C'était décidé. Je quittais San Francisco pour de bon. Définitivement même. J'avais laissé des messages aux personnes qui m'étaient chères pour leur annoncer mon départ. Je ne tenais pas à avoir un comité d'adieux. Je voulais partir d'ici comme j'y étais arrivé: seul. Ma place n'était définitivement plus ici. Je ne voyais plus ce qui pourrait encore me retenir. Je ne savais pas ce qui m'attendrait une fois arrivé à Quito, mais je prenais le risque. J'avais besoin de retourner d'où j'étais. Cela confirmait tout ce que j'avais pensé toutes ces années: je n'aurais jamais dû emprunter l'avion pour m'envoler loin de ma terre natale. À partir de ce moment, tout avait dégringolé. Je savais que j'allais faire du chagrin à ceux qui m'appréciaient, mais rester ici, une seule minute de plus, ça m'était insupportable. C'était au-delà de mes forces. Dès que j'avais quitté chez Denver, je savais quelle route je devais maintenant emprunter. J'étais rentré chez nous à pied et j'avais encore appeler un vieux pote de la fac, Roberto, pour qu'il s'assure de mettre mon trou à rats en vente dès demain matin et de rassembler mes effets personnels, meubles et tous ce qui ne rentraient pas dans une valise pour qu'ils les envoient à mes parents qui, éventuellement, m'enverraient le reste dans un le logis que j'aurais trouvé à Quito. Il avait d'abord semblé sceptique à ma demande et me demanda si j'avais bu. Je lui répondis à la négative. Il ne me passa pas d'interrogatoire et accepta finalement en me souhaitant la meilleure des chances pour la suite. Il ignorait pourquoi j'avais choisi Quito comme destination. Il ne serait pas le premier...
J'avais ensuite lâché un coup de fil à une agence pour qu'ils me disent s'il y avait des vols en destination de Quito pour les prochains jours. Comme je savais que ce n'était pas une destination choisie régulièrement par les voyageurs, j'étais conscient que les vols en cette direction étaient plus limités. Par chance, après m'avoir mis sur attente, on me confirma qu'il y avait un vol pour cette nuit, vers 3h du matin. De plus, il y avait encore de la place. J'achetais par téléphone mon billet en classe économique. Je disposais d'encore quelques heures pour me préparer. Il n'y avait pas une minute à perdre. Je remerciais sagement la femme à l'autre bout du fil et elle m'indiqua que je n'aurais qu'à passer aux bureaux de l'agence à l'aéroport pour me procurer mon ticket. Je raccrochais ensuite, étant arrivé à destination. Je me hâtais dans mon appartement en sortant mes grosses valises. J'y mis tous le contenu de ma garde-robe, de vieux cds, mes produits d'hygiène...bref, tout ce qui pourrait m'être utile jusqu'à ce que Roberto ait accompli tout ce que je lui avais demandé. Je jetais la nourriture dans le frigo sachant qu'elle n'aurait plus aucune utilité ici. Je fis mes sacs de poubelles et mon recyclage pour qu'il ne reste plus rien de périssable dans l'appartement. Je conservais quelques papiers importants qui me seraient fort utiles en voyage. Les autres étaient mieux de rester aux États-Unis le tant que je me trouve un logement là-bas. Je me rendis bien vite compte que le temps filait à toute allure. Heureusement que j'habitais dans un "un et demie." Ça m'en faisait moins à ramasser.
Je laissais les dernières instructions pour Roberto sur une table avec mes clés d'auto et le double de mon appartement. J'allais laisser la porte débarrée pour qu'il puisse rentrer demain après-midi. Je lui fis une autre note pour toute ma clientèle que je lâchais comme ça, subitement. Je composais un mot d'excuses à la va vite qu'il donnerait aux clients et joignais le carnet d'adresse contenant toutes leurs adresses. Je regardais par la fenêtre en voyant le taxi déjà arrivé. Je ne pris même pas la peine de jeter un dernier coup d'oeil aux alentours et pris mes deux énormes valises. En moins de temps qu'il fallait pour le dire, j'étais en route pour l'aéroport.
Il devait être 2 heures quand je fus arrivé. Mon vol ne partait qu'à 3 heures, mais je voulais être là à l'avance. On ne sait jamais ce qu'il pouvait arrivé. Je payais le taxi et allais au bureau de ladite compagnie que j'avais appelé pour qu'il me donne mon billet. Je le récupérais et marchais vers l'allée indiquée par mon billet. Dans quarante-cinq minutes, j'aurais quitté San Francisco. Pour toujours.
J’étais à présent à la soirée organisée par Yuri et Robbyn en mon honneur. Ces coquins avaient invité d’autres personnes, une belle surprise en tout cas. Comme prévu, ils m’avaient préparée mon plat et mon dessert préféré. Je tentais de m’amuser même si mon esprit divaguait un peu ailleurs. C’était bien à cause de la visite survenue avant cette soirée : celle de Domenico. Autant dire qu’elle m’avait mise dans tous mes états. J’avais pleuré un bon coup avant d’essayer de m’en remettre pour ne pas paraître ainsi devant mes amis qui faisaient tout pour que je passe un bel anniversaire. En plus ces idiots m’avaient achetée une parure incroyable de petite lingerie, des menottes roses –mes légendaires menottes- et un bon d’achat pour le Sex Shop. Sérieusement, ils me faisaient tripper. Mais malgré tout ça, je ne pouvais éviter de penser à Domenico. En partant de chez moi j’avais trouvé une petite note sous ma porte dans laquelle il disait qu’il devait partir s’il n’était pas avec moi. Sur le coup de l’énervement, je l’avais jetée et je n’y avais plus pensé. J’étais plutôt concentrée sur la soirée qui allait se dérouler. Sauf qu’au fur et à mesure que le temps passait, je ne pouvais m’empêcher de me poser beaucoup de questions. S’il était sérieux, s’il s’en allait définitivement de San Francisco, si je ne le verrai plus jamais…? J’avais une boule au ventre rien que de penser à ça.
Certes je lui avais gueulé dessus, certes je le haïssais à ces instants. Mais je l’aimais ce mec. Il m’avait carrément changée depuis que je l’avais rencontré. Même si j’étais en furie contre lui aujourd’hui, il ne pouvait pas me laisser comme ça. Il m’avait déjà fait tellement de mal en partant quelques jours à Los Angeles. Il m’avait atrocement manqué, et je ne voulais pas que ça recommence. Je ne pouvais pas l’oublier comme ça. Je laissais donc la soirée passer comme ça, essayant de m’amuser un minimum. Puis vers 1h30 du matin, je fis mes adieux à mes amis. Sur le coup, ils ne comprirent pas trop mais ils me laissèrent partir. J’avais une idée en tête : si Domenico décidait de partir, je devais le retenir. Je pris ma voiture et je décidais d’aller chez lui. Une fois là-bas, j’inspirai un bon coup et je frappais à la porte : aucune réponse. Je frappais et je refrappais : toujours rien. A force de frapper, la voisine italienne de Domenico sortit et m’indiqua qu’elle avait vu Domenico partir dans un taxi avec deux grosses valises avec lui. Abasourdie, je la remerciais puis je courrais vers ma voiture pour aller en direction de l’aéroport. Il était donc sérieux, il allait se barrer. Sur le coup du stress, j’accélérais l’allure. Et si je le ratais? Non, non, il ne fallait pas. Une fois devant l’aéroport, je sortais rapidement. S’il partait en Equateur comme il me l’avait dit, ça devait être un vol pour Quito. J’arrivais devant le panneau d’affichage et je cherchais des yeux le vol pour cette destination. Il y en avait un pour 3h du matin. Je regardais ma montre : 2h20. Je devais encore avoir le temps. Je regardais où se trouvait le comptoir pou embarquer puis je me mis à courir comme une folle dans l’aéroport. J’arrivais enfin devant le comptoir du vol pour Quito. Il n’y avait pas beaucoup de personnes et je regardais rapidement si je reconnaissais Domenico. Ce ne fut qu’en tournant la tête que je le vis s’éloigner de l’autre côté. Mon ventre se serra et je m’élançais vers lui.
« Dom! »
Une fois à sa hauteur, j’attrapais son bras pour le forcer à se retourner vers moi et me faire face. Cette course m’avait complètement essoufflée. Je reprenais peu à peu ma respiration, en le fixant :
Wow. Je ne réalisais pas encore ce qui m'attendait. La suite de ma vie allait être un grand point d'interrogation. Avant, mon chemin semblait tracé et je semblais suivre cette voie obéissant, sans vraiment me poser la question où ça allait me mener. Si je n'avais pas encore trouvé la destination à laquelle ce chemin me menait, je savais qu'en ce moment, je bifurquais et bouleversais ma destinée. Je n'étais pas un type du genre impulsif: je prenais généralement le temps de tout analyser, d'évaluer le terrain, peser le pour et le contre, mais aujourd'hui, mon côté rationnel n'avait pas pris le dessus. Comme ça, sans crier gare, je m’apprêtais à quitter les États-Unis, ma terre d'adoption. J'aurais dû lui être reconnaissant de m'avoir permis la chance de mieux vivre, d'atterrir dans une bonne famille, d'avoir pu voyager et découvrir le monde si vaste et si grand... bref, de m'avoir offert une vie que je n'aurais pas eu si mes parents ne seraient pas décédés. J'étais sûr que là où mes parents biologiques étaient, ils devaient être fiers de ce qui m'était arrivé malgré bien des embûches. Toutefois, j'avais besoin de retourner au bercail. Une force immense m'appelait et me poussait à Quito. J'avais vu le monde entier, mais il était temps que je retourne à la destinée qu'on m'avait initialement prévue. J'allais peut-être être un de ceux qui vivent le mieux à Quito puisque j'en avais amplement pour bien vivre là-bas, mais ça serait tout. Plus de voyage. Plus rien d'autre. Juste Quito. Y retourner après toutes ces années d'absence, toutes ces années de question me rendait fébrile. Pas étonnant!
L'idée de me rendre en Équateur n'avait pas été nouvelle puisque je prévoyais d'y aller avec Denver au mois décembre. Bien entendu, on en avait discuté partiellement lorsque tout allait bien. Quand ça s'est gâté, le sujet était tombé dans les oubliettes. Toutefois, moi, je n'avais pas oublié ce projet qui me tourmentait et qui m'était indispensable. Même si aujourd'hui je partais avec chagrin, une part de moi-même restait heureuse de mettre le pied là où je suis né, là où l'autre Domenico gisait. C'était une chance de pouvoir renouer avec mon passé et de pouvoir enfin faire la paix avec lui. George et Grace, que j'avais eu en conversation à trois, n'avaient su que penser de ma subite décision. Pendant que je faisais ma valise, ils m'écoutaient, abasourdis. Grace était sur le bord de la crise des larmes. Ils savaient à quel point mes origines m’obsédaient. Toutefois, j'étais convaincu qu'ils ne s'attendaient pas à ce que j'y retourne pour y vivre le restant de mes jours. George, plus calme, me promit de s'arranger de m'envoyer mes meubles et tout ce qu'il recevrait de la part de Roberto. Il m'affirma qu'il passerait aussi me voir, car il ne voulait pas oublier qu'il avait un fils et qu'il l'aime. Je ne savais pas s'il croyait vraiment en mon projet. J'espérais que oui. En tout cas, ce fut plus dure de dire au revoir à Grace qui était presque muette. Je leur assurais que mon choix ne les impliquait aucunement et que peu importe ce qu'il arrivera, je les aimerais toujours. J'étais tout de même heureux de ne pas avoir eu à faire de tels adieux à tout mon entourage. J'en aurais eu pour longtemps.
Je marchais donc vers l'allée, m'apprêtant à m'asseoir sur un siège, question que l'avion fasse ses vérifications avant de laisser passer les passagers à bord. J'aurais normalement entendu le bruit de pas de course venant vers ma direction, mais l'environnement sonore d'un aéroport était très bruyant. Même avec une ouïe très fine, il était difficile de deviner que ces pas venaient en ma direction. Une voix vint me scier en deux. Denver. Qu'est-ce qu'elle faisait là? À cette heure-ci, elle devrait être en train de fêter son anniversaire ou dormir. En tout cas, tout faire, mais pas être ici. Elle attrapa mon avant-bras ce qui me força à m'arrêter. Elle reprit son souffle devant moi. Je me demandais comment elle avait su. J'aurais pu partir demain ou après-demain. Qu'est-ce qui lui avait dit que j'étais à l'aéroport? Je me dis qu'elle était probablement passé à l'appartement, mais encore là, je ne voyais pas sa raison de venir jusqu'ici. Elle me demanda de ne pas partir. Je soupirais.
- Je sais que tu m'as dit qu'en partant, ça n'arrangera pas les choses, commençai-je. Toutefois, je t'ai écrit que je ne peux plus être ainsi en sachant que tu es là et que...
Ma voix se brisa. Je détournais le regard quelques instant, la mine un peu frustré de voir que je perdais le contrôle.
-[b]Trouve quelqu'un d'autre à aimer si ça te chante. Move on si tu veux Denver. J'essaie de faire la même chose, mais littéralement...Je pars.
Je soupirais.
- Tu diras à ton prochain mec qu'il a de la chance. Il ne fera pas la même erreur que moi.
Je pris mes valises.
- Retourne chez toi. C'est ton anniversaire. Il y a mieux à faire que d'être dans un aéroport.
Je fus une petite moue triste et repris ma marche.
Franchement, je changeais d’humeur à la va vite. Avant, j’étais hors de moi, furieuse contre lui, lui criant de dégager au plus vite et maintenant j’étais là à ne pas vouloir qu’il parte et limite à me radoucir. Parce que oui, ça m’avait fait peur. L’idée de ne plus le savoir près de moi me terrifiait. Je n’avais pas encore avalé le fait qu’il soit partit. Et là, qu’il parte encore une fois… Non, il ne pouvait pas. C’était trop égoïste peut-être, mais je voulais qu’il reste ici, à San Francisco. Je n’étais sûrement pas prête à lui pardonner tout d’un coup, mais je pouvais faire un effort. Pour lui. Car tout le monde fait des erreurs dans sa vie, même les plus sages. Cette idée se martelait dans ma tête contre une autre. J’étais entre vouloir tout lui pardonner et entre le laisser comme ça. Mais la seule chose à laquelle j’étais sûre et à laquelle je n’allais pas changer d’avis : je devais l’empêcher de partir.
Et là, il me disait en quelques sortes une nouvelle fois de refaire ma vie. Il parlait de mon prochain mec… Non, mais il était sérieux là? Que j’avais mieux à faire qu’à être dans un aéroport le jour de mon anniversaire. C’est vrai que sur le coup il avait raison, mais bon, j’étais là pour lui. Et là, il se retournait et il repartait. Ah mais non! Soupirant, j’avançais de deux pas rapidement puis je tendais mon bras pour attraper le sien encore une fois. Mais cette fois-ci, je fis le tour pour me mettre face à lui. Comme ça s’il me referait le coup du je pars, je serais devant lui et je l’en empêcherai pour de bon. Sur le coup, je ne savais pas quoi dire. Je restais muette un bon moment. Je pensais même qu’il allait partir à force que je ne sorte aucune parole. Mais je le fixais pleinement dans les yeux. Je m’approchais ensuite de lui, m’agrippant avec mes deux mains à sa veste :
« S’il te plaît Dom… Je ne supporterais pas te voir partir. Annule tout ça. »
Je pourrais même lui en supplier. C’est vrai que le coup on aurait pu prétendre que j’étais une lunatique, vu que je changeais rapidement d’humeur. Mais là, sur le coup, c’était comme ça. Je serrais mes mains sur sa veste, l’attirant vers moi.
Il y avait cette voix qui me urgeait de gagner mon siège. J'avais ce sentiment profond que je devais retourner d'où je venais. La situation m'en laissait penser ainsi. Je lui avais exposé mes sentiments: sans elle à côté de moi, je ne pouvais pas rester dans la même ville en sachant très bien qu'elle pouvait être avec n'importe qui et ce n'importe qui ne serait pas moi. Je ne dirais pas que c'était par principe de jalousie, mais plutôt parce que ça me rendait profondément triste. Triste, car j'aurais toujours à la figure que j'ai échoué. Je me rappellerais toujours de la fille avec qui j'ai voulu me lancer après tout le chaos de mon enfance et mon adolescence, de cette fille si précieuse à mes yeux que j'en étais venu à briser ma carapace et que je n'ai su gardé. Bon, chacun avait sa part de torts dans l'histoire, mais n'empêche! J'avais tendance à me mettre bien des soucis sur le dos, à m'accabler de bien des fardeaux. Je savais pertinemment qu'en restant à San Francisco, où même quelque part aux États-Unis, j'aurais cette pensée qui me collerait à la peau. Alors que, si je partais en Équateur comme j'en avais toujours eu envie, je n'aurais pas ce problème. Premièrement, parce que mes points de référence seraient différents; deuxièmement, parce que rien en Équateur ne pourrait me rappeler Denver et finalement, parce que j'étais sûr de ne pas la croiser. Je ne tenais pas à étirer la conversation plus longtemps. J'avais exposé mes réticences à Denver et je lui avais tourné le dos, incapable d'en supporter davantage. Je ne voulais pas faire mes adieux. C'était plus facile de partir vite, comme ça, sans à ressentir la douleur des au revoirs.
Toutefois, Denver ne me laissa pas faire. Elle courut pour me rattraper et, cette fois, elle me barra la route pour de bon. Elle me supplia d'annuler mes plan, car elle ne pourrait supporter mon absence. Je pensais pendant un moment si c'était seulement parce que je n'allais être plus là ou si c'était parce qu'elle avait encore quelques sentiments pour moi. À ce stade-ci, mes pensées étaient trop embrumées pour que j'aie les idées claires. Se pouvait-il qu'elle me tende la perche pour que je puisse avoir une seconde chance? Cela pouvait-il être possible? À vrai dire, je n'en avais pas la moindre idée, mais je voulais y croire, plus que tout. Si c'était bel et bien le cas, je pouvais tout annuler. Maintenant. Je n'aurais qu'à faire mon voyage pendant les vacances de Noël, comme j'avais prévu. En plus, elle m'attira à elle en tirant sur la manche de ma veste. Aussitôt, je laissais tomber mes bagages et saisis mon visage dans mes mains pour l'embrasser. L'embrasser comme je ne l'avais jamais fait. Il y avait un mélange de passion, d'abandon et d'urgence dans ce baiser. Je n'aurais su dire ce qui m'avait poussé dans un tel état. Lorsque je me retirais, ensuite, tranquillement et plongeais mon regard dans le sien.
- Dis-moi que je fais une connerie, Denver, murmurai-je. Dis-moi que tu veux que ce cirque arrête. Dis-moi juste que tu m'aimes.
On avait l’air quand même bizarres tous les deux comme ça, en plein milieu de l’aéroport. Lui voulant partir, moi voulant le rattraper, le garder contre moi en serrant sa veste. Sérieusement, j’avais l’impression qu’on se donnait à chaque fois de ces scènes en public! Alors qu’on était tous les deux de ces personnes qui ne veulent ni être observées ni quoi que ce soit. Mais étrangement il fallait qu’à chaque fois, qu’on fasse comme ci tout ça ne nous importait pas et qu’on fasse nos petites scènes, tous les deux entourés de monde. Heureusement encore, il était près de 2h du matin ici, donc ce n’était pas bondé. Je le serrais tellement fort que j’allais finir par avoir des crampes aux doigts à force. Je le regardais presque d’un regard suppliant. Et tout paya. J’entendis qu’il lâchait ses bagages, je sentis ses mains prendre mon visage, serrant doucement mes joues, puis il m’embrassa. Mon Dieu, ça m’avait carrément manqué. Je me laissais carrément faire, mes mains se desserraient peu à peu de sa veste et je me laissais aller.
Oui ça m’avait manqué, rien que de le sentir comme ça près de moi. Direct j’avais sentit mon ventre se retourner. C’était comme si on s’était jamais embrassées, et que je retrouvais le goût à le faire. Enfin, il se sépara en me fixant. Je faisais de même, sans ciller son regard. Il me dit de lui dire qu’il faisait une connerie, que ce cirque s’arrête… que je lui dise que je l’aime. Je le regardais quelques secondes sans rien dire. Je descendais ensuite mes mains le long de sa veste, puis j’attrapais les siennes. Sans pour autant quitter ses yeux du regard, je les serrais doucement. Je prenais une inspiration puis je disais, presque tendrement :
« Je t’aime Dom… Je t’aime. »
Je laissais un moment ses mains pour caresser doucement son visage. Mes lèvres s’étirèrent en un petit sourire flottant, presque rêveur.
Et dire que je m'apprête à m'envoler pour l'Équateur. Avec tout ça, je n'avais aucunement l'envie de partir. Juste la sentir dans mes bras, toute emmitouflée, ça me mettait à l'envers. Combien de temps n'avais-je pas eu la chance d'être aussi près d'elle? De pouvoir simplement partager un peu d'intimité? Si longtemps, je n'osais m'avancer sur un chiffre. Et puis, je l'avais embrassé. Je n'avais pas essayer de lui montrer quelque chose, mais je l'avais embrassé en laissant parler mon coeur. Pour un homme, s'avancer dans telles horizons paraissait compromettant voir même monstrueux, mais je n'avais plus rien à perdre. De toute façon, j'étais quelqu'un qui, d'instinct, prônait la vérité. Quand il m'arrivait de mentir, comme je l'avais fait avec Denver, je finissais toujours par culpabiliser, car cela allait contre mes valeurs. À mes yeux, il n'était plus question que je lui mente sur la nature de mes sentiments envers elle. Même si je ne l'avais, à l'instant, pas formulé tel quel en parole, je l'avais fait dans mes gestes. D'ailleurs, je m'étais pas attendu à ce qu'elle réponde aussi facilement à mon baiser. Il fallait croire que j'avais réussi à me convaincre que Denver ne pouvait plus ressentir quelque chose pour moi. En tout cas, ça l'expliquerait pourquoi j'aurais eu cette impulsion soudaine de quitter le pays. Toutefois, en voyant le regard qu'elle me lançait lorsque je m'étais retiré, je voyais qu'il n'y avait pas de haine. Elle n'avait pas non plus jouer la comédie. Nous avions été vrais. C'était ce que nous faisions le mieux.
On se contempla quelques secondes avant que je l'implore. Je voulais qu'elle me dise quelque chose. En fait, je voulais avoir la confirmation de tout ce qui se passait sous mes yeux. Je voulais être définitivement certain. Elle ne répondit pas sur le champ. Elle se contenta de d'abord attraper mes mains dans les siennes et de les serrer tendrement. J'avais toujours aimé la douceur de ses mains. J'en étais encore plus heureux de pouvoir les tenir. Elle prit finalement une grande inspiration et elle me dit qu'elle m'aimait. En fait, c'était la première fois qu'elle le disait à voix haute et en face de moi. J'avais déjà assisté à sa confidence via Facebook, mais ça ne faisait pas autant d'effet que maintenant. Même, je dirais que je me sentais bizarre. Bien des filles, lorsque j'étais à l'université, venaient me déclarer leur flamme alors que je les connaissais à peine. À chacune de ses déclarations, j'étais resté indifférent et ça me faisait à peine ciller. Contrairement à toutes ces autres fois, ici, à l'aéroport, avec Denver, ça me bouleversait. J'imaginais que c'était parce que je ressentais moi aussi la même chose. Un sourire naquît intuitivement sur mon visage. Elle lâcha ensuite mes mains pour caresser mon visage. Ce moment de tendresse semblait parfait. J'oubliais le monde autour de moi. À vrai dire, je n'étais même plus certain de savoir si j'étais encore à l'aéroport ou non. Décidément, l'amour pouvait rendre n'importe qui fou. Elle me demanda de rentrer et d'oublier mon escapade. Je ne montrais aucune résistance.
Je me penchais pour l'embrasser encore un peu, plus tendrement cette fois.
- Donne moi une seconde chance Denver, murmurai-je en me retirant. Sois mienne.
C'était tout ce que je voulais. Je me sentais presque honteux de le demander comme un enfant. Mon orgueil avait carrément été anéanti.
Je ne voulais plus que lui maintenant. J’avais tellement eu l’impression que j’allais le perdre, que j’aurais pu tout faire pour pas qu’il ne parte dans ce foutu avion. Plus le revoir? Non, impossible. Rien que ce baiser m’avait fait comprendre à quel point je pouvais aimer Domenico. J’avais ressentit des papillonnements dans mon ventre, et je m’étais sentie extrêmement bien. Trop bien même. Je voulais rester des heures comme ça avec lui. Il me manquait. Et je l’aimais. Oui, j’étais dingue de lui, complètement amoureuse. Et j’avais cru bon le lui redire encore une fois face à face. Je vis bien que ça ne la laissait pas indifférent. Et ça me rendait encore plus heureuse. Il m’aimait encore, malgré tout ce qui s’était passé et tout ce qu’il m’avait dit. Je me sentais conne à propos de tout ça. Tout ce qu’il s’était passé depuis ces dernières semaines, c’était de l’idiotie pure. Mais je n’avais plus à m’inquiéter, on semblait avoir remonté la pente maintenant.
Il se penchait encore une fois. Il m’embrassa plus tendrement et je me laissais carrément faire, en fermant les yeux. Mon dieu, ce que j’aimais le sentir près de moi comme ça. Il me produisait vraiment un effet intriguant. Une chose que je n’avais jamais vraiment ressentie. C’était tellement agréable. C’était l’amour. Ouais, l’amour. La seule chose à laquelle je n’avais jamais eu d’espoir et maintenant je l’avais sous mes yeux. La plus belle chose. Et la plus douloureuse aussi quelque fois. Mais c’était du passé maintenant. Je l’avais devant moi, n’offrant plus aucune résistance pour partir. J’allais enfin pouvoir rester avec lui. D’ailleurs il me demanda de lui donner une deuxième chance… Que je sois sienne. Je le regardais tendrement et doucement, un sourire se dessina sur mes lèvres.
« J’ai toujours été tienne, Dom. Depuis le début. Et je ne veux pas que ça s’arrête. »
Je le regardais, mon sourire s’agrandissait puis je me mettais sur la pointe des pieds pour l’embrasser à mon tour. Mon baiser fut plus court en laps de temps, mais il signifiait un million de choses. Je me retirais doucement. Je prenais sa main, puis une de ses valises, puis j’ajoutais :
« Je veux passer ma nuit d’anniversaire avec toi. »
J'aurais menti si j'aurais affirmé ne pas être l'homme le plus heureux en ce moment. J'étais là où je voulais être avec la personne que j'aimais. Quoi demander mieux? J'eus une pensée pour ma précipitation passée à quitter le pays. Bien que ça aurait pu me paraître stupide en ce moment, je trouvais que ce n'était pas irréfléchi. Après tout, il y avait peu de choses qui me retenaient encore aux États-Unies. S'il s'avérait que ces peu de choses viennent à se détacher de moi, l'envie de partir me semblerait plus grande. Toutefois, ce n'était pas le cas et je restais, parce qu'on me le demandait. J'imaginais que j'aurais moins envie de partir des Amériques lorsque j'aurais effectué mon voyage en Équateur. Enfin, qui sait?
À chaque fois que je déposais mes lèvres sur celles de Denver, j'avais l'impression de rédécouvrir mes sentiments pour elle. Ce que je ressentais était tellement fort que j'avais un sensation bizarre dans l'estomac et la poitrine. Je ne saurais les expliquer. Je n'aurais jamais pensé que j'aurais pu autant m'ennuyer de quelqu'un. J'étais indépendant et franchement, je voyais qu'elle m'affaiblissait de plus en plus. Toutefois, je n'allais pas m'en plaindre. Je me plaisais bien d'être avec elle. C'était pour ça que je lui avais demandé qu'elle me laisse une deuxième chance. La deuxième et dernière chance. J'avais le sentiment qu'après notre déroute, nous serions en mesure d'affronter bien pire. Nous avions été bien trop affecté par notre différent de ces dernières semaines que nous savions maintenant comment faire pour ne pas que ça se reproduise. J'espérais que Denver n'allait pas me refuser une telle requête. Elle ne se fit pas longue. Elle m'avoua simplement qu'elle m'avait toujours appartenu et qu'elle ne souhaitait pas que ça cesse. Mes épaules s'affaissèrent légèrement par le stress relâché. Un sourire sincère se dessina sur mon visage. J'avais eu le droit à mon pardon, il n'était pas question que je laisse cette chance passée. Denver se mit ensuite sur la pointe des pieds pour m'embrasser. Je ne m'en lassais jamais. Il fut plus court que les miens. Elle prit l'une de mes valises. Elle me demanda ensuite de passer sa nuit d'anniversaire avec elle. J'eus un sourire en sachant que ça pouvait vouloir dire bien des choses. Je me saisis de mon autre valise.
- Tout ce que tu veux, ma belle, dis-je en déposant un baiser sur le sommet de son crâne.
Nous marchâmes le long du grand corridor de l'aéroport. J'allais, par le fait même, déposer mon billet au comptoir en affirmant que je déplaçais ma date de départ pendant la semaine de Noël. Je n'eus même pas besoin de payer des frais supplémentaires. J'en fus ravi. Je lui glissais un mot pour me prendre un deuxième billet puisque j'imaginais que Denver voudrait m'accompagner. Bientôt, nous fûmes à l'extérieur.
Tout ce que je voulais? Hum, intéressant. Non sérieusement, déjà qu’il soit là et que l’on ce soit réconciliés le jour de mon anniversaire, c’était le meilleur cadeau que j’avais pu avoir. Je l’accompagnais tranquillement rendre son billet, même si je vis qu’il discutait avec l’hôtesse d’accueil. Moi, je me tenais à l’écart en attendant, et surveillant ses valises. J’avais un sourire sur mes lèvres que je ne pouvais pas enlever. C’était complètement nature. J’étais heureuse. Oui, vraiment heureuse en ce moment. Je le regardais revenir vers moi, puis j’attrapais la valise et je passais un bras dans son dos, pour partir le long du corridor et sortir de l’aéroport. Une fois à l’extérieur, Domenico me demanda comment j’étais venue jusqu’ici. Mon sourire s’agrandit, puis je levais la tête pour l’observer un petit instant, puis lui répondre :
« J’ai décidé de venir à cheval. » annonçai-je en haussant les épaules.
Tellement j’étais heureuse, je me mettais à faire des blagues idiotes et pourries. Ca craignait un peu quand même. J’éclatais de rire en voyant sa tête, puis je prenais sa main pour l’entraîner dans le parking. Je cherchais des yeux ma petite Chevrolet. On passait dans plusieurs places, jusqu’à arriver enfin devant ma voiture. Je lui montrais mon tas de ferraille, presque triomphante, puis j’ouvrais le coffre pour déposer tous ces bagages.
« En fait, je préfère la technologie. Du coup j’ai pris ma voiture. »
Je fermais le coffre, puis avant de grimper dans ma voiture, je lui faisais un petit bisou rapide sur les lèvres. Je le contournais ensuite pour me diriger au côté conducteur. J’entrais, suivie de Domenico à côté. Je n’enclenchais pas le moteur, je ne mettais pas ma ceinture. Je restais un instant comme ça, puis je tournais mon regard sur mon petit ami. En silence, je m’approchais de lui, puis je m’arrêtais à quelques centimètres, en souriant. Je sentais son souffle. Je posais mes mains sur ses joues puis je brisais le peu d’espace qui nous restait pour déposer mes lèvres sur les siennes et l’embrasser passionnément.
Chaque pas que je faisais à côté de Denver me semblaient irréels. Tout s'était passé si rapidement que, même si mon cerveau avait été témoin de la scène, il me semblait que les évènements arrivaient difficilement à s'empreigner en lui. C'était comme si j'avais rêvé que cedit rêve me laissait pendant quelques secondes le sentiment de réalité, mais qu'ensuite, il s'échappe en moi. C'était à peu près ce que je ressentais. Denver avait tellement une tête forte et un orgueil bien ancré - et dans sa situation, c'était une bonne chose, car je n'avais pas agis en bon type, disons-le -, j'étais convaincu que je n'aurais pas obtenu son pardon. Vrai, j'avais quand même tenter ma chance, mais je le pensais pareille. J'étais bien conscient que je n'avais pas eu le droit à son pardon total puisqu'il y avait une partie de la confiance à rebâtir et donc, regagner, mais j'étais déterminé à être un copain exemplaire. Je savais que je pouvais en être capable. En plus, j'en avais envie. Bien agir était non seulement un devoir et une envie. Je ne voulais pas être respectacle dans mes agissements seulement parce que je devais réparer les pots cassés, mais avant tout parce que cela ne représentait pas un fardeau pour moi. À partir de cela, agir convenablement n'était même pas un défi, mais une habitude. Denver ne l'avait pas eu facile tant avec ses parents qu'avec bien d'autres personnes dans sa vie antérieure et je pouvais au moins essayer de lui rendre la vie beaucoup plus facile maintenant que tout semblait s'arranger. Elle le méritait et je voulais lui faire ce plaisir. Comme les choses semblaient bien allées pour elle à San Francisco, je me devais d'agir en copain exemplaire. C'est ce que je serais. C'était la promesse que je me faisais.
Sortant de l'aéroport, elle répondit à ma question portant sur son véhicule. Pour rigoler, elle me dit qu'elle était venue à cheval. J'eus un sourire en voyant cette tentative de blagues. Généralement, quand Denver en venait à ce stade, c'était qu'elle se sentait bien. J'en étais heureux. Je la suivis bras dessous bras jusqu'au parking, où, avais-je deviné, elle avait stationné sa Chevrolet. Je me doutais bien qu'elle serait venue aussi avec sa voiture. Nous mîmes ensuite mes bagages dans son coffre et très rapidement, nous fûmes installés derrière le volant. Elle avait pris bien sûr, avant, de me donner un léger baiser. Ça me laissait sur mon appétit d'en avoir plus, toujours plus. Après tout ce temps, ça m'avait manqué et j'avais le goût de reprendre le temps perdu. Je commençais donc à boucler ma ceinture quand je vis que Denver n'emboîtait pas le pas. Je tournais ma tête pour la regarder et je vis ses yeux braqués sur moi. Aussitôt, la boucle de ma ceinture disparut de mes mains et elle se rembobina elle-même pendant que je conservais mon regard plongé dans le sien. Elle s'approcha tranquillement de moi très près, mais n'atteignis pas toute suite mon visage. Elle jouait un peu, j'imagine. J'eus un sourire en voyant son petit manège, mais restais immobile. Il lui fut peu de temps pour qu'elle brise la distance. Elle commence à m'embrasser vigoureusement et passionnément. Mes bras allèrent lui prendre la taille pour l'amener sur moi. Une fois que ce fut accomplit, je continuais de l'embrasser en en perdant la tête. J'étais complètement submergé par mon désir et mes envies. Je lui caressais le bas des reins pendant que, entre quelques baisers, je lui mordais la lèvre inférieure exprimant ma flagrance attirance. Après un moment, je baissais mon siège et nous descendîmes tranquillement, sans s'arrêter de s'embrasser.
Je me sentais bien. J’étais tellement heureuse d’avoir retrouvé Domenico que je crois que ça m’avait retourné la tête. Je pourrais faire n’importe quoi à cet instant même. Je ne pensais plus à rien, sauf à lui. Aussi, ce me fut tout naturel de ne pas enclencher l’embrayage lorsque nous fûmes dans la voiture. Rien que de le voir, j’avais envie de rester coller à lui. Pour moi, toute cette séparation avait été un véritable cauchemar. Rien que de m’imaginer repasser cette période, me faisait mal au ventre. J’avais besoin de le sentir contre moi, d’être pendue à ses lèvres pour que je m’assure que c’était bon. Que j’étais de nouveau avec lui et que ça continuerait longtemps. Très longtemps. Je voulais passer le reste de mon temps avec lui, et ce, dès maintenant. C’est pour ça que cette soudaine envie de l’embrasser, là, dans ma voiture, me fut incontrôlable. Et j’avais compris que lui non plus ne pouvait pas trop y résister.
Alors que je l’embrassais avec envie, il passa ses mains sur ma taille pour me mettre sur lui. Certes, le siège de voiture n’était pas le plus confortable, mais c’était assez pour que je me sente bien sur lui. Je sentis ses mains se balader sur mes reins pendant qu’on glissait un peu plus couchés. Quand à moi, je passais mes mains le long de son torse et en m’amusant à chercher sa langue. Je ne savais pas ce qui allait se passer par la suite, mais là je me sentais bien. J’espérai juste que personne ne passe sur le parking ou nous observe par-dessus la vitre de ma voiture. Il était un peu tard pour ça, mais on ne savait jamais. Je remontais mes mains le long de son torse, jusqu’à les passer dans ses cheveux pour les caresser doucement. Je stoppais un moment de l’embrasser, me soulevant doucement, pour l’observer. Un petit sourire se dessina naturellement sur mes lèvres alors que je lui soufflais :
« Je t’aime Domenico. »
Ouais, c’était ça. Là en ce moment même, il me rendait complètement folle. Moi, dingue d’un mec… comme quoi ça existe.
Retrouver cette proximité après tout ce temps me faisait un bien fou. Ma petite Denver tout près de moi qui me rendait chacun de mes baisers: je n'aurais pas pu demander mieux! Je pouvais vraiment sentir à quel point je l'aimais, là, en ce moment, avec mon coeur qui débattait à vive allure dans ma poitrine jusqu'à m'en rendre malade. Ce n'était pas de simples réconciliations avec des blessures à panser, mais c'était aussi l'anniversaire de ma belle. Enfin, ce l'était. Je pouvais lui faire lui plus beau cadeau qu'elle puisse demander: être tout à elle, soumis presque. C'était son moment et je ne pouvais me permettre de le gâcher comme j'avais bousillé ces deux dernières semaines. J'étais là, tout ouï à ses demandes. Ainsi, quand elle m'avait embrassé, je m'étais laissé approcher avec plaisir et férocité. J'avais cueilli ses lèvres sur le bord de mon visage et je les avais emprisonné pour les faire mienne. Je l'avais ensuite mise sur moi pour réduire le vide qui nous distançait. Elle avait voulu qu'on se rapproche, j'allais alors pousser l'exercice jusqu'au bout. Je ne m'étais pas empêché de poser mes paumes chaudes sur son dos tiède pour la pousser légèrement vers moi. Et puis, j'avais incliner le siège pour nous faire descendre un peu plus. Elle passa ses doigts dans mes cheveux et cela provoqua de vigoureuses sensations dans tout mon corps. Ça me donnait carrément la chair de poule. Je ne pouvais pas m'en passer. Je réalisais à peine qu'on était encore dans le parking de l'aéroport. Ça me semblait un détail très éloigné dans mon subconscient.
Elle s'arrêta un bref moment en se relevant légèrement. Je la contemplais amoureusement, sans rien dire. Denver était quelqu'un de très expressif: on pouvait lire aisément chacune de ses émotions sur son visage. Maintenant, j'étais capable d'y voir une profonde sérénité et peut-être même de l'amour. Dieu que je l'aimais et qu'elle était belle! Elle m'avait manqué, plus que je n'aurais pu le concevoir et qu'elle aurait pu imaginer. Je souris naturellement. Un petit sourire subtile, mais véritablement heureux. Elle me murmura ensuite les trois mots suprêmes: Je t'aime. Elle me l'avait dit précédemment, mais là, c'était encore plus foudroyant. Une drôle de sensation s'empara de mon ventre. J'étais déterminé à lui montrer moi aussi.
-Yo también*, soufflai-je en relevant mon torse pour emprisonner le haut de son corps dans mes bras.
Je l'embrassais très doucement, mais à répétition sur les lèvres en repoussant ses cheveux vers l'arrière. J'inversais les positions en la mettant sous moi et je continuais de l'embrasser en m'aventurant dans son cou. Elle sentait tellement bon. Sa peau était de la soie à mon toucher. *Moi aussi