« You’re something special babe, And you don’t even realize that your my hearts desire » Maël Peter & Mary Jude
Elle m’avait raccrochée au nez. Décidément, je ne comprendrais jamais. Je ne l’avais jamais entendue aussi…en colère. Qu’est-ce que j’étais censé faire ? Je devais faire un choix entre Emma et Jude ? Cela n’avait aucun intérêt. J’étais amoureux de Jude, ça n’était plus le cas pour Emma. Qu’elle soit mon ex et que je l’a vois toujours, je pouvais comprendre que sa l’agace un peu, mais je lui avais tellement répété qu’elle n’avait pas à s’en faire à son propos. Je ne savais plus quoi faire d’autre ni quoi lui dire. Mais cette fois, elle était vraiment en rogne. Et je n’aimais pas trop la savoir dans cet état là, nous n’avions même pas finis notre conversation. Il ne me fallut pas trente si milles minutes pour me décider, j’attrapais ma veste et je sortis de l’appartement en direction du starbucks. Je décidais de prendre le bus, je ne voulais pas trop conduire, j’avais des milliards de questions qui se posaient dans mon esprit, j’essayais de ne pas penser au pire. Elle n’irait pas jusqu’à me larguer à cause d’une histoire de jalousie ? Non, je ne préférais pas penser à ça…même si il lui arrivait d’avoir des petites crises de jalousie avec Emma, nous étions bien ensemble…et la semaine que nous venions de passer à deux était tout simplement…magique. Moi qui n’était plus sur d’avoir pris la bonne décision en rentrant à San Francisco, aujourd’hui, je ne le regrettait plus du tout. Au contraire, cela m’avait permis non seulement de savoir que Jude m’aimait, et ce depuis un certains temps, mais aussi à donner une chance à notre histoire. J’y croyais, vraiment, je voulais y croire. C’était comme ci ce manque qu’avait été son absence pendant trois ans été de nouveau comblé, et aujourd’hui, j’avais toutes les cartes en main pour essayer de me créer un avenir un peu moins pitoyable que mon passé.
Le conducteur du bus roulait à une lenteur incroyable, sans trop savoir pourquoi, je me sentais nerveux à l’idée d’aller la voir. Je ne voulais pas qu’elle me re-balance pour la énième fois qu’elle était jalouse d’Emma alors qu’elle n’avait pas du tout à l’être. Avec qui est-ce que j’étais ? Avec qui est-ce que je m’endormais tous les soirs depuis une semaine ? Avec qui je me réveillais tous les matins depuis une semaine ? Avec elle, pas avec Emma. Et qu’elle le veuille ou non, Emma restait quand même importante pour moi, nous avions partagé pleins de choses pendant un an, elle ne pouvait pas être jalouse de ça. J’avais un an de souvenirs avec Emma, 15 ans avec Jude. C’était carrément différent. Je regardais nerveusement l’heure toutes les deux minutes, de toute façon, elle devait être au starbucks, elle ne pouvait pas partir comme ça. Et même si elle était en service, je n’hésiterais pas à la déranger, on ne pouvait pas continuer comme ça, on devait s’expliquer maintenant, sinon, elle finirait par me le reprocher dans quelques jours de la même manière et ça n’en finirait jamais. Si elle avait quelque chose à me dire, qu’elle le dise et qu’on règle toute cette affaire pour pouvoir repartir sur de bonnes bases.
Je descendais à l’arrêt de Russian Hill. Il me restait quelques rues à traverser avant d’arriver au starbucks. Il y avait un peu de soleil et il faisait doux dehors, l’hiver n’avait pas été particulièrement froid cette année d’après ce qu’on m’avait dit, ça me faisait bizarre car à New-York, il devait encore avoir de la neige dans les rues et les gens devaient encore se promener avec des écharpes et des gants. Moi qui, gamin, avait toujours rêvé de voir de la neige, j’avais été servit à New York, et autant dire que aujourd’hui, j’étais bien content d’être de retour en Californie, je préférais largement le soleil à la pluie, la neige et le froid. Je marchais assez vite, plus je m’approchais de ma destination, plus je sentais ma nervosité me gagner. Je n’arrêtais pas de repenser à la conversation que nous venions tout juste d’avoir, « ne dit plus rien », « j’en ai plus que marre, ça ne se voit pas assez ? », qu’est-ce que sa voulait dire tout ça ? J’essayais de ne pas trop interpréter tout ça sinon, j’allais en venir à des conclusions plus pessimistes.
Avant d’entrer dans le starbucks, je pris une grande inspiration, je sentais mon cœur battre très fort contre ma poitrine. Je me décidais alors d’entrer, il n’y avait pas beaucoup de monde à l’intérieur, quelques personnes assises autour d’une table pour manger un plat chaud et une personne qui lisait le journal à la table tout au fond du restaurant. Je vis le regard de Jude se poser sur moi puis immédiatement retourner à la tache qu’elle était en train d’effectuer. Elle nettoyait le comptoir sans ne jamais plus lever le regard vers moi. Je m’avançais vers celui-ci , et je m’asseyais sur un des tabourets face à elle. Mais rien à faire, elle ne disait aucun mot et elle ne levait pas ses yeux vers moi. Est-ce qu’elle m’ignorait vraiment ? Ca me rendait malade de savoir qu’elle m’en voulait autant et elle avait déjà joué à l’ignorance pendant trois ans, elle ne pouvait pas recommencer. Je posais mes coudes sur le comptoir sans la quitter des yeux, dans un sens j’aurais préférée qu’elle me dise au moins quelque chose, mais rien à faire. Je soupirai alors, « Tu comptes m’ignorer combien de temps au juste ? ». Je me redressai, toujours en la regardant avant de passer ma main sur mon visage, c’était insupportable ce silence. « D’accord…je reste là, je ne bougerais pas tant que tu ne m’auras pas dit quelque chose… »
« You’re something special babe, And you don’t even realize that your my hearts desire » Maël Peter & Mary Jude
Est-ce qu’il fait exprès ? Est-ce moi qui suis trop parano ? Je n’arrivais pas à comprendre ce drôle de ressenti… celui d’être inférieur à elle. J’ai beau être sa petite amie, j’ai beau dormir avec lui à tous les soirs… Mais il voit encore Emma. Une fille de New York qui a déménagé « pour ses études ». Comme si j’étais censée avaler ça et jouer celle qui ne comprenait rien de ce qui se passait. Non. Non, je ne ferai pas comme Maël qui visiblement ne semble pas voir ce qu’il se passe… Emma l’aime encore, c’est évidant comme un nez en plein visage.
Bon, c’était ma pause lorsque j’ai remarqué tous ces beaux mots sur Facebook. Parfois, j’avais même l’impression qu’elle était plus amusante que moi. Mes amis étaient même amis avec elle aussi, elle était un peu plus populaire et c’est bien évidant quand on jetait un coup d’œil sur son mur. Enfin bref, j’étais jalouse, je ne me cachais absolument rien. Possessive ? Oui. Pour une fois que j’ai réellement ce que je veux. Pour une fois le père noël m’a apporté ce que je veux depuis 15 ans. Comment est-ce que je vous voulez que je reste là, assise les bras croisés alors que son ex est venu à San Francisco « pour étudier » et qu’il l’a voit encore ?
Le problème était que je lui fais confiance en tant que meilleure amie. Mais ça fait tellement longtemps que j’attends… et aussi qu’il y a trois ans, il m’a fait un coup de mauvais goût. Comment est-ce que je peux le laisser la voir alors qu’il n’est même pas capable de m’avouer les trucs franchement ? Et s’il y arrive, comment je fais pour savoir ? Je n’ai toujours pas digéré ce coup, enfin si, mais pas entièrement.
Je lavais les tables en me disant que c’était exactement pour ça qu’au début je ne voulais pas lui faire l’amour. Si notre relation n’allait pas plus loin que quelques jours… il aura quand même eu ce que la majorité des mecs recherche dans une relation. En tout cas, j’espère qu’il s’est bien amusé. Peut-être qu’en fait je ne me suis que fâchée au téléphone et que la poussière retombera, que ce soir j’irai mieux. Mais là, tout de suite, ce n’était pas du tout le moment d’essayer de m’en parler. Je voulais bosser, bosser et essayer de penser à autre chose. Je croisais les doigts pour qu’il ne débarque pas…
Une demi-heure depuis que je lui ai raccroché la ligne au nez, j’étais derrière le comptoir à discuter avec l’autre fille qui bosse avec moi. Elle était marrante, avec ses histoires de flirt. Apparemment un client lui aurait fait de l’œil et lui aurait même laissé beaucoup de pourboire, sans plus. Enfin bref. Pendant un moment j’ai réussi à penser à autre chose que Maël et moi. Mais Maël se présenta au comptoir alors que j’étais en train de nettoyer celui-ci et de discuter avec ma collègue.
Je l’évitais. Quoi faire d’autre ? Évidemment Leah se posait des questions, probablement « pourquoi je ne réponds pas au client ». Ce qu’elle ne savait pas c’est que ce client, ne venait pas pour prendre un café ou un muffin, mais pour discuter avec moi. Mon cœur battait très fort. Je savais que s’il viendrait ici et qu’on aurait une discussion, ça pourrait mal tourner. S’il ne partait pas toute suite… il risquait de vivre quelque chose qu’il ne pouvait pas apprécier.
Tu comptes m’ignorer combien de temps au juste ? Leah avait surement comprit la situation. Elle se retourna et continuait ses affaires, alors que moi, je préférais éviter Maël et continuer mon boulot. Un client vint au comptoir pour un réchaud, je l’avais même servit en évitant toujours Maël qui s’était assis juste devant moi. Je ne savais pas quoi lui répondre.
Je pris une grande respiration, c’était dur d’ignorer celui qu’on aime. Surtout quand on pense très fort à ne pas trop réagir brusquement avec lui. J’en avais parlé vaguement avec Alexa ce matin et elle m’a gentiment conseillée d’être calme et pas trop direct envers lui, car il pourrait ne rien y comprendre. Cependant, au téléphone j’en avais déjà trop dis et beaucoup trop rude aussi. Je ne suis jamais arrivé à être calme et douce comme un chaton, je m’en voulais pour ça. Mais comprenez-le… Je l’aime.
D’accord… je reste là, je ne bougerais pas tant que tu ne m’auras pas dit quelque chose… il attendait là, depuis déjà 5 à 10 minutes en faisant rien que me regarder. Je me retournai vers lui et puis f*ck, je jette l’éponge. Tu veux que j'dise quoi au juste ? j’avais peut-être parlé trop fort, deux ou trois clients ont levé les yeux vers nos directions, y compris ma collègue qui nous surveillait un peu. Tu veux parler ? BIEN. PARLE.
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Elle était en colère. Je le voyais bien, je la connaissais par cœur, je l’avais vu dans tous ses états, et là je voyais bien qu’elle était vraiment très très fachée. Le pire, c’était que je ne pouvais même pas m’excuser ou arranger les choses puisque je ne savais même pas ce qui n’allait pas. Si, je savais que ça avait encore un rapport avec Emma…mais qu’est-ce que je pouvais bien faire ? Je ne comprenais pas pourquoi cette histoire la faisait tant réagir..il n’y avait rien de mal que j’avais dit ou fait avec Emma. J’agissais avec elle comme avec une amie, si elle n’avait pas été mon ex, je savais qu’elle n’aurait pas réagit comme ça. Je restais assis à la regarder pendant un petit bout de temps, quand j’avais dit que je resterais là jusqu’à ce qu’elle me dise quelque chose, j’étais sérieux. Je savais que de rester là à ne rien faire, sa l’agacerait assez vite, elle ne tiendrait pas très longtemps. Elle jeta son éponge sur le comptoir en me criant ; « Tu veux que j'dise quoi au juste ? ».
Elle était sérieuse là ? C’était elle qui avait commencée à vouloir me parler de quelque chose, à se lancer pour la énième fois sur le sujet « Emma ». Etrangement, et même si ça paraissait vraiment stupide, j’avais l’impression qu’elle cherchait juste une excuse pour qu’on se dispute, car cette conversation, nous l’avions déjà eu, plusieurs fois même. Je ne voyais pas ce que j’allais bien pouvoir lui dire de plus, mais je ne pouvais pas me permettre d’attendre ce soir qu’elle ne veuille plus en parler pour qu’elle me le ressorte encore dans quelques jours. C’était quoi au juste, l’histoire comme quoi j’étais allé chez Emma la vieille pour l’aider à choisir les tableaux qu’elle montrerait à son entretien pour pouvoir faire son expo ? Emma avait toujours été là pour moi quand j’en avais eu besoin, jamais elle ne m’avait ignorée comme Jude l’avait fait pendant 3 ans. Le pire, c’était que même à elle, son ex, Joshua qui lui tournait autour très très explicitement, je ne lui avais jamais rien dit. Je me sentais vraiment con de ne jamais lui avoir fait une petite crise de jalousie comme elle m’en faisait. « Tu veux parler ? BIEN. PARLE.»
C’était bien ce que je pensais, elle était en colère. Moi, parler ? Mais ce n’était pas à moi de parler ! Je n’avais rien à dire puisque, apparemment, elle ne me croyait pas quand je lui expliquais les choses. Combien de fois est-ce que je lui avais dit qu’il n’y avait plus rien entre Emma et moi ? Combien de fois j’ai du lui expliquer que si j’avais quitté Emma, c’était pour repartir à San Francisco parce que je l’aimais toujours ? J’avais l’impression d’avoir parlé dans le vent et qu’elle ne m’écoutait pas, ou alors qu’elle ne prenait que ce qui lui plaisait comme quand je lui avais dit que oui, j’avais eu des sentiments pour elle. Comme si elle pouvait m’en vouloir, comme si on choisissait ce genre de chose. « Te parler ? C’est toi qui était censée me dire un truc, alors vas-y, parle ! », j’essayais de rester calme, ça ne servait à rien de s’énerver même si cette histoire commençait à m’agacer. Je me levais de là où j’étais assis pour être plus ou moins à la même hauteur qu’elle, sans jamais ne la quitter des yeux. « Franchement Jude je comprend pas pourquoi tu t’acharnes avec cette histoire d’Emma ! Merde alors, ça fait une semaine que j’te dis tous les jours que j’t’aime et toi t’es même pas foutue de me faire confiance ?! ». Mais à quoi elle pensait au juste ? Que j’avais quitté Emma pour revenir à San Francisco uniquement pour la mettre dans mon lit et que d’ici une semaine ou deux je comptais lui claquer que j’repartais pour New-York avec Emma et que en fait je ne l’avais jamais aimé ? C’était tordu, vraiment, et j’espérais vraiment qu’elle ne pensait pas à ça, rien que de penser qu’elle puisse croire ça, ça me dégoutais.
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Te parler ? C’est toi qui était censée me dire un truc, alors vas-y, parle ! je me sentais mal. Vraiment mal. J’avais des sueurs froides, puis chaude, un peu comme quand on a la fièvre. Ça me rendait malade, je ne voulais pas avoir ce genre de pensées. Comment pouvais-je avoir ce genre de pensées envers Maël ? Je l’aime depuis quasiment toujours, j’ai la chance d’être avec lui, de lui montrer ce que j’éprouve pour lui… Comment est-ce que je peux arriver comme ça et décider de toute gâcher ? Après il ne voudra plus de moi, après si je change d’idée il ne me fera plus confiance… Merde, quelle conne.
Maël se leva, il ne me quittait pas des yeux. Ça m’intimidait un peu… un peu beaucoup. J’avais envie de pleurer, car cette idée me hantait encore plus l’esprit. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je pensais à ça ? Je ne voulais pas… je ne voulais pas le quitter. Je l’aime tant. Mais je ne peux pas continuer comme ça et partir l’esprit tranquille…
Franchement Jude je ne comprends pas pourquoi tu t’acharnes avec cette histoire d’Emma ! Merde alors, ça fait une semaine que j’te dis tous les jours que j’t’aime et toi t’es même pas foutue de me faire confiance ?! je le regardai, mal à l’aise. On attirait visiblement l’attention d’autrui, entre autre ma collègue de service. J’avalai difficilement ma salive, j’étais totalement énervé et fâché contre Maël. Il avait raison, d’un côté je savais que j’étais beaucoup trop jalouse. Beaucoup trop pour ce qu’il méritait. Je n’étais probablement… pas une petite amie idéale…
Non. Non j'te fais pas confiance ! je contournai le comptoir pour me retrouver à côté de lui. Il voulait me provoquer avec son petit regard de… Enfin. Il voulait me provoquer ? Je fronçai les sourcils, j’étais fâché. Vraiment. Et tu sais pourquoi ? Parce que j't'ai attendu toute ma putain d'vie ! Y'a trois ans t'as couché avec moi et tu t'es barré ensuite. Tu sais que je ne suis jamais arrivé à tomber amoureuse ? Je t'aime, comme je t'ai toujours aimé merde et toi tu fais quoi ? T'as la vie tranquille avec Emma, elle te fait m'oublier et tout l'bordel... BAH BRAVO ! Comme si j'devais avoir pitié de toi maintenant. Je sais que tu vas rapidement m'oublier, m'oublier en sortant avec une autre PUTE dont je ne sais pas quel est son nom et son origine alors que moi... moi j'vais rester à San Francisco comme une vieille merde à t'attendre comme je l'ai toujours fais. je manquais d’air, j’avais la gorge nouée et les larmes aux yeux. Alors si tu penses que ça m'fais plaisir que tu sois encore pote avec elle... Car OUI elle est à San Francisco pour te retrouver... Bah détrompe-toi ! J’essuyais mes larmes qui coulaient gratuitement sur mes joues. Leah était visiblement troublé par tout ce que je venais de dire, la clientèle également. Quelle scène…
J'ai passé la plus belle semaine de toute ma vie, je t'en remercie. Mais toi et moi, ça ne pourra pas aller plus loin, Maël.
« You’re something special babe, And you don’t even realize that your my hearts desire » Maël Peter & Mary Jude
Je commençais à m’emballer un peu trop, mais cette situation commençait à devenir insupportable. Elle était toujours là à me reprocher des choses…enfin, non, elle était toujours là à me reprocher la présence d’Emma. Si c’était son excuse pour se débarrasser de moi, elle aurait pu le faire sans toute cette scène et tout simplement me dire qu’elle ne voulait plus de notre relation. Je lui avais déjà dit, mais plus les jours passaient, plus cette idée se forgeait dans mon esprit et ne voulait plus y ressortir. J’avais juste l’impression de n’être qu’un rêve d’adolescente et que, maintenant qu’elle m’avait, elle s’en lassait déjà et elle voulait passer à autre chose. C’était horrible, horrible de penser qu’elle puisse ressentir ça, j’avais enfin osé lui avouer mes sentiments et au final…voilà comme cela se terminerait. Juste elle qui voulait voir si elle trouverait ça toujours aussi excitant d’être ma petite amie et de se rendre compte à la fin qu’elle n’en voulait plus. « Non. Non j'te fais pas confiance ! »
Elle fit le tour du comptoir, elle allait peut-être enfin se décider à m’expliquer clairement ce qui se passait dans sa p’tite tête. Je sentais le regard de quelques clients indiscrets sur nous, si je m’étais écouté, je me serais tourné vers eux pour leur demander de ce mêler de c’qui les regardes, mais il ne fallait pas que je m’énerve trop, je ne voulais pas non plus être banni du Starbucks ou qu’on appelle les flics parce qu’un taré gueulait sur les clients qui n’avaient à priori rien fait. Elle prenait son air de méchante fille en venant se mettre face à moi, en ne me lâchant pas du regard. « Et tu sais pourquoi ? Parce que j't'ai attendu toute ma putain d'vie ! Y'a trois ans t'as couché avec moi et tu t'es barré ensuite. Tu sais que je ne suis jamais arrivé à tomber amoureuse ? Je t'aime, comme je t'ai toujours aimé merde et toi tu fais quoi ? T'as la vie tranquille avec Emma, elle te fait m'oublier et tout l'bordel... BAH BRAVO ! Comme si j'devais avoir pitié de toi maintenant. Je sais que tu vas rapidement m'oublier, m'oublier en sortant avec une autre PUTE dont je ne sais pas quel est son nom et son origine alors que moi... moi j'vais rester à San Francisco comme une vieille merde à t'attendre comme je l'ai toujours fais. », elle s’arrêta un instant pour reprendre son souffle et moi j’étais….pétrifié sur place. C’était encore et toujours la même rengaine mais cette fois, elle l’avait dit d’une manière si…brutale, méchante…définitive, comme si son avis sur la question ne changerait jamais. Qu’est-ce que ça voulait dire au juste tout ça ? Pourquoi et surtout comment elle pouvait me blâmer de n’avoir jamais su tourner la page, comme si c’était de ma faute ! Si j’avais pu, je l’aurais fait m’oublier et jamais je ne serais revenu en ville, ça valait mieux pour tout le monde en fait. Elle avait les larmes aux yeux quand elle reprit ; « Alors si tu penses que ça m'fais plaisir que tu sois encore pote avec elle... Car OUI elle est à San Francisco pour te retrouver... Bah détrompe-toi ! ». Je baissais mon regard vers le sol, je me doutais bien que ça ne lui faisait pas plaisir et elle avait le droit de se méfier un peu, de ne pas vouloir lui parler ou avoir à faire à elle, mais elle n’avait pas le droit de toujours m’en vouloir, continuellement, tout le temps.
Je relevais le regard vers elle, les larmes coulaient à flot sur ses joues et je sentais le regard des gens encore plus posés sur nous, comme si nous étions les personnages d’un vieux feuilleton pourris où les deux personnages s’engueulent en public comme si c’était normal. « J'ai passé la plus belle semaine de toute ma vie, je t'en remercie. Mais toi et moi, ça ne pourra pas aller plus loin, Maël.…. ». Alors là, j’eus l’impression que mon cœur s’était arrêté de battre pendant plusieurs secondes, plus rien ne fonctionnait correctement, comme si le monde entier s’était arrêté de tourner autour de moi rien qu’en entendant cette phrase. « Ça ne pourra pas…quoi ? », je me sentais plus très bien tout à coup, j’avais l’impression que je savais ce qui allait se passer depuis le début mais que j’avais été beaucoup trop con et pour une fois beaucoup trop optimiste pour y croire. Je sentais mon cœur battre très très fort, j’avais peur d’avoir bien entendu, elle pouvait pas faire ça, pas comment ça, pas pour ça. « T’es…t’es en train de me larguer ?...tu...tu peux pas faire ça... », j’avais la voix qui tremblait, je sentais les larmes me monter aux yeux. Elle pouvait pas faire ça…
« You’re something special babe, And you don’t even realize that your my hearts desire » Maël Peter & Mary Jude
Mon cœur battait à toute vitesse. Maël venait de commettre une grave erreur en venant ici. Je savais que je ne pourrais pas tenir plus longtemps s’il venait ici pour chercher des renseignements. Quoi que, j’avais aussi une part de cette responsabilité quoi. Je n’aurais jamais dû l’appeler, ou du moins je n’aurais jamais dû lui faire part de ce que je ressentais. On n’en serait pas là et ce soir je pourrais encore dormir dans ses bras et l’entendre dire qu’il m’aime.
J’avais contourné ce comptoir et j’ai jeté mon dévolu. Maël et moi c’était terminé, à l’instant où je l’avais prononcé. C’est fou comment on prend notre temps à tomber amoureux, à admettre nos sentiments et à se mettre ensemble, alors que rompre ne prends qu’une simple phrase, voire deux mots et c’était automatiquement terminé.
Ça ne pourra pas… quoi ? j’avalai difficilement ma salive. Il avait bien comprit. S’il te plait Maël, ne m’oblige pas à répéter…
Je n’arrivais pas à croire que je lui avais dit ça alors que quelques jours plus tôt j’affirmais dur comme le fer que jamais je n’allais le laisser le tomber. Mais j’avais l’impression de ne pas avoir le choix… de ne pas avoir d’autres solutions à mon problème. Mais j’avais ce doute, j’avais vraiment cette vision que je n’aurai pas d’autres chances… Qu’il va tout mettre sur ma faute, et que notre relation terminera ainsi. Même des remises à zéros, ne feront pas l’affaire…
T’es… t’es en train de me larguer ?… tu… tu ne peux pas faire ça… je voyais ses yeux se remplir de larmes, tout comme je ne cessais pas de pleurer. Je n’arrivais pas à croire que je faisais ça, ce n’était pas moi. Voir sa réaction amplifiait la douleur, je ne supporte pas voir quelqu’un pleurer et encore moins s’il s’agit de la personne que j’aime le plus au monde, Maël.
J’avais mal, mal de lui faire du mal. N’est-ce pas un peu trop compliqué pour rien comme phrase ? Maël tremblait de peur, ça se voyait… mais je ne pouvais pas juste annuler ce que je venais de dire, c’était trop tard, c’était dit. De toute façon je ne savais pas quoi faire d’autre… j’étais lâche… mais surtout vraiment pas habitué à ce genre de relation. Je ne suis pas doué, avouons-le.
J'... j'suis d... désolé... j’essuyais mes larmes et me retournai pour quitter cet endroit. J’allais me réfugié dans les toilettes, c’était le seul endroit où je pouvais me sentir plus seule. Je ne pouvais pas retourné chez moi, malheureusement, il restait plus que 2 heures à mon service… Je ne pouvais pas quitté comme ça. Enfin bref, j’espérais qu’en restant ici pendant quelques minutes, fera en sorte qu’il réfléchisse de lui-même et parte du Starbucks. J’étais déjà assez gênée comme ça, devant les clients et ma collègue qui avaient assisté à toute la scène de ménage.
« You’re something special babe, And you don’t even realize that your my hearts desire » Maël Peter & Mary Jude
J’avais peur d’avoir mal entendu, je voulais avoir mal entendu. Mais à en voir les larmes qui lui montaient aux yeux, elle était sérieux. Alors c’était comme ça que cette histoire se terminait ? Rompre sans aucune raison valable ? Le pire, c’était que sa venait de sa bouche à elle, je l’aimais, vraiment, je l’aimais à en mourir. Elle venait de me quitter, cette affirmation blessante s’était imposée dans mon esprit et je ne vouais plus que cette vérité. J’avais la désagréable impression qu’on s’était foutu de ma gueule depuis le début, que tout ceci était bien organisé et prévu jusqu’au moindre détail. Elle m’en avait voulue car je ne lui avais pas avoué mes sentiments avant d’aller à New-York et aujourd’hui que j’avais enfin eu le courage de le faire et qu’elle avait enfin eu ce qu’elle voulait, elle me jetait. Je ne savais pas quoi dire, je me sentait tellement con et encore plus quand je sentais les regards posés sur nous.
« J'... j'suis d... désolé... ». Alors là, c’était la cerise sur le gâteau. C’était tout ce qu’elle avait à me dire ? Pas une seule explication concrète, elle ne m’avait même pas laissé m’expliquer, elle avait juste décidée de mettre fin notre relation, et si facilement en plus. Comment est-ce qu’elle pouvait balayer comme ça notre histoire ? Nous n’étions peut-être ensemble que depuis une semaine, mais notre histoire n’avait pas commencé quand elle était venue me donner sa réponse dans mon appartement mais il y a trois ans lorsque nous avions couchés ensemble, il y a 15 ans lorsque j’étais venu la défendre dans cette cours de récréation. En sortant ensemble, c’était évident que nous prenions le risque de briser notre amitié, en général c’est dur de rester ami avec son ex, surtout si avant ça nous avons été aussi ami que nous l’étions. Est-ce qu’elle pensait sincèrement qu’après la semaine que nous venions de vivre, nous allions pouvoir redevenir amis comme avant ?
Elle essuyait ses larmes, j’avais un pincement au cœur mais pas parce que je la voyais pleurer, parce qu’elle ne disait rien de plus. C’était un peu, je te quitte, bye. Elle me tourna alors le dos, j’ai crus que mon cœur s’était retourné trois fois en la voyant partir vers les toilettes. Et moi j’étais là, comme un con, j’avais les larmes aux yeux, je me trouvais pitoyable. C’était fini. Terminé. Il n’y aurait plus de « nous »,je ne me réveillerais plus à ses côtés, je ne m’endormirais plus à ses côtés, elle ne me dira plus jamais qu’elle m’aime. Tout ça était déjà du passé. Je voyais sa collège qui me dévisageait un peu d’un air de dire, « bah t’attends quoi pour te casser au juste ? Elle veut plus de toi alors dégage ! ». J’étais tiraillé entre l’envie d’aller la rejoindre dans ses foutues toilettes, la supplier à genoux de ne pas faire ça, mais quelque chose m’en empêché. Je me sentais…humilié de m’être fait largué devant tant de personnes, d’avoir l’air si mal et désemparé devant tout ce monde. Elle venait de m’abandonner, comme mes parents l’avaient fait, comme ma sœur l’avait fait, je me retrouvais à nouveau seul.
Je regardais autour de moi, les gens faisaient soudain semblant de manger ou de discuter. Sa collège s’avança vers le comptoir, je la connaissais de vue, je venais pas mal ici ses derniers jours. « Tu devrais partir maintenant », me dit-elle en m’affichant un sourire hypocrite. Je ravalais ma salive et lui tourna le dos pour quitter cet endroit. Si elle avait voulue se venger de ce que je lui avais fait il y a trois ans, elle avait réussis, j’avais mal, très mal.