Fatiguée. Je crois que je l'étais tout simplement. Vidée. On peut dire ça comme ça. La preuve est là. Indubitable. Je m'étais endormie sur mes feuilles et c'est un de mes chats qui vint me réveiller. Trois chats, deux chiens et Winston qui n'était pas à moi. Je me suis donc réveillée ce matin pour allumer mon ordinateur et voir un message d'Imogen sur Facebook. Là, ce fut le choc. Apprendre que ma soeur était revenue sans même me passer un coup de fil. Plus Mike qui était parti, je ne sais où. Super. Décidément, je ne comptais pour personne. Et je devais penser que bientôt débuterait le tournage de ce film, que je devais me charger de la musique et que j'allais donc devoir me rendre à L.A. Sur un coup de tête et parce que je le pensais vraiment, je décidai de rentrer dans ma ville. Celle où je me sentirai mieux. Los Angeles. Je me rendis au premier, croisant mon reflet fantomatique. « Vous devez prendre du repos, Melle Zimmer. » Tu parles. Quand tout d'un coup, quelqu'un sonnait en bas. Je descendis, peinant un peu pour me rendre jusque dans l'entrée. Vive les maisons. Et ouvris la porte. Quelle fut ma surprise de voir Robbyn. Sans trop réfléchir, je le pris dans mes bras sans rien dire, sans rien faire. « Merci, fut à peine ce que je réussis à articuler. »

Je fus soulevée de terre avant même d'avoir pu dire quoi que ce soit. J'oubliai parfois à quel point il était grand et que je n'étais qu'une poupée de chiffon à ses côtés. Puis il me dit quelque chose. Hein ? Quoi ? Non, non, je n'avais pas besoin qu'on s'occupe de moi. Je ne pense pas, je ne sais pas. Peut être bien. Je fus alors tirée vers le salon où régnait un bordel des suites de mon travail. Partitions, je pense même que j'avais surement le clavier entier sur la figure. Je choppai un stylo pour le mettre dans mes cheveux et sortis une cigarette avant de jouer avec mes mains anxieuse. « Je suis désolée. Si j'avais su j'aurai rangé, dis-je à toute vitesse, et tu veuxboirequelquechose ? » Les chiens arrivèrent et se jetèrent sur Robbyn en aboyant. Je leur intimai de s'assoir en allemand avant de prendre place à côté de mon ami. « Je comprends pas. Ils t'aiment bien d'habitude... »

J'étais vraiment pas bien en ce moment. Ma maladie, mon histoire naissante avec Duncan. Tout s'amassait dans mon esprit torturé et j'avais l'impression que ma tête allait exploser. Mes chiens qui brusquement devenaient agressifs – ou contents, curieux, bref peu importe – envers mon ami et je les tirai par le collet avant de m'assoir et de voir Rob sortir une petite boule de poils de sa poche. DE SA POCHE ??? Mais il est malade! La pauvre bête doit être dans un état. « Oh. » Je caressai doucement la petite tête toute faiblarde pour regarder mon interlocuteur, inquiète. « Tu sais comment t'en occuper ou tu veux que je te montre ? Il n'est même pas sevré, le pauvre chou... »

Je souris à Robbyn, regardant le petit bébé. J'acquiesce avant de me lever et de gueuler à mes chiens d'aller dans une autre pièce, poussant Debussy qui me grognait dessus. Saleté de bestiole caractérielle. Je lui grognai dessus à mon tour pour lui faire comprendre qui était le maitre avant de revenir avec une seringue sans aiguille et un pot de lait maternisé qu'il me restait. « Tu le dilues dans l'eau et lui donne avec la seringue. J'ai eu des chatons moi aussi. Je sais ce que c'est. » Puis, je tirai sur ma cigarette avant de le regarder. « Pourquoi es-tu là au fait ? »

Non Robbyn, je ne vais pas te proposer un bon shoot de... je regarde un moment la boite, lait maternisé. Je lui fais un franc sourire avant de regarder la petite bête et de caresser sa tête tout doucement, en levant les yeux vers Robbyn. Je collai ma cigarette dans mon bec, tirant dessus lui demandant ce qu'il faisait là quand il me dit que c'est parce que je n'allais pas bien. Un éclat de rire sortit de ma bouche et je le regardai d'un air désolé. « Ah... si tu savais Robbyn. Justement, c'est parce que tout le monde a des problèmes que j'me casse. J'en ai assez de cette ville, tu comprends. Elle m'a prise Calvin. Ton père est ton père et à peine, je suis revenue que... » Ma voix se brise et je fais un signe de main l'air de dire laisse tomber. Je n'allais certainement pas lui déballer mes problèmes. A la place, je me levai, passais une main sur mon visage et sortis la picole avant de la mettre sur la table, suivie de deux verres. « J'te dirai rien. »