Chapter I : Whatever life is« you may say that i’m a dreamer, but i’m not the only one. » - John Lennon
Je m’appelle Kahina Amenesty Kealoha. Kahina. Nom étrange, vous ne trouvez pas? En fait, c’était l’idée de mes parents. Ils trouvaient ce prénom magnifique, et très ‘accueillant’. Ouais, accueillant. Je n’avais jamais entendue de tels qualificatifs pour un prénom auparavant. Je veux dire, mon prénom ne dit pas bonjour ou quoi que ce soit. C’est simplement Kahina. Je le trouve bien banal, mais j’aime le fait qu’il ne soit que très peu populaire. Vous croisez une autre Kahina? Présentez-moi la, j’attends! Bref, mon deuxième prénom, quant à lui, est tout aussi original. C’est le plus utilisé pour moi, car vivant à San Francisco, mes parents préféraient que j’aie un nom à résonnance américaine. Donc mon deuxième prénom est Amenesty. Je vous l’accorde, vraiment pas commun. Je me demande même s’il ne serait pas unique. Pour ce qui est de mon nom de famille, eh bien c’est Kealoha. Un nom de famille moyennement répandu d’où je viens, et je dois vous avouer que celui-ci, je le trouve splendide. J’aime la résonnance du nom ‘Kealoha’. Après tous ces noms, vous devez vous demander d’où je viens! Eh bien je vais vous le dire, je suis de nationalité américaine! Bah ouais. Seulement, je viens de la splendide île d’Hawaii, et là-bas nous sommes un peu d’une autre nationalité de notre point de vue. Nous avons d’ailleurs notre propre langue, l’Hawaïen. Bon d’accord, je conçois du fait que vous devez trouver long le fait de lire sur mon nom et de ses origines. Alors je vais vous parler de ma vie, de ce que je me souviens du moins. Oui oui, vous allez effectivement tout connaître sur moi. Enfin tout, il faut bien se garder une petite réserve aussi hein! Disons pas mal, tout simplement. Quel chanceux vous êtes!
Chapter II : I was born this way« Soit A, un succès dans la vie. Alors A = x+y+z où x = travailler, y = s’amuser et z = se taire. » - Albert Einstein
Je suis née dans la ville de Hilo, sur l’une des nombreuses îles composant l’archipel hawaiien. C’était un 31 décembre 1989, à l’aube de la nouvelle décennie. J’étais perçue un peu comme le cadeau de mes parents. Moi, je me suis toujours sentie coupable de ma naissance par contre. Cette journée-là, mes parents m’ont gagné, mais ils ont aussi perdus quelqu’un qui leur aurait été cher… Ils ont perdus ma sœur jumelle. Ils m’ont toujours dit qu’ils l’auraient appelés Mahika. Alors à chaque 31 décembre, je souhaite bon anniversaire à Mahika, ma sœur jumelle. Même si je ne l’ai jamais connue, il y a comme un vide au fond de moi. Nous avions vécues si près durant les neuf premiers mois de mon existence que je ne peux m’empêcher de penser au fait que si elle est morte, c’est parce que moi je suis née. Mahika est un sujet de controverse dans la famille, et j’évite donc de réellement en parler. Soit, c’est tout ce que je sais de ma naissance : J’ai tué un être vivant. Beau début de vie, ne trouvez-vous pas? L’ironie et moi, une grande histoire d’amour.
Je vous amène à mon cinquième anniversaire, à l’aube de l’année 1995. Depuis ma tendre enfance, j’avais toujours habitée à Kapoho, sur la rue Alapaki, plus précisément. En fait, ma maison donnait tout simplement sur l’une des plus belles plages de tout l’archipel d’Hawaii. Je dois vous avouer que la splendide vue de ma chambre m’a toujours ébahie. Soit, je venais tout juste d’avoir cinq ans. Déjà cinq ans sans ma jumelle adorée. J’allais entrer à l’école primaire en septembre 1995 et j’avais très hâte. Ma mère me préparait d’ailleurs déjà. Dès mon plus jeune âge, je savais compter et écrire. Bon d’accord, écrire on s’entendra sur le fait que je ne savais pas composer des mots. Je savais seulement l’alphabet. Ce qui était d’ailleurs un bon départ pour une jeune fille de mon âge. J’avais effectivement quatre ans et demi lorsque je savais faire tout ça. Eh ouais, j’étais déjà très intelligente, que voulez-vous! Bref, je vous passe le reste des détails de mon cher cinquième anniversaire, duquel je ne vous ai d’ailleurs pas réellement parlé de toute façon. Je ne m’en souviens plus vraiment, il faut dire.
Chapter III : Forgive me, first love« Mon père, il disait : Dans la vie, y’a pas de grands, y’a pas de petits. La bonne longueur pour les jambes, c’est quand les pieds touchent bien par terre. » - Coluche
Mon premier amour. Mon meilleur ami d’enfance. Domenico. J’avais huit ans. Je vous avoue qu’à cet âge, on ne peut pas réellement aimer, mais moi, j’ai aimé. J’ai aimé plus que ce qu’un cœur ne pourrait jamais contenir. Pour lui, j’aurais tout simplement tout donné. D’accord, à notre âge ça se résumait à se tenir la main et à se donner des bisous sur la joue, mais c’était vrai. Nous avions par contre toujours nos parents sur le dos, avec des ‘oh regarde chéri comment ils sont mignons!’. À chaque fois, nous avions envie de leur faire le même coup. De les fixer à chaque fois qu’ils étaient ensemble. Ça nous tombait tellement sur les nerfs que nous nous trouvâmes un endroit secret. C’était une caverne sur le bord de l’eau. C’était un endroit magnifique. C’était notre endroit pour être seuls tous les deux. Nous y allions à chaque jours, ou presque. Lorsque nous avions dix ans, tout juste avant de rentrer à l’école secondaire, nous gravâmes nos noms sur les rochers composant cet endroit. Kahina et Domenico, pour la vie. À cet âge là, nous ne savions pas vraiment ce que ‘pour la vie’ impliquait. Nous vivions au jour le jour. Seulement nous deux. Nous composions notre bonheur à nous.
J’avais onze ans lorsque je le laissai. J’avais flashé sur un garçon pas mal plus vieux que lui à l’école secondaire, et j’en avais donc conclu que Domenico n’était franchement pas de sa taille. En fait, j’avais tellement envie que l’on m’accepte, de me faire un nom, que j’en oubliai de suivre mon cœur. Il s’appelait Jeremiah, le garçon pour qui je laissai Maïke. Au final, il n’en valait pas la peine, il ne m’a jamais approché. Je me demande même s’il savait si j’existais. Il était en terminale, et j’étais beaucoup trop naïve.
Domenico ne me parlait plus. Il avait d’ailleurs une nouvelle petite amie. Elle s’appelait Sarah. Nous avions désormais treize ans. Treize belles années. Enfin, belles pour lui. Pas pour moi. J’étais seule maintenant. J’avais des amis, certes, mais aucuns ne me comprenaient autant que Domenico me comprenait. C’est à cet âge que je compris finalement que ce qui fait qui nous sommes, ce sont nos faits et gestes et nos valeurs, et non pas les personnes avec qui nous n’avons aucun points communs. Jeremiah me fit comprendre cela.
Chapter IV : Turning point, death of a loved one« Pourquoi je ne me suicide pas? Parce que la mort me dégoûte autant que la vie. » - Emile Cioran
J’avais quatorze ans le 17 janvier 2004. J’avais quatorze ans à huit heures quarante deux minutes et vingt-neuf secondes. J’avais quatorze ans lorsque je mis les pieds pour la seconde fois dans un hôpital. J’avais quatorze ans lorsque ma mère décéda. Cette journée-là fut probablement la plus atroce de toute ma vie. L’une des étapes les plus difficiles que je n’aurais pue imaginer. Ma mère, celle pour qui je souriais à chaque jours. Ma mère, celle pour qui j’aurais tout donné. Cette journée là, j’aurais souhaité mourir à sa place. Je détestais Dieu, je détestais la vie. Elle avait quarante ans et était beaucoup trop jeune pour mourir. Un chauffard saoul. Ouais tu parles, à huit heures du matin. Foutu alcoolique de la vie. Je voulais qu’il meure. Je ne lui souhaitais rien de plus. J’avais envie de crier, j’avais envie de pleurer, ma tête tournait, mon corps tremblait. Ce fut le mur blanc de l’hôpital qui me sembla le plus accueillant en cette terrible journée de janvier. Je me laissai glisser, et je pleurai. Je crois que j’ai pleuré durant deux bonnes heures. Je vis plusieurs gens passer. Je les détestais tous. Je détestais la vie. Je détestais la mort. Je détestais d’être venue au monde. Pourquoi cela devait-il arriver à moi?
Étrangement, les funérailles du 21 janvier furent un soulagement. Je parlai à ma mère, enfin au corps de ma mère, durant près de deux heures. Je lui dis tout ce que je n’avais pas su lui dire. Je lui fis des promesses aussi, entre autre de ne jamais conduire si j’avais consommé. Jamais. Je lui promis de foncer dans la vie, de réussir ce que j’entreprendrais. Je lui promis de voir la vie d’un bon œil comme elle le faisait si bien. Je lui promis, finalement, de la rendre fière de moi. Et je pleurai après ces deux heures. Je pleurai, et je pleurai, et je pleurai… Mon père, aussi démoli que moi, vint me rejoindre dans le cimetière. Il s’accota de l’autre côté de la pierre tombale et me dit une chose que je n’oublierai jamais : ‘Dans la vie, il y a des moments injustes. Le plus dur, c’est de les accepter. La vie n’est pas parfaite, c’est à toi de prouver que tu es compréhensive sur ses défaillances.’. Il avait raison. Il aura toujours raison.
Chapter V : Here comes the sun« On peut allumer des dizaines de bougies à partir d'une seule sans en abréger la vie. On ne diminue pas le bonheur en le partageant. » - Bouddha
San Francisco. Il était une fois, la ville. J’avais dix-huit ans lorsque mon père décida de changer d’endroit où vivre. J’allais entrer à l’université, et il décida que mon université serait celle de San Francisco. La raison de notre déménagement fut claire, et franchement très compréhensible. Je ne fus donc pas choqué. Nous déménagions parce que cette maison, cette vue, cet endroit rappelaient trop de souvenirs à mon père. Ils étaient bons, certes, mais ils étaient à propos de ma mère… Et ils faisaient remonter une certaine tristesse. Un manque. Tout de cette maison me rappelait aussi ma mère. La façon dont les choses étaient disposées, la senteur, les couleurs de ma chambre, les citations sur les murs, les photos. La plage, endroit où ma mère et moi allions lorsque j’allais mal. Bref, tout. Alors un peu de changement ne ferait pas de tord. Du moins, une fois habitué. Je pleurai lorsque nous quittâmes la maison pour la dernière fois. Mon père aussi. Dire adieu à ce qui rendait Marianna encore présente dans nos vies ne fut pas chose facile… Mais pour notre bonheur, et pour améliorer l’ambiance à la maison, il le fallait. Je mis donc les pieds pour la première fois dans une vraie grande ville. San Francisco. C’était d’ailleurs splendide. Mon père acheta une jolie maison, toujours sur le bord de l’eau. Ça n’était pas la plage d’Hawaii, mais ça allait. Moi qui ait toujours aimé le fait de me réveiller et de voir l’océan, symbole de liberté. Il m’annonça aussi que notre mode de vie allait changer. Nous allions voyager beaucoup plus souvent car l’emploi qu’il exerçait à Hawaii, et qu’il exercerait toujours à SF, soit avocat, était beaucoup plus payant en ville. Donc durant mes dernières années de la dizaine, je fis pas mal le tour de l’Europe, et visitai un peu de l’Asie. Je me découvris donc une nouvelle passion, tout en me concentrant sur mes études en droit fiscal. J’aimais les chiffres et j’avais toujours appréciée le métier de mon père, donc ce domaine semblait bien combiner deux de mes choses préférées. Le départ à San Francisco fut donc une bonne chose pour moi, sauf pour le fait que je du dire adieu à croiser tous les jours Domenico… Que je n’avais toujours pas oublié. ‘Pour la vie..’ Ouais, tu parles.
Chapter VI : Life throws shit at you sometimes« La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. » - André Malraux
2011 fut une plaque tournante pour moi. L’année commença relativement du mauvais pied, si je puis m’exprimer comme ça. La vie avait toujours sue me donner de bons moments et ne me laissait jamais insatisfaite. Hors, la vie peut aussi savoir prendre de mauvais tournants. L’année avait en soi bien débuté. J’étais partie aux Bahamas avec ma meilleure amie, Emma. Nous avions passées du bon temps et mes études allaient bon train. Emma adorait voyager et j’adorais partir m’évader aussi un peu. Nous étions comme deux sœurs depuis près de trois ans déjà. En début mars, j’allai la reconduire à l’aéroport. Elle partait pour une semaine en Espagne pour revoir sa famille. Son avion crasha. Aucuns survivants ne furent retrouvés. Le 2 mars 2011, je perdis ma meilleure amie. Ma confidente. Je me rappelai alors le décès de ma mère et je me sentais aussi révoltée par ce décès prématuré de ma meilleure amie qui avait alors le jeune âge de vingt ans. Le 4 mars, démolie par la mort subite de cette dernière, je me décidai de me rendre chez elle pour classer ses choses, à qui les rendre, etc… Je ne faisais pas attention à ce qui se passait autour de moi, je prenais le même chemin qu’à mon habitude. Mais il était deux heures du matin. Les ruelles étaient dangereuses. Le centre-ville de San Francisco était dangereux en soi à cette heure. Un certain « Murderer » rôdait depuis quelques temps. Je m’en fichais. Je n’aurais jamais due partir seule. Je n’aurais pas due prendre les raccourcis par les ruelles. Je me fis violer. Ce fut le pire moment de toute ma vie. Ce fut la journée où ma vie s’écrasa en mille morceaux. J’avais l’impression de ne plus exister, d’être morte à cet instant précis où son corps toucha le mien. J’avais envie de crier, rien n’y faisait.
Peu à peu, je me remis sur pied. J’en parlai à Robbyn, mon meilleur ami depuis bien longtemps. Depuis un peu plus longtemps qu’Emma en fait. Je lui fis promettre de ne rien dire. Il avait envie de démolir ce mec. Je le comprends. Moi aussi. Bref, je me rétablis peu à peu, me changeant les idées, voyageant quelque peu. Me concentrant sur la fin de mon baccalauréat à l’Université de Berkeley.
En mai 2011, je graduai avec déjà un merveilleux emploi chez Wood and Porter, une firme très réputée de San Francisco. La réputation de mon père avait joué un peu sur l’obtention de mon emploi mais c’était tout ce dont je pouvais rêver. Ma vie prenait enfin un bon tournant.
Chapter VII : Alejandro, AlejandroÇa faisait déjà deux ans que je l’avais rencontré, lors d’un voyage à Londres. Alejandro, ce jeune policier fantastique. Il avait tout pour me plaire. Il était sympathique, social, abordable, souriant, positif et avouons-le, extrêmement attirant physiquement. Au départ, je n’étais pas prête pour une relation comme celle-ci. Une vraie relation amoureuse. J’avais peur. Oui, j’étais effrayée par ce que cela pourrait m’apporter. Un cœur brisé, des espoirs anéantis. J’avais toujours été énormément apeurée par l’idée de tomber en amour avec quelqu’un et alors, je m’éloignais. Puis, en mai 2011, pour me féliciter de ma graduation et de mon nouvel emploi, je m’offris un bungalow au Mexique. Rien de trop spécial, vous dirais-je alors. En juin, j’allai passer une semaine là-bas dans le but de me ressourcer, de quitter la grande ville de San Francisco qui me rappelait beaucoup de mauvais souvenirs. Mes cauchemars sur le 4 mars avaient recommencés. C’était infernal. Partir me fit le plus grand bien. Alejandro vint me rendre visite, étant mexicain. C’était merveilleux. Il m’a embrassé. Je me suis sentie en sécurité et heureuse de ce que la vie avait sue m’apporter. Je ne l’aimais pas au sens propre du terme. En fait, oui, je l’aimais. Beaucoup même. Mais ce n’était pas encore de l’amour à ce point. C’était plutôt l’envie d’être aimé qui me gouvernait. Mais j’étais heureuse. J’appréciais être avec lui. Je me sentais même en sécurité. Il vint me rejoindre un mois plus tard à San Francisco, se prenant un petit loyer tout près de chez moi dans le Sunset District. J’étais alors aux anges. Mais pourtant, je savais que ça ne durerait pas. Je le sentais. Ce n’était pas lui mon grand amour. Il était super, mais même après tout ce temps avec lui, je ne pouvais toujours pas me dire amoureuse. Je ne me sentais pas totalement en confiance non plus. Il ne savait pas pour le 4 mars. Il avait appris pour Emma dans les journaux. Et plus que tout, il était jaloux de Domenico. Ce premier amour que j’avais revu à San Francisco en début avril. Je détestais sa jalousie. Mais il était tellement merveilleux à part cela que je ne disais rien. Je passais par-dessus. Je l’acceptais avec ses défauts. Je me poussais à l’aimer de plus en plus à chaque jour.
Chapter VIII : Burlington and CharlestonMalgré ce petit bonheur qui m’était arrivé, ma vie se dégrada de nouveau. Les souvenirs cauchemardesques du mois de mars me revinrent à l’esprit. Ils étaient récurrents. Je ne cessais pas de me rappeler. Je ne dormais plus. J’avais peur. J’avais honte. Je me sentais vide de tout sentiment. J’éloignai certaines personnes qui comptaient pour moi dans le but de m’anéantir seule. Je m’isolai. Je pris des médicaments à la tonne. J’aurais pu faire une overdose. J’étais accro en un sens. J’aimais l’effet que cela me procurait. J’adorais ne plus rien ressentir. En août, je me mis à les mélanger avec de l’alcool. Ça empira, j’étais insoutenable. Tout m’importunait. Ma vie en premier lieu. Je n’en pouvais plus. Je craquai. J’ai fait des crises immenses. Je me suis rendue d’urgence à l’hôpital à plusieurs reprises. C’est en début septembre que je décidai de mon propre gré, après plusieurs recommandations de mon médecin, de me rendre dans un centre pour de l’aide. Il ne savait pas pour mon viol, mais il voyait tout ce que je m’infligeais. J’entrai alors dans un centre à Burlington, dans le Vermont. C’était très loin de tout la frénésie de la grande ville californienne. Je m’y sentis bien. Les premiers mois furent difficiles. Peu de connexions avec les gens. J’avais laissé ma vie à San Francisco dans un bordel terrible. J’étais en grand froid avec Domenico, j’étais partie sans dire un mot à Alejandro, j’avais envoyé balader mon père. Seul Robbyn et Denver étaient présents alors pour moi. Puis Yuri, finalement. Le copain de Robbyn. Les trois, ils étaient merveilleux avec moi. J’avais l’impression de ne pas le mériter. Ils vinrent me rendre visite en début novembre. J’allais nettement mieux. Mon cas s’améliorait. Je réussissais à parler ouvertement de l’évènement déclencheur. Je m’excusai aux gens autour de moi. Tout semblait s’améliorer. Je fus alors proposé d’être transféré à Charleston, en Caroline du Sud, où au lieu de la neige, c’était du sable. J’avais toujours adoré l’océan, le soleil. C’était un point tournant pour moi. J’étais heureuse. Au centre à Charleston, en mi-novembre, j’étais beaucoup plus libre qu’à Burlington. Je me remis sur pied, tranquillement mais réellement.
No pain, no gain comme on dit. J’appris alors que le 24 décembre je pourrais quitter le centre et retourner dans ma ville, pile à temps pour les fêtes. C’était alors parfait. Mais hélas, en suivant les nouvelles, j’appris que Murderer avait réussi à s’échapper de la prison. Qu’il rôdait à San Francisco. Je me rendis alors, le 24 décembre, à Los Angeles. Fêter Noël chez la famille adoptive de Domenico. Le centre était terminé, j’avais complété mon traitement, j’allais mieux. Mais mon pire cauchemar était de retour.
Chapter IX : Breaking pointLorsque je décidai finalement de retourner à San Francisco, je quittai mon appartement de Sunset District pour m’acheter un condo. Je voulais me féliciter de retrouver mon emploi, d’aller mieux et de vaincre certaines de mes peurs. Je voulais aussi un nouveau départ. Alejandro revint dans ma vie en janvier. C’était merveilleux. Tout semblait n’aller que pour le mieux. Je me rendis au Mexique en mi-janvier avec Denver, Domenico et Alejandro pour un petit voyage entre amis. J’adorais la nouvelle moi, ce que j’étais devenue. J’adorais accepter les évènements de ma vie, car jamais je ne pourrais les changer de toute façon. Puis je me rendis à New York pour le mariage de mon meilleur ami, Robbyn. C’était vraiment super. Le mariage fut magnifique, la journée merveilleuse. Hors, je bus relativement trop le soir du mariage. Le lendemain, je me réveillai avec un mal de tête immense et un mec qui m’envoyait des messages sur mon téléphone me disant qu’il s’était bien éclaté hier. Un de ses messages avait une pièce jointe. Une image. Lui et moi, s’embrassant. Je ne me rappelais de rien d’autre. Mais c’était déjà assez représentatif. Je cachai ce détail à Alejandro et supprimai la photo avant qu’il ne la trouve. Je me sentais honteuse d’une certaine façon. Mais en même temps, ça ne me dérangeait pas. Comme si Alejandro et moi, ça se terminerait bientôt.
Je laissai le temps passer. Mes contrats à l’international revinrent. J’allai à Hong Kong et à Cape Town pour mon travail. Ça me faisait du bien de partir, de rencontrer des gens et surtout, d’éviter mon problème avec Alejandro. Mais il ne cessait pas de m’envoyer des messages, de m’appeler, de s’inquiéter un peu trop à mon sujet. J’ai même parfois eu l’impression que des gens m’espionnaient. Alejandro faisant parti du FBI, il avait énormément de contacts. Il semblait d’ailleurs aussi toujours savoir où j'étais. Je détestais cela. Puis, à mon retour de Cape Town, il vint me parler sur un ton nettement plus sérieux qu’à son habitude. Il me demanda de choisir entre lui ou mes contrats à l’international. Pour sonner moins fautif dans sa demande, il me mentionna qu’il souhaitait que je garde mon emploi mais que je reste à San Francisco. Je refusai. Je partis alors à Hawaii en début mars pour songer à tout cela et revoir mes amis d’enfance. Ils savaient toujours quoi faire, quoi me dire. Domenico vint me rejoindre le vendredi. Ce fut une splendide fin de semaine et curieusement, je ne me sentais pas mal vis-à-vis Alejandro. Je ne regrettais mes dires, ni mes actions. J’étais même presqu’heureuse. Ma décision était alors prise. Je rompis avec lui. Il n’avait pas à me demander de choisir entre mon emploi ou lui. Je viens comme un tout. Avec mes amis, ma famille, mon emploi et surtout mon passé. J’ai des défauts et des qualités. Il fallait qu’il les accepte. J’avais besoin qu’il ait confiance en moi. Je détestais qu’il soit aussi possessif. Ce fut un soulagement immense. Moi, de nouveau célibataire. Et j’en étais heureuse.
Chapter X : Whatever is to come« La vie offre toujours deux pentes. On grimpe ou on se laisse glisser. » - Pierre Hebey
Aujourd’hui, je continue mes contrats à l’international. Je prends soin de mes amis et j’accepte la vie comme elle vient. J’apprends de mes erreurs, j’expérimente. Je ferai d’autres erreurs, il y aura d’autres garçons. Mais c’est normal. Je ne peux pas être parfaite. Je souhaite avoir la vie de mes rêves et je fais tout pour m’y rendre. Le garçon qui sera dans ma vie devra accepter mon horaire chargé, accepter mes défauts et mes qualités. Il devra me comprendre, il devra m’écouter. Et alors je serai là pour lui, en tout temps. Mais personne ne peut me demander d’abandonner mon métier et mes rêves. Personne. Je suis trop indépendante pour accepter. Dans la vie, il faut foncer. Et c’est ce que je m’efforce de faire à chaque jour.
Carpe Diem, saisir le moment présent.