La fin de l'été approchait à grand pas, une fin que je ne voyais pas particulièrement arriver étant donné que j'avais stoppé toute activité universitaire ou rémunérée. Tout le monde ou presque était parti : Khris, Alan et Charlotte à Paris. Génial, je me retrouvais seul. J'avais pas les moyens de me payer l'avion, alors je m'étais contenté de rester à San Francisco à ne rien faire à part comme d'habitude ou presque m'enfermer dans ma petite bulle. La tempête avait fait rage, enfin un peu d'action, et m'avait permis de trouver des idées fabuleuses pour une quelconque écriture, mais ça a aussi donné du travail aux artisans de la ville. Et moi, j'avais besoin d'un électricien. Ca m'avait coûté la peau des fesses à refaire tout ce bazar électrique, même si c'était ma propriétaire qui avait presque tout payé. Faut pas oublier que je suis au chômage, et c'est là que je me rends compte qu'il faudrait quand même que je gagne ma croûte.
Charlotte, une très bonne amie que je considère sûrement plus que comme une amie, avait eu la bonne idée de m'appeler une fois de plus en pleine nuit. Cette fois, je dormais bel et bien, mais comment résister à l'idée d'entendre sa petite voix ? Tant pis. Elle m'annonça son retour à San Francisco. ENFIN OUI ! Et puisqu'elle n'avait plus d'endroit où loger, son appartement étant en ruines, je lui avais aimablement proposé de venir chez moi en attendant. Ce qui signifiait que je devais tout préparer pour son arrivée : Ranger, nettoyer, aspirer et balayer, faire la cuisine, préparer le lit, et j'en passe. Une fois notre petite discussion terminée je raccrochais et retombait dans les bras de Morphée.
Je me réveillais, le soleil s'installant dans la pièce et m'empêchant de dormir, et regardait mon réveil. 16h. La panique m'envahissait, 16 H ?! Charlotte arrivait à 19h, et il fallait que je nettoie tout et cuisine. Mon dieu, mon dieu, mon dieu. Je sautais du lit en précipitation, prenait une brève douche et me plantait devant l'armoire. Ben oui, il me fallait quand même une belle tenue histoire de plaire à Charlotte. Je retournais mes vêtements et finissait par trouver une tenue simple mais qui m'allait très bien. Cardigan, T-Shirt noir, jean slim et converse. J'observais le résultat sur moi et était plutôt satisfait. Après avoir attrapé un pain au chocolat dans un tiroir, je m'activais et faisais mon petit ménage. Après ça j'appelais un taxi et allais faire des petites courses pour le repas de ce soir. Je rentrais et préparait un filet mignon et un petit gratin dauphinois, ainsi qu'une salade au cas où si Charlotte était devenu végétarienne. Une fois tout ça préparé je posais le plat dans le four, attendant l'arrivée de Charlotte pour le mettre en route. Je jettais des pétales de rose sur mon lit, car oui j'avais décidé de relever le pari que j'avais fait avec la jeune demoiselle, et attendait sagement dans le canapé que la sonnette retentisse.
Après deux mois passés à Paris, j’étais de retour sur le sol californien de San Francisco. J’avais l’impression de sortir d’un rêve. J’avais appelé une nouvelle fois Eliott en pleine nuit, à cause du décalage horaire, j’oubliais à chaque fois qu’il faisait nuit ici, quand chez moi nous étions en plein après-midi. La première fois, je l’avais réveillé pendant la nuit, c’est là qu’on avait convenu que j’irais vivre chez lui, le temps que retrouve un nouvel appartement… Cette fois je l’avais appelé pour lui dire que j’arrivais ce soir, vers 19h. En vérité, j’arrivais plus tôt, mais je ne lui avais rien dit. J’avais prévu de passer voir ce qu’il restait de mon immeuble, avant d’aller chez lui. J’étais donc là, avec mes valises face à ce qui avait été mon appartement. J’étais étrangement calme. Je savais que j’allais finir par craquer, mais pas là, pas maintenant. Je regardant l’étendue des dégâts, stoïque, j’allumais une cigarette. Je ne trouvais rien à dire, rien à faire. J’avais des frissons, j’avais les yeux complètement secs. « Craque pas » lâchais-je, pour moi-même. Un dernier regard, et je pris la direction à pied de ce qui allait être mon toit dans les jours à venir : chez Eliott. Je jetais ma cigarette dans les décombres de mon appartement, on aurait été dans un film, je suis sure que ça aurait été du plus bel effet, mais on été dans la vraie vie, malheureusement… En marchant, je réfléchissais. J’avais eu de la chance de tomber sur lui, j’aimais bien être avec lui, j’essayais tant bien que mal de lui faire oublier son frère, Khris et de le faire être, par lui-même. Puisqu’il en était capable, je le savais. Je me demandais comme ça allait être de vivre avec lui pendant quelques temps. Surtout après nos conversations récentes. Je souriais. Il m’avait dit qu’il était amoureux, j’avais commencé par trouver ça bien, bien pour lui. Et puis comme toujours quand ça concernait les personnes à qui je tenais, j’avais paniqué. Paniqué pour lui, que cette fille qui lui plaisait ne soit pas assez bien pour lui. Et si… et si… et si… Ca tournait en boucle dans ma tête. Et puis j’avais eu cette sensation étrange que ça n’allait pas me plaire. Et s’il avait une copine, alors moi ? J’allais devoir quitter son appartement. Autant que je me mette à chercher tout de suite quelque part d’autre où aller. J’arrivais devant chez lui, je rassemblais mes force, et me dirigea jusqu’à chez lui, jusqu’à sa porte. Là, la réalité s’écrasa en plein sur moi : j’allais devoir vivre chez quelqu’un d’autre, parce que je n’avais plus rien. Tout ce que je possédais désormais tenait dans les deux valises que j’avais avec moi. Je n’avais plus rien. Rien du tout. Mon souffle se faisait plus irrégulier. Je venais de vivre deux mois magiques, merveilleux et je me retrouvais aujourd’hui de retour ici, sans rien. C’était vraiment trop dur, beaucoup à digérer pour moi. J’avais beau être forte, je ne l’étais plus du tout à cet instant. Je frappais à la porte d’Eliott. Mes yeux commençaient à rougir et à me piquer. Je commençais à redescendre sur terre et à comprendre réellement ce qui m’arrivait. En d’autres mots : je craquais complètement. Je reniflais, comme une petite fille, il fallait que je me ressaisisse, de quoi j’aurais l’air quand Eliott allait ouvrir la porte ?
J'avais oublié à quel point celà était ennuyeux et stressant d'attendre seul sur son canapé. Les aiguilles de ma montre tournaient et le temps s'écoulait tandis que mon impatience grandissait. J'avais tellement hâte de revoir Charlotte. En fait c'était un mélange d'impatience, de stress. Stress parce que j'avais toujours peur d'en faire trop, le diner, le lit, et tout ça. Stress parce que j'avais peur que son séjour ne lui plaise pas, ou que ça facilite une quelconque dispute. Tout ce genre de choses qui n'arrivent jamais lorsqu'on est seul.
Quoi qu'il en soit, j'étais assez heureux de pouvoir accueillir quelqu'un chez moi, quelqu'un que j'adorais en plus. Le sentiment qui me submergeait était majoritairement de l'affection en un premier temps, aucunement de la pitié. Si j'avais été dans la même situation, j'aurais aimé qu'on fasse de même pour moi, et le fait que ce soit Charlotte qui soit dans la panade m'encourageait encore plus à l'aider même si j'aurais aidé n'importe quel ami dans la meme situation.
J'allumais de la musique, Ipod sur ma station, et me posais sur le piano pour jouer en même temps que la musique. Ca m'occupait, et j'aimais tellement la musique que le temps passerait vite ainsi. Au bout de quelques minutes la sonnette de mon appartement retentit. Mon coeur fit un sursaut, et un mouvement de panique ou de quelque chose similaire m'emporta. Je stoppa la course de mes doigts sur le clavier de l'instrument et baissait immédiatement la musique. Je me rendis à ma porte, prenant bien soin de vérifier dans le petit oeil qu'il s'agissait bien de Charlotte et lui ouvrit la porte.
En un premier temps un sourire se dessina sur mes lèvres, mais celui-ci s'estompa dès l'instant où j'apperçu les larmes et les yeux rougis de Charlotte. Pour vous dire la vérité, je me sentais terriblement con. Voir mes amis pleurer, c'était toujours difficile pour moi. Comment agir ? Je ne savais même pas ce qu'elle avait, pourquoi pleurait-elle ? Ca s'était mal passé à Paris ? Une dispute avec Alan ou Khris ? Les hypothèses se bousculaient dans ma tête. Je la regardais avec une petite moue et l'attirait immédiatement contre moi. Ben alors Chacha, qu'est-ce qu'il y a ? Je reculais ma tête de son épaule et la regardait avec un minuscule sourire tout en lançant histoire de détendre l'atmosphère : Pas contente de me voir ?
A la porte en attendant d’Eliott vienne m’ouvrir, je sentais mes jambes trembler. J’étais pas une fille faite pour vivre de grandes émotions, je ne savais jamais comment les gérer. J’étais là, en larmes sur le palier et je ne savais plus quoi faire… J’étais pas habituée à vivre des choses comme ça. En plus de cette tristesse, j’avais un nœud à l’estomac, je savais que j’allais devoir parler de Léo, du mariage, à Eliott, je lui avais promis… Et alors là, lui qui croyait en l’amour et tout ces trucs là, j’allais l’anéantir. Il allait me détester et penser que j’étais un monstre. C’était trop horrible. J’étais presqu’à deux doigts de faire demi tour et d’aller à l’hôtel. Mais avant que je puisse bouger, la porte s’ouvrit. Je levais mes yeux rouges vers l’encadrement de la porte, il était là en face de moi. Mon cœur rata un battement, son sourire s’effaça, et je me détestais alors de faire une arrivée aussi mélodramatique chez lui. il ne méritait pas ça. Il m’attira contre lui. Et là, alors que j’essayais (en vain, il faut bien le dire) de retenir mes larmes, dans les bras d’Eliott, je n’étais plus capable de rien. J’enfouis ma tête dans son cou, et pleurais. C’était pathétique de ma part, j’aurais voulu me frapper d’être aussi stupide. Il me demanda ce qui n’allait pas, je ne répondis même pas. J’étais secouée de sanglots. Dans ma tête, les mêmes mots résonnaient sans fin : « tu n’as plus rien ». Si j’étais pas contente de le voir ? Bien sur que si, il n’imaginait même pas à quel point. Il m’avait manqué tout ce temps. Je le regardais et dessinais un petit sourire sur mes lèvres. « Si… » Il fallait que je lui explique, non ? Je ne pouvais pas rester là, sur le palier à pleurer dans ces bras. Déjà parce que je me trouvais ridicule comme ça et parce que c’était vraiment impoli de ma part. Je m’écartais de lui, essuyais mes yeux. « C’est juste que… enfin, je suis passée voir mon appart’. Et… enfin voila… » J’imaginais qu’il allait comprendre. En tout cas je n’avais plus qu’à l’espérer. Je reniflais, encore une fois. « Je peux rentrer… ? » Je le regardais avec des yeux d’enfant de quatre ans, je le savais. Mais j’étais vraiment épuisée, c’était comme si aller sur les ruines de mon appartement m’avait pompé toute mon énergie.
Ce n'était certes pas du tout le genre d'accueil auquel j'avais pu penser. Charlotte, pleurant dans mes bras et remplie de tristesse. J'aurais préféré retrouver Charlotte avec un large sourire sur les lèvres et pétant la forme. Malgré tout Charlotte restait la Charlotte que je savais apprécier dans 90% des cas, la Charlotte énervée étant à éviter. Et puis sa réaction était tout de même plus que compréhensible : Son appartement avait été détruit par la tempête et elle n'avait plus rien. C'est vrai, je n'avais pas du tout pensé à cette hypothèse, et elle était plus que valable.
Je me sentais encore plus con et sortait une phrase complètement débile. Ca va aller, hein ? Je lui déposais un bisou sur la joue et la regardait avec un sourire. Tout en prenant un air plus convaincu je répétais : Ça va aller. Tu verra, ça va aller avec moi. J'espère en tout cas. Oui c'était du moins c'est ce que j'espérais. Qui sait, peut-être que je lui ferai péter un câble et que je suis invivable, ou peut-être que notre amitié éclaterait en morceaux si l'on vivait ensemble. L'avenir seul nous le dira, et j'espérais que mes peurs ne se confirmeraient pas. Perdre mes proches, c'était quelque chose que je redoutais plus que tout, et perdre Charlotte serait monstrueux car je m'étais quand même attaché à cette p'tite.
Aller, pense à autre chose. Et fais comme chez toi, fais comme chez toi. De toute manière elle allait venir habiter ici, donc autant qu'elle fasse comme chez soi. S'il elle ne le faisait pas, on serait peut-être mal à l'aise qui sait ? Mon but de la soirée était donc de la mettre à l'aise et de lui faire oublier un peu sa tristesse. Rentre. Je tendais mon bras pour montrer l'appartement et lui faisais un large sourire. Je suivais ses pas et rentrais à mon tour dans mon petit chez moi. Je l'encourageais à me donner son manteau, prenais la main de Charlotte et allais le poser dans la chambre. T'as vu, j'ai tenu le pari. Les pétales de rose sur le lit, c'est fait ! C'est quoi le prochain défi Cha' ?
Je regardais Charlotte, un sourire de gamin aux lèvres et les yeux pétillants puis me décidait à ranger le manteau de Charlotte dans mon armoire, enfin notre armoire maintenant. Je commença à fouiller dans mes tiroirs et en sortit une boîte de mouchoirs. Un stock de mouchoirs c'est toujours utile. Je tendais la boîte à Charlotte, toujours avec le sourire. J'espérais que mon sourire soit contagieux, mais je devais surtout avoir l'air d'un niais. Tant pis, je voulais que Charlotte ravale ses larmes très profondément et ne le ressorte jamais. Je m'asseyais donc sur le lit, et la fixait attendant qu'elle dise quelque chose afin de briser la glace.
Sur le palier, devant chez Eliott, moi dans ces bras, lui essayant de me rassurer. Et ça marchait. Je me calmais. Il me calmait. J’étais bien. Peu à peu mon souffle reprenait une allure normale. Je respirais à nouveau. Pour moi-même, je souris, c’était grâce à lui. C’était sur. Lorsqu’Eliott essaya de me rassurer. Je hochais la tête. Je le croyais. J’étais convaincu que c’était vrai, qu’il avait raison, que tout allait bien se passer. Il allait juste falloir que je me calme. Et que je me contrôle. Je l’avais fait pendant 20 ans, je pouvais encore continuer aujourd’hui, pas vrai. « Oui, d’accord. » Pendant qu’il m’entrainait à l’intérieur, j’essuyais mes larmes. J’essayais d’envisager la tête de déterrée que je pouvais avoir… « Pardon, je ressemble à rien. Excuse-moi. » Je regardais autour de moi, l’appartement d’Eliott, là où j’allais vivre. Pour combien de temps ? Ca dépendrait d’un tas de choses… Soudain il prit ma main et m’entraina dans la chambre. Là je découvris le lit, avec les pétales de roses. Je lâchais un éclat de rire. Il l’avait fait. Il s’était souvenu de ça. C’était trop mignon. « T’es bête ! » m’exclamais-je, en le prenant dans mes bras. C’était vraiment trop beau. J’oubliais soudain, tout, plutôt mon absence de tout. Je souriais en regardant autour de moi. Pendant ce temps là, Eliott rangeait mes affaires et me sortait des mouchoirs. Eliott s’occupait de moi, c’était vraiment agréable, je passais toujours pour la méchante, à ses yeux, j’avais l’impression que c’était différent. Ça me plaisait Je pris un mouchoir et m’essuyais les yeux comme je pouvais. J’espérais que le résultat n’était pas trop désastreux. Mais c’était loin d’être gagné. Eliott me regardait en souriant. Pourquoi ile regardait comme ça ?! Je lui souris et il vint s’asseoir à coté de moi, sur le lit. C’était vraiment agréable de voir tous les efforts qu’il faisait pour moi, pour que je me sente bien chez lui. J’avais bien fait d’accepter de venir chez lui. Et moi, comment je le remerciais ? En arrivant en larmes sur le pas de sa porte, c’était vraiment trop sympa de ma part. Joke. « Qu’est-ce qu’il y a ? » lançais-je. Je me demandais si, déjà, Eliott attendait de ma part que je lui raconte tout. Est-ce que j’y arriverai ? Et je m’égarais dans mes pensées, comment j’allais dire ça ? J’avais été fiancé avec un mec que j’avais trompé avec son propre père. J’étais abominable. Et c’était la partie externe de l’iceberg dans le fond. C’était pas avec ça que j’allais le convaincre de vivre sa vie à fond & de se lancer et sortir avec celle qu’il voulait. D’ailleurs, je ne perdais pas le nord. « Bon, tu vois, je suis triste, alors console-moi : raconte moi tout ! » Il savait très bien de quoi je parlais.
Alors que je l'entraînais dans l'appartement, j'entendais Charlotte dire qu'elle ne ressemblait à rien. Je me retournais et la considérais avant de dire : Tu es toujours mignonne Chachoune, même quand tu pleures. Je parie que tu es pas d'accord, mais bon tant pis c'est mon avis. Si jamais tu veux ou as besoin, la salle de bain est à disposition et tout hein. Elle rigolait à la vue du lit et me pris dans ses bras. Ah bah écoute, je t'avais dit que je le ferai hein !. Ouf, elle n'avait rien dit de négatif à ce propos, elle le prenait à la légère, et c'était plus que tant mieux. Je l'embrassais sur la joue, me reculais et lui souriais donc avant de ranger son manteau dans l'armoire et de me poser à nouveau à ses côtés, cette fois sur mon lit, son lit ? tout en la fixant.
En un instant ou presque, les larmes de Charlotte s'étaient évaporées, et j'en étais très content et fier, même si ça n'allait peut-être pas durer. Qu’est-ce qu’il y a ? me demanda-t-elle puisque je gardais le silence. En fait, rien, il n'y avait rien. Je ne savais pas quoi dire, je ne savais pas quoi faire. C'était tout moi, paumé, comme d'habitude à vrai dire. Rien ne me traversait l'esprit, je me contentais de fixer Charlotte et de l'admirer. C'était d'ailleurs peut-être un peu gênant pour elle, alors lorsqu'elle brisa le silence je détournais le regard pour éviter d'augmenter la gêne qu'elle devait ressentir.
Rien rien répondais-je, lui adressant encore et toujours un sourire. Un silence s'installa quelques instants, Charlotte devait sûrement être en train de réfléchir. Mais à propos de quoi réfléchissait-elle ? Bon, tu vois, je suis triste, alors console-moi : raconte moi tout !. Dès que cette requête me fut imposée je me mis à rire. Et ben tu perds pas le nord toi hein ! Ça t'a tant travaillé que ça ? Je lui disais ça sous le ton de la plaisanterie avant de continuer. Y'a toujours rien à raconter, vu qu'il ne s'est absolument rien passé. Je ne suis pas spécialement sorti à sa recherche, elle est revenue il y a peu de temps et quand je suis sorti j'ai pas pu la voir. Donc je lui ai pas parlé, je compte toujours pas lui dire quoi que ce soit à propos de mes hypothétiques sentiments tant qu'elle ne me dit rien. Et puis c'est tout. J'attends d'avoir plus de détails sur ta petite histoire avant de te parler de la mienne. Alors ... C'est toi qui me raconte tout ! De A à Z ma petite, et on rechigne pas !
Je rigolais à nouveau, et m'allongeais sur le lit, main croisées derrière la tête, l'air détendu. Je t'écoute. J'aimais détourner l'attention qu'on me portait lorsque je ne voulais pas parler de quelque chose, et aujourd'hui comme la dernière fois je trouvais que je m'en sortais plutôt bien avec Charlotte.
Je la fixais à nouveau avec un grand sourire, anxieux sans le laisser réellement parraître. Anxieux de la réponse qu'elle pourrait me procurer. Angoissé car elle pourrait être négative pour moi, dans le sens où ça me rendrait fou de jalousie. L'amour, je sais pas si c'est ça que je ressens, mais je sais à quel point je suis attaché à Charlotte, et je sais que si elle se mettait en couple ça me rendrait jaloux. Et anxieux car si la réponse qu'elle me donnait était plutôt positive, je ne saurais pas quoi faire ou quoi dire. Ce serait tellement chaotique, parce que moi et les histoires d'amours ça fait deux. C'était limite si je savais pas vraiment embrasser correctement, enfin je crois, alors imaginez le reste. J'attendais donc, l'air patient mais plus qu'impatient à l'intérieur une quelconque réponse de Charlotte.
Après que j’ai brisé le silence, Eliott me regardait en souriant. J’adorais quand il souriait. Lorsqu’il me regardait, heureusement que je n’étais pas de nature à rougir. Ça me sauvait en quelque sorte. J’attendais une réponse à ma question, une réponse claire. Cette histoire m’avait travaillé, d’abord parce que j’avais cherché à savoir qui était cette fille que je connaissais, ensuite parce que je m’étais rendue compte que ça me dérangeait. Mon caractère égoïste que j’enfouissais en moi depuis que j’avais quitté Paris (la première fois, pour Léo) refaisait surface, et je comprenais que trop bien ce qu, inconsciemment, ça voulait dire. J’avais rangé cette idée au fond de ma tête. Je n’étais pas prête pour tout ça, et j’étais encore moins prête à faire souffrir Eliott avec ma manie de toujours tout gâcher. Je ne pouvais pas lui faire un coup pareil, pas à lui. Et puis par jalousie, j’avais dit que moi aussi j’avais quelqu’un en vue. C’était faux (techniquement), mais il n’y avait pas de raison qu’il n’y ait que moi qui attende des réponses. Lorsqu’il me répondit, une nouvelle question s’installa dans ma tête comme si j’en avais déjà pas assez. Je m’étais déjà demandé ça, et si cette fille, je la connaissais plus que ce que je croyais et que ce qu’il ne le laissait entendre ? Genre… moi ? C’était assez ridicule, je rangeais cette idée au même endroit que l’autre. Après son petit monologue, Eliott vint s’allonger sur le lit, à ma gauche. Je le regardais en souriant. En trois minutes, il avait chassé mes larmes et mes peurs. Je m’allongeais à coté de lui, sur ma hanche, la tête dans ma main, appuyée sur mon coude. Je commençais inconsciemment à dessiner des ronds avec mon index sur le bras d’Eliott, qui était à coté de moi. « Elle est rentrée ? Et t’as toujours rien fait ?! Bouge-toi ! » Je disais ça en rigolant, je savais qu’il ne le ferait pas. « Et d’abord, pourquoi t’as besoin de savoir mon histoire, avant de me raconter la tienne ? Hein ? Dis-moi. » Je décidais d’à nouveau reporter l’attention sur quelqu’un d’autre que moi. Je m’assis en tailleur sur le lit et lançais. « Vas y, entraine toi. Je suis LA fille. Dis-moi, tout, ce que tu ressens. » Puis avec un clin d’œil. « Après je te raconte tout, le monstre que je suis, si tu t’en es bien sorti. » J’essayais de dire ça d’un ton léger. Alors qu’à l’intérieur je bouillonnais.
Charlotte avait dit qu'elle avait aussi quelqu'un en vue, et je tenais absolument à savoir qui, comment il est, car mon caractère curieux refaisait toujours surface mais en fait ce n'était pas la seule raison. Au fond je mourrais de jalousie et je savais que si le prénom que Charlotte prononçait était différent du mien alors je serais terriblement déçu, et je viendrais surement à détester la personne qu'elle aimait, même s'il la rendait heureuse. C'était certes très égoïste, mais bon Charlotte n'était pas censée le savoir, et si elle sortait avec quelqu'un alors je la laisserais sortir avec et ne m'y opposerait aucunement à part mentalement et individuellement.
Et si Charlotte me mentait et qu'il n'y avait personne en réalité ? Si elle pensait comme moi et voulait seulement me rendre jaloux ? Non, c'était complètement ridicule, et puis Charlotte avait largement plus de chances que moi de trouver quelqu'un aisément. Elle était gentille, beaucoup plus ouverte socialement que moi, attentionnée, belle. Tout pour plaire au premier regard et au premier mot. Elle devait faire craquer la moitié des garçons qu'elle croisait, au moins, et j'étais tombé dans le panneau aussi.
Oui elle est rentrée, je l'ai vu de mes propres yeux et elle est toujours aussi belle Je me taisais un instant et réfléchissait. N'avais-je pas dit il y a de celà quelques minutes que je ne l'avais pas encore revue ? Glourps .. Tant pis, je me dépêchais de continuer à parler pour que celà passe complètement incognito. Eliott tu es un crétin, Eliott tu es un crétiiiin. Ahlala .. Je ne cesserai de te le dire, je ne ferai rien tant qu'elle ne fait rien dans mon sens. Tiens, j'vais rester sur mon lit avec toi à ne rien faire, ça me paraît bien comme plan, non ?
Par la suite, Charlotte voulu retourner la conversation en ma défaveur. Pourquoi ce serait à moi d'en parler en premier hein ? Je soupirais et la regardais avec des yeux d'enfants. Maiiiiis c'est pas du jeu ! Je m’essayai de la même manière que mon amie, en tailleur sur le lit, et la fixait sans rien dire les bras croisés comme un petit gamin qui ferait du boudin car l'on n'a pas satisfait son petit caprice. Une petite moue sur mon visage se dessinait tandis que Charlotte me proposait de jouer le rôle de mon coup de coeur. C'était une idée relativement mauvaise étant donné que Charlotte était en fait mon coup de coeur. Comme si j'allais me confier comme ça, aha non.
Je la regardai, toujours positionné de la même manière avec la même expression sur le visage et me levait brusquement du lit une idée en tête. Je pris mon Ipod, choisit une chanson avant de le remettre sur ma station et me positionnai devant elle attendant la mélodie. Je me mettais à chanter et danser comme un crétin ( ce qui n'était ceci-dit pas très compliqué à faire ) . Quoi de mieux pour dévier son attention que de cette manière ? pensais-je. Je continuais mes mouvements, et chantait : J'me présente, je m'appelle Henri. J'voudrais bien réussir ma vie être aimééééé. Je tendais ma main à Charlotte et l'invitait à "danser" ou plutôt à faire la débile avec moi.
Eliott s’embrouillait dans ses explications, je ne relevais pas, ça ne servait rien d’en rajouter. Je me contentais de sourire. Je savais moi que c’était juste de la politesse de ma part. Ça ne me faisait pas sourire de savoir qu’il aimait une fille, jolie en plus. Peut-être qu’il se doutait que je la détesterais, c’était pour ça qu’il ne voulait rien me dire. Ce serait du parti pris oui, mais j’en avais rien à faire. Je savais que je ne l’aimerais pas cette fille. Cette fois c’était trop, j’allais tout lui dire, j’allais commencer par Léo et puis je verrais bien comment enchainer la suite. Bien sur ça allait choquer Eliott mais tant pis. C’était mon seul élan de motivation, je ne devais pas le laisser passer, sinon, je n’allais rien lui dire. Et j’avais promis de le faire, en plus de ça, je SAVAIS qu’il fallait que je le fasse. Pendant que je réfléchissais à tout ça, Eliott répondait à mes questions. Il s’assit en tailleur face à moi, de la même façon que je venais de le faire. Il croisa les bras sur son torse, je lâchais un petit rire. Il était adorable avec moi. Plus il l’était, adorable, plus j’étais mal. Mal qu’il me plaise, mal de ce que j’allais devoir lui dire, mal de savoir ce qui allait arriver, ou peut-être pas. Soudain il se leva, je le suivais des yeux. Il évitait soigneusement toutes mes questions, et ça ne faisait que répondre à celles que j’avais en tête. Ce pouvait-il que j’ai eu raison ? Et que je sois cette fille ? C’était mauvais, très mauvais. Je pouvais gérer le fait que le frère de Khris me plaise, mais pas le fait que ce soit réciproque. Je savais que c’était quelque chose que j’allais gâcher comme toujours. Eliott mis de la musique. Je lui souris, absente. Il fallait que je vois Lilas, la pro de l’amour depuis qu’elle était avec Christopher. Mais pas ce soir. Je me levais du lit quand Eliott me présenta sa main, je la pris et me rapprochais de lui. il m’entraina avec lui et nous nous mîmes à danser quelques instants. J’étais bien. Mais la petite voix dans ma tête refit surface rapidement. « tu as des choses à lui dire, Charlotte. Surtout si il te plait. Surtout si tu lui plais. » Je me décollais de lui et alla éteindre la musique avant de lâcher, dos à Eliott. « J’ai trompé mon petit-ami, celui avec qui je m’étais fiancé. Tu vois, je flippe devant l’engagement. Alors si jamais… si jamais, c’était moi… » J’entendais par là, son coup de cœur, mais je n’arrivais pas à le dire. « Si, jamais c’était moi, alors… je pourrais pas le gérer, et je bousillerais tout. Parce qu’il est possible que tu me plaises aussi. » Je respirais, j’avais tout lâché d’un coup et c’était la meilleure chose à faire, comme un pansement. Je me retournais vers Eliott sans le regarder. « Et si jamais c’est pas moi, alors oublie la deuxième partie de ce que je viens de te dire et retiens juste le fait que j’ai trompé mon fiancé, c’est déjà pas mal. » J’essayais de sourire, c’était absurde vu la situation.
Charlotte accepta ma proposition de ce qu'on peut appeler une danse, un cousin de la danse de la pluie sûrement. Je dansais avec elle l'espace d'un instant de manière joyeuse et dingue. On aurait pu dire que nos soucis s'étaient envolés en l'espace de quelques instants. Malgré tout il m'était impossible de ne pas m'inquiéter. J'avais tellement peur d'un côté qu'elle découvre ce que je lui cache, et encore plus si ça n'était pas réciproque. Peur qu'elle remette le sujet sur le tapis malgré tous mes efforts pour l'esquiver. J'étais tellement stupide. Un garçon c'est censé faire le premier pas, il paraît, et je n'avais même pas le courage de le faire. C'était très certainement pathétique.
Charlotte se recula, alla eteindre la musique et se mit de dos à moi. Je n'aimais pas cette ambiance, ça devenait glauque et stressant. Si elle faisait ça, c'est qu'elle allait me dire quelque chose, ou faire quelque chose j'en sais trop rien. Je la regardais, plutôt inquiet, et me demandait un instant ce qui pouvait bien lui traverser l'esprit avant qu'elle n'aborde le sujet à propos duquel elle ne voulait pas parler il y a de cela un mois. Le sujet qu'elle devait estimer bon à me cacher. Elle m'annonça qu'elle avait trompé la personne avec qui elle était fiancée, par peur de s'engager de trop dans une relation. Je ne répondais rien de particulier, et m'efforçait sans aucun mal de ne pas la juger. Après tout, tout le monde fait des erreurs dans la vie, plus ou moins graves mais tout le monde en fait.
Je laissais Charlotte parler, attentif et sentit une sorte de panique mélangée à une bonne dose de stress m'envahir. Alors si jamais… si jamais, c’était moi… étaient les mots qui faisaient bondir mon coeur. Je devinais alors qu'elle avait pensé à ce qu'elle soit celle qui me plaît. C'est là que cette sorte de panique commença à monter en moi. Elle m'avoua ce qu'elle avait sur le coeur : Que je lui plaisais, mais qu'elle ne serait pas capable de gérer une telle chose si c'était réciproque. Ma gorge se noua et ne laissait aucun mot sortir de mes entrailles. Je regardais Charlotte, au début sans faillir.
Charlotte finit pas se retourner vers moi sans pour autant me regarder tout en essayant de laisser apparaître un sourire sur ses lèvres. J'étais plus qu'angoissé et ne savait pas comment réagir et que dire. Dire la vérité en lui avouant qu'elle me plaisait aussi et ainsi nous laisser s'aimer dans notre coin sans attention l'un pour l'autre ou lui mentir et essayer de la soulager avec une amitié et vivre dans le remords ? Toujours aucun mot n'était sorti de ma bouche, et je commençais à manquer d'air d'un coup. Je me dirigea vers la fenêtre sans rien dire et respirais un instant l'air frais qui balayais la chambre avant de me retourner vers elle, fuyant au maximum son regard. Si j'avais quelque chose à lui avouer, c'était le moment ou jamais. L'occasion ne se représentera sûrement jamais.
Charlotte je .. je .. Je cherchais mes mots, en vain, et essayais pourtant de lui dire quelque chose. Tout ce que je faisais était marmonner, et sûrement augmenter la gêne de Charlotte et la mienne par la même occasion. Je fermais les yeux un instant, respirait profondément avant de dire quoi que ce soit, histoire de me calmer. J'ouvrais les yeux, levais la tête vers le haut pour regarder le plafond et murmurait Cette fille c'est toi Charlotte. Je laissais l'air que j'avais pris en réserve s'évaporer doucement dans l'air, pas du tout soulagé par ma confession. Le stress était toujours abominable, et maintenant la question qui résonnait dans mon esprit était : Et maintenant ?
J’avais tout dit d'un coup. Je me disais qu’il valait mieux le faire directement, rapidement, et ne plus y penser. C’était pas mon genre d’être comme ça. Mais je ne savais plus comment réagir. Tout dire comme ça, d’un coup, ça avait été comme plonger dans le vide, et je ne savais pas ce qui m’attendais en bas. La chute, ou pas. Mais comme si je m’étais jetée dans le vide, c’était impossible de revenir en arrière. Je n’avais plus qu’à attendre, voir à subir. Soudain, sans savoir pourquoi, je repensais à Alan à Paris, et le jour où il avait pété un plomb à cause de Sevan. Je me disais que si ça continuais comme ça, j’allais finir par faire la même chose et frapper dans un mur. Parce que bientôt je savais que je n’allais plus contrôler tout ce qui se passait en moi. Après mon déballage, je n’avais plus qu’à attendre, en espérant que je ne m’étais pas trompé, sinon j’allais être ridicule, et c’était quelque chose que je ne pouvais pas accepter, alors si il s’avérait que c’était ce qui arrivait, je ne savais pas ce que ça allait donner. Je me disais que c’était pas très malin d’avoir d’abord parlé de mon passé avec Léo avant d’avouer ce qui ce passait dans ma tête. Mais c’était ce que j’avais fait. Lorsque je m’étais retournée vers Eliott, j’avais fait le plus gros effort du monde pour sourire, c’était impossible, mais je me forçais. J’essayais de diminuer un peu l’impact de mes révélations. Il ne disait rien, et chaque seconde était horrible pour moi. Il se tourna vers la fenêtre, je fixais son dos et je me disais que ça y était, c’était fini. Je n’avais plus qu’à reprendre mes valises et trouver un hôtel. Enfin, il se tourna à nouveau vers moi, en fuyant mon regard. Il commença par ne pas trouver ses mots, j’étais à deux doigts de l’interrompre. Mais je ne disais rien, j’avais la gorge sèche. Je ne savais pas ce que je voulais ; qu’il confirme qu’il avait des sentiments pour moi ou au contraire qu’il simplifie les choses en répondant par la négative. Sa dernière phrase eut l’effet d’une bombe. Je relevais brusquement la tête, il fixait le plafond. Je me pinçais les lèvres. C’est pas vrai. Dans quoi je m’embarquais ? C’était pas ce que je voulais. Non. Je voulais continuer à ne me préoccuper de rien. Etre une enfant, me foutre de tout. Ne pas avoir de responsabilités… C’était pas comme ça que j’avais envisagé mon retour à San Francisco et (je l’avouais) je paniquais. Complètement. Qu’est ce que je devais dire, maintenant ? En plus de ça, je venais clairement de dire à Eliott que je n’étais pas capable de m’engager. Mais le fait était, je ne pouvais le nier qu’il l’avait fait. Il l’avait avoué, j’étais cette fille que je détestais depuis quelques jours. Je retournais m’assoir sur le lit parce que mes jambes fléchissaient un peu. Là je réfléchissais à mille à l’heure pour trouver quelque chose à dire. « J’ai peur. Peur pour toi… Peur de te faire du mal. » C’était la vérité, et c’était tout ce que j’avais trouvé à dire. L’autre vérité, c’était que j’avais envie de le prendre dans mes bras, mais ça je ne pouvais pas le faire…
La réponse à la question que je m'étais moi même posé semblant floue et indéterminée. Pourquoi fallait-il que ça tombe sur nous deux ? Evidemment, on ne peut pas dire que je sois un grand chanceux non plus, mais cette histoire était devenue en l'espace de quelques secondes une horreur. J'aurais tellement préféré que Charlotte se mette à sourire, me saute dans les bras et se mette à rire. Mais au lieu de ça j'avais eu le droit à un énorme silence, de la panique et du stress. Malgré tout, je ne pouvais pas en vouloir à Charlotte. Si elle réagissait d'une telle manière alors il devait forcément avoir une raison derrière tout ça.
Cette raison, Charlotte m'en fit part quelques secondes après notre mutuelle confession en brisant le silence. J’ai peur. Peur pour toi… Peur de te faire du mal. Je n'avais qu'une envie : M'asseoir à ses côtés, la prendre dans mes bras et lui dire que ça allait aller, que tout allait se dérouler à merveille tant qu'on se serre les coudes. Mais est-ce que tout cela pouvait être un minimum possible ou était-ce plutôt ce que je désirais avant tout ? Et finalement, ce geste dans cette situation serait peut-être déplacé, surtout si Charlotte ne voulait pas un quelconque rapprochement.
Encore une fois, je me sentais particulièrement mal à l'aise. Je restais planté, regardait finalement Charlotte et lui disait. Ecoute, si tu veux pas pour une quelconque raison, je comprendrai très bien. Une petite voix à l'intérieur de moi même m'encourageait à dire que finalement je voulais prendre le risque, et je voulais peut-être le prendre en réalité, mais étais-je vraiment prêt à sauter dans le vide d'une telle manière ? Là était la question, et il fallait que je ne fasse pas souffrir Charlotte. Elle s'inquiétait certes pour moi, mais personnellement j'aurais préféré qu'elle soit heureuse avec quelqu'un d'autre plutôt que malheureuse avec moi.
C'était compréhensible, qui d'autre qu'elle pourrait avoir envie d'être avec quelqu'un comme moi ? C'est stupide et insensé, à notre âge on est censés s'amuser et être inconscient et j'étais tout le contraire. Charlotte en aurait sûrement vite marre. Finalement, cette histoire était une vraie catastrophe. J'avais des sentiments plus qu'amicaux pour Charlotte, c'était réciproque, et finalement elle ne voulait pas et ça, ça foutait un coup au moral.
Je me décidais à marcher un peu, tremblant, et me plaçait devant elle en la regardant. Je suis un grand garçon, j'affronte mes peurs, mes problèmes et déceptions en face. Si tu veux je peux dormir sur le canapé, et je te laisse le lit. C'est comme tu veux ... soufflais-je. J'avais l'impression d'être froid, et je détestais l'être ou avoir l'air de l'être. Je ne savais pas trop quoi penser de tout ça alors je gardais le silence et finissait par aller dans la cuisine pour me prendre un café. Il fallait que je me réveille de ce cauchemar, et ce dès maintenant.
Qu’est-ce que j’allais faire ? Ou plutôt qu’est-ce que j’étais en train de faire ? C’était pas du tout la réaction que j’aurais voulu avoir face à ces révélations. J’aurais voulu que tout ce passe bien, j’aurais voulu ne pas paniquer, j’aurais voulu… Merde, j’étais une vraie conne de faire subir ça à Eliott. Un silence des plus lourds s’installait entre nous après ma dernière phrase. Si j’avais commencé ma vraie vie amoureuse avec un garçon qui m’avait entrainé jusqu’en garde à vue, j’avais enchainé en étant une égoïste, avec Léo. Qu’est-ce que ça allait être maintenant si je me mettais avec Eliott ? Je n’en savais rien et ça me terrifiait. Pourtant, pourtant… au fond de moi, je savais que je voulais être avec lui, essayer d’être avec lui. Mais mon égoïsme n’était plus seul et je ne voulais pas le faire souffrir. Au bout de quelques minutes qui me semblèrent interminable, Eliott brisa le silence. Je ne répondis rien, je me contentais de le regarder dans les yeux. Esquissant ce qui devait être un sourire. Puis il m’annonça qu’il dormirait sur le canapé si je le voulais, avant de quitter la chambre, avant même que je n’ai eu le temps de dire quoi que ce soit. Eliott sortit, je me laissais tomber sur le lit et passa mes mains sur mon visage. « Qu’est-ce que tu fais, putain… » soufflais-je, pour moi-même. Je ne pouvais pas laisser les choses comme ça. Il fallait que je fasse quelque chose. La situation était trop gênante, je devais arranger ça comme je pouvais sinon, je ne pourrais pas rester chez Eliott, ce serait infernal. Je m’éclaircis la gorge, me levais et rejoignis Eliott qui buvait un café. Je me plaçais face à lui. « J’ai peur pour toi, parce que j’ai peur de faire n’importe quoi. Alors c’est pas que je « veux pas ». Bien sur que si, je veux. Evidemment. Mais c’est pas à moi de prendre cette décision, c’est à toi. » Je me tus avant d’ajouter. « Et je me fous du lit ou du canapé. Ce que je veux c’est que tu me foutes pas dehors parce que tu me déteste de te faire vivre ça. » Sans m’en rendre compte, je m’étais rapproché de lui, j’étais maintenant à dix centimètres de lui. Je voulais le prendre dans mes bras, mais je ne voulais pas qu’il pense que je me foutais de sa gueule. Mais c’était plus fort que moi. Alors je me rapprochais encore, et le prit dans mes bras et je fermais les yeux, en attendant une réaction de sa part.
[hj : c'est nul, pardon, mais je voulais répondre avant de partir !]
Pour bien faire je serais bien sorti fumer une clope et aller marcher dehors dans le parc, mais Charlotte était là et je n'allais pas la laisser toute seule malgré le froid qu'on avait mutuellement installé entre nous. Je m'appuyais légèrement contre mon plan de travail et commençait donc à boire mon café, ça me calmerait déjà un peu, c'est déjà ça. Peu de temps après que j'eus quitté la chambre Charlotte revint vers moi dans la cuisine. Je posais ma tasse et l'écoutait attentivement.
Elle avait peur de me blesser ? J'allais peut-être l'être, comme dans tous les couples. Il y a des hauts et des bas pour tout le monde. Et qui pouvait savoir à l'avance si j'allais souffrir ? C'était impossible ou presque à déterminer, et la seule manière de vraiment en avoir le coeur net était d'essayer. De plonger tête la première, chose que je ne faisais évidemment que très rarement voire jamais. Et puis, elle allait peut-être me blesser, mais peut-être que moi aussi ? J'étais tellement nul en amour que ça me paraissait totalement probable et cohérent comme version des faits.
Charlotte s'approcha de moi, je ne réagissais pas et me demandais si elle comptait m'embrasser. Je suis désolé d'être parti comme ça, c'était con. Tu as le droit de me frapper, mais doucement je suis fragile. Finalement elle me prit dans ses bras, et j'avais l'intention de bien réagir cette fois à ce geste et ce dernier positif. Je passais mes bras dans son dos et posais ma tête sur son épaule de manière tendre. On peut pas savoir tant qu'on essaye pas, pas vrai ?.. Un petit silence s'installait alors. Je brisais la glace après quelques secondes Prends pas ça comme une décision, j'ai pas envie de prendre la décision tout seul .. On doit la prendre tous les deux cette fois. Et puis, moi aussi j'en ai envie, mais si tu crois qu'il vaudrait mieux pas essayer alors ... Alors je respecterai ta décision.
Je me reculais et regardais Charlotte dans les yeux avec un minuscule sourire, sincère. T'en penses quoi ? J'attendais sa réponse, et en fait ne lui laissais pas même le temps de répondre. Et au pire si tu hésites on peut attendre quelques jours et réfléchir et tout ça ... Enfin je dis ça, je dis rien .. Et en attendant, tu n'as toujours pas répondu à ma question pour ce soir. Je dors sur le canapé et toi dans le lit ? Je lui souriais, cette fois moins timidement. Et je te déteste pas, et quelle que soit la décision qu'on prendra à ce sujet, tu es la bienvenue à la maison. Je reste quelqu'un avec un coeur, et tu restes au minimum mon amie.
C'est marrant comme dans ce genre de moments je devenais une vraie pipelette, disait et faisait n'importe quoi, et ne laissait le temps de parler à personne, c'est dingue. J'imagine que les personnes qui me connaissent y sont habitué. Je pensais soudainement au repas que j'avais préparé, tendais le bras et mettais le four en route puis me repositionnais devant Charlotte silencieusement, toujours avec mon petit sourire. Tu as faim ? Je devais avoir l'air complètement stupide dans une telle posture, avec une telle expression sur le visage, et à poser des questions aussi débiles dans une telle situation. Mais bon, tant pis.
[hj : Non c'était bien ♥ Par contre moi ;_; & j'ai pas d'excuses, fuh o/ ]
Avant de quitter la chambre, je m’étais surprise à regretter d’avoir dit la vérité à Eliott, j’aurais du me douter que je serai incapable de gérer la situation. Mais j’étais stupide et je ne réfléchissais j’avais avant d’agir. J’avais chassé cette pensée, parce que dans le fond, je savais que c’était une bonne chose, même si ça allait prendre du temps pour tout remettre en place, je savais que j’avais pris la bonne décision en lui disant la vérité. Et puis, il ne fallait pas oublier que si je ne l’avais pas fait, Eliott ne l’aurait pas fait non plus, ce qui, au fond, était ridicule de notre part à tous les deux. J’étais partie dans la cuisine et Eliott m’avait écouté sans m’interrompre tout le long de mon explication. Je m’étais demandé si il avait compris ce que je disais, étant donné que moi-même, je ne comprenais pas tout. Après ça je le pris dans mes bras, et je réprimais un sourire quand il passa ses bras dans mon dos. C’était un signe qu’il ne me détestait pas, pas complètement. Après quoi, j’écoutais sa tirade, ses idées, ce qu’il pensait de tout ça, sans rien dire, parfois en le regardant, la plupart du temps en regardant le sol. Je fus soulagée, évidemment quand il m’affirma qu’il ne me détestait pas, je n’avais pas tout perdu au moins. C’était déjà ça. Je souris, mais la tête baissée et les cheveux dans les yeux, Eliott ne pouvait pas le voir. Il bidouilla son four, avant de revenir vers moi. Il me surprit en me demandant si j’avais faim. Est-ce que j’avais faim ? Je n’avais pas pensé à manger depuis que j’étais arrivée à San Francisco, ce qui me connaissant relevait relativement de l’exploit. Je levais les yeux vers lui. je me contentais de hocher la tête affirmativement. Puis je me dis que je devais répondre à ses questions. Je m’embrouillais moi-même : j’avais à cette seconde un furieuse envie de l’embrasser, il était trop gentil avec moi, et c’était très tentant ; mais je savais que ce n’était pas la meilleure idée que j’ai eu, et que ça n’allait pas arranger les choses. « Je pense que… je pense que… » En fait je ne savais pas quoi dire, Eliott m’avait surpris en étant si convaincant avec moi, je ne m’attendais certainement pas à cette réaction de sa part. « Je crois qu’il faut essayer… » Maintenant, là ? Bon, je n’étais pas certaine de ça, mais demain. Ou au moins, après que j’ai parlé à Lilas de tout ça… Si je voulais qu’il dorme sur le canapé ? Oui, ça paraissait plus simple, mais j’étais certaine que j’allais le rejoindre au milieu de la nuit. Mais oui, c’était la meilleure solution. J’acquiesçais donc. « Je veux bien… Ca me parait plus… raisonnable. » je souris. Je commençais donc à me reculer, pour le laisser faire ce qu’il avait à faire avec son plat et puis ça me pris comme une pulsion, je ravançais vers Eliott, me mis sur la pointe des pieds et je collais mes lèvres aux siennes quelques secondes. Après quoi, je me reculais, confuse, consciente que je n’avais eu là, la meilleure idée de ma vie. « Arhem… pardon. »
Finalement j'avais eu le temps de réfléchir pendant le voyage de Charlotte à Paris, et j'avais surtout réfléchis à la manière de l'aborder. En fait, même si c'était plutôt compliqué de réaliser que Charlotte était attirée par moi, j'aurais du me demander que faire dans ce cas précis. Et je ne l'avais pas fait, alors évidemment je me sentais complètement bloqué, presque intimidé, et limite stupide à essayer de briser le froid qui s'était installé entre nous.
Lorsque j'eus finis mon long discours sur notre potentielle relation j'étais plutôt mal à l'aise. Comme toujours, enfin la plupart du temps, mon stress remontait et se déguisait en toutes sortes de gestes et de paroles. Charlotte regardait un peu partout, un coup elle me regardait moi, un coup le sol, un coup autre chose. J'avais l'impression de dire de grosses bêtises, et c'était loin de me rassurer.
Une fois avoir programmé le four, je me repositionnais devant Charlotte et lui demandais si elle avait faim ou non. Il était presque évident qu'elle allait me dire oui, Charlotte étant assez gourmande, mais personne ne pouvait se prononcer à l'avance car notre discussion avait très bien pu lui couper toute forme d'appétit ou même de gourmandise. Elle hôcha finalement la tête, ce qui me soulagea. J'étais content de ne pas avoir fait tout ça juste pour moi puisque ça m'avait pris une bonne heure et m'avait une fois de plus donné l'occasion de paniquer à cause de mon potentiel retard.
Je voyais Charlotte hésiter à presque chacune de mes paroles, et c'était à chaque fois inquiétant. J'avais toujours peur que sa phrase soit négative pour nous deux, autant au niveau d'un possible couple qu'au niveau de notre réelle amitié, car que ce soit en couple ou en tant qu'amis je tenais beaucoup à Charlotte. Elle finit par m'avouer que l'on devrait essayer. Un petit sourire s'esquissait sur mon visage. J'étais vraiment content que l'on essaye car Charlotte était vraiment mon coup de coeur, quelqu'un avec qui j'ai passé beaucoup de temps et en plus de ça c'était une des premières fois où j'essayais de construire quelque chose sérieusement au niveau affectueux. Je restais cependant conscient que tout pouvait se passer et que soit notre relation pouvait se retrouver renforcée, soit affaiblie. C'était quitte ou double.
Je tenais absolument à ce que l'on prenne notre temps, et même si je ne l'avais pas dit à Charlotte j'étais presque sûr à cent pour cent qu'elle l'avait deviné. Ainsi, dormir sur le canapé était une bonne idée. De plus nous avions attendu un assez long moment, alors nous n'étions plus à quelques jours près. Et puis, je devais avouer que j'étais terrifiée à l'idée d'essayer un quelconque rapprochement, n'ayant jamais vraiment eu l'occasion ou l'habitude de le faire. Je continuais donc mon petit bazar, voyait Charlotte se reculer et bizarrement s'avancer à nouveau vers moi. Je n'eus pas le temps de comprendre qu'elle déposait ses lèvres sur les miennes. Alors qu'elle reculait et s'excusait gênée, je sentais la chaleur monter à mes genoux. J'imaginais être en train de rougir presque comme une tomate et devait certainement être davantage confus que Charlotte ne devait l'être. Je ne répondais rien, restais surpris pendant de longues secondes et avançais vers Charlotte. J'espérais ne pas mal m'y prendre. Je dégagea doucement les cheveux qui cachaient une partie de son visage, le prenait délicatement entre mes mains et l'embrassais doucement. Je me reculais le coeur battant et regardais Charlotte me demandant quelle serait sa réaction. En fait, c'était sûrement un peu trop tôt, mais j'avais rêvé de ça pendant tellement longtemps que je n'avais pas eu le coeur à attendre, Charlotte ayant une fois de plus pris les devants ce qui m'encourageait à continuer sur la même lancée.
[hj : j'suis désolé, c'est tellement nul ce que j'écris je trouve -_- ]
Est-ce que j’avais réfléchi avant de faire ça ? Bien sur que non. Même si j’avais été contente de constater qu’Eliott ne m’avait pas repoussé, ce que j’avais ressenti à ce moment là, n’était pas pour me rassurer. Depuis Léo, j’avais couché avec quelques mecs, jamais je n’avais pris ça au sérieux. Je me disais que j’avais été fiancé, j’avais déjà eu une vraie histoire, je pouvais donc me détendre et vivre ma vie. Mais là, j’avais mis moins de deux secondes pour comprendre que c’était différent. Que quelques soit la relation que j’aurais avec Eliott, elle serait différent. Est-ce que j’allais être capable de vivre une vraie relation avec lui ? Est-ce que j’allais être capable de faire les choses bien ? Quoi qu’il arrive j’allais être obligée. Déjà obligée d’assumer ce que je me venais de faire et assumer la décision qu’on prendrait. Mais je me disais aussi que j’étais tout à fait à même d’être une adulte responsable, d’autres y étaient arrivés avant moi, pourquoi pas moi ? J’avais donc embrassé Eliott. Après quoi, mes jambes me faisaient un drôle d’effet. Si c’était bizarre pour moi, c’était aussi agréable, j’avais l’impression d’avoir 15 ans (même si à 15 ans, j’avais eu que des relations chaotiques, mais passons). Je m’étais reculé, prête à prendre mes distances quand Eliott à son tour était venu à moi et prit mon visage dans ses mains avant de m’embrasser. Après quoi, je ne pus m’empêcher de sourire. Alors quoi ? Qu’est-ce que tout ça signifiait ? J’avais dit que je ne voulais pas précipiter les choses, mais je ne m’étais pas écouté. Si là, j’avais écouté ce qui se disait dans ma tête, je serai partie, dans la chambre, ailleurs, peut-importe. Mais je ne pouvais pas faire ça, je n’avais pas le droit. Eliott aurait cru que je me foutais de lui et je ne voulais pas ça, c’était tout sauf vrai. J’aurais été incapable de me jouer de lui. Je passais une main dans mes cheveux. « Je vais te laisser faire ce que tu as à faire. Je vais… ranger mes affaires… » Quelle conne, mais quelle conne j’étais. Tant pis, avant même qu’Eliott puisse dire quoi que ce soit, j’avais quitté la pièce et regagné la chambre. J’avais l’impression d’être plus que lunatique, je n’arrêtais pas de changer d’avis, j’imaginais bien que c’était désagréable pour lui. Mais je ne contrôlais rien.
♠
Eliott et moi avions mangé tranquillement, sans reparler de tout ça. De ce que j’avais fait avant de partir ranger mes affaires, de ce qu’il avait fait. Je lui étais reconnaissante de n’avoir rien dit. Je l’aidais maintenant à faire la vaisselle. Dans le silence, mais d’un certain point de vue, ce silence était mille fois moins pesant que ceux qui avaient pu précéder dans la soirée. « C’était super bon. Merci d’avoir fait ça pour moi. » Je lui souriais. « Pardon pour tout à l’heure, c’était lâche de ma part de partir après t’avoir embrassé. J’ai paniqué. Mais… j’arrête, promis. »
[hj : mais non t'inquiètes <3 j'ai avancé un peu la soirée...]
J'avais enfin pris mon courage à deux mains et tentait d'embrasser Charlotte. Je n'étais pas habitué à ce genre de comportement et espérais, même si ce n'était qu'un simple baiser, ne pas être trop mauvais. Lorsque je me reculais et regardais Charlotte avec un sourire, celle-ci pris ses jambes à son cou et s'enfuya vers la chambre. Je restais béat, planté là sans bouger et me demandais sérieusement si je m'y étais mal pris, puis si ce que je venais de faire était mal vis à vis de ce qu'il se passait en ce moment entre nous. Si nous partions comme ça, ça risquait de mal fonctionner entre nous et je ne le souhaitais pas du tout.
Après m'être occupé du petit repas que j'avais préparé, finit quelques petits détails encore sur la décoration et nettoyé mes ustensiles de cuisine, je me rapprochai timidement de la porte de ma chambre. Après avoir hésité à frapper car je pouvais déranger Charlotte, qui pouvait avoir besoin de temps pour elle, je frappais doucement à la porte et passais ma tête dans son entrebâillement. Je proposais à Charlotte de venir manger, le repas étant prêt.
Charlotte s'était joint à moi pour manger, et le repas s'était déroulé sans encombre. Nous avions discuté normalement, et la gêne des petits évènements du début de soirée semblait s'être envolée, et j'espérais que ça serait durable même si ça risquait de ne pas l'être. Nous faisions la vaisselle ensemble et Charlotte me remerciait pour ce repas, le tout accompagné d'un sourire de sa part. J'étais content que ça lui ait plus, ayant mis presque toute mon énergie de la journée dans cette petite attention, et son petit sourire s'opposant à sa réaction qui avait suivit mon baiser. Justement, elle finit par s'excuser pour cet acte, et je lui disais que c'était pardonné même si je n'avais pas trop compris la raison de son geste. De toute façon, je ne pouvais que pardonner cet acte, cet acte venant en un premier temps de Charlotte, et en plus de ça étant compréhensible si l'on analysait l'ensemble des évènements de la journée.
Je lui souriais, finissais la vaisselle et l'arrosais gentiment histoire de rigoler un peu. J'essuyais mes mains et me dirigeais vers mon canapé afin de le préparer pour ce soir. Je jetais une petite couverture dessus, un coussin bien rembourré puis m'asseyais dessus et regardais Charlotte. Décide de ce qu'on fait après tout ça, j'ai fait le début de la soirée tu fais la fin. Ciné, télé, jeu ? A ta guise. Je lui souriais, impatient de connaître sa réponse et espérant une bonne fin de soirée après son début assez surprenant et son milieu presque chaotique.
Dans la chambre en rangeant mes affaires, je m’étais dit que le mieux était que ce soir, les choses se terminent comme ça. Je n’avais pas envie de prendre une décision tout de suite. Je ne voulais donner de faux espoirs à Eliott ou prendre une décision qu’on regretterait. Le repas s’était donc déroulé tranquillement, nous n’avions pas reparlé de tout ça. Je retrouvais finalement, le « Eliott » que j’avais laissé avant de partir à Paris, et ça faisait du bien. Même si je savais que quelque chose allait changer, bientôt. Et que le connaissant ce serait à moi de faire le premier pas. Il fallait juste que je me donne du courage à moi-même. Que je le fasse, tout simplement. Je n’avais pas pu m’empêcher de relancer le sujet au moment de la vaisselle. Parce que je voulais m’excuser et montrer à Eliott que je ne me foutais pas de lui, j’étais juste… perdue. Il se contenta de m’affirmer qu’il me pardonnait. Ça me rassurait. Après la vaisselle, Eliott se dirigea vers le canapé, s’y installa et me demanda ce que je voulais faire maintenant ? Ce que je voulais faire ? Absolument rien. J’étais crevée, mine de rien, le décalage horaire commençait à me perturber. Je me contentais de hausser les épaules avant de m’asseoir à coté de lui. « Comme tu veux, je suis fatiguée de toute façon… » Il finit par allumer la télé. Je m’installais confortablement sur le canapé, les jambes relevées contre ma poitrine. Peu à peu, les images de la télé se succédaient sous mes yeux, mais mon cerveau été incapable de les analyser. Mes yeux commençaient à me piquer. Je sentais que toutes les émotions par lesquelles j’avais pu passer depuis que j’avais remis les pieds sur le sol américains me donnaient peu à peu un coup sur la tête, mes yeux se fermaient tous seuls. Sans m’en rendre compte je m’étais rapproché d’Eliott et j’avais posé ma tête sur son épaule. Tranquillement, je fermais les yeux, consciente que j’étais en train de m’endormir, mais je n’avais pas la force de lutter à ce moment là. J’avais juste envie de m’endormir. De passer à demain, quoi qu’il puisse arriver. J’avais de toute façon déjà prévu de sortir demain soir, pour me changer les idées.
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