Oh Ryan, tu ne te rends même pas compte de la torture que tu m'imposes même quand tu fais pas exprès. J'étais presque désespéré devant mon écran en lisant les réponses de la jeune femme, à croire que j'étais vraiment bon qu'à faire des sous-entendus pervers, même involontairement. Quand je parlais de faire du bruit, je pensais juste à rester à côté du mur en faisant semblant, ouais. Je vous jure. Et tout ce que je faisais de faux me faisait me sentir un peu bête. Décidément, les signes s'accumulaient, je ne pouvais pas faire autrement que d'accepter le fait que oui, d'accord, j'en pinçais un peu pour cette fille. Premièrement parce qu'elle était jolie et bourrée de qualités, mais aussi parce qu'on partageait le même intérêt pour la musique, et dernièrement parce que j'avais l'impression qu'elle n'en avait rien à battre de moi: comme quoi, c'est vrai que courir après quelque chose d'inaccessible était plus vivifiant que prendre quelque chose qu'on nous tendait sur un plateau... parce que bon, une jeune femme, pour moi c'était simple comme bonjour à obtenir, et je ne m'étais jamais gêné jusqu'à présent.
Cela faisait déjà plusieurs jours qu'on vivait à quatre dans la maison, et malgré les tensions dues à la grossesse d'Imogen contre qui je m'étais énervé à un moment donné, c'était tout simplement merveilleux. J'adorais être en compagnie de plusieurs personnes, pouvoir converser avec elles, savoir que je n'étais pas seul, entendre des rires à l'étage et de la vie entre les murs de la maison de manière générale. Il y a bien un jour où tout le monde rentrerait chez soi, malheureusement... et j'espère qu'on trouvera un arrangement pour une colocation, quitte à créer plusieurs appartements dans la propriété.
Bon, ce soir on devait se tirer d'ici, Ryan et moi, cependant, parce que prendre le risque de revivre la soirée d'hier: non merci. Andreas et Imo étaient trop bruyants. On reviendra plus tard pour les embêter.
Après avoir prit une douche et m'être changé, je suis sorti de ma chambre avec une housse de guitare sur l'épaule pour attendre mon amie dans l'entrée et sortir discrètement avec elle.
J’ai brusquement fermé mon ordinateur pour rester immobile un instant. Toujours assise en tailleur sur mon lit, je me maudissais encore et encore d’être beaucoup trop spontanée. Je dois arrêter de toujours parler sans réfléchir. Surtout si c’est pour faire des remarques aussi cinglantes à des personnes qui comptent pour moi. Il pourra toujours clamer le contraire, je sais que Ole m’en veut pour ce que j’ai dit. Okay, tout le monde a connaissance de ses frasques, moi la première. Il n’empêche qu’en ce qui me concerne, il a toujours su se montrer plus que correct et respectueux. Ce que je venais de lui dire était très déplacé. Ceci étant dit, nous devions toujours nous échapper du boucan des deux tourtereaux aux hormones en folie avec qui nous partagions ce même toit. Je les aime beaucoup, Imogen est une de mes meilleures amies, et Andreas est un garçon que j’apprécie énormément. Avec eux, je me sens plus que chez moi depuis mon arrivé chez Ole, quelques jours plus tôt. Toutefois, leur manie de ne pas du tout se montrer discrets toutefois, leur manie de ne pas du tout se montrer discrets c’était un peu …perturbant. Surtout lorsque je me trouvais avec Ole dans la pièce d’à côté. Il faut dire les choses comme elles sont. Entre lui et moi, ça n’a jamais été anodin. Si je ressens quelque chose de particulier pour lui ? Je ne pense pas. Et je ne pense pas qu’il ressente quoi que ce soir pour moi. En revanche, je ne vais pas cacher qu’il s’est effectivement passé des choses entre nous par moments, notamment sur notre première tournée ensemble. Ce n’est jamais allé plus loin. Je pense qu’on en est juste resté au stade d’excellents amis et c’est sûrement mieux comme ça. Je sais qu’il sera toujours là pour moi, quoi qu’il arrive. Et c’est réciproque.
Enfin bref, à la fin de notre conversation, nous avions convenu qu’il nous fallait déguerpir pour la soirée, histoire de ne pas subir de nouveau les ébats d’Imo et son Ikea. Je ne savais pas que les femmes enceintes étaient aussi endurantes, hum… . Je me suis donnée dix minutes pour m préparer, le temps d m’habiller, me coiffer, ramasser un sweat et je rejoignais déjà Ole à l’extérieur. Il avait sa guitare à l’épaule, et …Bon de loin, je n’arrivais pas à voir sa tête, et du coup j’ai senti un petit coup de stress : était-il encore un peu fâché après moi? Une fois le porche dépassé, j’ai machinalement allumé une cigarette avant de trottiner vers mon ami.
« On peut y aller ? J’espère pour toi que tu aimes marcher ! »
En attendant que Ryan arrive, je m'étais mis à cueillir du raisin sur les quelques ceps qu'il y avait devant la maison et à les mâchouiller tranquillement tout en observant tout et n'importe quoi autour de moi, comme s'il y avait des trucs intéressant à regarder par terre ou dans le voisinage que je connaissais pourtant. Heureusement que mon amie ne tarda pas, parce que je commençais sérieusement à me demander combien de temps j'allais tenir avant de commencer à vouloir enlever les mauvaises herbes du bord du chemin pour m'occuper. Oui, patienter sans bouger était très demandant pour moi, ne faites pas comme si vous ne vous en étiez pas rendus compte.
« On peut y aller ? J’espère pour toi que tu aimes marcher ! »
La voix de la jeune femme me fis tourner la tête dans sa direction, mais je ne répondis pas tout de suite à sa question en me contentant de l'observer et de faire rouler un raisin entre mes dents. Puis, mon bras s'allongea machinalement dans sa direction pour lui tendre une petite grappe. Ce n'est qu'à ce moment-ci que je lui souris gentiment. L'épisode de tout à l'heure était oublié ou presque, je n'étais pas rancunier, et tant mieux pour l'ambiance de la soirée!
« Tu veux m'emener à l'autre bout de la ville? Hahaha »
Je me mis donc en route en restant à côté de la jeune femme, guettant les instants où elle regardait ailleurs pour observer son visage, ses cheveux qui bougeaient dans tous les sens lors des petits coups de vent, la manière dont elle posait les yeux sur le paysage... j'ai même faillis trébucher parce que du coup je ne regardais pas trop là où j'allais, ce qui me rappela à l'ordre. Lors de la traversée du quartier, j'avais automatiquement pris la parole pour expliquer à Ryan qui habitait ici où là, ce qu'était tel ou tel bâtiment. Ils avaient chacun leurs anecdotes, et c'est que j'appréciais le plus. En Suède, l'endroit où je vivais était très communautaire, tout le monde se connaissait... et je ne comptais pas y remettre les pieds de si tôt. Les choses avaient changé, là-bas, ce n'était plus comme avant... depuis ma dernière visite, j'ai clairement compris que mon statut au sein de ma propre famille n'était plus le même. Que ce soit en bien ou en mal, j'étais à l'écart et mit sur un piédestal sans raison particulière, si ce n'est celle d'être la fierté de mon père et de ma mère. Mes soeurs, dans tout ça... eh bien je devenais progressivement un étranger à leurs yeux. Enfin bref.
Nous avions descendu la côte jusqu'au bord de mer, et j'ai demandé une pause à Ryan à ce moment-là en me laissant tomber en même temps sur le premier banc qui s'offrait à moi. La vue était trop belle pour ne pas prendre le temps de l'observer, en plus, avec le soleil qui se couchait et tout ça.
« Tu m'apprends une de tes chansons à la guitare? »
Accueil![[Ryan] Bon ben... sortons? 3997999705](/users/2512/10/73/83/smiles/3997999705.png)
![[Ryan] Bon ben... sortons? 79124](/users/2512/10/73/83/smiles/79124.gif)
