Laora n'était pas très bien. Pire encore, elle était prise d'angoisses, ce qui était une grande première chez elle. Celle qui avait pour habitude de dire m*rde au monde entier, se sentait prisonnière d'une situation qu'elle ne parvenait pas à gérer. Elle étouffait littéralement et ne pouvait pas en parler. Impossible. Prise au piège, elle était contrainte au silence. Première fois qu'elle la fermait contre sa volonté, soumise à un semblant de peur indescriptible. Alors quoi de mieux que d'aller se réfugier auprès de sa meilleure amie dans ce genre de situation ? Rien. Et même si cette dernière n'en savait rien, sa simple présence suffirait à l'apaiser. Quittant la maison en bord de mer, elle s'empressa de monter en voiture et de filer jusqu'à chez Dehli. Elle avait hâte de la voir. Hâte de pouvoir se changer les idées auprès d'elle. S'en devenait vital ! Elle frappa contre la porte. Un peu trop fort sans doute, et avec un peu trop d'entrain. « Dehli, vite... » murmura-t-elle doucement, pour elle-même.

Rien que d'entendre sa voix était un vrai soulagement. Serrant doucement son amie dans ses bras, elle profita pleinement de cette étreinte. Ça ne ressemblait pas tellement à Laora. Elle, qui se montrait des plus impulsive, dynamique à souhait et pressée, prenait aujourd'hui tout son temps. Chaque seconde semblait avoir son importance et dans les bras de sa meilleure amie, elle espérait pouvoir baigner un long moment dans ce sentiment de bien être. Enfin, elle ne se laissait tout de même pas trop aller, et reprit bien vite un comportement dit « normal ». « Ça va ma belle ? … Tu me manquais ! » Entre elles, ça avait toujours été plus ou moins ainsi. Elles étaient amies, les meilleures d'ailleurs... Elles semblaient inséparables malgré leurs deux forts caractères, mais il leur arrivait de passer plusieurs jours, voir semaines, sans réellement se parler. Cette fois-ci, ce silence avait été bien trop long. Laora avait du mal à l'encaisser... Elle avait besoin de son amie.

« Moi ? Je.. Non, rien. Ça va ! » Laora esquissa un sourire. Son hésitation ne l'aiderait pas à duper sa meilleure amie. Surtout pas elle ! Elle avait posé la mauvaise question, celle que Laora avait inconsciemment voulu éviter. Sans succès visiblement. Replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle tentait de reprendre pieds, d'afficher un air des plus décontracter. Il fallait qu'elle réussisse à se persuader que tout allait bien pour parvenir à le faire croire à son entourage. Petit à petit, sa carapace se fendillait, et la brunette faiblissait. Ses nerfs lâchaient, malgré tous ses efforts. Et elle ne voulait surtout pas le montrer.

« Quoi ? - Dehli la fixait, visiblement peu convaincue par son petit numéro. - Ça va, je t'assure ! Ne parlons pas de moi, ok ? Comment tu vas toi ? Ça se passe bien ? » Il fallait changer de sujet, et vite ! Très vite ! Quoi de mieux pour cela que de porter toute son attention sur l'état de la jeune femme ? Laora espérait que ça serait suffisant pour détourner celle de sa meilleure amie !

Même si Laora n'avait pas été la plus convaincante du monde, elle savait que si elle feintait l'indifférence et affichait un sourire, sa meilleure amie lui laisserait un peu de temps pour parler. Car oui, Dehli avait dû deviner que ça n'allait pas super bien... Après tout, elle la connaissait trop bien pour ne pas cerner ses changements d'humeurs et ses diverses facettes. Le contraire l'aurait même étonné ! Lao fut comme soulagée de l'entendre passer à autre chose. Elle ne voulait pas l'embêter avec ces histoires, surtout qu'elle devait affronter des choses sans doute plus pesantes que ça. Ou du moins avec des répercussions énormes sur sa vie. Accueillir un enfant dans sa vie, son quotidien, ça n'était pas rien !

« Oh euh... Un soda si tu as... Sinon de l'eau, ça sera parfait ! » -répliqua-t-elle lorsqu'elle lui proposa un verre.

« Tu sais, si tu as des soucis avec tes parents, par rapport au bébé, je pourrais t'aider... Il me suffira d'amadouer la mère de Soh, et tu squatteras avec grand plaisir ma chambre ! Ça sera du gâteau, elle m'adore ! »

Elle esquissa un large sourire et lui fit un clin d'œil complice. Dehli le savait, elle était là pour la soutenir, ça n'était pas la première fois qu'elle le lui disait.