Chute. Je dégringolais en chute libre et elle m’appelait. Le seul son de sa voix provoquait les battements de mon cœur. La chute était si rapide que tout ce que je pouvais apercevoir était la vitesse à laquelle défilaient le paysage tandis que son visage, lui, était parfaitement distinct. Je tendais le bras pour essayer de la retenir mais, mais je ne saisissait que du vide. Je ne saurais vous dire où je me trouvais encore moins qui était cette fille. Ce qui était le plus difficile dans ce genre de cauchemar stupide, c’était d’en sortir, de plus, je savais pertinemment que ce n’était qu’un songe. Mon subconscient s’était amusé à reproduire la même scène les nuits précédentes.
Je me redressai d’un bond sur mon lit, le souffle court. Mes yeux se posèrent sur le radioréveil qui lui, était installé sur la table de chevet de mon lit. Il affichait 3:01 du matin. J’étais parvenu à m’endormir seulement une heure plus tôt, l’inspiration pour une des chansons qui figurerait probablement sur notre prochain album m’ayant pris assez tardivement. J’avais un de ces mal de crâne. Je me laissais alors retomber sur l’oreiller trempé par la sueur qu’avait provoquer mon cauchemar et comme à son habitude, le rêve s’était estompé. Le fin faisceau de lumière qui émanait de ma fenêtre me permettais de voir le plafond. Je me mis alors à le fixer silencieusement. Qu’est-ce qui clochait chez moi? Ce rêve me hantais depuis plusieurs jours maintenant. La fille tombais. Je tombais. Il fallait que je m’accroche à elle. Je n’y parvenais pas. Si je lâchais prise, quelque chose de terrible allait lui arriver. C’était ça, le truc : je ne pouvais pas la lâcher, c’était inconcevable. Comme si j’étais amoureux d’elle alors que je ne la connaissais même pas. Un pré-coup de foudre en quelque sorte. Ce qui paraissait totalement fou, car elle n’était qu’une vision onirique et que je ne savais même pas si elle existait, mais j’y tenais. Des papillons dans l’estomac, dit-on. Euphémisme. Des abeilles tueuses, ouais. J’étais en train de devenir frappadingue. A moins que j’eu juste besoin d’une bonne douche.
A l’instant où je m’apprêtais à quitter l’habitacle chaud et protecteur que me procuraient mes draps, la sonnette retentit. A trois heure du mat’ les mecs! Les visites à cette heure ci étaient toujours porteuses de mauvaises nouvelles ou autre. Par-dessus, les bruits consécutifs de sonnette, un chant d’ivrogne incompréhensible se laissait entendre, suivit du prénom de Constance. Ouate de phoque? Rejetant la couverture au pied du lit, je me leva de ce dernier avant de quitter la chambre et de rejoindre le rez-de-chaussée sans avoir pris le temps d’enfiler un quelconque t-shirt. Je me retrouvais donc près à recevoir quelqu’un vêtu d’un simple boxer. Respect. Quand j’ouvris la porte, Dante était là, déambulant dans mon allée avec… du Jack à la main? Wow. Il avait replongé et c’était mauvais signe. Quand j’avais fait la connaissance de mon ami, il touchait à tout, extasie, cocaïne, méthamphétamine, cannabis… C’était un déchet qui avait un don inné pour gratter une basse. Je lui avais demandé de rejoindre le groupe si il cessait de toucher à ses merdes, ce qu’il avait promis de faire. Voilà six ans qu’il n’avait touché à aucunes drogues et y allait mollo sur l’alcool. Le Dante d’avant était de retour. Sans me poser de question, je m’approcha de lui avant de me saisir de sa bouteille et d’examiner ses pupilles. Génial, il planait à dix mille et croyez moi, c’était loin d’être rock'n'roll.
« T’avais promis vieux. Six ans! Tu peux pas tout foutre en l’air comme ça! »
Je passais son bras sur mes épaules avant de le conduire à l’intérieur et de refermer la porte derrière moi. Inutile d’ameuter le voisinage.
« Dante, je veux que tu m’explique là. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi bordel? »
Je n’avais pas très bien compris ce qui avait pu se passer entre sa dulcinée et lui. Quand Caliel, Asher ou moi tentions d’aborder le sujet, il trouvait toujours la parade pour esquiver la conversation avant qu’elle ne commence vraiment. Asher quand à lui m’avait rapporté une histoire de secret ou je ne sais quoi. J’avais décidé de ne pas me mêler à ce genre d’histoire parce que les secrets et moi… ça faisait deux. Cela dit, quelque chose me tracassais. Quel genre de secret pouvait bien mettre un de mes meilleurs amis dans un si piteux état? C’est à peine si il marchait droit.
« Qu’est-ce que t’as pris? »
Je me mis à fouiller ses poches dans l’espoir de mettre la main sur un quelconque petit sachet… rien.