C'en est trop. Tu n'en peux plus, il faut que tu mettes fin à tout ça. Tu as décidé, il y a quelques minutes, de ne plus sortir, de ne plus travailler, de ne plus allez sur internet, de ne plus répondre aux sms, d'éteindre ton portable, bref, de ne plus avoir de vie sociale. Pourquoi ? C'est une bonne question. Sur un coup de tête. Seulement, tu as besoin de t'expliquer avec une certaine personne. Avec elle. « Décroche. »

Sa voix résonne dans ta tête. Ton cœur se serre. Le regard perdu dans le vide, tu n'arrives pas à articuler une phrase correcte. « Salut... - tu inspires doucement, ta voix tremble - Lera. C'est Abby. »

Sa voix. Sa si jolie voix. Tu fermes les yeux, retenant tes larmes. « Je... - tu n'arrives pas à continuer ta phrase, quelque chose te bloque, ta voix tremble. - Je voulais juste te prévenir qu'on se verra sans doute plus. » Ton cœur se brise, tu le sens. Les larmes coulent le long de tes joues, silencieusement.

Tu t'allonges sur ton lit. Tu renifles et essuie les quelques larmes qui perlent au coin de tes yeux. « Ça veut dire qu'on ne se parlera plus jamais, que tu seras débarrassée d'un poids. - Ta voix devint froide, tu essaies d'être convaincante mais, ce n'est pas toi. Non. - Je ne pars pas. Je reste dans ma chambre. »

Tu as envie de frapper quelqu'un, tu as envie de te défouler, de crier, de pleurer, de péter un câble comme jamais tu n'en as pété auparavant. Tu veux juste arrêter de souffrir, tu veux tout effacer, tu veux tout oublier. Tu ne vois qu'une solution. Une seule. « Ce ne sont pas des conneries. J'aurais pas du accepter de te revoir, c'était une erreur. T'étais bien tranquille sans moi, avant.- Aucune once de gentillesse dans ta voix. - Je viens de voir le message de Ciara sur ton mur, désolée pour ça. - Tu inspires, tu balances ton oreiller contre la porte. Heureusement, tu es seule. - Oui, indéfiniment. »

Les larmes coulent, tu n'arrives pas à les arrêter. Tu as mal, tellement mal. Tu veux la revoir, tu n'as pas envie d'arrêter de lui parler, tu ne veux pas. Ton coeur est brisé et tu n'as aucun moyen de le recoller. Ses paroles te font tant de mal. Tu trembles, tu n'as plus le courage de bouger, tu es tétanisée. « Je... - Tu ne regrettes pas de l'avoir revu, ce n'était que des mensonges. Tu voulais paraître forte et indifférente mais tu n'as pas réussi. - Je... Lera... je veux pas te reperdre à nouveau... » Les mots sortent tout seul, tu n'en peux plus. Tu as tellement, tellement mal.

Sans que tu comprennes pourquoi, la colère t'envahit, elle surgit de nul part. Ce qu'elle venait de te dire te mit hors-de-toi et il ne fallut que quelques secondes pour que tu sèches tes larmes. « Ta gueule. - Il sortit tout seul, venant du plus profond de ton cœur. Les larmes se mirent à couler à nouveau, ta voix était tremblante. - Fous toi dans le crâne que je n'ai pas envie de t'oublier. Ni aujourd'hui, ni demain. - Tu avais horriblement mal au cœur et la souffrance se répercutait dans tout ton corps. Tu était fiévreuse et mal en point. - Demande moi quelque chose de possible, demande moi de ne pas t'oublier, demande moi de faire ce que je sais mieux faire : penser à toi. - Tu fermes les yeux, tu essaies de remettre tes idées en place. - C'est comme si tu demandais à un aveugle de te décrire ce qu'il a devant lui. Dans les moindres détails. C'est impossible. Oui, c'est vrai, j'ai mal à en crever. Mon corps ne suit pas la cadence, mon cœur m'a lâché et je vais sans doute faire les plus belles conneries de ma vie dans la soirée mais je m'en fous. - Tu reprends ta respiration, ta tête tourne, tu te sens mal. - Lorsque l'on s'est revue, tu as prétendu m'avoir quitté pour ne pas me faire souffrir d'avantage. Je ne souffrais pas, j'étais heureuse. Sans toi, je suis malheureuse, je ne suis plus moi-même... »

La colère t'envahit à nouveau, tu te redresses et sans te soucier tes voisins, tu élèves la voix. « Ta gueule ! - Tu en as marre d'être gentille, tu en as marre d'être la pauvre petite idiote qu'on et puis qu'on jette quand l'envie n'est plus au rendez-vous. - Ne fait pas comme si tu savais ce qui est bon ou pas pour moi. Tu ne sais rien de moi. La preuve, tu penses, naïvement que je t'ai oublié. Non, je ne t'ai jamais oublié. Je n'ai fais qu'enfouir des sentiments, je n'ai fais qu'enfouir nos moments ensemble, mais JAMAIS je ne t'ai oublié. Ne me fais plus l'affront de dire de telles sottises. Tu aurais du réfléchir deux fois avant de me proposer ce rendez-vous. Désolée de te faire regretter nos retrouvailles. Des rêves, j'en ai toujours. J'ai besoin de temps et de réflexion et je n'ai que ma chambre pour cela ! Tu ne veux plus me voir ? Très bien. Je vais te foutre la paix. - Ta voix tremble mais la colère ne te quitte pas. Tu veux qu'elle se rende compte qu'elle aussi, a encore envie de te voir. - Nous sommes autant fautives l'une que l'autre. J'ai été bien idiote de croire que tu étais devenue courageuse. Tu cherches encore à fuir car la situation te dépasse. Très bien. Encore une fois, tu m'abandonnes. Adieu, je suppose, alors. » Tu ne veux pas lui faire de mal, juste la pousser à te retenir.

Ton cœur se brisa instantanément. Encore. Elle venait de raccrocher, elle venait de te dire adieu. Elle ne se soucie pas de toi, tu ne comptes pas à ses yeux. Les larmes coulent et tu n'arrives pas à t'arrêter. La souffrance est trop grande. Tu appuis sur le téléphone rouge et le pose délicatement sur la table chevet. Adieu, oui. Adieu tout le monde.