Caïn se leva de son lit. A peine posa-t-il son regard sur la fenêtre entrouverte laissant échapper un brin de vent qu'il referma les yeux. Cette explosion de lumière chaleureuse l'agaçait. Il était déjà quatorze heures et il n'avait toujours pas songé à s'habiller. Il savait que la chaleur inondait les rues et, par conséquent, il ne sortirait sûrement pas. Le jeune homme prit une cigarette ainsi que son briquet sur la commode et l'alluma. Il se sentait éreinté, bien qu'il passât ses journées dans ce grand lit vide. Il se sentait irrévocablement seul. Personne au téléphone. Personne sur Internet. Personne à la porte. Il avait coupé les ponts avec la plupart des personnes depuis qu'il était sorti de l'hôpital. Il détestait cet endroit plus que n'importe lequel au monde. Grâce à quelques sourires charmeurs, il était parvenu à enjôler les belles infirmières qui le laissèrent sortir. Son bras particulièrement lui faisait quelque peu mal. Cependant, il ne s'en plaignait pas. Il était encore vivant. Quoiqu'il se demandait pourquoi. Il avait échappé quelques fois à la mort. Un soupir s'échappa de ses lèvres gercées. Pourquoi était-il en vie ? Dans quel but ? Avait-il une raison de vivre ? Lui peut-être. Mais c'était stupide. Il fallait qu'il arrête d'y penser. Cela ne faisait que le faire souffrir.
Agacé de penser à cette personne qui contrôlait son cœur, il se leva et tira les rideaux, passant son buste par la fenêtre. Il continuait à tirer sur sa clope en observant les gens qui passaient, riaient, parlaient, couraient, vivaient. Il s'attarda ensuite quelques instants sur le ciel avant de frissonner. Malgré la chaleur enivrante des journées, le zéphyr qui soufflait faisait tressaillir ses muscles nus. Il était simplement vêtu d'un caleçon blanc. Il écrasa la cigarette dans le cendrier et s'allongea, comme poussé par une réflexion. Maintenant bien réveillé, l'ennui l'enivra. L'ennui commença à posséder lentement son corps et son âme. L'ennui défragmenta sa peine. L'ennui fit de lui un pantin oisif. L'ennui était son pire ami, son meilleur ennemi. Il tentait toujours d'échapper à ses griffes acérées pourtant L'ennui arrivait sans grand mal à le prendre sous son joug. Nouveau soupir. Il ne devait pas se laisser abattre. Caïn se réveilla d'un second réveil et s'étira comme un félin. Il hésita à prendre une seconde cigarette mais se retint, pour sa santé. Il ne voulait pas mourir d'un cancer des poumons, avec des dents jaunes et une haleine de phoque mort après avoir vécut une bien morne existence. Il bâilla. Il avait faim aussi. La flemme envahissant également tout ses muscles, il réussit -dans un exploit- à saisir le téléphone.
- Bonjour, je voudrais une pizza s'teuplaît mec. - Caïn ? Salut beau gosse. T'as pas l'air en forme. T'as encore chopper une meuf dans ton pieu ?! - Ta gueule Adam. - Ou alors t'es bourré ? Comme d'hab' ? Je te livre dans 10 minutes.
L'irlandais raccrocha le téléphone sans un mot pour le livreur qui le connaissait désormais bien. Il faut dire qu'il l'avait dragué un soir. Ils avaient tous les deux un peu trop bu et s'ensuivit ce que Caïn faisait souvent; ils avaient couché ensemble. Quand il se regardait sous cet angle c'était un beau salaud. Durant les dix minutes qui suivirent, il rangea les quelques affaires qui jonchaient le sol; livres, mégots, vêtements, objets divers et variés. Puis il ouvrit au livreur en évitant de ne trop s'attarder. Il lui sourit comme si de rien n'était et referma la porte. Il avait besoin d'être seul. C'était comme s'il était déprimé. Qu'il sortait d'une longue hibernation. Tout lui semblait lointain. Et surtout, tout lui semblait vide. Ou alors qu'il était complètement éméché. Trop bu. Tout tournait, tout était flou. Alors qu'il allait entamer la pizza, on frappa à la porte. Le garçon soupira, énervé que l'on ne lui laisse pas profiter de l'agréable compagnie de la solitude. Il décida d'aller ouvrir au troisième tapotement contre le morceau de bois.
- Ouais, ouais, j'arrive.
Il se glissa lentement jusqu'à l'ouverture puis ouvrit dans un mouvement plein de lenteur et de flemme, aussi, un peu. A sa grande surprise, ce fut une grande chevelure brune qui lui tombait sous les yeux ... Il soupira et laissa entrer Imogen sans ne rien dire. Pour une fois, il n'était pas d'humeur très agréable ni souriant non plus. Cependant, la voir le fit comme renouer avec le monde extérieur. Comme si la solitude s'était jetée de sa fenêtre ouverte pour s'échouer en toute impunité sur le trottoir grouillant de monde, de mégots et de chewing-gums.
Je commençai sérieusement à me lasser des quatre murs qui m’enfermaient. Depuis jeudi j’étais enfermée chez moi avec l’interdiction de sortir. Les médecins n’avaient pas compris que ça ne faisait qu’empirer mon état mental – parce qu’être enfermé depuis cinq jours chez soi, c’était vraiment démoralisant. Je me demandai combien de temps j’allai encore survivre avant qu’une nouvelle « crise » arrive. La situation du moment n’était guère idéale pour mon autre maladie. Celle dont je ne parlai jamais. Cela avait déjà été difficile de la dire à Andreas hier. Je ne sais pas pourquoi je lui avais dis. Il s’agit de mon copain, il avait le droit de savoir. D’un côté, j’avais toujours voulu le cacher à tout le monde. Personne ne devait savoir que j’étais « folle ». Après avoir dis au revoir à Andreas –oui il avait passé la nuit chez moi-, je déposai Zaara à l’école et je partis faire un tour à Alamo. Je n’avais pas envie de rentrer chez moi. C’était morbide, et je n’avais absolument rien à faire. J’avais déjà fini de lire la moitié de ma bibliothèque et je n’avais sérieusement pas envie de continuer. J’errai tranquillement dans mon quartier. J’aimai beaucoup Alamo. C’était un quartier calme, joli et bien emménagé. Le quartier parfait pour ceux qui voulaient être au calme dans le centre de San Francisco. C’était aussi quelque peu considéré comme le quartier des riches mais cela ne me dérangeait pas. J’avais de l’argent, je le savais. Je ne pouvais pas nier qui j’étais en réalité. Après ce qui devait être trois heures de random walking, je me retrouvai devant l’appartement de Caïn. Je ne sais pas pourquoi je m’étais retrouvée ici. J’étais perdue dans mes pensées, et je ne faisais pas vraiment attention à là où je mettais mes pieds. Je les laissai me trainer là où ils voulurent. Je me demandai quand même pourquoi Caïn ? Il avait été mon meilleur ami en Nouvelle-Zélande. Nous formions un duo du tonnerre avant qu’il reparte pour je ne sais quel continent. Je sonnai, ne sachant même pas s’il était à la maison. J’aurai peut être dû prévenir ? Ou ? Non ? Je sonnai une deuxième et une troisième fois. Il ne devait pas être à la maison. J’étais sur le point de faire demi-tour lorsque soudain, j’entendis un « ouais ouais j’arrive. » Ah ! Il était quand même à la maison, mais pas de bonne humeur à ce que je devais entendre de sa voix. Il m’ouvrit la porte sans rien dire. J’entrai dans son appartement, le bordel. Vivait-il en ermite depuis quelques jours ? C’est vrai que je n’avais pas entendu parler de lui depuis une semaine environ. « Entre ... Désolé c'est un peu le bordel. » Je lui souris. Cela faisait plaisir de le revoir. Je ne sais pas pourquoi mais de tous mes amis, c’était lui que j’avais eu envie de voir. Il n’était plus un de mes meilleurs amis –comme on l’était avant- mais c’était peut être justement pour cela que j’étais venue le rendre visite. J’avais l’impression qu’en ce moment, je me distanciai de mes amies. J’avais besoin d’un nouvel air, d’autres personnes dans mon entourage et c’était peut être le moment de le faire. Je réajustai mon t-shirt gris en rentrant dans l’appartement et fis la bise à Caïn. « Salut. T’inquiète pas pour l’appartement, ce n’est pas lui que je suis venue voir mais toi. » Est-ce que j’étais vraiment venue voir Caïn ou est-ce que c’était mes jambes qui avaient décidé de venir lui rendre visite. « Alors comment tu vas depuis le temps ? J’ai vu que t’avais eu un accident. Rien de grave dit moi ? »
[HI: j'ai changé le sujet de place parce que bon si tu écris des postes comme ça, je peux pas répondre petit. Parc contre, tu pourrai faire "petit" pour toi. Sinon je tiendrai pas la route. J'aime bien être à la hauteur de la personne avec qui je rp]
Caïn se sentait gêné de l'accueillir dans un tel désordre mais cependant, il se dit qu'Imogen était son ami et qu'il n'avait pas grand chose à perdre. Elle lui adressa un sourire conciliant tandis qu'il prenait quelques affaires dans ses bras. Il rangea deux-trois trucs, laissant la jeune femme s'installer où elle voulait. Ou plutôt où elle le pouvait. Le lit était à peu près le seul endroit laissé correct puisqu'il ne faisait qu'y dormir. A côté, sur le sol, un cendrier était rempli de mégots. D'habitude, il ne fumait guère plus que ça. Cependant Ephyre ne lui avait plus donné de nouvelles depuis des jours -voire des semaines. Malgré les sms qu'ils s'étaient rapidement échangés, sa voix lui manquait plus que tout. Oui, il aurait put l'appeler pour l'entendre mais cela ne remplacerait pas sa simple présence. Alors, pour tenter d'oublier, il n'avait plus bouger. L'irlandais se morigéna pour s'empêcher de penser à lui. Il devait arrêter cela, il n'en pouvait plus de cet amour à sens unique. Certes, il aurait put développer tous ses sentiments pour son meilleur ami. Mais comment ? Et puis, il préférait rester ami avec lui plutôt que de le perdre. Non, il souffrirait en silence comme depuis des années et ferait semblant de rien quand il se verrait. Il n'était pourtant pas discret sur ses sentiments, loin de là. Dès que l'anglais était dans les environs, il ne pouvait s'empêcher de sourire, d'avoir les yeux plein d'étincelles ou de rougir. Même s'il tentait de le cacher lorsque cela se produisait, ses joues ne pouvaient s'empêcher de légèrement se teinter de rouge. Ce fut la joie de sa jeune amie qui le sortit de ses rêveries amoureuses.
Suite à sa remarque intelligente, il ne lui sourit comme à son habitude et continua malgré tout le rangement. Il lui ébouriffa gentiment les cheveux sans la décoiffer -puisqu'elle détestait cela- comme pour lui dire qu'elle n'avait qu'à installer. Caïn adorait Imogen. Tout autant qu'il y avait de cela des années. Il était extrêmement heureux de l'avoir retrouvé à San Francisco, bien que la première rencontre fut étonnante. S'il s'était attendu à la revoir ... Tout de suite, ils avaient bien repris leurs marques et s'étaient de nouveau côtoyés. Et oui, il en était très heureux. Des années qu'il n'avait pas donné de nouvelles, il n'aurait jamais pensé que cela puisse se passer aussi bien. Oui, il avait pensé que la jeune néo-zélandaise lui en voulait d'être parti comme un voleur et de ne plus avoir donné de signe de vie depuis toutes ces années. Néanmoins, elle n'avait jamais ressenti ce sentiment ou du moins elle ne l'avait pas montré depuis leur rencontre. Et puis, le jeune homme lui avait rapidement expliqué qu'il avait dû partir précipitamment sans en donner véritablement la raison. Il ne désirait pas nécessairement qu'elle sache que son père le recherchait sans fin dans le monde. S'il lui accordait volontiers sa confiance, il détestait parler de lui et de tout ce qui le concernait. Non, c'était le genre à cacher ses faiblesses, son passé, ses véritables sentiments voire son être tout entier. Et c'était pour cela qu'il était aussi mystérieux et difficile à approcher. Mais les filles aimaient ce côté alors il en profitait volontiers. Il n'avait aimé aucune de ses conquêtes. Ou il ne s'en souvenait pas. Mais il n'en avait cure. La voix d'Imogen résonna à nouveau dans la chambre désordonnée. Il cessa quelques secondes son rangement effréné et se tourna vers elle.
- Ca va plutôt bien, merci, mis à part mon bras qui est un état pathétique. Ha l'accident ?! Rien ne t'en fais pas. J'ai juste le bras en morceau mais j'ai quitter l'hôpital. Ou j'ai soudoyer les infirmières à toi de voir quelle version te plaît davantage. Et toi alors ? Comment vas-tu ?
Il n'en dit pas davantage sur l'hôpital puisqu'il n'aurait normalement pas dû en être sorti. Et il savait -ou du moins se doutait- que si son amie venait à l'apprendre, elle n'hésiterait pas à lui passer un savon qu'il n'oublierait sûrement pas. Mais il ne lui voudrait guère. C'était pour son bien qu'elle le faisait, il le savait pertinemment. Le seul à être venu lui rendre visite était Robbyn, un soir, pour voir si tout allait bien. Puis, Caïn lui-même, avait demandé à ce que les visites d'autrui ne soient pas acceptées. A ce moment, il ne désirait pas qu'Ephyre le voit dans cet état. Couvert de blessures, une seringue enfoncée dans le bras, complètement lymphatique et arrivant à peine à placer cinq mots dans une même phrase. Même maintenant, il était dans un état quelque peu second. Certes il n'était plus fatigué et arrivait à se mouvoir sans le moindre effort mais son bras le lançait énormément. Il se dit qu'il irait voir le médecin dès le lendemain pour recevoir des cachets avec lesquels il se droguerait afin de ne pas avoir mal trop longtemps. Tout rentrerait alors dans l'ordre et il pourrait de nouveau sortir, bouger, aller à des soirées et faire ce qu'il désirait. C'était tout ce qui l'importait. Il quitta ses pensées vagabondes pour se concentrer sur le rangement qui prenait plus de temps que prévu. Il venait de prendre quelques fringues éparpillés par terre afin de les mettre dans la machine à laver qu'il programma rapidement. Il se rendit alors compte qu'il était en caleçon et ne put s'empêcher de rire légèrement en le remarquant. Il fit un nouveau sourire à la jeune femme en face de lui.
- Ca te dérange si je reste comme ça ? Je dois t'avouer qu'avec cette chaleur, je n'ai aucune envie de mettre autre chose.
Il ne pensait pas que cela puisse la déranger toutefois il préférait lui demander au cas où. Il retourna à son rangement pour ne pas indisposer la jeune femme puis se mit près de la fenêtre pour l'entendre parler.
J’entrai dans l’appartement désordonné de Caïn et me frayai un chemin jusqu’à son lit –seul endroit encore libre. Je le laissais ranger ses affaires en souriant. Cela faisait du bien de voir mon ami. Il y avait une raison pourquoi j’étais venue ici bien que pour le moment, elle m’était encore inconnue.je la connaître en temps voulu, pensai-je.
Soudain Caïn m’ébouriffa les cheveux. J’émis un petit grognement afin de manifester mon mécontentement. Caïn savait que je détestais lorsqu’on me touchait les cheveux –surtout si c’était pour me décoiffer. D’un côté, je savais que Caïn l’avait fait exprès. Il le faisait toujours exprès mais c’était pour cela que j’adorai Caïn. Il avait été comme cela en Nouvelle-Zélande. J’avais été extrêmement heureuse de le revoir et nous avions directement recommencé de nous côtoyer. Je ne lui avais demandé les raisons de son départ précipité. Je savais que Caïn n’aimait pas spécialement parlé de lui donc s’il voulait m’en parler, je l’écouterai. Cependant, je ne le forcerai pas à m’en parler. J’avoue moi-même n’avoir dis à personne pour mon départ d’il y a quatre ans. J’écoutai attentivement Caïn. Le plus important était qu’il ait bien. J’émis un petit rire lors de la remarque sur le soudoyement des infirmières.
« Je te vois bien soudoyer les infirmières avec ton petit charme d’irlandais. Moi ça va. Je suis juste enfermée chez moi depuis cinq jours. J’enfreins les ordres du médecin en venant te rendre visite. Mais depuis quand est-ce que je fais ce qu’on me dit de faire. »
Combien de fois est-ce que j’avais enfreins les règles dans ma vie ? Au moins un millième de fois, et encore je devais en oublier quelqu’un. La vie était beaucoup moins existante si on les respectait. Il fallait bien pimenter sa vie d’une façon ou d’une autre. Caïn continua le rangement. Je le regardai faire en silence sortant mon paquet de cigarettes de mon sac. Je me levais, pris le cendrier et mis le contenue à la poubelle. Caïn se tourna alors vers moi me demandant s’il pouvait rester en caleçon. Je n’avais même pas fait attention à ce que Caïn portait. Je souriais sortant une cigarette et vient me positionner à côté de Caïn près de la fenêtre.
« Non c’est bon. Dis ça te dérange pas si je fume. »
J’allais encore enfreindre un ordre mais rien à faire. J’avais besoin de sentir la fumée passer à travers mes poumons. Andreas et Dr. Roberts pouvaient aller se faire foutre que de m’avoir interdit de fumer/ cinq jours et j’étais en total manque. D’un côté, en tant que fumeuse active, c’était quelque peu compréhensible. J’attendais sa réponse avant d’allumer ma cigarette.
Caïn décida de s'attarder sur le rangement des habits. Comme la plupart des objets dans l'appartement, ils gisaient sur le sol, abandonnés, sans qu'ils ne soient forcément sales. Il plia quelques t-shirts, en mettant d'autres dans un bac plein à craquer qu'il devait emmener jusqu'au Lavomatic un de ses jours. Il rangea ensuite d'autres affaires qui jonchaient autant le sol que les meubles. Il songea aussi au fait qu'il devrait vraiment passer n'aurait-ce été qu'un coup de balai dans ce bazar innommable. D'un côté, il se demandait comment il avait put laisser son appartement dans cet état, mais d'un autre, il avait été tellement fatigué qu'il s'était à peine lever pour manger. En pensant à cela, il prit la pizza et la mit au micro-ondes car son ventre se tordait de famine. Son amie avait, depuis quelques minutes déjà, réussit à se frayer un chemin jusqu'au lit où elle s'était posée. Heureusement, les draps étaient propres et le lit à peu près fait, si l'on omettait que les couvertures étaient froissées. C'était un grand lit deux places, en bois, avec des draps gris et bleu tous simples. Grâce à la fenêtre, situé à gauche du dit lit, il recevait la lumière agréable du matin et les premiers rayons très tôt. C'était bien plus sympathique comme réveil qu'une vieille machine qui émettait un bruit dissonant. L'irlandais sourit en écoutant sa remarque puis soupira avant de s'approcher d'elle et de lui donner une légère claque. Pas de soufflet puissant ou quoi que ce soit, une toute petite pour le fait qu'elle enfreignait les règles. Jamais il n'aurait osé la taper violemment et elle le savait pertinemment de toute manière.
- Tu fais que tu devrais faire attention tout de même. Je comprends que ça soit ennuyeux de rester chez soi cinq jours sans ne rien faire -je sais de quoi je parle, regarde ce bordel. Cependant, il faut que tu fasses attention. Tu aurais pu m'appeler, tu sais ?!
Il se remit à la fenêtre encore une fois pour regarder la vie pitoyable qui s'étendait au-delà des fenêtres sans ne rien dire et lui adressa un nouveau sourire. Il n'était même pas coiffé mais n'eut pas le courage d'aller jusqu'à la salle de bains. Et puis,il n'était pas avec quelqu'un qu'il ne connaissait guère non plus. Il était avec Imogen. Il se doutait qu'elle se moquait qu'il soit coiffé comme un Dieu ou avec les cheveux désordonnés comme s'il n'y avait pas touché depuis des jours -ce qui était le cas présent. Et si cela avait tant déranger la jeune fille, elle lui en aurait fait part. Cela marchait comme ça entre eux; dès que l'autre avait un problème ou voulait parler, il était libre de le faire. Et s'il ne le voulait pas, il ne le faisait pas. A la fois très proches et distants. Cela ne les empêchaient pas de s'aimer ainsi, au contraire. Quand Caïn lui demanda s'il pouvait rester en caleçon, ce fut elle qui sourit; il prit cela pour un accord qu'il reste ainsi. Il en était soulagé. Ensuite, elle prit une cigarette -ayant auparavant vider le cendrier plein- et s'installa près de lui, à cette fenêtre qui donnait une belle vision sur la ville entière. A sa question, il fronça les sourcils et posa sa main sur le menton de la jeune femme pour que leurs regards se croisent et il lui prononça, d'une voix à la fois douce et forte;
- Comme tu le vois, j'ai beaucoup fumé, ce qui n'est pas nécessairement bien. Donc non, ça ne me dérange pas dans ce sens. Cependant ! Je ne suis pas sûr que le médecin serait d'accord avec ça.
Il lâcha son menton et regarda quelque peu dehors avant de voir son regard posé sur lui et il soupira en se grattant la tête.
- Ne me regarde pas comme ça. Tu fais ce que tu veux, je ne suis qu'un ami qui te conseille. Et je sais que la nicotine est un manque parfois prégnant mais je ne veux pas que tu te ruines la santé pour quelque chose d'aussi stupide. Et je sais aussi que je ne suis pas un exemple, surtout en ce moment, mais bon, retiens ça. Et fais ce que tu veux.
Caïn n'insista pas plus. Il ne voulait pas passer pour un rabat-joie mais s'inquiétait toutefois assez de la santé de son amie. Il ne voulait pas non plus que quelque chose lui arrive. Il se dirigea vers le micro-ondes qui avait sonné depuis quelques temps désormais. Il prit un torchon qui traînait, comme n'importe quoi ici, et sortit l'aliment avant de le poser près de la fenêtre et prit une part qu'il mit dans sa bouche promptement. La chaleur et le goût léger de la pizza lui envahirent le palais. Il ignorait depuis combien de temps exactement il n'avait pas mangé ou du moins dégusté quelque chose de mangeable. L'irlandais proposa à la jeune femme de se servir si elle le désirait.