Après avoir découvert que j’avais une sœur, je devais bien avouer que ma vie avait repris un cours normal. C'est-à-dire carrément calme et ennuyeux. D’accord, je sortais beaucoup, notamment avec Levanah : maintenant qu’on vivait ensemble, on s’était toutes les deux habituées à un mode de vie qui se résumait à « personne ne dort avant deux heures du matin, au moins » et ça ne marchait pas trop mal. Forcement, j’étais complètement décalée dans mes horaires et j’avais de plus en plus de mal à aller au boulot. Je n’en pouvais plus de ce boulot de serveuse qui m’asservissait complètement. J’en avais marre de devoir servir des gens qui n’en avait rien à foutre de moi, qui en général ne connaissaient pas une phrase de politesse. Et encore, je ne demandais rien d’autre qu’un « merci » quand je les servais. Mais non… J’avais repris mon train de vie, en faisant mon possible pour oublier Ambre, ma chère sœur. Mais c’était difficile, sur facebook elle était partout, on entendait parler d’elle partout. Elle faisait tout et n’importe quoi et j’avais du mal à admettre que le même sang qu’elle coulait dans mes veines. Et puis j’avais aussi eu vent de ses exploits via les articles de Gossip Girl (qui s’était crue obligée de préciser qu’Ambre Diletta était la demi sœur de Charlotte Marchand ; je n’avais pourtant pas très envie d’être mêlé à tout ça…). Quand je lisais tout ce qu’elle faisait, j’hésitais entre la qualifier de psychotique sociopathe ou plus simplement de nymphomane. Mais le résultat était le même, elle aimait faire parler d’elle… Ce que je voulais à tout prix éviter… Plus j’en voyais sur elle, plus j’avais peur de ce qu’elle allait faire, car je savais très bien qu’entre nous tout n’allait pas s’arrêter après cette rencontre au Ruby. Je savais pertinemment qu’elle ne s’arrêterait pas là. Khris connaissait la peur que j’avais qu’elle choisisse d’utiliser Eliott pour me faire du mal. Après tout, mon petit-ami était mon plus gros point faible, puisque je n’aurais jamais laissé quoi que ce soit lui arriver. J’aimais beaucoup trop Eliott pour l’abandonner aux mains malsaines de ma sœur. D’ailleurs, je l’aimais juste trop pour le laisser tout court. J’avais maintenant pris l’habitude de l’avoir avec moi, même si nous ne vivions pas ensemble, j’étais sans arrêt chez lui et vice-versa. Depuis qu’on s’était remis ensemble à mon retour de France, tout allait pour le mieux, il fallait le reconnaitre. Lui et moi avions toujours réussi à nous entendre et notre rupture m’avait fait plus de mal que n’importe quoi d’autre. Au moment même où je l’avais quitté, je n’avais cessé de vouloir le retrouver. Je n’avais jamais été comme ça avec personne d’autre ; sauf peut-être Léo, mais c’était aujourd’hui une histoire plus qu’ancienne et enterrée. Ce soir, je lui avais une fois de plus proposé de venir à l’appart. Je savais que Levanah était partie, je ne sait où ; surement chez Drew… J’étais donc assise dans le canapé, les jambes repliées contre ma poitrine, un pot de glace posé sur les genoux, et mon chat couché sur mes pieds (il avait visiblement décidé que ce soir, il m’aimait). Tout ça devant la télé en attendant Eliott. Il avait réussi à m’inquiéter en me disant qu’il devait me parler d’un truc. Je m’attendais forcement à tout. En entendant frapper à la porte, je devinais que c’était lui. J’avais la flemme de bouger. « Entre, c’est ouvert ! » m’exclamais-je, en attendant qu’il rentre.
Nerveux, j’étais tellement nerveux. La main dans la poche de ma veste, veillant bien à ce que le cadeau que je voulais donner à Charlotte reste bien en place, je me dirigeais en taxi chez Charlotte où j’avais rendez-vous. Je lui avais dit, sur Facebook, que j’avais besoin de lui parler. Et c’était même un peu plus que ça. Bien avant cela, j’avais passé une partie de l’après-midi chez mon frère Khris, d’ailleurs aussi le meilleur ami de ma petite Charlotte, afin de discuter avec lui d’un point important. Un point qui justement concernait Charlotte, et si j’allais la voir c’était en partie pour cette raison. J’aimais Charlotte, de tout mon cœur et ce depuis le tout début. Je me souvenais encore du début de notre relation, de toutes les petites histoires qui avaient rythmé notre vie de couple. Tous les souvenirs remontaient à ma tête alors que mes yeux balayaient le champ visuel qui défilait sous mes yeux. Notre rencontre, son retour de Paris et la nuit où nous nous étions mis ensemble, la fête foraine où elle m’avait dit être enceinte, notre rupture… cette dernière avait été rude, dure à encaisser. On aurait pu croire que, comme la plupart des anciens couples, je me serais remis de la chute. C’est comme si on se cassait un bras, il n’y a plus qu’à attendre que la plaie se cicatrice et que l’os se refasse. Mais dans ce cas, je ne m’étais pas cassé le bras, j’étais complètement atteint par un cancer. Ce genre de cancer qui vous bouffe chaque cellule une par une jusqu’à finir par vous démolir. Le genre de maladies qui ne vous laisse que très peu de chances, qui vous affaiblit, et qui vous fait perdre espoir. Une sorte de cancer de l’amour. Le seul remède qui existait à mes yeux c’était de retrouver Charlotte, sans elle je me sentais comme un trop plein de vide.
Le taxi s’arrête, je paye le conducteur et me poste devant l’habitation de Charlotte. Je regarde ses fenêtres, guettant une quelconque activité, et m’avance vers l’entrée. Mes jambes me poussent jusque la porte de ma petite amie où je sonne, de plus en plus nerveux. Je sens mon cœur battre la chamade, de stress et d’amour, j’en ai presque l’impression qu’il va se détacher de sa paroi, me laissant mourant heureux. Mon poing se pose contre la porte où celui-ci frappe énergiquement. Je prie au fond pour que Levanah ne soit pas là, bien qu’elle ne me dérange pas, cela me rendrait la tâche moins angoissante. La voix de Charlotte s’élève pour me signaler que la porte est ouverte. Ma main se pose sur la poignée et pousse la porte. Je pénètre dans la demeure de ma petite Charlotte et referme la porte derrière moi. Mon regard se pose partout autour de moi, elle n’est pas dans le coin, Levanah non plus. Mes pas et mon instinct me guident vers le salon où je retrouve Charlotte assise sur le canapé, le chat sur ses pieds et un pot de glace placé entre ses mains. Un sourire se dessine sur mes lèvres et je m’approche de Charlotte pour lui déposer un tendre baiser sur le front. « Coucou mon cœur. » La voir flemmarder comme ça m’amusait au fond, elle était mignonne, mais mon angoisse ne s’envolait pas pour autant.
Dès que je voyais Eliott, un sourire s’étendait automatiquement sur mon visage. Aussi loin que je me souvienne ça avait toujours été comme ça. Eliott avait toujours eu se don avec moi, cette force ; de me calmer et de me rendre sereine. Et il fallait bien reconnaitre que pour une fille comme moi, c’était assez exceptionnel. J’étais de naturel anxieux et toujours stressée. J’avais toujours peur, surtout quand tout va bien, je me disais toujours que ce n’était pas normal et qu’un nouveau truc allait arriver. Mais lorsqu’Eliott était dans le coin, je pensais juste à être bien avec lui. Pourtant, lui et moi en avions vraiment bavé. Dès le début, puisqu’aucun de nous n’avait décidé de faire le premier pas. Je souriais en repensant à tout ce qu’on avait vécu depuis tout ce temps. Huit mois ensemble (sans compter notre rupture), on en avait vu de toutes les couleurs, l’avortement, l’agression d’Eliott et la rupture. Et voir qu’aujourd’hui on avait réussi à survivre à tout ça, je me rendais compte que c’était peut-être grâce à une seule chose : parce qu’on s’aimait ; vraiment. C’était finalement la seule explication. Eliott était donc arrivé. Je n’attendais évidemment qu’une seule chose, qu’il me dise ce qu’il avait à me dire, ça m’avait travaillé toute la journée. Je me demandais si c’était positif ou négatif. Après tout ce qu’on avait vécu, j’avais peur à l’idée d’un nouveau coup dur. Mon petit ami entra dans le salon et m’embrassait le front. « Coucou mon cœur. » Je souriais en fermant les yeux. Je bougeais mes pieds pour que le chat s’en aille puis je me penchais pour poser mon pot de glace sur la table basse. Après quoi je me levais et passais mes bras autour de son cou et embrassais Eliott. Il m’avait manqué aujourd’hui. Comme à chaque fois que je l'embrassais, mon cœur s'emballait. Je le regardais et remarquait qu’il avait l’air plus ou moins nerveux. Je fronçais un peu les sourcils. « Ça va ? » m’inquiétais. Je me m’étais inquiétée, bien sur. Dès qu’il s’agissait d’Eliott je m’inquiétais. Surtout maintenant que ma chère et tendre sœur était dans le coin. J’avais quand même le vague espoir qu’elle n’était pas qu’un garce et qu’elle n’oserait pas me faire du mal en utilisant mon petit-ami. Mais ce coté « il faut qu’on parle » qu’il avait utilisé, je ne savais pas à quoi m’attendre et comme dès que la situation me dépassait, je commençais à paniquer. Peut-être qu’un jour j’arriverai à me contrôler pour faire en sorte que de rester calme en toute circonstance comme la moitié des gens de cette planète arrivait à le faire ; mais ce n’était pas encore pour aujourd’hui. Je me rassis, en tailleur, sur le canapé, en attendant qu’Eliott me rejoigne. « Alors, tu… voulais me parler d’un truc ? Est-ce qu’il faut que je m’attende au pire ? » lançais-je, sur un ton qui se voulait calme et raisonné. Hm… pas sur que j’ai réussi. Je regardais Eliott en attendant la suite.
Mes yeux se posèrent doucement sur ma petite amie. Même affalée sur le canapé, un pot de glace entre les mains et un gros pépère posé sur les pieds, Charlotte restait mon petit bébé. C’est simple, dès que je la voyais j’avais envie de la serrer dans mes bras, de l’embrasser. Je me sentais presque obligé de la protéger, contre tempêtes et ouragans, les poings serrés. Je ne me forçais cependant pas, Charlotte ne me gênait jamais. Elle aurait pu faire toutes les conneries du monde, je crois que je n’aurais pas pu laisser Charlotte. Je me souviens encore de cette rupture, où Charlotte avait laissé son cœur de côté comme pour me punir. D’ailleurs je la méritais cette punition, tellement. A la place j’avais hérité d’une amitié. Une amitié ? Sérieusement ? Je ne dirais pas que j’aurais préféré ne plus rien à voir, car c’est faux, mais c’était affreux comme sensation. Charlotte me filait entre les doigts, et le pire c’est que je le sentais, je le savais. La sensation que mon monde s’écroule, totalement. J’étais une ruine à proprement parler. Alors, lorsque je me remis en couple avec Charlotte j’ai cru sentir ma vie recommencer. Et une chose était sûre désormais, je voulais rester avec elle maintenant. J’en étais sûr : Je ne trouverai jamais quelqu’un d’aussi parfait à mes yeux que Charlotte.
Après avoir débarrassé ce qui lui encombrait les mains et avoir doucement chassé le chat de ses pieds, Charlotte se leva, passa ses bras autour de mon cou et m’embrassa. Moment parfait, presque parfait. Il l’aurait été si je n’étais pas nerveux. J’appréciais son baiser, ce genre de baisers dont je ne pouvais pas me passer finalement. Je sentais le petit cœur de Charlotte battre, et je lui souriais, ce mouvement me rassurant tous les jours un petit peu plus. Je ne doutais pas des sentiments de Charlotte, elle me les avait bien assez démontré et j’étais persuadé qu’elle était sincère, tout autant que je l’étais. Je la regardais toujours en souriant, mes yeux plongés dans les siens, mon cœur explosant un coup d’amour et un coup d’angoisse. Charlotte avait l’air sereine, au début.
Effectivement, elle semblait calme au début, mais elle a dû sentir ma nervosité, comme d’habitude je dirais. Les conditions ne me semblaient pas propices pour lui faire ma demande. Elle fronça les sourcils, ce qui me confirma qu’elle avait pressenti quelque chose de négatif. « Ça va ? » Je me retenais de faire une grimace qui pourrait trahir une pensée, du style « Merde ». Je secouais la tête pour la rassurer par la positive et décidais d’attendre pour faire ma demande. Cela tomberait comme un cheveu sur la soupe. Ma pensée passa dans mon cerveau à la vitesse de l’éclair, je savais comment j’allais procéder. « Ça te dirait qu’on en discute en allant faire une promenade ? Je préfèrerais en fait. Et puis, je pense pas qu’il y ait de quoi s’inquiéter mais sait-on jamais » Je haussais les épaules et souriais. Mais quel con, bordel, pourquoi j’avais dit ça, elle n’allait certainement pas être sereine désormais. Je me mordais la lèvre brièvement et lui souriais à nouveau « Hein ? » Je cherchais son approbation, un sourire marqué sur mes lèvres, priant de tout mon cœur pour qu’elle marche dans le jeu.
Depuis tout ce temps, Eliott avait été celui – le seul – qui avait réussi à m’apporter la stabilité dont j’avais toujours eu besoin dans toute ma vie et que je n’avais jamais eu. J’avais toujours été « sur le fil du rasoir » prête à chavirer au moindre coup en trop. Je savais que j’avais peut-être « trop » vécu ma vie d’adolescente, quand je regardais derrière moi et que je voyais tout ce que j’avais fait (de mal, notamment). Rien que l’été dernier, je n’avais pas changé : j’étais retournée à Paris, avec les garçons et Lilas et mes habitudes m’avaient rattrapées ; j’avais couché avec des garçons différents, je m’étais retrouvée enceinte. Bravo. En fait, je me disais que Paris était ma prison et qu’à chaque fois que j’y retournerai, je ferai n’importe quoi. Sans doute parce que ça me rappelait Léo, les fiançailles, la tromperie, son départ, ma décadence. Peut-être que je n’arriverai jamais à être une fille bien, « normale » à Paris. Il valait mieux que je reste ici, à San Francisco. En même temps, je n’avais aucune raison de voir partir d’ici, j’avais tout ce dont j’avais besoin : j’avais Eliott, j’avais Khris, j’avais Levanah, j’avais Lilas et tout les autres. J’avais même un boulot, nul et que je rêvais de changer, certes, mais j’avais un boulot et ce n’était pas négligeable. J’avais Eliott… et il était là, devant moi. Je l’avais embrassé et j’avais tout de suite vu que quelque chose n’allait pas. Ou que quelque chose le perturbait. C’était plus fort que moi, ce besoin constant de m’assurer qu’il allait bien, que tout allait bien. Je voulais protéger Eliott contre tout. Je m’en étais tellement voulu de l’avoir abandonné après son agression, parce qu’il m’avait trompé. J’avais fait tout ce que je pouvais pour être amie avec lui et pouvoir rester auprès de lui quand même. J’avais fait en sorte que tout le monde soit à ses cotés puisque moi je ne l’étais pas. Mais être amie avec Eliott… ce n’était pas nous ; c’était tellement pas nous. Comment j’aurais pu être amie avec la personne que j’aimais le plus au monde ? Que j’aimais le plus au monde ? Oui. J’avais trouvé en Eliott ce que j’avais toujours cherché et maintenant que nous étions à nouveau ensemble, je ne voulais plus le quitter. J’avais tellement eu peur qu’il trouve une autre fille, une fille mieux que Charlotte ; je ne voulais plus laisser ça arriver… Eliott avait beau me faire « oui » de la tête, je savais très bien que c’était faux, ou qu’au moins quelque chose le perturbait. Et ce quelque chose, c’était ce qu’il avait à me dire, ce qui ne m’aidait pas non plus à rester calme de mon coté. « Ça te dirait qu’on en discute en allant faire une promenade ? Je préfèrerais en fait. Et puis, je pense pas qu’il y ait de quoi s’inquiéter mais sait-on jamais » Ce n’était pas vraiment comme ça que j’allais retrouver une sérénité intérieure. Je restais là, sans bougée, qu’est-ce qu’il se passait ? Eliott me tira de mes pensées « Hein ? » Je clignais des yeux pour me sortir de ma rêverie. J’étais perplexe. « Euh… oui si tu veux. Je… c’est pas comme ça que je vais pas paniquer, tu sais. » souriais-je. « Je prends ma veste, attends-moi deux minutes. » Quelques minutes plus tard, je m’étais complètement changée, j’avais enfilé un jean slim noir et un tshirt blanc, un peu grand, avec ma veste en jean par-dessus. Nous étions en train de marcher, nos mains liées. Je cogitais comme jamais. Soudain, je m’arrêtais net et me posais en face d’Eliott. « Ok. Bon, maintenant on a pris l’air, alors dis-moi. T’en a marre de moi et tu sais pas comment me le dire ? Tu… je sais pas… Dis moi. » lançais-je d’une voix que j’aurais voulu neutre et calme ; mais qui en fait était complètement paniquée.
Charlotte se tenait toujours devant moi, rêveuse. J’attendais toujours qu’elle me réponde, qu’elle marche dans le jeu. J’étais tellement anxieux, alors j’espérais qu’elle allait me rendre inconsciemment la tâche plus simple. Je crois avoir rarement été plus angoissé qu’en ce moment précis. Je n’arrivais pas à dissimuler mon anxiété mais j’arrivais à la cacher un minimum, à la faire paraître moins qu’elle ne l’était réellement. Je crois que si je la laissais prendre le contrôle, Charlotte croirait que je m’apprête à tomber dans les pommes. Je me trouvais idiot, car les paroles que j’avais prononcé ne rassurerait en rien Charlotte, cela produirait sûrement même l’effet contraire. Mais d’un côté, quand on y songe, cela était peut-être préférable puisque la surprise serait davantage de taille, et bel et bien surprenante.
La demoiselle accepta de sortir en ma compagnie, et c’était déjà un grand pas dans ma démarche. Les choses se déroulaient bien pour le moment. Elle se pressa pour aller chercher sa veste tandis que j’attendais dans le salon. Je plongeais à nouveau ma main dans la poche de ma veste, priant au passage pour que Charlotte n’ait pas l’idée de glisser la sienne dans-celle-ci par réflexe et ainsi découvrirait donc le poteau rose, et vérifiais que la jolie boîte noire se trouvait encore là. Il ne manquait plus que je perde la bague. Je soupirais de soulagement, remarquant qu’elle était encore là et que je ne l’avais pas perdue, et essayais de reprendre un air serein quand Charlotte revînt à mes côtés. Finalement elle s’était complètement changée, elle était magnifique comme à son habitude. J’avais beau essayer, je n’y arrivais pas, j’avais beau être bon comédien quand l’envie m’en prenait, il m’était tout bonnement impossible de jouer la comédie. Aucun moyen de soulager mon angoisse à part entendre un « oui » sortir de sa bouche au moment venu.
Je souriais à Charlotte, passais un bras derrière sa taille et l’entraînais avec moi à l’extérieur. Khris était persuadé que tout allait bien se passer, qu’elle allait dire oui. Moi j’avais peur, quoi qu’il arrive. Elle m’avait raconté ses histoires avec Léo, à Paris, et je ne pouvais que me rappeler des fiançailles qu’il lui avait proposées. Et si elle refusait ? Et si elle n’était pas prête à cela ? Et si tout simplement elle ne voulait pas, elle ne s’imaginait pas avec moi ? Ou si elle ne me faisait pas encore assez confiance ? J’avais tellement merdé, tellement. Je m’en voulais toujours au fond, je ne m’étais moi-même pas pardonné. Et puis… notre vie de couple ressemble tellement à une montagne russe que tout peut constituer une surprise, une embûche supplémentaire sur notre chemin tortueux. Il était cependant clair que je voulais rester pour le restant de ma vie avec Charlotte. Jamais je n’avais rencontré une telle personne, et jamais cela ne se reproduira à nouveau. Jamais, j’en étais persuadé. Notre rupture, à la suite de la plus belle connerie que je n’avais jamais fait auparavant et que je n’aurais jamais dû faire, ressemblait à un drame pour moi, c’était comme la fin de mon monde, j’étais éteint. Une bougie dont la flamme s’était éteinte. Cette flamme c’était moi, mais mon cœur battait toujours pour elle. Je le sentais, au fond de moi, que Charlotte était faite pour moi. Moi et seulement moi, personne d’autre, et elle le savait tout autant que moi.
Je ne savais pas réellement si Charlotte me parlait, si elle me regardait. Je me contentais de sourire, de penser. Sourire était un grand mot, je tenais simplement à la rassurer un minimum. Je serrais fort sa main, comme si elle allait me quitter et que je tenais à ce qu’elle reste, comme une mère qui a besoin de se rassurer en vérifiant que son enfant est toujours à ses côtés. Ses pas s’arrêtèrent et elle se posa face à moi ce qui me força à stopper à mon tour les miens. Je la considérais du regard et l’écoutais attentivement. Je la sentais nerveuse, et ses paroles me confirmèrent le doute qui la traversait. Je ne lui souriais pas et l’entraînais par la main, continuant ma route. On était presque arrivés où je voulais que nous nous rendions. Je ne lui avais pas souri, ne l’avais pas embrassée, mais tout cela était stratégique en un sens. Cela ne faisait que renforcer la pression qu’elle pouvait éprouver, et cela rendrait certainement le moment plus mémorable, plus marquant, et plus surprenant. Au loin se profilait le magasin que je cherchais. Des robes de mariées, peut-être que la future robe de Charlotte se trouvait ici. Nous nous arrêtâmes devant ce magasin, je fixai Charlotte le temps de quelques secondes, le visage neutre, et me mettais à genoux. Faire ça dans la rue, c’était bizarre, mais le tout rendait le moment symbolique et mémorable et contribuais à l’ambiance. Je sentais que mon cœur était sur le point d’exploser, j’aurais pu croire qu’il allait sortir de ma poitrine. Je sortais délicatement la boîte de la poche de ma veste, et l’ouvrais pour laisser apparaître au grand jour la magnifique bague que j’avais choisie pour mes fiançailles avec Charlotte. « Charlotte, est-ce que tu voudrais passer le reste de ta vie avec moi ? » Je la fixai, attendant une réponse, m’attendant à toute réaction possible de sa part. Dis oui, dis moi oui, pensais-je secrètement.
« De toute façon, Charlotte, on arrivera jamais à rien avec toi. » C’est ce que m’avait dit ma mère une fois… Et je l’avais compris comme une promesse que je n’avancerai jamais dans ma vie. Pourtant, j’avais grandi toute seule, j’avais découvert la vie sans rien demander à personne, surtout pas à mes parents. Et je me disais que finalement, je ne m’en étais pas trop mal sortie… Certes, j’avais fait des erreurs, des tas, des énormes ; qui m’avaient valu de m’en vouloir pour toujours. Forcement, la plus grosse de mes erreurs avait été ma vie commune avec Léo. Aujourd’hui, je considérais ça comme une erreur. A l’époque, j’avais été tellement fière qu’un garçon comme lui veuille de moi, qu’il m’aime. J’avais voulu prouver en sortant avec Léo, que quelqu’un était capable de m’aimer, je voulais montrer à mes parents à quel point j’avais changé, à quel point j’étais capable de changer et de devenir une « vraie personne » avec des responsabilités. A vingt ans, j’avais été prête à me marier. J’étais prête à tout laisser derrière moi. Mais aujourd’hui, je tenais ma main d’Eliott, et je me disais que j’avais failli faire la plus grosse erreur de ma vie. Et si j’étais restée avec Léo, et si je n’avais pas paniqué, et si je ne l’avais pas trompé, et s’il n’avait pas décidé de fuir à San Fransisco, et si je n’avais pas décidé de le suivre… Jamais je n’aurais connu Eliott et je ne serai pas là à cet instant. Je pensais souvent à ce truc qui disait que tout était écrit d’avance, qu’on ne pouvait rien faire pour changer l’avenir : est-ce que quelqu’un savait depuis toujours que j’allais aimer quelqu’un d’autre que Léo ? Même à l’époque où nous étions toujours ensemble ? Je croyais pour ma part, plus aux concours de circonstances. Tous ces « et si » dont je venais de faire la liste montraient que j’avais pris les décisions qui m’avaient menée jusqu’ici, aujourd’hui. A cet instant, j’étais extrêmement paniquée. J’avais très bien compris qu’Eliott était en train de comploter quelque chose. Et ne pas savoir de quoi il s’agissait me faisait stresser au plus haut point. Pourquoi nous n’étions pas restés à l’appartement ? Est-ce qu’il allait me quitter et qu’il voulait qu’il y ait du monde autour pour que je ne fasse pas un esclandre ? Le fait qu’il refuse de me répondre quand je lui demandais ce qu’il manigançait ne faisait qu’augmenter le poids que j’avais au creux de l’estomac. Je m’attendais à tout, je m’attendais au pire. En plus de ça, j’avais l’impression de parler dans le vide, comme s’il n’avait complètement rien à foutre du fait de me laisser là, à m’interroger sur le pourquoi de cette situation. Au lieu de me répondre, mon petit-ami m’entraina avec lui. J’aurais bien rétorqué, protesté, mais j’avais trop peur à cet instant, et puis la curiosité masquée me disait de laisser faire les choses si je voulais savoir ce qui était en train de se passer à ce moment. Je le laissais donc faire. Je me disais que si ça se trouvait c’était juste une diversion et qu’il allait complètement changer de sujet et comment j’allais faire si je voulais savoir un jour ce qu’il s’était passé cet après-midi ? Il allait falloir que je prévienne Khris que son petit frère était dingue et qu’il était en train de me rendre complètement folle. J’étais perdue dans mes pensées quand on s’arrêta enfin. Je ne regardais pas autour de moi et ne remarquais pas tout de suite devant quelle boutique nous étions. Eliott me fixait et je levais un sourcil interrogateur. Explique-toi. J’allais dire quelque chose, quand Eliott mis un genou à terre devant moi, au milieu de la rue. Qu’est-ce qu’il était en train de faire ? Puis de sa poche il sorti une petite boite, je ne mis pas longtemps à comprendre ce qu’elle contenait. « Charlotte, est-ce que tu voudrais passer le reste de ta vie avec moi ? » Je levais alors la tête pour la première fois, afin de découvrir où nous étions : une boutique de robes de mariées. Est-ce qu’il était vraiment en train de se passer ce que je croyais qu’il se passait ? Je regardais la boutique, avant de retourner mon attention sur Eliott qui n’avait pas bougé. Mon dieu, mon dieu, mon dieu… J’avais tout à coup très chaud, j’avais surtout peur qu’il ne pense parce qu’il disait. C’était plus fort que moi, les fiançailles me faisaient peur. Surtout cette fois, la première chose qui me venait à l’esprit c’était « et si je foirais tout comme avec Léo ? » S’il y avait bien une personne qui ne méritait pas de vivre ça, c’était Eliott. Je reprenais mes esprits, je savais qu’il attendait une réponse. Et celle qu’il attendait était celle que je voulais lui donner ; mais elle ne sortait pas de ma bouche. J’attrapais sa main pour qu’il se relève et je l’embrassais, c’était la seule chose que j’arrivais à faire à cet instant. Après quoi, ma gorge se dénoua enfin et un souffle sorti de ma bouche. « Oui. »
Un genou à terre, le cœur serré, j’attendais la réponse de Charlotte. Je la sentais sous le choc, et je ne savais pas réellement ce qu’elle pensait de tout ça. Et si elle me disait non, à la dernière minute ? Certaines personnes en faisant leur demande en mariage à leur compagnon savaient d’avance qu’ils allaient dire oui, qu’ils allaient se sauter l’un sur l’autre et s’embrasser éternellement. Mais moi, je n’étais pas du tout dans cette perspective. Il y avait eu cette histoire de fiançailles avec son ancien copain, Léo, avec qui elle s’était lâchée en quelques sortes. J’étais certes différent de lui, mais des fiançailles restent des fiançailles, et peut-être que la jeune fille n’était pas prête à franchir le pas. Et peut-être même qu’elle n’avait pas encore assez confiance en moi, suite à l’histoire de tromperie, pour pouvoir s’engager avec moi et m’épouser. Et je le comprenais, c’est pour cela qu’au fond j’avais peur.
Charlotte leva la tête, il était clair qu’elle n’avait pas saisit la situation avant que je me pose à terre pour la demander en mariage. J’avais clairement choisit le plus beau magasin de robes de mariage de San Francisco, et je comptais faire de Charlotte la plus belle de toutes les mariées, si seulement elle l’acceptait. De toute manière, même sans cette robe, elle demeurait la plus belle à mes yeux. Je voulais rendre sa vie un peu plus rose, la faire ressembler un peu plus à un conte de fées. Je n’étais pas venu avec mon cheval blanc et je n’étais pas non plus déguisé en preux chevalier, mais je m’appliquais pour rendre ce moment le plus mémorable possible.
Ses yeux se rabaissèrent sur les miens, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Elle cherchait certainement une manière de me dire non sans trop me blesser. Je savais qu’elle se sentirait coupable, et au fond j’avais peur d’un possible non qui pourrait nous éloigner. L’effet contraire à celui escompté. Je ne bougeais pas, mais pourtant abandonnait lentement au fond de moi. Je sentais gros comme une maison qu’elle allait refuser. A cet instant, j’aurais voulu revenir en arrière et n’avoir rien fait, ou alors me lever et prendre mes jambes à mon cou. C’était clairement la honte.
Elle ne disait toujours rien, j’en étais désormais persuadé, c’était non. Ses joues rosissaient légèrement, elle était clairement gênée. Et du coup je pensais l’être davantage qu’elle. J’avais gâché un peu tout à cause d’une petite boîte. Je devais être minable, et peut-être même trop naïf. Khris avait pensé avec moi l’espace de deux secondes qu’elle pourrait dire oui, mais on avait dû se tromper pour le coup, et ce largement. Néanmoins, Charlotte ne se déroba et me tendis la main pour que je me relève. J’étais prêt à refermer la boîte et à la ranger à nouveau dans ma poche lorsque Charlotte plaqua ses lèvres contre les miennes. Ce baiser, je ne savais pas comment le prendre. Une sorte de réconfort, ou était-ce un oui implicite ? J’étais toujours dans la frustration au final.
Je ne savais pas si elle me regardait, si elle regardait vers le ciel ou vers le sol, car je n’étais plus concentré sur rien à part sur son « Oui ». Comme un boomerang, j’ai donné de l’amour on m’en a rendu. Je sentais mon cœur palpiter, j’étais clairement aux anges. Elle m’a tiré en plein cœur, j’ai l’impression de mourir de joie. J’ai l’air tétanisé, mais je suis simplement choqué. On l’est beaucoup plus quand on croit que l’un de ses plus grands désirs ne se réalisera pas, quand on perd progressivement espoir. Je relevai les yeux vers elle et lui souriais avant de l’embrasser à nouveau. Jamais elle ne pourrait s’imaginer la joie qu’elle me faisait, ni à quel point je l’aime.
Est-ce que j’avais peur ? Bien sur. C’était même plus que ça. J’avais l’impression d’être dans un tunnel sombre, je savais qu’il fallait que j’avance droit devant moi, que c’était la seule façon de s’en sortir, mais l’inconnu était terrifiant. Mais j’avais aussi peur pour Eliott. Il savait, il savait tout ce par quoi j’étais passée. Il savait ce que signifiait « fiançailles » pour moi. Et j’avais tellement, tellement peur de lui faire du mal. Je savais que je ne voulais pas le blesser, c’était la dernière chose que je voulais. Mais si j’avais tout gâché la dernière fois c’était bien inconsciemment. Et j’avais peur que ça recommence. J’étais incapable de ne jamais tout gâcher. Je détruisais toujours tout ce qu’il y avait de beau autour de moi. Je n’avais jamais contrôlé ça, bien évidemment, c’était plus fort que moi. Comme une force intérieure qui me faisait faire les mauvais choix à chaque fois. Comme un double à l’intérieur de moi, dont je ne pouvais justifier les actes mais juste constater les dégâts autour de moi. Et je ne voulais tellement pas faire vivre ça à Eliott. Il ne méritait tellement pas tout le mal que je pouvais lui faire. Parce que je n’aimais pas Eliott, c’était plus que ça. C’était transcendant. Et même si j’avais peur, je me disais « pourquoi pas ? » au fond. Parce qu’après tout ; notre histoire me faisait peur depuis qu’elle avait commencé, parce que j’avais tout de suite compris que c’était différent. Notre histoire avait été semée d’embûches et nous nous étions toujours relevés, parce qu’on s’aimait. Et je savais que si j’avais eu peur et que j’avais tout abandonné dès le début ; alors je ne serais pas là aujourd’hui, en train de dire « oui » à Eliott… pour la vie. J’avais toujours été courageuse, prête à tout affronter, avec Eliott c’était différent parce que je voulais absolument bien faire, je voulais qu’il soit fier de moi, je voulais qu’il m’aime toujours plus… pour qu’il n’ait pas envie de me laisser, jamais. Tout ce que je faisais pour Eliott c’était toujours par amour. Le quitter m’avait arraché le cœur, le retrouvé m’avait fait revivre vraiment. Et comprenais enfin qu’une vie sans lui m’était impossible à envisager désormais. C’était écrit : j’appartenais à Eliott Jones. Forever and beyond. Je me sentais prête pour ça parce que j’avais une totale confiance en lui, malgré tout ce qu’il avait pu se passé depuis qu’on s’était mis ensemble en septembre. J’étais restée très silencieuse et je savais que ça avait du perturber Eliott. Pourtant, ça m’avait paru comme une évidence : Eliott était le seul. Eliott m’embrassa à son tour je serrais mes bras autour de son cou. J’avais les larmes aux yeux, j’étais devenue une fille bien trop émotive depuis que j’étais arrivée à San Francisco l’année dernière ; peut-être parce que j’avais plus vécu en un an ici, qu’en vingt ans en France. Après tout, aujourd’hui je venais de dire « oui » à l’homme que j’aimais et je savais que j’avais fait le bon choix. Pour ne pas qu’il voit mes yeux, je cachais mon visage dans son cou et je murmurais. « Je t’aime… je t’aime… je t’aime… » J’aurais pu continuer longtemps, mais ma voix se brisait. J’étais bien, là, dans ses bras. Je ne voulais plus jamais avoir à bouger.
Cette demande en mariage dans un sens me soulageait, me permettait d’apercevoir un avenir meilleur. Cela ne changerait certainement rien dans nos vies quotidiennes, mais l’anneau qu’elle portera au doigt signifiera tellement de choses. J’étais un feu d’artifice à moi-même, des millions de sensations explosaient dans mon cœur et faisaient circuler mon sang à une vitesse phénoménale. Je serrais Charlotte dans mes bras alors que celle-ci serrait les siens autour de ma nuque, mes yeux se fermaient et me laissait entrevoir l’ombre d’un rêve. J’avais l’impression de voir mon avenir défiler sous mes yeux. Des enfants courant partout, deux petits octogénaires qui papotent autour d’un feu de cheminée. Stop. C’est un peu bizarre de penser à ça alors qu’on est jeune. Il y a encore une marge entre nos âges actuels et… ce que je m’imagine, on a le temps d’entrevoir ce genre de choses. Pour le moment, vivons les choses telles qu’elles sont plutôt que de s’imaginer d’innombrables choses franchement très étranges.
Tout avait tellement changé depuis mon arrivée à San Francisco. J’étais un enfant modèle aux yeux de mes parents, j’étais un vrai petit ange. Aucun malheur apparent, une vie paisible et un peu trop monotone à mon goût. Khris était tout mon contraire en un sens, ce qui ne m’empêchait absolument pas de l’admirer à ma manière, et de l’aimer malgré toutes les conneries qui pourraient nous séparer. Khris était mon frère coute que coute, quoi qu’il arrive. Il est mon sang, ma chair. Lorsque j’étais parti de New-York, délaissant tout de A à Z sauf mon frère, y compris mes études que j’avais désormais l’intention de reprendre, j’étais comme un gosse finalement. Et l’espace de si peu de temps, j’avais l’impression d’avoir grandi plus que je ne l’avais fait à la grande pomme. Etrange. Charlotte m’avait aidé, poussé, donné des ailes. Elle concrétisait en quelques sortes un de mes rêves, quelque chose à laquelle j’avais discrètement cessé de croire. Tout cela me semblait impossible, et pourtant l’amour m’est tombé dessus. Aucun moyen de se défaire, j’étais comme piéger dans un filet. Et je n’avais aucune envie d’en sortir, c’était ça le plus beau. Construire des projets, faire flancher les pans de mur qui nous barrent la route. S’estimer heureux de notre parcours et poursuivre la route pour rêver encore plus, pour aspirer à des jours encore meilleurs. J’avais pu goûter à tellement de choses que je n’avais jamais vécues auparavant, y compris l’amour. Et je m’y étais tellement attaché que m’en séparer m’était fatal. En témoigne ma rupture avec Charlotte, elle était devenue essentielle à ma vie et je ne concevais pas de vivre sans elle. Ma demande en mariage nous liait pour toujours, quoi qu’il arrive. Je sentais que Charlotte ne voulait pas bouger, je la sentais bouleversée au ton et aux paroles que sa voix prononçait. J’étais touché, réellement ému. Nous étions un peu comme des survivants, des warriors. Notre couple avait surmonté tellement d’épreuves après tout, et nous nous en étions toujours plus ou moins bien sortis.
Je reculais mon visage, lui souriais et reculais de quelques pas avant de passer un bras dans le creux de ses genoux afin de la porter. Légère comme un oiseau. Elle était ma princesse. « Où monsieur le crapaud vous emmène-t-il très chère princesse ? Au château ou diner dans un majestueux endroit pour satisfaire nos besoins gustatifs et cet appétit d’ogresse ? »