Heaven & Charlotte.

Pourquoi j’avais accepté d’aller à cette soirée ? Je ne le sentais pas. Depuis le début, j’avais un mauvais pressentiment. Mais je partais pour Paris vendredi et je me disais que je devais en profiter pour sortir avant de quitter le pays. Alors j’avais accepté, une amie/collègue m’avait proposé de l’accompagner chez un de ses « copains » à Bayview. Je n’aimais pas cet endroit, mais c’était près de chez moi et je ne travaillais pas ce soir. En somme je n’avais pas vraiment d’excuse pour rester enfermée chez moi.
Je n’aimais pas ces soirées dites « sans règles » au contraire, j’aimais plutôt les cocktails, il m’était pourtant obligatoire de me rappelé que je n’étais pas une de ses gosses de riches et qu’il était plus probable de me trouver à Bayview qu’ailleurs…
Il était vingt-deux heures trente et déjà, j’avais envie de déguerpir. La fille qui m’avait invitée n’était plus là, du moins pas à mes yeux. Je me levais après avoir fini mon verre de vodka et me dirigeais vers la sortie de l’appartement (qui ressemblait plus à un squat qu’autre chose, entre nous) en soupirant, cette soirée était vraiment pourrie et glauque. Une ambiance pourrie, mêlée à la coke et autres trucs illicites. Quelqu’un m’agrippa le bras, sans me retourner, je lâchais un froid « Lâche-moi. » et dégageais mon bras en poursuivant ma route. Une main se posa avec plus d’insistance sur mon avant-bras, je me retournais et me trouvais face à un mec, visiblement aussi bourré que défoncé. Génial. Je le regarde l’air méchant. « Salut, on a pas eu l’occasion de parler, toi et moi. » Non, effectivement, et c’était pas un hasard. Je haussais les épaules en essayant de partir. « Attends, bois un verre avec moi… » « Non, merci, j’ai pas soif, je dois rentrer. » Il n’avait pas lâché mon bras, et je devais bien avouer que ça ne me plaisait pas, pas du tout. « Maiiis, il est que vingt-deux heures, tu vas pas partir maintenant ! » Je hochais la tête de haut en bas. « Si si, j’ai pleins de trucs à faire demain matin. Lâche mon bras, maintenant. » Sans m’écouter, Mister Gros Muscles m’entraina dans ce qui me semblait être la cuisine. Pas assez forte pour me dégager, je n’avais pas eu le choix de le suivre. « Non, mais, j’avais envie de discuter un peu avec toi. Charlotte, c’est ça ? » Je hochais la tête, je me disais que j’avais meilleur temps d’être polie histoire de ne pas l’énerver. Qui savait ce qui pouvait lui passer par la tête… ? « Ouais, c’est ça. Ecoute, c’est gentil de ta part, mais je dois y aller. » Je disais ça tout en m’éloignant. Il attrapa mon bras avec violence pour me retenir. Merde, j’étais dans de beaux draps. Comment j’allais me sortir de là ? J’essayais de retirer mon bras de son ENORME main. Après quelques essais, je réussissais. J’en profitais pour quitter la cuisine, et traversais la foule pour sortir de l’appartement.
Une fois dans la rue, je poussais un soupir de soulagement. Je sortis mon portable et envoyais un message à la première personne qui me vint à l’esprit : Heaven. Puis je sortis une cigarette, après qu’elle m’ait répondu qu’elle venait me chercher. J’allumais ma cigarette et m’assis sur le bord du trottoir. Quelle soirée. J’étais sur que ça allait être le bordel. J’étais vraiment la reine des idiotes d’être venue ici…

Cette fille était tout simplement incroyable. « J'ai pas besoin de toi, fiche moi la paix » et puis le lendemain « Au secours Heaven, j'ai besoin d'aide ! ». Elle ne semblait réellement pas savoir ce qu'elle voulait. S'était le genre de fille qui se voulait forte et indépendante, mais qui avait tout de même besoin de personne fiables sur qui compter, bien qu'elle ne voudrait jamais l'admettre. Les deux jeunes femmes s'étaient rencontrer lors d'une soirée pendant laquelle Charlotte était importunée - ça sent le déjà vu non ? -. Lasse de voir cette situation, Heaven était intervenue et lui était venue en aide, avant de se faire gentiment envoyer sur les roses. S'était souvent comme ça avec elle : elle était toujours désagréable avec miss Littleton, mais ne pouvait s'empêcher de faire appel à elle quand elle avait besoin d'aide. Enervée de voir qu'elle était quand même obligé de faire appel à elle pour la sortir de mauvais pas, elle passait sa colère sur la belle brune.

Ce soir là, Heaven venait de coucher sa fille et s'apprêtait à en faire de même, au moment où elle reçoit le message de la jeune femme, un truc du genre « Est-ce que tu peux venir me chercher à Bayview s'il te plait. Je t'expliquerais ». Mais bien sur Charlotte, je suis entièrement à ta disposition...Pfff. Après un long soupire, la belle prévient Chris de son départ, avant de grimper dans sa voiture. Elle ne pouvait s'empêcher de lui venir en aide quand elle le pouvait, sans doute son instinct maternel. Vêtue d'un jean et d'un débardeur blanc recouvert d'un large sweet gris (qui appartenait sans doute à Chris), elle gare sa voiture en double file devant l'endroit ou se trouvait Charlotte avant de la rejoindre en croisant les bras.


« Tu sais que t'es fatigante ? » S'était une façon de dire : il serait peut être temps que tu fasse en sorte de ne plus te retrouver dans ce genre de situation. Après un nouveau soupire elle rajoute « Aller viens... » L'invitant à la rejoindre d'un mouvement de tête, la belle entreprend alors de retourner à sa voiture. C'est alors qu'une sorte d’énergumène complètement torchée sort de la maison, s'approchant dangereusement des deux jeunes femmes. Heaven le regarde perplexe, passant son bras autour des épaules de Charlotte pour accélérer le pas. Il pose alors sa main sur l'épaule de Charlotte et lui dit
« Charlotte, part pas encore... ». Prenant la mouche, la belle mannequin se retourne un peu lasse et lui répond
« Ecoutez jeune homme - on dirait une vielle - il est tard, Charlotte veut rentrer chez elle, et vous devriez en faire de même... alors au revoir » Tirant la jeune femme par l'épaule, elle tente de repartir vers son véhicule, stoppée une fois de plus par le jeune homme.
« Elle est assez grande pour parler seule non ? ». Le sang commençait à lui monter à la tête...

Heaven & Charlotte.

Je n’arrivais pas très bien à savoir pourquoi j’avais demandé de l’aide à Heaven. Bon, « demandé de l’aide » était peut-être un peu exagéré, mais je ne savais tout de même pas pourquoi ELLE et pas quelqu’un d’autre, comme Lilas, Alan ou même Luke. C’était la première personne à qui j’avais pensé en sortant de cet appartement minable perdu dans Bayview. Il fallait aussi avouer que ce n’était pas la première fois qu’Heaven venait à mon secours.
Je ne savais pas vraiment comment agir avec elle, je préférais être froide et distante ; peut-être arrogante, suivant le point de vue, mais quoi qu’il en soit, je savais que je l’appréciais, je décidais seulement de ne pas le montrer. Dans ma tête, je me disais que je n’avais pas besoin qu’elle pense que je l’adorais. Je me trompais peut-être…
Quand je la vit s’arrêter au pied de l’immeuble, je me relevais du trottoir ou je m’étais assise, les bras croisés sur ma poitrine. J’étais fatigante ? Je le savais. « Ouais ouais… » soupirais-je en levant les yeux au ciel. Je détestais lever les yeux au ciel, et je n’aimais pas plus les gens qui faisaient ça, mais à cette remarque de la part d’Heaven, c’était la première réaction qui m’était venue. Qu’elle m’apprécie ou pas, égoïstement tout ce que je voulais, c’était qu’elle me ramène chez moi. Après quoi, elle m’invita à la suivre ; toujours les bras croisés, je la suivis jusqu’à la voiture.
Lorsque quelqu’un sorti de l’appartement délabré, je reconnus facilement Mister Gros Muscles de tout à l’heure. Merde. Heaven passa un bras sur mes épaules et m’entraina vers la voiture. Mais je sentis une autre main se poser sur moi. Oh non, ce n’était pas la meilleure idée qu’il ait eu. Si moi j’avais tendance à être méchante avec les autres, mais que je m’étais montrée polie avec lui parce qu’il était bourré ; je n’étais pas sure qu’Heaven, elle, reste calme. Et j’étais bien capable de m’énerver aussi, s’il continuait à me souler comme ça…
Heaven se retourna pour lui parler. Je regardais la scène. Puis elle me tira par l’épaule. Après un dernier regard au pauvre mec bourré qui nous avait suivis. En deux temps trois mouvements, il nous avait déjà stoppé, à nouveau. Il aggravait son cas et commençait sérieusement à me faire chier. « Je parle toute seule, oui. Et je voudrais que tu me foutes la paix, merde. » m’exclamais-je. Ça m’avait échappé et j’espérais qu’il serait trop bourré pour relever. « Me parle pas comme ça, merde, je veux juste boire un verre avec toi. » Puis il lança un regarde à Heaven, et me demanda. « C’est ta mère ? » Oh oh… Il était pas très malin. J’étais pas certaine que Heaven prenne bien le fait qu’on l’ait prise pour ma mère, même si c’était de la part d’un mec complètement cuit. « Laisse tomber, je te dis. »