Ces soirées là… je les détestais. J’étais vraiment d’une humeur de merde. Comment c’était possible que ce soir, je n’ai encore vu personne ? J’en avais marre d’arpenter les rues, sans but. J’en avais marre qu’on me regarde de travesr, sans rien dire. J’avais envie d’hurler « Oui je suis une pute, et alors ? Ca te défrise, connasse ? » Bref, j’étais de mauvaise humeur. C’était fois c’en était trop. En plus de ça, j’avais froid. Je tournais au coin d’une rue, et un mec se trouvait là. « Salut ma belle. » lançait-il, un sourire salace au coin des lèvres « Je suis pas d’humeur, tu vas pas me sauter, dégage. » « C’est ce que tu crois. » « C’est ce que j’ai décidé, et si t’es pas content, je te ratatine les couilles. » m’écriais-je, sans le regarder et en continuant mon chemin. J’accélérais le pas. Il n’avait pas relevé, j'étais assez étonnée, d'ailleurs. Je reprenais donc ma route. J’eu un petit rire, c’était quand même le comble de ma situation, j’étais une pute, je faisais une crise depuis une heure parce que je n’avais pas eu de clients de la soirée et j’avais remballé ce mec qui aurait pu faire en sorte que je ne rentre pas sans un sou ce soir. Mais non, j’en avais encore fait qu’à ma tête. Je marchais puis soudain, m’arrêtais. Je reculais d’un pas : une ruelle. J’hésitais quelques secondes avant de m’y engouffrer. Là, je m’appuyais contre un mur et alluma une cigarette. La cinquième depuis une heure. Je savais très bien que ce n’était pas une cigarette dont j’avais besoin pour me détendre, mais c’était tout ce que j’avais sous la main. Mes mains tremblaient, de colère et aussi de froid. J’étais très peu habillée pour une soirée d’octobre, c’était à peu près la même tenue que l’autre soir quand j’avais croisé Duke : un débardeur blanc, les bretelles de mon soutien gorge rouge se voyaient, alors que je passais mon temps à les remettre pour les cacher, et un short en jean. Comment allais finir cette soirée ? Je commençais à me laisser glisser doucement contre le mur.
Khris avait un mal de crane horrible, un œil au beurre noir et mal à la mâchoire. Il s'était battu la veille avec un mec qui l'avait insulté parce qu'il l'avait légèrement poussé dans la boite où il était. En gros, ils s'étaient battus pour rien. Le new-yorkais venait de se réveiller, la tête bien au fond du cul. Il fallait vraiment qu'il fasse quelque chose de sa soirée puisqu'il avait dormit toute la journée. Ouaip, Khris était une pure loque ces derniers temps. Surtout depuis l'appelle de Levanah, celui lui disant qu'elle reviendrait bientôt vivre à SF. Il avait décidé de l'oublier et de se bourrer la gueule tout le temps. Mais il n'en avait presque plus la force, rien que d'imaginer le visage de celle qui lui avait brisé le cœur le faisait tourner de l'œil. Il se leva, prit une douche et se fit un bain de bouche à la vodka. Boire le moins d'eau possible, c'est ce qu'il essayait de faire depuis un petit moment déjà. Puis il s'habilla rapidement ; des baskets de skate, un t-shirt Crystal Castles sans manches trop grand et un jean plein de trous. Il mit un bandana dans ses cheveux puisqu'aujourd'hui ils avaient décidé de ne pas tenir en l'air comme il le voulait. Une dose de shit et de beuh dans la poche arrière, un paquet de clope dans l'autre, des pilules et de la monnaie dans les deux restantes. Khris reçu un sms d'un client qui voulait apparemment se faire livrer dans le quartier des putes dans peu de temps. Il se dépêcha alors d'aller les ruelles que lui avait indiqué le mec.
- Salut ma belle.
Ben tiens voilà que son client essayait de se taper une prostituée en l'attendant, il n'avait pas que ça à foutre, il n'était pas là pour attendre qu'il tire son coup. Mais la fille le remballa salement et Khris eu un léger sourire aux lèvres, jusqu'à ce qu'il voit son visage. Il eut l'impression de s'être prit un uppercut dans le ventre, une sensation plutôt étrange quand personne ne vous touche. Le jeune homme régla son affaire avec son client et suivit la jeune fille. Lorsqu'elle s'adossa à un mur, il s'y appuya de profil, sur l'épaule et se roula un joins, l'air de rien.
Contre le mur froid, j’eux un frisson. Je n’arrivais pas à savoir si c’était désagréable ou pas. en tournant au coin de la rue, j’avais entendu quelqu’un parler avec celui qui voulait me serrer ans un coin quelques secondes plus tôt. Je soupirais, était-il possible qu’il y ai deux mecs comme lui dans cette ville ? C’était vraiment pas de bol. J’avais donc accéléré le pas, histoire qu’ils ne se mettent pas les deux en tête de m’avoir pour la nuit. Dans cette petite ruelle, après quelques instants de silence ; seulement brisés par le bruit de mon briquet et de mon souffle ; j’avais sentie une présence s’approcher lorsque j’avais commencé à glisser le long du mur. Mais je n’avais pas relevé. Pourtant, je restais bien évidemment avec tous mes sens en alerte, prête à me relever et lui coller un coup de pied bien placé s’il le fallait. Je tirais sur ma cigarette lorsqu’il me parla. A ce moment là, seulement je levais les yeux vers lui. Je ne m’attendais pas à voir ce genre de mec en face de moi. il était là, appuyé contre le mur en train de rouler un joint. Je me relevais, tirant sur ma cigarette, l’air indifférent. Bien sur que j’en voulais. Bien sur. Je lâchais un soupir et après avoir levé les yeux au ciel (alors que je détestais faire ça) je posais mon regard fixement dans le sien. « Si tu crois que c’est avec ça que tu vas me payer. Ca coutera plus cher qu’un joint. » m’exclamais-je. Je tournais la tête de l’autre coté, pour qu’il ne me voie pas sourire. La situation m’amusait, il fallait l’avouer. Je me demandais comment une autre fille aurait réagi, si elle s’était retrouvée dans une ruelle sombre avec un mec tatoué sur pratiquement chaque centimètre du corps, en train de lui proposer un joint. Oui mais voila, je n’étais pas une autre fille. Et je me disais que s’il avait voulu me violer, alors il l’aurait déjà fait. Je retournais alors la tête vers la sienne, a peine éclairée par ce qui me semblait être la lune.
Khris se concentrait sur son joins pour ne pas regarder la jeune fille, il aurait paru bizarre s'il l'avait fixé avec insistance. Il n'était pas un pervers, violeur etc... Il n'avait jamais eu besoin de forcer une seule fille -merci mon Dieu- et quand une fille lui disait non, il ne disait rien. Il lécha la feuille pour fermer sa dose de bonheur factice. - Si tu crois que c’est avec ça que tu vas me payer. Ça coutera plus cher qu’un joint.
Il lui répondit seulement par un sourire moqueur, il savait bien qu'elle ne le laisserait rien faire sans argent, il n'avait même pas pensé à la payer en weed. L'herbe coutait bien plus cher qu'une prostituée, aussi belle qu'elle puisse être. Khris sortit son briquet et alluma sa préparation, inspirant la fumée spéciale et respirant l'odeur qu'il adorait. Si Dior sortait un parfum odeur Marijuana, ils se feraient surement beaucoup d'argent, il en était sur. Il prit son temps pour fumer, il n'aimait pas se dépêcher lorsqu'il était question de drogue. Prendre son temps avec un bon joins c'était une des meilleure chose du monde pour Khris, avec le sexe. Une fois arrivé à la moitié il le tendit à la jeune fille. Puis se ravisa. - Je ne fume pas avec des inconnus, alors, présente-toi. Moi c'est Khris.
Manipuler les gens pour arriver à ses fins, quel passe-temps agréable. Il voulait savoir qui elle était, il ne savait pas trop pourquoi, il ne comprenait pas son intérêt soudain pour une fille des rues. Il avait déjà couché et donné de l'argent en retour, en général c'était quand il allait en Asie, pas à deux pattés de maisons de chez lui.
Je ne pouvais pas nier qu’il m’intriguait. J’avais parlé d’argent, parce que ; même si ça me paraissait clair de deviner qui j’étais, je ne voulais pas qu’il s’y méprenne et qu’il me prenne juste pour une paumée. Mais il se contenta de rire. Bizarrement ça me rassurait. Maintenant qu’il était là, je voulais qu’il reste. Bon, ce qu’il avait entre les mains y était pour quelque chose, il fallait bien l’avouer. Il fini de rouler son joint, et en fuma la moitié, lentement. Je m’étais relevé, appuyée de la même façon que lui contre le mur. Pas une seconde je n’avais détourné du regard. Je savais que ça avait tendance à perturber les hommes, je voulais voir ce qu’il en était de lui. Au moment de me passer son joint il se ravisa. Je levais un sourcil interrogatif. Il se présenta. Khris. Je finis ma cigarette et la jeta au loin, tout en lui souffla la fumée à la figure. Avec un sourire, je croisais les bras contre ma poitrine. « Moi c’est… » Pendant quelques secondes, j’étais tentée de lui donner un faux nom. Après tout, je n’étais pas amenée à le revoir un jour, qu’est-ce que ça pouvait faire ? « Frankie, je m’appelle Frankie. » dis-je. Oui, je m’étais ravisée. Pourquoi ? Je ne le saurais sans doute jamais. Un silence s’installa. Une minute, peut-être… Il ne bougeait toujours pas. Pourtant, j’attendais son joint. « Maintenant, tu me passes ce que tu as dans les mains, ou je dois exaucer un autre de tes souhaits ? » lui souriais-je. Je crois qu’il me faisait une bonne impression. Ouais, je crois que j’allais bien l’aimer. Je toussais. Parce que ça, il n’était pas censé le savoir.
Le monde commença lentement à s'ouvrir à lui, plus de couleurs, la vue légèrement trouble. Ses yeux avaient du mal à s'ouvrir, il savait que l'herbe circulait lentement dans son corps, en faisait le tour et le rendait de meilleure humeur. Quelle bonne idée, franchement, ceux qui avaient pensé à fumer en premier étaient de purs génies. Suite à sa demande la jeune fille se présenta, Frankie ? C'était cool comme prénom. Frankie & Khris, ça sonnait bien, comme les personnages d'un film, genre ; Deux braqueurs de banques. Frankie distrayant tout le monde avec ses formes et Khris piquant dans la caisse et le coffre ni vu ni connu. Fallait qu'il garde cette idée géniale en réserve, même s'il savait qu'il la trouverait débile lorsque la weed aurait arrêté de faire effet. Il la détailla, elle n'avait pas vraiment l'air d'être une prostituée. Par là il voulait dire qu'elle ne faisait pas vulgaire, pas du genre short en cuir et bottes assorties. Elle aurait presque pu passer pour une fille normale si elle ne trainait pas dans le quartier à cette heure si. C'était sur, dans ces rues, à cette heure, il n'y avait que des dealers et des prostituées... des violeurs aussi, mais bon, quand même moins. Khris tendit le joins à Frankie, et s'assit par terre. Il aurait tout aussi bien pu partir, mais il voulait savoir qui était cette fille, il se posait pas mal de questions sur elle.
- T'es trop jolie pour être un pute, 'fin, t'aurais plus l'air d'une top model que d'une fille qui fait le trottoir.
Il s'était comprit, c'était l'essentiel. L'air endormi de Khris lui donnait surement l'air d'être un petit chat fatigué, ou alors un gros junkie qui vient de prendre sa dose... surement ouais.
Et qu’est-ce que j’allais faire maintenant ? Je m’étais présentée. Pour moi c’était comme passé un cap. Maintenant, je n’étais plus juste « la pute croisée dans la rue ». Et même si je ne revoyais jamais Khris, il resterait ça : lui qui sait mon prénom, lui qui en sait déjà trop. En y réfléchissant bien, il ne devait pas y avoir un tas de suédoises qui s’appelaient Frankie à San Francisco. Je me retenais de me frapper le front en me rendant compte de ce que je venais de faire. C’était ce que je voulais toujours éviter, me lier, ne serait-ce qu’un peu avec quelqu’un rencontré dans « la rue ». Quelle conne, mais quelle conne j’étais. Khris me tendit son joint avant de se laisser tomber par terre. Je le regardais, mais je ne bougeais pas. Ça suffisait maintenant, s’il en voulait plus, il aurait qu’à payer. Je tirais une latte, puis deux. Espérant que ça m’aiderait à y voir plus clair sur la suite de cette soirée. C’était pourtant paradoxal. Je ne voulais pas me rapprocher de lui, j’en avais assez fait… gratuitement. Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que c’était différent. Et aussi de me dire que j’avais besoin d’argent pour acheter le blouson en cuir que j’avais repéré plus tôt dans la journée. Khris ou pas Khris, mignon ou pas mignon, il fallait que je reste pro. Je me fis un sourire à moi-même, « rester pro »… n’importe quoi. Khris me tira de mes pensées. Je ne faisais pas pute. Bon, j’imagine que je pouvais prendre ça pour un compliment. « Ben… disons que je me suis perdue. » C’était plus fort que moi, je finis par me laisser glisser à coté de lui, le joint entre les lèvres. J’inspirais, les yeux fermés. Au moins, cette situation avait l’avantage de chasser la mauvaise humeur qui s’était emparée de moi un peu plus tôt. Et puis quitte à avoir abandonné mes principes, je tournais la tête vers le brun en lançant. « Et toi, qu’est ce que tu fais là ? T’es un violeur, ou un truc dans le genre ? » plaisantais-je.
Il ne disait rien, il regardait par intermittence les yeux de la jeune fille puis le lampadaire qui semblant soudainement l'éblouir. Tout était amplifié grâce à la plante présente dans son organisme et à ses effets. Il paraît qu'elle favorise les rapports humains, c'était donc surement la bonne occasion pour faire connaissance avec une parfaite inconnue. Enfin, plus si inconnu que ça, maintenant c'était Frankie, la fille rencontrée dans la rue pendant qu'elle travaillait. Khris avait toujours aimé les rencontres bizarres de ce genre, parler aux inconnus sans aucun complexe était sans doute l'une de ses passions.
- Moi ? Chui dealer, j'viens de vendre au mec qui t'as accosté et que tu as si gentiment remballé. D'ailleurs c'est un bon client à moi, donc, s'il dépense pas d'argent dans ton commerce il en dépense plus dans le mien !
Khris sourit à ses propres paroles, il se sentait con de dire de la merde comme ça. Mais bon, il avait une excuse quand même. Soudaine envie comme on en a souvent lorsqu'on est défoncé, il se leva, alluma son portable et mit une musique [HJ ; CC – Violent Dreams (évidemment 8D)]. Sans prévenir la jeune femme il lui attrapa le poignet et la traina dans les rues, pourquoi ? Il n'en savait rien, tout ce qu'il voulait faire c'était bouger. Pour compléter le tableau il ne manquait plus qu'un peu de pluie, qui vint bien vite. C'était bizarre comme tout ce que Khris voulait, Dieu lui rendait. Peut-être était-il Jésus. A cette pensée il se mit en plein milieu de la route, les bras en croix, le visage en arrière, paupières closes sous la pluie.
En m’étant laissant glisser sur le sol, je me rendais compte que tous mes sens étaient en éveillent : la drogue commençait à se ressentir. J’aimais tellement cette sensation. Je fermais les yeux, me concentrais sur mon souffle, la tête basculée en arrière ; pendant que Khris m’expliquait qui il était. Je redressais la tête aussitôt. C’était lui celui que j’avais pris pour le copain de mon gros porc ? De toute évidence, je ne m’attendais pas à ça. « C’était toi… » soufflais-je, pendant que le tatoué se relevait. C’était donc un dealer. C’était bon à savoir. Ça pouvait toujours servir. Je connaissais pas mal de dealer, mais aucun comme lui. La plupart étaient glauque et me regardait avec un regard tellement pervers que j’avais eu plusieurs fois des envies de meurtres (assez poussées ; j’étais même allée jusqu’à réfléchir de ce que j’allais faire des corps après, et comme MOI, j’allais arriver à les trainer et… bref). En se relevant, il mit de la musique, MA chanson Je n’eut pas le temps d’approfondir ma réfléxion, qu’il attrapa mon bras et m’entrainait avec lui. « Eh ! » Il se mit à arpenter les rues, je restais silencieuse, accrochée à son bras. Je n’avais pas envie de me débattre, ni de lui demander où il allait, je me contentais de le suivre en silence. Sans aucune crainte. La pluie se mit à tomber. Génial, comme si je n’avais pas assez froid avec mon débardeur et mon short. Je relevais la tête en arrière en plissant les yeux. Tout en sentant la pluie sur moi. Merci l’herbe qui décuplait cette sensation, toutes les odeurs environnantes. Khris lâcha mon bras et se mit au milieu de la route, je redressais la tête pour le regarder, sans bouger du trottoir. J’avais des frissons, la chair de poule. Je savais qu’il faisait froid, que je devais avoir froid. Mais non. Pas tant que ça finalement. Les bras en croix, Khris relevait la tête. Instinctivement, je regardais à droite et à gauche. Une voiture, un coup de klaxon. Je poussais Khris sur le trottoir d’en face de toutes mes forces. Instinct de survie. . « Eh Jésus, avant de vouloir mourir, assure toi que tu pourras ressusciter. » La pluie redoublait. Mais je ne bougeais pas, je restais face à Khris que je venais d’envoyer valser contre le mur de l’immeuble, un air de défi accroché au visage.
Il ne savait même plus où ils étaient, il avait marcher rapidement dans les rues sans trop de poser de questions, son corps semblait être en pilote automatique et il adorait ça. Ne plus avoir à penser, juste laisser son corps faire tout le reste. Il oubliait ses problèmes, Levanah, son frère, ses parents, cette chienne de vie à laquelle il s'était habitué. Il ne pensait plus qu'à la pluie sur sa peau glacée, à la fille avec qui il était. C'était étrange comme moment, comme si le reste du monde avait disparut, juste sa main autour de son poignet, et l'eau qui lui coulait de partout. Son t-shirt le collait maintenant, mais il s'en foutait, après tout ce n'était qu'un détail idiot. En plein milieu de la route, cet instant semblant durer une éternité, Violent Dreams en boucle. Elle collait tellement bien avec cet instant, avec ces secondes qui coulaient lentement le long du fil du temps. Il aurait voulu ne pas avoir à bouger, mais un klaxon retentit, à travers ses paupières closes il cru même percevoir des phares braqués sur lui. Et le corps de la jeune fille se projeta contre lui, il l'encercla immédiatement de ses bras, comme pour la protéger de quelque chose qu'il ne voyait pas. Alors que c'était elle qui venait le sauver. Peut-être que c'était un réflex de fierté masculine, qui sait ? Il se retrouva plaqué contre un mur, ses mains sur les épaules de Frankie, sans trop comprendre comment ils étaient arrivés là. Khris avait ouvert les yeux et voyait à présent la jeune femme face à lui. Mascara coulant, le débardeur blanc devenu transparent. Il avait toujours été attiré par ce genre de filles, l'air paumé collé au visage. Surement parce qu'il arborait le même à longueur de journée.
- Ça doit être cool d'être Jésus, rien à foutre d'une voiture tu peux revenir. Tu marche sur l'eau, vin à volonté. La classe quoi.
L'air de défi de Frankie le fit sourire, elle avait du cran, ça lui plaisait. Les filles soumises n'étaient pas tellement son genre. Il la lâcha, mit les mains dans ses poches, son air paumé collé au visage sans explication. Coup de speed numéro 2, il mit la tête dans le cou de la jeune fille et y mit un grand coup de dents. Histoire de lui laisser un joli souvenir de cette petite excursion nocturne. Parce qu'on oublie pas Khris Eden Jones. En même temps, comment oublier un gars qui se prend pour Jésus ?
- J'imagine que jte dois quelque chose maintenant que tu m'as sauvé la vie, dites ce qui vous passe par la tête madame et j'y répondrais sans hésitation.
L’adrénaline était montée en flèche pendant que je m’étais jeté sur Khris, avant qu’il passe sous les roues de cette voiture. J’avais oublié en une seconde le froid, la pluie, moi finalement seule à San Francisco depuis un an, mon frère et ma sœur loin. Oui, tout ça c’était envolé en l’espace de quelques secondes pendant que je me transformais en super-héros. Je refusais de me dire à moi-même que j’avais flippé de le voir se faire écraser sous mes yeux. Passez de l’autre coté de la route, je récupérais mon souffle. Ça devait faire une minute que je ne respirais plus ; pour une fumeuse telle que moi, c’était plus qu’un défi. C’était un suicide. Je rouvris les yeux et me retrouvais nez à nez avec Khris, trempé jusqu’aux os. J’imaginais bien que j’étais dans le même état. Je baissais les yeux, pour voir que mon débardeur ne servait plus à rien maintenant. J’étais prête pour le concours de miss Tee-Shirt mouillé au camping. Je soupirais, et relevais un peu la tête pour découvrir les mains tatouées de Khris sur mes épaules blanches de suédoise. « Vraiment trop la classe. Le paradis. Mais c’est pas encore ton cas, je crois. » lançais-je, en enfonçant mon index dans son épaule. Plutôt crever que de lui dire que j’avais eu peur l’espace de quelques secondes. Je n’eus pas le temps de dire quoi que ce soit de plus, car il enfonça ses dents dans mon cou. Je restais stoïque, les yeux plantés dans les siens, la main là où il m’avait mordu quelques secondes auparavant, tout en l’écoutant parler. Il voulait jouer a ça ? Très bien. Je me composais un visage adapté & silencieusement, presque sensuellement je me rapprochais de lui. Toujours sans un mot, je passais une main dans sa nuque, et posais mes lèvres en forme de « O » dans son cou. Je les refermais sur sa peau, histoire de lui faire un suçon mémorable. Après quoi je reculais, et rouvrais les yeux en tendant la main droite. « Tu me dois au moins 500 dollars ; je t’ai sauvé la vie et j’ai aiguayé ta soirée. » lançais-je, d’une vois enjouée, comme si je n’avais pas laissé une marque rouge dans son cou quelques instants auparavant. Je lui fis mon plus beau sourire, le plus professionnel que j’arrivais à faire. Je secouais la tête, histoire de dégager de ma vue mes cheveux mouillés. Il voulait jouer, j’étais prête. Il ne savait pas qui il avait en face de lui.
La voiture, il n'avait même pas eu peur en réalité, il n'avait pas réalisé qu'il avait faillit mourir. Et puis, il n'en avait rien à foutre ces dernier temps. Sa vie, il ne l'aimait plus, elle était devenue une routine qui l'achevait peu à peu. Se lever tard, fumer, boire, fumer, boire, manger un peu, fumer, boire, sortir, baiser, baiser et re-baiser. Et recommencer ça pendant des jours et des jours, à force, il n'en pouvait plus. Khris voulait que tout cela s'arrête, qu'enfin il puisse aller mieux sans prendre des substances illégales, sans se taper n'importe qui, sans être à la limite de mourir sur une route ou au milieu d'un night-club pourrie. Il valait mieux mourir d'une overdose ou d'un accident de voiture ? Qui sait ? Mais elle, c'était bizarre, il n'avait jamais vu une fille qui l'intriguait autant. Il voulait lui poser des questions, étancher sa curiosité à son égard, mais elle ne répondrait surement pas. On ne raconte en général pas sa vie au premier mec qu'on croise dans une rue louche. Quoique, il n'était pas n'importe quel mec, elle venait de lui sauver la vie. Et puis, il était vraiment mignon et classieux. Il eut presque un rire automatique, mais il le reteint, son narcissisme résistait à toute épreuve. Frankie lui fit un suçon, probablement pour se venger de la morsure qu'il venait de lui faire. Alors comme ça elle voulait se la jouer comme ça ? Bien, elle ne gagnerait pas, il était bien trop fort à ce genre de jeux pour la laisser le battre. Khris enleva son t-shirt, trempé, il ne lui servait à rien, dévoilant ses tatouages présents sur la partie supérieure de son corps. Puis il enleva celui de Frankie, qui montrait de toute façon son soutient-gorge. Puis il lui mit son propre t-shirt, son t-shirt Crystal Castles, son t-shirt préféré.
- Tiens, t'auras moins l'air d'une pute comme ça. Et prends soin de mon t-shirt, j'y tiens plus qu'à ma vie.
Il lui devait 500 dollars maintenant ? Khris croyait rêvé, il n'avait jamais vu une prostituée aussi chiante de toute sa vie et pourtant il en avait vu un paquet défiler dans le bureau de son père. Le jeune homme fouilla ses poches, et tomba sur des billets. Oui, pour lui de la « monnaie » voulait dire quelques billets de 100. Il lui en passa 5 comme elle l'avait demandé. Sans rien dire de plus, et il mit ses mains dans ses poches arrières, fixant les yeux de la jeune fille.
Finalement, je me disais que pour un mois d’octobre, il ne faisait pas si froid que ça. Forcement, venant de Suède, ça aurait été un peu gros de ma part de me plaindre du froid. Pourtant, c’était un de ces clichés que je détestais. C’était pas parce que je venais d’un pays froid que j’avais une peau adapté, genre bionique. Ouhla… Je me demandais si c’était parce que j’avais fumé que je ne ressentais pas le froid. Pourtant je sentais le vent, la pluie, je sentais les frissons sur mes bras et dans mon dos. Je sentais mes cheveux glacés contre mon dos. Mais ça ne m’atteignais pas. Tout ce que je me demandais, c’était pourquoi je restais là ? Pourquoi, putain, pourquoi je restais avec ce mec, qui avait faille crever deux secondes plutôt ? Pourquoi je préférais rester avec lui, au lieu de rentrer chez moi, et prendre une bonne douche chaude ? Pourquoi ? Je restais là, sans bouger, silencieuse en fixant ce garçon en face de moi, ses tatouages, du moins ce que j’en voyais, le suçon que je venais de lui faire. Parfois ma vue était brouillée par la pluie, je clignais des yeux. Mais c’était le seul mouvement que je faisais. Soudain, Khris enleva son tee-shirt, dévoilant un peu plus ses tatouages. Merde, j’adorais ça. Je retenais un petit sourire de contentement et préférais juste hausser un sourcil, interrogateur. Bien sur, quoi de plus naturel que de se désaper dans la rue ? Deux secondes plus tard, c’était mon tee-shirt qu’il avait enlevé. De main de maître. Je ne m’étais rendue compte de rien. Je m’étais contentée de lever les bras, pour l’aider. Je suis restée quelques secondes sans rien d’autre que mon soutien-gorge. Avant qu’il m’enfile son tee-shirt à lui. Ce qui restait passablement inutile puisqu’il était aussi trempé que le mien, qui gisait maintenant par terre. Je baissais la tête pour le regarder, il tombait à moitié par-dessus mon short. Mais quelle taille s’était ? Il était vraiment trop grand. Je relevais la tête vers le tatoué. « Si tu voulais me voir en soutif’ t’étais pas obligé de passer par là. 'Suffisait de demander. » Je lui souris, amusée. « T’inquiètes, j’en prendrai soin. Comme la prunelle de mes yeux. Mais quoi, t’as honte d’avoir été sauvé par une pute ? » lançais-je. Puis, il fouilla dans ses poches, avant d’en sortir un tas de billets verts. Il m’en donna 5. Comme je lui avais demandé. J’étais étonnée. J’étais persuadée que jamais il ne me les donnerait, et même, je n’avais même pas prévu de le forcer. Rien… Je les glissais dans la poche de mon short. Et maintenant. Finalement, il avait payé, il pouvait faire ce qu’il voulait de moi. C’était le deal, au fond… Je reposais les yeux sur ses tatouages, attendant la suite.
Elle luit rappelait Levanah, il aimait ça. Il haïssait ça. C'était difficile de l'expliquer. Physiquement elles se ressemblaient plutôt beaucoup, sauf que Levy n'était pas blonde naturellement contrairement à Frankie. Elles étaient toutes les deux hyper canons et bandantes. Au niveau caractère, il n'en savait encore rien, mais elle semblait lui résisté un peu, comme lui avait résisté Lev' lors de leur première rencontre. Mais Khris savait aussi qu'elles étaient différentes, car il ne voyait tout de même pas le visage de son ex petite-amie à la place de celui de sa rencontre de la soirée. En tout cas, la ressemblance foutait un sacré bordel dans sa tête, il passa une main dans ses cheveux mouillés, ce qui les firent légèrement tenir en l'air. Le jeune homme contempla la morsure dans le cou de la jeune fille avait une immense satisfaction, ce n'était pas tous les jours qu'il avait l'occasion de laisser une trace aussi rouge sur une prostituée. D'ailleurs, il se demande si elle avait un mac, peut-être qu'il aurait des problèmes pour avoir abimé la marchandise, surtout une marchandise d'aussi bonne qualité. Non, Frankie n'était pas un objet à ses yeux, elle semblait différente des autres prostituée et il n'aurait su expliquer pourquoi. Peut-être parce qu'elle avait rejeté un client, peut-être parce qu'elle avait du cran, peut-être parce qu'elle avait décidé de passer un peu de temps avec lui avant de lui demander de l'argent et aussi parce qu'elle lui avait sauvé la vie. Khris avait vu la blonde a moitié nu et s'était bien rincé l'œil pendant quelques instants, mais il lui avait enlevé son t-shirt pour lui mettre le sien, par pour mater. Il lui avait prêté son t-shirt préféré car comme cela personne ne pourrait voir à travers. Oui car, pour lui, elle était déjà en sa possession. Personne ne devait plus la toucher à part lui, difficile pour une prostituée me direz-vous.
- Si j'avais eu envie de mater je t'aurais pas passé le mien. Je t'aurais laissée à poil, comme ça. Et j'espère bien que tu va t'en occuper, sinon, mes 500 $ irons dans la flaque d'eau !
Il en était capable.
- Je vois pas pourquoi j'aurais honte, une pute c'est une personne comme une autre, même une personne plus courageuse qu'une autre. C'est pas comme si c'était la belle vie tous les jours.
Khris sortit une clope de son paquet et l'alluma faisant attention à ce qu'elle ne soit pas mouillée par la pluie, mais au bout de quelques secondes plusieurs gouttes étaient déjà tombées dessus. Il prit la main de Frankie et l'emmena plus loin, sous le petit porche d'une allée, ils se retrouvèrent collés l'un contre l'autre. Ce que Khris pouvait aimer les endroits étroits.
Je restais là à le fier. Et je ne pouvais pas m’empêcher de me demander ce qui se passait dans sa tête. Pourquoi il restait là avec moi ? Et pourquoi dans ce cas, pourquoi, il ne m’avait pas déjà sauter ? J’aurais voulu lui dire qu’il n’avait pas besoin de faire de manière. J’étais une grande fille, je connaissais les garçons, et surtout je connaissais mon métier, je savais très bien comment ca devait se passer. Pas besoin de faire dans la dentelle. Mais finalement, ça ne me déplaisait pas. Ça me changeait, pour ainsi dire. Et je crois que si je l’avais vu s’éloigner, j’aurais pété un plomb. Maintenant, il n’avait plus qu’à rester. Sinon, alors… Je relevais les yeux sur Khris, les bras croisés sur ma poitrine. La pluie ne me dérangeait plus. Comme une odeur désagréable à laquelle on s’accoutume et qu’on ne sent plus. Je ne voyais plus la pluie. Ou plutôt, je la voyais tomber, mais je ne la sentais plus tomber sur moi. Je levais la tête, comme pour m’assurer qu’elle tombait encore. Je plissais les yeux, éblouie par un réverbère. Je devais avoir les yeux explosé pour être aussi agressée par cette lumière. Je préférais ne pas envisager de frotter mes yeux. Je savais que le look panda me guettait. Je posais mes yeux sur Khris. « Tu sais tes 500 balles, si tu les reprends, un autre mec me les donnera dans une heure. » Je me devais de dire ça. Ce n’était pas exactement la vérité, puisque j’avais prévu de laisser tomber pour ce soir et rentrer chez moi, quand j’étais tombée sur lui. Mais demain, un mec me payera le même prix pour baiser un coup. C’était la triste vérité. « C'est pas comme si c'était la belle vie tous les jours. » Qu’est-ce que je pouvais dire ? C’était rien d’autre que la vérité. Je me contentais de le regarder dans les yeux. Un pauvre sourire aux lèvres. Il sortit un clope, je fis de même. L’alluma tant bien que mal avec mes mains qui tremblaient de froid. En fait, j’avais bel et bien froid. C’était juste que je ne m’en rendais pas compte. Une fois fait, Khris attrapa une nouvelle fois ma main et m’entraina sous un porche. Je lâchais un soupir de contentement : c’était peut-être sa meilleure idée ; plus de pluie. J’étais collée contre lui. En respirant, je remarquais la buée qui sortait de ma bouche. En posant mes bras contre le torse de Khris, je remarquais la chair de poule. J’étais sur que si je me concentrais, je sentais mes dents claquer. J’avais en fait vraiment très froid. Khris me dépassait d’au moins une tête, sinon plus. Je levais les yeux vers lui. Je devais avoir l’air d’une gamine à grelotter comme ça. Mais je m’en fichais, s’il n’était pas content, il avait qu’à se casser. « Qu’est-ce qu’on fait là ? »
Il ne savait pas pourquoi il n'avait pas encore tenté de la baiser. Peut-être parce qu'il faisait vachement froid et qu'il croyait pouvoir sentir ses couilles se transformer en glaçons, ou parce qu'elle était une prostituée, qu'elle était trop belle pour être traitée de la sorte. Ou tout simplement parce qu'il la pensait différente des autres, il ne savait pas exactement pourquoi, mais elle semblait avoir quelque chose en elle qui montrait qu'elle était différente. Et il était attiré par elle, fortement attiré par elle. Il était attiré par une pute. Khris Eden Jones est attiré par une prostituée. Elle répondit au fait qu'il allait jeter les 500 $ dans l'eau, au fond, ce n'était que de la petite monnaie pour lui. C'était son argent de poche quand il était au collège, rien du tout à ses yeux. C'était comme donner 1 € pour une personne normale. Il avait toujours été riche, c'était pour ça qu'il ne se prenait jamais la tête avec l'argent et qu'il en donnait à peu près à tout le monde.
- Ouais, sauf que mes 500 $ tu les as sans te mettre à genoux, et pas pour prier, bien que je sois Jésus.
Il laissa sa tête taper contre la porte derrière lui, fermant les yeux, les bras autour de Frankie pour la réchauffer un minimum. Il se sentait assez con à ce moment là. Il le sentait mal, il n'aurait surement pas du venir dans cette ruelle et lui parler, il le savait. Elle ne lui apporterait que des ennuis, il allait encore faire des conneries, il allait encore faire du mal aux autres. Faire du mal à des personnes qu'il n'aime pas : d'accord. Mais pas à ceux auquel il tient, malheureusement, on ne peut pas toujours faire le tri. Il avait légèrement envie de prendre ses jambes à son coup, mais il ne put pas, il se reteint de toutes ses forces et par la même occasion il serra un peu plus Frankie contre lui sans le vouloir, sans même s'en apercevoir. Il s'empêchait aussi de claquer des dents, s'imaginant dans son lit bien chaud. Ouais, il aurait adoré être dans sa couette avec un bon spliff. Avec la blonde ou pas, comme elle en avait envie, mais il voulait être au chaud. Mais il se rappela qu'il habitait assez loin et que, à pied, ça risquait de prendre du temps.
- On se met à l'abri pour avoir un minimum moins froid et essayer de sécher le temps que la pluie s'arrête, ce qui ne risque pas d'arriver avant une bonne heure jpense. Tu vas devoir me supporter jusque là, bonne chance franchement. Mais bon, j'ai quelque chose pour faire passer le temps...
Il fouilla dans une de ses poches et trouva un sachet de pilules qu'il agita sous le nez de Frankie, un air de défi collé au visage.
Je me demandais vraiment pourquoi je restais encore là. Avec ce mec qui m’avait donné 500 dollars, mais qui ne m’avait même pas encore embrassé. Ce n’était pas ce dont j’avais l’habitude et ça me perturbait. J’avais fini par ranger ses billets dans ma poche, consciente qu’il ne les reprendrait sans doute pas. J’étais gelée, mais ses bras autour de moi avaient quand même le don de me rassurer, il resserra son étreinte autour de moi. Je ne disais rien. Il n’y avait rien à dire. Finalement, il avait l’air aussi paumé que moi. Pas genre, paumé dans une rue ; paumé dans la vie plutôt. Khris fini par sortir un sachet qui contenait des petites pilules dont je connaissais que trop bien les effets. J’avais arrêté les drogues trop dures en arrivant à San Francisco. Du moins, j’avais arrêté d’en acheter. Mais quand on m’en proposait, j’avais du mal à résister. D’ailleurs, je ne résistais pas. Ma main attrapa le sachet, l’ouvrit, en silence. Je posais une pilule sur ma langue, sans regarder Khris, qui je le savais m’observait. Après quoi, je passais comme tout à l’heure ma main dans sa nuque et rapprochais son visage du mien. Je lui fis passer sa précieuse pilule au cours d’un baiser. Embrasser Khris, ce n’était pas comme embrasser n’importe qui, finalement. Mais c’était exactement le genre de détail auquel il ne fallait pas que je pense. Si je commençais comme ça, je n’en finissais plus. Et je deviendrais incapable de bosser correctement. Je reculais mon visage. Mais je ne le regardais pas. Ce n’était pas le moment de tout foutre en l’air. Il fallait que je reste pro. Il fallait que je reste loin. Parce que sinon. C’était la fin. Je fis un sourire. « Rester avec toi une heure ? Hm… je ferais mieux de retourner bosser. Le coup du tee-shirt mouillé ça plait aux mecs. Je devrais aller vérifier. Je suis sure que je trouverai vite quelqu’un. » Au fond de moi, je savais très bien ce que je faisais. Ce que je voulais. Je voulais le faire enrager. Lui faire comprendre que si ce n’était pas lui, c’était quelqu’un d’autre. Je n’avais pas la moindre idée de pourquoi je faisais ça. Mais je voulais qu’il ne veuille que moi. C’était comme ça. Toujours sans le regarder, je me décollais de lui et commençais doucement à m’éloigner. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser « Et s’il ne te rattrape pas pauvre conne ? ». Mais tant pis. J’étais lancée. Je ne savais pas dans quelle histoire je m'embarquais. Je ne connaissais pas ce mec.
Il gardait une sensation bizarre au creux du ventre en la serrant contre lui. Une sorte d'appréhension, et si elle s'en allait sans rien dire ? Et si elle le laissait planté là comme un con ? Khris ne comprenait pas pourquoi il se posait tant de questions, il ne savait pas pourquoi il voulait qu'elle reste là avec lui, seulement avec lui. Pas avec un mec qui la baiserait pour du fric, pas avec un gros plein de graisse, pas avec un pervers qui lui ferait du mal, pas avec quelqu'un qui la ferait souffrir. Même si une petite voix dans sa tête répéta sans cesse « C'est toi la personne qui la fera le plus souffrir. », encore et encore. Frankie attrapa le sachet, il le lâcha sans se poser de questions. Il ne fut pas surpris lorsqu'elle l'embrassa pour lui donner sa pilule, elle embrassait pire que bien. Khris avait passé doucement sa main dans ses cheveux blonds, complètement mouillés, complètement sexy. Il avala la drogue, il en connaissait les effets, il les vendait. Et elles étaient bonnes, pour les avoir essayées à plusieurs reprises, il savait qu'il serait dans un sale état. Mais il s'en foutait après tout, ça ne changeait pas beaucoup de d'habitude. La seule chose qui changeait c'était Frankie, il n'était pas seul ou en compagnie d'une fille sans intérêt. Celle-ci avait de l'intérêt et il ne pouvait toujours pas expliquer pourquoi.
- Rester avec toi une heure ? Hm… je ferais mieux de retourner bosser. Le coup du tee-shirt mouillé ça plait aux mecs. Je devrais aller vérifier. Je suis sure que je trouverai vite quelqu’un.
Il ne dit rien, il préféra ne rien dire. Frankie s'éloigna, lentement, comme si elle n'avait finalement pas envie de le laisser sous ce porche. Lorsqu'elle disparu au coin de la rue il se fit violence pour ne pas aller la chercher, il serra les poings, mais la voir dans les bras d'un autre lui donna envie de frapper tout ce qu'il pouvait. Un mec mec dans la rue, une vieille dame, un enfant. Non, quand même pas, seulement un mec dans la rue. Il voulait frapper, il se reteint, encore et encore. Il ne bougeait pas. Et, finalement, il sortit sous la plus. Marchant, pensant qu'elle serait juste devant lui, courant, au rythme de Violent Dreams dans sa poche. Elle s'était vraiment barrée, elle n'en avait donc rien à foutre de lui. Mais, au bout de la rue, il distingua une tête blonde, trempée jusqu'aux os. Il couru encore plus vite, il manqua de glisser à plusieurs reprises mais retrouva toujours l'équilibre. Khris arriva enfin à sa hauteur, il la prit par les épaules, la plaquant contre le mur, les yeux dans les yeux, essoufflé au maximum. Il l'embrassa.
Je m’étais éloignée. Presque à contre cœur. Non pas à contre cœur, Frankie. Ne commences pas comme ça ! Tu sais très bien que ce n’est pas pour toi. Petit à petit, j’avais quitté le porche. J’avais laissé Khris à l’abri, j’étais retournée sous la pluie alors que tout ce que je voulais, c’était l’embrasser une deuxième fois. Plus je m’éloignais, moins j’entendais la musique que diffusait Khris. Je tournais au coin de la rue, et fermais les yeux. Je me concentrais sur ma respiration. Je passais une main sur mon visage, puis dans mes cheveux trempés. Cette soirée était tout aussi merdique qu’elle était merveilleuse. Je respirais encore, me collais contre un mur, levais la tête, vers le ciel, et la pluie qui s’écrasait sur mon visage. Une minute, deux minutes… Il ne revenait pas. Il ne reviendra pas. Ils ne reviennent jamais. J’enfonçais mon poing dans le mur derrière moi ; et tant pis si je saignais. Avant de me décoller de celui-ci. Puisque Khris ne revenait pas, il fallait que je trouve quelqu’un d’autre. Je regardais autour de moi. Évidemment, il n’y avait plus personne nulle part. Une voiture était arrêtée un peu plus loin. Je commençais à me diriger vers celle-ci. Mais j’entendis des pas rapides se rapprocher derrière moi. Puis des bras me retourner, avant de me coller contre le mur. Je me doutais trop bien de qui c’était. Ne pas sourire, ne pas montrer mon contentement. Il planta son regard dans le mien. Et merde. Ne me regarde pas comme ça ! Il écrasa ses lèvres contre les miennes. J’oubliais la voiture, là-bas. J’enroulais mes bras autour de son cou. Ne pas coucher avec lui. Faut pas déconner quand même. J’avais déjà du mal après qu’il m’ait embrassé, je préférais ne même pas imaginer le résultat sur mon état psychologique après une baise. Je décollais mes lèvres des siennes, les bras toujours autour de son cou. Je donnais un petit coup de tête en direction de la voiture. « C’est mon boulot qui m’attends là-bas. Tu me laisse partir ? » Non. Fais pas ça.
Il crut que se deuxième baiser n'allait jamais se terminer, il en avait envie. Frankie ne l'avait pas repoussé, elle avait même encerclé ses bras autour de son coup. Il comprenait mal la situation à cause des pilules, il avait de plus en plus de mal à réfléchir avant d'agir. Il avait envie d'elle, il aurait put coucher avec elle sur le trottoir pour ne plus attendre une seconde de plus. Il ne comprenait pas pourquoi il en avait tant envie. Khris, reprends-toi, c'est qu'une pute, elle n'est pas pour toi, elle n'est pour personne. Tu vas partir et tu l'oublieras, tu vas boire encore plus, fumer encore plus, te détruire encore plus et peu à peu tu oublieras presque son visage et ses formes. Et tu ne verras plus que les ténèbres qui t'envelopperont. Lorsque leurs lèvres se décrochèrent enfin, pleines de regrets, il scruta ses yeux pour essayer de comprendre ce qu'ils faisaient là, tous les deux, au lieu de rentrer chez eux et de s'oublier pour aller mieux. Les yeux de Frankie ne lui donnèrent aucune réponse, ils ne lui renvoyèrent qu'une seule phrase « Empêche-moi de partir. ». Khris tentât d'oublier ce qu'il venait de penser, il essaya de se convaincre qu'il n'avait pas comprit ça dans les yeux de la jeune fille, mais il ne put oublier ce regard même en fermant les yeux. La voix de Frankie lui fit ouvrir les paupières. Il suivit le signe de tête de la jeune femme, voyant la voiture quelques mètres plus loin. Il desserra lentement son étreinte autour de la jeune femme, il recula un peu histoire de la regarder de haut en bas. Ses cheveux blonds trempés, le maquillage coulant, son t-shirt Crystal Castles, toute petite comparé à la grande taille de Khris. Et il l'imagina dans cette voiture, avec ce mec, en train de baiser sans plaisir, pendant surement pas plus de 5 minutes. Il ne lui en fallut pas plus, il ne pouvait plus tenir. Le new-yorkais recula sur la route, regardant Frankie, lui faisant comprendre un « Je reviens. ». Il s'avança vers la voiture, se foutant de ce que pourrais dire la jeune fille, elle n'était pas en mesure de l'arrêter. Khris frappa à la fenêtre de la voiture, se pliant en deux pour pouvoir être à la hauteur du mec.
- C'est combien pour la petite blonde ? - Y'a pas de prix, elle est à moi. - T'es drôle toi, j'l'ai baisée la semaine dern...
Le mec n'eut pas le temps de finir sa phrase, Khris lui balança un coup de poing en pleine face. Il allait encore se battre, il allait encore avoir des marques, tant pis ça donnait un coté sexy et bestial -joke-. Le mec sortit de sa voiture, l'air sacrément énervé, mais Khris lui balança un autre coup de poing dans le ventre avant qu'il ne l'attaque. Encore un gars qui ne savait pas se battre et que le jeune homme allait mettre à terre. Et il ne fallut pas beaucoup de temps avant qu'il ne se retrouve couché sur le trottoir à se tordre sous une pluie de coups de pieds.
Je n’appartenais à personne. Jamais. Ou alors c’est qu’on ne savait pas qui j’étais. Ce que je faisais. Aucun mec ne se case jamais avec une pute. Je m’en foutais. Je ne voulais pas me caser. Ni avec un mec, ni avec une fille. Pourquoi faire ? C’était la fin de tout, la fin de ma liberté, la fin de mon job. J’étais incapable de me caser. En tout cas, le dernier avec qui j’avais fait ça, il avait fait de moi une pute. Alors, je ne comprenais pas Khris. Il savait que j’étais une pute sans avenir, mais il restait là. il venait de me courir après. J’étais perdue. Je ne savais plus quoi penser de lui. La solution était facile : arrêter de penser. Khris occupait mon esprit, il ne fallait donc pas faire trop d’efforts. Après m’avoir embrassé, il m’avait laissé à bout de souffle. Il regardait la voiture, me fit un signe et s’éloigna vers celle-ci. Je restais collée contre le mur, perplexe. Je ne le lâchais pas des yeux. Il n’allait pas faire ça ? Bon dieu, dites moi qu’il n’allait pas vraiment faire ça ?! J’entendais la conversation. « C'est combien pour la petite blonde ? » « Y'a pas de prix, elle est à moi. » « T'es drôle toi, j'l'ai baisée la semaine dern... » Plus un bruit. Je plissais les yeux, pour voir à travers la pluie. Je me décollais du mur et commençais à me rapprocher, doucement. Khris balança son poing dans le visage du mec. J’eus un sursaut. Mais quel con. J’accouru. Je n’avais pas d’autre choix que d’attendre que Khris ait foutu se mec à terre pour pouvoir intervenir. J’attrapais son bras et l’entrainais de ma toute petite force avec moi. Quel con ! Khris était incontrôlable, mais je ne pouvais pas le laisser faire ça. C’était mon business qui foutait en l’air. « Putain, mais t’es vraiment trop con ! Pourquoi tu fais ça ?! » hurlais-je, une fois qu’on avait changé de rue. Je le frappais de mes petits poings. « Non mais je rêve ! Est-ce que je fous en l’air tes deals, moi ?! Putain mais… » Je ne trouvais pas mes mots. Je posais ma main sur mon front. J’étais complètement sous le choc. Pourquoi est-ce que Khris avait frappé ce mec, sérieusement ?
Khris ne contrôlait plus ses mouvements, l'image de Frankie en train de sauter sur les genoux de ce mec le hantait, elle lui faisait mal, elle le répugnait. Il en était presque au point de vomir. Pourquoi s'énervait-il autant pour elle ? Pourquoi avait-il dit qu'elle était en sa possession ? Il n'en savait rien, il ne voulait pas savoir. Il en avait marre de penser, il voulait tout oublier et se barrer en courant, mais ses jambes continuaient de frapper ce pauvre type même pas capable de se trouver une copine pour baiser. Mais merde, il s'était mit dans un état pas possible à cause d'une fille qu'il connaissait depuis même pas une heure. Il entendit les petits pas de Frankie dans les flaques d'eau, ses petites mains sur son bras. Elle le tira, il se laissa faire. S'il l'avait voulu il aurait continué de frapper ce mec, jusqu'à ce qu'il chiale et qu'il s'excuse, qu'il crève de honte. Mais il se laissa entrainer par la jeune fille, jetant un dernier regard au corps endoloris couché par terre, saignant du visage. Frankie le traina sur plusieurs rue, il ne dit rien, il se contenta de fixer son dos... et un peu plus bas. Oui bon hein ! Un mec reste un mec, même dans une situation comme celle-ci ! Surtout vu comme elle était foutue... comment résister ? Puis ils s'arrêtèrent dans une rue, toujours sous la pluie, toujours trempés, toujours l'un avec l'autre, seuls. Frankie lui demanda pourquoi il faisait ça, et il n'attendit pas plus longtemps pour répondre.
- J'en sais rien tu vois, j'me dis qu'en fait t'en vaux surement pas la peine, que j'me fatigue pour rien. Tu sais quoi ? Si t'as tant envie de baiser, vas-y, fais-toi prendre par un sale pervers, attrape une maladie et crève.
Khris ne s'était même pas rendu compte qu'il s'était mit à crier. Il sortit le reste de ses billets, il ne compta pas, il n'en avait rien à foutre, il attrapa un des poings qu'elle abattait sur lui et il les mit dedans. Il la poussa, il fallait qu'elle reste loin de lui, le plus loin possible, pour leurs bien à tous les deux. Il serra les poings, il fallait qu'il se calme. Il ne voulait pas lui faire de mal, il fallait qu'il la laisse s'en aller.
- Le mieux, c'est que je me barre, que t'aille trouver un client. Qu'on oublie ça et qu'on essaye de pas se recroiser. Sur ce, adieu.
Je l’avais entrainé avec moi. J’avais fait ce que je pouvais pour qu’il n’en vienne pas à tuer ce mec. Ce n’était vraiment pas le moment. C’aurait été vraiment la merde. Arrivée dans une rue éloignée, personne ne passait. Je m’étais arrêtée sous un réverbère. Je me retenais de déverser un flot d’insultes. Ce qu’il avait, c’était incompréhensible. Mais je n’avais pas envie de lui en foutre plein la gueule. « J'en sais rien tu vois, j'me dis qu'en fait t'en vaux surement pas la peine, que j'me fatigue pour rien. Tu sais quoi ? Si t'as tant envie de baiser, vas-y, fais-toi prendre par un sale pervers, attrape une maladie et crève. » Quel connard. Non je n’en valais surement pas la peine. Mais j’avais l’habitude de ne pas en valoir la peine. Si tu savais. Je me retenais de le gifler. C’était ma vie, il n’était personne pour pouvoir choisir pour moi. Je ne faisais pas ce métier pour le plaisir, plutôt par facilité. Et si j’avais pensé qu’il était différent, il me montrait le contraire. Pourtant, j’avais du mal à le croire. Mais tant pis, il disait tout ça. Et je me foutais qu’il regrette un jour. Ou pas. Je restais sans rien dire, le laissant déverser sa rage. J’aurais voulu le secouer pour le calmer. Lui dire de la fermer. Mais non. Il attrapa ma main et il colla les derniers dollars qui restaient dans ses poches. Si tu savais, si tu savais comme je m’en fous de tes sous. Je n’en ai rien à foutre de tout ça. Il s’éloignait. Et j’explosais. Je lâchais ses billets par terre, dans les flaques d’eau autour de moi. Je regardais son dos qui s’éloignait. « C’est ça, casse-toi, connard ! J’en ai rien à foutre de tes billets de merde. T’as pourri ma soirée ! Tu te crois plus malin que tout le monde ?! Retourne tuer un mec, retourne te faire écraser ; j’en ai rien à foutre. » Je hurlais, je voulais être sure qu’il entende chaque mots que je disais. Que chaque syllabe l’atteigne, comme elles m’atteignaient moi. Je savais très bien que je mentais. J’attendais qu’il revienne. Mais cette fois c’était la bonne. C’était fini. Je restais quelques secondes là. Il tourna au coin d’une rue. Je parti dans l’autre sens. J’allumais une cigarette. Qu’est-ce que je faisais maintenant ? Et merde, j’avais envie de rien. Je fis demi-tour et rentrais chez moi. Arrivée à la maison, je me jetais sous une douche brulante, faire disparaitre tous les restes de cette soirée. Je savais que quelque part, Khris faisait la même chose. Une bouteille de vodka à la main, je m’effondrais sur mon canapé. Laissez-moi oublier tout ça.