chaise, donc les pieds raclèrent contre le lino blanc, afin de m'asseoir dessus. Je posai mon sac à main sur mes genoux avant de regarde la blonde qui se tenait à présent juste en face de moi. Deux des reines de San Francisco qui se regardaient par-dessus une table ? Peut être bien. Après, le futur allait nous dire si ces deux reines allaient partager le trône ou en tomber.
Il y eu quelques secondes que je me décidai de rompre. « Alors dis moi, qu'est-ce qu'Oksana Tsekhov est devenue depuis tout ce temps ? » dis-je avec un léger sourire. Je n'avais plus vraiment suivi son « actualité » ces derniers mois. Je savais bien entendu qu'elle était remonté dans la cote de la population, mais j'ignorais si elle faisait des études, si elle avait un copain, ces choses là. Je l'observai alors qu'elle prenait une gorgée de sa boisson, réfléchissant sans doute à une réponse appropriée.