L’amitié était ce qui comptait sans doute ce qui comptait le plus pour moi. Au fil des années qui passaient, j’avais toujours su que j’avais le soutien d’amis, même si ces derniers évoluaient à mesure que le temps continuait son avancée. Comme tout un chacun, j’avais bien vécu quelques situations difficiles, ainsi qu’essuyé plusieurs remarques. Mais je ne m’en étais pas trop mal tiré. Plutôt bien, même, contrairement à d’autres. Je n’avais pas à me plaindre. Même si ma famille proche était d’un soutien ineffable, mon entourage ne se réduisait pas à ma sœur et ma mère. Je considérais que mes amis avaient contribué à la personne que j’étais aujourd’hui, et essayais donc de leur rendre, d’être de la meilleure influence possible, et aussi présent que je le pouvais. Un instant, l’image de Lera dans le cimetière, planant plus ou moins, me revint en tête. Je ne savais pas ce qu’il en serait, mais je voulais l’aider, et y étais bien déterminé, bien que cela soit une autre paire de manches et pas une partie de plaisir.

Je secouais la tête, chassant ma pensée par le même temps. Je devais me concentrer sur l’instant présent, et donc sur ce qui allait se dérouler. J’avais invité Shell à passer, dans le but d’expérimenter une forme de l’art pictural et de la peinture d’une manière plutôt différente. Elle n’était pas au courant qu’elle allait être mon modèle pour de la peinture corporelle, simplement qu’elle avait besoin d’un maillot de bain. J’avais d’ores et déjà ma petite idée quant à sa réaction face à ma proposition. Mais même si elle se révélait infondée, je tenais à la voir. Je savais Shell mariée et mère de famille, et qu’elle avait donc bien moins de disponibilités que d’autres personnes. Mais cela faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas vue, et mon emploi du temps étant largement adaptable du fait de ma condition d’artiste peintre, qu’elle n’avait pas pu refuser de venir. Elle avait d’ailleurs manifesté un certain enthousiasme, au téléphone, qui m’avait fait sourire. Shell était une amie proche à laquelle je tenais et qui me manquait. Et rien que pour cette raison, j’étais enchanté de la retrouver.

Lorsque j’entendis des coups à la porte, je laissais en plan les affaires que je préparais sur la table du salon pour aller ouvrir à celle que j’attendais patiemment. Mon sourire déjà un peu présent s’agrandit en voyant la blonde, et je n’hésitais pas à la prendre brièvement dans mes bras pour la saluer. Je lui demandais aussitôt de ses nouvelles, comment elle se portait, ce à quoi elle répondit en souriant que tout allait pour le mieux. M’enquérant de la santé de sa famille tout en la laissant entrer, je pus la voir sourire de ces habituelles questions de savoir-vivre que je lui posais fréquemment mais auxquelles je m’intéressais réellement, et non par pure politesse. Shell semblait en effet se porter comme un charme, mais cela ne m’empêchait en aucun cas de m’en assurer. Lui souriant en retour, je lui affirmai mener une vie bien tranquille et n’avoir aucun souci en particulier. Tout en me dirigeant vers la partie cuisine de notre appartement, je lançais : « Tu veux quelque chose à boire ? »