Je venais de prendre place dans le fauteuil avant de rajuster mon micro, mains posées sur mon gros ventre et un sourire collée sur mon visage. Les interview, c'est ce qu'il y avait de pire. Alors, je me raclai la gorge pour voir le journaliste se tourner vers moi et se présenter. I don't care, let's go. «
Bonjour mademoiselle Ginstorm. Vous êtes ici pour la promotion de votre nouveau CD « Bonnie & Clyde. » qui connait un franc succès pouvez vous nous en dire un peu plus sur vous ? » Il m'emmerde celui-là. Il veut que j'lui raconte ma life ou quoi ? J'étais certaine que mon récent divorce allait revenir sur la tapis. Comme ci Sonic et moi avions besoin de ça. Mais je me contente de sourire et de tourner la tête vers lui, entortillant une de mes mèches de cheveux blonds autour de mon index. «
Bonjour. Oui c'est exact mais tout dépend ce que vous voulez savoir sur moi. Je veux dire la vie de quelqu'un, c'est vaste. Surtout quand on a 25 ans, il y a du vécu croyez-moi. » Ouais, je n'allais pas m'épancher sur l'abandon de mes parents, sur le fait que j'étais la responsable d'un petit qui attendait toujours une adoption, maman d'une petite fille dont le père s'était évaporé dans la nature comme un sorcier d'Harry Potter. Non, je savais de quoi il allait me parler et je plantai mes prunelles dans les siennes, sans faiblir, sans le baisser. «
Vous avez récemment défriser la polémique avec votre récent divorce et votre nouvelle idylle avec l'un de vos collaborateurs dans la comédie musicale porté sur le film Moulin Rouge, pouvez-vous nous en dire plus ? » Non, je ne peux pas connard. Mais bon, je me tourne vers mon agent qui me fait signe d'inventer une connerie. C'est vrai que mon histoire avec Sonic c'est terminée brutalement et même si je l'aimais encore puisqu'il était le père de mes enfants, le seul que j'épouserai sans doute même si c'était sur un coup de tête nous ne pouvions pas être ensembles. J'avais ma carrière, il avait Keenan et Robbyn. « D
isons que mon ex mari et moi différions sur bien des points. Et nous avons trouvé un terrain d'entente pour divorcer sans que les enfants en soient inquiétés. Et en ce qui concerne Rory, vous savez à force de se côtoyer tous les jours, on ne peut que tomber amoureux... ou s'entretuer. » J'avais dit tout ça d'une voix calme. Je devais me contrôler face à ses charognards. Bordel qu'est-ce qu'ils me font chier. Je soupirai. «
Et votre grossesse ? Vous attendez des triplés ? Comment allez-vous faire pour élever vos enfants tout en ayant une carrière ? » Je soupire alors et sens un coup de pied. AH COMMENCEZ PAS A DANSER LA LAMBADA VOUS AUTRES LA DEDANS ! Genre mon ventre n'est pas une discothèque. « Je me repose du mieux que je peux et je vais bientôt rentrer à l’hôpital. Mais sinon, je vais surement devoir engager une armée de nounous pour s'occuper de toute ma tribu. » J'éclate de rire avant de poursuivre. «
Voyez-vous, je ne veux pas être un poids pour mes amis ou même ma famille. Il faut savoir se débrouiller tout seul. » QUELS AMIS ? J'me le demande. Mise à part, Mike, Lunha et Mia, y'avait pas grand monde qui se souciait de ma gueule ? Et tant mieux, j'en ai marre de devoir rendre des comptes. Et Robbyn qui ne veut plus me parler ? Ouais. Parfait! Je dégage alors mon visage et commence à me sentir mal. C'est à ce moment-là que mon agent fait signe de tout arrêter et que je peux me lever. Enfin. Je soupire, retire le micro que je jette avant de prendre mon portable et de composer le numéro que je composai depuis quelques jours machinalement. «
Vous êtes bien sur la messagerie de Rob... » Le téléphone valse contre le mur et je sors difficilement du studio tellement je ressemble à une baleine. Great !
Quelques jours plus tard.
«
Votre grossesse est dangereuse Mademoiselle Ginstorm. » Change de disque honey. Je le regarde sans réelle surprise. Les médecins sont tous des jackass de toute manière. Trou d'uc. Je soupire et serre la main de mon assistante, ma sœur qui m'accompagne.
« Mais vous êtes en parfaite santé. » J'ai toujours eu une santé de cheval enfoiré. Ce n'est pas maintenant que je vais flancher et commencer à prendre sur moi. «
Sauf que... » Sauf que quoi ? «
Il serait plus prudent de devoir... » Je sais ce qu'il va dire et je lui mis un coup de poing dans la gueule. Le mec s'effondra au sol et je sautai de la table avant de me poster à ses côtés et de le regarder. «
C'est la dernière chose qu'il me reste de lui, alors j'irai jusqu'au bout c'est clair. » Parce que vous croyez que j'ai quitté Sonic sur un coup de tête ? On aurait fini par se tuer, et j'en avais marre des engueulades. Bon c'est certain que me mettre en couple de suite n'a pas été délicat et lui mentir non plus. Mais il fallait me laisser le temps. Je rejoignis Beverly et lui serrai la main avec un sourire timide. Puis, je rentrai chez moi où je pris une feuille blanche et un crayon pour commencer à écrire.
« Chère Imogen,
Voilà des semaines que tu as disparu. Papa ne veut pas me dire où tu es. Je le comprends. Je ne suis pas la personne la plus aimée en ce moment et surement pas celle que tu voudrais avoir à tes côtés. Mais j'ai besoin de toi, j'ai besoin de toi en tant que sœur, pas en ennemie, pas en adversaire mais en sœur et en amie. J'angoisse tellement, je me ronge les sangs. J'ai perdu Robbyn récemment, je sais qu'il ne me pardonnera jamais. J'ai perdu Sonic. Je ne veux pas te perdre toi aussi, je ne peux pas. Je m'y refuse. Étant actuellement trop enceinte pour partir à ta recherche, retourner ce putain de pays de merde qui me casse les pieds. Je veux retourner en Allemagne, je ne suis qu'une lâche. Ai-je été là pour toi quand tu avais besoin de moi ? Je savais tout et je n'ai pas bougé le petit doigt comme une égoïste et c'est seulement maintenant que je me rends compte que je suis une égoïste. J'ai été un monstre avec beaucoup de mon entourage et je m'en excuse petite sœur.
Que fais-tu maintenant ? Où es-tu ? Est-ce que tu vas bien ? De notre côté tout est ok, mise à part le fait que je suis enceinte de triplés et que je risque d'y passer. Je ne sais pas si tu lis la presse, si tu vois ce qu'il se passe donc je ne t'apprendrais pas mon idylle avec un chanteur de la comédie musicale. C'est un succès et je vais surement devoir repartir en tournée.
Reviens moi s'il te plait. Je sais que tout a été brouillé des suites de l'incident, que tu ne voudras sans doute plus me voir mais ta présence en ville me rassurera sans doute. Reviens petite sœur. Des gens t'aiment ici. On t'aime tu sais. Ma tribu et moi-même. Je pourrais tant de te faire la liste mais même si c'est dans six mois, dans un an, reviens vite.
I need you, okay ?
I love you
Eve... »
Je repose le crayon avant d'ouvrir un tiroir et de sortir toutes les lettres que je lui ai écrite, de déglutir et de mettre celle-là derrière. Ensuite, je repris une feuille blanche, mis mon casque et commençai à composer. L'heure arrivait bientôt et je ne voulais que deux personnes pour me tenir la main. Une absente et portée disparue, l'autre me haïssant du plus profond de son être. Mais comme on dit... The show must go on.