« I'm fallin' appart, i'm barely breathing »
Le jour où ça a commencé à foutre le camp, c'est le jour où ma soeur est morte. Ma petite soeur, Jay ... Elle avait deux ans de moins que moi, mais nous avions toujours été proches toutes les deux. On s'entraidait, le week-end quand on avait rien à faire - ou même quand on avait quelque chose d'autre à faire -, on allait faire du shopping en ville, je l'aidais pour ses cours au lycée, elle me disait que j'étais son modèle, je m'efforçais d'être comme une mère pour elle, vu que la nôtre était pas super présente. Nous passions le maximum de temps ensemble, je savais qu'auprès d'elle je pourrais toujours trouver le réconfort qu'il me fallait, une oreille attentive, les stupides conseils qu'on veut entendre quand on va mal. Ce fut un accident de voiture. C'était le soir, elle était avec ses amis, peut-être qu'ils avaient un peu bu ... Bam, plus de Jay ! Un seul coup de fil, ça peut détruire toute une vie. Celui des policiers. Une seule intention, une seule seconde peuvent détruire une vie en fait. Si ils étaient partis deux minutes plus tôt, peut-être qu'il n'y aurait pas eu cette autre voiture ; si seulement la main innocente n'avait pas attrapé cette quatrième bière ; si seulement le deuxième phare de la voiture avait marché ... Les jours qui ont suivi sa disparition, je me perdais dans des suppositions
Si ... Et si ... . Bien sûr, je ne le disais pas à haute voix. Tout tournait dans ma tête, j'étais cloitrée dans ma chambre, assise sur mon fauteuil, ou bien allongée sur mon lit, un bras sous la nuque et l'autre traçant des traits invisibles sur le drap, pendant que des larmes dégoulinaient sur mes joues. C'était un peu l'état dans lequel je me trouvais durant plusieurs semaines. Heureusement, j'avais eu une dispense de cours pour deux semaines, car ma mère croyait que je faisais une dépression - ce qui n'était ni vrai ni faux. Car ma mère a
des relations.
« Maybe it can stop tomorrow from stealing all my time » J'ai toujours détesté cette expression.
Avoir des relations. Ca fait désuet, nul, et ça enlève toute la modestie de la personne qui le dit ... En tout cas mes parents, ils en avaient. Ca, j'étais obligée de le reconnaître. Je ne saurais vous dire exactement le poste qu'ils occupaient, mais j'ai toujours le souvenir d'avoir vécu dans une grande maison, immense même. Du genre qui vous fait tourner la tête quand vous passer devant dans la rue, du genre qui vous fait stopper, et rêver à une autre vie, dans cette maison, avec cette famille. J'ai toujours eu conscience, plus ou moins évidemment, de la chance que j'avais. Une famille riche, une famille de rêve, une baraque de rêve, des études de rêve, un dressing qui faisait la taille d'une petite maison - bon j'exagère peut-être un peu au niveau de la taille ... Dès toute petite, mes parents m'ont encouragée à donner le meilleur de moi-même, toujours. Que ce soit en faisant un devoir de maths ou en jouant au beach volley, je devais toujours me surpasser. Un peu idiot quand on y pense, mais je crois que ça m'a apporté beaucoup de choses finalement. Maintenant je m'accroche à ce que je veux, je n'abandonne jamais.
« I tried my best to be guarded, I'm an open book instead » En fait, si, il y a un moment où j'ai abandonné. Après la mort de Jay bien sûr. Et c'est là que les soirées ont commencé. Oh je ne dis pas que j'étais un ange, bien sûr j'allais à des soirées de temps en temps avec mes amis. Mais là, j'avais besoin de décompresser, d'oublier, de changer. Alors presque tous les soirs, j'entraînais mes meilleur(e)s ami(e)s en boîte, ou dans un bar. Elles me suivaient naturellement. En fait c'est grâce à elles et eux, mes meilleurs amis, que j'ai pu doucement remonter la pente. Les soirées m'ont aidée, en quelque sorte. Ca me permettait de m'évader juste le temps d'un soir, ça faisait du bien. Et puis j'y ai pris goût. Tout simplement. Mes parents l'ont tout de suite vu bien sûr, mais ils n'osaient plus rien m'imposer depuis la mort de Jay. J'aurais pensé le contraire, moi, qu'ils me gardent à la maison tout le temps et me dirigent pour ne pas risquer de me perdre moi aussi. Mais non. Ils me laissent faire à ma guise. Comme si je ne comptais pas pour eux.
« In the pain is there is healing » Parlons études maintenant - punaise ça fait trop sérieux de dire ça, ça me va pas !. Avec un dressing rempli comme le mien, vers où pourrait-elle se diriger, cette fêtarde accro de mode, qui secrètement grattait sur le papier depuis qu'elle est petite, des histoires de gosses, sorties tout droit de son imagination ? Journalisme de mode. Encore une fois, grâce aux relations de mes parents comme ils aiment le faire entendre, j'ai été prise dans une des meilleures université de San Fransisco. Mais, le directeur me l'a dit, ils avaient aimé mes travaux, ce n'était pas seulement à cause de mes parents. Je ne leur ai jamais dit. Mieux vaut qu'ils restent sur leur petit nuage de bonheur.