Le bonheur a toujours été un but à atteindre pour moi, je sais pertinemment que je n’arriverai sûrement jamais à être comblée, à être heureuse, je compte sur mes rêves pour me procurer ce sentiment, mais je doute qu’ils soient suffisants pour le faire. Être créatrice de mode, arriver à faire ce métier, et être reconnue pour mes talents, être comme ces autres créateurs très connus, me comblerait sûrement de bonheur, enfin je crois. Sauf que depuis que j’ai eu cette discussion assez sérieuse avec la femme qui me sert de mère il y’a quelques années, je ne sais plus vraiment quoi penser, c’est fou ce qu’une mère peut facilement arriver à déstabiliser son enfant, elle depuis longtemps été pour moi, un exemple à suivre, quelqu’un que je voulais être, enfin cette admiration que j’avais pour elle a disparue avec le temps, mais elle influe encore un peu sur mes décisions et les choix que je me dois de faire dans la vie, et donc revenons à la discussion. D’après elle, le fait qu’elle réalise son rêve pour devenir journaliste, l’a rendue heureuse, mais ce n’était qu’un bonheur temporaire, elle sentait qu’il lui manquait encore quelque chose, et c’est en se mariant avec mon père et en adoptant un enfant, enfin une certaine Micah, qu’elle s’est rendue compte que le vraie bonheur c’était l’amour, que ce soit l’amour qu’elle porte à mon père ou qu’elle me porte, c’est ce qui l’a rendue complète. En l’entendant dire ça, je fis mon rire moqueur légendaire, un peu comme si je méprisais ses paroles, comme si je n’étais pas d’accord. Mais je sais qu’au fond de moi, les mères ont toujours raison, surtout la mienne, rien ne lui échappe, elle me faisait peur à un moment. Et donc, peut-être ai-je vraiment besoin de quelqu’un à mes côtés ? Quelqu’un que je pourrai aimer ? Peut-être suis-je incapable de vivre seule sans vraiment aimer, de toujours jouer avec le cœur des autres ? Tout cela me mènera-t-il vraiment à quelque chose ? C’est vrai, quand je serai vieille et toute ridée, je ne serai plus en mesure de jouer avec le cœur de qui que ce soit, je serai bien trop laide pour ça, mon corps sera tout flasque, et je ne servirai plus à rien, certaines personnes, enfin celles qui ont pu trouver l’amour, restent unis malgré les méfaits que peut avoir le temps sur leurs corps, un peu comme s’ils ne voyaient que l’âme de leur partenaire, et que leurs corps importaient peu. J’aurai bien aimé vivre ça, mais ça ne m’intéresse pas, de toute façon, je ne crois pas à tout ça. Il faut juste que je profite tant que je suis encore jeune. C’est vrai que je suis fiancée, mais ce n’est rien de bien sérieux, c’est juste un moyen que j’ai trouvé pour revoir mon frère jumeau. Peut-être que je joue avec le feu, mais qu’importe.
Aujourd’hui, était comme toutes mes autres journées, rien de bien spécial, je me suis levée assez tôt, j’ai eu droit à des bagels au cream cheese et un jus de fraise comme petit déjeuner. Ensuite je me suis douchée et je me suis préparée pour aller assister au défilé d’un tout nouveau créateur. Bien sûr j’ai pris un peu plus de temps à choisir mes habits, parce qu’il fallait que je sois irréprochable, j’ai alors décidé de porter une petite robe noire, une veste bien cintrée rose fluo, des open toes en cuir noires et un sac chanel noir. Je tenais à ce que mon seul habit coloré soit cette veste. Quant à mes cheveux, ils étaient légèrement ondulés. Je sorti ensuite précipitamment de la maison, un peu comme d’habitude, parce que oui, il faut dire que la ponctualité ne fait pas parti de mes plus belles qualités, on va dire. J’aime découvrir de nouveaux créateurs, j’espère moi-même arriver à être styliste un jour. Mais il faut que je m’inscrive dans une école, et que je sois étudiante encore une fois, je dois dire que je n’en ai pas vraiment envie. Alors je me contenterai de bien prendre soin de ma boutique et d’acheter les créations des autres stylistes. Le défilé enfin terminé, je me devais de sourire à des personnes que je déteste, de demander de leurs nouvelles, de leur faire des compliments, bref d’être hypocrite. Je n’aime pas spécialement faire ça, mais c’est aussi ça le monde de la mode. Je montais ensuite dans ma voiture direction sunset district, j’entrai dans un quelconque restaurant, puis je pris rapidement mon déjeuner, pour ensuite me diriger vers ma boutique qui se trouvait à quelques pas. Je saluai les quatre vendeuses qui étaient présentes, j’avais décidé de passer presque toute mon après-midi là-bas, juste histoire de voir un peu s’il y’aurait de nouveaux clients ou pas. Ma boutique est divisée en deux, une partie homme et une partie femme. J’ai plus de clients comme ça, d’ailleurs la section hommes n’a été crée que récemment, et je ne regrette pas du tout ce choix. Je fis le tour du magasin, tout en surveillant chaque recoin. J’aperçu une cliente qui semblait hésiter entre un legging en cuir noir et un legging jean taille haute. C’est ce que je peux appeler une urgence, je m’approchai d’elle, pour l’aider à faire son choix. Tout en lançant un regard noir aux vendeuses, parce qu’elles n’ont pas fais leur travail. Elles sont là pour aider les clients non ? S’il faut que je fasse le travail à leur place en plus. Je fis un de mes plus beaux sourires à la demoiselle, tout en lui expliquant que ces deux articles sont absolument à avoir dans sa garde-robe, et que le legging noir en cuir était bien sûr une priorité. Heureusement pour moi, elle a finit par prendre les deux. Je gardai le sourire aux lèvres, jusqu’à ce qu’elle s’en aille. Je n’hésitai pas ensuite à faire une petite remarque aux vendeuses, leur conseillant de faire plus attention aux clients la prochaine fois. Un jeune homme entra ensuite, comme je me tenais juste en face de la porte d’entrée, je pris bien soin de le contempler de la tête aux pieds. Son visage m’était assez familier, plus je le regardais et plus j’étais sûre de le connaître. Mais où est-ce que j’ai bien pu le rencontrer ? Ah mais oui ! Oh mon dieu, c’est avec lui que j’ai passé la nuit, la dernière fois que je suis partie faire la fête. Micah, calme toi. Sois professionnelle, j’esquissai un beau sourire avant de répliquer.
Il semblait assez perdu, alors j’avais décidé de lui proposer mon aide. Il vaut mieux que ce soit moi qui m’occupe de lui. D’ailleurs, heureusement que les vendeuses étaient parties s’occuper des autres clients, et donc si jamais il me reconnaît, et qu’il décide de parler de cette fameuse nuit, elles n’entendront rien, elles seront bien trop occupées pour ça.
J'avais enfin terminé de déballer tous les cartons qui m'appartenaient dans mon nouvel appartement. Cela avait été une tâche ardue, mais j'y étais parvenu, comme toujours. Il fallait dire que je possédais bien peu de choses: un gros canapé, un frigidaire, des films, des souvenirs...bref, tout ce qui pouvait rentrer dans un minuscule appartement d'une pièce - car c'était dans un endroit aussi petit que j'habitais auparavant. D'ailleurs, j'étais l'un des premiers qui avait pu terminé avant tous les autres. Mon sens de l'organisation et de la discipline avaient sûrement favorisé cet accomplissement. Parfois, je pensais que si je l'aurais voulu, j'aurais pu m’enrôler dans les Marines et me battre pour ma patrie adoptive. Toutefois, j'étais voué à un autre destin et cela n'avait rien pour me déplaire. Enfin bref, en ayant maintenant éliminé ce capharnaüm qui régnait autrefois dans ma chambre, je constatais que mes commodes étaient pratiquement vides. En effet, à ma grande surprise, je constatais que je n'avais pas grand chose à me mettre sur le dos. À part quelques habits d'occasion, un vieux manteau d'hiver qui ne me servait presque jamais, quelques maillots de bain, des t-shirts à la pelle et des pantalons - pour la plupart, des gens - , ma garde de robe manquait cruellement de morceaux. En soi, ce n'était pas dramatique. Pour moi, cela ne me causait pas vraiment de problèmes. Je ne faisais pas parti de ceux qui suivaient la mode de toute manière. Je pouvais porter le même t-shirt trois fois dans la même semaine sans me soucier de ce que les autres pourraient penser. Je suis un mec après tout et ce sont les genres de choses dont les mecs n'en ont rien à cirer. Néanmoins, là, je devais avouer que la plupart de mes t-shirts étaient en fichu état - déchirés, délavés, trop larges ou trop petits - et qu'il était temps que je fasse un tour au centre commercial. Je me promis de passer après mon dernier cours de l'après-midi et avant mon rendez-vous pour le boulot.
***
Le cours terminé, tout le monde se bouscula à l'extérieur de la classe. Il faisait tellement beau que personne ne pouvait sembler pouvoir tolérer de rester à l'intérieur. Enfin, c'était ça ou la simple envie de s'enfuir le plus rapidement possible d'un cours aussi long et laborieux que celui de comptabilité. Moi de même, malgré le fait que je m'en sortais, je ne pouvais pas dire que j'appréciais passer des heures à écouter le professeur parler et parler de son ton si neutre et barbant. Difficile de ne pas s'endormir. Heureusement, parce que j'avais conscience du privilège que j'avais de fréquenter des établissements scolaires digne de ce nom, je me forçais pour ne pas tomber dans ces vilains pièges. On pouvait dire que avoir été pauvre avait forgé en moi mon sens des responsabilités. Ainsi, même si tout le monde se ruait vers la sortie, je pris mon temps, car je savais qu'il n'y avait aucune raison de se presser. De toute façon, je savais que j'avais du shopping à faire et cela ne m'enchantait pas beaucoup. En vérité, j'étais de ceux qui préféraient se tenir le plus loin possible des centres commerciaux. En plus d'être une royale perte de temps, cela représentait aussi une immense perte d'argent inutile. Plutôt économe, j'aimais mieux investir mon argent ailleurs. De toute façon, tant que j'avais quelque chose pour m'habiller, je considérais que je n'étais pas à plaindre. Eh oui, vous pouvez le pensez, c'est l'opinion d'un mâle endurci. Or, là, j'avais pilé sur moi pour être plus présentable. De ce fait, j'avais même demander à Lucan, mon colocataire, où il aimait s'acheter quelques morceaux histoire de ne pas faire le tour des boutiques. Il m'en conseilla une certaine, dans Sunset District, mon ancien quartier. Ainsi, une fois dans ma bagnole, ce fut là que je conduis. En moins de vingt minutes, je fus devant la boutique, à tenter de faire des manœuvres avec ma Tercell pour me stationner. Je me jurais de rester un maximum d'une heure dans cette boutique. Je ne pensais pas excéder cette limite, mais sait-on jamais. Une fois que l'argent fut mis dans le parcomètre, je rentrai dans la grande boutique climatisée. Je ne savais pas trop où aller. J'avais fait l'inventaire de quelques trucs dont j'aurais besoin, mais je n'avais pas une idée précise de ce que je recherchais. Je me mis donc à traverser les allées et regarder les vêtements, à la recherche de quelque chose qui pourrait attirer mon attention. Je m'arrêtai vers un présentoir de t-shirts plutôt sympa. Au même moment, une vendeuse m'interpella. Ah les vendeuses! Toujours à la recherche d'une commission généreuse. Je me retournai pour voir à qui j'avais affaire et me retrouvai devant une brunette trop familière.
Retour au début mars, dans un night club de San Francisco
Denver m'avait trompé. Je ne le digérais toujours pas. Qu'est-ce que j'avais fait de mal? Je faisais limite tout ce qu'elle voulait! Je ne l'avais tout de même pas pousser dans les bras d'un autre! Toutes ces questions et bien d'autres m'assaillaient depuis des jours entiers. Je me muais dans mon silence et je ne parlais à personne de ma honte, de mon ressentiment, de ma rage de vivre. Je voulais l'oublier. Je voulais faire comme si elle n'était jamais atterrie dans ma vie. J'étais sûr que je pouvais y parvenir si je n'en parlais à personne et si je l'évitais. C'était le plan. Ces derniers jours avaient été un enfer. Je performais comme un athlète professionnel dans l'équipe de football américain de l'université, j'étudiais comme un nerd et je travaillais d'arrache-pied au boulot pour faire d'encore meilleurs résultats tout ça parce que j'avais besoin d'extérioser mon mal. Toutefois, même si cela m'apportait plusieurs effets bénéfiques, il n'en restait pas moins qu'elle restait encore bien dans mon esprit. Mais aujourd'hui, plus que jamais, j'étais déterminé à l'oublier et à passer à autre chose. Je me disais que l'alcool ne pouvait que m'aider à accomplir cette mission. Ainsi, en brisant le carcan de mes vieilles habitudes, je décidais d'aller me changer les idées dans une boîte de nuit. J'y allais seul puisque je jugeais qu'il n'était pas nécessaire que l'un ou l'une de mes amies me suivent pour me surveiller comme un babysitteur. Alors, je me rendis seul. À l'heure où j'y étais, il y avait déjà beaucoup de personnes. C'était un vendredi soir, normal. Je décidais d'abord d'aller me prendre à boire. Visiblement assoiffé, les verres s'enchaînèrent un à un. Je perdis le compte. Comme je l'avais prévu, mes pensées devinrent plus floues. Quand je sentis que j'étais assez engourdi, mes membres voulurent se dégourdir. Je me levai de mon banc et traversai la foule comme un prédateur. Dans cet amas de personnes se dandinant les unes contre les autres, je vus une jolie jeune femme. Brunettes, avec les yeux profonds et brillants. Elle me faisait dos. Sans attendre, au fil de la musique, j'approchais tranquillement derrière elle en posant d'abord mes mains sur ses hanches et en collant ensuite mon bassin. Sur le rythme endiablé, nous dansâmes au rythme de la musique, son corps épousant chacun des mouvements que mon corps lui imposait. Ma tête s'aventura même dans son cou, le remontant très lentement. Je lui murmurai quelques chose en espagnol à l'oreille.
- Su piel es tan suave como la seda,*, soufflai-je de ma voix grave.
J'ignorais si elle parlait l'Espagnol. Je crus comprendre que si puisqu'elle se retourna vers moi en me regardant avec ces yeux d'enchanteresse. Elle avait un de ses sourires charmeurs.
- Tu t'appelles comment? avais-je demandé ensuite en Anglais.
Retour à la boutique
Micah. Nom de dieu. C'était la fille que j'avais rencontrée dans ce club et qui.... Et merde! Ce n'était plus du tout mon genre de faire ce genre de truc. Je n'étais pas de ceux qui croyaient aux histoire sans lendemain. J'avais toujours cru que la femme méritait plus de respect que cela. Et pourtant, cette soirée-là, j'avais fait ma tête de mûle et passer par-dessus mes principes. Quel con je pouvais être! J'eus un petit sourire de malaise en constatant que nous étions réunis. San Francisco contenait pourtant des millions d'habitants, mais il fallait que je tombe sur elle. Sacré karma. Je ne pouvais pas dire que mon malaise était perceptible à vue d'oeil. J'étais tout de même capable de contrôler mes émotions à la perfection. J'optais plutôt pour un sourire.
- Ah, euh, merci. De l'aide me sera peut-être utile.
Je lui tendis la petite liste où il était griffonné les items que j'avais besoin ainsi que les quantités.
- Je n'ai pas d'idées précises, dis-je sur un ton contrôlé et normal, mais voici ce dont j'ai besoin.
Alors qu'elle avait les yeux baissés sur la liste, je me permis d'ajouter quelque chose d'ordre un peu plus personnel.
- Je ne m'attendais pas du tout à ça, avouai-je en échappant un rire et en souriant de toutes mes dents.
« Ah, euh, merci. De l'aide me sera peut-être utile. » Son sourire m’avait quelque peu rassuré, peut-être qu’il ne m’a pas du tout reconnu après tout. Tant mieux si c’est le cas, ça ne me dérange absolument pas d’être la seule à ressentir ce malaise, mais c’est impossible, il va se rappeler de moi tôt ou tard, ce n’est plus qu’une question de temps, si ce n’est pas déjà fait. Je pris le sorte de mini papier, assez peu soigné qu’il venait de me tendre. Il contenait une liste d’articles à acheter avec leur nombre, je dois dire que je n’ai jamais vu cela auparavant. Acheter des vêtements, serait un peu comme faire des courses au supermarché pour lui ? Il fait des listes comme ça, et achète tout ce qui est écrit ? Mon dieu, suis-je entrain de rêver, là ? Faire du shopping, c’est un peu comme se renouveler, on renouvèle sa garde-robe, on peut même se découvrir à travers nos vêtements, c’est intime, c’est personnel. Ce n’est pas comme acheter toutes ces nécessités quotidienne, comme la nourriture ou des produits nettoyants. Je ne vais sûrement pas suivre sa liste, je vais même lui faire découvrir le monde de la mode. Il ne semble pas s’y intéresser plus que ça, mais j’espère apporter un changement à tout cela. J’espère qu’il assez ouvert d’esprit. Hm, en tout cas, ce que je peux dire, c’est que c’est un sacré dragueur, ou peut-être que je me suis juste laisser faire parce que j’étais un peu trop détendue à cause de l’alcool ce soir là. Je n’en sais rien, mais j’ai plutôt passé une belle soirée, c’est un latino après tout, je ne pouvais résister quand il m’a abordé en espagnol, ma langue natale. « Su piel es tan suave como la seda » je crois bien qu’on ne me l’avait jamais sortie celle-là, alors je ne risquais pas de l’oublier après cela. Pour tout vous dire, je ne me souviens pas vraiment de son prénom, mais je me rappelle bien de tout le reste, sa tenue lors de la soirée, ses paroles, son sourire et.. et tout le reste. Plus je repensais à ce qui s’était passé entre nous, et plus je me sentais gênée. J’aurai dû bien me saouler ce soir là, je ne me serais rappelé de rien dans ce cas. Il faut dire que ce n’est pas mon genre de coucher comme ça avec un inconnu et de repartir le lendemain et faire comme si rien ne s’était passé. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé, j’avais peut-être envie de changer un peu, de me lâcher. Oh et puis non, je ne regrette rien, même si je me retrouve dans une situation plutôt gênante, je dois quand même rester professionnelle. Quand j’ai ouvert cette boutique, j’ai décidé que peu importe qui franchirait la porte du magasin, ne serait rien d'autre qu'un client, peu importe si je le connais ou pas.
« Je ne m'attendais pas du tout à ça » Mon cœur s’était arrêté de battre un instant après ces quelques paroles. Alors, il s’est bien rappelé de moi et... de cette nuit surtout. Sinon pourquoi il me dirait qu’il ne s’attendait pas à ça ? hein ? Je me sentais un peu comme.. démasquée.. Je m’efforçais d’esquisser un sourire aimable mais gêné à la fois, tout en écarquillant légèrement les yeux. Je baissais un peu d’un ton, tout en répliquant.
« Moi non plus à vrai dire.. et puis.. je ne m’attendais pas non plus à ce que tu te rappelles de moi. »
Mais c’est vrai quoi, normalement les hommes en général, quand ils font face à ce genre de situation, soit ne se rappellent généralement pas de leurs histoires d’un soir, ou font semblant' de ne pas se rappeler. Ils sont très doués pour ça d’ailleurs. Alors, je me suis dis que ça serait pareil avec lui. Hm, je me suis apparemment tout simplement trompé, il doit sûrement s’agir d’un type bien qui sait. D’un ton parfaitement neutre et assez haut, je finis par m’adresser à lui une seconde fois.
« Ne vous inquiétez pas, je m’en charge. Est-ce que vous pensez vraiment avoir besoin de cette liste ? Je peux tout simplement vous montrez nos différents articles, et vous pourrez choisir selon vos attentes. »
Eh oui, jouer un rôle, n’importe lequel, je sais le faire. J’ai souvent dû prétendre par le passé, et ce dès l'âge de onze ans, je devais être la fille parfaite, qui a toujours de bonnes notes, qui est polie et surtout très sociable, avec beaucoup d’amis, ils étaient surtout là parce que j’appartenais à une famille riche. Je suis sûre que s’ils savaient que j’ai juste été adoptée, et que je venais en fait d’un orphelinat du Mexique, ils me fuiraient tous. Hyporcite ? Oui, je crois bien que je le suis un peu. Je ne mens pas, mais je cache mes sentiments, mes émotions et mes pensées. Je suis parfaitement capable de sourire et de parler à une personne que je hais, mais je ne le nierai absolument pas, si jamais elle me demande ce que je ressens à son égard, de la haine tout simplement. Alors, on va dire que je suis plus polie qu’hypocrite. Enfin c’est compliqué à expliquer. Mais s’il y’a bien une chose que j’ai apprise en travaillant, c’est que pour survivre dans le monde de la mode, il faut être hypocrite, toujours sourire, avoir la classe, être ouvert aux autres, mais pas trop quand même, et surtout être riche ou du moins le paraître, c’est la clé pour réussir.
Si faire du shopping pour moi représentait une corvée, gérer les situations délicate l'était tout autant. Vraiment, à combien pouvait-on évaluer les chances que Micah et moi ayons les chances de nous revoir un jour? Une sur 10 000, 20 000 peut-être? Et pourtant, elle était devant moi, plus réelle que jamais. Si je ne l'aurais jamais revu, peut-être aurais-je pu me convaincre que j'avais rêvé et que cette soirée n'avait jamais vraiment eu lieu? J'aurais au moins pu tenter de me faire avaler que je n'avais pas sombré dans le vice. Maintenant, j'avais bel et bien la confirmation que j'avais mes faiblesses moi aussi. En tout les cas, si la situation me faisait grincer des dents, cela devait être dix fois plus insupportable pour mon interlocutrice. Nous devions passer d'une relation «d'amants d'un soir» à une un peu plus hiérarchique, celle du client et du vendeur. Il fallait qu'elle reste professionnel et souriante même si la situation en tant que telle ne favorisait pas le sourire. J'imaginais qu'elle tenait à ce que nous restions le plus discret que possible à ce sujet dans son climat de travail. Je n'allais pas entretenir le malaise inutilement. Je ne m'y sentais pas plus confortable. Pour, supposai-je, dissiper un certain embarras, elle s'attarda à ma liste d'achats à effectuer. Visiblement, elle semblait trouver cela un peu rasoir vu l'expression avec laquelle elle la contemplait. J'imaginais qu'elle devait me trouver étrange de venir faire des achats aussi préparé. J'étais prêt à parier qu'elle et moi n'avions pas les mêmes opinions en matière de l'importance d'une garde-robe bien garnie et à la mode. Mon petit doigt me disait qu'elle devait sûrement bosser dans le domaine - ce qui expliquerait ses différentes vues sur la mode en comparaison aux miennes.
Pendant qu'elle prenait compte des items que j'avais besoin, j'avais lancé une petite phrase lui manifestant que je l'avais reconnu. Aussitôt, je la sentis se pétrifier. Elle devait avoir nourri le minime espoir que j'aie oublié qui elle était. Avec cette phrase, il y avait bien peu de chance que cela ne soit plus le cas. J'aurais peut-être dû feindre l'ignorance et agir comme si de rien était. Toutefois, étant un homme intègre et honnête, je ne me permettais pas de m'emporter dans de tels jeux au risque de déplaire à ceux pour qui affronter la vérité n'avait rien d’agréable. En y repensant, j'aurais dû me douter que me revoir ne devait pas l'enchanter. En effet, je me souvins de m'être réveillé tôt le matin parce qu'elle avait fait du bruit en voulant atteindre sa robe. J'avais remarqué qu'elle cherchait le plus possible à faire une sortie en douceur, sans que j'en aille le moindrement conscience. Au lieu de me réveiller, j'avais choisi de me rendormir. Ni elle ni moi n'avions l'envie d'avoir une conversation embarrassante et qui nous aurait mener nulle part. Je regrettais déjà de m'être laissé aller de cette manière: je l'avais laissé se glisser en douce à l'extérieur de mon ancien appartement, la laissant emporté avec elle les souvenirs de cette nuit. C'était à peu près tout ce que je me souvenais: le début de notre rencontre et le lendemain matin. Tout le reste, c'était le néant. Cela ne devait être que mon cas puisque, vu sa réaction, elle semblait avoir au contraire la mémoire très claire. Un avantage ou un désavantage? À ce stade-ci, je n'en savais trop rien.
Elle finit par prendre la voix, me confirmant mes pensées: elle pensait que j'aurais oublié qui elle était.
- Si ça peut te rassurer, ajoutai-je à voix basse, je ne me souviens de peu de choses. Je ne me rappelle que du contexte dans lequel on s'est rencontré et ton prénom...
Elle leva les yeux vers moi.
- Micah, complétai-je.
Étrangement, le malaise, de mon côté, se dissipa rapidement. C'était comme si, en prenant les reines de la conversation, cela avait disparu. Je me disais que ce qui était fait était fait. On ne pouvait revenir en arrière. Tout ce qu'on pouvait faire, c'était en rire. Puis, finalement, elle revint sur le sujet des vêtements, un sujet dans lequel elle était beaucoup plus confortable. Après sa proposition, je me contentais de hausser les épaules et me passer la main dans la nuque.
- Franchement, cela m'est égal. Je veux simplement ne pas dépenser une fortune. C'est possible?
Mon dieu, ce que c’était embarrassant, enfin que pour moi heureusement. Je ne me suis jamais retrouvée dans une telle situation auparavant, enfin bien sûr que comme tout le monde, j’ai déjà eu droit à de nombreuses et différentes humiliations vu ma maladresse, mais jamais dans mon lieu de travail, et cela n’arrivera pas aujourd’hui. Au travail, je suis la gérante et aussi la propriétaire de la boutique, je suis respectée, et en quelque sorte admirée. Si jamais les vendeuses apprennent que j’ai passé une nuit presque saoule avec ce jeune homme, je ne préfère pas imaginer ce qui arrivera. Pour l’instant, il est assez discret et je dois dire que j’apprécie cela. Maintenant que je peux le contempler de manière plus détaillée, il me semble assez jeune, enfin ai-je vraiment eu une aventure avec lui ? Et s’il était plus jeune que moi ? Oh non pas ça, non.. Je ne crois pas. Enfin je ne me rappelle plus de son âge, il m’en a parlé je crois.. ou pas. Mais voilà le problème, il suffit juste que je bois quelques verres, et je me lâche, je deviens insouciante et délurée, bref une autre Micah. Peut-être qu’il paraît juste jeune, et qu’on a en fait le même âge ? Enfin peut-être. Bref, j’arrête de me poser trop de questions. « - Si ça peut te rassurer »ajoutait-il à voix basse, « je ne me souviens de peu de choses. Je ne me rappelle que du contexte dans lequel on s'est rencontré et ton prénom... » Si ça peut me rassurer ? Mais ça ne me rassure pas du tout ça, le contexte dans lequel on s’est rencontré.. c’est déjà beaucoup ! Et assez pour me gêner. Ça m’apprendra en même temps, à aller faire la fête seule, voilà ce qui arrive, on finit par faire n’importe quoi et on le regrette après. Je finis par lui sourire brièvement, avant de jeter un petit coup d’œil aux vendeuses, juste histoire de les surveiller un peu, et d’être sûre que personne n’est entrain de nous espionner. « Micah, » J’écarquillais légèrement mes yeux, il a une très bonne mémoire on dirait. Par contre moi, j’ai beau faire un effort monstre pour me souvenir de son prénom, je n’y arrive pas. Je me rappelle juste de cette nuit, je n’étais malheureusement pas assez saoule pour l’oublier, et je suis bien sûre d’avoir couché avec lui. Mais franchement, tout ça est assez flou dans ma tête.
« Waw, tu as une très bonne mémoire ! Mais je tiens à me présenter, dans un tout autre contexte. Je m’appelle Micah Calliope Sanchez. Et toi ? »
Et pourquoi pas après tout ? Pourquoi ne pas faire en sorte d’oublier ce qui s’est passé et de se rencontrer à nouveau, dans un autre lieu et surtout avec nos vêtements sur nous. Oui, c’est une bonne idée non ? Et puis cela me permettra de connaître son nom, enfin une façon plus polie de dire que je ne me souviens pas vraiment de son prénom. Et j’étais curieuse de mieux connaître la personne avec qui j’avais passé une nuit, même si mon plan de départ était justement de ne pas la revoir ! Mais comme d’habitude, le destin a toujours le dernier mot. « - Franchement, cela m'est égal. Je veux simplement ne pas dépenser une fortune. C'est possible? » Ces paroles m’avait fait rire, qui va faire du shopping en s’attendant à ne pas dépenser une fortune ? Mais c’est tout à fait normal ! On vit pour dépenser, et puis lorsqu’il s’agit de vêtements il ne faut pas compter. Enfin, je m’efforcerai de lui faire économiser un peu d’argent. Je le regardais un instant un sourire assez professionnel aux lèvres, puis je l’emmenai dans un coin assez intéressant de la boutique, là où je stock les articles à bas prix mais qui sont tout de même de bonne qualité, et assez simples. J’ai remarqué d’après son style vestimentaire, qu’il n’aimait pas se compliquer la vie, et qu’il voudrait sûrement acheter des choses basiques.
« Je crois bien que tu trouveras ton bonheur ici. Si jamais ce n’est pas le cas, préviens moi. Je vais aller te choisir d’autres vêtements en attendant. »
Je finis par aller chercher quelques vestes, des pulls et autres vêtements qui pourraient l’intéresser. Je ne tardais pas trop avant de venir avec un assez grand nombre de nos plus beaux articles pour homme. J’espère qu’il aimera au moins. Je finis par les déposer sur une chaise à côté. Comme il semblait un peu perdu, je finis par aller l’aider, et je fis ma petite sélection de tenues qu’il pourrait porter au quotidien, pour sortir ou faire du sport, aller au restaurant et d’autre tenues assez classe, pour des sorties dans un club ou à des soirées. J’appelais ensuite l’une des vendeuses pour tout mettre dans l’une des cabines d’essayage disponibles. Et tout en souriant je finis par répliquer.
« Ne t’inquiète pas, tu n’auras pas à choisir. J’ai pris plusieurs tenues assez simples pour toi, vu ton style vestimentaire, et j'espère qu'elles te plairont. Tu n’as qu’à essayer tout ça, et choisir après celles dans lesquels tu te sens bien. »
Après lui avoir indiqué où se trouvait la cabine d’essayage, je finis par m’éloigner un peu, histoire de le laisser essayer tout ça, il me donnera son avis après.
En jeune adulte responsable, je devais apprendre à faire des choix judicieux tout en évaluant chaque conséquence qu'une action pourrait causer. Jusqu'ici, je m'étais débrouillé. Même, pour un homme de 21 ans, je trouvais que je débordais de maturité et de bon jugement. Toutefois, j'avais mes faiblesses, comme n'importe quel humain - et ça, je détestais l'admettre. Remonter deux années auparavant, je n'avais pas la maturité émotionnelle nécessaire pour en arriver à agir comme quelqu'un de responsable et prévoyant. En fait, m'attacher à quelqu'un avait toujours représenter une charge de plus sur mes épaules: cela m'amenait des soucis à la douzaine et je préférais franchement ne pas me préoccuper davantage. Par le passé, on m'avait prouvé que tous ceux que j'aimais étaient partie, sans que j'aie la chance de les fréquenter plus longtemps. Depuis, j'avais toujours préféré garder mes distances et ne pas entretenir de liens privilégiers avec personne. Il y avait des exceptions comme George et Grace et leur famille élargie, mais j'avais toujours gardé la crainte secrète qui leur arrive quelque chose à eux aussi et que la vie me les arrache. Ainsi, à l'université, j'avais enchaîné les coups d'un soir sans vraiment à songer si j'allais briser des coeurs ou non. En autant que le mien était épargné, cela ne me posait aucun problème. De toute façon, je présumais que dans cette histoire, nous étions deux consentants. Dans la dernière année, Denver avait fait craquer ma carapace et j'avais acquis cette dite maturité qui me manquait. J'allais laisser plus de gens rentrer dans ma vie, je m'étais ouvert et épanoui. J'étais certain qu'il n'y aurait pas de possibilité de rechute. Et pourtant... Lorsque nous avons rompu - rupture que je lui avais imposé -, j'avais commencé à perdre les pédales. J'avais commencé à boire pour oublier, pour m'empêcher de penser. Inévitablement, j'étais retourné à mes vieilles habitudes... La vie me le faisait payer aujourd'hui.
En adulte responsable, il fallait maintenant que je fasse face à cette réalité plus ou moins confortable. Ce n'était pas comme si j'avais le choix en vérité. Alors, j'avais commencé par lui rappeler que je me souvenais d'elle pour mettre les cartes sur table. Cette information sembla la désenchanter, mais elle conserva son sourire professionnel et un tantinet hypocrite. Loin de lui en vouloir, je ne réagis pas à ce sourire et attendis qu'elle saisisse la perche que je lui tendais. D'un naturel bien contrôlé et charmeur, elle me complimenta d'abord sur ma mémoire phénoménale avant de refaire les présentations correctement. Sanchez. Une latina, peut-être? Ou avait-elle des origines? Peu importe, le fait de me retrouver entre latinos m'aspira de soulagement, étrangement. Il faut croire que je me suis toujours senti parmi les liens lorsque j'étais en leur présence. Cela devait expliquer ma réaction.
- Domenico Torrès, pour ma part, ajoutai-je en lui serrant la main, ce qui, de loin, pourrait satisfaire son désir de discrétion vis-à-vis ses employés et leur faire croire à distance que nous venions à peine de nous rencontrer.
Je secondais son avis de repartir à neuf. Nous nous étions peut-être connus dans d'autres circonstances, mais j'étais prêt à voir l'envers de la médaille. Pour le peu que je me souviens, nous gagnions tous les deux à refaire notre image aux yeux de l'autre. De toute manière, je trouvais que c'était la façon la plus sage d'agir dans une telle situation. Si jamais nous n'avions pas beaucoup d'affinités, notre relation prendrait fin au seuil de la porte de sa boutique et personne n'en ferait un plat. Or, d'ici là il fallait se sauver la face. Je ne pouvais pas dire que j'étais mal à l'aise: cet inconfort s'était dissipé lorsque j'avais pris les rênes de la conversation. La première chose qui m'importait, c'était de reparfaire ma garde-robe sans que j'aie à dépenser une véritable fortune. Je pris d'ailleurs la peine de lui souligner. Avec un salaire confortable pour payer sa part du loyer et sa voiture, il m'en restait bien peu pour la nourriture et toutes autres dépenses utiles à San Francisco. Sur les conseils de Lucan, j'avais choisi cette boutique pour effectuer quelques achats. Lui aussi étant étudiant, j'avais conclu qu'il venait ici pour la qualité-prix. J'espérais ne pas avoir effectuer de mauvaises conjectures. À mes dires, elle se contenta de sourire et m'attira avec elle dans une section où les prix demeuraient raisonnables. Je me mis à scruter le présentoir avant même qu'elle prononce un mot. Je pourrais trouver des items à mon goût. Elle m'informa ensuite qu'elle irait me dégoter d'autres morceaux pendant que je faisais ma sélection. Alors qu'elle s'éloigna, je regardais les t-shirts devant moi. Il me prit peu de temps pour prendre ceux qui m'intéressaient. Je n'étais pas du genre à passer des heures à examiner chaque item. Je savais quelle couleur m'allait bien, ce qui me plaisait et ce qui me serait pratique. Elle revint vite vers moi, les bras chargés. Je n'eus pas le temps de jeter un coup d'oeil aux étiquettes. J'espérais que ce n'était pas des prix exorbitants. De toute façon, je me réservais le droit de refuser.
Après avoir effectué une première sélection, je passai aux cabines. J'essayais plusieurs items. Certains me convenant, d'autres non. Vint le moment où j'enfilais un t-shirt bleu turquoise que j'affectionnais particulièrement. Étant peu trop grand, je le retirai et sortis de ma cabine.
- Pourrais-tu me l'apporter un point plus petit? Il est trop grand sur les épaules.
Je ne pris pas immédiatement conscience que j'étais torse nu devant elle.
« Domenico Torrès, pour ma part » Torrès ? J’imagine que j’ai à faire à un jeune Latino. Il faut dire que le fait qu’on fasse parti de la même communauté est un plus, cela nous permettra de faire plus ample connaissance dans une ambiance plus paisible, vu qu’on doit sûrement avoir presque les mêmes convictions, et la même culture surtout la même langue maternelle. Mon dieu, il semble assez jeune, un étudiant je dirai. J’avais pris le temps de bien le scruter de loin, tout en cherchant les articles qui lui conviendrait. Il ne doit tout de même pas être mineur, non ? Mon dieu s’il vous plait faites qu’il ne le soit pas. Il ne parait pas si jeune que ça, la vingtaine je dirais. Enfin, moi avec mon âge, j’ai l’air d’une vieille à côté. Vingt-sept ans, vous imaginez ? Si les vendeuses apprennent ça, elles en feraient leur sujet de discussion principal. ‘la patronne amène ses jeunes conquêtes au magasin’, et je ne serai pas étonnée si elles commencent à inventer d’autres histoires, du genre ‘la patronne couche avec ses clients dans le magasin, elle se cache dans l’une des cabines, c’est une vraie obsédée’, j’ai déjà eu droit à un petit aperçu de leurs intérêts, le gossip est une vraie passion chez elles. Elles ont toujours besoin de parler de quelqu’un, je suis bien curieuse de savoir ce qu’elles disent sur moi, je dois être leur bête noire, dès que je suis dans les parages, elles arrêtent de parler, en me regardant l’air terrifiées. Je ne suis pas si méchante, juste autoritaire. De toute façon, je ne devrais pas faire autant attention à ce qu’elles peuvent penser ou dire sur moi, elles parleront dans tous les cas, et c’est une chose que je ne peux malheureusement pas contrôler. Alors autant que je fasse ce que je veux, enfin pas maintenant. Il vaut mieux ne pas aggraver mon cas. Je lui serrai ensuite la main, pour que notre relation paraisse assez formelle, comme si on s’était rencontré pour la première fois. C’est bien qu’il coopère avec moi, ça m’aidera à être discrète.
Après avoir effectué mes recherches, je finis par revenir chargée de vêtements. J’avais vraiment fais de mon mieux pour être à la hauteur de ses attentes. Il reste avant tout un client, et il faut que je fasse de mon mieux pour le satisfaire, il fera peut-être une bonne publicité du magasin qui sait. Surtout que je suis entrain de préparer ma première collection printemps-été, pour la marque Calliope. Il faut donc absolument qu’il sorte content et ravi de ses achats. Il fit donc une première sélection des articles que je lui ai personnellement proposé, avant de se diriger vers l’une des cabines d’essayage qui se trouvaient non loin de l’endroit où on se trouvait. Je l’accompagnais donc, et comme il allait sûrement prendre beaucoup de temps à essayer, vu le nombre d’article qu’il avait choisi, je commençais à vérifier mes mails via mon téléphone portable. Je suis même arrivée à répondre à quelques uns, quand le jeune homme sortit soudainement de la cabine, le torse nu. J’écarquillais légèrement mes yeux, cette.. vue a eu comme un effet de flashback pour moi. Je veux dire, ce torse ne m’ait pas inconnu du tout, et ça me rappelait la nuit qu’on avait passé ensemble, chose qui me gênait un peu. Mais il faut savoir rester professionnelle. Ne rien laisser paraître. « Pourrais-tu me l'apporter un point plus petit? Il est trop grand sur les épaules. » Je restais figée durant un court instant, avant de finalement répondre l’air un peu bête.
« Euh.. Oui, oui je m’en occupe tout de suite. »
Mon dieu ce que je peux être… idiote. Ce n’est pas comme si je n’avais jamais vu de torse de ma vie. C’est juste un peu troublant pour moi de savoir que j’ai passé la nuit avec un inconnu, et de le revoir quelques temps après dans mon magasin. Il fallait que je m’y attende en même temps. J’avertis donc l’une des vendeuses, qui m’a rapidement apporté un t-shirt d’une taille en dessous. J’espère que ça lui conviendra.
« Voilà. Tu me diras si ça te va maintenant. »
Tu ? Est-ce que je viens de le tutoyer devant la vendeuse ? Mon dieu, je suis grillée. Je vouvoie toujours mes clients, elle va sûrement se douter de quelque chose. Peu importe, ce qui est fait est fait. Tout ce que je peux faire maintenant, c’est attendre et voir quels articles il finira par choisir. Enfin j’espère qu’il prendra quelque chose au moyen. Et que tout se passera bien. Sans que cette stupide vendeuse ne commence à s'imaginer des choses, il ne manquerait plus que des rumeurs se créent sur moi, dans mon lieu de travail.
Pendant que je me changeais, je sentais une certaine nervosité dans l'air. Pas de ma part, mais plutôt de celle de Micah. Je pourrais comprendre que dans une atmosphère de travail, impliquer la vie personnelle n'était pas appropriée. Vu de la façon dont j'avais fait connaissance avec la latina, il était normal qu'elle veuille garder l'affaire sous silence. Cela dit, sa nervosité se sentait. En tout cas, moi, je la sentais. J'avais ces espèces d'antenne qui me rendait très réceptif aux émotions des autres. J'avais passé tellement de temps à observer les autres, les analyser et les déchiffrer que maintenant cela devenait presque un réflexe quand je rencontrais quelqu'un d'essayer de décerner le personnage. Heureusement pour elle, cela n'était pas trop visible au yeux de ses subalternes qui se faisaient duper assez facilement. À ce propos, les autres vendeuses, beaucoup moins occupées, n'hésitaient pas à passer près des cabines d'essayage pour flâner un peu, feindre de placer quelques ceintres ou me demander si tout allait bien pendant que Micah continuait de me dénicher d'autres morceaux. À mon avis, elles avaient vu en moins quelque chose qui pourrait déstabiliser leur patronne. Si elles étaient animales, elle seraient sûrement des vautours. J'avais oublié à quel point l'univers de face pouvait être cruel et sans piié, à la recherche du moindre ragot pour faire tomber l'autre. Heureusement pour Mademoiselle Sanchez, je ne me laissais pas entourlouper par ses méthodes mesquines et bien peu subtiles. Elle tenait à se discrétion et je tenais à respecter ses volontés. Gentleman, vous dites? C'est mon mot d'ordre autant que possible.
N'ayant pas vraiment réalisé que je sortais torse nu devant Micah, je lui demandais d'aller me chercher un point plus petit pour le t-shirt. Aussitôt, elle écarquilla les yeux de surprise. Il me fallut peu de temps pour constater pourquoi elle avait eu une telle réaction. Je décidais de garder ma neutralité, feignant de ne pas m'en être aperçu. De toute façon, si je suragissais, cela allait sûrement alerter ses sous-fifres et j'étais certain qu'elle n'en avait pas envie. De toute façon, ce n'était pas comme si cela me dérangeait qu'elle me voit ainsi. Je n'étais pas à poil tout de même. Après quelques secondes de silence, de confusion et de stupeur, elle retrouva un semblant de sang froid et réussit à articuler avec un ton au peu déphasé qu'elle allait s'en charger. Elle fit donc appeler une autre vendeuse pour qu'elle accoure compléter ma requête. En moins de deux minutes, j'avais un t-shirt un point en dessous. Elle me le tendit en passant du vouvoyant au tutoiement. Cette nuance m'aurait échappé si une autre lueur apeurée n'était pas apparue dans ses yeux. Je lui répondis par un sourire se voulant rassurant et retournai dans la cabine pour essayer mon t-shirt. Comme il m'allait comme un gant, je décidais d'aller lui montrer bien qu'avec ou sans son accord, j'irais l'acheter.
- T'en penses quoi? demandai-je en faisant un tour sur moi-même et en jetant de furtifs regards au miroir.
(Désolé, c'est un peu court! Je me rattrape pour le prochain promi!)