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Let's Have Some Fun [feat Domenico] i'll be fine once i'll get it, i'll be good
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Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Mer 14 Sep - 22:27 | |
| Wherever it may take me I know that life won't break me When I come to call she won't forsake me I'm loving angels instead…. On était mardi soir, je venais de rentrer chez moi quand j’entendis mon téléphone portable vibrer dans ma poche. Entre mille et une choses dans mes mains, je ne pouvais l’atteindre pour l’instant. Alors que j’ouvrais avec difficulté la porte de mon appartement, j’entrais enfin à l’intérieur, déposant mes clés, mon sac et mes dossiers sur la première table basse du hall d’entrée. D’un coup sec, au même instant, j’allumais ma chaîne hifi. C’était comme un rituel pour moi, la musique avait ce don de me relaxer. Surtout avec cette musique sur laquelle j’étais tombée. Celle de Robbie Williams. C’était sur cette chanson que j’avais dansé mon premier slow avec Domenico. Et à chaque fois que je la réécoutais, je ne pouvais empêcher mes pensées de vagabonder vers lui. C’est alors, presque exténuée, que je tombais machinalement sur mon sofa. J’enlevais rapidement mes escarpins, me massant légèrement les pieds. Puis je me rappelais que j’avais un message encore non lu sur mon téléphone portable. Je passais une main dans mes cheveux, puis avec l’autre, j’attrapais le petit engin électronique. C’était Domenico. Je lisais son message avec presque un sourire sur le coin de mes lèvres. Je me surprenais à sourire dès que je voyais des choses à lui. Que ce soit sur Facebook, sur mon téléphone ou alors le simple jardinier devant mon bureau au travail. Je devenais complètement bête et je m’en rendais compte. Au début, je me disais que cela allait être passif, qu’un jour ou l’autre j’allais arrêter d’agir comme une adolescente qui découvre ses hormones. Mais non, plus les jours avançaient et plus je réagissais de façon excessive vis-à-vis de ma relation avec Domenico. Mais bien sûr, j’avais trop d’orgueil pour admettre quoi que ce soit. Je me faisais alors discrète, ça je savais bien le faire, et je continuais à vivre ma vie.
Si on en revenait au message que m’avait envoyé Domenico, il me demandait si ça me disait d’aller à la fête foraine. Oui, j’avais vu ça dans les journaux locaux : une fête foraine s’installait à San Francisco pendant un moment. Ce n’était pas vraiment quelque chose d’habituel pour moi. C’est dire, je ne m’en rappelle même plus la dernière fois que j’y suis allée. Mais le prétexte était d’aller voir Domenico, donc je répondais à son message, lui annonçant que j’acceptais sa proposition. Nous nous fixâmes un rendez-vous pour le lendemain en fin d’après-midi, lorsque nous aurions tous deux terminer notre boulot. La dernière fois que je l’avais vu, c’était il y a trois jours : nous étions allés au Casino et j’avais cru comprendre que, malgré la situation précaire de Domenico, il s’était amusé dans ce genre d’endroit. Je ne perdais pas espoir pour lui parler de cette situation qui le dérangeait, je pensais donc déjà avoir fait un pas énorme en l’amenant à cette soirée.
Dieu sait comment le temps passe vite. Je n’eus même pas le temps de souffler que l’après-midi pour la fête foraine arrivait à grands pas. Il ne me manquait que quelques dossiers à régler, mais mes pensées étaient, à vrai dire, plutôt portées sur ce qui allait arriver ce soir. Pas besoin de l’avouer, mais j’avais hâte. Je terminais donc vite fait, mais bien fait, mes conclusions sur des clients puis je sortais rapidement de mon bureau pour me rendre chez moi. Une fois arrivée, j’entrepris de me prendre une douche rapide, de me remaquiller et de m’habiller de façon simple mais classe : jean, chemisier et des sandales à talons. Je frottais mes cheveux avec ma main pour leur donner du volume puis je sortais, par le même coup, de chez moi jusqu’à ma petite Chevrolet. La fête foraine se déroulait à, à peine, dix minutes d’ici. J’espérais juste que le trafic n’allait pas faire des siennes maintenant.
Avec de la chance, j’arrivais enfin à destination. Je garais ma voiture dans le parking prévu à cet effet. Mon regard d’observatrice annonça que Domenico était déjà arrivé : je voyais sa voiture garée un peu plus loin. D’un pas assuré, je rentrais enfin dans le petit parc puis je me dirigeais vers l’endroit où nous nous étions donné rendez-vous : la grande roue. Il y avait déjà pas mal de personnes qui profitaient de cette fête foraine. Tout en marchant, je reconnus de loin la forme de Domenico. Il était appuyé contre une barrière du manège et avait le regard légèrement ailleurs. Je m’avançais, presque en sautillant, vers lui :
« Salut Dom! » dis-je doucement.
Je m’approchais ensuite de lui pour l’embrasser un instant, puis je me séparais de lui avec un léger sourire :
« Tu veux qu’on fasse quelque chose de précis? » |
| | | | Jeu 15 Sep - 1:44 | |
| -Domenico, j'aimerais que tu me refasses l'entretien des tournesols. Le sol semble pauvre et mal nourri.
Avec mon visage impassible, j’acquiesçais sagement à la requête de ma cliente même si je commençais à avoir les nerfs en boule. Ces derniers temps, je pouvais faire des semaines de travail de 60 heures. 60 heures d'efforts physiques, c'étaient énormes! J'avais à peine le temps de pouvoir penser autre chose que jardinage. Décidément, la fin de saison estivale et le début de l'automne était beaucoup plus exigeante que je l'aurais pensé. En choisissant d'abord le métier de jardinier temporairement, je n'étais pas capable de m'imaginer que cela allait être aussi sérieux et même très professionnel. Je ne regrettais pas l'expérience de travail que cela me fournissait et ainsi les nombreuses connaissances que j'avais fait au fil des mois sur la flore, mais je devais avouer que même si je m’attelais à la tâche sans chialer, je trouvais cela difficile. Quand je ne travaillais pas, j'avais tout juste le temps de prendre un maigre repas, prendre mes courriels, peut-être parler quinze minutes avec un proche et après, je devais aller récupérer. Toutefois, un autre problème surgissait: comme j'avais des troubles de sommeil, il m'était impossible de faire des nuits complètes et ce, même si j'avais épuisé toutes mes réserves d'énergie. Alors, j'accumulais de la fatigue et ma vie devenait une routine plate. Je m'ancrais dans ma solitude et avec le temps, je retrouvais mes habitudes de solitaire endurci. C'est-à-dire que je ne parlais peu, je devenais irritable facilement, je ne réfléchissais que par la raison et non par mes propres sentiments, etc. Le fait étant que même si je me plaisais dans ma solitude, je ne pouvais par contre contrer les impacts que cela avait sur mon humeur. Disons que les autres en écopaient plus que moi.
Donc voilà, j'étais pris dans une routine infernale et chaque jour semblait se ressembler. Heureusement, il y a de cela trois jours, j'avais pu finir plus tôt pour accompagner Denver à ce super concert de jazz au casino. J'avais vraiment été ravi de notre soirée: le spectacle était sensationnel, la nourriture servie au restaurant goûtait le paradis et j'avais réussi à m'empocher 100$, ce qui m'aiderait à payer une partie de mon loyer pour ce mois-ci. Vraiment, j'étais heureux de revoir Denver, car le temps nous manquait à tous les deux. En plus, elle avait été ravissante. J'étais un homme comblé, il va sans le dire. Puis, le lendemain, avant de partir travailler, j'avais vu une annonce dans le journal qui évoquait une fête foraine pour ramasser des fonds suite à la tempête dont San Francisco avait été victime. Appréciant l'idée, j'avais ensuite envoyé un texto à Denvee pour lui demander si elle voulait m'accompagner. On s'était alors fixé un rendez-vous à telle heure, telle date, à la fête. Toutefois, même si cette prise de rendez-vous avait été faite quelques jours auparavant, il me semblait maintenant que c'était à des années lumières dans mon esprit. Avec ma cliente désagréable qui me demandait de faire un peu de temps supplémentaire un vendredi sans me donner un petit plus, j'avais d'autres chats à fouetter. Néanmoins, sans broncher, j'avais poliment accepté de m'occuper de ses tournesols même si l'envie me manquait. L'éthique de travail, c'était important pour moi. Malheureusement, quand je la suivais trop au pied de la lettre, je finissais par être le premier victime de mes choix. Tant pis: j'étais fait fort après tout.
Donc, après être exténué de ma journée au boulot, j'étais rentré dans mon appartement en hurlant de plaisir de pouvoir peut-être profiter d'une petite sieste. Je m'apprêtais à roupiller quand mon téléphone portable vibra dans ma poche arrière de pantalon. Nonchalamment, je le sortis pour découvrir la cause de la vibration. À cette constatation, mes yeux s'ouvrèrent très grands: le calendrier m'avait annoncé le rendez-vous dans moins d'une heure. Je me relevais aussitôt de mon lit en allant me jeter un coup d'oeil dans la glace: j'avais une sale tronche. J'avais une barbe de trois jours -qui n'était pas si énorme, mais visible sur ma peau basanée- et de légères poches sur les yeux. Par ailleurs, je sentais la porcherie. Pendant l'ombre d'un instant, je pensais appeler Denver pour lui dire d'annuler le rendez-vous puisque j'étais trop crevé. Toutefois, je me ravisais rapidement, car j'ignorais quand j'aurais la chance de la revoir bientôt. Avec nos horaires chargés, il ne fallait pas compter sur la disponibilité de l'un et l'autre. En plus, j'avais envie de la voir et changer d'air pourrait peut-être me donner un peu plus d'énergie. Je sautais donc dans la douche en vitesse, ne pris pas la peine de raser ma petite barbe, brossai mes dents, pris des vêtements neufs: chemise à carreaux et paire de jean noire et me mis de l'eau froide dans le visage pour atténuer mes traits tirés. D'habitude, on ne pouvait apercevoir ma fatigue physiquement. J'étais un très bon poker face. Je comptais l'être ce soir puisque je ne voulais pas faire tourner au vinaigre cette soirée.
Il me fallut une vingtaine de minutes pour me rendre et me stationner à proximité de la fête foraine. J'avais dix minutes d'avance, comme toujours. Je payais mon billet à l'entrée en n'accordant aucun sourire à la caissière et me dirigeai devant la Grande Roue, lieu de notre rencontre. Je m'appuyais contre la barrière en regardant de manière désintéressé les gamins qui montaient deux par deux dans chacune des cabines. J'avais acheté au passage une pomme d'amour pour Denver puisque je me disais que nous devions au moins correspondre au cliché de chaque fête foraine. Alors, en l'attendant, je fixais la Grande Roue sans vraiment la voir. Mon esprit vagabondait je ne sais trop où. Je pouvais même sentir mes paupières se fermer légèrement. L'atmosphère était propice puisque le soleil était déjà couché à cette heure-ci. Si je le pouvais, je pouvais même ignorer le vacarme des lieux pour m'isoler dans mes pensées....
Or, cela ne resta pas longtemps ainsi. Denver vint vite me rejoindre. Je lui fis un minime sourire. J'étais heureux, mais mes humeurs m'empêchaient de pousser mes sentiments à des dimensions plus poussées et ressenties. J'accueillis son baiser sans y mettre l'avidité de désir. Je ne faisais qu'y répondre quoique j'étais heureux de le faire. Lorsqu'elle me demanda ce que je voulais faire, je lâchais un gros soupire. Je me mis à regarder les lieux avec peu d'intérêt. J'aimais les fêtes foraines, mais là, tout de suite, j'étais plutôt légume.
-Je ne sais pas...On fait ce que tu veux.
Classique de tous les mecs qui n'en n'ont rien à foutre et qui ne veulent pas prendre des décisions. J'espérais qu'elle ne le prenne pas mal. Tant que j'étais avec elle, c'était ce qui comptait. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Jeu 15 Sep - 19:20 | |
| Cette soirée était pour moi synonyme d’amusement et de détente. Les manèges c’était bien fait dans le but de se divertir. Et puis en la présence de Domenico, ça allait sans doute être meilleur. C’était toujours lui qui organisait les choses, qui trouvait des idées. Et même avec ma mauvaise humeur, il arrivait souvent à me faire rire et à oublier mes petits soucis. J’espérai donc, que ce soir, il fasse la même chose. Car de un, j’en avais pour l’instant un peu marre de mon boulot et de la tonne de chose que j’avais à faire et de deux je voulais encore une fois oublier toutes ces choses stressantes en sa compagnie. C’est simple, j’avais besoin de lui pour tout ça. Mais bien entendu, j’étais trop orgueilleuse pour l’admettre. Alors que j’étais arrivée près de lui, mon œil d’observatrice qualifiée avait remarqué plusieurs choses. D’une, chose qui sautait aux yeux, il n’était pas rasé. Je pouvais même dire que c’était la première fois que je le voyais avec une légère barbe de trois jours. Et par la suite, j’en avais fait les frais en l’embrassant : ça piquait. Ensuite, d’une autre part, j’avais noté qu’en l’embrassant, il y avait eu une certaine réticence. Certes minuscule, mais l’ayant déjà embrassé auparavant, c’était la première fois que je notais cette chose là. Comme si il était fatigué de faire ça. Comme si il n’était guère intéressé, qu’il n’éprouvait rien. Ou alors, j’avais embrassé un peu mal sur le coup. Aucune idée. Mais toutes ces petites choses là me faisaient travailler le cerveau. Il était un peu différent sur le coup le Domenico.
Un peu déconcertée, j’essayais d’enchaîner sur autre chose. Je pensais que c’était sûrement le fruit de mon imagination tout ça, que Domenico n’avait pas changé aussi subitement. C’était lui d’ailleurs qui m’avait invité à cette fête foraine, pas moi! Je me faisais sûrement des idées. Je continuais donc sur ma lancée en lui demandant ce qu’il voulait faire. Sur le moment où je terminai mon interrogation, j’attrapais rapidement la pomme d’amour des mains de Domenico pour l’entamer. J’avais une faim de loup, je n’avais même pas eu le temps de manger. Alors que je mangeais par petits morceaux, j’entendis Domenico soupirer. Je levais les yeux vers lui, arrêtant momentanément de mâcher la gourmandise. Il le lâcha qu’il ne savait pas et qu’on allait faire ce que je voulais. Je mis du temps à répondre. Je restais là, à l’observer, intriguée. Il n’en avait rien à faire. Je n’avais pas rêvé tout à l’heure, il avait vraiment l’air de s’emmerder là. Alors que je jouais machinalement avec la pomme d’amour entre mes doigts, je soupirais également à mon tour :
« Tu as l’air vraiment emballé d’être là. » répondis en fronçant les sourcils.
Vu la tête qu’il était en train de faire, c’était le cas de le dire. D’habitude, j’aime décider. J’aime entraîner les gens sur ce que je veux faire moi, sans que personne d’autre n’ait le choix. Mais là, sur le coup, ça ne me plaisait pas. Même pas du tout. C’était quoi cette façon d’agir? Il avait même à peine sourit lorsqu’il m’avait vue arriver. Il avait jeté un pauvre regard à tous les manèges. S’il n’avait pas agit comme ça, je lui aurais simplement répondu que j’aurais adoré faire la Grande Roue. Mais là, il n’aurait plus aucune chance de me tirer cette réponse là. Parce que maintenant, j’étais plus concentrée sur autre chose à vrai dire. « J’ai même l’impression que tu n’es pas heureux de me voir. »
Le pire, c’est qu’il n’avait pas d’expression sur son visage! C’était le poker face par excellence. Je ne voulais pas m’énerver, pas maintenant. Mais il fallait avouer qu’avec la fatigue et si Domenico continuait dans cette voie là, ça n’allait sûrement pas tarder. |
| | | | Ven 16 Sep - 0:01 | |
| Quand je vivais en Équateur, il y avait quelques fois où un fête semblable à la fête foraine prenait place au centre-ville de Quito. Je me souvenais: avec mes soeurs, je parcourais des kilomètres en marche à pied pour seulement entrapercevoir entre les grilles ce qui se tramait. Les manèges, les kiosques... je les regardais avec envie. Avec notre budget familiale restreint, nos dépenses étaient toutes surveillées et contrôlées. Une sortie dans ce type de fête relevait des dépenses inutiles et jamais mes parents nous auraient laissé l'argent pour y aller. Encore, mes soeurs et moi n'aurions jamais eu l'idée de commettre l'effronterie suprême: demander des sous. On savait que c'était un sujet délicat dans la famille, alors on n'en parlait pas. Donc bref, du haut de mes quatre ou cinq ans, je contemplais tout ce qui m'était inaccessible, me résignant face à mon triste sort. Cette fête était de passage dans la ville pour huit jours et je me souvenais que je m'étais présenté chaque jour, devant la grille, à regarder les autres citoyens circuler et s'amuser dans le petit parc d'attraction improvisé. Or, le dernier jour de sa tenue, ma soeur aînée Donna m'invita à m'infiltrer avec elle à l'intérieur. Ce n'était pas légal, mais elle voyait comment je mourais d'envie d'aller m'amuser et elle considérait que je méritais de me faire gâter. Même, pour notre salut, nous nous étions promis que le dimanche suivant, à l'église, nous demanderions à Dieu le pardon pour ce pêché. Ainsi, j'eus ma première expérience de simili fête foraine. C'était génial. Mes souvenirs n'étaient que tous positifs. Je ne savais pas si c'était ma mémoire qui les avaient embelli ou si c'était simplement le reflet de la vérité. Néanmoins, en ayant aperçu l'annonce dans le journal trois jours plus tôt, c'était ce souvenir qui m'était réapparu à l'esprit. Il m'avait donné le goût d'y aller et surtout, d'entretenir le côté positif de la fête foraine avec Denver.
Cependant, car il y a toujours un mais, aujourd'hui, ce n'était pas la grande forme. Je me demandais si je n'aurais pas mieux fait de rester dans mon lit à roupiller sagement. Non pas que la compagnie de Denver m'aurait ennuyé, mais je n'étais en ce moment, pas à mon meilleur pour être à ses côtés. Toutefois, maintenant que j'y étais, pas question de reculer. En plus, j'avais envie de la voir. Elle était belle dans sa simplicité. Pour rien au monde je n'aurais voulu la décevoir. J'avais proposé que nous passions la soirée ensemble et je ferais en sorte qu'elle soit agréable même si je sais que je ne pourrais pas donner mon maximum. Cela n'allait probablement pas être le meilleur de nos rendez-vous, mais si on s'en tirait sans tache, je n'allais pas rouspéter. Alors, quand je la vis venir vers moi, je ressemblais les quelques parties de moi qui étaient éparpillées au sol et tentai un sourire. Je n'avais pas souri comme j'avais l'habitude de le faire naturellement, mais, mes lèvres avaient bougé. Je savais au plus profond de moi que j'étais très content de pouvoir passer un peu de temps en compagnie de Miss Hopkins et uniquement elle - car oui, un gros malin prénommé Landon avait essayé de l'inviter, alors c'était une chance que je ne l'ai rien qu'à moi.- Toutefois, mon visage s'obstinait à ne lui en faire qu'une petite démonstration. Du moins, ce détail ne sembla pas la choquer. Ce fut la suite qui commença à se pimenter légèrement. Alors que je l'embrassa, je sentis une légère raideur saisir le corps de Denver. Elle ne s'attendait pas du tout à la sensation de ma petite barbe sur sa peau même si elle devait l'avoir vu quelques secondes plus tôt. Elle ne m'en fit pas la remarque, mais, grâce à sa réaction physique, j'étais en mesure de sentir qu'elle n'appréciait pas particulièrement. Puis, vint sa question auquelle je ne semblais pas vraiment intéressé de répondre. Franchement, même si j'avais toujours été fan des manèges, je ne pouvais pas dire que je cherchais à faire quelque chose en particulier. La lassitude de ma réponse pouvait paraître comme si je me foutais d'elle, mais en fait, il fallait me prendre au sens tel quel des mots, c'est-à-dire que je ne savais tout simplement pas.
Et là, comme j'ai mentionné plus haut, je remarquais que ça se gâtait. Alors que Denver m'avait pris des mains la pomme d'amour et qu'elle la picorait tranquillement en quêtant ma réponse, j'avais perçu un arrêt dans sa dégustation lorsque je m'étais enfin prononcé. Elle prenait ma réaction pour un désintérêt complet. Oh! Elle ne pouvait jamais cessé d’interpréter chaque fait et geste de son interlocuteur. On ne se débarrassait pas de l'avocate en elle facilement.
-Mais non, argumentai-je en la prenant par l'épaule et en déposant un baiser au sommet de sa tête, je suis content d'être avec toi. Si je ne l'étais pas, je serais déjà parti. Et tu sais que je suis tout sauf un hypocrite.
Il ne fallait pas remettre en question mon intérêt d'être en ce moment à ses côtés, mais plutôt mon envie personnel à vouloir faire la fête ici. Or, ça, elle n'avait pas besoin de le savoir. C'était vrai qu'avec l'allure que j'avais, elle avait de sérieuses questions de mettre en doute mes paroles. Je me rasais toujours et là, bizarrement, je ne l'avais pas fait. Comme elle était une fine observatrice, il était normal qu'elle s'interroge même si cela ne jouait pas en ma faveur en ce moment. Il fallait que je change le vent de côté et vite. Donc, comme elle n'avait pas pas répondu à ma proposition, il fallait que je nous trouve une activité.
-Allons dans la Grande Roue puisque nous sommes à côtés, recommandai-je sans grande émotion dans la voix.
Je devais le reconnaître: avec un visage aussi impassible que le mien, il était très difficile de savoir mon état d'âme. Denver avait de quoi s'inquiéter. D'ailleurs, elle n'était pas la première qui le faisait. La plupart du monde détestait ça, car il n'était pas capable de lire en moi et cela les troublait. Automatiquement, je les déstabilise et on n'aime pas ça. Je ne pensais pas que Denver était une control freak, mais la situation ne devait effectivement pas lui plaire pour cette raison. Bref, donc, pour revenir au sujet, nous allions nous mettre en fil qui était, attaché vous, longue de 50 mètres. Nous allions devoir attendre longtemps. Je ne pus m'empêcher de lâcher un sacre en Espagnol. J'avais une patience inouïe d'habitude, mais là, c'était différent. En arrivant, deux filles vinrent m'accoster.
-Excuse-moi. Mes amies sont plus loin et elles nous ont réservé des places vu que nous sommes allées nous acheter un encas. Vous pouvez nous laissez passer, nous expliqua l'une d'elles. -Euh, t'as vu la file? répliquai au tac-au-tac sèchement. Allez vous mettre derrière nous. -Oh aller! On est juste parties s'acheter des trucs. On a attendu nous aussi. -Tu parles Anglais ou pas? Dégagez. -Ma parole! T'es cinglé.
Elles partirent pour s'infiltrer dans la fil plus loin et je me retournais vers Denver.
- Elles sont chanceuses d'être des dames. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Ven 16 Sep - 18:51 | |
| Je n’avais jamais eu de petits copains. L’amour, ça, je ne connaissais pas. Pour les garçons, j’avais souvent été la fille difficile à avoir ou même impossible à approcher. C’était comme si mon visage leur avait toujours interdit de franchir une ligne. J’étais toujours solitaire, je parlais très rarement et je jetais souvent des regards noirs et froids à tous ceux qui me dévisageaient curieusement. En gros, j’étais un peu la bête curieuse dans toutes étapes de que j’avais passé durant ma jeunesse. Que ça soit l’école, le collège ou le lycée. Je n’avais jamais eu de vrais amis, donc encore moins de petits amis. C’est dire, j’étais toujours la dernière que l’on choisissait pour former une équipe en cours de sport. Mais ça ne m’embêtait pas, je ne cherchais pas non plus à faire ma sociable. La seule personne qui m’a jamais autant comprise, c’était ma sœur Victoria. Et jusqu’à un temps, je crus que ce serait vraiment la seule de toute ma vie. Plus les années passaient, plus je commençais sérieusement à douter sur mes relations sociales. J’avais des fois quelques personnes qui restaient avec moi, mais ce n’était pas des amis. De plus, je n’essayais pas de changer de caractère. En bref, je ne me faisais aucun effort même si tout cela me faisait mal au fond de moi. Je me disais que même si je réussissais à m’ouvrir aux personnes, c’étaient sûrement elles qui ne m’accepteraient pas par la suite. J’étais loin d’être une fille pessimiste, mais sur ce sujet là, j’avoue avoir un gros problème. Aujourd’hui, le problème semble toujours persisté, mais il s’est atténué. Depuis mon arrivée à San Francisco, c’était comme une nouvelle vie qui s’offrait à moi. Loin de mes parents, j’avais un boulot que j’aimais et un grand appartement pour moi toute seule. Je pourrais même ajouter que je m’étais fait quelques amis, peu nombreux certes, mais c’était déjà énorme pour moi. Et de plus, j’avais Domenico. Je pourrais même dire que c’était grâce à lui que j’avais évolué de comportement. J’ignorais complètement comment il l’avait fait d’ailleurs. C’était peut-être parce que je l’appréciais vraiment et que je l’écoutais…
C’était pourquoi j’attendais impatiemment les prochaines fois que nous nous rencontrons. J’avais donc, à la logique, attendu cette soirée que pour rien au monde je n’aurais ratée. Je ne saurais dire ce qui arrivait dans ma tête. Limite s’il me rendait encore plus folle que je ne l’étais déjà. Enfin bref, j’étais maintenant devant complètement intriguée par ce qu’il lui passait par la tête. Il avait agit complètement différemment que les précédentes fois où nous nous étions vus. J’aurais presque même cru qu’il était en train de prendre mon caractère : le je m’en foutisme par excellence et limite passif par tout ce qu’il se passait. En passant par son nouveau look que je n’appréciais pas particulièrement. Je n’avais pas envie qu’une dispute éclate entre nous deux, parce que je savais que vu nos caractères respectifs, on pouvait très vite en venir. Mais j’avais tout de même risqué de lui poser quelques questions vu son comportement envers moi. C’était clair : il avait carrément l’air de s’en foutre. Et puis même s’il se voulait rassurant me disant que ce n’était pas vrai, je ne pouvais m’empêcher d’y repenser. Je savais bien qu’il n’était pas hypocrite, mais sur le coup, quelque chose clochait. Je le voyais bien. Je recommençais à engloutir ma pomme d’amour, restant tout de même perplexe et sur mes gardes. Il me proposa d’aller à la Grande Roue. Le manège typique du romantisme. J’hochais la tête d’un air approbateur et je le suivais jusqu’à une immense queue. C’était ça le problème avec les manèges : la file d’attente interminable pour trente malheureuses secondes de divertissement. Je n’allais tout de même pas me plaindre, j’étais déjà presque contente que Domenico ait choisi quelque chose à faire. Alors que je continuais à déguster ma pomme d’amour, deux filles accostèrent Domenico en prétendant devoir retrouver des amies qui étaient plus loin devant. Sur le coup, je laissais Domenico agir. Mais en entendant la conversation, je me disais que j’aurais peut-être dû intervenir. La réaction de Domenico sur la demande des filles me laissa incrédule. Limite s’il allait les frapper. D’ailleurs l’une d’elle ne manqua pas de préciser qu’il était cinglé. Je laissais donc la conversation finir jusqu’à que Domenico se tourne vers moi et me dise qu’elles avaient de la chance d’être des dames. Je ne pus m’empêcher de le regarder, les yeux ronds :
« Chanceuses? Parce que si ça aurait été des hommes tu les aurais tabassé? »
Cela me faisait penser à l’autre fois où j’avais appris par Facebook, qu’il avait frappé un homme parce qu’il lui avait demandé son chemin. Par logique, je lui avais demandé des explications mais il n’avait rien voulu me dire. Alors que l’on faisait deux pas de plus dans la file d’attente, je continuais de l’observer et j’enchaînais :
« Tu sais, elles n’avaient rien fait de grave pour que tu te mettes dans cet état! »
Je marquais une pause.
« T’es pas croyable… » soufflai-je.
Je le regardais un instant, puis je détournais le regard sur autre chose : une bande de gamins qui étaient heureux d’avoir gagné une peluche aussi grande qu’eux réunis, et je continuais de manger ma pomme d’amour, machinalement et sans aucune vraie envie. |
| | | | Sam 17 Sep - 18:26 | |
| J'avais de nombreuses qualités comme j'avais de nombreux défauts. C'est assez normal quand on est un être humain qui vit sur la planète terre. Bien entendu, je ne pouvais échapper à sa règle. J'aurais exagéré en affirmant que je suis parfait, car je ne le suis pas. Parmi ses nombreux défauts, j'étais quelqu'un avec un hot tempered - et ceci n'avait aucun lien avec le sang chaud des latinos, pour ne pas faire un jeu de mots.- Je ne me souviens pas si j'étais comme cela avant l'incident de 1997 ou si c'en était une conséquence. Néanmoins, cela s'est grandement accentué avec l'âge. L'un des souvenirs les plus frappants que j'avais encore en mémoire au sujet de mon agressivité remontait au lycée, quand des types venaient me chercher des poux devant ma case. J'étais patient: je pouvais en prendre tout de même beaucoup sur les épaules avant de passer à l'action. Cette fois-là, je devais avoir atteint mon quotas d'insultes pour la journée et, j'imagine, je devais avoir eu une mauvaise journée aussi. Il ne fut pas long que mon poing se retrouva rapidement sur la mâchoire du leader du groupe. Cela eut l'effet d'un ras-de-marrée: on me ficha la paix. D'ailleurs, ma victime n'eut même pas le courage de me dénoncer à un surveillant, car il semblait avoir l'orgueil de mâle qui lui dictait de ne pas reconnaître qu'il s'est fait vaincre par le type mystérieux du bahut. Je ne pouvais pas dire que j'en étais fier, mais d'un certain côté, je n'y pouvais pas grand chose. C'était peut-être un peu lâche de ma part de m'avouer déjà vaincu, mais je savais qu'on ne changeait pas l'être humain: on pouvait atténuer certains de ses vilains traits, certes, mais sans plus.
Depuis mon arrivée à San Francisco, je ne pouvais pas dire que je m'étais autant emporté qu'à Hawaï ou Los Angeles. J'avais été plutôt tranquille jusqu'à tout dernièrement. On pouvait penser que c'était dû au stress que je devais supporter en ce moment au boulot. Toutefois, j'étais quelqu'un qui gérait bien son stress donc c'était une fausse piste. J'étais presque sûr que la raison était aussi banale que ceci: j'avais des périodes dans ma vie où j'étais plus agressif, sur la défensive qu'à l'habitude. Cela arrivait à tout le monde. Par exemple, pour les filles, c'était quand elles avaient les règles. Or, aujourd'hui, voyant comment j'avais interagi avec les deux demoiselles, je trouvais que j'exagérais un peu. Du moins, ce n'était qu'après coup. En plus, je réalisais que c'était complètement absurde que je me sois emporté pour un détail comme celui-là, mais j'étais tellement dans mon idée fixe que je n'étais pas prêt à le reconnaître. Ce qui me dérangeait le plus, en tout cas, c'était que je m'étais frustré contre des dames. Ça, je n'aimais pas quand cela arrivait. C'était une conséquence de ma vie passé dans les bidonvilles de Quito: j'avais tellement vu d'hommes maltraiter leur femme ou leur fille ou des mariages voler en éclats que je m'étais juré que je serais toujours un gentleman avec les femmes, peu importe leur humeur. Je voulais être quelqu'un de bien et ne pas reproduire les erreurs des autres. Là, quoique je n'avais commis aucun crime, je me sentais mal, car je sentais que je leur avais manqué de respect sans une véritable raison.
D'ailleurs, Denver ne manqua pas de le remarquer. Même si elle s'était fait discrète lors de l'échange, je la sentais scruter le moindre fait et geste pour tenter de comprendre. D'ailleurs, quand je m'étais retourné vers elle, elle me fit de gros yeux ronds pour exprimer sa surprise. Par ailleurs, à sa réplique, je me contentais d'être silencieux. Qu'aurais-je pu répondre? Je n'étais pas pour mentir, car je savais que si cela avait été deux hommes, mon poing serait sûrement parti avant que tout le monde ait eu le temps de le réaliser. Je savais que cela pouvait m'entraîner de sérieux problèmes, même avec la justice, donc j'avais intérêt à ne pas me laisser emporter trop souvent. Elle continua ensuite à me faire ses remarques à propos de mon altercation avec les autres interlocutrices. Bon sang! Je savais qu'elles n'avaient pas commis de crimes, mais c'était plus fort que moi. Mon orgueil défendit ma cause.
- La file est déjà assez longue comme ça. Je me meure d'aller me coller là-haut avec toi pour regarder le ciel. Une personne de plus dans cette file m'éloigne plus de cet objectif.
Ce n'était pas totalement vrai puisque, de toute manière, on finirait tous par passer, mais ce fut le seul argument qui me vint en tête. Elle finit par affirmer que je n'étais pas croyable. Bon, je semblais exaspérer Denver. Il fallait que ça change. Je constatais que malgré moi, j'étais en train de réchauffer l'ambiance et pas dans le bon sens du terme. Toutefois, là, on dirait que je n'étais pas en mesure d'arrêter. La fatigue était bien une mauvaise ennemie. Bref, comme la file d'attente était longue, il fallait trouver sujet de conversation. Je pris le premier qui me passa par la tête.
- Au fait, il va bien Landon? commençai-je sur un ton faux. En tout cas, c'est sur qu'en ta compagnie il ne semble pas s'ennuyer. C'est sûrement parce que tu ne refuses pas ses avances...
Je ne pouvais pas me qualifier de quelqu'un de jaloux. En général, si un mec essayait de me provoquer, je faisais le plus malin et je restais de marbre à ses tentatives. Néanmoins, maintenant, peut-être parce que c'était Denver, cela ne me laissait pas indifférent. De plus, j'avais vraiment l'impression qu'elle ne faisait rien pour atténuer ses ardeurs. L'impression de passer pour le dindon de la farce s'accentuait. En voyant, par exemple, le message qu'il avait laissé sur le babillard de Denver, j'avais les oreilles qui sifflaient. Une part de moi savait que je n'avais rien à craindre quant à la place que j'occupais dans le coeur de Denver, mais une autre me poussait à réagir. Je n'acceptais pas que quelqu'un ose s'aventurer dans quelque chose alors que la fille était engagée à un autre - cela restait peut-être une union libre, mais c'était une relation quand même.- Voilà, pourquoi, malheureusement, il fallait que j'extériorise ma crainte, même si c'était mal formulé. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Sam 17 Sep - 19:59 | |
| Union libre. C’était bête, mais je n’appréciais pas ce terme. Pour moi, ça ne voulait rien dire. Dire qu’on est avec quelqu’un et qu’on a le droit d’aller voir ailleurs? C’était quoi cette conception des choses, soit on est avec quelqu’un ou soit on va voir ailleurs, pas les deux à la fois! Quand Domenico me l’avait proposé, c’est vrai que je n’avais pas réfléchis sur le coup. J’avais tellement été obnubilée par l’action qui nous rapprochait tous les deux, que j’avais accepté presque tout de suite. Maintenant, presque chaque jour, sans que ça soit tout de même une obsession, je me demandais quand nous allions passer ce stade d’union libre à couple. Enfin, plutôt, j’attendais à ce qu’il me le propose lui. En quelques sortes, j’avais presque peur de le demander la première. De ne pas savoir si j’allais trop vite en proposant cette chose là. Parce que peut-être, du côté de Domenico, ce n’était pas la même chose. Peut-être qu’il préférerait attendre ou rester à ce point là. Je n’aimais pas les échecs, donc je ne préférais pas m’aventurer pour l’instant sur ce terrain glissant qu’est le couple. Je n’étais pas une experte dans ce genre de choses, je faisais donc abstinence. Pour l’instant, on était bien comme on était, aucune raison de changer. Je ne voulais surtout pas bouleverser quelque chose de nouveau qui entrait dans ma vie.
C’était sûrement en venant dans cette fête foraine, que j’avais à demi espéré que certaines choses évoluent entre Domenico et moi. Malheureusement, mes espoirs tombaient vite à l’eau. En tout cas, j’en avais grandement l’impression. Domenico affichait une mine impassible et il y avait à peine quelques secondes, il s’était excité sans aucune raison devant deux jeunes filles qui voulaient nous doubler. Même si je n’aimais pas que l’on nous double, je me serais retenue de leur lancer des commentaires salés. J’étais venue ici avant tout pour m’amuser, par pour m’énerver avec le premier venu. Surtout que ça, je le faisais toute la journée avec ceux qui attaquaient mes clients. Mais Domenico n’avait pas eu la même idée que moi, puisqu’au contraire, ce fut lui qui renvoya les filles. Et d’une façon un peu exagérée. J’avais été tellement étonnée par sa réaction, que sur le coup, je n’avais rien dit et j’avais suivis la conversation. Puis lorsqu’il s’était retourné vers moi pour me dire qu’elles étaient chanceuses d’être des dames, je n’avais pas pu m’empêcher de répliquer. Je ne pouvais pas garder pour moi tout ce que je pensais, il fallait que ça sorte, un jour ou l’autre. J’essayais tout de même de me maîtriser, je ne souhaitais surtout pas faire un scandale en plein milieu de la fête foraine. Après mes réflexions, Domenico me répondit qu’il se mourrait de monter là-haut avec moi. Même si je trouvais ça adorable, mes lèvres laissèrent échapper un soupire. Quelque chose me disait que sa réponse n’était pas totalement véridique. Mais je ne préférais pas m’y appuyer dessus. Au contraire, je me retournais, dos à lui, observant des enfants plus loin d’un air passif. Alors que je finissais ma pomme d’amour et qu’on avançait encore de deux pas, Domenico me sortit quelque chose qui me raidit presque. Il me parlait de Landon et comme quoi je ne refusais pas ses avances. J’avalais ma dernière bouchée et je me retournais vers lui. Il devait me parler du message que Landon m’avait laissé sur mon mur sur Facebook. Apparemment, ça lui avait laissé au travers de la gorge tout ça.
« Qu’est-ce que tu me reproches là? » demandai-je sur le ton de la défensive.
Il devait s’imaginer que j’allais voir ailleurs, j’en étais certaine. D’un côté, c’était presque touchant puisque cela prouvait qu’il tenait à moi. Mais d’un autre côté, cela voulait aussi dire qu’il ne me faisait pas confiance, et ça, j’appréciais beaucoup moins.
« Je n’ai absolument rien à refuser, il ne m’a rien fait! »
Complète incompréhension. C’était ça un sujet de conversation entre couple? Je le cillais légèrement du regard. Sur le coup, c’est vrai, il m’avait contrariée. |
| | | | Sam 17 Sep - 21:00 | |
| Pour moi, l'union libre était la meilleure alternative en ce moment. Ce n'était pas une question que je ne voulais pas me caser, mais plutôt une sécurité émotionnelle qui nous protégeait, moi et Denver. Quant à moi, me lancer dans une relation pour voir comment cela évolue et au final, si ça finit mal, de laisser cela tomber, je ne trouve pas cela très juste. Une période d'essaie ne devrait jamais être leur du statut officiel du couple. Je tenais absolument à ce que nous faisions nos preuves pour voir si nous étions capables de nous supporter, de s'aimer plus que tout avant de vraiment sauter le pas. Le contraire nous aurait blessé l'un et l'autre, j'en étais persuadé. Le fait que cela s'appelle une union libre impliquait aussi que l'autre était libre de voir ailleurs, même si, de mon côté, je n'en avais aucune envie. C'était le pacte que elle et moi avions passés pour nous mettre à l'épreuve. Jusqu'ici, cela s'était bien déroulé bien que nous avions eu peu l'occasion de se voir. J'avais même l'impression que cela allait être un trait caractéristique de notre relation: nous ne serions pas toujours ensemble, mais nous nous verrions suffisamment pour entretenir la flamme. Cela aurait déplu à plusieurs, mais pour nous, cela semblait être idéal, car en tant que solitaires, nous avions tous les deux besoin d'un grand nombre de temps à passer seuls, dans nos pensées. Sinon, pour ce qui était des autres observations au cours de ces deux dernières semaines, je pouvais constater que nous éprouvions beaucoup d'attirance et d'affection l'un pour l'autre ce qui était une bonne chose. Elle ne s'était pas atténuée, mais avait même augmenté. Non, tout semblait bien.
Sauf que, ce soir, je crois que le vrai test arrivait. Vivre en parfaite harmonie, se tester sur des bases positives, c'était facile. Le vrai défi, c'était de voir si on était capable de supporter les travers de l'autres, de faire face au conflit sans que cela mène en tragédie, etc. Je ne pouvais pas dire que je cherchais absolument à vérifier cet aspect avant de me lancer en couple - et surtout pas aujourd'hui-, sauf que je sentais bien que nous n'aurions pas le choix de passer par là. C'était un mal obligé. Si nous ne survivions pas à une dispute, j'aurais beaucoup de difficulté à m'engager avec elle, car un couple comporte sa part de bonnes choses comme de mauvaises. Enfin bref, j'avais tâté un terrain houleux et maintenant que je prenais conscience de mes paroles, je savais que ce choix ne serait pas sans conséquences. Je n'avais pas chercher à la piquer, loin de là, mais je cherchais à exprimer ce qui me tourmentait. Bien entendu, avec ma fatigue accumulée, je ne l'avais bien formulé. D'ailleurs, je n'avais jamais été sarcastique avec Denver d'aussi loin que je me souvienne. Il y avait peut-être eu la fois à son appartement où j'étais resté de marbre quand elle avait réagi à ma suggestion concernant ses parents. À part cela, j'avais toujours été exemplaire. Sur le moment, je ne réalisais pas ce que j'étais en train de commettre, mais je savais que tout me rattraperait tôt ou tard. Allais-je le réaliser au point culminant de la crise ou allais-je être en mesure de le réaliser avant? Ça, c'était encore une question sans réponse. Ainsi, elle commença à se frustrer légèrement en me demandant ce que je lui reprochais. Je voulus lui répondre que c'était évident, mais gardais ma réflexion pour moi puisque cela n'apporterait rien de neuf à la conversation. Elle rajouta qu'elle n'avait rien à refuser, car il n'avait rien fait.
- Denver, come on, répliquai-je outré. T'es plus maligne que ça! Il te drague, c'est clair. Je sais qu'on est dans une relation libre, mais bon...j'ai cru que je t'intéressais. Peut-être pas autant que je le croyais.
Et voilà, mon côté pessimiste était de retour! C'était une vraie malédiction ce truc. Alors que la file avançait plus rapidement que prévu, un vendeur passa non loin de nous.
-Achetez un verre de bière et obtenez l'autre gratuit.
Je fis signe au vendeur de venir. Je payais mon verre et tendis l'autre à Denver. Dieu que cela faisait du bien! |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Sam 17 Sep - 21:48 | |
| Moi et les disputes : une vraie histoire. Je ne saurais même compté le nombre d’engueulades que j’avais déjà eues. De nombreuses étaient avec mes parents, ça avait été même au quotidien. Je savais pertinemment que chaque jour, en me levant, j’allais hausser le ton avec ma mère ou mon père. Ou même les deux à la fois. C’est vrai, j’avais un caractère bien trempé mais ça ne me déplaisait pas plus que ça. C’est dur à dire, mais ce sont parfois les personnes dures et fortes qui réussissent à gravir les échelons dans la société. Car au contraire, une personne simple et sans caractère a plus de mal à s’imposer. Mon caractère est un mal que l’on peut prendre comme un bien. J’étais contente de l’avoir eu et je ne le changerais pour rien au monde. Même pour ce qui est des disputes entre les proches. A part mon père et ma mère, j’avais déjà eu des disputes avec ma sœur, même si elles étaient moindres, puis sinon ce fut avec des personnes qui m’importunaient. J’avais le don de me défendre avec des paroles, ce qui était réellement bien, surtout avec le métier que je pratiquais.
Malheureusement, certaines fois, j’aurais préféré mettre de côté ce caractère impertinent. Comme par exemple, vis-à-vis de Domenico. Nous n’avions pas encore eu de réelle dispute, mais je savais que des fois, le ton semblait monter entre nous. Rien de grave pour l’instant. La dernière fois où nous avions eu un froid, ce fut lorsqu’il me parla de mes parents et du fait que je devais les contacter. J’avoue que s’il me reparlait de ce même sujet encore une fois aujourd’hui, je réagirais de la même manière. Je n’étais pas encore prête à faire ce pas. Et cela, même si Domenico m’y poussait à le faire. Mais ici, un autre sujet apparut. Un autre sujet, complètement différent de la dernière fois, puisqu’il s’agissait celui de Landon. Il eut la particularité de me raidir. En effet, Landon avait voulu m’inviter à la fête foraine. Mais tout cela fut peine vaincue car Domenico me l’avait déjà proposé avant. Landon n’était rien pour moi. Bien sûr il était beau, musclé et très sympathique. Mais j’étais son mentor, et pour moi ce n’était que purement professionnel. Je savais également qu’en quelques sortes, je lui plaisais. Mais pour l’instant, il n’avait rien tenté. Je ne voyais donc pas en quoi je devais le repousser comme Domenico m’avait dit de faire. De plus, je n’avais aucune envie d’attirer les foudres de Landon et ni de son père qui m’embauchait. Alors que je répliquais à Domenico qu’il n’y avait rien de mal à tout ça, il cru bon me faire savoir que Landon me draguait. Et ce n’était pas tout : il croyait qu’il ne m’intéressait pas, enfin, pas autant qu’il le croyait. Sur le coup, je ne répondis pas. Je restais incrédule face à ses paroles, en le fixant. Un vendeur s’approcha pour vendre à Domenico un verre de bière, puis il me passa celui qui était gratuit. Au début, je ne fis même pas attention. Je le tenais entre ma main, mais je ne buvais pas. Je réfléchissais encore à ses paroles. Puis d’un coup, je répondis, presque brusquement :
« Tu crois vraiment que tu ne m’intéresses pas? »
Je marquais une petite pause puis j’enchaînais, toujours sur la défensive :
« Domenico, tu es le premier avec qui je sors. Le premier à qui j’ai embrassé. Le premier à qui j’ai fait confiance. »
Je soupirais. Je ne voulais pas me justifier davantage. Sans mesurer mon geste, je passais rapidement le verre de bière à Domenico, tachant au passage sa chemise. C’est pas que je n’avais pas soif, mais tout cela m’avait carrément coupé l’envie de boire.
« Le problème, c’est que c’est toi qui ne me fait pas confiance. » murmurai-je en hochant ma tête d’un air négatif.
Toute cette histoire avec Landon, il en faisait un cas énorme pour rien du tout. |
| | | | Lun 19 Sep - 3:36 | |
| Oui, soyons francs, je n'étais pas un expert en relations de couple. J'avais vu des tas de gens se mettre en couple, se disputer sur des sujets divers, se séparer ou se charmer. J'en avais été observateur bon nombre de fois et même, j'avais tout bonnement cru que je pourrais être en mesure de faire mieux. J'étais toujours là à remarquer dans les moindres détails de ce qui clochait dans les réponses des uns, dans les réactions des autres. Bref, l'idée du couple me semblait beaucoup plus facile à gérer. En fait, j'étais même en train de me demander pourquoi autant d'entre eux se déchiraient. Maintenant, avec cette altercation plutôt salée, je me disais que je m'étais peut-être prononcé trop vite et que j'étais arrivé aux conclusions un peu trop vite. Ma seule base peut-être à titre de couples, c'était ma petite relation que j'avais eu avec Kahina lorsque nous étions âgés de huit ans. À cette époque, cela se résumait à se partager nos secrets, nos rêves sur les monstres qui hantaient nos nuits, à se donner quelques bisous sur la joue - et parfois un, sur la bouche - et à passer la majorité de son temps ensemble. On était bien loin de la réalité de la vie adulte. Je n'avais jamais été confronté aux conflits types des couples adultes. Alors, je pouvais vraiment affirmer que je n'étais pas un expert en la matière. Maintenant, alors que je constatais qu'une dispute entre nous semblait incontournable, je réalisais à quel point je n'avais jamais été préparé à cette éventualité. J'y avais réfléchi vaguement, sans vouloir aborder le sujet dans mon esprit, mais je regrettais cette décision. D'habitude, je pensais à tout, mais là, j'avais négligé ce détail. Si j'avais d'abord songé, je n'aurais peut-être pas agis ainsi. Amèrement, je pensais: «Trop tard.»
Et je me suis soudain demander: «Pourquoi on se chicanait?» Oui, mon air plutôt bougon y était pour beaucoup et j'avais insinué qu'elle laissait Landon lui faire des avances, mais ce n'était pas le but principal de la discorde. Je mettais en doute ses sentiments à mon égard. Alors là, c'était clairement un problème de communication. Du moins, c'était ce que Denver semblait me dire. Alors que je prenais une gorgée de ma bière, elle s'indigna presque brutalement en me demandant si je doutais sur le fait qu'elle m'intéresse. À cette réaction, je restais muet. Depuis le début, elle était restée presque passive face à mes dernières réactions peu joviales. Maintenant, je semblais avoir poussé le bouchon beaucoup trop loin. Par la force de sa réaction, je le compris tout de suite. Du coup, je ne voulais pas en mettre plus en réagissant peut-être maladroitement. Puis, après qu'elle ait marqué une pause, elle enchaîna en disant que j'étais son premier. Son raisonnement semblait tout à fait logique: j'étais son premier copain, le premier qu'elle embrassait... pourquoi ne ressentirait-elle rien pour moi? Si j'étais le premier, c'était sûrement que j'étais probablement l'un des premiers à faire battre son coeur. C'était tellement évident et, quand elle le dit, je me sentis con d'en avoir douter même une seconde. J'étais sur le point de retirer mes paroles, mais je reçus une énorme gorgée de bière dans la figure et sur ma chemise. Aussitôt, mon coeur tantôt attendri fit d'énormes bons de colère dans ma poitrine. Elle se prenait pour qui pour me manquer de respect comme ça? Je passais peut-être les bornes, mais je n'aurais jamais osé faire cela. Je me contentais de passer ma main sur mon visage et vaguement sur ma chemise tout en la fixant avec le regard vide d'expression.
- Je te fais pas confiance! m'indignai-je en reprenant ses mots. Quelle connerie! Tu n'as jamais rien dit quelque chose d'aussi stupide.
Et je l'avais dit toujours avec mon visage impassible et un ton incroyablement contrôlé, neutre. Cela n'avait pas manqué d'attirer l'attention des autres dans la file d'attente. Je me retournais, face à la personne en avant de moi, sans adresser un regard à Denver. Nous avions assez attiré l'attention comme ça. Je bus d'un trait mon verre de bière. Nous attendîmes un long moment dans le silence notre tour pour monter dans la cabine. L'air était chargé d'électricité. Lorsque vint notre tour, je ne pus m'empêcher de laisser aller un commentaire.
- Il n'était pas trop tôt... |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Lun 19 Sep - 8:49 | |
| C’était le cas de le dire, le ton montait entre nous. Et comme par hasard, il avait fallu que le début de notre tension se fasse en public. A croire qu’on ne savait que faire ça nous : se montrer en public. C’était même un peu paradoxal puisque nous étions tout deux réputés pour ne pas vouloir attirer l’attention et se montrer solitaires. La dernière fois, c’était à l’épicerie au Wal-Mart. Là, c’est sûr, c’était le top du top. Mais au moins ça avait été pour la bonne cause : il n’y avait aucune dispute à l’horizon. Hors, ici, maintenant, en plein milieu de la queue pour la Grande Roue, il avait fallut qu’on attire l’attention une nouvelle fois mais en haussant le ton. Autant dire que j’aurais préféré faire ça ailleurs, même si j’aurais préféré ne pas le faire du tout en fait. Le visage impassible de Domenico me mettait complètement sur les nerfs. Il n’y avait qu’à ajouter le fait qu’il me reproche des choses et puis voilà. Comment je ne pouvais pas répliquer face à tout ça? Il connaissait mon caractère, il savait comment je pouvais réagir à certaines choses. On pourrait même croire qu’il attendait à ce que je lui gueule dessus. En tout cas, il faisait tout pour. Il était différent des autres fois. D’habitude, à chaque fois que nous étions ensemble, il était enjoué et pas du tout passif sur ce qui se déroulait. Là, je ne savais pas quelle mouche l’avait piqué mais ce n’était presque pas normal. Peut-être était-ce l’histoire sur Landon? Ou alors le fait qu’il doute de ce que je ressens pour lui. Aucune idée, mais ses idées n’étaient pas très claires.
Face à ça, je lui avais tout de même sortit qu’il était le premier. Le tout premier. Logiquement, mes paroles auraient dû l’apaiser, puisque je m’ouvrais carrément à lui. En gros, je lui disais qu’il était vraiment important pour moi. Mais j’étais tellement furieuse qu’il mette en doute ce que je ressentais pour lui, que je ne mesurais pas mon geste et la bière gicla un peu de partout sur lui. Le fait est, que je pensais que c’était lui qui ne me faisait pas confiance. C’est vrai quoi, il croyait que j’allais voir ailleurs avec Landon! Il me reprochait des choses alors que pour moi c’était évident. Je ne m’excusais même pas pour mon geste. Je vis Domenico s’essuyer un peu le visage et laisser ce qu’il y avait sur sa chemise. Vu sa tête, il n’avait pas l’air très content. Et bien comme ça, on était deux! Il me jeta quelques paroles à la figure en me disant que ce que je venais de dire était la chose la plus stupide que je n’avais jamais dit. Ah, il croyait ça? Je me retins d’ajouter quelque chose car plusieurs personnes nous observaient déjà. Je lançais donc un dernier regard, presque noir, à Domenico puis je me tournais vers autre chose. Si l’occasion s’était présentée et si nous n’étions pas en plein milieu de personnes, je me serais mise à le secouer comme une folle. Il me rendait dingue à cet instant là. Et dans le sens négatif du terme. Nous avançâmes en silence jusqu’à arriver, enfin, au bout pour monter dans la Grande Roue. Domenico crut bon faire un commentaire. Moi, au contraire, je levais les yeux au ciel d’exaspération et je soupirais. L’envie de monter dans ce manège m’avait passée. Je m’abstins une nouvelle fois de commentaire et suivait l’employé du manège pour qu’il nous guide jusqu’à notre petite cabine. J’entrais la première à l’intérieur puis je m’asseyais. Domenico, par la suite, se mit face à moi.
Sur le coup, je ne le regardais pas. Je posais mes mains sur mes cuisses et j’attendais que le manège fonctionne. J’aimais le silence. Parfois il pouvait même plus dire que de simples paroles. Mais à cet instant là, il était pesant et je voulais à tout prix en finir. Je jetais alors un regard à Domenico. Puis en le voyant comme ça, il me fut presque impossible de me retenir :
« Tu peux arrêter de faire cette tête s’il te plaît? » dis-je, fortement.
A cet instant là, le manège crut bon démarrer. Alors que nous montions un peu, j’ajoutais, toujours aussi frustrée :
« Montre un peu tes émotions, merde! » |
| | | | Lun 19 Sep - 16:22 | |
| Comme j'avais mentionné, il y avait un grand problème de communication entre nous. D'ailleurs, cela a toujours été commun chez les êtres humains: le manque de communication avait causé bien des guerres. On s’entre tuait, car on comprenait mal les propos qu'avait notre voisin à notre égard, on se méprisait en silence, car on croyait que notre meilleure amie pensait tel ou tel truc sur nous alors qu'elle a mal formulé ses propos... C'était le bien le plus commun des êtres humains de ne pas se comprendre. Il était encore une fois impossible que nous échappions à cette règle. Le sujet de la discorde? Nos sentiments l'un envers l'autre. En les gardant pour nous, on laissait place à l'interprétation de l'autre. En n'évoquant qu'à moitié ce que je ressentais pour Denver, elle pouvait s'imaginer des tas de trucs sur ma pensée. Dit-il cela pour me faire plaisir? Est-il là pour les bonnes raisons? Telles pouvaient être les questions qui la tourmentaient, mais qu'elle gardait pour elle. Quant à moi, j'en avais des questions. Je pouvais, si je le voulais, à ma guise interpréter tout ce qu'elle ne me disait pas. Bien sûr, pessimiste que je suis, il est clair qu'aucune de mes conclusions n'est très joyeuse. Toutefois, comme ça, on se faisait une propre vision de la situation alors qu'il nous manquait des morceaux importants du puzzle pour pouvoir en déduire quelque chose. C'était ça le problème du manque de communication: quand on ne se disait pas tout, on risquait de se monter les uns contre les autres, car on laisse place à une interprétation pas toujours véridique de la situation. C'était probablement ce qui était arrivé.
J'avais été prêt à reconnaître ma faute, à lui dire que je l'avais mal comprise, que, pour une fois, j'avais mal calculé mes propos. J'avais peut-être un orgueil, mais j'étais humble: capable de reconnaître mes tords. J'allais lui dire, mais le fait qu'elle me lance de la bière m'avait laissé de glace. Je ne saurais expliquer la sensation qui m'avait parcouru le corps. C'était plus que l'effet d'une gifle au visage, mais plutôt l'impression d'un coup de poing dans le ventre. Denver n'avait pas eu besoin d'appuyer ses propos en m'attaquant. Oui, peut-être la colère lui avait-elle fait dépasser les bornes et cela aurait pu être pardonnable, sauf que, justement, elle ne me demanda pas le pardon. Elle se contenta de me fixer avec cet air incroyablement frustré, mais aussi déçu. Elle ne voulait sûrement pas en arriver là. Moi non plus d'ailleurs. Toutefois, nous y étions quand même. Ironique. Ainsi, son comportement me força à me replier encore plus sur moi-même. D'ailleurs, le ton neutre que j'employais et mon manque d'expression faciale en témoignaient. Quand je le voulais, je pouvais être très expressif lorsque je bouillonnais de l'intérieur. Avec les femmes, je me contentais de ressembler à une statut. Je savais qu'elles puisaient leurs forces dans la réactions de la gente masculine lors des disputes et je ne voulais pas leur laisser ce plaisir. Même, en général, j'étais quelqu'un dans la vie qui exprimait peu ses émotions, alors ma réaction coulait de source. Le tout fut accompagné d'un silence que je ne voulais briser. Elle non plus d'ailleurs. C'est ainsi que nous attendîmes notre tour.
Puis, l'attente fut terminée et nous pûmes monter dans la cabine. Je n'avais pu retenir un commentaire, car je voulais mettre au courant le superviseur du manège de mes états d'âme. Plutôt paradoxale quand on y pense, car je ne voulais pas le faire avec Denver. C'était à si perdre! Donc, dès que nous fûmes assis dans la cabine - je pris soin de m'asseoir en face d'elle, car le contraire aurait davantage ravivé les tensions -, nous fûmes en route dans une trajectoire cyclique. Elle ne m'adressa aucun regard. Pour ma part, la vue ne m'intéressa guère alors je me contentais de la fixer, sans expression. Après un léger moment, elle releva sa tête vers moi en me demandant d'arrêter d'être aussi fermé. Voyant que je ne réagissais pas, elle renchérit un peu plus fortement. Et là, je ne pus retenir le feu qui était en moi.
- Te montrer quoi au juste? me frustrai en ignorant le regard des cabines voisines sur nous. Que je suis en furie? Que je suis hyper tendu parce que je suis super débordé? Tu veux me voir comme un monstre, alors demande-moi de te montrer comment je vais et tu seras servie.
La cabine s'arrêta, probablement pour en remplir une autre. Je détournais le regard vers l'horizon avec le visage crispé. J'étais vraiment furieux. En majeur partie, contre moi-même. Toutefois, une fois lancé, j'avais de la difficulté à m'arrêter.
- J'ai des semaines de fou, je travaille tellement fort que je rentre chez moi avec les muscles endoloris. Je fais de mon mieux pour survivre et là, je faisais de mon mieux pour être avec toi. Je ne peux pas toujours te donner le meilleur de moi-même. Tu as à te contenter de ce que je peux te donner. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Lun 19 Sep - 19:16 | |
| Moi qui croyais passer un bon moment ce soir, je m’étais visiblement trompée. Si j’avais su que ça allait se passer comme ça, j’aurais tout de suite refusé l’invitation. Malheureusement, rien ne m’avait dit que j’allais retrouver Domenico dans cet état là et encore moins commencer une dispute avec lui. J’avais visiblement mal calculé les choses. C’est dire, je me disais que la prochaine fois –s’il y en avait une-, je lui demanderais avant d’aller le voir. Cela m’éviterait de mauvaises surprises. Parce qu’une mauvaise surprise, c’en était une celle-là! Et une bien belle. C’était étrange puisqu’il y avait à peine quelques jours je m’étais mise à songer comment je réagirais si une dispute éclatait entre Domenico et moi. Je n’aurais jamais cru avoir la réponse aussi vite. Subitement, je pensais à Maël et à MJ, qui malgré toutes leurs disputes, ils avaient réussis à demeurer ensemble. D’une façon ou d’une autre, je m’identifiais pas mal à ce couple là. C’était peut-être parce que c’était le seul que je connaissais presque bien, vu que je n’avais jamais été dans une relation auparavant. De plus, je n’aurais jamais cru ne pas avoir envie de monter dans la Grande Roue. Ce manège qui est d’habitude typique voir idéal pour les couples, je sentais que j’allais en ressortir avec un souvenir un peu moins sympathique.
En effet, rien que de monter à l’intérieur, on sentait une atmosphère bien pesante. Je ne parlais pas et Domenico non plus. Comme lui, je fixais le ciel sans grand intérêt. C’était même à se demander pourquoi on était montés dedans. Si j’aurais suivis mes instincts, j’aurais quitté la file d’attente et peut-être même le parc. Mais j’avais eu comme un petit élan. Je me disais que peut-être, rien qu’en montant dans cette Grande Roue, les choses allaient se calmer et que je retrouverais mon Domenico. La blague. J’avais été trop optimiste. De plus, ce fut moi qui rompis le silence : je n’arrivais pas à contenir mes répliques sur la tête que faisait Domenico. Il était complètement fermé, vide d’expression. Et ça avait le don de me mettre sur les nerfs. Alors qu’il continuait à fixer le vide, comme s’il n’avait pas entendu ce que je venais de dire, je crus bon renchérir, me montrant un peu plus imposante. Je savais que mon reproche allait le titiller. D’ailleurs c’est en fait ce que j’attendais : qu’il me dise enfin ce qu’il lui passait. Et en fait, je réussis très bien mon coup. Même un peu trop bien. J’attendais tout de même qu’il me réplique certaines choses, mais pas qu’il se frustre à ce point. Sur le coup, je fus presque surprise par une telle explosion de sa part. Mais étant plutôt bonne actrice, je gardais mes émotions pour moi et je l’écoutais dire sans ciller des yeux. Il me cria presque qu’il était tendu, super débordé et il me demanda même si je voulais voir le monstre en lui. J’étais tellement incrédule parce ce qu’il me disait que je ne répondais même pas. La cabine s’arrêta ensuite. Et Domenico également. C’était peut-être le moment que je dise quelque chose, mais Domenico renchérit encore plus vite que moi. Il continuait sur sa lancée de gros frustré et il m’était impossible d’en placer une. Il rajouta qu’il travaillait comme un fou jusqu’à qu’il ait les muscles endoloris, qu’il faisait son mieux pour survivre et d’être avec moi. Et qu’en résumé, je devais me contenter ce qu’il avait à me donner. Je restais en silence. Je savais que plusieurs personnes curieuses nous observaient de loin. Et là, je n’avais qu’une envie : descendre de ce manège à la noix et de partir chez moi. Les choses que venaient de me dire Domenico m’avaient faits mal au ventre. J’avais sentis comme un pincement. Mais je maintenais tout de même mon regard sur lui, de façon bien appuyé. Contrairement à lui, je retenais la pulsion qui s’élevait en moi. J’avais envie de lui gueuler dessus moi aussi, mais je me maintenais.
« C’est bon, j’ai bien compris. Tu as trop de choses à faire et je suis en travers de ton chemin. Je suis de trop. » répondis-je, essayant de contrôler ma voix.
Je baissais ensuite mon regard sur mes chaussures. Ma respiration était saccadée. La cabine se remit à bouger, puis je levais mon regard vers Domenico en ajoutant froidement :
« Au prochain tour, je descends et je m’en vais. Comme ça tu seras débarrassé de moi et tu pourras rentrer et te reposer. » |
| | | | Mar 20 Sep - 4:51 | |
| Les fois que je dépassais les bornes ne se comptaient que sur une main. J'avais toujours calculé avec précision chacun de mes gestes en fonction de la personne avec qui j'étais. Même si j'étais quelqu'un qui se frustrait facilement, je ne cherchais pas à tout prix la bagarre. Loin de là. J'avais cet esprit conciliateur qui cherchait à garder toujours une harmonie saine dans un groupe. Je ne savais pas si c'était une de mes nombreuses séquelles de la tragédie de mon enfance - car, en l'ayant vécu, je cherchais maintenant à rendre tout plus beau pour ne pas gaspiller notre vie à se chamailler -, mais du moins, je savais que cela avait toujours fait partie de moi. Oui, l'accident avait pu accentué ce trait de caractère, mais d'aussi loin que je me souvienne, j'avais toujours aimé la bonne entente. Qui ne l'aimerait pas de toute façon? J'avais ces souvenirs de moi gamin, assis sur le sol plein de terre, en train d'assister à une dispute entre mes deux soeurs cadettes pour une histoire de tâches ménagères mal réparties. J'étais là, à les observer et ensuite, je me mettais à pleurer. Automatiquement, elles arrêtaient de se disputer et je devenais le centre d'attention. D'une certaine façon, c'était ma manière à moi d'éviter que les gens passent plus de temps à se lancer des pics qu'à s'apprécier à leur juste valeur. Depuis, je ne pensais pas que cela avait cessé. Alors, étonnamment, que je m'engage dans un conflit comme celui-là sans y mettre de l'opposition, c'était presque inconcevable. Je n'aimais pas l'admettre, mais la fatigue pouvait me rendre un nouveau homme. Je le réalisais très tôt.
Ainsi, nous entamâmes notre trajet dans la Grande Roue. Climat de tension, regards fuyants, le visage tendue de Denver, mes pensées colériques qui faisaient échos dans ma tête. En ce moment, l'atmosphère, c'était à cela qu'elle ressemblait. Même les plus marabouts de la terre n'auraient pas aimé être ici en ce moment. Normal quoi. La suite n'avait rien d'un conte de fée. D'abord, Denver qui s'excite légèrement, car j'ai le visage comme une tombe suivi de ma réaction dépassée. J'avais déballé mon tout plein d'émotion beaucoup trop vite. Moi, m'emporter, cela relevait d'une rareté suprême. Denver n'y était pour rien. J'avais la mauvaise habitude d'encaisser tout. De prendre tout ce qui passait sans dire un mot. Puis, un jour, alors que personne ni moi-même ne s'y attendions, j'explose comme un volcan et j’enfreins mes propres limites. Avec le temps, j'aurais pu changé ma méthode. J'avais acquerri assez de maturité pour remarquer que ma stratégie émotionnel était plutôt désastreuses. Toutefois, c'était toujours un projet que je remettais à demain. Je n'avais pas le temps de songer à ma propre personne, pas le temps de songer à comment je pourrais m'améliorer en tant qu'humain. C'était d'ailleurs surprenant que j'aie décidé de prendre une année sabbatique pour réfléchir à ce que je voulais devenir. Je voyais que mes vieux plis n'avaient pas pris de temps à revenir: depuis mon arrivée, j'avais vaguement pensé à quel métier je pourrais faire dans l'avenir. J'avais été rapidement porté à me soucier des problèmes des autres: des tentatives suicidaires de Lilas, des tourmentes de Constance ou Kaylee, de mes clients... Cela devait me paraître plus facile de me pencher pour régler le problème des autres que de me pencher sur ce que je voulais vraiment.
M'enfin, là n'était pas le problème du moment. Maintenant, je venais de balancer un bref discours malmené à Denver sans mâcher mes mots. D'une certaine façon, je pensais certains trucs que je lui avais dit. Il n'y avait pas que des mensonges. Néanmoins, je savais que je n'avais pas été très clair. Sa réaction me le prouva. Elle me regarda, avec des yeux amplis de déception que j'eus tellement honte. Honte de ne pas être à la hauteur. Malheureux de gâcher une belle histoire. Je lui transférais ma mauvaise énergie. Qui dit qu'elle n'avait pas eu une belle journée? Peut-être étais-je la seule tâche à ce super vendredi? J'avais agis en égoïste et je le regrettais déjà. Tout le monde avait ses problèmes. Qui étais-je pour me plaindre? Et là, elle commença. Elle reprit mes paroles, mais je sentis qu'elle ne les avait pas bien compris. Elle se croyait de trop. Automatiquement, je me passais la main au visage rude. Quand ce cirque allait-il arrêter? Je regardais mes mains jointes ensemble.
- Tu comprends tout de travers, mumurai-je sur un ton neutre, mais teinté de découragement. Tu n'es pas de trop. Tu ne l'as jamais été et tu ne le seras jamais...
Et bam! La phrase auquelle on ne s'y attendait pas: je veux partir. Dès que le manège serait terminé, elle voulait quitter. Fuir un conflit n'était pas une solution: elle devait le savoir pertinemment. Peut-être jugeait-elle que nous étions mieux d'en reparler à tête reposée. Maintenant, nous étions tous les deux remontés l'un contre l'autre sans motif valable. J’acquiesçais de la tête sans en rajouter davantage. La Grande Roue se mit en marche et s'arrêta à son sommet. Nous étions la cabine la plus haute. Me contenant tout de même de mon passage, je regardais la vue. C'était splendide vue d'ici. La soir en plus, il y avait de quoi de charmant. Pourtant, cela me laissa très froid. Mon coeur était fermé. Notre altercation m'avait blessé. Je me dégoûtais moi-même et Denver contribuais à accentuer ce dégoût. Puis, après un moment, je constatais que nous n'étions toujours pas redémarrer. Je jetais un coup d'oeil par en bas en remarquant que bien d'autres passagers avaient fait la même chose. Relevant ensuite ma tête, je me mis à secouer la cabine.
- Bouge saloperie de merde.
Toujours rien. Peut-être après deux minutes de suspense, le superviseur de la machine nous avisa qu'il y avait un bris mécanique qui se réglerait d'ici quinze à vingt minutes. J'eus soudain une pensée ironique en me disant que c'était drôle que cela se produise juste après que Denver ait demandé de quitter. Sans plus attendre, je levais dans la cabine ce qui la fit légèrement tanguer et me dirigeai vers la porte de sortie.
- Je vais sortir vu que tu ne sembles supporter ma présence plus longtemps.
Je tirais sur la poignée et la porte s'ouvra dans le vide. Je regardais en haut de la structure pour voir s'il y avait un poteau sur lequel m'accrocher pour ma descente. Il y avait du potentiel. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Mar 20 Sep - 17:55 | |
| Je ne m’étais presque jamais affrontée à quelqu’un qui possédait le même potentiel que moi. Même carrément jamais. Les personnes que j’avais rencontrées évitant souvent les quelconques discussions où ils savaient que je pouvais partir au quart de tour. Ils savaient également qu’ils n’avaient aucune chance avec moi : les répliques sanglantes et les remarques sarcastiques c’était mon truc. Et je peux vous dire que personne ne s’aventurait dans ce terrain là en ma compagnie. J’avais cette bonne réputation et puis ça m’évitait de m’énerver tous les jours pour rien. Parce que oui, la plupart du temps où je commençais à avoir de la tension, c’était souvent pour quelque chose d’inutile. Je pouvais facilement me mettre en rage parce que je ne trouvais pas mes chaussures préférées ou parce qu’une personne m’avait bousculée dans la rue sans faire exprès. Heureusement le plus souvent, j’essayais de garder ma colère pour moi et je continuais mon chemin. Mais de temps en temps, une remarque sarcastique sortait de ma bouche sans prévenir. C’était presque un réflexe. C’est dire, la première fois que j’avais rencontré Maël c’était en sortant de mon bureau : le pauvre, il n’avait pas regardé où il allait et avait pratiquement foncé sur moi. Sur le coup, j’avais mal réagis : comme tout le temps en fait. Mais il avait eu la bonne idée de m’offrir un café pour s’excuser et j’avais accepté. Tout était bien qui finissait bien, puisqu’aujourd’hui c’était un ami. Tout ça pour dire que de réelles disputes, je n’en avais pas beaucoup eu –à part avec mes parents adorés- et que j’étais en train d’en vivre une, qui était bien intense, avec Domenico.
Je ne sais pas si j’avais mal interprété ses paroles, mais j’avais l’impression que tout revenait sur moi. Qu’il avait tellement de choses à faire, que me voir en plus ne l’aidait pas du tout. Moi, ce que j’avais compris, c’était qu’il avait besoin de se reposer et que je lui empêchais de faire ça. Comme si j’étais en trop quoi. Bien sûr, j’avais pris un air pessimiste en disant ça. En plus vue la situation, j’avais clairement l’air de l’embêter. Il me regardait à peine, limite il s’ennuyait… Je croyais faire une bonne action en lui disant que j’allais partir. Mais avant ça, il me dit que je comprenais tout de travers. Sympathique pour une avocate comme moi. Il rajouta ensuite que je ne serais jamais de trop pour lui. Façon bizarre de l’exprimer à l’instant même. Il me disait ça comme s’il m’aurait dit qu’il avait mangé une pomme à midi. De quoi continuer sur ma furie et lui annoncer qu’au prochain tour je m’en irais chez moi. Et cela ne parut visiblement pas la déranger puisqu’il hocha la tête d’un air approbatif. C’est bien ce que je pensais, il n’en avait rien à faire. Je soupirais longuement alors la cabine se remit à bouger jusqu’à s’arrêter au pic de la Grande Roue. Mes yeux se tournèrent vers la vue qui s’offrait à nous. J’aurais tellement aimé que l’on puisse l’admirer ensemble. Mes pensées étaient tellement parties que je n’avais même pas remarqué que le manège ne marchait plus. Ce fut juste quand je vis Domenico commencer à bouger avec force la cabine, que je pus m’arracher de mes pensées. Son action me laissa une nouvelle fois incrédule. Je ne connaissais pas ce Domenico. De plus, la force qu’il avait employée m’avait forcée à attraper un quelconque barreau de la cabine. Je n’étais pas sûre que ce manège fût très sûr. Après plusieurs minutes, une voix nous annonça que le manège reprendrait dans une vingtaine de minutes, une fois réparé. Génial. Au début, je crus à une blague. Il fallait vraiment que quand je souhaite partir, tout m’en empêche? Je n’avais visiblement pas de chance aujourd’hui.
Alors que je portais ma main à mon front, me le frottant doucement et en jurant dans ma tête, je sentis une nouvelle fois la cabine tanguer. Mes yeux se relevèrent et je vis Domenico, debout, s’en allant vers l’unique porte de sortie de la cabine. Je le suivais des yeux, presque sans comprendre. Il n’allait tout de même pas…? Ah bah si. Il me dit qu’il allait sortir vu que je ne supportais pas sa présence puis comme pour illustrer ses paroles, il ouvrit la porte de la cabine en grand. Je ne réfléchis même pas une seconde. De ma main droite, je me penchais un peu pour l’atteindre et je l’attrapais fermement par sa chemise. Je savais pertinemment que Domenico avait une force incomparable à la mienne et qu’il pouvait sans aucun doute me pousser et continuer dans sa lancée. Néanmoins, je m’y accrochais :
« T’es dingue ou quoi? Rassis toi! »
Je sentais plusieurs regards posés sur nous. On était carrément un vrai spectacle à nous seuls aujourd’hui. D’ailleurs cette situation me fit penser à la première fois où nous nous étions vus dans un parc à San Francisco. Domenico devait me redonner ma veste, et bien sûr je n’en faisais qu’à ma tête. Il avait alors eu la superbe idée de me laisser choisir entre lui et ma veste : il était sur le rebord où un précipice se trouvait juste en bas. Bien entendu, je ne l’avais pas laissé faire.
« Si c’est encore un de tes jeux idiots, ce n’est pas drôle. » lui avertis-je.
Je tenais toujours fermement sa chemise, au point de la froisser totalement et je ne la lâchais pas des yeux non plus. La porte était toujours grande ouverte et je ne pouvais m’empêcher de sentir le vide qui était proche de lui. |
| | | | Mer 21 Sep - 2:57 | |
| [HJ: Désolé si ce rp est plus court: je compte sur ton prochain rp pour m'inspirer ]
Mon corps était balancé vers le vide. Je regardais le néant qui était sous mes pieds et je n'avais pourtant pas peur. Tous les manèges, les personnes que je voyais en bas ressemblaient à de petites souris des champs. En sautant en parachute, j'avais affronté des hauteurs bien plus délirantes que celle-là. Toutefois, contrairement à mes sauts en parachute, je n'avais rien pour assurer ma sécurité. C'était d'autant plus excitant pour le téméraire en moi, mais aussi beaucoup plus dangereux. Cela me donnait l'impression de déjà vu. Au tout début de ma rencontre avec Denver, je lui avais proposé un choix: sa veste ou moi. Si elle ne me choisissait pas, je me lançais dans le vide, dans cette grande pente escarpée sans risques possibles de survie. Deux mois auparavant, je n'aurais pas eu de la difficulté à faire ce choix. Je considérais que j'avais vécu ce que j'avais à vivre et je n'étais pas le type qui contournait son destin. Je ne cherchais pas à contourner la fatalité, car je savais que c'était un moyen plus sûr de s'attirer davantage de problèmes, mais surtout, d'être certain de la rencontrer. Aujourd'hui, je pouvais dire que j'étais heureux d'avoir eu ces deux mois supplémentaires dans ma vie. J'y avais fait une rencontre magnifique, avais vécu des émotions jamais explorées auparavant, etc. Même si j'avais beaucoup de doutes quant au choix négatif de Denver sur ma vie, je ne pouvais tout de même m'empêcher de me réjouir qu'elle ait tout de même fait ce choix. Sa rencontre avait été un point tournant dans ma vie. Maintenant que je la connaissais, jamais je n'imaginerais ma vie à présent sans qu'elle en fasse partie. Eh oui! Le changement qu'elle avait provoqué en moi était majeur.
Toutefois, la raison pourquoi j'étais sur le point de flotter dans le vide c'était car Denver ne semblait plus supporter ma compagnie. J'étais de mauvais poil, désagréable et sa réaction se justifiait. D'ailleurs, c'était seulement pour lui faire plaisir que j'allais m'amuser à faire le petit singe dans cette structure de fer et pas un autre motif. Alors que j'étais en train d'évaluer si je pourrais faire un saut suffisamment long pour atteindre le poteau soutenant notre cabine au centre du cercle, je sentis la main de Denver saisir ma chemise et me tirer à elle. Même si j'étais bien solide sur mes deux pattes, je n'avais pas prévu le coup ce qui fit en sorte que je la suivis dans son geste. La cabine se mit alors à tanguer dangereusement en faisant de grands va-et-vient de gauche à droite. Je me remis aussitôt sur mes deux jambes en constatant au passage quelques regards des curieux. Denver m'implorait de me rasseoir. Elle ne voulait pas que je joue. Comme il m'était impossible de me défaire de sa poigne, je la tirais vers moi. Quant à moi, j'allais m'appuyer sur le cadre de porte, le dos de mon corps baigné dans le vide. Mes mains s'accrochaient fermement au parois de la cabine.
- Tu ne voulais pas me laisser en plan? Je croyais que tu voulais te passer de ma présence.
La cabine se mit à tanguer vers notre côté puisque le poids était mal réparti. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Mer 21 Sep - 15:02 | |
| La scène que nous étions en train de vivre était digne de celles des plus grands films. Un couple, un dispute et de l’action. Vraiment, c’était un mélange d’ingrédients qui était très souvent utilisé pour tourner des séquences d’œuvres cinématographiques. Si j’aurais aimé m’identifier à ce genre de choses, maintenant ce n’était pas ma demande majeure. J’aurais aimé être partout sauf ici. Limite si j’aurais accepté de retourner à mon bureau. Le fait d’être en froid contre Domenico me rappelait aussi à quel point je pouvais me montrer insociable. J’avais presque l’impression, en ce moment précis, que mon caractère revenait au galop. Ma froideur, mes remarques sarcastiques, mes regards noirs et fuyants… J’avais toujours cru qu’avec Domenico j’allais mettre ce caractère de côté. Même si au début j’avais eu du mal à m’y faire, il fallait avouer que peu à peu, il avait créé en moi une nouvelle facette, sans pour autant modifier l’antérieure. C’est simple, chaque fois que je le voyais je souriais presque instinctivement. Alors que demandez-moi de sourire à quelqu’un d’autre de façon naturelle, c’est pratiquement impossible. Il fallait d’ailleurs que je demande à Domenico comment il avait fait ça. Ou peut-être que ça venait simplement de moi et sur ce que je ressentais. Sauf qu’à cet instant précis, j’avais plutôt mes pensées tournées sur autre chose que sur ce que je pouvais ressentir pour Domenico.
En effet, il avait eu la brillante idée de se lever et de se diriger près de la porte de sortie de la cabine, dans l’espoir de se lancer dans le vide. Enfin, descendre de la Grande Roue. Tout ça dans l’optique, que je lui avais annoncé que je voulais partir au prochain tour et que le manège s’était, ironiquement, bloqué à cet instant précis. Mon karma ne devait pas être sous un bon jour aujourd’hui. Heureusement que on était enfin en fin de semaine et que je pourrais récupérer toutes ces émotions samedi et dimanche. Bien entendu, ma réaction fut rapide et irréfléchie : je l’avais fermement attrapé par un bout de sa chemise, le forçant à se rasseoir. Il ne devait pas s’attendre à ça, puisqu’il perdit momentanément l’équilibre, faisant au passage bouger la cabine assez fortement. Je n’avais pas le vertige mais le fait d’être ainsi sur la plus haute cabine de la Grande Roue ne m’inspirait pas trop confiance. En tout cas, fidèle à moi-même, je ne cédais pas et je tenais toujours Domenico. Malheureusement, de son côté, lui non plus ne cédait pas devant son idée. Super, on était bien avancés comme ça tous les deux. Et comme je devais m’y attendre, la force de Domenico m’entraîna avec le lui vers la porte de la cabine qui demeurait grande ouverte. De plus, vus nos poids mal répartis, la cabine tanguait invraisemblablement là nous étions. Je regardais le vide qui s’offrait à nous et au passage je notais plusieurs visages tournés vers nous, certains nous montrant du doigt et d’autres en criant quelque chose. C’est sûr, nous étions en train de créer un véritable scandale. Cela ne m’étonnerait même pas si les autorités civiles débarqueraient. C’est alors que Domenico me répondit en me disant que je voulais le laisser en plan et que je voulais me passer de ma présence. Un gros soupire passa entre mes lèvres pendant que mes doigts se resserraient sur sa chemine au point de les avoir presque endoloris. A quoi on jouait là?
« Mais pas au point de faire ça! » commençai-je, presque désemparée, « Domenico, je t’en prie… Je n’ai pas envie qu’il… »
La fin de ma phrase aurait certainement dû être « qu’il t’arrive quelque chose ». Sauf que pour une orgueilleuse de ma trempe, tout cela était de trop même si je n’en pensais pas moins. Je ne pouvais même pas m’imaginer qu’il lui arrive quelque chose, c’était impensable pour moi. De plus, je me sentirais même un tantinet coupable pour ça. Non, je ne pouvais pas le laisser faire. Voyant qu’il continuait à ne pas m’écouter, je pris mon courage à deux mains. Même si je sentais mes jambes légèrement trembler, je me levais à mon tour dans la cabine qui fit un petit bruit bizarre au passage. J’étais toujours cramponnée à la chemise de Domenico et de l’autre main, je me tenais à une petite paroi. Je levais ensuite mes yeux vers lui et lui annonçais, de manière très sérieuse :
« C’est simple, si tu décides de sortir de cette cabine… Je sors aussi. » |
| | | | Jeu 22 Sep - 23:38 | |
| Si j'avais été quelqu'un qui était craintif des hauteurs et encore plus des sensations fortes, j'aurais eu un de ses maux de coeur. Je ne connaissais pas exactement la distance exacte qui séparait la terre ferme de mes pieds, mais j'étais certain que cela devait être dans les environs de 60 mètres. En tout cas, une chose était certaine: si, par mégarde, je faisais un faux mouvement ou que je perdais pied, je n'aurais probablement aucune chance de survivre à la chute. On pourrait me dire inconscient de ce que j'étais en train de faire en ce moment, mais de mon côté, je savais pertinemment que ce n'était pas le cas. Je ne me lancerais pas dans une telle aventure si je ne savais pas les risques que cela comportait. J'étais capable de savoir où je devais redoubler de vigilance, comment je devais me placer pour ne pas trébucher à ce passage ou encore quels poteaux choisir pour glisser tranquillement vers le sol sans tragédie. Mon oeil d'analyste me permettait de remarquer les moindres détails qui pourraient assurer ma sécurité. C'était pour cela que je n'avais aucune réticence à jouer les casse-cous. En plus, je connaissais ma force physique: je serais en mesure de soutenir le poids de mon corps ainsi que celui d'un autre - si cela se produisait - pour effectuer ses acrobaties. Non, ceux qui affirmaient que j'étais un cinglé de me lancer à l'aveuglette pour quelques maigres minutes d'attente tout là-haut me sous-estimaient beaucoup trop. Mon esprit d'analyse m'a toujours sauvé la mise dans n'importe quel cascade que je me suis lancé. Pas étonnant que jusqu'à présent, je n'avais encore jamais eu d'accidents. Ce n'était pas pour me venter, mais si j'avais à jouer dans un film d'action, je n'aurais probablement pas besoin d'une doublure.
Enfin bref, j'étais là, avec Denver, dans cette cabine chambranlante à me lancer d'un moment à l'autre dans le vide. D'ailleurs, quand elle m'avait retenue, elle avait accentué le débalancement de la cabine puisqu'elle m'avait forcé à me projeter du sens contraire. Si je n'avais pas confiance en l'expertise des ingénieurs qui ont conçu cette Grande Roue, j'aurais probablement craint que la cabine tombe et nous entraîne tous les deux dans la mort. En tout cas, si moi je n'en avais pas peur, Denver affichait carrément une mine inquiète et bouleversée. Je m'en sentais responsable. Aujourd'hui, je n'avais pas été à la hauteur. Je n'avais pas été le Domenico qu'elle connaissait. Une part de moi s'en blâmait comme une autre me disait que je n'avais pas à m'en soucier. D'une certaine façon, la deuxième part en moi avait en partie raison: si nous formions un couple, je ne serais pas toujours à mon meilleur. Denver devra m'accepter tel que je suis et cela comprenait aussi mes défauts. Moi, quand elle avait été de mauvais poil ou qu'elle m'avait jeté certaines remarques acides, je n'avais pas bronché. Oui, cela m'irritait et je trouvais ça même des fois puérile, mais je l'acceptais comme elle était. Le plus bel amour, mais surtout le plus vrai, c'est celui qui ne demande pas à l'autre de changer, qui l'accepte tel quel sans souhaiter la perfection. C'était ce que j'éprouvais pour Denver. Là, tout de suite, je manquais d'expression faciale pour lui montrer mon amour, mais d'habitude, dans mes yeux, elle allumait toujours une certaine étincelle qui lui indiquait que j'étais sous son charme. Je ne pensais pas que Denver cherchait à me changer ou à me rendre parfait, mais sur le coup, c'était l'impression qu'elle me laissait.
Alors que je me relevais pour quitter la cabine, je sentais toujours sa poigne très serrée sur ma chemise. Elle me montrait là toute l'angoisse qu'elle avait quant à ma descente. Normal, j'avais envie de dire. Toutes les filles s'en faisaient quant il était question de danger. D'un certain côté, elle était en train de m'illustrer son attachement vis-à-vis moi, ce qui était flatteur. Toujours sur le même ton neutre, je lui avais dit que je ne comprenais pas pourquoi elle me retenait. Après tout, j'avais compris qu'elle tenait à quitter la cabine. Elle finit par s'expliquer en me disant qu'elle ne voulait pas que je m'y prenne de cette façon. Elle alla même jusqu'à m'avouer qu'elle ne tenait pas à ce qu'il m'arrive quelque chose. Du moins, elle l'avait presque entièrement fait puisqu'elle n'avait pas achevé sa phrase. Pour la première fois depuis la soirée, j'avais souri. Souri parce que je sentais que les choses entre nous avançaient: elle était tellement attachée à moi qu'elle en arrivait d'en éprouver de la crainte. Quoique, là, maintenant, n'importe qui s'en auraient probablement fait pour moi. Toutefois, malgré cette petite victoire, je tenais tout de même à descendre. Ce fut pourquoi je lui tournai le dos une ultime fois pour préparer mon élan. Puis, elle en rajouta de nouveau. Elle voulait venir avec moi. Je savais que cela était encore plus dangereux. Si je ne m'inquiétais pas pour moi-même, je craignais que cette opération se déroule mal. S'il m'arrivait quelque chose, j'en saurais l'unique responsable. S'il arrivait quelque chose à Denver, je ne me le pardonnerais jamais. Toutefois, sur le coup, je semblais tellement zombie que je n'eus pas le réflexe de réfléchir plus longtemps.
- Alors, accroche-toi à mon dos Jane, dis-je en faisant référence à Tarzan.
Normalement, j'aurais été un vrai gentleman et j'aurais insisté pour que Denver reste dans la cabine. Or, ce n'était pas le cas. Elle embarqua donc sur mon dos comme un petit singe. La cabine tanguait dangereusement puisque j'avais grimpé sur l'un des bancs pour atteindre le poteau plus facilement. Alors que la cabine vacillait, je pris un énorme élan et mes bras se saisir du poteau qui soutenait notre cabine. Pleins de personnes proches de nous s'exclamaient de surprise et de peur. Je pouvais même entendre des personnes en bas nous supplier de regagner notre cabine. Une panique générale s'instaurait. Même si le poteau était très large, mes bras l'entouraient fermement, ce qui facilitait mon maintien. Denver était un poids plume donc je n'avais aucune difficulté à la soutenir. Elle n'était pas une nuisance. Je me donnais ensuite un élan pour pouvoir grimper dessus et l'enjamber. Après deux ou trois tentatives, je réussis à me hisser dessus. Je comptais descendre le large poteau comme on descendait un poteau de pompier pour atteindre le centre. Je ne pris même pas la peine de savoir comment se sentait Denver et me mis à l'ouvrage. Nous descendîmes à une vitesse folle. Je sentais que mon jean faisait de la friction lors de notre descente. Donc, ensuite, rendu au centre de la Grande Roue, j'enjambais un autre poteau qui était situé face au sol et fis la même technique. Au sol, des gens nous applaudir et j'eus droit à des regards sévères de la part de la sécurité. Je haussai les épaules comme si c'était une routine. Denver qui n'était maintenant plus sur mon dos me faisait face.
- Tu comptes toujours partir? |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Ven 23 Sep - 18:41 | |
| Je pouvais me qualifier de courageuse. J’étais une grosse battante et ça pouvait se voir lors des sessions des tribunaux. Même si l’adversaire pouvait m’impressionner, je ne me laissais jamais faire. Jamais vous ne verrez quelqu’un me marcher sur les pieds. Je prenais toujours mon courage à deux mains et j’affrontais l’opposé. Ce n’était pas mon genre de baisser les bras et de fuir. Même s’il y avait quelques minutes de cela, j’en avais fait l’unique contre exemple : je voulais m’en aller de cette cabine, abandonnant la dispute avec Domenico. Pourquoi j’avais fait ça? Parce que j’avais l’impression que l’on ne s’en sortirait jamais aujourd’hui. J’étais tellement têtue que ça allait être dur de me faire changer d’avis et je pensais que Domenico allait faire de même. On avait l’air de deux têtes de mules. Mais j’avais ensuite fait place à mon célèbre courage : voyant que Domenico s’entêtait à vouloir descendre cette Grande Roue et qu’il ne voulait visiblement pas m’écouter, il fallait que j’agisse. J’eus alors la brillante idée de lui dire que s’il descendait, je le suivrais. C’est vrai que sur le coup, je n’avais pas vraiment évalué les risques. Le seul truc qui m’importait, c’était qu’il arrête cette folie et qu’il redevienne raisonnable. Malheureusement, mon idée marcha à moitié. Alors que je m’attendais à ce qu’il arrête ses âneries et qu’il se rasseye sur son siège, il me dit de grimper sur son dos. Je n’avais plus d’excuses pour refuser : je le lui avais presque promis. Ca serait mentir si je vous disais que mon ventre ne se noua pas à cet instant précis. Mais, même déconcertée, je tenais parole et je montais sur le dos de Domenico. Je nouais donc mes mains autour de son cou, faisant attention de ne pas l’étrangler au passage, puis je regroupais mes jambes autour de son torse. Je sentais mon cœur battre dans ma cage thoracique et d’un même mouvement, je relevais ma tête en serrant Domenico de toutes mes forces possibles et imaginables.
Il fallait l’avouer, je n’étais pas vraiment dans mon assiette. Certes, je faisais totalement confiance à Domenico, mais sur ce coup, j’avais mes doutes. Je me disais qu’une fois arrivée en bas, je pourrais me vanter d’avoir descendue une Grande Roue de 60 mètres à dos de Domenico. Hé, ce n’est pas tous les jours que je pouvais faire ça! Mais à cet instant, la plaisanterie n’était pas au rendez vous. J’hésitais encore à regarder ce que faisait Domenico ou à fermer les yeux et attendre que tout cela passe. J’espérai au moins survivre à ce truc. J’entendais les voix des passagers voisins nous gueuler des choses, mais mon esprit était plutôt concentré sur le gros vide que je voyais. C’est alors que l’action commença. Sur le dos de Domenico, je sentis qu’il se mettait sur le banc. La cabine, quant à elle, tanguait d’une façon vertigineuse. Je sentis mon ventre faire un bond quand Domenico réussit à attraper le poteau. Mes yeux ne faisaient que s’ouvrir et se fermer : le temps de voir où Domenico mettait les pieds. La suite se déroula plutôt vite. Mes yeux étaient restés ouverts mais je voyais que le pire n’était pas encore passé. J’avais déduis ce que souhaitait faire le petit Torrès : descendre en glissant le gros poteau, le plus important, de la Grande Roue. C’est vrai qu’il n’y avait pas d’autres options, mais j’appréhendais cela. Et c’est ce qu’il fit. Nous descendîmes hyper rapidement. Je m’accrochais tellement à lui que j’en avais les doigts endoloris. J’avais posé ma tête sur son dos et je fermais les yeux tellement forts pendant que mon ventre se relevait violemment. Sans rouvrir les yeux je sentis Domenico s’arrêter puis repartir de plus belle. Je ne savais même plus où j’étais. Ce ne fut qu’une fois sur la terre ferme, que j’ouvris les yeux et que je descendais de son dos, un peu incrédule par ce qui venait de se passer. Mes jambes étaient légèrement engourdies et j’avais un léger mal de tête par la force que j’avais fermé mes yeux. Reprenant mes esprits, j’observais Domenico qui était à présent en face de moi, et qui semblait tout à fait en forme. Il me demanda si je comptais toujours partir. Pour moi, la seule chose qui me venait à l’esprit c’était :
« T’es un dingue. »
Je soupirai ensuite, passant une main dans mes cheveux qui devaient être un peu décoiffés. Des visages curieux nous fixaient. J’entrepris donc d’entraîner Domenico un peu plus loin de la Grande Roue. J’étais même un peu surprise que la sécurité ne nous ait rien dit. Et c’était tant mieux, je n’avais aucune envie de m’expliquer sur tout ça. Alors que je m’arrêtais dans un coin, suivie par Domenico, je surpris un groupe de filles qui nous fixaient et qui gloussaient. Je fis mine de ne pas les voir et je tournais mon attention sur Domenico :
« Je pense que j’ai eu ma dose de sensations fortes pour aujourd’hui. » |
| | | | Sam 24 Sep - 1:41 | |
| Je pouvais voir au visage de Denver que la descente lui avait paru horrifique. C'était normal: même moi j'avais eu quelques frissons d'angoisse en me laissant glisser sur ses immenses poteaux d'acier. En tout cas, je le lui avais filé une de ses frousses, ce n'était pas elle qui semblait la plus affectée. Je voyais des petits enfants nous regarder avec des yeux gros comme des billes. Apparemment, j'avais presque l'air d'un super héros vu la façon magistrale dont j'étais descendu de la Grande Roue. À leurs regards, je pouvais presque me sentir comme un Spider-Man ou un Batman. J'étais convaincu que des petits malins voudraient tenter d'en faire l'expérience, mais leur maman leur refuserait. Après tout, il n'y avait que les professionnels dans ma trempe qui pouvaient se le permettre. Ensuite, il y avait inévitablement les gens d'un certain âge qui eux étaient surpris, mais surtout outrés que j'aie osé commettre une pareille «bêtise» et surtout mettre en péril la vie de Denver. Sachant que les personnes âgées se vexaient facilement, cela me laissait plutôt indifférent même si cela me faisait sourire légèrement. Ensuite, il y avait les adolescents, autant masculins que féminins, qui me regardaient d'admiration comme si j'avais accompli un exploit magistrale. Les mecs en général avaient l'air de me regarder en se disant que j'étais un supérieur. C'était plutôt flatteur malgré que je n'avais pas la tête grosse avec leur admiration. Les filles, quant à elle, me mattaient les muscles, me regardant comme un demi-dieu. Je ne répondais pas à leurs tentatives, car mon regard était fixé sur Denver. De toute façon, même s'il ne l'avait pas été, je n'aurais pas plus répondu à leurs avances.
Donc, oui, j'étais devant Denver. Elle m'avait entraîné avec elle un peu plus loin de la Grande Roue pour ne pas qu'on attire trop l'attention. La première chose qu'elle me balança était que j'étais dingue. C'était un point de vue qui se défendait et qu'elle ne semblait pas la seule à partager, mais je ne voyais pas cette affirmation comme une insulte. Je me contentais de hausser les épaules. Par la suite, je lui avais demandé si elle comptait partir. Après tout, je me doutais qu'elle avait peut-être changé d'avis vu la tournure des évènements. Elle me répondit qu'elle avait eu assez de sensations fortes pour la journée. Je n'étais pas sûr de comprendre sa réponse. Qu'insinuait-elle par là? Allait-elle partir ou rester, mais se contenter de garder les deux pieds sur terre? Franchement, je me savais fatigué, même crevé, mais je ne contentais pas quitter. Maintenant que j'étais sur place, je voulais y rester. Je ne m'étais tout de même pas déplacé pour rien! En plus, j'avais envie de passer du temps avec elle. Je trouvais ridicule qu'on doive se quitter pour un simple crêpage de chignon. Je lui fis savoir mon point de vue.
- Est-ce que ça va être comme ça à chaque fois qu'on se dispute? T'en as assez, tu pars? Si tu espères vraiment plus pour nous deux, va falloir que t'apprennes à faire autrement.
C'était vrai. Comment espérait-elle que notre couple perdure si à chaque fois que nous avions une dispute, nous devions partir en courant l'un de l'autre et ne pas régler certains détails? À deux, on devait apprendre à mettre les points sur les i, s'asseoir et discuter de ce qui ne va pas même si on est très remonté l'un contre l'autre. Sans ça, on était condamné à périr en tant que couple. Comme un silence s'était installé entre nous, je lâchais un soupire.
- Écoute, je ne peux pas toujours être à mon meilleur. Si tu ne peux m'accepter même dans mes faiblesses, alors je me demande ce qu'on fait ici. Pars si tu en as envie: je ne te retiens pas.
Je tournais le dos, mis mes mains dans mes poches et me dirigeai vers les stands. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Sam 24 Sep - 2:28 | |
| C’était presque incroyable ce qu’il venait de se passer. Descendre une Grande Roue de toute sa hauteur au dos d’une personne, ce n’était pas commun. Il fallait vraiment que je le raconte à quelques personnes comme Victoria ou encore September ou Maël. J’étais presque sûre qu’ils peineraient à m’y croire. Moi-même j’éprouvais la difficulté d’imaginer une telle chose. Et visiblement, je n’étais pas la seule. Il n’y avait qu’à voir toutes les têtes tournées vers nous, certaines déformées par la stupeur ou encore la surprise, ou même par l’horreur allant jusqu’à l’admiration. Une vraie palette de visages que l’on voyait là. Sans oublier les regards sévères des agents de sécurité qui pourtant ne faisait rien d’autre que de nous toiser. Je m’imaginais déjà demain matin, ouvrant le journal dans les faits divers : un couple se donne en spectacle en descendant la Grande Roue de la fête foraine! J’étais même pratiquement sûre que quelque uns avaient filmé. Je me jurais d’aller faire un tour sur Youtube le lendemain pour en être certaine. Mais bien entendu, comme je suis très loin de pouvoir supporté une telle pression et tous ces visages tournés vers nous, il fallait que je m’éloigne. J’avais donc entraîné Domenico à l’abri des regards indiscrets, même si j’avais surpris un groupe de filles qui ne voulaient visiblement pas se séparer de nous, ou plutôt de Domenico.
Il m’avait demandé si je comptais partir après cela. Franchement, il me posait une question piège là. Il devait savoir que j’étais de nature rancunière et que j’étais également très têtue. C’était dur pour moi d’oublier ce qu’il s’était passé tout à l’heure pendant que l’on attendait de monter dans la Grande Roue puis une fois dans la cabine. C’est pour ça que je répondis quelque chose qui laissait planer le doute. Parce que certes, d’un autre côté, j’avais envie de rester. Rien que pour clouer le bec à ses filles qui n’arrêtaient pas de gigoter plus loin. Sauf que la réaction de Domenico fut assez directe. Il m’expliqua que si je voulais qu’il y ait un peu plus entre nous, il allait falloir que j’apprenne à faire autrement. Facile à dire. On ne change pas un caractère comme le mien. Mais face à ce qu’il venait de me dire, je maintenais le silence. J’étais sûre que si j’allais encore une fois répliquer, on allait repartir sur le même chemin que tout à l’heure et ça tournerait mal une nouvelle fois. Hors, comme je savais faire la part des choses, je ne souhaitais pas ça. Je soupirais pendant qu’un silence s’installa entre nous. Je n’avais pas envie de le rompre comme tout à l’heure. Je laissais le soin à Domenico de le faire et c’est ce qu’il fit. Il me dit que si je ne pouvais pas accepter ses faiblesses, il se demandait qu’est-ce qu’on faisait ici. Il me laissa même le loisir de partir si je le souhaitais. Et puis, avant que je ne puisse ajouter ou répondre quoi que ce soit à cela, il tourna les talons et s’en alla vers les stands me laissant plantée là. Sur le coup, je ne réagissais pas. Je l’observais s’éloigner. Etais-je sensée le rattraper? Je n’avais pas envie de rentrer chez moi à me morfondre sur le fait que j’avais quitté Domenico ainsi. Je fermais les yeux en soupirant longuement : la bonne conscience me rattrapait. Au bout d’un moment, je me mis donc à marcher droit devant moi, pour essayer de rattraper Domenico. Mes pas accélèrent avant qu’il ne puisse atteindre un stand précis. Je me positionnais à sa droite, le forçant à s’arrêter.
« C’est bien parce que c’est toi… » soufflai-je.
Il devait me croire : avec une autre personne, j’aurais sans hésité passer mon chemin et je serais directement rentrée chez moi. Mais là, au contraire, j’étais même allée jusqu’à le rattraper. C’était quand même quelque chose d’exceptionnel chez moi. Moi, la miss je m’en foutisme. J’eus un petit sourire, comme si je rigolais moi-même à ce que je venais de dire, puis je baissais les yeux vers ses poches. Avec ma main gauche, je sortais sa main de sa poche pour l’attraper et la serrer doucement par la suite. Je levais ensuite les yeux sur lui :
« On peut aller chez moi si tu veux, un bon canapé te fera du bien. » commençai-je en jetant ensuite un coup d’œil sur les stands, « Enfin, c’est comme tu veux. » |
| | | | Sam 24 Sep - 7:01 | |
| Je savais ce que c'était se battre pour quelqu'un: c'était pratiquement ce que je faisais tout le temps. Je me battais envers et contre tous pour pouvoir protéger, défendre, aider ou la conserver dans ma vie de quelconque manière que ce soit. Ce don de soi, je le devais à mon père biologique. Lui aussi était quelqu'un qui s'investissait énormément pour ceux qu'il aimait. La même équation mathématique se répéta chez moi quand je fus en âge de la constater. Je me dévouerais toujours coûte que coûte pour les autres, tel était ainsi fait ma nature. J'étais prêt à sacrifier bien des choses pour pouvoir gagner ces combats. Je n'avais pas cet égoïsme que bien des gens de notre époque possédaient. J'étais incapable de penser à moi sans passer par les autres. Grace disait que je vivais parfois par procuration: même si je vivais mes expériences, je me sentais plus vivant quand j'étais en mesure d'aider quelqu'un d'autre de quelconque façon que ce soit. Je me disais que depuis la tragédie cet trait de caractère avait grandi de manière exponentielle. Souvent, je ne voulais pas me faire plaisir parce que je m'en sentais presque coupable. Pourquoi m'amuser alors que quatre autres personnes nées avant moi n'ont plus cette chance? Je ne pouvais pas assouvir mes plaisirs alors qu'eux n'ont même pas eu le tiers de ma chance. Ainsi, je passais mon temps à être présent pour les autres. J'en disais très peu sur moi: je me contentais d'écouter ce que les autres avaient à me dire. Ensuite, j'aidais à régler leurs problèmes, m'arrangeais pour qu'ils se reprochent un peu plus de leur rêve, etc. Contrairement à Denver, je ne tentais pas de sauver le monde, mais bien de leur donner la lumière, l'optimisme qui me manquait à moi. C'était sa mission. Ma vie n'avait de sens qu'en l'accomplissant.
Donc, oui, des combats pour les autres, j'en avais mené. Or, lorsqu'il advenait de moi, je ne savais pas exactement gérer la situation. D'autant plus quand ce combat ne m'implique pas que moi, mais quelqu'un d'autre. J'étais un battant: quand j'avais une idée dans la tête, je ne l'avais pas dans les pieds. Néanmoins, maintenant, vu les circonstances, je ne voulais pas me battre inutilement. Je voulais préserver mon coeur encore fragile et le reste de mon orgueil. À quoi bon me battre si je sais que Denver ne se battra pas autant que moi? Pourquoi insister si on voit que tout est trop fragile, précaire? Contrairement à mes autres combats, je travaillais en étroite collaboration avec la personne concernée. Je ne me battais jamais seul. Toutefois, à présent, je ne savais pas si j'étais le seul prêt au combat. C'était pourquoi j'avais préféré partir. Évidemment, je n'aimais pas la tournure des évènements. Évidemment, j'avais ma part de responsabilité dans tout cela. Denver, c'était une source inépuisable de bonheur pour moi. J'aimais l'écouter me parler de son boulot sans vraiment prêter un sens à ses mots tout en mettant mon visage dans ses cheveux. J'aimais la façon dont elle se collait à moi pour me témoigner son affection. À chaque fois que j'étais avec elle, j'oubliais mes blessures et j'étais corps et âme dévoué à elle. Aujourd'hui, j'avais été présent. Quoique amoché et fatigué, j'avais été là et réceptif à son accueil. Même si je m'étais énervé contre elle, cela n’enlèverait rien au fait que j'en étais épris ardemment. Toutefois, même si elle me disait que j'étais le premier, que je comptais énormément, je me demandais jusqu'où elle serait prête à aller pour me témoigner que dans le bien ou le mal, elle serait là. Et comme, tout de suite, je n'en avais pas eu la confirmation, je lui avais tourné le dos, malgré mon immense attachement, et avais pris une différente voie.
Je n'anticipais pas sa réaction. En fait, mon cerveau ne m'en laissa pas le loisir. Fatigué, il se contentait de me rendre les images transmises par mes yeux. Ainsi, je traversais la foule sans d'objectifs précis. J'étais venu pour être avec Denver. Sans elle, ma présence ici n'avait plus de sens. Je ne devais pas être rendu très loin quand j'entendis un bruit sourd de bousculade et de pas de course. Aussitôt, une chevelure brune familière apparut à ma droite, me forçant à m'arrêter. Je ne tournais que la tête, me doutant peut-être qu'elle me balancerait une vacherie - têtue comme elle était, cela n'aurait pas été étonnant.- Toutefois, je n'ouvris pas la bouche laissant la chance au coureur. Elle finit par me dire qu'elle restait uniquement parce que c'était moi. Même si mon visage restait étonnant impassible, une étincelle vint teinter mes yeux. On pourrait appeler cela de la satisfaction. Même plus: du bonheur. Je sus immédiatement que Denver n'échapperait pas à ce petit signe. Ce fut pourquoi je ne rajoutais rien. Elle attrapa ensuite ma main gauche qu'elle sortit de ma poche. Elle leva ensuite son regard noisette vers moi et je me concentrais sur elle. Elle proposa d'aller chez elle, puis se rétracta légèrement en me disant que c'était comme je voulais. Je trouvais mignon qu'elle souhaite me faire plaisir. Elle n'était pas obligée. Je l'attirais à moi en lâchant sa main pour la mettre sur le creux de ses reins. Je ne lâchais pas son regard.
- Je me fiche d'où on peut être. Ici ou ailleurs, tout ce qui compte, c'est que je sois avec toi.
J'espérais qu'elle n'y verrait pas une lâcheté de mec qui ne voulait pas se brancher, car ce n'était pas le but de mon message. En fait, je voulais qu'elle me prenne aux mots. Tout simplement.
- N'as-tu pas compris? rajoutai-je doucement. Je suis prêt à faire n'importe quoi juste pour être avec toi. Je pourrais être mourant et je trouverais la force de sortir d'un lit d'hôpital juste pour être à tes côtés. Et s'il te plaît, fais toi plaisir et dis moi où tu voudrais aller. Ne me dis pas que tu t'en fous aussi: il faut bien quelqu'un pour prendre des décisions.
Et je savais pertinemment que Denver aimait qu'on lui laisse le choix. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Sam 24 Sep - 11:39 | |
| Je n’avais même pas réfléchis à mon geste. J’avais agis avant de pouvoir remuer mes méninges. C’était presque naturel quoi. Laisser Domenico partir comme ça était impensable pour moi. J’avais l’impression d’être un aimant avec lui : il bouge, je bouge. C’était relativement différent de mon comportement habituel, donc je n’avais pas vraiment l’habitude. Mais ça ne me gênait absolument pas. Pour moi il n’y avait pas de questions à se poser, il fallait que j’agisse. Je n’aurais sûrement pas réagit de la même manière avec une autre personne, mais tant pis. Là, ce qui me préoccupait c’était de pousser toutes les personnes sur mon passage pour atteindre enfin Domenico et le forcer à s’arrêter. Je commençais à croire qu’il exerçait sur moi une sorte de contrôle que je ne pouvais pas m’en défaire. Je ne savais pas si c’était mal, mais pour l’instant ça me plaisait bien. J’ignorais encore ce que je pouvais ressentir pour lui. C’était quelque chose de fort, sans aucun doute. Je pensais que si un jour nous étions amenés à nous séparer, je n’arriverais pas à le supporter. Même si ma vie avant Domenico n’était pas un fiasco total, je ne voulais pour rien au monde y retourner. J’avais l’impression de revivre depuis que je le connaissais. Je découvrais chaque jour de nouvelles choses et de nouvelles expériences. Comme celle qu’on venait de vivre d’ailleurs. C’était dur à admettre, mais il pimentait ma vie. Pour moi avant, c’était une routine quotidienne lasse que je tentais de bouger grâce à mon travail. Et maintenant j’avais un bonus : Domenico. J’avais carrément eus raison de déménager à San Francisco, ça je ne le regrettais pas.
Alors que j’avais légèrement poussé quelques personnes qui empêchaient la progression de mon passage, j’arrivais enfin à la hauteur de Domenico. Je me mettais à sa droite de façon à ce qu’il s’arrête pour me prêter attention. Alors que je lui disais que je restais uniquement pour lui, j’observais curieusement son visage. Je guettais une quelconque réaction de sa part, car ce que je venais de dire n’était pas anodin. Je fus alors presque contente de constater que ça ne le laissa pas indifférent également. Malgré son air toujours aussi impassible, j’avais trouvé dans ses yeux une lumière qui voulait tout dire. Je n’en voulais pas plus. Je prenais alors sa main, lui demandant en gros ce qu’il souhaitait faire. Moi, j’avais une envie de rentrer chez moi, car les sensations de cette fête foraine me lassaient. Après la dispute et la descente de la Grande Roue, je crois que j’en avais eu assez pour la soirée. Mais je voulais tout de même demander à Domenico ce qu’il en pensait, juste pour ne pas passer pour la miss chef qui décide tout ce qu’elle veut. Avant de me répondre, je sentis sa main quitter la mienne puis la poser sur mes reins, me forçant doucement à se coller contre lui. Instinctivement, je posais mes mains sur lui lorsqu’il me dit que tout ce qui comptait c’est qu’il soit avec moi. J’eus un sourire malgré moi. Je me sentais importante à ses yeux et c’est fou comme cette sensation pouvait me faire du bien. Limite si je n’étais pas sur un petit nuage. Je pense que mon sourire suffisait comme réponse, donc je n’ajoutais rien du tout. Ce fut Domenico qui se chargeait de cela. Il ajouta donc par la suite qu’il était près à faire n’importe quoi rien que pour être avec moi. Mon sourire planait encore sur mes lèvres. C’est dire, j’avais momentanément oublié qu’on était en plein milieu d’une fête foraine et que pleins de personnes se trouvaient autour de nous. De plus, il ajouta qu’il fallait bien que quelqu’un prenne des décisions. Cela me mit la puce à l’oreille, j’étais faite pour ce genre de choses. Tout en continuant près de lui, je lui répondis :
« Alors on va chez moi. »
Je pensais que c’était mieux pour tous les deux. Moi j’avais eu ma dose de fête foraine et lui avait l’air d’avoir besoin d’un bon canapé dans lequel s’étaler. Pour illustrer le propos, je me détachais légèrement de lui, attrapant sa main une nouvelle fois et l’entraînant vers la sortie.
« On pourrait louer un film. Il y a une vidéothèque près de chez moi. » continuai-je alors que nous arrivions au parking.
Je voyais ma voiture un peu au loin. La logique voulait que chacun prenne sa voiture respective. Je savais ce qu’il me restait à faire : je me retournais vers Domenico une nouvelle fois :
« Rendez-vous là- bas alors? » |
| | | | Dim 25 Sep - 2:43 | |
| Denver ne put dissimuler une réaction approbative de mes paroles. Elle devait avoir attendue longtemps pour que je réagisse de la sorte. Peut-être pensait-elle que j'entretenais un autre discours à son propos à cause de mon arrivée plutôt froide. Maintenant, que je lui ouvrais un peu plus mon coeur, que je lui disais vraiment ce que je ressentais, je sentais que cela la mettait plus à son aise. La pauvre devait s'être imaginé mille et un scénarios. Il était temps que j'exprime ce qui m'habitait. Donc, dans mes bras, je la tenais doucement, ne la serrant pas trop fort contre moi. Elle déposa ses mains sur ma poitrine, geste naturel entre nous. Au milieu du chemin comme ça, on privait le chemin à bien des personnes. Il fallait toujours que nous soyons le monopole de l'attention! On n'était pas capable d'en laisser aux autres il fallait croire! C'était étrange, car, instinctivement, nous n'avions pas des tempéraments qui cherchaient à attirer toute la lumière sur nous. En vérité, c'était même plus le contraire. Du moins, il m'apparaissait qu'en la présence de l'autre, on oubliait ce qu'il y avait autour, on ne se préoccupait que de nous et ainsi, cela donnait ces nombreuses démonstrations publiques. Pour ma part, c'était l'effet qu'elle me procurait: le monde extérieur perdait de sa netteté et la seule chose qui me semblait claire c'était Denver, ce petit bout de femme attachant. Personnellement, moi, ça ne me gênait pas d'étaler aux autres combien j'étais attaché à elle. Je ne voulais pas le faire dans un but glorifique, mais simplement parce que je ne voyais pourquoi je devrais me priver de lui montrer en tout temps, en tout lieux combien elle m'est chère.
Enfin bref, je lui avais laissé le choix: rester ici ou rentrer chez elle. Comme évoquer plus haut, je n'avais pas de préférence particulière. Comme je le soupçonnais, elle m'indiqua qu'elle préférait rentrer chez elle. D'un certain côté, j'en étais tout aussi heureux, car j'allais pouvoir passer du temps seul avec elle et ce, sans le regard extérieur des curieux. J'espérais cependant qu'on ne s'enliserait pas dans une routine trop rapidement. Il faudrait trouver des activités pour garder notre couple en vie. Alors, maintenant que nous avions une destination où aller, elle me reprit la main et nous nous dirigeâmes vers le parking. L'une des caissières de l'entrée, me reconnaissant, cligna plusieurs fois des yeux comme si elle était surprise de me voir partir aussi rapidement. C'était vrai que pour la somme de l'entrée, j'y étais restée bien peu longtemps, mais au moins, j'avais donné pour une bonne cause. J'avais fait ma bonne part de citoyen. Passant notre chemin proche de l'entrée, nous étions maintenant vraiment dans le parking. Denver me proposa d'aller louer un film. J’acquiesçais mollement, me moquant pas mal de l'activité qui nous attendait. Une fois que nous fûmes à sa voiture, elle nous donna rendez-vous chez elle. Je hochais positivement la tête en déposant un baiser sur ses lèvres. La tête qu'elle fit de nouveau lorsque je m'éloignais de son visage me fit rire: elle n'aimait vraiment pas que je garde ma barbe. J'eus un minime sourire et allais vers ma bagnole. En deux trois mouvements, j'étais déjà à l'intérieur en insérant ma clé dans le contact.
Le quartier dans lequel Denver habitait était un peu loin de la fête foraine que la mienne. Alors, cela fut un peu plus long avant que j'atteigne son appartement. Heureusement, quand j'arrivais, je constatais que Denver était déjà chez elle. Elle avait eu le temps de louer un film et d'arriver ici avant moi? Ouah! Elle était rapide. En espérant qu'elle n'ait pas grillé quelques feux sur la route. Je me garais de l'autre côté de la roue et m'avançais vers l'escalier menant à son appartement. Bientôt, je cognais à la porte en attendant une réponse. Denver m'ouvrit rapidement. Aussitôt, j'allais m'étaler sur le sofa, les yeux à moitié fermé.
- On est bien mieux ici, marmonnai-je. |
| | | Denver Hopkinsall i care about is friendship ✱ COLOCATAIRES : Mickey et Snow
| Dim 25 Sep - 10:33 | |
| J’avais envie de retourner chez moi. Même si je me sentais bien ici avec Domenico, la foule autour de nous m’exaspérait. Cela me donnait presque l’impression de me montrer en public, et je n’aimais pas vraiment cette sensation. C’est donc ainsi que j’avais suggéré à Domenico de quitter cet endroit pour un autre plus tranquille. Je pensais aussi à son confort, car sa tête me disait qu’il avait besoin de se reposer. Alors si nous ne voulions pas nous quitter, aller chez moi revenait à la meilleure solution. Je me demandais aussi qu’est-ce que nous pouvions faire une fois arrivés là-bas. L’idée de regarder un film était la plus typique, mais c’est vrai qu’à cette heure-ci, je ne voyais pas d’autres options que celle-ci. Alors que je réfléchissais à quel film je pouvais louer pour cette soirée, nous arrivâmes jusqu’au parking puis vers la place où se trouvait ma petite Chevrolet. Je me retournais pour donner rendez vous à Domenico chez moi, puis pour nous quitter momentanément, il m’embrassa. Je sentis une nouvelle fois sa barbe contre ma peau et à vrai dire, je n’aimais guère cette sensation. De plus je ne me cachais pas pour lui montrer que je n’appréciais pas trop. Ce n’était pas agréable, mais il fallait que je m’y fasse. Je me retournais ensuite vers ma voiture, ouvrit la portière côté conducteur et je m’y installais rapidement : j’avais envie d’arriver chez moi avant lui pour tout préparer. Un jeu un peu puérile certes, mais ça donnait de l’adrénaline. J’enclenchais donc vite l’embrayage et je sortais tout aussi rapidement mais avec souplesse, du parking de la fête foraine.
Je n’allais pas tout de suite chez moi. Il fallait que j’aille louer un film à la vidéothèque d’une rue parallèle à la mienne. Heureusement, je connaissais quelques raccourcis qui me permirent d’arriver plus rapidement à ma destination. J’avais de la chance : je trouvais une place pile devant la vidéothèque. Je regardais ma montre : 21h23. Une fois à l’intérieur de l’entrepôt, je me mis à chercher frénétiquement un bon film que l’on pourrait regarder tout à l’heure. Avec une soupire, je découvris que tout San Francisco avait eu la même idée que moi. On était un vendredi soir et tout le monde voulait se caler chez lui en regardant un bon film. Il n’y avait donc plus beaucoup de choix à ma portée. Je faisais donc les tours des rayons, mes yeux parcourant chaque étagère jusqu’à trouver une boîte où Will Smith y faisait l’affiche. Regardant le titre de plus près je vis qu’il s’agissait de I am Legend. J’avais déjà entendu parler de ce film et il y avait eu de bonnes critiques. Je ne regardais pas plus et je l’attrapais, me dirigeant à la caisse par la suite. Une fois le film loué, je rentrais une nouvelle fois dans mon auto puis je mettais voile vers mon appartement.
Je me garais à ma place, puis en sortant de la voiture, je guettais momentanément l’arrivée de Domenico. Mais, aucune voiture en vue, il n’était pas arrivé. Tant mieux. Toujours en sautillant, je rentrais enfin dans mon appartement. Je déposais mes clés sur la table de l’entrée puis je jetais frénétiquement le dvd sur mon canapé. Je me débarrassais ensuite de mes chaussures à talons et de ma veste. Une idée me vint subitement à l’esprit : un film sans pop corn? Impensable. Heureusement, il se trouvait qu’il me restait un sachet à placer aux micro-ondes. Juste au moment où j’enclenchais le bouton, j’entendis des martèlements à ma porte. D’un air léger, j’allais ouvrir découvrant Domenico sur le palier. Je lui fis de la place pour le laisser entrer et je le suivis des yeux jusqu’à qu’il s’écroule sur mon canapé. Bien sûr qu’on était bien chez moi! Alors que le bruit du micro-onde retentissait, je me dirigeais vers ce dernier en lançant une remarque à Domenico :
« Ne t’endors pas! »
Une fois le pop corn sortit, je le mettais dans un petit panier puis j’allais retrouver Domenico dans le salon. Je déposais la gourmandise sur la table basse puis j’attrapais le dvd qui était resté sur le canapé.
« Je n’avais pas beaucoup le choix, du coup j’ai pris ça. » lui dis-je en lui montrant la couverture de la boîte du dvd.
J’allais de suite enclencher le lecteur dvd puis j’insérais le disque à l’intérieur. Je me retournais ensuite, prit le panier de pop corn au passage et je m’installais à mon tour sur le canapé. Alors que le film commençait, je posais ma tête sur l’épaule de Domenico et j’engloutissais quelques pop corn. Je me sentais vraiment bien comme ça. |
| | | | | | | | Let's Have Some Fun [feat Domenico] | |
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