J eudi 2 Août, je regarde mon réveil l’air désespéré. J’ai beau me tourner dans tous les sens, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Les bras de Morphée, dans lesquels je m’étais reposé pendant trois ou quatre heures, me paraissaient désormais bien lointains. Mon réveil affichait 5h du matin, je soupirais, à la fois agacé, exaspéré mais aussi désespéré. Je savais pertinemment la cause de ce manque de sommeil : Will revenait aujourd’hui de Londres, certainement en compagnie de Lulla. Will était ma copine depuis à peine une semaine, pourtant aujourd’hui je n’étais pas sûr de l’accueillir comme tel. Bien sûr, avant cela elle avait été une amie pour moi, et je la tiendrai toujours en estime quoi qu’il arrive. Il existe bien entendu des exceptions, mais je doute que Will dépasse les limites d’une amitié sincère entre deux personnes. Quoi qu’il en soit, je trouvais en elle une compagnie inestimable et fortement intéressante. J’avais aspiré à me séparer de Charlotte en m’attachant davantage à quelqu’un d’autre, et je pensais qu’il s’agirait d’une bonne idée. Will était littéralement adorable, tant avec moi qu’en général d’ailleurs. Nous faisions notre petite vie, alternant les visites sur le bateau de Will et dans mon appartement, combinant différentes sortes de soirées, blottis dans les bras de l’autre. Pourtant, je n’y trouvais pas complètement mon compte. Je ne pouvais pas comparer cette histoire à celle de Charlotte, je ne pouvais pas dire que la relation était si forte. Charlotte me pourchassait partout, tant dans mes pensées que sur internet où je la croisais et où les disputes fusaient. Je n’en parlais pas à Will, et je savais que cela me rendait parfois méprisable. J’allais en devenir horrible, j’en étais sûr. Il n’était pas temps pour moi de me remettre en couple, finalement. Je me levais, me préparais afin de me rendre à l’aéroport où je devais accueillir Will. C’est décidé, ma décision est prise. Un tantinet angoissé, une fois prêt je me rendais à l’aéroport, et attendait mon amie d’un air tout autant impatient qu’irrémédiablement effrayé. Je tendais l’oreille et regardais le panneau d’affichage, m’attendant à ce que le vol de Will s’affiche ou que son arrivée se fasse entendre.
Je regarde la ville. Je survole San Francisco. On nous ordonne d'attacher nos ceinture. Après presque 20 heures d'avion dont un escale à New York, j'arrive au bercail. La fameuse ville de tous mes problèmes. Quoi que Londres me fait assez peur. J'ai un mauvais souvenir de cette ville. Je crois que je n'y retournerais pas de si peu. J'ai failli perdre ma meilleure amie, je ne sais même pas comment j'ai fait pour la soulever de la sorte, elle est largement plus grande que moi, certes toute fine. Je crois que l'adrénaline, et la peur de la perdre a fait que je me suis surpassée. Il était hors de question qu'elle tombe. En tout cas il est claire que je ne verrais plus le Pont de Londres comme avant. Maintenant chaque fois que je le verrais je me remémorerais le visage perdue, anéantie de ma meilleure amie. J'ai eu si peur de la perdre, tout ça à cause de moi. Je ne suis qu'une égoïste, mon amour pour Elia - oui Elia et pas mon petit ami Eliott - m'aveugle totalement. Je sors avec Eliott pourtant, il avait bien commencé à me le faire oublier, on est si bien dans ses bras, il me rassure en permanence, mais j'ai réfléchis à Londres, notre relation ne mènera nul part, on essaie juste d'oublier deux personnes sans en être capable.
L'avion descend. Je sens un léger vertige me prendre au lever de mon fauteuil. Je suis le petite file des première classe. Je récupère mon sac de voyage et je vais dans le hall, je ne crois pas que mon avion est de l'avance ou même du retard. Eliott est venu donc me chercher. Il faut que je le retrouve dans la foule. J'avance en le cherchant, j'ai tout de même hâte de le retrouver, il reste mon plus grand allié en ce moment. Il est le seul qui me comprend, j'ai tout de même besoin de lui aller mieux. Il me protège un peu.
Je vois enfin son visage, il semble distrait et m'attend. Je souris toute seule avant d'accélérer le pas en lui sautant presque dessus. Je l'enlace heureuse de le voir mais je ne l'embrasse pas, je n'ai pas spécialement envie. En plus j'ai faim, d'où probablement mon vertige. - Salut toi ! je t'ai manqué j'espère. Tu vas bien ?
J ’avais horreur de faire ce genre de choses. J’allais devoir lui expliquer certaines choses que j’aurais aimé ne jamais lui dire. J’allais stopper notre relation, pour Charlotte, aussi paradoxal que ça puisse être étant donné qu’elle-même m’avait résolument quitté pour Elia avec pour but de ne jamais me revoir. Je soupirais quand une employée de l’aéroport fit résonner sa voix à travers tout l’aéroport afin d’annoncer l’arrivée du vol de Willa. Je respirais calmement, essayant de faire diminuer ma nervosité, et attendais à la fois patiemment et impatiemment : j’en avais marre de me mentir à moi-même, mais je ne voulais pas blesser Will. Mais il fallait que je tranche, je ne pouvais plus vivre comme ça. Je ne voulais plus m’en vouloir d’être partagé entre deux femmes, une que j’aime profondément en tant qu’amie, et l’autre à qui j’avais donné depuis longtemps mon cœur et qui s’était enfui avec. Même si je ne venais pas à me remettre avec Charlotte, je ne pourrai pas sortir plus longtemps avec Will. C’était une fille extraordinaire, mais je sentais bien que je ne pourrai pas l’aimer comme j’aimais Charlotte, je savais d’avance que notre relation était condamnée et que Will demeurerait toujours une amie à mes yeux. Lorsque je la vis arriver, sautillant comme une enfant, le sourire aux lèvres, je ne pouvais m’empêcher d’esquisser à mon tour un sourire. Lorsqu’elle me demandait si elle m’avait manqué, je lui répondais à nouveau par un sourire. Bien sûr, j’avais pensé à elle, mais je pensais énormément à Charlotte, à ce qu’elle m’avait fait, à mes sentiments, et tout cela avait encore plus éloigné Will de mes pensées. Cependant, je demeurais heureux qu’elle soit revenue. Will me faisait souvent rire, c’était une vraie petite boule d’énergie, et elle arrivait à me secouer en un rien de temps. Je décidais de l’emmener dans une brasserie située dans l’aéroport, et trainais sa valise par pure galanterie. Je croyais que ceci serait une bonne idée, surtout lorsque j’entendais son petit ventre crier famine. Après m’être installé face à elle et avoir commandé, je l’écoutais et entama une discussion sérieuse. « Tu sais Will, tu m’as manqué, mais… » Je laissais une ou deux secondes s’écouler, le temps de prendre une grande mais discrète inspiration et réfléchir à la manière de tourner les choses. « Je crois qu’on ne devrait pas rester en couple » La bombe était amorcée.
L'avion atterrit. Mon angoisse augmente. Ce séjour à Londres n'a pas été de tout repos. Bon sang, j'ai crus que ma meilleure amie allait mourir sous mes yeux par ma faute, j'ai couché avec elle, un semble moment de faiblesse, je crois qu'on n'en reparlera plus, c'est juste une connerie parmi tant d'autre qui nous met réellement mal à l'aise je crois. En tout cas, nous étions mal, perdues. Une bêtise qui j'espère ne touchera pas notre amitié si longue, Lullaby je tiens à elle comme je tiens à une soeur que je n'ai pas. Je n'ai pas vraiment envie de sortir de l'avion, j'attends que tout le monde dans ma classe, la première ce qui ne fait pas beaucoup de personne, tout le monde ne peut pas se payer un Londres-San Francisco en première classe. Moi j'ai les moyens, je claque sûrement trop mon fric mais peu importe, je suis jeune.
Je descend par obligation, j'ai envie de partir loin, mais c'est comme ça, je regrette un peu, Eliott est mon petit ami je crois, à la base mon meilleur ami. Il m'a manqué c'est sûr, mais est ce la personne de petit ami, ou la personne de meilleur ami qui m'a manqué ? Je crois bien que c'est surtout mon meilleur ami, j'ai beau avoir couché avec c'était dans l'espoir d'en oublier un. Elia. Il m'a brisé le coeur, anéanti, je n'en reviens pas, comment une chose pareil est possible. Je suppose que trouver une personne dans le même cas que moi me réconfortait.
Je le retrouve donc après avoir récupérer ma famille. Eliott toujours lui, aussi mignon. Il est totalement mon genre de garçon physiquement c'est sûr. Je ne laissais rien paraître. J'arrive toute gaie comme à mon habitude, je ne laisse rien voir de mes malêtres. Mon estomac fait vite grise mine, je n'ai pas mangé dans l'avion. Je l'enlace et oui j'ai l'impression de lui avoir manquer. Son accueil reste digne à lui même je dirais, assez pudique. En voyant ma crise de faim, il m'emmène dans la brasserie de l'aéroport. Il porte ma valise gentiment. On s'installe et il commence. Je souris lorsqu'il dit que je lui ai manqué. J'aimerais savoir ce qu'il pense vraiment, si c'est en amitié ou en amour. Mais il y a un mais, toujours des mais partout. Puis il lâche ce qui semblait vouloir dire depuis mon arrivée. Je déglutis, j'ai envie de rire, mais mon premier réflexe c'est de lâcher un gros "OUF". Après je ris parce qu'il ne doit pas comprendre ma réaction.
- Tu me ôtes les mots de la bouche.. bon sang je sens un poids s'envoler ! Tu vois tu es mon meilleur ami, enfin te vexe pas hein, tu es un super bon coup sérieux, si on se remet pas en couple moi ça ne me dérangerait pas de le refaire - il sait que je rigole - mais en couple on est pas compatible ! Juste en meilleur ami, tu es un peu ma voix de la raison.. et voilà.. On reste ami n'est ce pas ?