Un journaliste people parlera de ma vie bien mieux que moi. Je me considère comme un orphelin lâché chez les loups affamés, comme un gosse qu'on aurait laissé à la porte de la vilaine sorcière pour qu'elle en face un escroc qui dupera le monde entier avec un pseudo talent hérité d'une force obscur. Mon monde à moi fourmillent sous les murmures des monstres qui tapissent mes murs, ma réalité est devenu un cauchemar, ma vie est un rêve.

« Bonsoir, je suis Frederic Cartier, le plus grand journaliste people que ce monde est porté, aujourd'hui nous allons avoir une interwiew d'Ewan Conroy, comment cet homme d'à peine 29 ans a-t-il réussi à s'imposer comme star du rock incontournable en ce début 2011 ? Quel parcours a suivi ce surdoué de la musique ? Vous saurez tout. Après la pub. »

Pendant ces interminables minutes pour n'importe qu'elle midinette devant son poste tv, j'avance calmement dans les coulisse, maquillé, briffé, prêt à déballer un discours longuement répéter, booster à la cocaïne, encore un peu de poudre pour que la caméra reflète une image de perfection. Le public hurle, le présentateur bafouille, mon cul se pose sur un siège. Et c'est l'apothéose. Je lève la main pour saluer, et les cris redoublent d'intensité. 5. 4. 3. 2. 1. Antenne.

« Bonsoir chers téléspectateur, bienvenue sur channel 9. Face à moi Ewan Conroy, star incontesté de la musique dont le nouvel album This is war vient tout juste de sortir. Mr Conroy, tout d'abord bienvenue sur notre plateau. On dit que vous êtes né au Texas dans une ferme, rien ne vous prédestiné donc à devenir un enfant du rock ? » Le soupir qui traverse mes lèvres est équivoque, mon manager tremble, il sait. Son discours, il peut se le mettre où je pense. « Absolument rien et pourtant j'suis là devant vu, adulé par des groupies en délire qui me demande en mariage toute les trente secondes. » Le silence se fait soudain pesant dans la salle, plus aucun cris, aucun bruit. Le ton est donné, je ne serais pas celui qu'ils veulent que je sois, les médias ont l'habitude, la vérité c'est qu'ils m'invitent pour ça. Puisque je suis un connard de vrai faux rebelle usiné par les série TV et les nanas en fleur. « Bien bien, vous avez fugué à 14 ans et n'êtes jamais encore rentré chez vous c'est bien cela ? Pourquoi ? » « Parce que mon père m'attend de pied ferme en tesson de bière en main prêt à éclater ma belle gueule. » « alcoolique ? » « Juste un peu rancunier. » « Arriver à New York vous êtes repéré dans le métro par un producteur coup de chance ? » « Fort probablement, peu de clochard finissent millionnaire. » « Vous travaillez toujours avec cet homme ? » « Non. Depuis il a trouvé Justin Bieber. » Rire de la foule. « On dit de vous que vous êtes un bourreau des cœurs … » « Ma vie privé ne vous regarde pas. » Terrain glissant, il se rattrape en rougissant, enchainer sur la musique pour ne pas risquer une fuite de la vache à lait que je suis. « Votre musique, a-t-elle un but ? » « Hormis celui de divertir les gens ? Oui. Je me bas contre l'emprisonnement, le racisme, la police, les frontières, la religion, le fascisme, les médias, l'esclavage, oppression, le communisme, le capitalisme, la xénophobie, la télévision, la soumission, le sexisme, l'uniformisation, l'ignorance, la déforestations, les taxes, l'autorité, la société de consommation, les exécutions, la colonisation, l'exploitation, la bureaucratie, la censure, la déportation, la propriété, le gouvernement, le système, la monarchie, la démocratie, les modifications génétiques, le nouvel ordre mondial, la conformité, la déshumanisation, les transnational, le copyright, les usines, la politique, le nationalisme, les pays, les profits, la torture, l'homophobie, l'injustice, les prisons, les dictateurs, la militarisation, la pollution, les parties politiques, la commercialisation, la discrimination, big brother, la culture plastique, la surveillance, le pouvoir nucléaire, la prohibition de la drogue, le G8, le FMI, la guerre, la CIA, Le MI5, le GIPN, dieu, les riches, les pauvres, les nazis, les banques, la mafia, le monde. »

Le silence suit ma réplique. En coulisse mon portable vibre dans tout les sens ma messagerie s'emplit de cris. Demain encore, je ferrais la une. Mon corps se redresse, je quitte le plateau, le regard fixe, les lèvres serrés. J'emmerde le monde et tout ces habitants. Je suis une putain de rock star.