« C’est bon Nina, tu peux y aller. » Je levais les yeux vers mon patron qui me fit signe de me barrer. Faut dire que j’étais au boulot depuis huit heures et il est près de… Oups vingt heures. Je lui fais un petit sourire avant de rendre dans les vestiaires pour prendre mon sac, ma veste en cuir et mon téléphone que je n’avais pas regardé depuis le début de la journée. Je le rallume avant de voir que j’avais trois messages texte et deux vocaux. Double Oups. Qu’est-ce qui se passe encore ? La troisième guerre mondiale a-t-elle lieu ? Je regarde les sms de ma sœur qui me dit de la rappeler le plus vite possible. Encore une histoire louche tout ça. Je soupire avant d’écouter ce qu’elle me dit pour effectivement voir que j’avais raison. Elle était éméchée et avait besoin que je vienne la chercher. En début de soirée. Bravo Kayla, tu iras loin dans la vie. Je sors du magasin de fleurs avant de composer le numéro de ma grand-mère qui décroche dès la première sonnerie. Je jette des regards furtifs à droite et à gauche toujours aussi paranoïaque avant de presser le pas. « Ouais grand-mère, c’est moi juste pour te dire que je dois aller chercher Kayla. Elle est dans une affaire louche. » Silence, j’écoute ce qu’elle a à me dire avant de me stopper. « Ouais, je la ramène le plus vite possible. Pas de détours. » Je raccroche avant de glisser le mobile dans mon sac à main et de héler un taxi. Après avoir vécue à New-York, je suis capable d’en intercepter un dans les deux secondes.

Une fois mon cul posé sur la banquette arrière, je jette un coup d’œil à droite et à gauche à nouveau pour lui donner l’adresse en lui disant de faire au plus vite. Je lui glisse même un billet dans la main avant de sortir mon smartphone à nouveau et de regarder mes mails. Rien de nouveau sous le soleil. Enfin dans la police. Ils n’ont toujours pas mis la main sur celui qui a tué mes parents. Bande d’imbéciles ça fait quand même dix ans j’ai envie de dire. L’affaire va être classée et je vais l’avoir dans l’os. Je soupire avant de passer une main sur mon visage. « Ça va pas ma jolie ? » De quoi je me mêle ? Je mets ma casquette pour ne pas lui répondre quand il se gare. Je descends après lui avoir donnée le compte plus un pourboire puis je me mets en quête de l’adresse. Que je ne trouve pas évidemment. Alors, pas orgueilleuse du tout pour une fois, j’attrape le premier gamin qui passe avant de lui demander où est l’adresse. Le merdeux m’envoie chier. « Mal élevé. » Je jure en russe entre mes dents avant de traverser la rue pour voir un jeune homme à l’allure débraillée sur le trottoir. Je me plante devant lui. « Bonsoir, je cherche le 867 sunset district, sauriez-vous où c’est ? »

Je ne savais pas trop où j’étais actuellement. Quand je pensais à Kayla complètement paumée dans un appartement avec des mecs. J’imaginais le pire. Pour eux, pas pour moi. Moi j’allais parfaitement bien et elle savait se défendre. Ma petite sœur a toujours été le genre de personne à prendre le taureau par les cornes. Comme moi d’ailleurs. Sauf qu’il n’a jamais été question de taureau mais de pénis. Qu’on prend par le bout. Enfin, les hommes… C’est surfait. Depuis que mon petit ami – fiancé pour être exact – est mort à la guerre – j’avais un peu de mal avec la gente masculine. Rooh tant pis, je finirai vieille fille avec pour seule compagnie ma sœur complètement nymphomane et ma grand-mère qui sera morte et probablement dans une urne sur la cheminée au salon. Pauvre Magdalena. Je lui mettrais des fleurs tous les jours. Bref, j’étais un peu perdue face à un jeune homme avec une touffe de cheveux similaires à un gamin des seventies. « Vous avez de beaux cheveux, dis-je tandis que je baissais les yeux vers ce qui semblait être un appareil photo. » AH NON. PAS DE PHOTOGRAPHES. J’ai l’impression d’être famous alors que je ne le suis pas. Je suis toute gentille moi. Une crème. Enfin, pas au sens normal hein. Juste que je suis gentille alors que les stars sont toutes méchantes et pas gentilles du tout. Ce que je viens de penser n’a pas de sens mais on s’en fiche. Je penchais alors la tête sur le côté avant de froncer les sourcils.

C’est à ce moment précis que mon téléphone choisit son moment pour se mettre à sonner. Mais, mais… Je ne veux pas qu’il sonne moi. Je le regarde avant de voir le nom de ma sœur sur l’écran. Je décroche donc à contrecoeur. « Excusez-moi…, dis-je à mon interlocuteur, t’es où banane ? Je suis perdue dans cette ville. Je veux retourner en Russie, au moins je comprends ce qu’il se passe, répliquai-je dans ma langue natale. » Après quelques indications et avoir compris que je n’étais pas dans le bon quartier, je raccrochais avant de reporter mon attention sur le jeune garçon. « Plus vieille ? Vous me trouvez vieille. Et pis vous savez que si vous me prenez en photos contre mon gré, je peux vous mettre un procès et avoir de quoi me payer un GPS avec l’argent que j’aurai touché ? » Je lui fais un immense sourire pour lui montrer que je plaisante avant de lui tendre la main. « Je suis Nina, ravie de vous rencontrer Monsieur Pas Google Maps. » Il me montre son appareil et je regarde en me mordillant la lèvre. « Je suis trop moche vous avez raison. » Je lui fis donc un de mes innombrables sourires en mode Joker. « Et comme ça ? C’est pas mieux ? »