| Mar 11 Oct - 2:06 | |
| you need to back off, dude La vie en colocation avec mon, c’est le pied, je ne vais pas vous mentir. Seulement, mes connaissances se limitaient désormais aux bandes dessinées de la collection MARVEL. Les seules questions existentielles que je me posais depuis que je vivais avec eux étaient : «Que vont faire Batman et Robin contre le Joker ?» ou bien encore « Que vont devenir les Green Lanterns? ». Tout comme dans un jeu de simulation, ma jauge de culture était descendue dans le rouge, encore une semaine et je sombrerai dans une profonde dépression avant de mourir de solitude.
Ce jour-là je m’étais enfin décidée à traverser la ville sous une météo indigne du San Francisco que la Terre entière connait : temps nuageux et humide, pour aller me trouver de bons vieux classiques à revisiter à la bibliothèque municipale. Etre à l’abri dans cette grande bâtisse chargée d’histoire et d’archives me procurais une sensation de sécurité qui ne m’étais pas désagréable, bien au contraire. Je me rappelais à quel point j’avais pu être stupide de détester cet endroit autrefois. Le calme et la plénitude y régnait, loin du champ de bataille qu’était devenu mon salon entre les nombreuses parties répétées de Call of Duty entre mon frère et moi. Je déambulais entre différents rayons de la grande bibliothèque tout en récupérant quelques classiques que m’avaient conseillés ma meilleure amie telle une abeille s’apprêtant à choisir la fleur qu’elle allait butiner parmi tout un champs. « Les hauts de hurlevent », « Sherlock Holmes », « Roméo et Juliette », « Le portait de Dorian Gray »…, les œuvres de génies commençaient s’entasser sur mes bras. Je me mis à chercher la table vide la plus proche avant d’éviter une quelconque maladresse qui conduirait à mon expulsion de la bibliothèque. D’un pas mal assuré, je m’avançais vers la table tout en priant de ne pas renverser la pile de bouquins qui venait de s’élever sur mes bras. Tout en lâchant un soupir de soulagement à peine audible, je posa l’intégralité des ouvrages sur la table que j’avais repéré un peu plus tôt. Après m’être débarrassée de ma veste, je pus enfin commencer à potasser.
Je lisais le résumé des Hauts de hurlevent sur la quatrième de couverture du roman quand des chuchotements me sortirent de ma « transe ». Je me mis à observer curieusement la table d’adolescentes qui se trouvait face à moi, leur agitation attirait désormais l’attention de l’intégralité de la bibliothèque. Leurs yeux étaient rivés sur le même point, la curiosité me dévorant de l’intérieur, je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’œil au centre de leur attention. Un jeune homme venait de faire éruption dans la bibliothèque, ça aurait pu s’arrêter là évidemment mais ce jeune homme ayant la vingtaine au plus était comment vous dire « plutôt canon » comme ne cessaient de le répéter ces gamines en rute. Attendez... pas n'importe quel jeune homme non, Micah. Micah, un des meilleurs amis de mon frère, qui au passage, avait fricoté avec moi avant de me laisser sur le banc de touche un bon petit moment. Comme à son habitude, sa démarche trahissais un surplus de confiance en soi, il venait d’attirer les regards de toute la gente féminine présente dans la bibliothèque, la bibliothécaire pouvant être sa mère y compris, et il semblait en avoir conscience. Un sourire niais sur le visage, il se pavanait comme un mannequin masculin de chez Louis Vuitton. Mon cerveau ne put s’empêcher de repasser cette scène au ralentis. On se serait cru dans le remake de « 17 ans encore » avec Zac Efron, l’idole de la nouvelle génération d’adolescentes. Son nom rimait avec explosion d’appareil génitaux féminins. C’était tellement ridicule que je me mis à rire inconsciemment avant de me rendre compte que désormais, j’étais le centre de toutes les attentions, y compris celle du nouvel arrivant; super, il ne manquait plus que ça. Instantanément, mon rire cessa de raisonner dans tout l’édifice. Gênée, je me raclais la gorge tout en reprenant mon sérieux. Wow, ils avaient du me prendre pour une schizophrène finie. Je replongeais le nez sur la couverture de mon ouvrage, essayant coute que coute de me faire oublier.
En y repensant bien, à l’âge de ces filles, je n’étais pas du tout comme elles. Si arrogantes et sures d’elles au point d’être persuadées de plaire à un homme de 23 ans. Au lycée j’étais de celles qui préféraient les mecs qui jouaient d’un instrument plutôt que les quater back de l’équipe de football, de celles qui n’allaient pas aux bals de promos, de celles qui adoraient les jeux vidéos, de celles qui avaient un cerveau et qui savaient s’en servir. J’étais ce qu’on peu appeler plus communément : une looseuse. Je n’avais pas trouvé mon bonheur au milieu des rouges à lèvres CHANEL et des dressings remplis de fringues de grands noms de la mode. Un baume à lèvre à la cerise bon marché et ma paire de vans préférée me suffisaient amplement. Quand on y pense, je suis toujours une looseuse. Je ne suis pas l’ex petite amie du Prince Harry et je ne suis pas sur le point de ma marier avec Monsieur Le Duc de je-ne-sais-quoi. Mais je suis mieux dans mes baskets que dans une paire de Louboutin.
Une sensation bizarre parcouru mon corps. Celle de se sentir observée, épiée. Quand je relevais la tête pour savoir de qui il s’agissait, je tomba nez à nez avec Monsieur Don Juan. Il se tenait là, face à ma table sans dire un mot, son sourire niais toujours en place et scrutait mes mouvements avec attention. Dans un premier temps, mon côté sauvage prit le dessus, j’eu envie de lui dire de dégager, de lui arracher la tête, de lui demander pourquoi il ne m'a jamais rappelé, mais me je me contentais de lui sourire tout en soulevant un sourcil, signe que je commençais à me poser des questions. Je restais silencieuse un moment avant de me lancer.
- Si tu veux m’aider à porter mes livres, c’est gentil mais ce n’est pas à moi qu’il faut demander. J’en connais qui attendent que ça par contre.
J’avais parlé plus fort que je l’aurais souhaité mais personne ne semblait le remarquer et temps mieux. Je tourna ensuite la tête vers la table d’adolescentes avant de découvrir avec surprise que cinq paires d‘yeux me lançaient des regards assassins. Ah, c’est beau la jeunesse. Je reposa les yeux sur mon interlocuteur avant de reprendre sur le même ton que je précédent.
- Tu vas m’apporter des ennuis en restant planté là. Je ne tiens pas vraiment à finir tuer à coups de magasines people. |
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