C'était encore les vacances, et nous étions jeudi soir. Ce jeudi soir était identique aux autres jeudis soirs, enfin presque. Ma soirée s'était en gros résumée à : Lecture, dîner en solitaire, télévision et ordinateur à la fois, lecture, coucher. Cette fois j'éprouvais beaucoup de difficultés à m'endormir, et c'est pour cette raison que je décidais de prendre mon ordinateur un peu avec moi histoire de discuter sur facebook. A ce moment je tomba sur Constance, une très bonne amie malgré nos caractères très différents voire même opposés. Constance était une fille très extravertie qui adorait sortir contrairement à moi qui était trop timide pour oser me déhancher sur le dance-floor et aller draguer la première venue, en plus de ça je ne savais pas danser ce qui faisait une raison de plus pour éviter de se ridiculiser devant une foule de personnes.
J'espérais que Constance et moi ne ferions que discuter sur l'ordinateur, mais se fut peine perdue : A peine la conversation avait-elle commencé, à peine elle me proposait de sortir. Après que je me sois préparé à dormir oui. Je soupirais et lui répondais que j'étais d'accord, je ne pouvais presque pas refuser à Constance une soirée entre amis et en plus de ça j'imagine que ça me ferait du bien de me dévergonder un peu. Et puis, ça faisait longtemps que je n'étais pas sorti avec une ou un ami et c'était le moment où presque jamais. Je lui disais donc que je l'attendais chez moi, et refermais vite l'ordinateur.
Je me mettais à courir partout dans mon petit appartement de Sunset District. Première étape : Préparer sa tenue. Je cherchais désespérément une tenue assez potable pour une soirée, les jetais sur le lit à la recherche de la perfection comme je le faisais en général, puis sautait dans la douche rapidement avant de me coiffer et tout ce genre de choses. C'était presque comme un entraînement pour le marathon ou comme si j'étais dans un camp de force. Je m'affalais sur le canapé, allumait donc la télévision à nouveau et attendais l'arrivée de Constance. J'espérais ne pas finir complètement bourré ( car oui j'étais sur que nous allions finir à un moment où à un autre par atterrir dans une boite de nuit ou dans quelque chose du même genre ), même si ce n'était pas mon style, ni me ridiculiser même si le ridicule ne tue pas. Enfin, c'est ce qu'on dit hein.
La sonnette retentit, je bondissais alors du canapé et me préparais à ouvrir. Je regardais dans le petit oeil de la porte pour vérifier qu'il s'agissait bien de Constance et non pas d'une erreur d'adresse ou des petits branleurs, apercevais mon amie et décidait de la taquiner. Club top secret. C'est quoi le mot de passe ? Mon rire se laissait entendre à travers la porte, et j'étais déterminé à la faire languir un peu.
Le jeudi était loin d’être mon jour préféré. Pour commencer, je ne travaillais pas et Ariadna elle, travaillait, résultat, je me retrouvais seule dans cette immense maison d’Alamo Square avec Penny, ma chienne comme seule amie. La journée s’était écoulée plutôt lentement. Je m’étais levée tardivement avant de m’adonner pleinement à mon activité préféré : le zapping. Activité banale, je sais, seulement je ne saurais dire pourquoi, j’y suis accroc.
Une fois mon besoin télévisuel asouvit, je m’étais emparée de mon ordinateur et comme la moitié des habitants de cette planète, je me connecta au réseau social le plus connu, facebook. Une révolution ce truc là. Je me mis à passer en revue l’ensemble de mes « amis » dont je ne connaissais même pas la moitié. Par chance, j’étais tombée sur Eliott, un vrai ami en chair et en os, pas une stupide photo de profil. Quand on nous voyais ensemble, les gens avaient tendance à se demander pourquoi nous étions amis. Il est vrai que nos caractères et notre façon d’être sont totalement opposés, je vous l’accorde, mais ce qui m’a plus chez Eliott c’était sa réserve et sa nature introvertie. Réussir à le faire s’amuser pleinement en boîte où dans ce genre d’endroit était un vrai défi, et moi, j’adore les défis. A peine la conversation entamée, je lui demanda de sortir de son trou à rat, chose qu’il ne pouvait pas me refuser. Il était tout à fait conscient que j’étais capable de traverser la ville pour aller le chercher sous ses draps. Comme je le disais plus tôt, il ne refusa pas.
Après avoir refermé l’ordinateur qui se trouvait sur mon lit, je fila en coup de vent vers mon dressing que je mis sans dessus dessous en deux minutes chrono. Sans perdre un instant, je m’enfermais dans la salle de bain pendant plus de quinze minutes avant d’en ressortir complètement transformée. J’avais optée pour une simple robe noire décolletée, assez près du corps et avait tout misé sur le rouge sang de mon rouge à lèvre. Après un rapide passage par la case miroir, je sortis de ma chambre, sac à main sous le bras. Tout en traversant la maison vide, je me munissais de mon portable et de mes clefs de voitures. Je vérifiais de n’avoir rien oublié avant de sortir de la maison que je verrouillais après mon passage. Par chance, ma Mini Cooper était de l’autre côté de la rue étant donné qu’une personne, idiote et méprisable, avait pris soin de boucher l’entrée de mon garage avec son véhicule. Sa peinture en prendrait un coup, j’en fais une affaire personnelle. Tout en traversant la rue, je déverrouillais ma voiture à l’aide de la petite télécommande prévue à cet effet avant de me précipiter à l’intérieur de l’habitacle du véhicule. Dans un rugissement de moteur je me lançais à pleine vitesse dans les rues de San Francisco.
Presque un quart d’heure de conduite après, j’arrivais enfin à destination. Sunset District. Un quartier plutôt calme et tranquille mais aussi toujours plein de vie et sympathique. J’y adorais m’y rendre. Une fois la porte de l’immeuble de mon ami ouverte, je montais deux par deux les escaliers menant jusqu’à son appartement, et ce malgré mes hauts talons. La porte d’entrée de l’appartement d’Eliott se tenais désormais face à moi et sans la moindre hésitation, je pressa plusieurs fois le bouton de la sonnette avant de croiser les bras sur ma poitrine attendant une réponse. Elle ne sut tarder. A peine dix secondes après, la voix d’Eliott retentit à travers la porte marron et je ne pus retenir un petit rire.
- Heeeeu… je vais botter les fesses si tu ne m’ouvres pas maintenant ?
Mes lèvres s’étirèrent en un large sourire alors que je me rapprochais du petit oeuil de la porte. Je décroisa mes bras avant de lever mon majeur devant celui-ci tout en le gratifiant d’un de mes clin d’œil légendaire.
- J’espère que ce que tu vois te plait, mon lapin.
C'est pas tout à fait ça non. Je rigolais et décidais de faire mon chieur un peu. J'attends le mot de passe, je t'aide ça commence par Eliott est ... Pendant que j'espionnais mon amie à travers le petit oeil de la porte je vis Constance s'en approcher et me montrer un spectaculaire doigt d'honneur. Je rigolais toujours, cette petite scène m'amusant beaucoup. Dis Constance, tu crois que j'ai le temps de faire une sieste pendant que tu cherches le mot de passe ou encore de me boire un café ? Je me dirigeais alors dans la cuisine, me préparais bruyamment un café afin que Constance l'entende et revenait le siroter toujours aussi discrètement devant la porte. Alors ce mot de passe Constance, tu as tant de mal à le trouver ? Pourtant c'est simple, tu le penses tous les jours. Je recommençais à rigoler et finissais par ouvrir la porte à Constance.
Bon, c'est vraiment parce que je suis gentil que je te laisse entrer parce que c'est quand même censé être un club ultra privé et ultra VIP. Je lui souriais, l'enlaçais et embrassais ses joues. Un café, une boisson, un thé, un verre d'eau ? J'essayais en fait de reporter le plus possible la sortie que Constance m'avait concocté en détournant son attention. Eh Constance, viens voir ! Tu vois j'ai du refaire tout le réseau électrique à cause de cette fichue tempête. Tu as beaucoup été touchée toi par la tempête ? Je lui désignais du doigt le fameux réseau électrique que j'avais du payer à moitié et lui décrivait les dégâts auquel j'avais du faire face. Aaah regarde aussi, j'ai rajouté de la décoration dans ma chambre, regarde Constance ! Je l’entraînais par la main dans la chambre et prenais bien tout mon temps pour lui montrer mes petites nouveautés. Au fait, jolie robe. Tu es splendide. Constance était superbe, comme toujours étant une fille prenant beaucoup soin d'elle. J'aimais faire des compliments lorsqu'ils étaient sincères, comme à présent, car il me semblait important de valoriser ceux que l'on aime.
Il était certain qu'au club où nous allions débarquer tous les garçons se jetteront sur elle et si jamais elle cédait à la tentation, alors je devrais me contenter de rester au bar. Je tournais la tête à la recherche de quelque chose qui pourrait reporter le moment de la sortie à plus tard. Je bondissais et m'exclamais. Je vais aux toilettes ! Je crois que Constance avait bien compris ce que j'essayais de faire, c'était assez évident de toute manière. Fais comme chez toi en attendant ! Je sortais et afin d'éviter que Constance ne m'attrape tout de suite pour me traîner hors de l'appartement, je sautais dans la salle de bain. Deux secondes je me lave les mains ! Je crois qu'il n'y avait plus rien à faire et qu'il était désormais temps de partir. Je revenais vers le salon et regardais Constance avec une petite moue adorable, espérant qu'elle craque et abandonne son idée même si c'était loin d'être gagné. On est obligés de sortir ?
Cela faisait déjà plusieurs minutes que je poirotais devant la porte d’Eliott comme la dernière des imbéciles. Afin de me torturer d’avantage, mon ami avait décidé de me donner un indice des plus inutiles. Malgré ça, je jouai le jeu en faisant mine de me creuser les méninges.
- Eliott est un idiot !?
J’avais aussi, de mon côté de la porte de l’enquiquiner un peu, seulement quand il se mit à me narguer tout en allant chercher un café, je me mis à taper fortement mon poing contre la porte tout en lâchant un léger rire.
- Allez… Eliott, je t’en supplies…
Cette fois il avait gagné, il fallait le reconnaitre. Quelques supplications après, Eliott avait décidé d’être clément en m’autorisant l’accès à son appartement. En voyant son visage je ne pu m’empêcher de sourire, ça faisait un baille que je ne l’avais pas vu. Après un échange d’étreintes et de bises il m’attira avec hâte à l’intérieur tout en me proposant une boisson. Même si nous nous apprêtions à sortir je ne serais pas contre un grand verre d’eau, la montée des escaliers m’ayant complètement épuisée.
- Je veux bien un…
A peine avais-je commencé ma phrase qu’il m’attira dans le salon afin de me montrer un tout nouveau circuit électrique, la tempête qui avait dévasté San Francisco ayant complètement bousillé l’ancien. C’est vrai qu’en y pensant, le quartier d’Alamo Square n’avait pas vraiment été exposé à cette tempête et par chance, elle avait épargné ma maison. A mon visage, il était clair que je ne comprenais rien du tout à ce qu’il était en train de me dire. Il enchainait les phrases avec une rapidité affolante sans même me laisser le temps de réfléchir à ma réponse.
- Ah heu.. La tempête. Eh bien…
Même schéma qu’auparavant. Tout en me tenant par la main, il me fit traverser son appartement direction sa chambre dans le but d’y admirer ses nouvelles décoration. Je le suivais en trottinant avec mes talons, exercice qui était vraiment difficile vu la vitesse à laquelle Eliott se déplaçait. Une fois dans sa chambre, j’examinai la pièce du regard. Rien n’avait changé depuis la dernière fois que j’avais mis les pieds dans cette pièce. Où voulais-t-il en venir ? C’est là que je compris. A peine avais-je percuté qu’Eliott me complimenta sur ma tenue vestimentaire. Voilà enfin quelque chose d’intéressant ! Sans lâcher la main de mon ami, je déposai un doux baiser sur la joue de se dernier avant de lui répondre d’un ton enthousiaste.
- Oh merci ! Toi aussi tu es super, comme toujours. Au fait, faudrait qu’on aille faire du shopping un de ces jours.
Lâchant ma main et avant même que j’eus le temps de réagir, Eliott bondit en direction de la salle de bain avant de s’y enfermer. Une fois à l’intérieur, il m’informa de son activité et m’invita à faire comme chez moi. En haussant les épaules, je me dirigeai de nouveau vers le séjour tout avant d’y faire les cent pas. Une fois la soit disant toilette de mon ami, ce dernier sortit de la salle de bain, une moue d’enfant capricieux sur le visage. Je savais très bien ce qu’il voulait. Qu’on reste chez lui. Cependant, ce que je n’arrivais pas à comprendre, c’était pourquoi une telle réticence à côtoyer les clubs et autres genre d’endroits crées dans le but de divertir et d’amuser l’être humain ? Allez savoir. A mon tour, je l’observai tout en faisant la moue.
- Allez quoi. Il n’y aura que toi et moi et puis on aura qu’à faire comme si on été ensemble, comme ça, personne ne nous approchera.
Je pris le bras d’Eliott tout en le serrant fort contre moi avant de reprendre.
EH je suis pas un idiot ! Je faisais une petite moue boudeuse et laissait entrer Constance. J'avais gagné cette fois, Constance avait été en position de faiblesse pour une fois face à moi, et au fond j'en étais fier. Après avoir fait mon petit cinéma je me sentais complètement impuissant face à une Constance complètement déterminée à sortir. Que toi et moi ? Ou tu veux dire toi, moi, et la centaine d'autres personnes qui viennent danser aussi et boire comme des trous ? Non mais je te plante pas, si on reste là je te plante pas tu comprends bien puisqu'on aura tout de même passé la soirée ensemble.
Je feignais un grand sourire, sachant très bien que ce serait totalement inutile dans cette situation et que Constance avait largement gagné d'avance. Je n'aimais pas lorsqu'elle me faisait cette petite bouille, je détestais ça même car il était tellement plus simple pour elle de me faire craquer ainsi. C'était de la triche, et de la corruption. Arrête de faire cette tête Constance ... Je la regardais presque avec des yeux suppliants.
Ah et puis oui, il faudra qu'on se fasse du shopping ensemble oui. Bah tiens, et pourquoi on dormirait pas là et comme ça on sera en pleine forme demain pour dévaliser les boutiques ? Mon sourire ne quittait pas mes lèvres, et il me semblait que je paraissais ridicule dans cette situation. Je soupirais et retardais une fois de plus le moment de la sortie le plus possible en me dirigeant vers la cuisine. Je tirais Constance avec moi jusqu'à cette pièce et lui disais Alors, qu'est-ce que tu veux boire ? Tu ne m'as pas dit tout à l'heure et je sais que tu as soif, alors bois ? Presque toutes mes phrases prenaient à la fin un ton interrogatif, tout ça parce que je savais qu'à un moment où à un autre Constance me sortirait de mon trou.
Ce n'était pas une question de redouter les clubs et les boîtes de nuit, mais c'était loin d'être l'endroit où j'étais le plus à l'aise dans la vie de tous les jours. Tout le monde dansait, buvait à souhait, et moi je n'avais pas l'habitude de faire tout ça. J'étais nul en danse, et je savais que si j'allais en boîte je me ridiculiserais, et je n'étais pas intéressé par la beuverie juste pour finir bourré. En plus de ça on me draguerait peut-être et je ne savais jamais comment m'y prendre, j'avais toujours peur de blesser ou de mal m'y prendre. Et puis après tout, je n'avais pas besoin de draguer à mon tour ayant d'ors et déjà quelqu'un dans mon coeur.