Une main vint me secouer l'épaule pour me réveiller alors je j'étais tranquillement en train de dormir en attendant que le temps passe. Les vols en avion étaient ce qu'il y avait de plus ennuyeux au monde, surtout lorsqu'on était à côté d'un gamin chiant. J'avais fini par le faire pleurer au milieu du voyage en le menaçant de le frapper s'il continuait à me poser des questions toutes les deux minutes, et ça avait visiblement suffit puis-ce que je n'ai plus entendu parler de lui après ça. Bref, il était temps d'attacher sa ceinture, nous arrivions à destination. J'allais enfin revoir mon pays et surtout ma "copine", tous les deux m'avaient manqué. Bon, après, il y avait Hadry qui n'arrêterait pas de m'envoyer des sms, mais je ne pouvais pas l'empêcher de lui manquer, si?

Après avoir fait un rapide passage pour récupérer ma valise en évitant les filles qui essayaient de s'approcher de moi, je pris la route de la porte de sortie en priant pour qu'il y ait quelqu'un qui soit vraiment venu m'attendre. J'aurais pas eu l'air bête de me retrouver seul, tiens...

Bref, une fois dans le hall, je levai la tête pour jeter un coup d'oeil aux gens présents, la plupart me regardant un peu de travers -mais c'est bon j'avais l'habitude, c'était juste à cause des cheveux que j'avais d'ailleurs coupés en Nouvelle Zélande, au moins comme ça y'avait plus besoin de les coiffer comme il faut tous les jours. La mèche retombait toute seule juste au-dessus des yeux et la nuque était dégagée. ouais, ça faisait du bien... -. En tournant un peu la tête, j'aperçus alors la silhouette d'Enora, et un sourire s'étira immédiatement sur mon visage alors que je pressai le pas jusqu'à sa hauteur pour la prendre dans mes bras spontanément, malgré le fait qu'il y avait d'autres gens aux alentours et que j'étais généralement très réticent à laisser filtrer des marques d'affection quelconques au grand public. Oui... Nora n'étais pas tombée amoureuse d'une personne facile, malheureusement. Mais je crois qu'elle en était consciente, et puis je m'améliorais un peu avec le temps, non? Dans l'ensemble.

Comme à son habitude lorsqu’elle était chez sa famille, Enora donnait un coup de mains aux occupations de ses parents. Sa mère, Yaël, ne travaillait pas pour le moment, étant institutrice dans une école primaire, elle était en vacances. Tandis que son père, Jack ne faisait pas grand-chose non plus, il avait démissionné de son statut de banquier depuis 10 ans, pour se consacrer à sa passion l’écriture. Il était donc au chômage, bien qu’il niait sans cesse se statut, quel tête de mule. Leur fille les avait donc aidés à planter de nouvelles fleurs dans l’allée principale de leur grande maison, pendant une grande partie de la journée. Elle avait fini par être recouverte de terre lorsque leur chien Alaska, un husky, lui avait sauté dessus pour la lécher. Ensuite, elle avait fini par aller prendre une douche et se préparer pour aller chercher Drake à l’aéroport. Enfin, elle allait le revoir, enfin, elle avait hâte et était particulièrement excitée, même si le message qu’elle le lui avait envoyé ce matin avait été sec et froid.

Rainbow décida de se rendre seule à l’aéroport, alors que sa mère lui avait brièvement proposé de l’accompagner. Elle avait emprunté le pick-up de son père pour se rendre à l’aéroport de la capitale de Louisiane, qui n’était qu’autre que Bâton Rouge. Son avion devait arriver à 6 :50 pm heure locale. Après vingt minutes de route, la jeune femme arriva à destination, et se gara sur le parking ‘dépose minute’. Il faisait assez chaud dans l’air, mais l’humidité était présente. Les louisianais avaient eu de la pluie en fin de semaine dernière et depuis hier, dimanche, le beau temps revenait petit à petit.

L’avion était à l’heure, les passagers ne devaient pas tarder à débarquer. Il y avait pas mal de monde qui venait chercher des membres de leur famille, des amis, des proches. Enora se trouva un coin et attendait de voir son « copain » passer la porte. Finalement… Elle le remarqua au moment où il l’avait repéré, elle s’avança timidement et ce fut Drake qui l’a rattrapa rapidement pour l’enlacer. Bon, ok, le connaissant plus ou moins, elle n’aurait pas pensé qu’il allait se montrer si affectueux comme ça, devant du monde. Mais ça lui plut, elle était agréablement surprise, elle serra un peu plus son étreinte, en murmurant un petit « Ça fait du bien de te voir. » Avant de le relâcher et de se reculer. Depuis ses dernières semaines, la rouquine n’avait pas tellement changé, si ce n’est que ses cheveux n’étaient plus autant orange feu, ils faisaient plus roux naturel avec des reflets noisettes, un orange-marron, quoi. Elle portait aussi une atebas, et deux tresses avec des perles dans ses cheveux.

Hendrick prit le sac à dos de Kennedy – bien qu’elle savait qu’il était capable de le porter – et le laissa se débrouiller pour tirer sa valise. Elle commença à faire demi-tour pour rejoindre la sortie du hall et retrouver le parking. « Tu as fait bon voyage ? » Lui demanda-t-elle, en souriant. Ils arrivèrent rapidement au pick-up de la rousse sur le parking.

J'étais plutôt content d'être en Louisiane, sachant le merveilleux temps qu'il faisait à SF. D'ailleurs, Ange avait du atterrir dans un autre aéroport pour rentrer en ville en bus... j'espérais que tout se passerait bien, il faudrait que je l'appelle tout à l'heure pour voir comment le retour s'était passé pour elle. Enfin bref, pour l'instant, ce n'était pas vraiment ce qui occupait le plus mon esprit.

« Tu as fait bon voyage ? »
« Oui, j'me suis même fait un pote. »

Alias le petit gros de dix ans qui arrivait à notre hauteur avec ses parents et qui fit un détour en voyant que je le regardait avec un grand sourire aux lèvres. J'espérais ne jamais avoir d'enfants aussi chiants que lui... ou alors qu'aucun enfant ne m'ait comme tuteur, sinon. Il faut dire que j'étais assez peu tolérant avec les gens qui n'écoutaient pas ce que je disais et avec qui il fallait tout répéter 3 fois. Ou avec ceux qui essayaient de me parler quand je n'avais pas envie. Ou ceux qui avaient une tête qui ne me revenait pas, ou... bref.

Une fois après avoir placé les bagages dans le pick-up, je m'assis à côté d'Enora, et la voiture démarra. Le paysage était assez particulier ici, et cela me rappelait que je n'avais pas vraiment les moyens financiers de voyager, même si cela me plairait bien. Durant le trajet, je pris le temps de raconter ce qui s'était passé en Nouvelle-Zélande, puis finis par en revenir au sujet qui me préoccupais principalement en ce moment, soit la rencontre avec les parents.

« Ils sont gentils tes parents...? »

Il s'était même fait un pote, apparemment. Enora ne put s'empêcher de lâcher un petit ricanement lorsqu'elle vit le grand sourire de Drake en direction d'un môme de dix ans, qui se dépêcha de se cacher derrière sa mère. Peureux.

Pendant le trajet, le jeune homme lui raconta son voyage, au moins elle n'avait pas eu besoin de le lui demander. Elle fut tout de même un peu inquiète de savoir qu'Ange-Deamon rentrait seule à San Francisco avec un temps de chaos. Espérons que le temps s'améliore et qu'il ne déclenche pas un ouragan comme celui en 2005, Katrina en Louisiane. « Ils sont gentils tes parents...? » Lui demanda le Malefoy, alors que la jeune femme venait de sortir de ville pour emprunter une route de campagne qui s'enfonçait dans la forêt. « Oui, ils le sont, ils ne vont pas te manger. » Elle garda un temps, puis reprit pour donner des détails. « Mon père Jack, est quelqu'un de plutôt solitaire, enfin avec le temps il le devient de plus en plus mais il a le coeur sur la main. Il risque peut-être d'être méfiant avec toi, comme chaque père est pour sa fille lorsqu'elle côtoie un jeune homme dont elle est éprise. Quand à ma mère, Yaël, elle est douce, souriante, calme, comparée à l'énergie de mon père. Je ne sais pas si tu connais bien le français, mais elle l'utilise beaucoup, c'est sa langue maternelle, qu'elle essaye de conserver. Puis, il y a ma grand-mère Jayne qui vit de temps en temps chez tout. La mère de mon père. Elle a beau avoir bientôt 80 ans, c'est une pile électrique, mais ces temps-ci elle vit chez son copain, donc ça va. »

Le pick-up déboula dans un chemin en terre qui arrivait jusqu'à une maison (un truc comme ça) assez grande, à quelques mètres se trouvaient une grange. Ici, les Hendrick étaient au calme. Ils avaient un grand terrain, bordé de buissons, d'arbres, de forêts et Enora aimait s'y promener. Elle gara la voiture et attendit que Drake la regarde, pour lui voler un baiser et sortir de l’engin en souriant. . « Ce grand terrain appartenait à un des amants de ma grand-mère, oh elle est pire que Casanova, et à sa mort, elle a pu hériter du domaine. Je ne sais toujours pas comment elle s’est débrouillée. .. Oh, Alaska ! » Le husky venait de foncer sur eux, enfin plutôt devant Drake. La rouquine gronda la bête, de ne pas sauter sur lui, et elle se calma, se contentant de venir renifler le pantalon du garçon. Une voix féminine appela Enora, et cette dernière leva les yeux pour voir sa mère qui s’approchait à grand pas d’eux. Enora ressemblait plus physiquement à sa mère, qui avait le même regard vert. C’était une belle femme, ses cheveux blond vénitiens tombaient sur ses épaules, et un large bandeau se trouvait sur sa tête. Des deux parents de Rainbow, c’était sans doute elle qui avait gardé le plus, ce style baba cool, avec son pantalon large et ses bijoux en bois. « Bonjour, Drake je suis la maman d’Enora, Yaël. Bienvenue chez nous ! » Elle avait posé une main sur son épaule et lui avait la bise. Normalement, elle aurait pu l’enlacer, mais Enora l’avait prévenu que niveau tactile, son copain était spécial. « Maman, où est papa ? » « Il doit être dans le bureau. » « Très bien, on va déposer les affaires dans ma chambre et on ira le voir. » Répondit Enora, en français également avec son accent américain.

Les jeunes entrèrent en premier dans la maison familiale et Enora demanda à Drake de la suivre. Ils montèrent directement à l’étage, pour rejoindre la chambre de la jeune femme. Une chambre encore d’adolescente plutôt que de jeune femme, puisqu’elle l’avait lâché à ses 18 ans, avec des photos de ses amis du coin, encore des posters de groupe de rock, de métal. Sa chambre adorée, quoi.

J'écoutai attentivement les explications en jetant de petits coups d'oeils à Enora de temps en temps, bien que le paysage était vraiment intéressant à regarder. Ca me faisait sourire de l'entendre parler de la sorte de sa famille, on sentait que leur lien était assez fort, et cela me rendait un peu nostalgique car j'aurais bien voulu avoir à lui présenter mes parents un jour. En pensant à ça, mes yeux se levèrent automatiquement vers le ciel dégagé. Non, en fait, si ma mère et mon père étaient encore là, je serais toujours en couple avec Imogen et je n'aurais jamais fait la rencontre de la rouquine assise à côté de moi. C'était peut-être égoïste de dire ça, mais j'aurais préféré la première solution... ça m'aurait empêché de perdre quatre piliers dans ma vie, dont un que j'avais moi-même fait fuir, ce qui ne voulait pas dire qu'Enora n'avait pas sa place dans mon coeur.

En voyant la ferme s'approcher, je ne pus m'empêcher de prendre une grande inspiration et de me redresser en agrippant mes mains à mes genoux jusqu'à ce qu'il soit temps de sortir du véhicule. Mais la jeune femme n'ouvrait pas sa portière, et cela me poussa à tourner la tête vers elle pour voir ce qu'elle faisait. Oh, son petit baiser m'avait bien surprit, mais pas dans le mauvais sens du terme, ça avait au moins le chic de me détendre un peu avant de faire face à des gens que je ne connaissais pas.

« Ce grand terrain appartenait à un des amants de ma grand-mère, oh elle est pire que Casanova, et à sa mort, elle a pu hériter du domaine. Je ne sais toujours pas comment elle s’est débrouillée. .. Oh, Alaska ! »

L'arrivée de la chienne me fit reculer instinctivement. Depuis l'incident avec Lilas et son Molosse, je gardais quelques séquelles, même si j'aimais beaucoup cet animal. Une fois que la Husky s'arrêta, je m'approchai cependant d'elle pour lui caresser la tête, et ce n'est qu'un peu plus tard qu'une voix interpella Enora. Et ça y'est, ça commence. Je me redressai calmement alors qu'une très belle femme s’approchait de nous. Oh, wow... je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit si charmante pour quelqu'un de son âge.

« Bonjour, Drake, je suis la maman d’Enora, Yaël. Bienvenue chez nous ! »

Étrangement, le comportement de Yaël ne me dérangea même pas car je m'attendais un peu à ce genre d'accueil. Pour toute réponse, j'affichai un grand sourire, de moins en moins rares chez moi lorsque je me trouvais dans un périmètre de 10 mètres autour de ma copine. Non, sans blague, je vous jure que j'ai testé la puissance de ses ondes positives, c'est assez efficace.

« Merci... enchanté de faire votre connaissance »

Et après... le seul mot que j'ai comprit de la conversation était "papa".

Papa T.T...

Sans poser de questions, je récupérai mes bagages en les portant comme si le poids était moindre, ce qui était effectivement le cas pour moi, jusqu'à la chambre d'Enora.

« Jolie décoration, dis-moi! »

Je fis rapidement le tour de la pièce pour jeter un coup d'oeil à tous les posters ainsi qu'à une photo d'un garçon en compagnie de Rainbow. J'imagine qu'il s'agissait de son frère... tout du moins, l'air de famille semblait le laisser deviner.

« Bon. »

Je me tournai pour revenir vers la jeune femme et croiser les bras au niveau de sa chute de reins afin de l'attirer un peu jusqu'au lit sur lequel je m'assis en faisant de la place sur mes genoux. Mes yeux restaient gentiment posés sur elle et je finis par retirer mes mains de son dos.

« À partir de maintenant, tu es ma petite amie, c'est bien ça? »

Ils avaient pénétré l'antre de la rousse. Rainbow avait eut un petit rire lorsqu'il lui avait dit qu'il y avait une jolie décoration. Sa chambre était tout de même plus grande que celle qu'elle avait à San Francisco, il y avait un peu plus de bordel aussi, dont des sacs plastiques dans un coin qu'elle devait remplir d'habits qu'elle donnerait à Emmaüs (je ne sais même pas si ça existe aux USA) et un autre pour jeter des affaires, faire du ménage. Cela faisait toujours du bien de revenir ici de retrouver ses repères, mais malheureusement la nostalgie revenait elle aussi. C'était d'ailleurs une des raisons de son départ pour San Francisco, elle en avait marre de devoir vivre avec ses affaires, à côté de sa chambre, près de son fantôme. Près des souvenirs qu'elle avait de son frère et elle. D'ailleurs la chambre de Silver, se trouvait juste en face de celle d'Enora, elle avait été fermée à clef par ses parents, pour l'empêcher de s'y rendre et de déprimer. Il n'avait rien touché à sa chambre, elle était intacte depuis sa disparition. Sérieusement, garder sa chambre n'arrangeait pas les choses.

Enora avait posé son petit gilet qu'elle portait un peu plus tôt sur la chaise de son bureau et se retourna vers Drake, quand il lâcha un « Bon. » Il s'approcha d'elle, et l'enlaça avant de l'amener jusqu'au lit. Enora s'installa sur ses genoux, et se mit aussi à l’observer. « À partir de maintenant, tu es ma petite amie, c'est bien ça? » Elle hocha la tête. « Exactement. » Elle sourit puis se mit à lui toucher les cheveux. Ahahaha, il faudrait qu'elle essaye de lui faire des petites tresses, un jour. Ensuite, elle profita du fait qu'elle était face à lui, pour venir poser sa tête contre son épaule. Restant comme cela, elle lui demanda « Ça te dérange? » Ouais, quand même ça allait être cool ces deux semaines avec lui.

« Exactement. Ça te dérange? »

Un petit rire m'échappa automatiquement. Avec le temps, les limites de ma relation avec Enora n'étaient plus si nettes qu'avant, et nous nous étions habitués à la compagnie de l'autre, alors dans ces conditions, forcément...

« Non... pas du tout. »

Nous restâmes un petit moment comme ça, jusqu'à ce que je décide de me lever pour m'étirer un peu avant de me diriger vers mon sac pour sortir un petit sac papier dans lequel il y avait un collier avec une dent de requin en pendentif. Typiquement Néo-Zélandais.

« Réflexe! »

Je me tournai vers Nora pour lancer gentiment son cadeau dans sa direction, puis me relevai d'un coup.

« Salut »

Hein? Et ça y'est, les voix dans la tête, ça commençait déjà... je n'étais pas trop d'humeur à discuter avec un nouveau copain aujourd'hui.

Mon attention fut détournée du côté de la porte d'entrée de la chambre, mais je ne m'y attardai pas et m'approchai ensuite de la rouquine pour m'asseoir à côté d'elle.

Ca ne le dérangeait pas du tout, bonne réponse. Qu’aurait fait Enora, si ça l’avait dérangé ? Eh bien, elle se serait sentie bien embêtée. Un petit silence prit place entre les deux amants, et la fille resta posée contre le garçon, humant son odeur. Petit moment de pause, après il faudra affronter, le papa Hendrick. Drake se releva, Enora fut contrainte de se décaler puis elle se réinstalla sur le lit. Elle regarda son petit-ami fouiller dans son sac, pour sortir quelque chose qu’elle ne voyait pas puisqu’il était devant.

« Réflexe! »

Les sens de la rouquine furent immédiatement à l’affût, et elle rattrapa parfaitement le petit sachet.

« Pour mon âge, j’ai encore de bons réflexes. »

Dit-elle en plaisantant quoiqu’au fond, elle ne plaisantait qu’à moitié. Vieillir, argh, sa hantise. Elle déballa le petit paquet sans savoir qu’à cet instant Kennedy venait de sentir une présence. C’était un petit collier avec une dent de requin. Voilà donc le cadeau dont lui avait parlé Ange sur Facebook. Un sourire apparut sur les lèvres de la jeune femme. Le même collier qu’avaient ces pseudos beaux gosses de surfeurs d’Australie.

« Tu pourrais me l’attacher, s’il te plaît ? »

Elle s’était tournée dos à Drake qui venait de s’assoir à nouveau près d’elle. Elle lui déposa le collier dans ses mains et dégagea ses cheveux roux de sa nuque. Le collier Néo-Zélandais allait tenir compagnie au premier collier qu’elle portait, le cœur de son grand frère.

En parlant du frère…

« C’est bien la première fois que je vois quelqu’un qui me voit et m’entend. Ça fait plaisir ! »

Silver s’avança dans la pièce d’un air décontracté et en regardant les sacs de Drake d’un œil.

« Tu m’excuseras si je fouille un peu tes affaires. » Il sourit.

« Merci, pour le cadeau. Merci d’être là surtout ».

Enora embrassa le jeune homme sur la joue, puis se leva. , frôlant pratiquement le fantôme de son frère qui regardait les papiers de Drake.

« Bon, nous allons aller voir mon père et ensuite, nous irons manger. Tu veux faire quelque chose de spécial ce soir ? Ou peut-être que tu es fatigué par le voyage, non ? ».

« Voilà donc le fameux Drake Kennedy Malefoy. Hum. Ma petite sœur tient beaucoup à toi en tout cas. »

La rouquine resta plantée debout, attendant une réponse du jeune homme tandis que Silver se rapprocha d’elle, et glissa même ses mains autour de sa taille, en restant près d’elle. Automatiquement, Enora se sentit toute bizarre, comme si un petit courant d’air frais venait de lui caresser la peau. Elle regarda un instant à sa droite et à sa gauche, comme inquiète.

Drake ne réagissait pas à ce que venait de dire Enora. Cette dernière était droite comme une statue. Elle fut plus que surprise lorsque son petit-ami sauta sur ses pieds et baragouina quelque chose. Sur le coup, elle crut qu’il s’était adressé à elle… Mais, elle n’avait pourtant rien fait ! Lorsqu’elle vit le regard du garçon, elle comprit enfin. Ils étaient trois dans la chambre. Avant de venir, lors d’une conversation téléphonique avec Kennedy, il lui avait pris qu’il voyait les morts, ceux qui n’étaient pas partis au Paradis ou qui n’avaient pas croisé encore la lumière – comme on disait. Il avait aussi ajouté, que peut-être qu’il verrait son frère… Mais, la rouquine ne se serait pas doutée qu’il soit présent ici, dans sa chambre, à apparemment lui faire des câlins, qu’elle avait à peine senti. Juste un air frais sur sa peau. Rien que de penser que son frère décédé l’avait enlaçait avait rendu ses prunelles brillantes d’excitation et de malaise. Toujours cette culpabilité d’avoir causé la fugue et donc la mort de Silver.

Le rockeur l’avait subitement prise par la main et trainé en dehors de la pièce. Enora referma la pièce derrière elle. Elle ne savait pas si son frère l’avait suivi quoiqu’il en soit, elle avait envie de poser un tas de questions au jeune Malefoy, mais une note de musique attira son attention. La jeune femme garda sa main dans la sienne et ce fut à son tour de l’attirer près d’une autre porte. Elle poussa d’un doigt la porte légèrement entrebâillé, et avança son visage pour voir son père qui était dans son fauteuil devant son bureau, des feuilles étalées de partout, des bouts de papiers en boule qui traînaient partout sur le sol. Il tenait une guitare folk contre lui et Enora reconnue The Pretender de Foo Fighters. Elle se retourna pour faire face à Drake et sur la pointe de ses pieds, elle vint l’embrasser longuement sur les lèvres. Raison 1) elle en avait envie, ça lui manquait. Raison 2) un geste pour donner du courage & de la chance face à papa Hendrick.

« Papa, nous pouvons rentrer… ? » Dit-elle en poussant la porte et en s’avançant avec son copain.

L’homme âgé d’une cinquantaine d’année, s’arrêta brusquement de jouer et posa la guitare contre le bureau. Il avait des airs de Johnny Depp (oh oui!) au niveau du style, des tatouages, de la chevelure. Ses cheveux longs d’hippie, et ses habits plus larges, il les avait laissés depuis un bon moment déjà. L’homme se leva et ramassa les boules de papiers par terre.

« Je n’ai plus d’inspiration, Rainbow, je n’arrive plus à rien. »

« Hey, dis pas ça ! Ça arrive à tout le monde les pannes d’inspiration. »

Dit la rousse en s’avançant et ramassant le papier au sol. La pièce servait de bureau, et il était affiché plusieurs affiches de vieux groupes de rock, ou alors de beaux paysages, ou simplement d’affiches basiques, comme celle de Woodstock 70. La rousse se tourna vers Kennedy.

« Papa, je te présente… »

« Drake, je sais. Ma fille a dû te le dire, je suis Jack. » Dit-il sèchement.

Enora foudroya son père du regard. Ca l’arrangerait qu’il soit plus doux et qu’il ne se comporte pas comme un vieux chien. Son père n’avait rien de méchant pourtant au fond. Par politesse, la jeune fille ne reprocha rien à son père, elle avait été éduquée comme ça, le respect de ses parents, elle connaissait sa place dans la famille, elle savait que si elle ouvrait sa bouche ça ne serait pas dit gentiment, et connaissant son père il s’enflammerait bien vite et les deux seraient partis dans une prise de tête.

« Ma chérie, pourrais-tu aller voir ta mère et l’aider à préparer le dîner. Je dois faire mon travail de père avec ce jeune homme. »

« Mais… »

« Rain, s’il te plaît, laisse nous entre hommes et n’oublies pas tes médicaments. »

La jeune femme grogna intérieurement, et fit un sourire à Drake et lui fit une pression sur le bras lorsqu’elle atteignit sa hauteur. Puis elle disparut derrière la porte qui se referma. Jackson s’installa sur le bureau et ouvrit la fenêtre. Il attrapa un reste de joint qui trainait sur la table et l’alluma. En silence, il prit deux lattes avant de lâcher.

« Cette connerie ne me fait même plus d’effets ! Tu peux t’avancer, j’vais pas te bouffer. » Lâcha-t-il avec un léger sourire.

Puis, il se mit à détailler Kennedy, sans rien dire. Il termina enfin, par descendre du bureau en laissant le mégot du joint dans le cendrier qui reposait à côté.

« Tu comptes faire quoi avec ma fille ? J’veux dire par là, c’est genre sérieux votre couple, ou tu comptes la lâcher, la tromper ? Parce que si tu veux être salaud avec elle, tu peux déjà sortir de cette maison. Puis t’as une idée de ton avenir ? J’aime pas les gars sans avenir. Bon malheureusement, Enora n’a pas d’avenir ou alors elle le cache bien, mais c’est ma fille. Et si tu la fous en cloque, tu fais quoi ? »

Il s’appuya contre le mur et regarda le jeune homme. Monsieur Hendrick se la jouait intimidant, il trouvait que c’était un bon moyen pour connaître la fiabilité du copain. Enora trouvait cette idée stupide, car ça n’avait pas empêché Jimmy (un de ses ex) de la tromper avec sa meilleure amie. Puis, elle n’avait pas envie de voir Drake partir en courant de la maison effrayé. Quoiqu’il en soit, Drake n’avait qu’à être franc, et honnête et hop le papa sera dans la poche, et il aura la fille.

Silence.

Jack regardait du rockeur sans rien dire après ce qu'il avait dit. Dans sa tête il analysait le cas du jeune Malefoy. 1. Il était plus jeune qu'Enora et avait perdu une année. Point négatif. 2. Il avait l'air de savoir ce qu'il voulait faire plus tard, pas comme sa propre fille. Les études de droit étaient dures mais c'était une suite d'études remarquable. Point positif. 3. Il avait perdu de la famille, comme Jackson avait perdu son fils mais en des circonstances différentes. Point positif. C'était un point positif pour lui car ça le rassurant se savoir que d'autres individus avaient perdu des personnes chères, qu'il n'était pas tout seul dans cette même situation. 4. Drake venait de terminer une phrase qu'il n'arrivait pas à finir de son texte, en même temps de répondre à une question que le père d'Enora lui avait posé. Point positif. Cependant, cela voulait dire qu'il ne comptait pas garder l'enfant si sa fille tombait enceinte. Point négatif. Résultat de la course, trois points positifs vs. deux de négatifs.

Hendrick, récupéra sa feuille des mains de Malefoy, et il la posa sur le bureau. Il fallait qu'il se souvienne de cette putain de phrase que venait de lui dire le jeune. Il ne devait pas faire si peur que ça, si le jeune avait eut le culot de donner la réponse ce qui lui donnait un air de "Ouais, j't'ai niqué, j'ai trouvé la réponse avant toi, vieillard." Quoiqu'il en soit, Jack n'ajouta rien. Savoir que la moitié de sa famille était morte dans un incendie, et qu'il avait été capable de lui terminer une phrase de son texte... L'avait quelque peu rendu bêta. Il avança vers la porte de la pièce et fit un signe de tête à Drake de venir. Il laissa d'abord sortir le garçon avant de passer après lui. « J'pense que tu vas me plaire, mon gars. »

[...]

« Travaillez votre deuxième langue, mademoiselle ! » Yaël donna une tape sur les fesses à Enora qui se dandinait devant elle. Cette dernière monta le son de la stéréo plus fort. Love in an elevator, Livin' it up when I'm goin' down... « Bon au lieu de monter cette chanson aux propos vulgaires, sors la passoire! » « C'est pas vulgaire! Faites l'amour dans un ascenseur... Woah... Oh yeah. » La rouquine sautilla jusqu'au placard pour sortir l'ustensile, puis posa la passoire dans l'évier. Elle prit la casserole que sa mère tenait dans ses mains avec un torchon, pour verser les pâtes dans la passoire. « Tu as l'air heureuse, ça me fait tellement plaisir. » Rainbow sourit. « C'est sincère en plus. » La mère de la rouquine laissa sa fille, finir le reste de la préparation du repas, et elle partit dresser la table pour le dîner, pour 4 personnes. « Enora, pense à prendre tes médicaments. » « Quoi? » La jeune femme arriva avec le plat de spaghettis dans les mains pour le poser sur la table. « Maman, ça va faire bientôt une semaine, tu veux que je crève ou quoi? Cela sert strictement à rien que je prenne tous ça pour que ça tue mes envies de came, tu sais très bien qu'à San Francisco je recommencerais. » « Essaye pour ton père... Pour nous. » « Le manque que je ne commence plus à ressentir va bien finir par se montrer d'une autre manière. Tu sais très bien à quoi je ressemble quand je pète mon câble, et j'ai pas envie que ça recommence... » « Les filles ont dû préparer à manger. »

Au même instant, les garçons arrivèrent, et Yaël posa les deux cachets dans la main de sa fille, pour ensuite filer dans la cuisine pour aller chercher le reste. Enora goba les cachets sans besoin d'un verre d'eau et afficha un grand sourire aux deux hommes de la maison. Sourire qui s'effaça, en regardant son père. « Rain, Drake va bien, c'est bon. » Enora lança un regard à Drake, du style "Je veux savoir, tu me raconteras plus tard." La mère de la jeune femme demanda à tout le monde de s'assoir à table pour manger. Le repas était spaghettis à la sauce bolognaise. Hendrick fille avait précisé, que son copain était allergique aux tomates, alors par précaution la sauce était à part dans un bol. Drake et Enora était en face de l’autre, et les parents étaient aussi en face à face. Yaël demanda à Enora de faire le service et comme chaque parent devant un invité, la rouquine se sentit gênée lorsque sa mère lui dit « Tiens, on dirait que t’as pris des seins. » Les joues blanches d’Enora virèrent au rouge, et elle regarda sa mère d’un air outré avant de remonter le léger décolleté qu’elle avait.

Comme bons américains non croyants, les Hendrick ne firent pas la prière avant de commencer à manger. Quelques minutes passèrent, le bruit des assiettes, des couverts étaient principalement dominants à cet instant. Ce fut le père de la jeune femme qui coupa ce blanc. « Savais-tu chérie, que ce Drake veut faire des études de droit ? » Yaël posa sa fourchette « Oh c’est vrai ? C’est très bien, mais il faut travailler dur ! Mon petit frère Jarod est avocat d’ailleurs depuis douze ans… Enora tu comptes lui faire visiter les alentours ? Il faut absolument qu’il voit la Nouvelle-Orléans ! » Enora avala sa bouchée avant de répondre. « Oui, je compte y aller, la semaine prochaine, enfin tout dépend quand est-ce que je peux emprunter la voiture. » « Je ne sais pas si c’est une bonne idée. » Ajouta le père. La rousse but une gorgée d’eau avant de regarder son vieux sans comprendre. « Pourquoi ? » « Tu sais très bien que la Nouvelle-Orléans craint un peu au niveau des criminels et tout. Et je pense que Drake serait plus en sécurité s’il y allait tout seul qu’avec toi. » Yaël soupira du style "Tu ne peux pas te taire ?!" Rainbow laissa tomber son paquet de pâtes de sa fourchette dans son assiette. « Ha ha ha, merci, je suis un danger public, c’est ça ? » Elle fit une grimace, et son père lui tapota l’épaule. « Je rigole ma fille ! Quoique… Non je ne dirais rien. »

Nouveau petit blanc. Yaël s’était entre-temps levée, pour aller chercher les yaourts, le fromage, pour ceux qui en voulaient. Quant à Enora, elle s’était trouvée un nouveau jeu sous la table. Ses petits pieds décorés de chaussettes de la panthère rose, s’amusaient à caresser les pieds de Drake sous la table, soit clairement à lui faire du pied. « Vous voulez faire quoi ce soir ? Vous sortez ? » Nora haussa les épaules. « Je ne sais pas, tu veux faire quoi ? » Demanda-t-elle à l’adresse de Drake. Elle remonta un de ses pieds jusqu’à son genou. Son visage ne laissait rien paraître, elle gardait son sérieux.