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Appel de Constance à Ezekiel i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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| | Dim 10 Juin - 16:11 | |
| Ça faisait une semaine que le vernissage de ma galerie était passé et une semaine que je nageais en plein rêve. L'ouverture avait été un parfait succès. Les invités de marques semblaient beaucoup apprécier et tous mes amis étaient présents. Ce fut un moment magique et dans l'instant, j'avais carrément oublier de remercier celui grâce à qui tout cela avait été possible. Ezekiel. Il était sortit de nulle part pour me proposer ce contrat qui avait tout changer. J'attrapais mon portable posé sur la table basse avant de fouiller son numéro dans le répertoire. APPEL SORTANT |
| | | | Dim 10 Juin - 16:39 | |
| J’avais pu voir Constance. J’avais même pu la voir souvent, avec le contrat que je lui avais fait passer à la galerie, au vernissage, à la soirée qui avait suivi… Ma sœur. Demi-sœur. Quand mon père m’avait parlé de ma mère, photo en main, au début, j’avais pensé qu’il se foutait de moi. Mais complet. Parce que je n’avais aucun air de ressemblance, de près ou de loin avec celle qu’il avait désigné comme étant ma génitrice. Alors que Constance… Constance avait hérité de tout ! Je l’avais observé de loin durant tout le vernissage, me contentant de la regarder accepter les compliments sur ses photos alors que moi-même, j’avais été occupé à avoir un semblant de conversation avec un acheteur.
Assis sur le sofa qui trônait au milieu de la salle à manger de la maison, j’étais occupé à regarder tous les dossiers en retard concernant les dernières ventes d’œuvres en cours. Certains artistes pouvaient être certes des virtuoses du pinceau mais des gros cas en affaire ! Ainsi, c’était à moi que revenait cette tâche. Le dossier d’un acheteur pour une demi-douzaine de photo de Constance me tomba sous les yeux. Un type de Monaco d’après mes souvenirs, qui souhaiter donner une touche moderne à son appartement de millionnaire. Encore un. A côté de moi, mon portable se mit à vibrer.
Appel entrant Constance
Quand on parlait du loup ! Je portai l’appareil à mon oreille après avoir décroché.
-Tiens, salut ! J’ai justement ton dossier sous les yeux ! Tu veux que je te fasse une estimation sur le blé que tu vas te faire ?
Oh, et au fait, tu es ma demie-soeur et on m'a menti toute ma vie sur ton existence! J'avais souvent pensé au degré de subtilité que je devrais un jour ou l'autre mettre dans une telle annonce. J'avais 499 chances sur 500 qu'elle éclate de rire en pensant que je plaisante et la seule restante représentait l'éventualité qu'elle me prenne pour un dingue. L'avenir s'annonce radieux dans ma vie familiale!
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| | | | Dim 10 Juin - 18:15 | |
| L’ouverture de cette galerie m’avait ouvert tant d’opportunités. J’avais l’impression de passer ma vie au téléphone. Ce dernier ne cessait de sonner, jour comme nuit. Divers investisseurs, directeurs de magasines et autres qui souhaitaient avoir ma signature. J’étais comme qui dirais, entourée de requins. Je n’irai pas jusqu’à dire que la sensation de voir mon travail ainsi tant demandé me déplaisais, seulement, je ne m’y étais pas encore totalement habituée. Quand la voix d’Ezekiel retentit au bout du fil, je pris la télécommande posée sur la table afin de baisser le volume de la télévision. En parfait homme d’affaires, il était déjà partit dans un délire financier qui me fit d’abord sourire et ensuite soupirer. « Heu non, c’est pas pour ça que j’appelais. Les tunes, on en parlera plus tard si tu veux bien, c'est pas le plus important... Je voulais juste te remercier en fait. Je voulais aussi m’excuser de la manière dont je t’ai accueillis la première fois que tu es venu à ma rencontre. Comprends que les proporios de galeries qui arrivent la bouche en cœur en vous promettant la lune, j’en ai vu défiler. Mais bon, Micah avait raison. T’es loin d’être un idiot. Tu es quelqu’un de bien. C’est super ce que tu as fais pour moi… »
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| | | | Dim 10 Juin - 19:03 | |
| Il fallait que je lui dise. Un jour ou l’autre, ça allait bien tomber sur le tapis. Soit par une Micah laissant échapper une bourde soit par moi-même dans des circonstances désespérées. Et alors que je voyais s’afficher le prénom de Constance sur l’écran de mon portable, l’urgence de la révélation me revint en mémoire. Combien de temps allais-je pouvoir jouer à ce petit jeu du propriétaire de galerie tombé directement depuis Paris ? Il fallait que ça cesse. Mentir n’avait jamais été un problème, vraiment. A vrai dire, mon travail lui-même requérait une dose de mensonge phénoménal. Mais cette fois-ci… Ce n’était pas comme jouer les faux fiancés pour Micah ou augmenter les prix d’une vente. C’était sérieux. Sérieux parce que j’étais directement impliqué. Constance n’avait aucune envie de s’occuper de son compte en banque pour le moment. Elle n’était ni la première et ne serait sans doute pas la dernière à éviter ce genre de conversation. Mais la raison qui la poussait à m’appeler me laissa… Hébété quelques instants. Elle voulait me… remercier ?
-Que veux-tu, je ne pouvais pas décemment laisser un tel trésor se perdre dans la nature ! C’est un vrai talent que tu as là ! Et puis t’es une chouette fille Constance. Il faut croire que Micah avait raison sur ce point-là aussi… Comme quoi on était fait pour se trouver !
Et puis merde.
-Constance… Je… C’est pas vraiment un hasard si je suis venu m’installer à SF, tu sais..?
Peut-être que c’était le jour J. |
| | | | Dim 10 Juin - 20:38 | |
| Dès la première minute où j’avais parlé à Ezekiel, quelque semaines plus tôt, j’avais flairé en lui quelque chose d’assez étrange. Ensuite, Micah m’avait annoncé qu’ils étaient fiancés, doublement bizarre. Je connaissais Micah depuis très longtemps et le fait qu’elle m’ait caché quelque chose d’aussi énorme pendant tout ce temps était impossible. Un fiancé, ça ne tombe pas du ciel. De plus, ils avaient beau faire comme si ils étaient un couple ordinaire, il y avait certains gestes, certains détails qui ne trompaient pas. Ils ne semblaient pas naturels, voilà tout. Je ne trouvais pas ça très spontané mais, de peur de la blesser, j’avais opté pour la simplicité qui consistais à la fermer et avaler tous les mensonges qu’elle pouvait me servir. J’ignorais quel était le but de toute cette mascarade et je ne tenais pas à le connaître. J’avais passé ma vie à patauger dans les trucs louches. Maintenant, ma vie était à peut-près stable. Ce que les gens normaux auraient appelé la routine et la monotonie, moi, j’appelais ça le nirvana. Aussi louche qu’il pouvait être, j’avais décidé de faire confiance à Ezekiel, comme un aveugle pouvait faire confiance à son chien et il me le rendait bien. Toujours pendue au téléphone, je l’écoutais parler un léger sourire dessiné sur les lèvres. Son aisance à trouver les compliments adéquates m’avait toujours bluffé, et avec un tel accent, on ne pouvait faire autrement que de le trouver charmant. Ça devait être un sacré french lover… «Je te remercie, c’est vraiment gentil. Et je suis très heureuse qu’on se soit...» Je n’eus pas le temps de finir ma phrase qu’il m’avait interrompu. Sa voix était devenue plus grave et sérieuse et c’était loin d’être rassurant. Mon sourire s’effaça et je me redressais alors sur mon canapé comme pour me préparer à ce qu’il avait à me dire. C’était peut-être en rapport avec Micah… Enfin, c’est ce que j’espérais. Je savais que c’était trop beau; ma vie plate et sans intérêt me suffisait grandement. «Qu’est-ce que tu veux dire par là?»
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| | | | Dim 10 Juin - 21:25 | |
| Un confort bien tranquille au fin fond de San Francisco. Non, je n’étais pas venu pour ça. C’était pour elle que j’étais venu, au départ. J’avais tout quitté, l’appart’ à Paris, les amis que j’avais là-bas, les fêtes, les filles… Tout ça pour une inconnue avec qui je partageais… quoi ? La moitié de mon sang ? N’importe qui se serait contenté d’un simple voyage aller-et-retour pour aller la chercher, pour lui dire. Mais non, moi, j’avais carrément déménagé. Et maintenant que je l’avais au bout du fil, j’avais l’impression que l’univers tout en entier ne se résumait qu’à cette conversation. Parce que… c’était le cas, non ? Du moins, son univers à elle allait être chamboulé… Est-ce que j’avais vraiment besoin de faire ça par téléphone ? Quelque part, on m’avait toujours dit que c’était une méthode de lâche, que les « gentlemen » parlaient de trucs importants en face à face. Mais l’occasion m’était donnée, là, maintenant. Et peut-être qu’elle ne se représenterait pas. Je n’avais plus qu’à respirer un bon coup et à lâcher les bons mots. Plus facile à dire qu’à faire, cependant. Aussitôt, mon ton plus sérieux l’alerta. Je me redressai sur le canapé, envoyant balader les dossiers que j’avais dans les mains pour me concentrer d’avantage. Comment annoncer ça ? J’avais l’impression de lui avouer un truc horrible, comme si elle avait un cancer ou une merde du genre. « Je suis ton frère » ne se composait que de quatre mots, pourtant. Dans un soupir, je fermais les yeux avant d’annoncer.
-Il y a peu de temps, j’ai appris un truc énorme. Un truc tellement énorme que j’ai fait mes cartons pour atterrir ici. On m’a appris que j’avais une sœur, qu’elle vivait à SF et tout ça…
Une longue inspiration.
-Et j’ai toutes les raisons de croire que c’est toi. |
| | | | Dim 10 Juin - 22:55 | |
| Le silence qui s’était installé entre nous au fil de la conversation ne faisait qu’accroitre mes inquiétudes. Je n’avais qu’une envie, lui hurler d’accoucher mais je restais muette. Tout en serrant un oreiller contre moi, j’attendais, impatiente que sa voix retentisse de nouveau. Quand il reprit, je ne pus m’empêcher de répéter plusieurs fois la phrase en découpant chaque morceaux afin d’en saisir le sens réel. Ça n’avait d’ailleurs aucun sens. Mes yeux se mirent à fixer un point invisible dans mon salon. J’aurai voulu répondre quelque chose, seulement, j’étais beaucoup trop ahurie. J’ouvris la bouche, la fermais. Tout en portant la paume de ma main contre mon front, je me rappelais contre mon grès toutes les absences que le métier de ma mère avait causé dans mon enfances ainsi que les nombreuses disputes de mes parents. Mon cerveau était en ébullition. Je fronçais les sourcils, espérant chasser toutes ces pensées. «C’est impossible…» Mes paroles n’étaient qu’un petit chuchotis. Je me sentais comme paralysée à partir du cou. Tout en continuant de serrer mon oreiller. «Tu dois faire erreur sur la personne.»
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| | | | Lun 11 Juin - 7:03 | |
| Le silence s’était installé à une vitesse vertigineuse, le temps que Constance encaisse ce que je venais de lui annoncer. Pas facile, hein ? J’avais été pareil, à l’époque où mon père avait lâché une telle annonce. Je n’entendais plus que la respiration saccadée de Constance au bout du fil. Le téléphone, définitivement pas la bonne méthode pour avouer ce genre de truc. Peut-être qu’elle pleurait, qu’elle s’était évanouie ou je ne sais quoi ! Inquiet, j’étais à deux doigts de lui demandait si ça allait (bien sûr que ça n’allait pas !) quand sa voix fut de retour. Mon regard baissa vers mes chaussures, comme si elles étaient soudainement devenues les pompes les plus fabuleuses du monde. Si elle avait été en face de moi, j’étais certain que je n’aurais pu la regarder dans les yeux. Bon dieu… Comment argumenter ça… Il me fallut une longue inspiration pour continuer. Ma voix était toujours grave, même si quelque part, j’essayais de m’adoucir un peu pour lui rendre les choses plus faciles.
-Il…Il n’y a pas d’erreur, Cons’… J’ai cherché, pendant des mois, et tu es la seule vers qui la piste de la mère remonte. Mon père m’a montré une photo d’elle et… Depuis tout petit on m’avait dit qu’elle était mort mais en fait… non… Tu lui ressemble beaucoup…
Allons Ez’, il ne manquerait plus que tu te mettes à chialer au téléphone ! |
| | | | | | | | Appel de Constance à Ezekiel | |
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