« J’ai jamais été capable de parler de moi de façon convenable. Ce qui va suivre ne vous aidera pas à me connaitre plus amplement, qu‘on soit clair. J’suis bien d’accord pour vous dire que je suis née à San Francisco dans un quartier de bourges, mais j’vais pas aller jusqu’à vous donner le numéro de ma boîte au lettres, non plus ca va pas non?

Enfin bon, passons. Prêt à me connaitre de manière superficielle? Ready, set, go!

Par ou commencer? Quand j’étais petite, les gens de mon entourage m’ont toujours qualifié de garçon manqué. En même temps, grandir avec deux grands frères ça à ses avantages et ses inconvénients, tu vas m’dire. Je portais des salopettes, une coupe champignon et des baskets à scratchs. J’aimais bien me salir et les Barbie ne m’intéressaient pas. Je voulais être Stormtroopers, manger des nounours en gélatine rouge sans jamais avoir mal au ventre et aller dans l’espace. J’ai toujours cru que cette différence était une bonne chose, mais en vérité, j’ai remarqué que le fait d’être proche d’un gars parce que t’as des goûts de mecs, ça fait pas de toi la fille qui les obsède, mais plutôt le meilleur pote.

Blasant.

Bref. Depuis, j’ai essayé de faire des efforts en me féminisant. Je mets du rouge à lèvre, de l'eye-liner et du fard à joues. Parfois même des jupes.

Ma saison préférée c’est l’Automne parce que cette saison à un coté mélancolique : la fin de l’été, les feuilles qui tombent, l’odeur après pluie… Il ne fait pas encore trop froid, il fait nuit tôt et j‘adore ressortir mes gros pulls avec ces motifs trop old school. Il y a certains mots qui me plaisent, parce qu’ils sonnent drôlement à mes oreilles, comme pénurie ou pantoufle. J’ai la capacité rare de mettre des images ou des couleurs sur les chiffres ou les sons et non, je ne suis jamais sous LSD. C’est la synesthésie, les gars. Mon film préféré est (500) Days Of Summer parce que je m‘identifie totalement à Tom, ce type c‘est moi - surtout quand il casse les assiettes au début, ma série préféré Grey’s Anatomy parce que j’suis vraiment complètement masochiste, comme fille et mon jeu vidéo préféré Tétris -INDEMODABLE, OK?- et étant donné que je suis une très grosse No-Life, j’aime aussi Guitar Hero, Tekken6 et Pacman.

I’d rather die on my feet, than live on my knees.

Ma couleur préféré c’est le violet. J’aime bien Tokio Hotel et parfois je mets du rouge à lèvre noir (ça c’était pour t’impressionner et te montrer à quel point je suis une true rebelz). Ma plus grande peur, c’est de me retrouver toute seule. J’aime beaucoup la solitude, parce que parfois je déteste les gens qui m’entourent. Mais j’ai vraiment la trouille de me lever un matin et d’être seule au monde sur Terre *I’malegendtraumatism.* J’ai aussi peur de tout ce qui vole. Surtout des pigeons, en fait. Si j’avais un pouvoir, alors j’aimerais voir à travers les vêtements. Non, just kidding, j’aimerais pouvoir me téléporter. J’ai toujours l’impression que mes posters me regardent et c’est assez problématique, étant donné qu‘ils sont là, partout sur les quatre murs de mon appartement. Je donne des prénoms à tout mes appareils électroniques, qui ont d’ailleurs des tendances assez suicidaires (oui parce qu’ils ont cette manie de m’échapper des mains, c’est insupportable). J’ai des goûts très étranges, notamment en matière de prénoms. Quand je serais grande, je serais bilingue. Quand on me demande mon orientation sexuelle, en temps normal, j’ai tendance à répondre, avec mon air très pénétré et très philosophique que je ne tombe pas amoureuse d’un sexe, mais d’une personnalité. Et OUI, moi je tombe amoureuse. Ca en général, c’est trop utile pour faire fuir les mecs. Et quand c’est pas en tant normal, hé bien je réponds que je suis très attirée par les orang-outan.

Sinners are winners.

J’ai toujours été nulle en sciences, mais à coté de ça, je sais très bien refaire le coq. J’ai un rire de merde, j’ai des tatouages un peu partout, mais tu pourras jamais les voir à moins de me mettre à poil, c’est-à-dire jamais, quel dommage! Je fais quelque chose comme un mètre soixante quinze, ce qui est assez gênant parfois mais je fais des efforts, parce que la plupart du temps -tout le temps en fait, sans mentir- je suis en Converses. Je suis passionnée de dessin et d‘écriture et je suis étudiante au San Francisco Art Institute, hé oui, rien que ça mec! Aussi, je suis tellement fleur bleue que je pleure pour n’importe quel film. Je suis capricorne, c'est un nom cool pour un signe astrologique, je trouve. Et puis c'est une chanson de Thirty Second To Mars, ça n'a pas de prix.

Projects are started but not finished, appointments and promises are made but not kept, and words are spoken which mean nothing a few days later.

Je ne vais pas énumérer mes qualités et mes défauts, parce que je pars du principe qu’en soi, on a tous toutes les qualités et tout les défauts du monde et que certains ressortent plus que d’autres, tout dépend de la personne que nous côtoyons. Mon prénom c’est Tobi -oui, comme le démon dans Paranormal Activity, moi aussi j‘me fais baliser toute seule des fois. Mais on m‘a toujours appelé Christabel qui est mon deuxième prénom, ou plus simplement Christy. Ou alors on m’appelle pas. Je mange des spaghettis avec de la crème fraiche à tout les repas et je n’aime pas les chewing-gum à la menthe forte parce que ça me fait pleurer des yeux. Quand j’étais petite, j’étais amoureuse de San Goku et de Spiderman.

Je me suis toujours identifiée aux méchants dans les histoires. Les gentils sont trop niais, trop faibles. Sérieusement, c’est impossible, ça ne peut pas exister autant de bonté et de miracles, d‘amour et de paix dans la vraie vie. Ca ne fait plus rêver personne les contes de fées et les histoires qui finissent bien, parce que les gens ont comprit que c‘était faux et archifaux. Les rêves ça sert à rien, sauf à créer des déçus. Ca fait longtemps que le monde c’est « chacun pour sa gueule ». Et puis si les filles aimaient les gars qui chantent des sérénades à leur fenêtres ca se saurait, il n‘y a que les connards qui font palpiter leurs vies ternes et misérables. J‘en connais un rayons là-dessus, croyez moi.

Enfin bref. Même à vingt deux ans, je continue de rater mes pâtes, lorsque je m’en fais. Quand ma télé est allumée c’est sur une chaine de dessin animé. Ca m’apaise. Je ne suis habile et minutieuse qu’en face d’un tableau, sinon c’est une catastrophe. En faite, je pense que je concentre tellement toute mon adresse dans ce domaine qu’il n’en reste plus pour le reste, c’est-à-dire à peu près tout ce qui fait parti de la vie quotidienne. J’ai des mains en papier, deux pieds gauches et parfois je perds le contrôle de mon corps. AHA, marrant. Je passe du coq à l’âne quand je parle. D’ailleurs, tout ce texte explicatif sur la personne que je suis censée montrer dans la vie de tout les jours n’a aucune cohérence à partir d’une certaine partie. Je ne bois pas de café, je ne fume pas (private joke), je bois rarement et je ne mets jamais les même chaussettes. Je suis toujours en retard, j’adore le jus d’orange sans pulpe et je connais mes tables de multiplications par cœur (non c‘est pas vrai). Pour payer une partie de mon loyer (parce que je suis super indépendant comme meuf), je suis nounou un week-end sur deux et je fais les courses de ma voisine. Ce paragraphe n’a aucune espèce d’utilité, à vrai dire. Mais je l’ai dis au début. Il n’y a rien à savoir sur moi qui vaille véritablement la peine d‘être dit. C’est bidon une vie qui n’est pas mélodramatique. Ca n’intéresse personne, sérieusement.

Mes parents sont riches, mes parents m’aiment, mes frères m’aiment, ils sont beaux, ils sont en bonne santé, ils sont célibataire. Je suis bonne même si j‘ai des petits seins, je baise bien, je suis un bon parti, j’aime bien cuisiner, j’aime bien la bagarre, je suis bonne élève, je suis simple, je suis célibataire, j’ai pas vécu de drame, je suis réaliste, je suis pas niaise, je suis riche, je suis une bonne copine, je sais garder les secrets, je suis pas trop difficile à supporter, je suis grande, j’ai des hanches généreuses, j’aime bien les trucs qui font peur, j’écoute du métal, je vis toute seule, je suis végétarienne, je suis ouverte d’esprit, je sais des trucs improbables, je ne manque de rien, j’ai toujours mangé à ma fin, je ris toujours, je ne mens jamais, je joue du triangle, je fais le tri sélectif, la lumière de mon frigo ne marche plus, je suis calme quand j’ai mes règles et je me déplace en tricycle. Vraiment. J’suis une fille mortelle, quoi. Et super modeste en prime. Et brune. C’est important d’être brune. »

Christabel est issue d’une famille riche. Ses parents n’ont vraisemblablement jamais été présents pour elle et ses frères, mais ils se sont toujours occupés de subvenir à tout leurs besoins et leur offrir tout ce qu’ils voulaient. Ne s’en vantant pas et essayant de ne pas en profiter de manière excessive, elle tait sa situation et essaye de gagner sa vie comme elle le peut, comme le ferait une étudiante de classe moyenne, ignorant la richesse de ses parents.

Depuis qu’un garçon s’est joué d’elle de manière à profiter des richesses de sa famille, elle préfère limiter les risques et préfère s’entourer de personnes qui l’apprécie pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle possède.

Le plus grand de ses frère vit à Londres et le deuxième sort tout juste d’un hôpital psychiatrique suite à une lourde dépression. Malgré l’absence de ses parents et la séparation qu’elle a vécu avec ses frères de qui elle a toujours été proche, elle agit comme si tout allait pour le mieux. On pourrait dire d’elle qu’elle vit dans l’illusion et qu’elle se voile la face et c’est vrai. Mais si elle n’était pas comme ça, alors elle est quasiment certaine qu’elle aurait fini au milieu des fous comme son frère ainé. Car quand elle se retrouve seule dans son appartement après les cours, elle retire son masque, le masque d’une personne épanouie pour laisser apparaitre cette personne vulnérable et névrosée.

Elle espère au fond d’elle qu’à force de jouer le rôle de la fille qui se sent bien et qui va bien, elle arrivera à l’intégrer pour de bon. Les apparences sont bel et bien foutrement trompeuses, n’est-ce pas?