Ma vie ne tient plus qu'à un fil qui a été coupé par une lame de rasoir Ft. Nina et Hadyin
Une simple feuille de papier peut vous couper, peut entamer votre chair. J’ai l’impression que ma peau a été entamée par une lame de rasoir, j’ai l’impression que je saigne beaucoup trop depuis que j’ai appris qu’il était mort. Oliver n’était plus et j’étais seule, perdue dans ce monde. Certes, on disait que j’avais tendance à m’enfermer dans un monde, que j’avais tendance à ne plus vouloir en sortir mais je n’avais pas envie, je n’avais pas envie de grandir. Pour voir quoi ? Pour voir que la nature des adultes est tellement noire qu’ils s’entretuent, font de mauvaises choses. Non, non, non. J’en deviens folle. Tous les jours cette cicatrice me rappelle que je ne suis rien, que je suis une moins que rien et que je finirais en poussière. Je préfère feindre la bonne humeur, je préfère oublier qui je suis au fond pour prétendre aller mieux. Quand mon psychologue, le docteur Hoover me demande comment je vais, je mens. Quand mon patron me demande comment je vais, je mens. Je mens au monde entier et surtout, je me mens à moi-même.
Voilà maintenant plusieurs jours que je ne sortais de chez moi que pour aller au boulot, revenir à la maison, m’assurer que Kayla ne ferait pas de bêtises. Nous nous sommes habituées à nos fausses identités au final. Elle ne m’appelle plus Katrina, je ne l’appelle plus Ielena. Nos parents nous ont donné des prénoms, des identités, des personnalités mais ces dernières sont mortes en même temps qu’eux. Magdalena, ma grand-mère m’a souvent dit qu’on arriverait à s’en sortir mais je n’en suis pas certaine. Je doute grandement de nos chances d’aller mieux un jour. Une sœur qui se réfugie dans le sexe et la violence pour aller mieux, moi-même qui va dans mon monde enfantin. J’aimerai bien grandir mais je n’y arrive pas, bloquée. Mon téléphone sonne alors que je suis planquée sous la couette en pleurant. Quoi ? Qu’est-ce qui se passe ? Je décroche donc sans grand enthousiasme. A l’autre bout du téléphone, une amie qui me baragouine que je dois venir, qu’il y a une soirée, que je dois sortir etc. « Si tu ne viens pas, je viens te chercher par la peau du cul. » Cela a le mérite d’être clair. J’appelle ma frangine pour m’aider à choisir une tenue. Une robe au hasard, noire, sobre, pas le truc qui fera qu’un homme s’arrêtera sur moi. Je l’enfile, je pleure deux fois, j’essaie de me remaquiller quand la porte s’ouvre. Magda parle vite en russe en me disant qu’elle veut de la vodka et envoie ma sœur en chercher. Elle prévoit un truc bizarre. Je hausse les épaules, prend mon sac et sors.
Les nuits se sont rafraichies. Je sors mon téléphone pour lui demander les coordonnées avant de me rendre compte qu’elle m’envoie à l’autre bout de la ville. Je hèle un taxi. Pas le choix puisque je n’ai pas le permis. Elle me dit que le bar s’appelle le Manchester. Bon, un nom anglais. Pourquoi pas ? Je regarde cette ville que je ne connais pas encore par la fenêtre avant de me dire qu’elle est vraiment belle. On se croirait aux pays des merveilles. Sauf qu’il n’y a pas d’animal qui parle. Je pense à me remaquiller avant de voir le véhicule devant une enseigne. Je connais ce quartier, c’est le quartier de riches. Je sors donc pour donner des billets au chauffeur avec un pourboire pour inspirer doucement et m’apprêter à me jeter dans un océan d’adultes sentant le sexe. Chose qui ne m’intéresse plus. J’entre pour voir que je suis la première arrivée. Je me glisse sur un tabouret au bar avant de commander une boisson sans alcool pour défaire mon manteau et regarder à droite et à gauche. Je me perds dans mes pensées quand de la musique retentit. Ouais, cool. Quelques minutes à peine après que j’ai posé mes fesses sur cette chaise, un mec s’approche de moi pour commencer à me draguer. Euh ? Comment je fais pour m’en débarasser ? Il me commence à me dire des trucs et je sourcille. Holly crap. « V pomoŝi »
Depuis que j’avais mis a ma relation avec Lera, il y avait comme un sentiment de relachement, d’apaissement. Je savais que notre relation n’etait pas faite pour durer. Nous etions trop different pour que cela fonctionne. Il y avait elle et moi mais jamais de nous a vrai dire. C’etait pour cela que j’avais decide d’arreter avant qu’un de nous ne souffre encore plus de notre relation. Je savais que Lera se detruissait et meme si elle le deniait, je le voyais de mes propres yeux comme tout les autres le voyaient. Je ne pouvais pas continuer de la regarder se degrader alors que j’etais completement impuissant face a sa situation. Seulement, je ne pouvais pas m’occuper d’elle en meme tant que mon traitement. J’avoue que j’avais peut-etre ete un peu egoiste, mais parfois lorsqu’on aime tellement, il faut savoir lacher prise. C’etait exactement cela. J’aimais Lera encore, de tout mon coeur. Seulement, je n’en pouvais juste plus. Parfois il fallait dire stop. C’est pour cela que j’avais mis en cela; et je devais tout de meme vous avouew, que depuis ce jour-la, je me sentais plus leger. C’etait comme si on m’avait retire un poids des epaules. Je soupirais doucement regardant l’heure sur l’ecran d’ordinateur. Il etait plutot tard – enfin tot dans la soiree. Je me levais et filais dans la douche avant de m’habiller et sortir. J’avais decide de reprendre mon boulot de prostitute. Il n’y avait plus rien pour m’arreter. Frankie ne pouvait rien dire, Lera non plus. De plus, il fallait absolument que je me fasse de l’argent pour financer mes etudes et mon traitement. Je n’avais pas vraiment d’assurance medicale qui pouvait me payer l’entierte de mon traitement, du coup, j’etais oblige de me faire de l’argent comme je pouvais. Je pris ma veste et sortis dans la rue pour me diriger au Manchester pour y passer la soiree. C’etait exactement ce qu’il me fallait. J’entais et regardais les lieux. Il n’y avait pas beaucoup de monde pour le moment, mais ce n’etait pas ce qui m’importait. Une jeune fille etait assise au bar entraind e boire tout autre chose que de l’alcool. Elle n’avait absolument pas l’air d’etre a l’aise en cet endroit, et ne devait pas du tout etre habitué. Un homme s’approchait d’elle et semplait completement bourre. Cette scene etait totalement drole a voir. Je n’ai pas pu m’empecher de sourire legerement avant de m’approcher de la jeune fille. « Vous savez, si vous ne voulez pas vous faire draguer, il ne faut pas venir ici. »