« La drogue, ce fantôme qui n’a jamais cessé de me hanter, ce spectre qui prend à malin plaisir à me ronger de l’intérieure, à faire de moi son esclave. Je lui étais dévouée, et je pensais constamment à lui. Il habitait en moi, et je n’aurais jamais pensé arriver à le chasser de mon être. Je me prénomme Katsya, et je ne sais vraiment pas si c’est nécessaire que je vous raconte toute mon histoire pour la thérapie. Je ne sais d’ailleurs même pas si cette séance chez vous docteur, servira à quelque chose. Enfin qu’importe. Je peux très bien vous ennuyer, ça ne me dérange absolument pas. J’aime philosopher après tout. Bon alors, où en étais-je ? .. Ah oui, je vous parlais de la drogue. Je la comparais à un fantôme c’est bien cela ? Non, en fait, c’était plus un moyen de me soulager qu’autre chose. Elle arrivait à m’emmener ailleurs, là où je veux aller. J’en avais juste marre, d’écouter ma mère se plaindre constamment de moi, de mes notes, à quel point je suis fainéante, que je ne réussirai jamais si je continue comme ça. Mon père qui n’est pas toujours présent, se permet lui aussi de me critiquer. Je ne me droguais pas à l’époque, et à part le fait que je sois incroyablement paresseuse, je dois avouer que je ne faisais rien de bien mal. C’est après avoir commencé à sortir avec ce garçon, que je suis devenue curieuse, j’étais en quête perpétuelle de nouvelles sensations, l’interdit m’attirait énormément. Alors on a commencé à fumer, puis à essayer différentes substances, de la drogue. Je planais dans le bonheur, enfin ce n’était qu’une illusion. Les disputes avec mes parents s’enchainaient à la maison, ils avaient des soupçons, et ils ne voulaient pas que je fréquente ce nouveau petit ami que je m’étais faite. Mais franchement, je me fichais bien de ce qu’ils pouvaient penser, de toute façon, je n’arriverai jamais à satisfaire ma mère. Elle aimerait que je sois parfaite. Que j’ai les meilleures notes, que j’aille à l’église tous les dimanches, que je m’habille correctement, que ma chambre soit toujours rangée, et que je ne sorte presque jamais. Tout cela me paraissait assez utopique. Je ne suis malheureusement pas la fille idéale qu’elle aurait aimé que je sois. Ma mère qui est Américaine, n’a jamais vraiment approuvé le désir que mon père a de vouloir s’installer définitivement à Londres. Elle trouvait qu’il y’avait bien trop de tentations dans cette ville, et les jeunes étaient bien trop délurés à son goût. Elle tenait absolument à ce qu’on déménage.

Bien sûr, moi, j’étais catégorique. Il était absolument hors de question pour moi de quitter l’homme que j’aimais, toute cette liberté, pour aller quelque part en Amérique. Alors j’ai fugué, on avait tout planifié. J’avais seize ans, et je crois bien que j’ai été très naïve, je pensais que la vie était simple, qu’il fallait juste que je quitte le foyer familial, et tout aller s’arrangeait. Je m’étais bien trompée. On n’avait qu’une petite camionnette, un peu hippie qui appartenait au père du garçon, et on s’était installé là-bas. J’avais volé assez d’argent à mes parents pour me droguer pendant un mois. Malheureusement, j’en demandais un peu trop à mon corps, et j’ai finis par lâcher un soir. Victime d’une overdose, j’ai finis par être hospitalisée, et mes parents sont rapidement venu, le jeune homme avait peur et il a décidé de prendre la fuite. D’ailleurs je ne sais même plus où il est maintenant. Après cela, on est parti de Londres à San Francisco. J'ai eu droit à un long séjour dans un centre de désintoxication pas loin de SF - un centre de torture je dirais -, et pour les rembourser et me faire pardonner, j’ai dû travailler à mi-temps tout l’été. Je n’ai plus du tout touché à la drogue depuis, et je n’ai plus revu ce garçon. Ma mère tient une pâtisserie dans la ville, et mon père est actionnaire. Après avoir passé plusieurs mois à travailler comme une malade, j’ai finis par avoir mon bac, et rattraper tous mes cours. J’ai décidé ensuite d’intégrer une école de journalisme. J’aime écrire, c’est une façon comme une autre pour moi de m’exprimer. Je finirai sûrement journaliste pour un magazine de mode je crois. Je vis maintenant en colocation, enfin je suis en déménagement en ce moment, il m’a fallut beaucoup de temps avant de convaincre mes parents, ils ne font pas vraiment confiance, et sont presque sûrs que je vais finir par me droguer encore si je vis seule. Seulement je vis en colocation, et puis de toute façon, je ne suis pas assez bête pour replonger. Même si je dois avouer qu’il m’arrive d’être tentée, mais je finis toujours par me reprendre. Sinon, je bois de l’alcool, je me saoule et je fais la fête, je m’efforce quand même de rester bien loin de cette chose néfaste appelée drogue. Je serai forte. Je suis bien obligée de l’être.

Je me suis faite beaucoup d’amis à San Francisco, même si je suis de nature introvertie, j’imagine que le centre de désintoxication m’a changé. J’ai plus confiance en moi, et je m’affirme de plus en plus. Mes parents semblent fiers de moi, ils n’auraient jamais pensé que je puisse étudier et faire du journalisme. Je suis bien contente de les voir quelque peu satisfaits pour une fois. Je les ai tellement déçus par le passé, ma nature rancunière a eu raison de moi. La seule motivation pour laquelle j’avais décidé de tomber dans ce genre d’addiction était pour les faire souffrir, leur montrer à quel point je peux être une honte pour eux. Mais ils ont été là pour moi, alors que celui que j’aimais a juste fuis comme un lâche. Je leur en serai reconnaissante à jamais. Maintenant je sais à quel point la famille peut être importante, et je réussirai dans le journalisme, pour l'instant c'est ce qui importe le plus à mes yeux. »