J’avais dit rapidement au revoir aux jumeaux avant de partir en faisant en sorte de ne pas croiser MJ en sortant de la maison. Bordel…comment est-ce que tout ça a pu être possible ? Un jour, on pense qu’on nage dans le bonheur et qu’on a tout ce dont on a toujours rêvé…et le lendemain, notre femme nous annonce qu’elle a embrassée son ex-petit ami qu’elle avait jurée de ne plus voir et le soir même, une tempête fait pleins de ravages sur notre maison que nous avions toujours rêvés d’avoir…la toiture était carrément foutue et une bonne partie de la chambre des jumeaux aussi…les réparations allaient couter chers, mais quand je voyais ce qu’avait subis certaines autres maisons de la ville…je ne pouvais pas m’en plaindre. Ca me faisait quand même bizarre, de sortir d’ici sans MJ ou sans les jumeaux…je n’avais jamais été très fêtard, plutôt solitaire même mais…là, j’en avais vraiment besoin. Le pire, c’était que j’avais envie de finir ma nuit dans le pieu d’une inconnue. Je voulais que MJ sache, ce que ça faisait. J’avais déjà du vivre plusieurs mois en sachant qu’elle était encore amoureuse de Robbyn, et maintenant je savais que ce connard n’était pas si gay qu’il le prétendait. Bref…il était environ vingt heures lorsque j’arrivais au bar « The Bronze ». Je m’y étais arrêté au hasard, je ne connaissais pas du tout l’endroit mais l’ambiance y était bonne à ce que j’avais entendu dire à la fac. J’entrais en regardant un peu autour de moi, il faisait une chaleur d’enfer ici. Je me dirigeais rapidement au bar et je m’asseyais sur un tabouret à côté d’une jeune femme qui buvait déjà un verre. Je demandais un verre de Vodka, une fois servis, je l’amenais à mes lèvres en me tournant pour regarder le groupe qui jouait sur scène..

Lassitude. Voilà comment je pourrais décrire ma vie depuis la mort de... ma sœur. Je me lassais au fur et à mesure que le temps passait. Plus il filait, plus je devenais blasée, désireuse de changer de vie. Et quoi de mieux qu'un cabaret et d'abandonner ma condition de cambrioleuse ? Quand j'étais plus jeune, plus innocente – ceci est une blague – je n'avais aucune attache. Mais maintenant, j'ai mon frère, j'ai des amis comme Caïn, des amants... comme Caïn mais je commençai à me dire j'avais besoin d'une espèce de stabilité et non un peu besoin constant de me remettre en question et ainsi de mettre ma vie en danger. Je pensais à tout ça, devant mon verre, faisant abstraction de la musique, du reste dans la boite de nuit pour adolescents. Qu'est-ce que je faisais là ? J'essayai de repérer des prostitués pour le bordel. Il fallait que je prenne contact avec Robbyn. Et même si dans des instants de lucidité, je savais que ce que je faisais était malsain, je le faisais quand même. Lentement, je passais une main dans ma chevelure à nouveau longue suite aux ajouts d'extensions, je me redressai péniblement à cause de cette attelle à la jambe qui m'encombrait. Contrairement à ce que j'avais déclaré plus tôt sur Facebook, ma jambe n'était pas cassée mais juste foulée et il fallait juste que je la repose pendant quelques jours. Perdue dans mes pensées, je ne vis pas le jeune homme venir s'assoir à mes côtés et ce n'est que quand j'entendis le bruit d'un tabouret qu'on tournait que j'en vins à regarder l'inconnu. Je le fixai en silence, cheveux sur le côté, dégageant ma nuque, une robe un peu échancrée dans le dos, sans réel intérêt. Il était pas mal mais pas plus que ça.

Je me demandais vraiment ce que je venais foutre ici..en plus, boire n'était pas franchement conseillé vu que je prenais des médicaments pour mon coeur...putain de maladie, encore une chose dans ma vie qui était vachement nulle. Moi qui croyait qu'avec la greffe, tout irait mieux..Et bien non, il avait fallu que je chope une infection...enfin, parfois je me disais, que je n'aurais peut-être pas du avoir cette greffe. Ma vie était un flot de conneries. Ma femme ne faisait que me mentir et me blesser, et avec cette maladie nous n'arrivions même pas à avoir le troisième enfant que nous voulions. C'était vraiment la merde, et j'avais besoin de me changer les idées...tant pis, l'alcool ne pourrait pas me faire beaucoup de mal, pour une fois. Au bout de quelques minutes, je me tournais à nouveau vers le barman pour reprendre la même chose puis je lançais un sourire à la jeune femme assise prêt de moi.

- La même chose pour la demoiselle, lançais-je en levant mon verre à la jeune femme en lui souriant.

Visiblement, je n'étais pas la seule qui ne voulait pas être ici. Je finis par détourner le regard. On m'a toujours dit que c'était malpoli de fixer les gens comme ça et vidai mon verre d'un trait avant de le reposer sec et le barman s'approcha, non sans me reluquer les seins et me sourire. On se connaissait depuis un moment puisque j'étais venue ici, une ou deux fois par le passé. Quand je cherchais ma sœur. Elle était tellement naïve que c'était le genre de bar dans lesquelles elle aurait pu trainer. Je passais une main sur ma nuque, replaçant mes cheveux au final pour cacher quelques unes de mes cicatrices. L'homme à mes côtés prit donc la parole et je penchai la tête sur le côté quand il m'offrit un verre. Un sourire illumina alors mon visage et papillonnai des yeux sans le quitter du regard. « Merci beaucoup... » Je fis mine de chercher son nom, prénom pour le remercier histoire d'engager la conversation et d'être un peu polie.

La jeune femme avait l'air tout aussi déprimée que moi. C'était comme ça alors, dans la vie des grandes personnes ? Dès qu'on va mal, on part se bourrer la gueule dans le premier bar qu'on trouve ? Il fallait que je m'habitue à ce genre de pratique, puisque apparemment, je n'étais pas le genre de garçon qui avait le droit d'être un peu heureux dans sa vie. Quoi..ma vie était vraiment minable, quand on la regardait bien. Je n'avais pas connu mes parents, j'avais été séparé de ma soeur pendant presque toute ma vie, j'avais une putain de maladie de merde...et la seule personne qui comptait le plus à mes yeux, n'arrêtait pas de me trahir ou de me faire du mal. Elle m'adressa un sourire alors que le barman - qui n'arrêtait pas de reluquer sa poitrine - lui servait un verre de Wisky. « Merci beaucoup... ». Je lui rendais son sourire et je lui tendais ma main, « Maël, moi c'est Maël. » Je m'asseyais correctement pour apporter mon verre à mes lèvres, bordel, ça partait vachement vite l'alcool quand on commençait comme ça...« Puis-je savoir à qui j'ai offert un verre ? », demandais-je d'un air un peu amusé.

Je regardai ce beau jeune homme sans un quelconque intérêt bien que comme dit précédemment, il n'était pas vilain à regarder. Mais bon les hommes me saoulaient. Ils ne savaient pas ce qu'ils voulaient. Entre Caïn qui se foutait de ma gueule puis Kill qui n'était pas indifférent, je pense que j'étais servie. Je le regardai sans réelle conviction quand il me dit son nom et me mis à battre frénétiquement des cils par réflexe. Seulement voilà, il me posait la question. Ton ptit chéri. J't'ai dit le mien, dis moi le tien. Seulement, j'devais lui donner lequel ? Celui de Jordane, la cambrioleuse ou Charlie le nom d'une simple inconnue au bataillon. Après tout, je ne suis pas si connue mise à part selon cette salope de GG. Je soupire donc et me tourne avant de lui faire un sourire ravageur. « Je suis Jordane. Enchantée. C'est un beau prénom Maël. » Simple conversation. Après tout, je n'étais pas d'humeur à bavarder non ? Bref, on s'en fout. Je me sens mal à l'aise, un peu bourrée et quelque chose me disait que ce n'était que le début.
Trop bien!