« But now I'm high, running wild among all the stars above »
Ennui, ennui, triste et monotone vie. La routine me tue, à petit feu, autant que ma maladie voire peut-être même plus. Je m’ennuie à en mourir, je crois que j’ai besoin de nouveau, ou de quelque chose qui puisse remuer ma vie. Peut-être des vacances me feraient-elles le plus grand bien. Quoi qu’il en soit, en attendant ce changement, je me plains sur Facebook et obtient une galante invitation au Genesis de la part de mon ami Elyes. Je tenais particulièrement à lui, il était comme le grand-frère que je n’avais jamais eu et dont j’avais toujours rêvé, et le revoir ce soir me procurait le plus grand plaisir. Il savait prendre soin de moi, me protéger, me faire rire et me consoler. Complètement plongée dans mes pensées, morfondue sur le lit de ma chambre en vieux jogging, je voyais en cette invitation le parfait moment pour m’échapper de mes tristes pensées. Je me levais d’un bond et partais en direction de la salle de bain, de jolis sous-vêtements en dentelle placés sous mon bras. Une fois sortie de la douche, j’arrangeais mes cheveux d’une jolie manière et enfilais soigneusement mes sous-vêtements. Il parait que les sous-vêtements jouent beaucoup sur l’assurance d’une femme, ils n’étaient donc pas à négliger. J’enlevais les bretelles de mon soutien-gorge afin que le tout coordonne avec la jolie robe que j’avais choisie. Je mettais de côté les robes les plus aguicheuses et en avait choisi une qui laissait découvrir mes jolies jambes. Je l’enfilais, puis appelais un taxi avant d’affiner mon maquillage. Lorsque je jetai un coup d’œil par la fenêtre, je remarquais l’arrivée du taxi et me précipitais en bas, ma pochette à la main. Je me dirigeais vers le Genesis, ne sachant pas si ma tenue était réellement appropriée au lieu et à la soirée, et rentrais en balayant le lieu du regard. J’y étais déjà venue, pour son inauguration, mais ma curiosité vivace s’attardait davantage sur Elyes. En fait, je cherchais Elyes, le seul objet de ma venue. Si j’étais là, c’était pour lui, et je ne supporterai pas qu’il me laisse de côté ce soir pour gérer je ne sais quelle chose. Cette soirée c’était la nôtre, et celle de personne d’autre. Je sortais mon portable de ma pochette et envoyais un texto au jeune homme, l’informant que j’étais arrivée sur le lieu de notre rendez-vous.
Les journées passaient et se ressemblaient, non pas que je m’ennuyais, loin de là, cela avait plutôt tendance à être le contraire. J’étais loin de soupçonné qu’un bar-musical requerrait autant d’attention et de travail. Je me devais d’être présent autant que possible au Genesis, après tout c’était également le lieu où je recevais des hommes importants qui serviront plus tard à ma cause. Le club de jazz n’étant pas ma seule activité, je passais le reste de mon temps au foyer à prendre soin des jeunes que les services sociaux me confiaient. Le nombre croissaient de jour en jour, de même que la fréquentation au Genesis, je supposais que c’était dû à mon efficacité. Néanmoins, étant bien trop pris pour tout cela, je ne pouvais même pas espérer avoir un week-end complet et encore moins prendre de quelconques vacances. Je reportai mon attention sur ma charmante interlocutrice dont la conversation était d’un ennui mortel mais elle était plutôt séduisante et tentait discrètement de m’aguicher, ce qui aurait sans doute porté ses fruits si je n’avais pas d’autres plans pour la soirée. Conscient que Genesis s’ennuyait ferme depuis quelques temps, je l’avais conviée à venir au club pour passer la soirée en ma compagnie. D’ailleurs, je ne tardai pas à recevoir un message de sa part me faisant part de sa présence. Je m’excusais poliment auprès de Natalia ou Natalie, je m’en souvenais plus, quelle importance après tout et rejoignis ma magnifique invitée d’honneur. « Bonsoir Genesis, tu es très en beauté ce soir. » le complimentai-je dans un sourire puis l’invitant à passer un bras dans le mien, je l’entrainai dans vers mon salon privé adjacent à mon bureau où je lui proposais de prendre place sur le grand canapé. « Puis-je t'offrir quelque chose à boire ? »
« But now I'm high, running wild among all the stars above »
Bien sûr, à première vue, ce genre de réfléxions pouvait sembler déplacé, et surtout très égoïste, sachant qu’Elyes ne m’appartient pas et a eu la gentillesse de m’inviter dans son bar. Invitée ou non, de toute manière, j’aurais pu m’y rendre. Ce que je tiens à dire, c’est qu’il m’a invité à passer la soirée avec lui, et cette perspective me rendait heureuse. Il était rare, ces temps-ci, de passer du temps avec lui, étant toujours occupé avec son bar, ses affaires qui m’étaient la plupart du temps inconnues, et le foyer de jeunes qu’il menait. Il était très respectable, sur ce que je savais de lui, et j’avais une grande estime de lui. C’est pourquoi, être un fardeau alors qu’il fut si gentil avec moi, me semblait déplacé. Mais il était en mon pouvoir de profiter d’un peu de temps en sa compagnie, et je ne laisserai pas ce moment filer, pas pour une fois où l’on peut se retrouver l’un avec l’autre sans qu’une urgence ne justifie une visite. Combien de fois l’avais-je fait croire qu’il y avait un souci majeur alors que je sollicitais simplement son attention ? J’étais au final comme une gamine qu’il protégeait de tout, de tout ce qui m’effrayait et me blessait.
Le temps qu’il arrive à mes côtés, j’observais l’intérieur du bar, plus attentivement que je ne l’avais fait la première fois. Il avait vraiment fait du bon boulot, et l’ambiance était au rendez-vous. Un moment, je l’enviais presque de diriger ce bar, avant de me rappeler de quelle responsabilité il s’agissait. Très peu pour moi, merci. Après avoir regardé un peu tout autour de moi, je vis Elyes arriver à mes côtés, pour mon plus grand plaisir. Je lui souriais et le saluais aussi, un grand sourire aux lèvres qui manifestait la joie que je ressentais, tournant sur moi-même lorsqu’il me complimentait sur ma tenue. Je passais mon bras dans le sien, puisqu’il m’invitait à en faire ainsi, et laissais mes pensées m’emmener sur un petit nuage. La robe, la musique, le gentleman, j’avais la sensation d’être la princesse ce soir. Bref, passons. Elyes me conduit dans ce que je supposais être son bureau et m’invita à m’asseoir, chose que je fis sans réel regret. Tout ici semblait agréable. Son bureau, plus calme, était le parfait endroit pour discuter de choses et d’autres. C’était une ambiance assez différente de celle d’un appartement où l’on se pose dans un canapé autour d’un verre pour raconter de vieux ragots, ainsi je me demandais ce qu’Elyes avait prévu pour notre soirée, si jamais il avait prévu quelque chose. Régir un bar ne laissait pas toujours la place à diverses occupations. J’acceptais un verre volontiers, lui manifestant l’indifférence que me causais ce qu’il allait me servir. Libre cours à lui, libre à lui de choisir. Curieuse de tout ce qui m’entourait, j’observais sans mot dire, et regardais Elyes s’agiter seul.
Genesis me dit que cela lui importait peu ce que je pouvais lui offrir, du moins que j’avais l’embarras du choix, je décidai donc de lui faire goûter le cocktail spécial du Genesis, cocktail qui remportait d’ailleurs pas mal de succès auprès de la clientèle. Je la priais de m’excuser un moment, le temps de me rendre prestement au bar pour lui en concocter un de mes mains. J’aurais très bien pu demander au barman de s’en occuper mais ce dernier était déjà bien occupé comme cela et puis il s’agissait de mon invitée, c’était donc à moi de la servir et non une tierce personne qui ne la connaissait ni d’Ève, ni d’Adam. La réciprocité était également vraie. A peine m’étais-je mis à l’ouvrage que la charmante convive avec qui je discutais précédemment vint à ma rencontre et lança une discussion dont je me fichais mais je me devais de ne rien laisser paraitre. Un sourire démesurément hypocrite. Un hochement de tête ci et là. Une exclamation monosyllabique lorsqu’elle faisait silence, m’indiquant ainsi que c’était à moi de réagir. Elle ne remarquait en aucun cas la supercherie. Ou peut-être ne le voulait-elle pas. C’était deux choses bien distinctes. Tout en continuant ma préparation, je réfléchissais à un moyen subtil de m’en débarrasser. J’avais des choses bien plus intéressantes à faire que d’écouter des histoires de bonnes femmes bourgeoises prisonnières de leur tour d’ivoire. « Oh, mon cher Elyes que diriez-vous alors de vous joindre à moi samedi ? » Un sourire plus aguicheur qu’innocent. Elle ne trompait personne sur ses intentions. Et j’étais convaincu qu’elle ne lâcherait pas tant qu’elle n’aurait pas obtenu ce qu’elle désirait. La boisson prête, je la déposai doucement sur le comptoir et me rapprochai un peu plus de la demoiselle armé du sourire auquel la gente féminine ne résistait. « J’en serais fort honoré » répliquai-je en m’inclinant légèrement pour baiser sa main, conscient qu’elle était sensible à la galanterie. « Veuillez m’excuser, des affaires urgentes me demandent, ce n’est pas aisé que d’être propriétaire d’un bar, vous savez. » Un petit rire. Elle suivit dans mon hilarité. « Promis, samedi je suis des vôtres, au revoir belle Catherine. » Ses joues prirent une teinte rosée, tandis qu’elle tentait de dissimuler sa gêne, j’en profitais pour m’éclipser. Je retrouvai Genesis où je l’avais laissée et m’empressai de lui présenter mes excuser pour mon absence puis lui tendis son verre. « Tiens, tu m'en diras des nouvelles, préparé par mes soins. » Un sourire, vrai et un clin d’œil.
« But now I'm high, running wild among all the stars above »
Elyes me proposa de boire un verre, je présumais que ce ne serait pas le seul de la soirée. En ce qui concernait le nombre, je décidais d’être raisonnable. De toute manière, il ne me fallait pas grand-chose pour finir complètement ivre. Disons plutôt... pompette. A peine arrivé dans le bureau, qu’il s’éclipsait afin de réaliser le cocktail de son choix. Je lui souriais amicalement et le laissais prendre la poudre d’escampette le temps de quelques secondes. Bizarrement, j’étais persuadée qu’il allait traîner un peu dans son bar. Son entreprise devait représenter en soi un effort considérable de sa part, et donc son petit joyau, son trésor en quelques sortes. Bien sûr, lorsque je parle de traîner, ce n’est en aucun cas à considérer dans un sens péjoratif. Je m’attends plutôt à ce qu’il vérifie que tout est en ordre, qu’il n’y ait aucun problème quelconque ou aucun incident, histoire de contrôler le tout en fait.
Je souriais donc, le laissais s’éclipser sans broncher mais le taquinant tout de même avec une petite moue, pour prétexter que je me sentais abandonnée, et me retrouvais seule dans son bureau. Je m’approchais du grand bureau et me glissais dans la confortable chaise de Monsieur Sullivan. Je souriais à cette pensée. N’étant pas assez indiscrète pour fouiller dans ses affaires et me mettre à fumer un cigare pour accentuer et illustrer le rôle que je jouais, je demeurais assise, presque immobile, tout en prenant mes aises, mes pieds ornés de jolies chaussures en talon délicatement posés sur le bureau. Bien évidemment, je n’empiétais pas sur ses affaires, et papiers qui devaient certainement être importants. A mes aises, je contemplais l’intérieur du bureau, impressionnée par le goût de mon hôte. Le tout était joliment décoré et savamment organisé et disposé de manière à rendre le temps passé dans cette pièce honorable et appréciable.
Après de longues minutes de rêverie j’entendis le bruit de la porte s’ouvrant, me trouvant gênée et tentant de faire mine de rien, j’enlevais rapidement mes pieds du bureau et me levais subitement pour contempler la première chose qui aurait pu intéresser quelqu’un. « Tu as un très joli bureau » lui dis-je, comme pour esquiver le tout. Tout cela faisait trop impoli à mon gout, et je ne voulais pas descendre dans l’estime d’Elyes. Je n’aurais jamais dû faire ça, certes, mais la folie avait dû me monter à la tête, et je comptais arrêter en l’entendant venir. Mais la musique était visiblement trop forte et couvrait tout bruit annonciateur d’une visite dans ce bureau, à moins que l’on frappe. Mais Elyes était chez lui, et n’allait certainement pas frapper à la porte de son propre bureau. C’est plutôt logique. Je ne savais s’il l’avait remarqué, car j’avais exécuté tout cela en une vitesse éclair, peut-être me tournait-il le dos à ce moment-là pour refermer la porte derrière lui, histoire d’être au calme. Plus au calme, plutôt, car le calme ici ne devait pas exister excepté à la fermeture du bar, si jamais il fermait ses portes. Je lui souriais et saisissais le verre qu’Elyes me tendais. J’avais hâte de goûter et lui en faisait part, histoire de voir si Elyes était aussi doué que ses serveurs. Je l’embrassais sur la joue pour le remercier et goûtais au cocktail qu’il m’avait préparé. « C’est exquis » lui dis-je avec un grand sourire, le remerciant de m’avoir accepté ici ce soir.
Son compliment concernant mon bureau me désarçonna quelque peu et au vu de l’air embarrassé qu’elle affichait, je doutai que son commentaire ne fut que ce qu’il était censé représenté. Qu’importait, je l’avais conviée pour passer du bon temps en sa compagnie et je la connaissais suffisamment pour éloigner de mon esprit toute idée de complot pouvant causer ma perte. Genesis faisait partit de ces rares à qui j’avais accordé ma confiance. Rectification, elle était une personne que j’appréciais et en qui je voulais croire même si la méfiance demeurait, telle une seconde peau. Dans mon métier, l’on ne pouvait s’offrir le luxe de croire aveuglement en qui que ce fut si l’on ne voulait pas terminer poings et pieds liés à nourrir les poissons de la baie de San Francisco. Ce n’était pas exactement vrai puisqu’il y avait bel et bien une personne qui avait toute ma confiance et pour laquelle j’étais prêt à tous les sacrifices, sachant cela réciproque et c’était William. Il était le seul pour lequel je pouvais clamer haut et fort qu’il ne me trahirait jamais. C’était au-delà de la certitude. Il était mon frère, nous avions traversé beaucoup d’épreuves ensembles, se soutenant lorsqu’il le fallait. Songer à tout ce par quoi nous étions passés me rendait subitement nostalgique d’une époque désormais révolue. Tout semblait si simple en ce temps-là. Pour me sortir du temple de mes souvenirs, je bus une gorgée de ma boisson, ne quittant pas ma charmante invitée du regard. Elle était des rares dont j’appréciais réellement la compagnie et elle me permettait ainsi de conserver un pied hors de cet univers de faux-semblant dont j’étais un prisonnier consentant. Nous discutâmes de choses et d’autres durant un long moment, les sujets s’enchaînaient, presque aussi rapidement que les verres que nous ingurgitions. La température parut soudain augmenter dans la pièce et sans que je ne saisisse vraiment comment, Genesis et moi nous retrouvâmes entrain de nous embrasser. La prise de conscience de la gravité de ce geste aurait dû m’arrêter, ce ne fut cependant pas le cas. Je la désirais ardemment et je savais pertinemment que l’alcool y était pour beaucoup mais la théorie selon laquelle l’homme ne pouvait réfréner son désir une fois poli, pour rester poli, était tout à fait avérée. Je me jetai sur elle avec une telle fougue que nos vêtements ne purent que rendre les armes. Nos corps, bougeant à l’unisson s’unirent dans une symphonie de râles de plaisir étouffés par nos baisers. N’était-ce pas que l’on nommait les imprévus dû à l’alcool ? Je sentais que le retour à la normale laisserait un arrière-goût très amer.
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