Je suis née un six août 1985 à Mexico, d’un père et d’une mère que je ne connais absolument pas et que je n’ai jamais vraiment connu, ah et je ne suis pas née seule, je partageais le ventre de maman enfin si je peux l’appeler comme ça, on va plutôt dire d’une femme qui m’a porté dans son ventre. Donc oui, j’ai un jumeau. Il s’appelle ou s’appelait – je ne sais même pas s’il est toujours vivant – Maël, et je n’aime pas vraiment parler de lui. Il m’a tout simplement abandonné. Je me rappelle très bien de la dernière fois que je l’ai vu. On était tous les deux dans un orphelinat à Mexico, je vivais bien, j’étais heureuse avec lui, et avec tous les autres enfants, c’est vrai qu’on n’était pas vraiment riche, mais on mangeait à notre faim au moins, et puis être avec ma moitié c’est-à-dire mon jumeau, me suffisait amplement. Il aurait fallu que le couple Santos débarque, ils avaient décidé d’adopter un enfant, et rien qu’un seul. Leur choix s’est naturellement porté sur moi, et rien que moi, il ne pouvait emmener avec eux mon jumeau, et je ne peux vous décrire à quel point cela m’attristait. Pour moi, il était évident qu’on resterait toujours ensemble, il me l’avait promis de toute façon, mais il n’a tout simplement pas tenu cette promesse que l’on s’était faite. Je l’ai pris dans mes bras pour la dernière fois, en le serrant de toute mes forces, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps, et j’ai quitté cet orphelinat.. pour toujours.

Nouvelle famille, nouvelle vie ! J’étais triste, mais en même temps surexcitée, j’allais enfin vivre comme tous les autres enfants. Je pouvais m’acheter tous les vêtements que je voulais, toutes les choses dont j’avais rêvé et que je ne m’étais jamais permise. Bref, financièrement ça ne pouvait qu’aller. Je ressentais bien sûr toujours ce manque, me demandant à chaque fois ce que faisait mon frère, s’il allait bien, s’il ne lui manquait rien.. je me sentais abandonnée mais en même temps coupable, parce que j’avais droit à cette vie, à cette famille parfaite, qu’il n’a lui-même pas encore connu. Mais j’étais sûre, qu’il allait se débrouiller tout seul, et qu’il allait sûrement se trouver des parents adoptifs. J’appartenais donc tout d’un coup à un milieu assez aisé, mon père adoptif possède une entreprise de textile, et ma mère adoptif quant à elle a abandonné son métier de décoratrice d’intérieur pour être femme au foyer, c’est d’ailleurs l’une des femmes les plus parfaites que je connaisse. Elle fait de son mieux pour satisfaire tout le monde, et s’occupe extrêmement bien de notre chez soi familiale. Monsieur Santos, quant à lui est toujours occupé avec son travail, enfin c’est ce que je me suis obstinée à croire. C’était donc un grand changement pour moi, j’avais à peine dix ans quand je suis parti vivre là-bas, je me suis vite adaptée à cette nouvelle famille, les personnes qui ne me connaissent pas ont toujours enviée ma vie qui semblait parfaite à leurs yeux, dans ma nouvelle école, j’ai dû mentir à tout le monde, enfin je n’ai pas vraiment eut à faire cela, tout le monde croyait que j’étais vraiment leur fille. En fait ce sont les enfants qui sont restés à l’orphelinat qui devaient m’envier, mais contrairement à ce que l’on pourrait penser, ma vie après mes 10 ans n’a pas été des plus heureuses. En apparence, ma famille adoptive semble unie, et elle pourrait plutôt bien refléter l’idéale qu’on aperçoit des fois dans des publicités à la télévision, où l’on trouve une famille heureuse et soudée faire la promotion d’un quelconque produit alimentaire. Seulement la vérité est toute autre, car derrière tout ça, se cache une femme meurtrie par l’infidélité constante de son mari, un époux toujours insatisfait et beaucoup trop soucieux de la réputation de sa famille, et bien sûr moi qui n’était à l’époque qu’une petite orpheline seule et perdue vivant dans un milieu où seule l’hypocrisie et le mensonge règnent. J’avais bien compris tout leur scénario, enfin Monsieur Santos voulait surtout que les gens pensent qu’il étais un homme bien, parce qu’il a adopté une pauvre orpheline. Et pour qu’il puisse garder une bonne réputation auprès des autres, il fallait que j’aie de bonnes notes, que je me montre toujours gentille et polie avec tout le monde, grâce à cette attitude, j'étais toujours entourée d'amis, bref la fille populaire de la classe, les garçons m'appréciaient et les filles voulaient me ressembler, mais malgré ça, je me sentais tout le temps seule, Maël n’était pas là.

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Comme on pouvait s’y attendre, à l’adolescence, cette solitude avait bien sûr empiré, mais j’arrivai à mieux la cacher. Enfin dire que je n’étais pas ravie de mener une telle vie, serait un mensonge, mais je ressentais un manque, un manque évident. Mes parents adoptifs ont bizarrement commencé à me chouchouter, à me dire des mots doux, peut-être pour compenser leur malheur. Mais je commençais à m’attacher de plus en plus au couple Santos. Bref, j’avais enfin une vie familiale, on a fini par déménager et je me suis soudainement retrouvée en terminale au lycée de San Francisco. C’est là où j’ai pu rencontrer Maël, enfin un autre Maël dans ma vie, on s’est revu, on a finis par sortir ensemble, je l’aimais, peut-être un peu trop. Il a décidé du jour au lendemain de me quitter, sans raison valable. Mon premier chagrin d’amour, et comme toutes les filles, j’ai finis ma soirée en avalant un pot de glace et en regardant un film à l’eau de rose. Après cela, j’ai pu intégrer une grande école de stylisme à San Francisco. Après quelques années de stage, et d’étude, j’ai finis par être diplômée à l’âge de 24 ans. J’ai finis par travailler dans une maison de couture, mais je ne m’y sentais pas très à l’aise, et après une année passée à chercher un nouvel emploi, j’ai eu la brillante idée de créer ma propre boutique de vêtements, grâce à l’aide financière de mon très cher père. Maintenant, je me porte très bien, j’ai mon appartement, un travail, et je ne manque d’absolument rien. Je souhaite juste retrouver mon frère jumeau, j’ai vraiment besoin de lui. Alors j’espère que le fait que je sois fiancée et sur le point de me marier, serait une bonne raison pour lui d’apparaître. Je ne veux qu’une chose, le revoir.