Eliott & Kasia

Where did I go wrong, I lost a friend, Somewhere along in the bitterness and I would have stayed up with you all night, Had I known how to save a life

C'est plutôt étrange de se sentir si seule dans une pièce pleine de monde. J'avais l'habitude d'être seule, sauf qu'être seule et se sentir seule c'est bien différent et je me sens obligée de me dire que je n'ai rien foiré, tout en sachant que c'est de ma faute. J'ai toujours été attiré par le besoin de tout faire de travers, et je dois dire que je suis une experte dans le genre. Passer mon adolescence en hôpital psychiatrique plutôt qu'en cours et dans les soirées, pouvoir communiquer avec les morts et en être incapable avec les vivants, dire je t'aime à quelqu'un qui n'avait pas envie de l'entendre, et le pire c'est que je pourrais continuer longtemps comme ça. Peut-être jusqu'à en trouver le sommeil d'ailleurs, mais par expérience, je savais que réfléchir n'aidait pas à dormir, alors je me suis levée, sans me soucier que je n'avais qu'une culotte et un t-shirt sur moi puis je partie dans la cuisine pour y chercher un pot de nutella.

Je m'efforçais de ne pas faire de bruit en sortant de ma chambre jusqu'au moment où j'aperçus de la lumière et du bruit dans le salon. Ma curiosité me poussa à aller voir qui était réveillé, sachant que nous étions deux dans la maison, la question ne se posait pas vraiment, mais je me devais d'aller vérifier. « Tu dors pas encore ? » Je l'observais avant de jeter un coup d'oeil à ma montre, légèrement heureuse de savoir que je n'étais pas la seule personne dans ce monde à avoir des insomnies.

Je partie m'asseoir sur le canapé à ses côtés, mon pot de nutella et ma cuillère à soupe dans la main, puis je posais ma tête sur son épaule, regardant les images qui défilaient sur la télé. « Il est nul ce film .. » A vrai dire je n'en savais rien, et le peu que je venais de voir n'était pas suffisant pour que je me fasse une idée. En réalité, j'espérais juste éviter le blanc en engageant la conversation, et essayé d'éveiller ses soupçons envers mon pot de nutella.

Eliott & Kasia

Oh yeah they tell me I'm a bad boy all the ladies look at me and act coy, I just like to put my hands up in the air, I want that girl dancing over there ♪

Être au chômage, ça a tout de même des avantages : Personne n’a à nous donner d’ordres, on ne doit des comptes à personne, et le matin on peut dormir toute la matinée sans risquer d’être en retard et de se faire virer. La belle vie, mis à part quand le loyer tombe et qu’il faut faire les courses. Certes papa et maman ont de l’argent et évidemment ont largement de quoi payer ce foutu loyer tous les mois, mais n’est-ce pas mieux de vivre indépendamment, de grandir un peu ? Je voulais voler de mes propres ailes ici, c’est entre autres pour cela que j’avais suivi Khris, mon grand frère, à San Francisco en délaissant mon université, ma jolie chambre et mes parents. J’avais atterri dans cette petite maison, et pour m’aider dans mes difficultés financières avait ouvert mon habitation à la colocation. A peine l’offre était postée sur internet, à peine une jolie jeune fille était partante. Je ne refusais pas, acceptais immédiatement me fichant bien de qui elle pouvait être. Tout le monde a sa part d’originalité et d’histoire, et qui sait si elle était folle sur les bords elle m’inspirerait peut-être pour mes histoires farfelues et fantastiques.

Il se trouvait que ma nouvelle colocataire, anciennement Charlotte ma petite amie, se nommait Kasia et était juste un tout petit peu plus âgée que moi. Elle était sympathique, assez étrange en soi mais sympathique, et puis plutôt mignonne aussi. Mais bref. J’étais là, assis sur le canapé, un œil sur l’ordinateur qui se tenait sur mes genoux, et l’autre œil posé sur la télévision en face de moi. Histoire de parler, pas la peine d’imaginer. Un rayon de lumière se dessina sur le sol et sur le mur, je devinais alors que Kasia avait du mal à dormir et s’était levée pour s’occuper. En fait non, elle se levait pour grignoter dans le pot de nutella, je comprenais alors pourquoi chaque semaine je devais acheter un pot de nutella. Elle se planta d’abord devant moi, en petite culotte et T-Shirt et sans aucune gêne, et regarda l’heure. Je lui souriais. Nan pas encore, j’ai pas envie de dormir pour l’instant. Elle s’installa là, à mes côtés, sa tête sur mon épaule et me dit alors qu’elle trouvait le film pas terrible. J’acquiesçais, plongeais un doigt dans le pot et le léchais. Miam. Dis donc Kasia, doucement sur le Nutella hein. Je la regardais et rigolais. Tu vas finir par grossir, ce serait dommage. J’en connais une qui serait actuellement certainement jalouse à m’en taper dessus avec un dictionnaire, Charlotte bien sûr. Elle avait été tellement jalouse lorsqu’elle avait appris que Kasia allait emmenager chez moi, je trouvais ça mignon au fond. Je ne savais pas vraiment comment était Charlotte lorsqu’elle était jalouse, est-ce qu’elle en deviendrait méchante et mauvaise ? La question n’était pas là, Charlotte n’était pas là pour voir, même si j’étais connecté sur MSN avec elle, la page pleine ouverte sur notre conversation. Tu n’arrives pas à dormir Kasy ? demandais-je, les yeux sur l’ordinateur.

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« Miam. Dis donc Kasia, doucement sur le Nutella hein. Tu vas finir par grossir, ce serait dommage. » Je lui lançais un petit regard mauvais en enlevant la cuillère dans ma bouche. J'observais son corps avant de tapoter doucement son torse et de rétorquer naturellement « Vas te muscler un peu et laisse mes cuisses tranquilles ! » A vrai dire, je n'étais pas du tout vexé, je faisais partie de ces filles que tout le monde envie parce qu'elle mange comme des vaches et qu'elles ne prennent pas un gramme. J'étais d'ailleurs légèrement complexé avec ça, me trouvant souvent trop maigre, mais j'avais appris à faire avec. Je supposais d'ailleurs qu'Eliott devait être plutôt content que notre budget bouffe soit en commun, rien que pour le fait de devoir acheter un pot de nutella toutes les semaines, mais heureusement que je n'étais pas trop chiante sur le reste. Je reportais mon attention sur la télévision attrapant la télécommande pour zaper, plus pour lui casser les pieds qu'autre chose d'ailleurs, même s'il avait plus l'air absorbé par son ordi que par la télé.

« Tu n'arrives pas à dormir Kasy ? » J'haussais les épaules sans le regarder, continuant de zaper machinalement. Je retournais mes réponses dans ma tête, ne sachant pas vraiment quoi lui répondre en faite. Lui raconter mes problèmes de coeur serrait faire mon coming-out, ce dont je n'avais pas vraiment envie, pas maintenant en tout cas, je ne jugeais pas notre relation assez "fusionnelle" et je n'avais pas non plus envie de me confier. En même temps, inventer un truc du genre "j'ai fait un cauchemar" n'était pas une bonne idée. Certes, je ne dormais presque jamais à cause de ça, mais j'avais pleinement conscience que c'était le genre de truc qui avait tendance à effrayer Eliott, même si je sais qu'il s'en inspire pour écrire son livre. Je n'étais pas censé être au courant alors je n'ai jamais abordé le sujet, même si lui dire d'éteindre son ordi quand il n'est pas là devrait être un geste de bonté. « Non. » J'avais sûrement répondu trop froidement, beaucoup plus que ce que j'aurais voulu et j’eus un peu peur qu'il le prenne mal et j'essayais de me débrouiller pour rattraper le coup. « J'avais faim alors .. » Je grimaçais face à mon excuse bidon avant d'enchainer « Et toi ? C'est Charlotte ? » Sans vraiment savoir pourquoi, le fait qu'il reste éveillé juste pour le plaisir d'être éveiller me paraissait étrange. Je n'étais pas un oiseau de nuit, pour moi la nuit servait à dormir, pas à se saouler ou à rester éveiller à en saigner les yeux pour rester devant la télé. Et même si je n'étais pas vraiment très doué pour consoler les gens, le fait que son histoire de coeur soit bancal m’arrangeait. Pas que j'en profiterais pour me glisser dans son couple, étant donné que je suis plus lesbienne qu'hétéro et qu'en plus, j'avais assez de soucis côté coeur pour aller m'enfoncer dans leur histoire. Mais ça m'arrangerait dans le sens où justement, je pourrais parler d'autre chose que le "pourquoi est-ce que tu bouffes du nutella à 2h du matin".

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Je me mettais à rire en voyant la réaction de Kasia à ma remarque. C’est que tu me ferais presque peur. Je la regardais et rigolais encore plus fort avant de regarder à nouveau mon ordi. Ecoute, je te préviens juste hein. Heureusement que nous partagions le budget alimentaire également, ça me ferait seulement deux pots de nutella sur quatre à payer dans le mois. Je me doutais que Kasia ne grossissait pas, sinon elle aurait tendance à retenir ses pulsions alimentaires je pense, et elle avait bien de la chance. Je ne grossissais pas tellement non plus, j’en étais assez content aussi car je pouvais manger comme une vache et cela n’aurait aucune conséquence sur mon corps. Lorsque Kasia me répondit que je ferais mieux de me muscler, j’appuyais sur mon bras et faisait la moue. Maiiis. Je continuais ma petite moue et ajoutais : Je te boude pour la peine.

En plus de ça elle zappait, alors que mon film n’était pas terminé. Je faisais une mine choquée et l’ignorais pour le coup. Je me répétais. J’te boude Kasia. Elle répondait à son tour à ma question précédente par un simple non, un non presque froid. C’était assez étrange en soi en fait. Mais finalement, répondre de cette manière ne devait pas être son intention de base car elle semblait vouloir se rattraper assez vite. Tu t’es pas fait à manger ce soir ? T’es trop une feignasse. lui répliquais-je avec un sourire taquin. On ne se connaissait pas depuis trop longtemps, elle avait à peine débarqué ici d’ailleurs et était depuis peu ma colocataire, mais je l’aimais bien et je n’étais pas gêné et en profitais donc pour la taquiner. Je rigolais à une phrase que m’avait écrite Charlotte et regardais Kasia. Oui c’est Charlotte. Je n’avais pas tellement envie de m’étaler sur ma vie de couple, Kasia et moi nous ne nous connaissions peut-être pas assez pour venir à se confier à un tel point. Certainement un peu plus tard, et puis elle allait devoir affronter les regards méfiants de Charlotte. Je la regardais et souriais à pleines dents, amusé par ce que j’allais dire. Tu sais que Charlotte est jalouse de toi ? Bon, elle avait peut-être de quoi étant donné que Kasia était une jolie fille et qu’elle avait tendance à me tenter en se baladant en tenue plus que légère, d’ailleurs Charlotte serait peut-être furieuse en voyant ça, mais bon … Je tapais quelques mots sur mon clavier d’ordinateur, fermais la conversation MSN et éteignais l’ordinateur avant de le poser sur la table basse. C’est ce moment que je choisissais pour m’amuser avec Kasia, essayant de lui piquer la télécommande. J’ai pas fini mon fiiiiiilm.

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J'explosais de rire en voyant ça petite mine boudeuse, appuyant sur son épaules comme pour le pousser, sans réellement le faire bouger. A croire qu'il avait réellement du muscle en plus. Légèrement vexer, je continuais de zapper avant d'oser un sourcil. « Tu t’es pas fait à manger ce soir ? T’es trop une feignasse. » Je me mordis la lèvre, cherchant de quoi rétorquer avant de lui tirer la langue et levant mon pot de nutella. « T'as vu je bouffe là ! Puis je t'es le mec, c'toi qui doit me nourrir haha ! » Je ris d'un rire forcé, juste pour le plaisir de l'enfoncer. Je devais avouer que j'étais vraiment très nule pour la cuisine, c'est d'ailleurs lui qui m'a appris que pour faire des pattes, il faut de l'eau, comme si c'est le genre de truc que je pouvais savoir.. J'étais bien contente de l'avoir en faite mon petit Eliott.

« Tu sais que Charlotte est jalouse de toi ? » Je le regardais hébaïe, sans vraiment savoir comment réagir. Charlotte habitait avec Shell il me semble, elle devait forcément être au courant du fait de mon histoire avec Shell, alors pourquoi est-ce qu'elle pensait ça ? Je me sentais légèrement mal envers lui, et le fait de penser qu'il ai pu avoir une dispute avec elle me mettait mal à l'aise, particulièrement parce que je n'avais absolument aucune vu envers Eliott. C'était juste un ami qui avait tendance à devenir un peu plus qu'un ami en ce moment c'est vrai, mais pas à ce point. Je soupirais. « Je suis désolée Eliott .. »

« J’ai pas fini mon fiiiiiilm. » Je souriais en me relevant pour aller ranger mon pot de nutella, revenant avec deux bouteilles de bières, ouais, je passe pour une alcoolo dépressive, mais je m'en remettrais sûrement, puis Eliott avait l'habitude de me voir piocher dans ses réserves d'alcool. Je lui tendis une bouteille « Prends ça, ça va te détendre. »

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Kasia se mit à rire lorsque je commençais à faire ma petite moue. Maiiis, c’était pas censé la faire rire, mais la faire craquer et retirer ses paroles faussement blessantes. Je faisais encore plus la moue, et ne bougeais pas d’un poil lorsqu’elle me poussait légèrement. Aha, j’suis pas un gringalet non plus. Je regardais Kasia du coin de l’œil, voyant qu’elle boudait à son tour. Je pouffais de rire. C’est toi la femme, c’est toi qui est censée faire la cuisine, moi j’devrais attendre qu’on me serve les pieds sur la table basse et les couverts qui résonnent jusqu’à ce que tu arrives avec le plat pour satisfaire ma faim d'ogre. J’explosais de rire, je n’étais pas macho pour un sou et lui disait ça seulement pour plaisanter et pour la taquiner. Dire que c’est moi qui lui avais appris à faire des pâtes, la base des bases. Je songeais d’ailleurs à l’aider à apprendre quelques autres petits trucs, parce que je n’allais pas passer ma vie dans notre maison non plus et qu’il pouvait arriver que je ne sois pas là pour un repas si je venais à voyager ou à aller à une fête, ou même à aller voir Charlotte. Pitié, que la maison ne brûle pas. Je me retenais d’en rajouter une couche et continuais d’observer Kasia du coin de l’œil.

Kasia avait tellement l’air désolée lorsque je lui disais que Charlotte était jalouse d’elle. Personnellement ça m’amusait plus qu’autre chose, je prenais ce détail à la légère et estimais que c’était du passé, m’étant expliqué avec Charlotte au téléphone. Le passé appartient au passé. Je regardais Kasia avec un sourire pendant qu’elle s’excusait. T’inquiète pas, c’est rien. Moi je trouve ça amusant. Je changeais rapidement de sujet, pensant que Kasia ne savait pas trop quoi dire à ce propos ni comment engager une conversation sur mes histoires amoureuses, réclamant la télécommande pour regarder la fin de mon film que je ne regardais que d’un œil. Lorsque j’arrivai enfin à attraper le boitier je zappais jusqu’à revenir sur le film. Et puis, il est très bien ce film d'abord. Je recommençais avec ma petite moue et laissais Kasia déposer le pot de nutella dans le tiroir, auquel je songeais à bientôt fixer un cadenas dessus pour éviter les fuites trop importantes de pâte à tartiner dans la bouche de Kasia, et la laisser revenir deux bières décapsulées à la main. Hm, je vais songer à mettre un cadenas là aussi, ça coûte cher l’alcool aussi. De toute façon presque tout coûte cher pour un mec au chômage qui tente de se débrouiller par soi-même et sans l’aide de papa et maman. Je lui souriais, la remerciais et cognais doucement ma bouteille contre la sienne. T’chin ! Je buvais une gorgée de la boisson sans hésitation. De l'alcool à cette heure là, c'était pas trop raisonnable, et puis j'étais pas du style à bien tenir l'alcool, j'pouvais complètement délirer après et perdre mes esprits. T’inquiète pas pour moi, j’suis déjà bien assez détendu comme ça. Ca a pas l’air de trop aller toi par contre. C’est vrai, Kasia rigolait puis recommençais à avoir une attitude hésitante voire crispée. Je ne saisissais pas tout ce qu’elle faisait, et en réalité Kasia m’intriguait assez.

Spoiler:

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« C’est toi la femme, c’est toi qui est censée faire la cuisine, moi j’devrais attendre qu’on me serve les pieds sur la table basse et les couverts qui résonnent jusqu’à ce que tu arrives avec le plat pour satisfaire ma faim d'ogre. » Je levais un sourcil avant de prendre un air légèrement choqué, me retenant un peu de ne pas rire. Ce genre de jeu entre nous m’amusait beaucoup sans me blesser, puisque j'avais réellement conscience qu'il n'y avait rien de méchant dans ses mots, mais aussi parce que je pouvais être vache avec lui quand je le voulais. Mais je ne rétorquais pas, il avait gagné pour cette fois puisque je n'avais rien pour contre attaquer. J'ai été élevée dans cette idée de la mère au foyer, marier à l'âge de 18ans entouré de 10gosses, normalité en Norvège. J'osais même pas penser à comment réagiraient mes parents s'il savait que je vivais en coloc' avec un homme en couple et presque inconnu, qu'en plus j'ai des penchant lesbiennes et sans oublier que je ne suis pas mariée. Quelle fille indigne je suis.

Je m'étais rapproché de lui, reprenant ainsi ma position de départ ; en tailleur tout près de lui et je mimais son geste, faisant vibrer les deux bouteilles l'une contre l'autre « Santé mon ami ! » On aurait pu penser qu'une voix de marin c'était incrusté en moi, donnant l'impression d'une bonne vieille soirée entre pote et je soupirais posant encore une fois ma tête sur son épaule. « T'inquiète pas pour moi, j'suis déjà bien assez détendu comme ça. Ca a pas l'air de trop aller toi par contre. » J'haussais légèrement les épaules, me décollant un peu de lui et cherchant quoi répondre à sa bouille d'ange. En réalité, je mourrais d'envie de faire part de mes secrets à quelqu'un, mais d'un autre, le fait que quelqu'un puisse en savoir autant sur moi me térifiait, puis après tout, Eliott ne devait pas assez me connaître pour en avoir quelque chose à faire de mes problèmes de coeur, et visiblement, il était occupé par les siens. « T'en fais pas pour ça .. tant que jene suis pas à la rue, que tu me nourries convenablement et avec autre chose que de la paté pour chat, et que tu me montres un minimum d'affection, je suis heureuse. » Voilà c'était dit. La compagnie d'Eliott me réconfortait énormément, sans que je ne sache pourquoi d'ailleurs. Peut-être que j'avais un côté plus masculin que féminin, ce qui faisait que je m'entendais avec lui mais le fait qu'il n'y ai aucune ambiguïté entre nous devait jouer aussi, en tout cas, j'étais bien contente de pouvoir dire que je le considérais un peu comme un ami.

« Hey je t'ai pas dit ! » Je bu une gorgée de ma bouteille en verre avant de me tourner de façon à être assise en face d'Eliott, le regardant dans les yeux. Je me doutais qu'il devait se moquer un peu de ce que j'allais lui annoncer, mais d'un côté j'étais heureuse, et je me devais de faire partager ma joie, quitte à casser les pieds de mon coloc. « On m'a proposé de devenir mannequin .. » Je savais pas vraiment comment Eliott prendrait mon annonce, parce que la vision du mannequinat changeait réellement d'une personne à l'autre, passant du métier de prostituer, de débouché pour fille à papa, ou pour asile toxicomane et anorexique et c'est bien pour ça que je n'avais pas encore fait par de ma décision.

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J’avais vraiment l’air d’un macho, mais j’assumais, et puis ce n’était pas comme si je l’étais vraiment. Kasia commençait à être habituée à ce que je lui sorte de telles bêtises, j’aimais bien la taquiner et elle me le rendait plutôt bien, elle n’avait pas à être vexée ou alors elle avait perdu le sens du « jeu » si on peut réellement appeler ça comme ça bien que nous nous amusions bien. J’avais finalement gagné, Kasia n’avait plus rien à rétorquer et j’en étais particulièrement content bien que ce ne soit que pour cette fois. Je venais de gagner une bataille, mais aucunement la guerre. Je repensais au fait que Charlotte était jalouse de Kasia, ça me faisait sourire. Comme si Kasia et moi pouvions être plus proches que nous l’étions actuellement, sans compter le plan amical bien sûr, étant donné qu’elle avait plus un penchant homosexuel qu’hétérosexuel. Bon, elle n’était pas censée le savoir et je ne lui en avais pas parlé d’ailleurs mais il fallait que je songe à recaser ça si jamais elle continue à être effrayé à l’idée d’un quelconque rapprochement plus qu’amical.

Justement, Kasia se rapprochait de moi pour se remettre dans sa position initiale, un visage affichant son expression normale, presque un peu ailleurs. Elle était mignonne, autant physiquement que dans son attitude et presque autant que Charlotte, parce que Charlotte restait ma petite bouille d’ange à moi et uniquement à moi. J’aimais bien Kasia, elle était affective et j’en avais bien besoin parfois. Je faisais de la nourriture, elle me donnait de l’affection en retour et cela me suffisait. Elle me souhaita « santé » tandis que je répondais un simple « T’chin. » Mon dieu tu es presque un vrai homme Kasia ! lançais-je tout en rigolant fortement. Comme d’habitude je le lui disais sous le ton de la plaisanterie et me doutais et espérais qu’elle allait bien le prendre. Elle me confia par la suite que tout irait bien si je continuais à cuisiner et à lui donner un minimum d’affection. Tout irait pour le mieux alors. Je la regardais, un large sourire aux lèvres, prêt à sortir une bêtise. D’accord, alors je laisserai mes boxers trainer dans la salle de bain si c'est tout ce que tu souhaites. Je la regardai du coin de l’œil tout en buvant à nouveau une gorgée de ma boisson, pour paraitre un minimum crédible bien que j’estimais qu’elle allait tout de suite prendre mes paroles à la légère. Elle m’interpella après, me surprenant presque et se mit en tailleur face à moi tandis que je prenais la même position, bien qu’un peu plus affalé voire même allongé sur ma moitié du canapé, la tête sur l’accoudoir. Je devais d’ailleurs avoir l’air d’un ours ou d’un réel ogre mais peu importe. Je l’écoutais, intéressé par ce qu’elle pouvait avoir à me révéler. Je n’étais pas surpris, Kasia était jolie fille et il était bête de ne pas l’imaginer sur un podium ou d’estimer qu’elle n’en avait pas le potentiel. Je la regardai, elle ne me quittait pas des yeux, et lui demandais. T’es sûre que c’est ce que tu veux vraiment ? C’est dur le mannequinat, autant physiquement que mentalement tu sais. On ne se connaissait pas depuis longtemps, mais j’avais tendance à m’attacher trop vite, et oui il était probable que je m’inquiète pour elle.

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« Mon dieu tu es presque un vrai homme Kasia ! » Je lui lançais un petit regard choqué comme je faisais lorsque j'avais envie de lui faire croire que j'ai été vexé par ses propos. Je le regardais droit dans les yeux avant de me lever, levant fièrement mes coudes pour vérifier que je n'avais pas pris du muscle, avant de prendre un air déçu et compatissant. « Et toi mon pauvre Eliott, tu pourrais être une femme .. entre la cuisine et la vaisselle .. mais bon, bientôt t'auras des seins, une paire de couille en moins et tu verras que c'est pas si mal d'avoir un côté féminin. » Je mis mon visage dans mes mains, mimant les vieilles dames dans les cimetières. « Toutes mes condoléances Monsieur Jones .. euh pardon, Mme Jones ! » J'explosais de rire avant de reprendre ma place au creux de son épaule. Je n'avais essayé de le taquiner sur sa virilité, même si je savais que ça ne le gênait pas de critiquer ma féminité, pas très expressive je dois malheureusement l'avouer, mais je serais presque excité de voir sa réaction sur mon allusion la partie la plus précieuse de son intimité. « D'accord, alors je laisserai mes boxers trainer dans la salle de bain si c'est tout ce que tu souhaites. » J'haussais les épaules avant de rétorquer du tac au tac « Ça aussi c'est très viril. »

J'enlaçais son bras en jouant avec ses mains. Ça peau était plutôt chaude et je devais avouer que ça me plaisait bien étant de nature frileuse, j'espérais juste ne pas le déranger. Ça pourrait peut-être paraître étrange à dire, mais mon amitié envers Eliott me rassurait en sachant qu'en plus d'avoir quelqu'un sur qui compter, une personne qui me connait presque entièrement et qui ne m'a jamais jugé pour autant me rassurer, mais d'un côté, je voyais également un moyen de rendre Shell jalouse et d'un côté, la briser. Pas que je sois hypocrite envers Eliott, au contraire, j'espérais juste que le fait de voir que l'amitié fusionnelle que j'avais eu avec elle au paravent prouver se passer avec une autre personne, sans que j'ai besoin de la refaire rentrer dans ma vie pour être complètement heureuse. Ouais, je n'avais pas besoin d

Je soupirais en voyant que ma main c'était resserré me détachant légèrement de lui, comme si le fait de pouvoir le mettre mal à l'aise pouvait me gêner moi. Je souriais un peu, histoire de lui faire obliger mon geste. « T’es sûre que c’est ce que tu veux vraiment ? C’est dur le mannequinat, autant physiquement que mentalement tu sais. » J'haussais les épaules avant de grimacer, je réfléchissais en faite. Oui j'étais consciente de ça, mais d'un côté, j'avais besoin de fric, et mon passe-temps de médium n'était pas si rentable que ça. « Je crois oui, puis ça ne pouvait pas être si horrible que ça n'est-ce pas ? Au pire, ce n'était pas un boulot-prison, plus de contrat, plus de boulot, aussi simple que ça. »

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Kasia fit à nouveau son petit air choqué, je pouffais de rire une fois de plus en la voyant ainsi. Je cessa vite de rire lorsqu’elle toucha mon intégrité masculine. Eh, ce n’est pas parce que j’fais la cuisine et la vaisselle que j’suis une nana. J’le fais parce que t’es qu’une feignante et qu’il faut bien que quelqu’un le fasse. Si c’est comme ça, j’te fais plus à manger, j’fais plus la vaisselle et tu te démerdes. Ouais, je l’avais assez mal pris, enfin ce n’était pas ça qui m’avait le plus touché, c’était plutôt la suite de sa phrase. Comme si je pouvais avoir des seins et une paire de testicules en moins. Premier point faible des hommes, si facilement touchable, et celui des femmes en général était le poids mais bien évidemment je n’avais rien à répliquer sur ce point à Kasia, alors j’avais perdu cette fois. Double raison pour bouder. Mes couilles comme tu le dis si bien, sont très bien rangées et t’aura pas l’occasion de les cisailler, et j’aurai pas de seins, j’vais pas devenir obèse ou même rond tout court. Je faisais ma moue, cette fois sincèrement et posais ma bouteille à demi vide sur la table basse. Je ne voulais pas être une nana moi. Kasia faisait tout pour montrer du doigt ma part de féminité. Oh et puis quoi, tout homme a sa part de féminité, et toute femme a sa part de masculinité, elle n’avait pas le droit de pointer tout mon comportement du doigt. Et puis, les boxers dans la salle de bain, oui c’est très viril. En quoi ça est-ce que c’était quelque chose de féminin ? Les filles, en colocation, ne laissaient pas traîner leurs petites culottes, strings et compagnie, un peu partout. Je soupirai et détournais mon regard, et mon visage par la même occasion sans dire le « J’te boude » qui suivait parfois.

Elle se posa contre moi, câlinant mon bras gauche et jouant avec mes mains avec les siennes, glacées, un vrai petit bébé. Elle continuait de parler au sujet du mannequinat, elle disait que son job pourrait être temporaire car elle n’aurait pas l’obligation de continuer si elle n’avait pas de contrat signé à nouveau. Aha, comme si c’était aussi simple. J’avais pu en voir des filles défiler sur des podiums, presque forcées et sous la pression et le dogmatisme des créateurs. Aucune chute permise, aucun gramme en trop, une dose de stress énorme. Je ne savais même pas Kasia était capable de supporter ce genre de choses, personnellement je ne pourrais pas être un mannequin féminin, j’en gardais un mauvais souvenir. Tout est beau, tout le monde il est gentil sur le devant de la scène, mais l’arrière-scène est bien plus péjorative. Je soupirais, haussais les épaules. C’était à elle de choisir, je ne pouvais pas l’influencer sur ce point, c’était sa vie, à elle d’expérimenter, et en plus je doutais que mon avis ne compte trop à ce sujet : J’étais un mec, qu’est-ce que je pouvais bien savoir sur ce domaine, moi qui était toujours dans mes livres ou avec mon piano et mon violon ? Ne jamais me sous-estimer, personne ou presque ne connaît ma vie entière à quelques exceptions près. Je me levais, prenais ma bière et allais dans ma chambre sans un mot. Ouais, j’étais vexé.

Eliott & Kasia

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« Eh, ce n'est pas parce que j'fais la cuisine et la vaisselle que j'suis une nana. J'le fais parce que t'es qu'une feignante et qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. Si c'est comme ça, j'te fais plus à manger, j'fais plus la vaisselle et tu te démerdes. Mes couilles comme tu le dis si bien, sont très bien rangées et t'aura pas l'occasion de les cisailler, et j'aurai pas de seins, j'vais pas devenir obèse ou même rond tout court. » Je le regardais rejoindre sa chambre la bouche bée. J'étais presque choquée de sa réaction, pas que le fait qu'il l'ai mal pris me surprenne, mais c'est juste le fait de savoir que j'avais le pouvoir de le mettre en colère à ce point m'amusait. Je sais, c'est mal, je vais me transformer en Dark Vador, mais en y réfléchissant, c'est vachement excitant de pouvoir jouer avec les humeurs des gens, et particulièrement celles d'Eliott. En tout cas, j'espérais qu'un bisous sur la joue le consolerait, mais je n'allais pas attendre trop longtemps pour le savoir, et être "techniquement" fâché me dérangait. M'effrayait plutôt. La dernière personne avec qui je me suis en quelque sorte disputé c'est barré de chez moi avant de se mettre en couple avec une autre. Cool ma vie hein ? Je passe mon temps à perdre les gens auxquels je tiens. Un chagrin d'amour inexistant me suffisait, je n'avais pas non plus envie de me sentir mal parce qu'Eliott ne voulait plus de moi comme coloc. Mais ce n'était qu'une question de virilité touché hein ? Rien de plus..

Je toquais à sa porte doucement, avant de soupirer et d'entrer doucement. « Hey.. » Par réflexe, j'éteignais la lumière. Un réflexe que j'avais pris à l’hôpital. Oui c'est con, mais ça me rassurait de parler sérieusement avec quelqu'un sans voir son visage, mais surtout, sans qu'il ne voit le mien. Je voyais beaucoup trop de choses dont je ne pouvais pas contrôler les visions, avait ce petit contrôle sur la réalité m'était bénéfique. C'est frustrant vous savez, de parler à quelqu'un en sachant qu'il puisse savoir vos pensées les plus intimes parce que vous souriez, parce que vous pleurez ou parce que vous vous figez. Je ne savais pas vraiment si Eliott s'en était rendu compte ou s'il allait me prendre pour une dégénérait et me demander de partir sur-le-champ.

Je partis m'asseoir sur son lit, aidé par la lumière des lampadaires qui traversait la fenêtre. Et j'essayais d'identifier les traits de son visage à travers l'obscurité de la pièce. « Alors ? » J'attendais des explications en faite, sa réaction m'intriguait. J'avais toujours énormément de mal à comprendre les hommes, surement parce que je n'avais jamais eu de figure paternelle, mais ça n’empêcher en rien que je n'aurais pas réagis pareil s'il avait fait des allusions sur mes p'tits nibards. « Tu sais que t'es bizarre ? Je veux dire, je m'en fous de tes couilles, toutes façon je préfère les filles. » Je m'arrêtais brusquement et fermais les yeux. Aoutch, coming-out. J'enchainais vite, espérant qu'il ne se rende compte de rien, pensant qu'il n'était simplement pas au courant. « Puis je suis sûr qu'ils plaisent à Charlotte ! » Je soupirais avant de grimacer. « Je me rattrape très mal hein ? »

Eliott & Kasia

Oh yeah they tell me I'm a bad boy all the ladies look at me and act coy, I just like to put my hands up in the air, I want that girl dancing over there ♪

Je rentrais dans ma chambre, laissant Kasia seule sur le canapé du salon, et posais ma bière sur ma table de nuit avant de me glisser sous la couette de mon lit. J’espérais faire culpabiliser Kasia, rien que pour l’embêter. Entre nous c’était un peu comme un jeu, c’était le jeu de qui finirait par avoir raison, qui finirait par se faire piéger par l’autre. Ce genre de jeux. Bon, certes Kasia avait touché un point sensible en visant mon manque de masculinité, mais je n’étais pas fou au point de lui faire la gueule pour ça. Je prenais ça comme une part du jeu, et savait très bien que je devais prendre cette réflexion sur le ton de la plaisanterie. J’étais donc là, dans mon lit, attendant patiemment, un sourire sur les lèvres, que ma colocataire se pointe et fasse son apologie. Si elle ne venait pas, alors je planifiais d’aller dans sa chambre et de la prendre par surprise afin qu’elle soit morte de trouille. BAAAAAAAAAAH !
J’aurais adoré la voir sursauter, mais malheureusement ce n’était pas pour tout de suite. Oh et puis j’aurais peut-être l’occasion de le faire plus tard dans la soirée, une fois qu’elle se serait recouchée. J’entendis Kasia taper à ma porte doucement et pénétrer dans ma chambre tout aussi doucement. Un grand sourire s’esquissa sur mon visage, et je me retenais de pouffer de rire, je tournai ma tête afin que la jeune demoiselle n’y voit que du feu et crois réellement que je lui faisais la tête. Elle éteignit la lumière dès qu’elle fut rentrée, pourquoi je ne sais pas mais passons, ce qui me facilita la tâche, même si ses yeux finiraient par s’habituer au noir.

Elle s’assit sur le bord du lit alors que ma vue s’habituait doucement au noir. Ma tête se tourna vers la sienne afin que j’examine son visage, et je perdais mon sourire rapidement afin de continuer à la faire marcher. Alors ? Alors quoi ? Je ne comprenais pas ce qu’elle attendait de moi, ce qu’elle voulait que je lui dise, mais je la laissais alors me parler tandis que je gardais le silence pour l’écouter. Elle me dit alors que j’étais bizarre, alors je fronçai les sourcils. Moi j’étais bizarre ? Kasia était certainement beaucoup plus bizarre que je ne l’étais, et je ne comprenais pas vraiment pourquoi elle me disait cela. C’est normal pour un mec d’être vexé quand on parle péjorativement sur ses bijoux de famille, non ? Elle m’annonça qu’elle n’en avait rien à faire de mes bijoux de famille, je m’en doutais, mais je ne m’attendais certainement pas à ce qu’elle m’avoue qu’elle soit lesbienne. Je restais bouche bée lorsqu’elle me le dit, et je ne répondais rien, laissant Kasia s’emmêler les pinceaux. Après qu’elle ait fini de s’embrouiller toute seule, je me mis à pouffer de rire. Elle était mignonne la petite Kasia. T’es trop mignonne dis-je en continuant de rire. Sinon pour te répondre, je crois que oui Charlotte aime bien mes bijoux de famille. Mais dis-moi, pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit pour ta sexualité ? Tu sais Kasia, je peux comprendre, je suis bi.

Eliott & Kasia

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« T'es trop mignonne. Sinon pour te répondre, je crois que oui Charlotte aime bien mes bijoux de famille. Mais dis-moi, pourquoi est-ce que tu ne m'as rien dit pour ta sexualité ? Tu sais Kasia, je peux comprendre, je suis bi. » Je lui balançais son coussin en pleine figure, essayant sans grand succès de l'étouffer. « Putain mais t'es trop con Eliott ! » Je laissais tomber mon envie de meurtre en m'asseyant en tailleur sur son lit, les bras croisées contre ma poitrine. J'étais vexé, vraiment vexé. Il avait réussi à m'avoir, et en plus de ça, son petit manège m'avait obligé à me confier sur un truc que je n'osais même pas m'avouer à moi-même. Je me mordais la lèvre, m'efforçant de contrôler ma colère. Si j'aurais pu agir sans conséquence je lui aurais donné une baffe et une forte. « Je te boude. » Je fis la moue, croissant mes bras encore un peu plus fort contre moi. Je n'avais pas envie qui le sache, et sûrement pas comme ça. Autant lui dire que j'étais médium que j'étais une fille avec une logique étrange et que c'était souvent pour ça que je ne le comprenais pas sûr certain sujet, mais lui dire que j'étais lesbienne et tout ça en essayant de rassurer ce couillon que oui, il avait de jolies couilles, ça me mettait hors de moi. Je n'avais pas non plus envie de me confier ce soir. Je mettais disputé dans la journée avec Shell, et le fait d'avoir conscience qu'Eliott devait avoir une copine un million de fois plus merveilleuse que la mienne me dégoutait. Ce mec commençait à m'énerver, mais pas assez visiblement puisque je m'allongeais à côté de lui, le visage en face de sien avant de soupirer bruyamment. « T'es con. Je l'ai déjà dit mais je veux que t'en rends compte. » Je me frottais les yeux doucement, je n'avais pas envie de me confier, mais en même temps, j'avais besoin d'entendre certaine chose, notamment que je n'étais pas la dernière des imbéciles. Je soupirais avant de me glisser sous la couverture. « Toi non plus tu me l'as jamais dit. » En faite, j'en avais rien à faire de savoir avec qui il préférait baiser, ça ne m'étonnait même pas puisque je considérais que ça ne me regardait pas, même si maintenant, je me sentais obligé de lui donner des explications. « Je l'ai jamais dit à personne. » J'étais un peu trop froide à mon goût, et ça certainement parce que j'essayais de prendre un maximum de distance entre ce que je ressentais, mon envie de le gifler, et le fait que malgré ce que je pensais, j'avais besoin de me confier. « Et aussi parce que je n'ai pas autant de chance que toi avec les filles. Ca ne servait pas à grand-chose que tu le saches. »

Eliott & Kasia

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A peine avais-je commencé à rire un peu, fier que mon stratagème ait fonctionné à merveille, que Kasia me balançais en pleine figure un coussin et tentais de m’étouffer. Kasia avait une force de mouche face à moi, dans le domaine physique du moins, et ce même face à ma force loin d’être sur-humaine et surtout en dessous de la moyenne masculine d’après moi. Il ne me fut donc pas difficile de repousser son attaque. Histoire de la charrier un petit peu plus, je décidais de le lui faire remarquer et continuais alors de rigoler. Quelle bonne soirée décidément. Je souriais à ma pensée et me calmais doucement.

Enfin... Ce fut pour une courte durée car Kasia décida de bouder dans son petit coin, lançant à mon intention une petite insulte toute mignonne. On aurait dit un vrai petit enfant, assise en tailleur sur mon lit et ses bras collés et serrés contre sa poitrine. Il ne manquait plus qu’une petite moue sur son visage et qu’elle me tire la langue et le tableau était complet. Je pouffais de rire et la regardais amusé. Je la voyais se mordre la lèvre avant de prononcer un simple « Je te boude. » Le « Je te boude. » habituel en fait. Je me doutais bien que cela l’embêtait d’avoir à me confier un tel secret, mais je ne l’avais forcé en rien du tout, et elle pouvait me le dire, ce n’était certainement pas moi qui allait m’en moquer ou le crier sur tous les toits de San Francisco. Et puis elle disait ça d’un air si enfantin que je devinais qu’elle n’allait pas me faire la tête pendant des siècles.

Kasia serra encore plus fort ses bras contre elle et cette fois ajouta une petite moue sur son visage. Le tableau était la finalement. Cette image me faisait rire. Une vraie enfant ma petite Kasia. Finalement le tableau n’était pas complet, il manquait le doudou. J’attrapais une peluche dans le coin de ma chambre, une vieille peluche et certainement pas un doudou que je serais contre moi la nuit et le tendais à Kasia, un brin moqueur et un large sourire pendu à mes lèvres.

J’avais non seulement réussi à piéger Kasia, mais en plus de ça je l’avais encouragée à se confier sur mes bijoux de famille, bien qu’elle ne les a jamais vu. C’était terriblement amusant de voir Kasia me jeter des fleurs pour essayer de se rattraper alors qu’au fond je ne faisais que semblant.
Finalement ma colocataire s’allongea près de moi, je me décalais légèrement bien qu’elle soit loin d’être proéminente, et l’écouter soupirer, un sourire toujours présent sur mes lèvres. Il était plus simple, moins large, car je me doutais que la demoiselle allait commencer à me faire quelques confidences. J’hésitais à lui faire une remarque sur son haleine, alors qu’elle ne sentait rien, et ce juste pour l’embêter à nouveau, mais pensais que j’en avais fait assez et qu’elle finirait certainement par vraiment faire la tête. Elle me répéta que j’étais con, et cela ne me faisait pas perdre mon sourire. Elle disait ça parce qu’elle était vexée, mais Kasia n’était pas méchante pour un sou, je ne le prenais donc pas mal. Pourquoi ne l’avoir jamais dit ? C'est pas une honte tu sais. Et puis moi on s’en fiche que je sois bi ou juste hétéro, je suis avec Charlotte donc les gens n’ont pas à le savoir ou du moins pas à s’en intéresser. Et puis pour ce qui est de ma chance avec les filles, je ne dirais pas cela. Tu sais, Charlotte c’est ma première copine, et tout ce qui va avec. Je ne te fais pas un dessin mais bref, parce que les filles préféraient toujours les mecs costauds, les mecs rebelles. Donc non j’ai pas plus de chance que toi au niveau sentimental, mais disons que maintenant que j’ai Charlotte cela m’importe peu.

Eliott & Kasia

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« Pourquoi ne l’avoir jamais dit ? C'est pas une honte tu sais. Et puis moi on s’en fiche que je sois bi ou juste hétéro, je suis avec Charlotte donc les gens n’ont pas à le savoir ou du moins pas à s’en intéresser. Et puis pour ce qui est de ma chance avec les filles, je ne dirais pas cela. Tu sais, Charlotte c’est ma première copine, et tout ce qui va avec. Je ne te fais pas un dessin mais bref, parce que les filles préféraient toujours les mecs costauds, les mecs rebelles. Donc non j’ai pas plus de chance que toi au niveau sentimental, mais disons que maintenant que j’ai Charlotte cela m’importe peu. » Mes yeux fixaient la peluche qu’Eliott venait de ma donner et à aucun moment je ne les relevais. Je n’écoutais qu’à moitié ce qu’il essayait de me faire comprendre, essayant de me montrer intéressé. Mais en réalité, j’étais bien trop encrée dans mes convictions pour avoir envie de changer d’avis. C’était son histoire à lui, et il ne peut pas comprendre la mienne. Je soupirais sans bruit, serrant un peu plus le peluche contre moi, et je fermais les yeux, respirant son odeur restait sur le tissus, ce qui me fit sourire un peu puis je la posais sur le lit. Je regardais Eliott dans les yeux avant de froncer les sourcils et de le pousser légèrement. « Bouge ton cul tu prends de la place. » J’essayais de soulever la couverture avant de me glisser dessous, reprenant la peluche que j’avais laissée juste avant et je posais ma tête sur le coussin de mon ami puis fermais les yeux.

Je n’étais pas réellement envie de dormir et je n’avais pas non plus le besoin de me reposer, j’avais juste besoin d’arrêter de penser, et je considérais que m’endormir devait être une bonne solution. « Bonne nuit. » soupirais-je.

Eliott & Kasia

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J’avais beau essayer de convaincre Kasia, j’avais beau essayer d’effacer ses remords de confidence, rien n’y faisait. Elle restait là, sans un bruit et m’écoutait seulement d’une oreille, et je savais très bien ce que cela signifiait. Elle s’en fichait de ce que je racontais, du moins c’était presque ça, c’est ce que je comprenais. Je levais alors les yeux au ciel, blasé que Kasia ne prenne pas en compte ce que je lui raconte. J’étais sincère, et je ne voulais absolument pas me moquer de Kasia à ce sujet. Elle ne comprenait pas que j’essayais de faire part de ma propre expérience afin qu’elle puisse trouver des solutions bien que minimes à ses problèmes, qui jusqu’ici me restaient inconnus. Je ne voulais pas forcer Kasia à m’écouter et encore moins à suivre mes conseils et recommandations. Elle faisait ce qu’elle voulait après tout.

Kasia soupira, je ne l’entendais pas mais sentais sur mon bras un léger sifflement d’air. Je soupirais à mon tour mais ne me gênait aucunement pour le faire bruyamment contrairement à ma colocataire. J’avais bien le droit de manifester mon mécontentement tout de même, et puis je détestais parler dans le vide et ne pas être écouté par les autres. J’avais l’impression de me sentir particulièrement inutile. C’était comme ça avec moi : J’ai besoin qu’on soit attentionné et qu’on m’écoute de A à Z ou j’ai tendance à me vexer ou même à bouder.

Je crus un instant que Kasia s’était calmée, l’apercevant brièvement serrer, câliner et sourire alors qu’elle se réconfortait avec la petite peluche que je lui avais tendu. Mais elle recommença à faire un visage frustré lorsqu’elle la reposa dans un coin du lit, les sourcils froncés et ses yeux fixant les miens l’espace de quelques secondes. Et j’étais alors persuadé que sa nouvelle bonne humeur n’était que passagère lorsqu’elle tenta de me pousser presque en grognant et en me balançant une requête d’un ton quasiment méchant et froid. Il faut préciser que c’était mon lit, pas le sien, et qu’il était donc légitime que j’y occupe de la place. Pas vrai ? En plus de ça elle me vola mon oreiller, l’oreiller avec lequel je dormais toutes les nuits. Je soupirais, me poussais et l’écoutais me souhaiter une bonne nuit. Je ne rétorquais rien sur le coup, allumais la lumière histoire de la déranger sachant pertinemment qu’elle l’éblouira, et marchais jusque sa chambre où je ne me gêna pas pour m’y introduire. J’y volai son oreiller, revins dans ma propre chambre et me remis à ma place dans le lit. Je peux avoir mon oreiller Ka’ ? Elle se mit à marmonner, et j’étais persuadé qu’elle le faisait exprès, rien que pour me punir. Je commençai à lui donner des coups d’oreillers, comme lors d’une bataille de polochons, afin de récupérer mon oreiller. Je savais que je dormirais mal avec le sien et une bonne nuit de sommeil m’était essentielle. Alleeeeeeeeeer Kasia donne-le moi ! Un ton agacé se fit entendre, et c’est alors que Kasia me rendit sans un mot mon oreiller. Je lui donnais le sien en murmurant un merci, et éteignais la lumière. Après avoir cherché le côté froid de l’oreiller et la bonne position pour dormir, je souhaitais à mon tour une bonne nuit à ma colocataire et m’enfuyais dans les bras de Morphée.

FIN