Oh, oh, I want some more. Oh, oh, what are you waitin' for ? Take a bite of my heart tonight

Les yeux fermés, l’esprit embrumé, je sors difficilement mon bras droit de sous la couette dans laquelle je suis blottie, cherchant à l’aveugle le téléphone portable de part lequel la chanson de Neon Trees transmet Animal. Je n’ai jamais été du matin et être réveillée par la sonnerie de mon téléphone mobile un samedi matin, vers les sept heures, n’est franchement pas ce qui me réjouit le plus. Après quelques secondes, je réussi à mettre la main sur mon téléphone, vibrant sous mes doigts. Je me redresse un peu, mon visage se décollant de l’oreiller bien moelleux sur lequel il a pris place depuis de longues heures. Je passe une main dans ma longue chevelure brune complètement décoiffée et ouvre enfin les yeux. Difficilement, je dois l’avouer. La nuit a été courte, mais cela ne semble pas préoccuper ma mère puisque son nom s’affiche sur l’écran de mon vieux téléphone. Je ne peux m’empêcher de soupirer. Je coulisse l’écran et appuis sur le bouton vert avant de prendre une longue inspiration et porter le téléphone à mon oreille. « - Ah tu décroches enfin ma chérie ! ». Pas de doute possible, c’est bien ma mère, toujours aussi vive et … bavarde, quel que soit l’heure. « - Comment vas-tu ? Qu’est-ce que tu fais ? Tu es seule ? Ça se passe bien les cours ? Et ça fait longtemps que tu n’es pas passé à la maison, pourquoi ? ». C’est tout ma mère ça, à poser des questions auxquelles elle ne me laisse même pas le temps de répondre. Mon esprit encore embrumé a du mal à la suivre, mais ça n’est pas nouveau, elle a l’habitude. Je finis par me redresser, n’accordant que de très brèves réponses à ma génitrice, qui ne prend même pas la peine de s’en inquiéter. Je finis assise sur mon lit, les pieds sur le sol froid de la chambre dans laquelle je dors depuis quelques mois déjà. Presque nue, je porte seulement un large t-shirt et un caleçon appartenant à Tyler... Pourquoi ne me suis-je pas débarrassée de ce vieux caleçon ? Je n'en ai aucune idée ! Tyler... c'est un peu mon amour d'adolescente et à dire vrai je n'ai jamais su réellement décrire ce qu'il y avait entre nous. Une sorte de jeu probablement... c'était assez complexe et encore aujourd'hui, je me sens perdue dans mes sentiments lorsque je pense à lui... surtout que je l'ai vu il y a peu et que... nous avons couché ensemble... Bref --'« - … Et ta tante Cindy lui a répondu qu’il n’avait pas vraiment le choix et qu’il devait lui donner une réponse… ». Ah les histoires de famille, le plus grand passe temps de ma mère. Disons que je ne viens pas d’une famille où les histoires sont des plus conventionnelles et simples. A vrai dire, je suis né et j’ai grandi à New York, ville où est établie ma famille entière. Ici, tout le monde se connait et les ragots sont le principal passe temps de ma famille tellement l’ennui y est proéminent. Nous vivions dans une grande maison, ayant largement les moyens de nous la payer. D’une mère d‘origine purement américaine, je n‘ai jamais été aussi proche d‘elle que je pouvais l‘être de mon père, celui-ci m‘ayant transmis sa passion pour la musique. Mon père était un véritable modèle. D‘ailleurs, j‘avais six ans lorsqu'il m'a offert sa vieille guitare pour mon anniversaire. Depuis, cette guitare reste auprès de moi le plus souvent possible. Pourtant, mon père perdit la vie l‘année de mes treize ans. Accident de voiture, une bien triste histoire. Heureusement pour moi, j‘avais ma cousine auprès de moi : Kaylee. Quoiqu’il en soit, je n’ai jamais vraiment eu à me plaindre, ma mère était une femme aimante et droite. J’ai eu une bonne enfance en soit, bien que tous ces ragots, le fait de vivre dans un univers familial aussi fermé, me donnait l’impression de passer à côté de ma vie, j’étais comme un lion en cage. « - Au fait, tu as vu Kaylee aujourd’hui ? ». Ma cousine a beau être très différente de moi, être un peu le sujet des ragots de toute la famille, j‘ai toujours eu pour elle une admiration indescriptible. D‘ailleurs, ma venue à San Francisco n‘est pas étrangère au fait qu‘elle vive ici. « - Ah oui, j’allais oublier, ta tante te passe le bonjour… ». Elle ment, je le sais pertinemment et pourtant, je lui réponds par la pareille. Je me lève, le téléphone fixé à mon oreille droite et m’étire rapidement. Je lance un coup d‘œil rapide à ma chambre en bordel, il faut bien le dire. Pour en revenir à ma tante, vous devez surement vous interroger sur le fait que je pense qu’elle est loin de vouloir me passer le bonjour ? Et bien vous avez raison. Disons que ma tante et moi ne sommes pas vraiment en de bons termes. Je suis une passionnée de danse. D’un côté, je crois l’avoir toujours été, ça n’a jamais été un véritable problème, du moins, pour tout le monde sauf ma tante. La danse est ma vie, ma passion et je n‘ai jamais considéré mon avenir sans la danse. Pour elle, ça n‘est pas un métier et pourtant, je compte bien vivre de ma passion. J’ai toujours assumé ce que j’étais et je dois dire que le fait d’avoir une certaine éducation musicale m’aida énormément à atteindre ce point. Ce fut donc une évidence pour moi d’étudier la danse au conservatoire de San Francisco ! Adieu maman ! « - Et la danse, ça se passe bien ? ». Mon regard s’illumine à la vue de la vieille guitare de mon père, posée dans un coin de ma chambre universitaire. Je sors alors de la chambre tombant sur l’un des couloirs bondés de la bâtisse. Je me dirige dans la salle de bain, ferme la porte derrière moi et regarde mon visage plus qu’endormi dans la glace au dessus du lavabo. Enfin… endormi mais pas que… disons que une fois de plus les marques d’une nuit beaucoup trop courtes à cause des répétitions du prochain ballet se voient bien. « - Bon je dois te laisser mon ange, on se voit bientôt, n’est-ce pas ? ». Je dois dire qu’être partie de chez ma mère fut une réelle libération bien que je l‘adore et ne passe pas une journée sans l‘appeler. Je me lance un dernier regard dans le miroir et embrasse ma mère avant de raccrocher…